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Droit de l’environnement appliqué à l’entreprise

Le droit pénal de l’environnement est un droit rédigé et appliqué par des administrations spécifiques. Il apparaît comme
étant un droit subsidiaire car la majorité des infractions n’est bien souvent que la sanction de l’inobservation d’une
prescription administrative ou d’une injonction administrative.
Si l’on regarde les statistiques, les infractions environnementales semblent marginales puisqu’elles représentent environ
1% des condamnations pour délit. Or, la règlementation environnementale foisonne et est assortie de sanctions
pénales. En France, jusqu’en 2012, le droit répressif de l’environnement était caractérisé par un ensemble de règles
sectorielles et des régimes spécifiques où les différentes formes de pollution étaient distinguées. Ce qui faisait dire aux
auteurs que l’environnement n’apparaissait pas commun concept juridique mais comme un catalogue. L’ordonnance du
11 janvier 2012 a réformé en profondeur le dispositif, l’idée étant de fixer un tronc commun quant aux dispositions
répressives applicables à tous les domaines couverts par le code de l’environnement. Cette ordonnance est entrée en
vigueur le 1er janvier 2013.

Chapitre 1 : La mise en œuvre de la responsabilité pénale environnementale

Une des particularités du droit pénal de l’environnement est qu’il s’agit d’un droit répressif fait de polices spéciales
(administratives) fortement imprégnée d’une volonté de discipline. Il convient de présenter ces particularités dans le
détail avant de parler des infractions pénales environnementales.

Section 1 : Les particularités du droit pénal de l’environnement

Il y a 3 particularités :

 1 : Un droit technique

Le droit pénal de l’environnement est un droit rédigé et appliqué par des administrations spécifiques. Il apparaît comme
étant un droit subsidiaire car la majorité des infractions n’est bien souvent que la sanction de l’inobservation d’une
prescription administrative ou d’une injonction administrative.

A – Caractère subsidiaire du droit pénal de l’environnement

Etant subsidiaire, il est aussi par voie de conséquences un droit volumineux et impénétrable. Le droit pénal de
l’environnement apparaît comme étant l’accessoire de la règlementation administrative. Son caractère subsidiaire
s’observe en ce qui concerne les incriminations qui ne sont pas tellement autonomes mais également au niveau de son
application pratique. En effet l’infraction résidant la plupart du temps dans le non-respect d’une prescription
administrative ou d’une injonction administrative, les infractions d’omission prédominent ce qui est très difficile de ce
qui se passe dans le droit pénal classique. Ces infractions sanctionnent un comportement passif à l’occasion d’une
fonction, la personne ayant l’obligation d’agir de par les textes.
Une autre illustration du caractère subsidiaire du droit pénal de l’environnement réside dans le recours à la technique
de l’incrimination par renvoi à la norme administrative. Ces infractions sont généralement constatées par des
inspecteurs ou des agents verbalisateurs habilités qui dépendent des administrations ou des établissements publics.

L’ordonnance du 11 janvier 2012 est une simplification, une réforme et une harmonisation des dispositifs de police
administrative et judiciaire du code de l’environnement. Elle est venue améliorer considérablement le dispositif existent
qui était considéré comme particulièrement dépassé. Un document de 2005 reprend l’étude de Madame Simoni qui
avait mis en évidence l’existence de 25 polices spéciales autonomes d’un point de vue procédural. Une dispersion des
compétences qui faisait que le système de l’époque était d’une efficacité médiocre et ne correspondait pas aux enjeux
environnementaux actuels. C’est la raison pour laquelle l’ordonnance du 11 janvier 2012 est venue organiser cet
ensemble très disparate. Elle a créé un titre 7 dans le livre premier du code de l’environnement qui s’intitule
« dispositions communes relatives aux contrôles et sanctions ». Cette ordonnance réorganise le régime de la recherche
et de la constatation des infractions en unifiant les procédures de commissionnement et d’assermentation des agents
chargés de certaines fonctions de police judiciaire qui sont désormais appelés inspecteurs de l’environnement. Ces
inspecteurs sont commissionnés par spécialité (l.172-1 à l.172-3 du code de l’Environnement). L’ordonnance fixe aussi
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les conditions d’intervention de ces agents en matière de visite des locaux, de saisie, de recueil des témoignages et
déclarations, de réquisitions de la force publique, de prélèvements... (l.172-4 à l.172-17 du code de l’Environnement). La
loi sur la biodiversité a procédé au regroupement de certains de ces agents. Les polices spéciales ont été intégrées dans
l’agence française pour la biodiversité. Elles exercent dans la pratique un rôle de filtre dans la transmission des
procédures au parquet car leur principal objectif est d’obtenir la régularisation de la situation. Le caractère subsidiaire
du droit pénal de l’environnement apparait donc également dans l’application pratique des textes. En effet, les
pratiques de transactions extrajudiciaires se développent ainsi que le recours aux alternatives aux poursuites pénales.

