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LA TRICHOTOMIE DE t THESS.

ET LA PHILOSOPHIE GRECQUE

A la mémoire du P. de Grandmaison.

Les exégètes ont coutume de reconnaître dans les épîtres


pauliniennes un double partage de l'homme selon que
l'apôtre divise le composé humain en deux ou en trois élé-
ments 1. La première division, qu'ils nomment dichotomie,

i. A) /?/C~OyO.W~: ~EU~ opp. à Mpt; Rom. 8' gM


('ppo~[<.< ïou ~rv:u~.o[TO~ opp. à c.T-~ç cxpxot 8), Cor. 55, 77 Cor. y', Gal.
32-3~ ~29~ ~c-)?~ sis ~oùw~Os ==c<xp~ dans ces quatre passages, il s'agit
de l'esprit humain déjà renouvelé par le Tn'eujjM: divin), 68 Eph. 518
(opp. à pLfOuxEoSE o'~M qui implique oxp~), 1 Tim. 3~s (à propos du Christ
et sans idée péjorative). Noter d'ailleurs que Mp!; n'a pas forcément
un sens péjoratif dans le N. T. L'hébreu n'ayant pas de mot pour corps,
<rap~ rend le mot bâ5âr==c&<?'. Cf. Mt. ta", 26", /tff. to~,
6~)/7'F<. 4~. <7&x chez Mt. Mc. désigne le corps mort, lecadavre,
t~ /;?. [",

Mt. 5~ t4~, tas, 27" ~c. 10~, i5* io~to~ 20~, Jud. o. Le. ales
deux sens, cadavre 17", 23"~ ~c<.9~ et ~~j ti~, 12~3. Col. 2S,l'opp.
<Txp~ Tt~. a exactement le sens de l'opp. eM~-iM. 1 Car. 53. Par contre
sttp~aa bien un sens péjoratif dans l'expression xfitTKMpKatCo?-. )~s,
Cor. 5". n~. Phil. 33, 65, Col. 3~.
Tt~cf opp. à cMjMt 7?<?M. 8" C'
1 5~, 7~, u13 (cf. lac. 2~~).
~A. 44. Cor. 616-17 l'opp. TMjjLCt (joint à CKp~-nv. a peut-être un sens
péjoratif
voSc opp. à soLp~ ~OM. 7~-2~ (Sur Cor. 2 ~4~.2~ et Rom. i2g,
122 où ~ou~ joue le rôle du ~e~x de 1 Thers. 5" cf. infra n. 3y). Col. 218
~om, dépendant de oxp~, signifie les pensées de la chair ».
B) TRICHOTOMIE 1 r/:MJ. 523 a les trois termes ŒNjj.K, ~u~,
~Eu~o[. Distinction ~u~Euj~M~ i~,
Dans l'opposition ~eujAZTtx~ '}.u~!xo? de Cc~.
Cor.2"
t5" ~4~.
t5~
il n'est pas
sûr que A. =st[CX[xe< comme dans l'oppos. de Cor. o~ Cf. rah)9p<tnt&t
'{~~[xo~, l'homme n'agissant que selon l'âme inférieure, la '}~
2~~ Noter l'emploi équivalent de ~MK otp~ Cor. t~, ~?oM. 3" Ga~.2~
Cor.

et ~M '~u~ ~?~K. 2~, t3~.


est un des lieux communs de la pensée grecque~. Singuliè-
rement au temps de Paul, l'opposition entre la <{'u~<f, ici con-
fondue avec '!Me5;jLK, et le corps <~[Mt, ou, dans un sens péjo-
ratif déjà marqué chez les stoïciens, la chair c~, est l'un des
sujets constants qu'emploie en sa prédication morale l'école
cynique ou la Stoa 3. Mais aussi bien, ce partage se rencontre
chez tous les peuples. Si anciennement, si clairement qu'il
'apparaisse en Grèce, on le trouve dans les livres saints II
fait partie du patrimoine humain, dès lors qu'on se prit à
méditer sur le péché ou sur la mort. Veut-on donc que Paul

2. Cf. Esch., Sept c. y~. 622 ySpOVTK TGV VOUV, (TXpXOt S'YjëMC~ <~p6t,
Eurip. 5'K~ 53t
<pM; K!~XETo–ew-raC6'
EdtTOtT' 7)5'r~
xtte~t,
xo~uaOï~ctt ~expou;,
nveu~ûf [jLev T:po;
– SOe~ S'~xacTO~
oc~Epa,–rb <r<umK S'i~ Y?~;
'cb

de même Eurip. C&~y~ fgm. 83g Nauck, Kaibel Epigr. 21 (inscrip-


tion des Athéniens morts sous les murs de Potidée en 432) x~a jjt.pj
~U~&; UTteS~KTO, <:<t'[{JMtTO: Es Epich. /~g!M. !Me. 8 TUVEXpM'~ x~
~6M\],
St~Xp~Tf), X<XTC?tMs-< o9M ~AQ:'< T!X~ JJ-M Y~, Ttteupt.'K'/M'T: TMK Ss
~a~s~o~; de même /~u:. t~e. 7. D'après Diog. Laert. g, ig, Xénophane
npMTo; KHE~wxTo OTL Tj t}'f' Tc~sujtct. Cette identification fait allusion à
l'élément origine] de l'âme, l'air c'est de l'air en mouvement.
3. Cerô!e péjoratif de cxa~ chez les Stolciens provient d'une réaction
à l'égard d'Epicure. Cf. Usener, ~f-M~M, 68, etc. Sur le dualisme
pessimiste de saint Paul, noter des expressions comme /V Co'. 5~
EvS~U.OU~TEC EW TM OMU.KT:, S* ExS'f~~CfM &X TOU (TM~KTO;, C/. id. 5~ <,
Rom. 823.
4.Laissant de côté ici le rôle du ~E5m.x divin dans l'homme, si fré-
quent chez les prophètes cf. /o~ 2~-2~ ~{.
io< to~ R. z' on ne
'}'
considère que les cas où rouah ~~su~ûf (une seule foistrad. par
G~K..ti* « Et Pharaon eut l'esprit agité ») signifie quelque chose
d'humain. Avant l'exil, l'emploi en est rare, et surtout pour exprimer
des sentiments, <?~. 45~, /Mg. (5~, Jos, 2"r7?. 3o~, to\ 2o'\
Après l'exil, avec un sens spirituel et personnel~ on a, en même temps
que ~u~) Dan. 339, Tcveu~a Ps. 3o°, 75", :o3~, 145", t0", Ezech.
3' ~Cf~.3~. Dans les deutéro et extra-canoniques,pour signifier,
exactement comme en Grèce, l'élément spirituel, séparable et persis-
tant après la mort, cf. ~c~ 38~, Tob. 3°, Bar. 2", /M&. 23~, fud. 10~,
~Moc~ 41~ 7t~,oS~ to3, 108. Dan s Enoch, et Tt~sujj-a sont également
employés pour la survie. Cf. '}'
~M. 9~, 36', 73' io2~ !o3~
(de même .4~. Bar. 32=- 7~= 'rU/.x', ~3,93.99,10.~ ~E~K En. Q~
du corps).
2: ~~f.
t6', 22~ (de m. Dan. 3ss, 7~~
même emploi de Trvsuu.xTCt dans un sens identique
séparé Noter le
/5.
P~. 3~
4". Dans la Sagesse qui offre, il est vrai, tant de points de contact avec
i:
l'emprunte, c'est moins à tel auteur ancien qu'à sa propre
conscience d'homme~.
En est-il de même pour l'autre division, qu'on appelle
trichotomie ? Celle-ci révèle une analyse plus subtile. A coté,
au-dessus du corps et de l'âme, elle manifeste un troisième
élément, wvew.w dans les lettres pauliniennes, qui, loin de se
confondre avec la ~u~f, lui est parfois opposé Un texte de
la P~ aux Thessaloniciens (5~) nous la fait connaître en son
intégrité. L'apôtre achève sa lettre. Il presse ses exhortations.
Tout son amour passe en ces conseils suprêmes, et, puisque
tout bien vient de Dieu, dans la prière qu'il y joint. « Lui-
même, le Dieu de la paix, qu'il vous maintienne en sainteté
tout entiers. Tout votre être, le ~M, et l'âme (~u~), et le
corps (cM[/.M), qu'ils soient gardés irréprochables dans l'attente
de l'avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est fidèle,
celui qui vous a appelés, et donc il accomplira. )) On ne

l'hellénisme, ~r;. et < viennent ensemble t5", t6" séparément


~~Euu.!)[ iS' ouyo:! 31. Les f~~MM~j Saloînon n'ont que j<u~. Dans
le N. T., TrveSu.K exprime l'élément spirituel personnel Mt. 2~ Lc.t'
(TMU.Dt /ac. 2~. Cf. Edw. W. Winstanley,
Cambridge 1~08.
S'
(~'1'~), 1*°,' 8~, ~e<. 7°", /<7. 293". On a l'opposition ~cxp~ f~.
3" !M </tf ~V. 7"

5. Le dualisme pessimiste, le sens de la lutte et du péché, le besoin


dès lors d'un Sauveur, c'est tout le secret de l'àmf paulinienne. Sur
l'opposition à lad chair, cf. par ex. Rom. 8", où cxp~ et (nu~ot sont mis
côte à côte comme principes d'oeuvres mauvaises. 2aoxm< qui n'a que

~'c~. y", Cor. 3' II Cor. t'


le sens naturel 7?<?M. t5~, Cor. g", 7~ devient signe de mal
Tout le drame paulinien consistera
donc dans la lutte du ~o5q ou ttVEumK humain contre la loi du corps-
Seul il est vaincu ~?cM. y~ Col. 218. Mais fortifié par le Tc~eujjm divin
qui habite en lui Eph. 3~°, 4~ renouvelé chaque jour en cet esprit
d'en haut Cor. 4~°, l'homme intérieur o ~crM ~9pM~o; == ~o!=Trveu[M[
humain sort enfin vainqueur de la lutte 7?<?M!. y~ C'
2'4't5~
6. Tout au moins dans l'opposition Joj~txot-Eu~.x~txo~ de

~c~.
Plus souvent les deux termes sont associés, cf. /'A!7. t~j
En ce dernier cas, ~Euu.(ï peut signifier soit la partie la plus
haute, soit le principe même de l'âme, l'esprit qui insuffle la vie à
l'âme c'est l'âme de l'âme. Cf. B. Weiss, /?<eP<<K. F~tc/c, K)02 qui
rapproche de <7fM. 2~. Cf. cependant l'exégèse philonienne de ce texte
de la Genèse étudié ~'M/M p. 408 sq.
peut guère douter qu'il s'agisse ici, non de l'Esprit Saint en
nous, mais d'une partie du composé humain. Le mouvement
de la phrase, les deux )Mn qui rattachent entre eux ces trois
éléments, l'insistance que met l'apôtre à déclarer que nous
devons être tout entiers, o~oT~e~, en tout notre être, o~x~pov,
sous la sauvegarde divine, authentiquent cette exégèse~. Par
ailleurs, il est notable que cette division tripartite soit indi-
quée comme en passant, ainsi qu'une chose bien connue,
quelque notion classique. Dès lors, on peut se demander si
elle ne vient pas en eSet de la tradition grecque. S'adressant
plutôt, à ce qu'il semble, en cette première lettre, à des
convertis du paganisme, l'apôtre tout naturellement, sans
même y penser peut-être, s'exprime en leur langage.
La recherche n'est pas toute vaine. Si l'on songe que le
TcvEUjMt est en nous le siège de la grâce et donc de la vie chré-
tienne, il n'est pas indifférent de voir en quelle mesure il
correspond à la pensée païenne, comment aussi il s'en
distingue par quelque apport nouveau qui marquera dès lors,
dans un genre commun, la diËérence spéci6que du christia-
nisme.
Une première lecture du texte rappelle aussitôt la division
célèbre depuis les dialogues platoniciens du P~~fC et de la
République. Nombre d'exégètes y ont pensé. Bien loin en
effet, comme le veut l'un d'entre eux", de n'apparaître qu'avec
les néoplatoniciens, cette trichotomie est plus vieille que Pla-

y. Je ne crois donc pas qu'il faille entendre ici par n~eum.ac « das neue
Lebenselement das in den Christen bineinkommt », cf. E. von
Dobschütz, .~M~~M~ Gœttingue, )~og. Selon l'expression
de Prat, Théol. de S. Paul, 11, 02j n. 4, « l'énumération semble prouver
qu'il s'agit de grandeurs de même ordre et l'adverbe K~~nïm; s'appli-
querait difficilement à l'opération surnaturelle du Saint-Esprit en
nous. » C'est même ici l'un des cas, peu communs, où le sens de
~eS[t< se laisse voir avec quelque certitude.
8. Vosté, ad Thess. Cf. aussi E. v. Dobschütz, o~. cit., p. 23o-232. Je
ne vois pas comment l'on peut dire que la trichotomie est étrangère
heureusement, Bornemann, ~f
à Philon et même aux philosophes grecs, Platon et Aristote! Plus
Â'<"MM., !8o4, p. 247, admet une
influence indirecte de la trichotomie grecque issue de Platon.
ton. Elle n'a pas cessé de régner chez les Grecs. Les Stoï-
ciens, Philon, Plutarque l'admettent ou la discutent* Andro-
nicus de Rhodes fonde sur ce modèle sa division des vices
et des vertus~ Une lettre de Sénèque y reconnaît l'un des