Les alternatives aux poursuites pénales sont des mesures qui visent à éviter le système pénal : médiation pénale ou
classement sous condition.

En matière de pollution des eaux, environ ¾ des infractions constatées suivaient ce mode de traitement qu’est l’accord
transactionnel, qui peut prendre la forme d’une amende ou bien de travaux de mise en conformité. L’amende
transactionnelle ne peut excéder le tiers de l’amende concrètement encourue pour l’infraction considérée. La
transaction est donc plus avantageuse, aussi pour éviter un procès.

L’accord transactionnel une fois exécuté éteint l’action publique : c’est comme si l’affaire n’avait jamais existé.
L’entreprise ne sera pas considérée comme en état de récidive.
L’ordonnance du 11 janvier 2012 a généralisé la transaction pénale. Autrefois elle était limitée aux infractions affectant
les parcs nationaux, l’eau et la pêche en eau douce. C’est maintenant généralisé à toutes les infractions pénales
environnementales (amendes de 1ère et 4ème classes depuis la loi sur la biodiversité).

Tout ceci explique pourquoi les condamnations sont si faibles.


Le droit de l’environnement est volumineux et impénétrable pour le citoyen.

B – Caractère volumineux et impénétrable

La politique pénale en la matière dépend de la formation et de la motivation des magistrats. Le droit positif actuel
multiplie les hypothèses de conflits de qualification pénale que la jurisprudence tranche en admettant soit un cumul de
qualifications soit un concours de qualifications. La règle voudrait que à un fait corresponde une seule qualification
pénale. Mais à l’heure actuelle, on s’aperçoit qu’il y a de nombreuses hypothèses de conflits de qualifications pénales.

Quand il y a cumul de qualifications, les qualifications pénales peuvent s’additionner, car il y a plusieurs valeurs sociales
qui ont été atteintes.

Dans le cas du concours de qualifications, il n’y a qu’une déclaration de culpabilité car une seule valeur sociale a été
violée.

Exemple  de cumul de qualifications  : un prévenu peut être condamné à la fois pour délit de pollution de cours d’eau et
pour contravention au titre de la police des installations classées pour un même rejet de polluants.

Les sanctions pénales et les sanctions administratives peuvent aussi se cumuler. Le conseil constitutionnel a admis cette
possibilité en 1989. Ce cumul à propos d’un même comportement attentatoire à l’environnement comporte une limite :
le montant global des sanctions effectivement prononcées dans l’affaire ne doit pas dépasser le montant le plus élevé
de l’une des sanctions encourues.

 2 : Un droit fait d’incertitudes

Le caractère incertain du droit pénal de l’environnement provient d’une part du lien de causalité et d’autre part de la
différence à identifier les responsabilités.

A – Incertitude quant au lien de causalité

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« Le droit pénal a besoin, pour être efficace, de faits simples, univoques, datables et comportant un lien de causalité
clair entre un acte et un dommage, avec des acteurs identifiables ».

Pour reprendre l’expression de François Ost, « La nature hors-la-loi, l’écologie à l’épreuve du droit » (1975), on
remarque en matière d’environnement une double rupture : une rupture du cercle de proximité et une rupture du lien
de simultanéité. En effet, l’action peut-être très éloignée dans le temps et l’espace du dommage finalement constaté.
Ex  : cancers liés à l’exposition à l’amiante.
On remarque aussi que les causalités sont souvent multiples et combinées comme dans le cas de la pollution
atmosphérique.