o. Sur le stotcisme et Philon, cf. !M/


Chez Plutarque, on trouve
et la ~!C&c<oM:t'~ swe-ccT-~ (cf. le traite t/~MM aKt~ta~ an Jt~ cc~tJ
~tM~'(eTtt<)uj<.[<t)~g~K~c (XuTc~) où Pl. se demandant s'il faut
attribuer les passions à l'âme ou au corps ou au composé expose à ce
sujet les opinions des philosophes Démocrite, Théophraste, Dogma-
tiques== Stoïciens, Posidonios.etc. Bernardakis, VII, ï. C'est un beau
débat, et grandement utile à l'âme, car, si l'on peut ne lui attribuer
point les passions, elle en tirera louange, ch. 3 Bernard. VII, 3, 12) et
la <~cA<~oMt! cof~M~, ~ou~ (cf. Platon. 0M~~<. toozF, Bernard.
VI, 128 à propos de 7'tM. 3o b, Lois 806 b S~ noTE T~v ~u~ eel
~pEsëuTEpXV KTtO~X~(d~ TOU CM~OCTOf; OUX -(l9at <}'U~V Ct~ELt TM~KTO!,
ouSt vou~ Œ'<s'j <]<u~ <xX~i ~u/~v {t.e'7 E'<
T<5[tKït, ~ou'< S'sv TY) ')"~y~-
La ~«a~j<. Q a trait à. la division de ~c~. en Xo-~xof, OupLoe'.ST~, ~:6u-
tt~TtxM, ~?~. 443 d, cf. Bernard. VI, t~t. A propos du premier texte,
cf.Co~yf~w<'<ï'i3(Parthey) & ~-stp jj.0!xxpto: 9M< 'ÂYOt9o<; Sat~MK
'{'U/~jV JJL~ TM(J.O!T[ ~!OH) E~Ott, ~Ou~
'}'~X?' ~~0~ 3~ S~ TM VM.
S~ ~V
C'est la même inspiration platonicienne, cf. R. Reitzenstein, Die
/~f~M<~<t'M/t~M Afy~<M~<cK~K', :()2o~ p. 182. Par contre, le
passage Cc~. ~c~w~< X, t3 (Parthey), Reitz. p. t83, est d'inspiration
stoïcienne" o ~ou~ Ev TM XoyM, o Xo~o; Ev T~ ~"X~)' ''i ~y~ tt~Eu{<.C[Tt,
T!) ?[K:t![M: 6~ TM SM~KT:. TO 5~ (termeproprenientstoiciem)
~tvsBu.x S~xo~
S~ ~XEËM~ xx't xal c['t'pt.ot'ro< xn~ to i~MO~. Plutarque emploie
apT'fjp'M~
Tt~eutAK exactement dans le même sens physique, matériel. Cf. C~MM
aMtMt!f, etc., ch. IX, Bernard. Vil, 10, !6 et n,3 il s'agit de l'amour
plus violent chez les jeunes gens parce que le sang est plus chaud et
le Tn~jjLa, soufne physique, plus impétueux, â~YB~o~, tandis que chez
le vieillard, ce 7~. est détendu, ycAMK TM Tr~euumït. Sur la trichotomie
chez Plutarque, cf. encore les relations entre l'âme du monde et le
vou: dans le De /lM!M<M ~roc~ea~to~c in 7'twa~o VI, iot4 E, Bernard.
VI, <6o, 26. Pour agencer bellement et ordonner ce grand corps, tifaut
que l'âme du monde participe
au ~ou; et à l'harmonie ûtSr~ -~p Jtu~
xa[9' !auT~ (ead. selon cette âme désordonnée aTCtxrt~ et maléfique
x~xoTto~oç qu'est la Nécessite), ~ou S~ xott AOYto~oS x<t xp~WM~ ~~powo;-
~~TET/E~ ?va:xo?~u')~7j Yev'/jTKt. Cf. XXVII, t020 D-E, Bernard. VI, ty~,
17 -?y. et I'jE~:<oM«' IV, !o3t B, Bernard. VI, 208, 24 vouv ~v vap zu~.
A la vérité, sauf 0M<!M<P/~oM. 6, il s'agit moins dans ces textes de
la division platonicienne de l'âme que de la division aristotélicienne
du composé. Vide infra p. 3o3.
!C. Cf. Andronicus, ~.TmOm~MuMach III, 5/4 rpt~epout Se T!)< ')~~t
Xot~o~~f~ XZTX lIXaTM~K, TO~ [t~ XoYiSTtXOU OtpET~ !ppOV~<!t;' TOU ?
thèmes majeurs de l'enseignement scolaire Le moindre
écolier la savait. Il serait aussi ridicule de nous montrer
l'apôtre déroulant tout à coup, à la fin de sa lettre, quelque
volume platonicien en quête d'une référence que de le voir
aveugle et sourd, bolide chu du ciel parmi ses contemporains.
Mais, en vérité, est-ce bien le même partage ?
Jl s'agit, chez Platon, d'une doctrine des parties de l'âme
Dans le mythe du Phèdre, on la compare à un char bige. Le
cocher est le ~ou; ou âme intellectuelle, l'attelage l'âme des
passions, passions généreuses, Su~o;– c'est le cheval blanc,
passions mauvaises, ~Qu~T~o~ – c'est le noir. Naturelle-
ment les deux chevaux se battent. Et le cocher, aidé du
blanc, a bien du mal à maîtriser le noir lutte intérieure, de
tous les temps On pressent déjà la plainte de l'Ep. aux

9u)<.MtSoS; 7) Ttpzor~; xo~ '<) on'Sps: rou S~ ET:t9u{i-r;T:xoS oMspocu~ xctt


Tj E-~pKTStOt. "OX-<~ Se T~ 't't'; '*) S~XCHOSUVTq, XCt~ 7) E)~u9Ep:OTf~, tj X~
~e~X~O')'M~!<X. KctXKÏ EST: TOU ~.SV
OS ~oytTtOU !j KE'pQOU~<Tf)' TG~ Ss 9u~.OE[8oS;7j
>7

OpY~OTTt! XMt T) SetÀM' TOt! 06 ETCt6u~nxoS 7) XXo)kOf<HX XM '!) axpOtc'fcf' o)~ Se


T~ TE o!0tx!o[. xott ME~.EuOEp~, xctt [j.:xpo~u~K!! C'est exactement
ici la division platonicienne.
n. Sen. QOj 2~. II fait connaître à Lucilius les divisions, clas-
siques depuis les Stoïciens, de la philosophie, <t Science des choses
divines et humaines et de leur connexion ». Vient d'abord l'éthique
M
ceternmad beatum statum tendit (philosophia) )'j puis la cosmologie
qui étudie les dieux, le monde et l'âme « totius naturae. ad initia.
tum de animo coepit iaquirere, unde esset, ubi, quamdiu, tK quot
Ht~m~f<! divisus », enfin la logique (placée par d'autres en premier
lieu).
t2. Les principales références sont IV, 438 d /<VIII, 5<t8 c,
55ob, IX, 58o d sq.; /'A~r.246 a sq., 253 e sq.; Tim. 6g c sq., 89 e. Si l'on
réunit les deux parties inférieures sous le chef de l'o:)~Yo~ on obtient
dans l'âme la dichotomie a~oyo~o' ~ov /'o~. 3og e; 7':M<. 41 c, 42 d,
69 c .!$., 72 d; Lois J~/7 061 d. Cf. chez Aristote, ~A. Nie. 1102 a 28;
/<zgM. illor., I, i, 1182 a 33.
i3. Cf. sur la trichotomie, /'A~r. 253 c-d xxOK~ep EK xpy?) Touoe ToS [<.u9ou
rpt~Tti 8[ttXd[tE~ '}< EXKS'nfj~, mTtOjt.6ptj!M tM~ 6u0 ~t~E eMifi, V~~O~'XOV
~cf.l'~E~o~txo~ des Stoïciens) 3'stoo< Tp:'TOv. Les chevaux sont longue-
ment décrits 253 d-e. Sur la lutte, cf. 246 b xcn ~pMTOf '<;{t&~ b apYMV
~VMp~So~ TjVtO~El.EtïOt TMV ÏTt~M~ & [Jt.~ autu) XK~Ot TE K«YK&<<~ KK~ EXTOtOttïM~,
9 S'E~ fva~lfM~ TE XM M~TMt. Xcf~T!~ B'!) xai SuTXO~O? B~ av~yx~! trtp~
'~[iCtt TjV'O~tUt et 2~~ b ~?!'6tt b T~; XKM]~ '['~TCOt {JUTE/MV, E~ 1-~V YT~ pETTMW
Romains 14. La doctrine est reprise dans la République où à
chacune des trois parties correspond l'une des classes de la
cité, dans le TttM~e ~° qui leur assigne tour à tour un siège
distinct en notre corps. Interprétée selon cette tradition, la
parole de l'apôtre s'expliquerait ainsi '< Que votre âme
intellectuelle, intuition et raison, car c'est tout cela qu'est
le w5c, et davantage l'intuition, et que votre âme sensible,
passions bonnes, ~y~, passions charnelles, cM~ec, soient
gardées irréprochables, etc. )) A coup sûr, ce n'est pas le
sens. Nous reviendrons sur ~suM-vou~. Mais cM;jM n'a certes
pas ici un sens péjoratif. Il s'agit tout bonnement du corps,
de notre pauvre physiologie. Et ce malade qu'est Paul sait
bien ce que cela veut dire. Quant à identifier ~u~ et Ou~,
les passions nobles, cela paraît forcé, loin du texte, loin de
l'usage, en somme pure fantaisie 1G.
Si banale que soit donc alors la trichotomie platonicienne,

TE KM px?Ù\MV. ~V~X S'}j TTO~O~ 'CE XQ!l K~(UV M~KTOt '}"~t TtpO~E:tK(, 248 a-b
9opuë(K oSr xoft S{tt~.X'x xal :SpM: E<r/KTOc Y~KeTctt. Cf. encore le beau texte
25& a-b, en part. Sou~mffûttJL~ot(cf. S. Paul, ~?<?M. y"" SouXeuto) {< &

X«MOt <)'U~~ ETTËY~~ETO, E~EuOsptUfTCCVTE; S'M 0!pM~.