Au niveau des infractions d’imprudence, depuis la loi du 10 juillet 2000, une modification importante a été réalisée  : du
caractère indirect de la causalité naîtra l’exigence de caractériser une faute plus importante, une faute qualifiée.

Les règles provenant du droit pénal classique devraient s’adapter dans le code de l’environnement.

B – Incertitude quant aux responsabilités

Les responsabilités ont parfois du mal à être mise en œuvre sur le plan pénal, c’est pourquoi ces responsabilités sont
parfois issues de constructions préalables de la part du législateur qui va désigner le ou les responsables par défaut.
C’est le cas du capitaine du navire et ses rejets polluants (poly analyse n°1). Le législateur dit que la responsabilité va au
responsable du navire. Est également responsable des infractions de rejets le propriétaire ou l’exploitant du navire, ou
tout autre personne exerçant en droit ou en fait, un pouvoir de contrôle ou de direction dans la gestion ou la marche du
navire.

Ces difficultés d’identification du responsable en droit pénal ont également une répercussion sur le plan de
l’indemnisation des victimes, c’est pourquoi la réparation des dommages est parfois assurée par des fonds
d’indemnisation spécifiques, comme le FIVA (amiante).

Le droit pénal de l’environnement présente d’incontestables défauts, un autre de ces défaits est l’absence
d’incrimination générique en matière d’atteintes à l’environnement.

 3 : L’absence d’incrimination générique en matière d’atteintes à l’environnement

Dans le code pénal, il y a très peu de textes qui font référence à l’environnement. La seule incrimination qui existe dans
le code pénal est celle de crime de terrorisme écologique. Pourtant, il existait différentes propositions dont le but était
de réprimer de manière générale la faute écologique.

Il existe un modèle européen de protection pénale de l’environnement dans l’Europe du marché comme dans l’Europe
des droits de l’homme.

A – Le crime de terrorisme écologique (art.421-2 du Code pénal)

La 1re tentative d’incrimination générique date de 1978, c’était une proposition de loi déposée au sénat visant à
instaurer un délit de pollution. C’est la proposition de loi 292, Sénat, 6 avril 1978. Son but était de punir dans le code
pénal toutes les pollutions afin de consacrer un droit à la qualité du milieu naturel. Ce texte n’a pas abouti. Plus tard, un
autre texte a été présenté dans le cadre de la commission de révision du code pénal. C’est Mireille Delmas-Marty qui a
élaboré ce texte. Mais son texte n’a pas été repris dans le code pénal. Le code actuel ne fait qu’appréhender un
comportement extrême en tant qu’infraction autonome : celui du terrorisme écologique tel qu’il est défini à l’article
421-2. Il est puni de 20 ans de réclusion criminelle ou de la perpétuité s’il y a mort de personnes, ainsi que d’une
amende de 350000€.
 Le crime de terrorisme écologique est un crime qui punit quiconque qui aura introduit dans l’atmosphère, dans le
sol, dans le sous-sol, dans les eaux... une substance de nature à mettre en péril la santé de l’homme, des animaux ou du
milieu naturel. La loi du 9 mars 2004 a étendu l’incrimination puisque les actes de terrorisme écologique peuvent
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également viser les aliments ou les composants alimentaires.
Cette infraction suppose le mobile terroriste, à savoir le fait d’avoir commis intentionnellement le crime en relation avec
une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la
terreur.
L’incrimination exige un dol spécial (mobile) en plus du dol général (faute intentionnelle). C’est-à-dire un mobile bien
précis vers lequel tend la volonté criminelle au moment des actes de pollution.
Le droit français devrait normalement évoluer vers l’incrimination générique, grâce à l’impulsion du droit européen.