yt~~ en part. ~2-s3 ~~go~~i Yecp
14. ~?CM. ~o~ ~oS 6eou xofT~ -cow
&TM KvSpMTtov (== le ~ou;, cf. ySs xpa oS~ Ku-ro!, à moi seul, E~ TM vot
So~euM ~0[jtM 8soS), ~emo Se ËTepov, ~o~.ov ~t To~ jj~EStv jjMiu ~TtCTptt-
TSUOJJ-EVO~ TM VOjJLM To!! ~OOt ~JLOU
XOtt o~m.Qt~.MïH~TK (JLE TM VOp.M T"!)< OCp.etpT!~
TN ~Tt ev -co! C'est le Christ seul qui, fortifiant l'homme
jjLe)~<itv ~.ou.
intérieur, cad. notre ~o~==~'<~u.of par son propre T~sS~ct divin, nous
peut délivrer de ce corps de mort. D'où le cri de joie~xpK; TM~eM 7~-
Réduit à lui-même l'homme n'est que lutte auTO~ Sou~suM. Sur l'oppo-
sition de l'o e~M '~[tS~ o!~8a. et de l'o E<rM 'iju-M~ == l'opp. cS~ot-TrveuuLX
fortifié par le ~v. divin, c~77 Cor. 4" sur l'~N ~0. Cf. Phil. De ~~M/.
10 == 42 W. (t. II, !33, 3) et !Hj. jo~. 23 = 80-84 C. (I, zS?).

rement ~c~.IV 436a,442 0,444 b, 7'


i5. Pour cette localisation, sociale et corporelle, cf. plus particuliè-
44 d-45 a,69 d-yo.yodj/y b,go a.
16. Les critiques qui, comme Bornemann, ~oc. e~ acceptent une
innuence de l'hellénisme, n'ont pas assez précise ce point. Les di6ë-
rences portent plus c'ailleurs sur les parties inférieures que sur le
wS;. Qu'il s'agisse de la division platonicienne ou de l'aristotélicienne,

le ~ou, ici Tt~su~ – reste la partie la plus haute, la partie divine de
l'homme. A cet égard, le Stagirite suit son .maître. Cf. o Se ~ou; i<:<~
~EtOTEoM
ï: (que l'âme forme du corps), A. 1 4, 408 b 20~ XstHMett tov
il ne faut pas la voir ici. Car c'est une division des parties de
l'âme, sans doute plus ou moins localisées en tel ou tel point
du corps, mais enfin de l'âme seule. Or notre texte parle de
l'homme tout entier, ~or~e! o~M~pw la division indiquée
vise par suite le composé humain.
A vrai dire, elle a en Grèce sa sœur jumelle, exactement
pareille, mais plus savante, chez le disciple de Platon. Aris-
tote qui, dans le De /htttMa, critique la doctrine du Phèdre et
de la R~wbH<~ propose, en fonction de tout son système,
et de son esprit, une division mieux fondée en nature, moins
morale que physique, c'est-à-dire conforme à l'ordre des
choses, qui prévalut 18. Tout vivant, dit-il, est une synthèse
de matière et de forme, corps et âme. L'âme est l'acte du
corps vivant 19. Et, sans doute, il n'y a donc pas de corps
voSv. ehx! j~.o~, de Gen. an. II, 3, 737 b 29, voe~
8s!ox !Bpo'v ~:yM
xo:t
Tou OctOTXTOu, de Part. an. IV lo, 686 a 25, et surtout ~<
/VtC. X y,
WSt. 6ÏTE OeloV M XC:~ <tUTO 6'!T6 ThM SV ~[V Tb B~tOTOtTM I!77 a l5, si le
philosophe peut mener la vie contemplative, ce n'est pas K'<96(o~oe,
mais 9t~ 'r[ auTM uTtdcp~e: e! Sï) CE~ov o K&B~ ')rpo; Tov 'ï~Qt~Tro~, xado
xm TouTov pMc Moc 'npo! ïov ot~9pMTT!~ow ~ov. Ce vou; est séparé du corps,
cf. outre Tr. III, 4-5, de Gen. an. 11 3, 737 a 8 TO (rTEp~o: ro T-f~ 'J'uy'xï~
Ctp~t, TO JA6~ ympt~TC~ 3~ OMjJLaTO;, $COt; EjJLTCEpt~OtjtëMe'tC!: TO Os~OV (TOtoSïOt
3'e<rrmoxatÂou[<.E~atvo5ç), et, en tant que wu; TrotT~xo;, immortel, ou,
plus exactement, éternel Tr. d;. III 5, 430 a 23 selon le principe posé
Met. 1070 a 24. Or, c'est la doctrine même de Platon. Cf. entre autres
textes, Aleib. !33 c, Phd. 97 c, Phdr. 253 a, /7.
28 c, 3o c. Cette
divinisation du ~oS< dans l'homme n'est d'ailleurs pas propre aux
philosophes. Cf. Eurip. fgm. t0t8 o ve~ yctp '~jjnu~ ETTtV ~xotTTM 9so~,
peut-être en souvenir du mot d'Héraclite, fgm. tK) ~9ot x'/SsMirM
SoMMt~.

t7. tr. '{'. III


Q, 432 a 22 y~.~tt 5: tmop~xv EuQ!<; TtM; TE 3s! ~opM Aeytiw
t~t <)<. xctt Troa'K. Tpo~ov Y&p 'r:tx ŒTretpx œa'~tTott, xo:~ ou moro~ &T!~E< ~Eyo~ct
Stop~MT~, ~oytCTtKor xai 9u~:xM xat Sur la division des
E7c:9u[jt.TjT!xoi;.
parties de l'âme chez Aristote, cf. ibid. II, 2, 4i3 b 13-22, 24-28; 427a
4 sq. 111 4,429 a u-i2; Q,432 a 20, ic, 433 b i. C'est une question
de savoir s'il y a séparation TOTt<n ou seulement xotT<i Myo~, cf. 403 a 5-i6
et les apories de 1 402 b 0-16, reprises 1 5, 4n a 26-b 3o et II 2,
4;3 b i3 sq.
t8. Sur cette division physique" et
sur la méthode aristotélicienne,
cf. Tr. A. II 2, 4t3 a 2o-b !3, et le chapitre 111. Cf. aussi les textes cités
B. 17. ·
to. tt. '}'. II t consacré à la définition réelle de l'âme.
vivant qui ne soit animé, mais non plus d'âme séparée du
corps supposer l'existence d'une $w/?i indépendamment du
cwpz qu'elle a charge de mettre en acte, c'est un non-sens20.
Cette tyr/y, ce sera chez tous les vivants, plantes et animaux,
Tâme nutritive ce sera, en outre, chez l'animal, l'âme
sensitive qui inclut, d'elle-même, les passions22; chez l'homme
enfin, à la tyujjfi s'ajoutera le voûç 23. Mais le vo3?, précisément
parce qu'il n'est l'acte d'aucun organe, parce qu'aussi, étant
essentiellement lieu des formes universelles, il doit être lui-
même sans forme, le voûç n'est point coordonné au corps24.
Le voS; vient du dehors dans le vivant déjà animé25, et le
vivant disparu, le vouç subsiste, universel et séparé26. Ainsi,
trois parties en nous corps, âme principe de vie, de la vie
nutritive et sensitive et sensible, voùç seul immortel, principe

20. 4i3 a 3 ô'rt (Jilv o5v oûx ëstsv ~î) tj/'J/i) ^wptatJ) tou cû^a-roç,S fiÉtjT) tivi
ocuTvjç,îî jiepicTri 7r£cpuxEV, oùx â.Sr[kov.
21. it. •](. II 4.
21. Ibid. II S-III 3. Il n'y a point à proprement parler d'étude des
passions dans le de An. Il faut recourir aux Ethiques pour en trouver
l'analyse.
23. III 4-8.
24. Surlaséparabilité du voûç, II i,4i3a6-7;2,4i3 b 24-2;; sur l'incor-
ruptibilitédu vouç,dans lamesuremênoe où il est indépendant du corps,
cf.I1 4,408b 18-29 et surtout les chap.Ivetvdu l.III. Le vouç iraSïjTixoi; est
séparé en tant que lieu de toutes les formes, eiooç eïSùv, III 8, 432 ai;
le vouç 7iqw]tu«jç en tant qu'acte par son essence même, ri} oùtjt'a wv
èvÉpYïia, III 5, 43o a 18.
25. De Gen. An. II 3, 736 a 29-737 a 10. Cf. n. i| 1 1, 408 b t8 sq.
ô êè voiç loiy.Bv h(yivtaQtu oôuîoe t'.ç ouïra, xx\ où (BÛÉtpecSat. Ceci est une
conséquence rigoureuse. Si le voûç Tcpoûnàp/et, il est «^ftœptoî cf. Plut.
•n. ^"X^tj fgm. 23, Bernard. VII, 32 si l'âme (chez Platon correspon-
dant au voùç d'Aristote) existe avant le corps, nécessairement Tr,v iJiuyTjv
âOâvotTÔv Tt eTvoii, e\ 7upoÙTT!ïp/£i y<ap'.(STf[. Cf. Phi. 73 a.
26. En fait, si les deux vou. sont séparés du corps, seul le v. ico^tixo;
subsiste. L'autre est cpUapto; vu que, n'y ayant point de pensée sans
image, donc sans lien à la matière, il dépend en quelque sorte de la
condition de l'individu matériel, et doit disparaître avec lui. Cf. I t,
403 a 7-10, III 7, 43i a t5; 8, 43a a 8 et la conclusion III 5, 43o a z5.
Pour la même raison, il n'y a point de mémoire dans l'intellect agent,
et donc pas d'immortalité personnelle. Cf. I 4, 408 b 27 sq. et III 5,
43o a 23.
de la vie intellectuelle, discours et contemplation, de la vie
proprement humaine27. Il était facile de fondre les deux
doctrines, intégrant dans la trichotomie, plus compréhensive,
d'Aristote, la division plutôt morale de Platon. Aussi voit-on
les Stoïciens discerner, à côté du corps, le itmOhtmiov, siège des
passions, bonnes ou mauvaises, directement lié à l'âme nutri-
tive et sensitive ou fyuyn, sous la régence de l'yejAovueov, qui
dirige la vie humaine et n'est autre que le vtwç28. Mais le
mot même témoigne des soucis moraux de l'École. L/Viys[Mmjiov,
c'est ce qui commande, c'est le chef. A mesure que l'on
approche de l'ère chrétienne, la philosophie incline à l'éthique.
Elle se tourne aussi en religion. Ordonné, depuis Platon, à
la contemplation des Idées éternelles qui forment le monde
divin, le vouç29 en acquiert valeur divine. Il est, non pas 6eo;
mais SeTov30. Faculté du divin, il nous oriente vers le supra-

27. Le vouç est principe et de l'intuition immédiate des premiers


principes (cf. An. Post., S8 a 2-8 et II ig, Met. io5ib16-26, 1072 b 20-21
(c'est un contact, 9îÇic) et Théophraste, Met. ed. Ross, Oxford, 1929,9b
8 sq.) et du discours Siavo£ta9at. Sur la différence entre ces deux opéra-
tions, cf. Them. in de An., 3o, 25 sq. (Heinze, Berlin, 1899).
28. Cf. Arnim, Stoic. Vet. Fragm., n° 879-910. La division stoicienne
dérive de la division d'Aristote, fondée sur le partage des fonctions
organiques. A l'âme epeicrixii correspond la cpû<riç, à P«U<r!blTtx.ij la ^vy^,
au vo5ç 1'vjy£[aovixôv. Sur les différences, cf. Bréhier, Chrysippe, p. 165.
Sur le rôle de l'qyefjiovtxov qui est dans le corps comme la providence
des dieux dans le monde, op. image qui
devient courante chez Philon et
Plutarque, cf. Bréhier, cit., p. 167-168.
29. Cf. déjà dans l'EtFa.à Nic., X 7, 1177 a t5 a!n ô~ vouç TouïO (sc. oro
àpKTTÔv [iopiov) §ÏteàMio ti, o Si; xaxà<pù(7iv Sokeï ctpj(siv xort tjyeïgGoci.
Cf. Phdr. 246 b xcù ïcpÔTOv (ièv iijAâv 6 ap'/wv.
30. Cf. les textes cités supra, n. 16. Il ne faut pas trop presser le
sens de ce Oeîov. Cf. des passages comme de Gen. An. II i, 732 a 3
PeXtiovoç SI xoù OstoTepaç t/jv tpùmv oûoyjc t9jç attfœç xrfi xtvoûc7)ç TcpMTij;, ô
Xô^oç uxapj££i xai to etSoç t?iî 8Xt|ï où il ne s'agit que de la supériorité de
la forme et, en fait, du sperme mâle de même 7 péX-riov yàa xai a to
ôeiétspov tj &fr/)\ tttjç xivqcEb);,$ appèv ûicâp'/ct toïç ytvojj.s'voi;- ûXr] oà t^
85jXu. Pareillement Ti'fitov et Oeîov sont souvent associés ou employés
l'un pour l'autre en vue de signifier l'excellence, cf..Vet. A 9, 1074 b i5
où le voûç est dit 6eiÔt<ztov tôv tpocvopi.Évtov, 21 où son tîjjuov lui vient de
ce qu'il pense, 26 où l'objet du voûç divin ne peut être que Oeiotstov
K«HijJiia)TaTOv. Chez Platon, le voûç ou l'âme estÔEioç pour être immé-
sensible. Le laisser régner en nous, ce n'est donc pas seule-
ment mener vie morale, vie raisonnable, c'est, pour parler
avec Platon, son disciple Aristote et toute la tradition reli-
gieuse des habiles, nous assimilerDieuJ1. Avec les nuances
que comporte, pour chacun, son système, aux alentours du
christianisme, Sénèque en Italie, le juif Philon, l'honnête
Plutarque de Chéronée sont sur ce point d'accord"2. Chez les
diatement ordonné à la contemplation des Idées qui sont le divin
essentiel. Il n'est pas question, semble-t-il, d'une divinisation réelle
du vcûç. Dans Alcib. i33 c, où il s'agit de connaître le vrai sens du
précepte delphique « connais-toi toi-même », ce qui implique le besoin
d'un miroir intérieur, spirituel, l'âme et, spécialement, dans l'âme, ce
qu'il y a de plus divin, la partie où résident la connaissance et la
pensée, to EÎSsva'' te *.a\ opovsïv, Socrate ajoute « t<5 Osîw apa tout 'êotxsv
aÙTYJ; x.x\ tiç Ei, touto pXÉTCOJV xal Tî7.v TO Seîov -fvoû;, fttât
te xaïdeopôvY)(riv, outo)
xai Izutov av ^voi^ [i-iXiora. » Or, cette présence réelle Dieu dans
l'âme est un phénomène bien extraordinaire pour qui songe à tout ce
qu'a encore d'incertain la théologie platonicienne. J'incline à regarder
les mots 9. Te xoi 3>pt>vTri<7iK comme interpolés, tout de même que i33 c
8-16 àp 'oùv. vm qui manquent dans tous les man., ne sont lus qu'à
partir d'Eusèbe {Praep. Evang., p. 324 Est.), révèlent manifestement
une inspiration néo-platonicienne et ne servent, dans le texte, qu'à
expliquer ce mot Qeôç de notre passage, tout l'ensemble ainsi interpolé
insistant sur l'idée mystique du Dieu intérieur éclairant l'âme dont il
n'y a trace chez Platon. A moins d'entendre, non « Dieu même et la
pensée » (trad. M. Croiset), mais « ce dieu qu'est la pensée », ce dieu,
c'est-à-dire cette chose divine, don des dieux (cf. Rep. III, 416 c) par
quoi nous participons au divin, Phdr. 253 a.
3i. Sur cette assimilation à Dieu par la contemplation, cf. le précepte
pythagoricien àxoLjuQsïv tû Oew (cf. A. Delatte, Ét. sur la litt. pytha-
goric., Paris, io,i5, 73, 296), Phi. 74 c-75 e (le sensible désire s'assi-
miler à l'intelligible), 79 d-e, Rep. 6i3 b si; foov Suvatov àvOpanto}
ôfJUHoCaSai 6sa>, Thèét. 176 a epuy») ôjj.oH»tr!; 6su>, 176 b-c, Tim. 43 a-44 d,
90 c-d, Lois, 716 a, c-d, Eth. Nic., X, 7-8. Cf. la [/.['(XTiotç toù Kupîou qui
fait le fonds de l'âme paulinienne et chrétienne, Thess. i°, Cor. n1,
Eph. 51, Phil. 23, etc. Le Christ est le parfait modèle, le tuhoç, et les
fidèles, à leur tour, sont « types » les uns des autres, Thess. 1',
Phil. 31-, etc.
32. Chez Sénèque et dans le nouveau 'stoicisme, ces idées sont
fortifiées par suite du lien qu'on établit entre l'âme humaine, d'ail-
leurs corporelle (diuyïiv S'sTva1. to <70|<puà; ïjjjlïv TcvEÏÏfAtf- Sib xaî ou>\lx eîvat
xari jjLETà tov davotTov lict|xéveiv ofiapT^v S'eîvœt, ty,v Sa tg>v ô'Xbiv açôapTOV, ^ç
!*éf>7| tTvai xàç I» toïc £(oou; Diog. Laert., VII, i56) Et le TtvEyfioc divin, lui-
même aussi matériel. L'oituep' Ikôot<i> ôaî[i.(i>v (c'est l'ïJYEftovaôv) est uni
deux derniers se rencontrent même emprunt de l'un à
l'autre ou source commune d'étranges similitudes. Comme
la lune entre la terre et le soleil, l'âme est un pocrov,
une manière de mélange, intermédiaire, jaéoov, entre le
corps, <jw[/.a et le voùç. Logée dans le corps 33, logement du