B – Le modèle européen de protection pénale de l’environnement

L’Europe, depuis longtemps, a tenté d’imposer aux états une protection pénale de l’environnement. Cette volonté s’est
d’abord manifestée au sein du conseil de l’Europe grâce à l’adoption d’une convention relative à la protection de
l’environnement par le droit pénal qui fût signé à Strasbourg le 4 novembre 1998. Cette convention n’est jamais entrée
en vigueur car il fallait 3 ratifications au minimum. Le 27 janvier 2003, une décision-cadre portant le même intitulé a été
prise par le conseil de l’union européenne. Cette décision-cadre a été annulée par la Cour de Justice des Communautés
Européennes (CJCE) le 13 septembre 2005 parce que le conseil avait empiété sur les prérogatives de la communauté
européenne. Pour la CJCE, il fallait une proposition de directive proposée par la commission européenne. Effectivement
c’est ce qui a été fait. Une nouvelle proposition de directive fût déposée le 9 février 2007, elle reprenait l’essentiel de la
décision-cadre du 27 janvier 2003 sauf qu’il était également prévu d’harmoniser les peines d’emprisonnement entre les
états membres au niveau de leur montant maximal. Or les compétences communautaires ont été clarifiées dans un
arrêt de la CJCE du 23 octobre 2007 à propos de la directive de 2005 relative à la pollution causée par les navires. Dans
ce second arrêt, la CJCE va davantage clarifier sa jurisprudence : elle estime que le législateur communautaire peut
effectivement exiger des états membres qu’ils sanctionnent pénalement les atteintes graves à l’environnement. Elle
confirme la position déjà prise dans le précédent arrêt (13 sept 2005). Mais il n’a pas la compétence de définir le type de
sanction ni le montant des peines dans le cadre d’une directive. La CJCE désavoue dans cet arrêt, la commission
européenne, qui elle, s’estimait compétente. Pour la CJCE, il fallait une décision-cadre, qui suppose l’unanimité des états
membres. Le parlement européen et le conseil ont alors adopté une nouvelle directive relative à la protection de
l’environnement par le droit pénal le 19 novembre 2008. C’est cette directive qui est en vigueur. Elle devait être
transposée au plus tard le 26 décembre 2010 par les états membres. Cette directive, en France, la transposition de la
directive n’a pas donné lieu à une loi spécifique parce qu’on a estimé que le droit français était suffisamment
compatible avec la directive. Quant à la directive de 2005 relative à la pollution causée par les navires a donné lieu a une
directive rectificative prise par le conseil en date du 21 octobre 2009. Avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne
(traité modificateur du fonctionnement de l’UE, TFUE, 2009), ce conflit autour de la base juridique pertinente pour
adopter les mesures d’harmonisation, allait disparaître. Il faut se reporter à l’article 83 du traité de Lisbonne  :
« l’harmonisation à minima des législations pénales des états membres s’opère désormais par voie de simple directive
et non plus comme auparavant par le recours aux méthodes alter gouvernementales (les décisions cadres et la règle de
l’unanimité entre les états membres). En effet, la procédure législative ordinaire est autorisée, dans le traité, pour
édicter des règles pénales de fond qui harmonisent les infractions et les sanctions pour un certain nombre de crimes
transfrontaliers : terrorisme, trafic d’armes, criminalité informatique... » Cette d’euro-délits liste n’est pas limitative puis
que le texte prévoir la possibilité d’ajouter de nouveaux domaines, mais pour cela il faut que le conseil obtienne
l’unanimité des états et qu’il soit approuvé par le parlement. Par ailleurs, l’article 83 paragraphe 2 reconnait une
compétence pénale à l’UE lorsque le recours au droit pénal s’avert indispensable pour assurer la mise en œuvre
effective d’une politique de l’Union. C’est l’article 191 paragraphe 1 er, il s’agit d’une compétence partagée entre les
états.

Section 2 : L’application pratique des infractions pénales environnementales

 1 : Nature des infractions applicables

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A – Nature contraventionnelle ou délictuelle

Les contraventions sont prévues dans des décrets. Quand les textes sont codifiées, les articles sont précédés d’un R
(réglementaire). Les contraventions environnementales sont punies d’une amande d’excédant pas 3000€ en cas de
récidive, mais il n’y a pas d’emprisonnement. C’est le tribunal de police qui est la juridiction compétente. Le délai de
prescription de l’action publique pour les contraventions est de 1 an. L’intention coupable n’a pas à être démontrée. Au
niveau de la faute contraventionnelle, une simple faute matérielle doit être constatée. Le décret du 20 décembre 2016 a
introduit un article R-173-5 qui concerne la complicité par provocation par aide ou assistance et punissable en matière
de contravention environnementale.
Les délits sont prévus dans un texte de loi (obligatoirement ; lettre R). Ils sont sanctionnés par le tribunal correctionnel
et ils se prescrivent par 6 ans sauf pour les infractions occultes ou clandestines (quand tout est fait pour que l’infraction
ne soit jamais découverte, dissimulation). Les peines sont l’emprisonnement et l’amande. L’amande correctionnelle est
supérieure ou égale à 3750€. L’emprisonnement peut aller jusqu’à 10 ans.

B – Caractère continu des infractions applicables

Beaucoup d’infractions environnementales ont un caractère continu, en matière d’installations classées notamment.
C’est le cas du fonctionnement d’une installation classée sans autorisation ou du non-respect des prescriptions
applicables. Le délai de prescription de ces infractions de commence à courir qu’à partir du moment où le fait
répréhensible a cessé. Le délai de pollution des eaux n’est pas considéré comme un délit continu, on considérait qu’il
fallait tenir compte de la date du rejet du polluant. Depuis le 8 août 2016, il y a une nouvelle disposition à l’article L-432-
2 : alinéa 2. Le délai de prescription de l’action publique compte désormais à compter de la date de la découverte du
dommage. Le délai butoir est de 12 ans.

C – Caractère non-intentionnel

La plupart des délits environnementaux sont non intentionnels. Ce qui signifie qu’il conviendra de rapporter la preuve
d’une imprudence, d’une négligence ou d’une mise en danger délibérée de la personne d’autrui ou de l’environnement.
La loi du 10 juillet 2000 a modifié l’article 121-3 du code pénal afin de mieux définir les possibilités de mise en œuvre de
la responsabilité pénale des décideurs. Ces dispositions vont s’appliquer en matière environnementales, qu’il s’agisse de
décideurs publics ou privés. Pour les délits environnementaux caractérisés par la survenue d’un dommage (comme
l’homicide involontaire, la destruction de bien d’autrui par explosion ou incendie...) la responsabilité pénale des
personnes physiques ou morales continue à être engagée en raison d’une faute simple d’imprudence dès lors que le lien
entre la faute et le dommage est direct. Les personnes morales restent pénalement responsables des imprudences ou
des négligences même légères qui ont indirectement causé le dommage. Cependant, lorsque la personne physique n’a
pas causé directement le dommage, mais aura créé ou contribué à créer la situation ayant permis la réalisation du
dommage, la loi du 10 juillet 2000 exige une faute d’imprudence qualifiée. Il faut soit la violation manifestement
délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence prévue par la loi, soit une faute caractérisée exposant
autrui à un risque d’une particulière gravité qui ne pouvait être ignorée. Le juge pénal a une conception large de la faute
caractérisée quand il s’agit du responsable d’une installation classée n’ayant pas respecté les prescriptions de sécurité,
ce qui expose autrui à un risque d’une particulière gravité. Le règlement est à portée générale, les circulaires n’ayant pas
de valeur réglementaire sont exclus.

 2 : Les personnes susceptibles d’être déclarées responsables

A – La responsabilité pénale des chefs d’entreprise et de leurs délégataires

La responsabilité pour infraction environnementale va peser sur les dirigeants ou bien sur leurs employés qui ont reçu
une délégation de pouvoir de leur part en raison de la nature des fonctions qu'ils occupent dans l'entreprise. La cour de
cassation a posé les conditions dans lesquels la délégation de pouvoir jouer, la responsabilité pénale du dirigeant étant
normalement écartée et elle va peser sur le délégataire. Elle ne peut jouer que vis-à-vis de préposés pourvus de