îtpô; t^v toïï twv SXcov Stotxr,to3 jîouXirçsiv déjà chez Chrysippe (Diog. Laert.,
VII, 88). Cf. les textes d'Epict. et de M.-Aurèlecités parRohde, Psyché8,
1921, II, 3i6, n. où
1 et aussi Epict. I, 14,6 les âmes sont dites des
pôpiz, des ànodnaffjjLaTa de Dieu; de même II, 8,4 su àTtôffitœffjjLa
Ei-rouOEouet M.-Aur., V, 27, qui explique cet âiro<ji:a<j|Aa par l'a Ixxarou
vou;. Cf. Philon q. det. pot. insid. sol. 24 l'âme humaine est t?[ç 9e»'otç
^u^jîiç âiro<mot<r|ia où StotepEtov (jt^Lvezai yàp où&lv toù Oei'ou zat' âicotpTïjS'V
= selon une séparation, une fracture comme l'indique le mot même
â7ro<j7rot<T|J.a) oikXk juîvov IxxêivETat = mais selon une sorte d'extension –
c'est déjà, semble-t-il, l'émanation plotinienne). Cf. De Sont., I, 6,
t. III, 197, 4 voûç owro<raa<i[jt.a Osïov. Pour Sénèque, cf. par ex. Ep. 66, 12
« Ratio autem nihil aliud est, quam in corpus humanum pars divini
spiritus (pars = àito<7itaiu.a) »,9z, 3o « Sedsi cui •virtus animusque in
corpore -praesens (Aen. V, 363), hic deos aequat, illo tendit onginis
suae memor. Nemo inprobe eo conatur ascendere, unde descenderat.
Quid est autem cur non existimes in eo divini aliquid existere, qui
dei pars est? totum hoc, quo continemur, et unum est deus et socii
sumus ejus et membra. Capax est noster animus. ut paria dis vellet. »
De même 120, 14, i5, 18. On trouverait des textes analogues chez
Cicéron, de Div., I, 3o, 64 « (animus) qui deorum cognatione teneatur»,
Tusc., V, i3 « humanus autem animus descriptus ex mente divina »,
chez Virgile, Aen., VI, 726-727 « 'Spiritus intus alit, totamque infusa
per artus mens agitat molem et magno se corpore miscet. Inde
hominum pecudumque genus. 730 Igneus est ollis vigor, et cœlestis
origo -Seminibus n, Comp. le « dei sumus membra n de Sénèque et
la « mens infusa per artus » de Virgile. Ce sont là idées courantes, en
particulier depuis PosidQnius, et répandues dans toutes les écoles
aux approches du Christianisme. Comp. encore, sur la purification des
âmes après la mort, Sen. Cons. ad Marciam, 23, 2S, 26 fin et Aen., VI,
74S sq. Cf. au sujet de cette fusion les remarques judicieuses de
P. Wendland, Die hellenistuch-romische Kultur, p. i52, 154, n. 3.
33. Cf. toutes les images platoniciennes, le corps navire, tombeau,
caverne, etc., Gorgi. 493 a, Crat. 400 b, Phdr. 246 sq., Tint. 41 e-42 c,
reprises par Phil. Leg. AU., I, 33. Tous nos maux viennent de la aoîpl;
et de l'y; irpbc cocpxa oïxsiWtç, de Gig. 7. Cf. le ojùjvoi; de Cor. 5'.
Cf. CIG, i656 oxîivo« filv – $\ift\ U, 3i23, 6^09. Cf. surtout Phil. de
Op. mundi 46 = Cohn 1 3g, 27-28 le corps est oïxo;$ veàç Usa;
(cf.Cor. 316 vaoç) de son âme Xofixiî (cad. du vou;-itv£î;(ia) qu'il doit
porter comme une statue toute divine âYctXjjutTûiv to OEoeiSésTatov.
voûî34, tantôt elle laisse rayonner sur elle-même et transmet au
corps les reflets de la lumière dont irradie le voùç dans la
contemplation des choses divines. Plus souvent elle se tourne
vers le corps, et ainsi tout occupée des choses du dehors, ta.
g£<o, des choses d'en bas, t« jcet-ro, elle quitte la belle lumière
qui lui venait d'en haut, t« avw, et du plus profond de son
intérieur où siège et veille le vo3; J3.

34. oleos Siavoi'a; oàtj ^u/y), Phil. de Somn. II 26=Wend. i;3 (t. III,
269, 14). Cf. Iren. 1 7, 1 où, pour les Valentiniens, l'âme (tyuy-fy, est
représentée comme un cvSujta tou xvEtJjAOfroç qu'il faut dépouiller,
àTtoSusajjivouç xiç fyu'/kc, pour devenir esprit pur, xott itve3[j.aTa voepà
Yevo(*.évouç ibid., I 21, 5 (Marcosiens) £tysvToc tbv 8sff{/.ôv oiùtou, toutssti
Tfiv tiu'/ïiv. Pour l'âme temple de Dieu, cf. Phil. de Somn., I, 149
(III, 220, 9) gtojÔSxÇe oùv, ù> tyuy?\,Oeou oîxo; ^evéïiOat, iefôv avtov, èvSsaîTVjjJia
xâXitcTOV et Rom. 8° ^v. 8eou oîxef èv û[xîv, Cor. 316 vaôç 9eou è<jte xai tô
tiv. -où 9. o'.xeî Iv Ofj-tv.
35. Phil. de Somn. I 145-146(111 219, 14-23). La lune, dit-on, n'est pas
éther pur, elle est faite d'éther et d'air; et la tache noire qui s'y montre,
et que d'aucuns appellent visage, 8 îmXoZai tiveç xpôsMirov, n'est rien
d'autre que de l'air en mélange, qui, noir de sa nature, tend à la nature
éthérée de IVjpavdç. Or la lune est l'image de l'âme humaine dont
la base est l'aVoS^m; (cf. Leg. Alleg. II 14 = Cohn 49-53 = Bréhier,
p. 108. Dans Gen. 2, 24 « l'homme quittera son père et sa mère, et il
s'attachera à sa femme », Ph. voit le symbole du voû; quittant Dieu,
tôv iraTÉpot t55v fîXwv 9eov pour s'asservir à Pa?aOï)<Hç, en sorte que
âvalii-cai eîç aTaO^otv D'une façon générale, au regard duvouç mâle figuré
par Adam, Paï«8ïi<ji; est Eve, la ywfi, cf. les livres I-II des Leg. Alleg.),
de nature presque terrestre, tandis que la tête ou partie céleste,
correspondant à cet oùpavd; qui est tête du monde (xstpaXïiv 81 oûpavôv
1. 14), c'est le voù; très pur, b xaSaftôratoç vou;. Ainsi l'âme est-elle
intermédiaire en nous entre l'élément terrestre et l'élément céleste
(xEtpaMj S'»>; œv tô oùpiviov, 0 x«0ap. voùç), de même que la lune qui est
faite en grande partie de cet air dont la base est la terre (pioiv jiàv xai
p" -'Çav àc'çoç 6Îv«i yï,v) et la tête l'oôpœvô;.

Cf. Plut. De fade in orbe lunae XXX 944 E-945 D, Bernard. V 470,
3-472,21. Ici de même, l'âme est un piiaov, un juxtov comme la lune qui
est un «rûjijitYjia, un (*.ETaxÉpao(Ji.a twv âv<o x«i xaTco. Ce que la terre est à
la lune et la lune au soleil, le corps l'est à l'âme et l'âme au vouç. A la
mort, la tene reçoit le corps, la lune la "}<u7Ô, le soleil le vouç. Il y a
donc séparation réelle et disparité de nature entre le voûç et la t|m)^
tout de même qu'entre celle-ci et le oûfta.
La même doctrine est exposée Q. in an. hum. affect. subject. (= tô
Tta9r)Tix<Sv) -panne sit ejus an facultas, Bernard. VII 12. Plut. se
Tel est bien, semble-t-il, le contexte qui doit éclairer notre
lettre paulinienne. Près de l'achever, l'apôtre résume d'un
mot toutes ses exhortations. Il a recommandé à ses frères le
travail, la charité, la paix, le soutien mutuel, la patience, la
miséricorde, la joie, la prière, l'action de grâces, le respect
des dons de l'Esprit, le discernement du bien, l'éloignement
du mal. Qu'est-ce à dire, si ce n'est qu'il faut être tout entier
sanctifié par Dieu? Et l'on saisit, maintenant, l'ordre des

demande si le iraô^tixâv (Val<jf}riTtx.6v d'Aristote, tyuyf, de S. Paul) est


réellement une partie séparée quant au lieu, ou seulement une faculté
(cf. l'aporie ^ojoistÔçTtnra>-Xoy<*> d'Aristote;. Dans le premier cas, les
animaux &\oyx. (cad. n'ayant pas l'âme Xoyix^)n'auraient pas l'âme
tout entière, c'est-à-dire en vérité n'auraient pas d'âme, mais seulement
une partie d'âme, ti y.6ciov 'iuvTjç. Le second cas soulève d'autres diffi-
cultés. Il faut distinguer en somme entre l'homme et l'animal. Chez
l'animal, le T.a.0rtrv/.m assimilé à l'âXoyov (depuis Platon), c'est toute
l'âme. Chez l'homme, il y a faculté d'àXofiiTTeïv et de XoyîÇîsOai selon que
l'âme se porte soit vers les «îoOtjto, agissant selon le TraQvvrLxôv, soit vers
sa propre essence qui est le voùç (14, 1-4). Ainsi, chez l'animal, l'ôÉXoyev
est^u^j chez l'homme il est Suva.uiç, puissance active qui n'est vrai-
ment humaine que si elle opère conformément au voO; (olov ya>c
cméX^urat, elle est comme détruite, cêsvvuîxévTj; Iv ctùr?| nfi xaxi voCv
ÊvÉpfstixv, dès que s'éteint en elle l'énergie du vous). Le 0Eu>psïv, voild
l'authentique ivs^ysn de l'âme. Le reste est 7raClT|, non Ivépyeta (ch. v,
p. i5-i6). C'est donc le voûç qui est la véritable oûirîa de l'âme, l'âme de
l'âme, au demeurant séparée de l'âme,ô èv aùr?,vo3ç (14, 2). Qu'est-ce,
par suite, que l'âme « pathétique »? Rien d'autre que l'âme « logis-
tique ». Elle est pathétique dans la mesure où elle s'arrête de conteni-
pler, ôsiooeîv. Dès lors, elle se retourne vers le corps, rçfa; xo «Ski*
!7t£5TpaiuTat, elle se détourne du vouç, àitôirTpoçoî est', toi vo3.
Du même
coup, elle déraisonne, son œil s'obnubile (sur l'oeil de l'âme
= de l'7J-f£fi.ov!xdv ou voûç, cf. Phil. de Abrah. 12 = 37 Cohn, 17 = 78,
24 = 119, 3i ==] 162, de Mon. I, 5 et le texte important du de Vit.
Cont.10 = 78 C), elle perd le jugement, le bon lui devient mauvais, le
mauvais bon de là les mauvaises passions (ch. vil, p. 16, 25 sq.). En
résumé, chez l'animal, une seule âme, le irafhvnxov ou àXoyov. Une seule
âme aussi chez l'homme, à la fois « pathétique » et « logique »,
capable d'àXoy. et de XoyîÇ. Si elle se tourne vers le corps et les
rà eSjw œÛT%, elle se détourne du vou;, perd tout discernement et tombe
dans les mauvaises passions. Si elle se tourne vers cette intérieure
essence logée en elle et la regarde, ôirr.iitVâv pXÉAr,, elle revient à la
vertu, parce qu'elle se remet à son IvÉpy"" propre qui est de contem-
pler. II y a donc contraste absolu entre le t£ix2, les ta l\a> et le vouç.
mots, leur enchaînement36. « Que votre esprit, séparé de
tout le reste, c'est le sens propre de àyiot;, soit tourné
vers Dieu et ainsi reçoive de sa lumière; et que votre âme,
cette âme des passions si intimement liée à la chair et au
sang, à la nourriture, à toutes les sensations, séparée elle
aussi des choses d'en bas, se tourne vers le voûç et, de la sorte,