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l’autorité, de la compétence et des moyens nécessaires. Le chef d’entreprise peut néanmoins être condamné à côté du
préposé s’il a participé personnellement à l’infraction. Ce sera le cas du chef d’entreprise qui n’aurait pas fourni les
moyens financiers permettant de mettre en conformité l’entreprise par rapport à la règlementation environnementale.
La jurisprudence utilise parfois la notion d’organisation défaillante de l’exploitation de l’entreprise pour condamner le
chef d’entreprise en cas d’accident. Un des plus gros problèmes est la preuve de la délégation de pouvoir. Elle n’est
assujettie à aucune règle. Un écrit n’est même pas exigé. La preuve de la délégation peut être aussi montrée par un tiers
(comme une attestation d’un commissaire au compte). Cependant la preuve de la délégation de pouvoir doit s’appuyer
sur des éléments précis et dépourvus d’ambiguïté. Elle ne pourrait pas résulter tacitement de la seule structure de
l’entreprise, ni d’une simple note de service, ni du fait que l’employeur se trouvait en vacances... La délégation ne
saurait porter sur l’ensemble des pouvoirs du dirigeant, elle est nécessairement partielle. La délégation est exonératoire
de responsabilité pour le chef d’entreprise mais il y a des exceptions : lorsque la décision ou l’omission litigieuse relève
d’un choix stratégique de gestion dont la responsabilité ne pouvait être transférée à un subalterne. La coaction est une
notion liée à la pluralité d’auteurs.

B – La responsabilité pénale des personnes morales

La personne morale de droit privé est une entité qui a la personnalité juridique. Il y a aussi les personnes morales de
droit public (collectivités territoriales...). Depuis la loi de 2004, cette responsabilité est générale et non plus spéciale.
Il y a deux conditions pour engager la responsabilité de la personne morale : l’infraction environnementale doit avoir été
commise par un organe dirigeant ou un représentant de la personne morale agissant pour le compte de celle-ci. Cette
responsabilité s’ajoute à celle des personnes physiques et de leurs complices. La personne morale va encourir des
peines principales et des peines complémentaires. Elle encourt une peine d’amande 5 fois plus élevée que la personne
physique ayant commis les mêmes faits, et des peines complémentaires mentionnées à l’article 131-39 du code pénal  :
interdiction de l’activité économique ou sociale, dissolution de la personne morale, placement de la personne morale
sous surveillance judiciaire, fermeture des établissements ayant servi à commettre l’infraction, exclusion des marchés
publics, confiscation de la chose ayant permis de commettre l’infraction, affichage de la décision de condamnation. La
loi de 2007 a ajouté une peine de sanction-réparation qui peut même être prononcée à la place de l’amande.

 3 : Les moyens de défense des personnes poursuivies

Il y a essentiellement deux moyens de défense : l’erreur de droit et l’exception d’illégalité.

A – L’erreur de droit

C’est une cause des responsabilités pénales. On là trouve à l’article 122-3 du code pénal. Il arrive fréquemment qu’un
prévenu soutienne devant le juge qu’il ne connaissait pas la disposition sur la base de laquelle il était poursuivi. Mais
cette erreur de droit, pour qu’elle soit retenue, il faut démontrer qu’elle est invincible  : qu’on n’était pas en mesure de
l’éviter (ce qui est rare dans le domaine des pollutions industrielles puisqu’il y a des procédures à respecter). Cette cause
des responsabilités pénales va pouvoir jouer dans un domaine particulier, celui des informations erronées fournies par
l’autorité administratives lorsqu’elle avait préalablement consultée par l’exploitant.
Il y a d’autres cas des responsabilités pénales : l’état de nécessité (infraction commise quand on ne peut pas faire
autrement), la contrainte (en cas d’intempéries quand la sécurité de l’homme, d’un navire ou de l’environnement est
menacée - pollution marine, L.218-20)

B – L’exception d’illégalité de l’acte administratif devant la juridiction pénale

L’article 111-5 du code pénal prévoit la possibilité pour les juridictions pénales d’interpréter les textes administratifs et
d’apprécier leur légalité.
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Droit de l’environnement appliqué à l’entreprise
Les fonds d’indemnisation :

En raison des difficultés à obtenir une réparation satisfaisante des victimes de dommages écologiques, des fonds
spéciaux d’indemnisation ont été créés, ex  : fonds hollandais pour la pollution de l’air depuis 1972  ; fonds de protection
des côtes du Maine  ; Superfund. En France, il existe certains fonds spécifiques, comme le Fonds d’Indemnisation des
Victimes de l’Amiante (FIVA). Il a été créé par une loi du 23 décembre 2000 complétée par un décret du 23 octobre
2001.

Section 1 : FIVA

La création du FIVA a été décidée alors qu’il y avait plus de 3000 procédures liées à l’amiante.

 1 : Nature et financement du FIVA

Le FIVA est un établissement public national à caractère administratif. Il est placé sous la tutelle des ministres chargés
de la sécurité sociale et du budget. Un conseil d’administration de 22 membres le gère et il est présidé par un magistrat
membre de la cour de cassation.
Financement : 85% par les employeurs et 15% par l’état.
La contribution exacte est fixée chaque année par la loi de finance et de sécurité sociale. Depuis sa création, les
dotations proviennent de la branche Accidents du Travail Maladies Professionnelles (88%).

 2 : Modalités de fonctionnement du FIVA

2 catégories de personnes peuvent saisir le FIVA : les personnes dont la maladie professionnelle est liée à une exposition
à l’amiante et les personnes ayant subi un préjudice résultant directement d’une exposition à l’amiante sur le territoire
de la république. Si ces personnes sont décédées, les ayants-droit de ces personnes peuvent saisir le FIVA. Le
demandeur n’a pas à apporter la preuve d’une faute, il doit justifier d’une exposition à l’amiante et d’un dommage en
résultant. Le fonds a 6 mois à compter de la réception du dossier pour présenter une offre d’indemnisation. La loi de
2000 pose le principe d’une réparation intégrale des préjudices (corporels, économiques, moraux). L’indemnisation est
généralement versée sous forme de capital qui est réglé dans un délai de 2 mois à compter de l’acceptation de l’offre
par la victime ou ses ayants-droit. L’acceptation de l’offre a pour effet le désistement des actions en cours et
l’irrecevabilité dans le futur des actions en justice sur le même fondement. Une fois que les sommes sont versées, le
fonds est subrogé dans les droits et actions des victimes à hauteur des sommes qu’il a versées. Une voie de recours est
prévue en cas de rejet de la demande d’indemnisation. Un appel est possible devant la cour d’appel de l’ordre judiciaire
du ressort dans lequel se situe le domicile du demandeur. Cette voie de recours est également possible dans 2 autres
cas de figure : lorsqu’aucune offre n’est présentée dans le délai des 6 mois ou lorsque la personne n’a pas accepté l’offre
qui lui était faite. (subrogation : prendre la place des victimes)

 3 : Bilan de fonctionnement du fonds

La 1ère indemnisation a eu lieu en 2003. Les associations contestaient le barème médical. Les indemnisations étaient
inférieures aux montants accordés par les tribunaux. Les victimes se demandaient s’il fallait choisir une indemnisation
rapide mans peut-être insuffisante ou une reconnaissance judiciaire de la faute de l’employeur ou de l’état entrainant
peut-être une indemnisation plus juste. En pratique, une large majorité de victimes ont préféré la voie de
l’indemnisation par le FIVA. En 2005, 87% choisissaient le FIVA, 90% en 2007, puis par la suite, le pourcentage a oscillé
en 87% et 90%. Depuis sa création, 66418 victimes ont déposé un dossier devant le FIVA. Le montant des
indemnisations s’élève au total à 3Mds €. Petit à petit les indemnisations fixées par les tribunaux se sont rapprochées de
celles du FIVA. La cour de cassation a fait une jurisprudence protectrice en ce qui concerne le régime de la réparation du
préjudice lié à l’amiante. Ainsi dans un arrêt du 15 mars 2007, elle a estimé que si l’offre formulée par le FIVA n’a pas été
acceptée, la victime ou ses ayants-droit est recevable à saisir la cour d’appel de toute demande d’indemnisation d’un
chef de préjudice trouvant sa source dans la contamination par l’amiante. La victime peut produire toutes les pièces
justificatives devant la cour d’appel, y compris celles qui n’auraient pas été soumises antérieurement au FIVA. Un autre
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Droit de l’environnement appliqué à l’entreprise
arrêt important de la cour de cassation du 7 mai 2009 considère qu’il est possible de mener parallèlement les 2
procédures (FIVA et faute de l’employeur devant le Tribunal de Affaires de Sécurité Sociale) pour choisir la plus
favorable.

Section 2 : FIPOL

C’est un fonds international d’indemnisation des dommages dus à la pollution par hydrocarbures d’origine accidentelle.

 1 : Les 2 conventions applicables

Ces régimes sont basés sur une responsabilité civile objective fondée sur le risque qui est à la fois exclusive et limitée
dans son montant. Suite au naufrage du Torey Canyon (pétrolier), l’organisation maritime internationale (OMI) a
élaboré 2 conventions : la convention CLC de Bruxelles (1969) et la convention (1971) qui crée le FIPOL.

La convention CLC porte sur la responsabilité pour dommage dus à la pollution par hydrocarbures. Elle prévoir la
responsabilité de plein droit du propriétaire du navire, seul responsable. Sa responsabilité étant cependant limitée en
fonction du tonnage du navire. La responsabilité ne va pas à l’armateur car le propriétaire du navire est plus facilement
identifiable que l’armateur (registre d’immatriculation). L’armateur est celui qui exploite le navire en son nom. Cette
notion se confond avec celle d’entreprise d’armement.
La France a ratifié cette convention en 1976 et la convention de 1969 a ensuite été modifiée en 1992.

La convention sur la FIPOL (fonds international d’indemnisation pour les dommages liés aux hydrocarbures) qui est
alimenté par les contributions des entreprises qui reçoivent le pétrole par voie maritime. C’est un organisme
intergouvernemental à vocation mondiale. Le fonds intervient de façon complémentaire au-delà de la limite de
responsabilité de propriétaire du navire et ceci jusqu’à un certain plafond par événement.

Ces conventions s’appliquent aux dommages de pollution survenues sur le territoire, la zone territoriale ou la zone
économique exclusive de l’état qui a adhéré. Ces conventions ont fait l’objet d’importants protocoles tendant à
augmenter le plafond des indemnités, les propriétaires peuvent être coupables d’une faute intentionnelle inexcusable.
La France a ratifié ces protocoles mais tous les pays ne l’ont pas fait (comme les Etats-Unis). La limitation de
responsabilité du propriétaire du navire est traditionnelle, elle représente la contrepartie du risque créé par la
navigation maritime.
En vertu de la convention CLC de 1992, le plafond s’élève désormais à 4510000 DTS (droits de tirage spéciaux) pour un
navire dont la jauge brute (tonnage) ne dépasse pas 5000 unités.
C’est 4510000 DTS + 631 DTS par unité de jauge supplémentaire pour un navire dont la jauge brute est comprise entre
5000 et 140000 unités.
Et c’est 89770000 DTS pour un navire dont la jauge brute dépasse 140000 unités.
Il existe un fonds complémentaire au FIPOL.
Les tribunaux de l’Etat où a eu lieu le dommage sont compétents pour l’indemnisation. Mais les victimes peuvent aussi
saisir les juridictions anglaises (tribunal du lieu du siège du FIPOL).
Les actions relatives à la distribution de ce fonds seront introduites devant ce tribunal.
Le propriétaire de tout navire immatriculé dans un état contractant qui transporte plus de 2000 tonnes d’hydrocarbures
est obligé de souscrite une assurance couvrant la responsabilité civile pour dommage de production. C’est là
qu’interviennent les P&I clubs (mutuelles d’armateurs assurant les pétroliers européens).

 2 : La complémentarité de l’indemnisation assurée par le FIPOL

Lorsque le montant des réparations est supérieur au plafond de la convention CLC, le FIPOL intervient en complément
de l’assureur du navire. Il peut également intervenir lorsque le propriétaire est dégagé de sa responsabilité en cas de
cause d’exonération. A l’époque de la catastrophe Erika, l’indemnisation par le FIPOL était limitée à 1,2Mds de francs
par événement, cependant, toutes les victimes sont sur un pied d’égalité. Si le plafond est atteint, elles vont se répartir
l’indemnité de façon proportionnelle sur la base des créances établies.
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