L'âme est entre les deux, intermédiaire de l'un à l'autre comme la


lune de la terre au soleil.
Or ce sont exactement les idées de Philon. Outre des expressions
curieuses, telles que vouç r,),tosi2=cTïTov, de Vit. Noysi II 39 (Cohn, t. IV,
220), on trouve dans le de Somn. 1 5-6 = W. 25 (III p. 195-197) une expo-
sition analogue. Il y a quatre parties dans l'homme ffSjxa, aî'côyia'.ç,
y.ôyoç, voûç. Les trois premières sont en relation avec le monde extérieur
et donc en dépendance de ce monde. Mais le -t£T<xpTov tôiv Év r,,u.îv aûxoïç,
l77jYs(*àv (cf. PïiYSj/ovmov stoïcien) vouç, sera-t-il lui aussi la proie (xorrec-
ir.TTtoç) des Ta ï\ta? Non certes, ou S^itou. Qu'est-il donc selon son
essence? 7rvetj[xa (au sens stoicien, matériel), sang, corps (mais il n'est
pas fftojxcc puisqu'il est incorporel), limite, forme, nombre, entéléchie,
harmonie, quoi encore? Il est dans l'homme, à l'égard du u5p,
de I'«w9r,ffiî, du ^ôyo; interprète (êp[/,ï|vÉa, cad. en relation avec le
monde extérieur) ce qu'est dans le xofffioç l'oûpotvo; à l'égard de l'air,
de la terre et de l'eau. Le voûç est ainsi dans l'âme comme une parcelle
divine, âTraraaujAa Oeïov. Cf. de Op. m. 23 (Colin, 18, 24-25), où l'ànSpioTtivoç
vouç joue le même rôle dans l'homme que le [J-é-faç -/jYejMÏv = Dieu dans
le monde entier et Plut. de Is. et Os. 56 et 58. Mêmes rapports au
sujet de l'inspiration. Cf. Plut. de iefectu Oracul. IX et Bréhier,
Ph. d'Alex., p. 189. Enfin même incertitude apparente, chez Philon
comme chez Plutarque, sur le point de savoir si les parties de l'âme
sont vraiment parties et, en somme, umes indépendantes, ou seule-
ment facultés d'une même âme. Cf. Leg. Aile g. III 38 = C. nS (t. I,
i33, 2) Èvioi fiàv oûv tî>v (piiosoî&eov Ta }/ip7| Taura Suvijist ftdvov StÉxpivxv
àXÀ^Xwv, tivïç Philon penche nettement pour l'indépen-
Ss xotl Tonotî.
dance des parties et, en tout cas, du voù;. Quant à la libération de
l'âme à l'égard des passions, c'est, exactement comme chez Plu-
tarque, à la Oeo>ft'a qu'elle est due. Seul l'exercice de la contempla-
tion fait acquérir à l'âme les vertus de tempérance (^pepit-eta) et de force
(xapiEpîa) qui lui permettent de retrouver la xâ6o8oç sïç iraTpfêa.
Cf. Q. rer. div. lier. sit 55 = W. p. 55, 11-19. Tout emprunt étant exclu,
cette communauté d'idées chez des auteurs également ouverts et peu
originaux, révèle bien l'atmosphère de l'époque. Il est intéressant de
relire, dans cette u aura », Cor. i541 •»• SiXlti So?a ^Xtou, xal SXkr\ SôÇat
aùrfftifi et l'oppositon ij/uj^ixoc (=x°'>coç)" iw;iaT!x<3{.
36. On a le même ordre exactement, pour les mêmes raisons, Phil.
127 èv £vl meti|i.aTi, (ttif Au)J^.
à son tour, s'illumine et puisque tout cela est difficile quand
le corps souffre il le sait'bien, lui, Paul Stimulus carnis
me colaphizet! –
que notre pauvre machine enfin soit séparée
du mal, de tout mal. 'OTio-reXeï; àyiacat ùaœ^ par les soins du
Dieu de la paix, que la paix soit en nous, jusqu'à l'avène-
ment du Christ » l'admirable prière, en vérité
Nous accorder cette exégèse n'est nullement, redisons-le,
conclure à un emprunt direct. Plutarque d'ailleurs vient
après Paul. Mais ce sont là idées courantes. Grâce à la pré-
dication cynique, stoïcienne, platonicienne, elles ont gagné
l'agora. Elles composent une atmosphère. Le texte paulinien
lui-même le suggère. Il dit ces choses sans s'arrêter, sans
expliquer. Paul est sûr qu'on le comprendra.
Mais dans ce cas, pourquoi TCveùaa, et non pas votïç? Le
mot voOç, qui est purement grec, ne lui est pas inconnu17. Il

37. On sait que l'hébreu n'a rien qui corresponde à voûç. Le mot est
très rare même chez les LXX où le plus souvent il traduit lêb (cœur).
Ex. 723, Jud. 814, Is. 10' .ia, 4122, Job 7moy Esd. z°, 9" et semble
plutôt exprimer la culture des traducteurs. Le mot ne devient un peu
fréquent qu'à la période hellénistique, 11 Uacç. i56, III Macc. i2a,
IV Macc. i15'™, z10'182-, 3", 5", 14", 1613. Il manque dans les Evan-
giles, sauf une fois chez l'helléniste Luc, 2415. Pour exprimer l'intelli-
gence, comme dans l'A. T., les évangélistes ont xap&.a {lêb), Mt. i315,
i519, Z>.23°, 2415>3S, Act. S22,28S7, Jo. 12*0, Me. 26S, 35, 6", 8". Puisque
la pensée réside dans le cœur, xapoi'o;, Qvp.6< elle est dite !v9ô|«)<iiç,
penser = sv0o[/eïcr9ai, Mt. o4 tïç èvO'jjXTJtjeiç auTwv eîjuv ?va xi ôfisïç
!v9uj/.e"<i8e -noviipà év t»ï; xocpo'a1.; Ù(a5v, i20, 1225, Ad. 1729. S. Paul qui à
coup sûr connaît cet usage et dont la langue est parfois hésitante,
Phil. 4r xafc vj EipT^vr) Tov OeovVj ûxspiyousa itxvTa voSv (ici, semble-t-il,
« toute connaissance, tout ce qu'on peut connaître ») cpcousijirîi Ta;
xapSta; ii\ùâ<i xotl t4 vo^jj-ara ûji.ô>v Ev X. I., Il Cor. 315, adopte pourtant
délibérément et utilise en son acception la plus juste le vovç de la
tradition grecque.
Les textes principaux sur ce point sont Rom. i-s, 7- I22, Eph. 41T-23,
Car. 2'0-1», 14".
a) Rom. i26 xal x«6toç oùx IJoxJfjctaav tôv 9sôv tytvt év èitiyvwesi,
itapsêwxêv aùto?)î b 8eôç elç iSôxi (aov voùv, tcoieTv ta jj^ xafl^xovTa suit une
énumération de ces vices. Il est manifeste que le vous- n'est châtié que
parce qu'ordonné à la connaissance de Dieu, il a manqué à son rôle.
Et le châtiment est bien remarquable. Comme chez Philon et Plu-
tarque, c'est de l'abandon de la véritable Ssupsa que résulte la chute
l'emploie. Il n'en ignore sûrement ni le sens « hégémonique »,
ni la valeur religieuse d'organe de la contemplation. Pour-
quoi donc omettre voù;?
Et pourquoi •rcveupa? Car enfia le terme n'est pas si fré-
quent, dans la langue philosophique, avant saint Paul. Il est
même quasi entièrement inusité dans le sens où il l'emploie
dans les passions mauvaises. Noter enfin l'expression toute stoicienne,
zx [*yj xaôvjxovTa.
b) Rom. 122jj.ETa[j.op3»oîj(>fl£ TV) àvaxaivaxrsi too vooî [ûjjuov], eîî ri
îox'.|ju£eiv ufix? ri Tb SeX^oc Toù 8so5. C'est toujours la même idée, mais
avec un progrès. Du voûç, ordonné au divin, le regard s'obnubile si l'on
se livre aux tk £;«>, ici tû a'.wvt tout<«. Pour sauver cette pureté du
regard qui discerne le vouloir divin, il faut,que le vouç soit sans cesse
fortifié, renouvelé par le «ve3;j.« divin. Cf. Cor. a}7 b lata •5)[/.t5v
(= le voue» cf. supra n. i3) àvajtaivoÙTat i)f«.spa xotl T,tx=po(.
c) Eph. 417-2J. Même idée encore. Les paiens (18vïj) ont le voCc adonné
à la vanité, |v jjt«TxiÔT»iTt, et, par suite, vivent dans l'impureté et le vice,
lauToïi; irapsStoxav tvj icsk^elct. àxaSapaiaç. itXeovEÏiot précisément parce
que ce vov; a oublié son rôle, il a ignoré Dieu, luxoTwjjievoi r?| Stcxvotoc
Sik tJjv àfvt>totvf/iv oïdotv iv œÙToïç. Il leur faut donc, et c'est la première
tâche, être entièrement renouvelés par l'esprit divin qui vient résider
en leur voûç, àvaveoùoOai Se TM tcveu[ii.«ti tou voo; ûjjlSv, quitter ainsi
l'homme ancien, xbv x«Xatbv âvO., revêtir le nouveau, tov xziv^v 5v6.
d) Cor. 21015 tô ^àp Tcveîjxa itâvra IpEuvj, xzl Ta jîaôir) tqu Oeou
(cf. Rom n3J-3'i (i pxQoç. 6so«.tiçfàp ïfv<1) voùv xuptou /s. 4013 où voiï;
traduit rouah = itv£u^.«) rî; f^p ctosv ivOpoJxov t« tou àvôp(o7tou eî [i^ TO
i:v£uj/.a tou âv6p(«itou tô ev «ôtS; o8tû)ç. TO 7tV£Ù(xa tou ôeou .ô
Sa
itâvTa. tiç yàp I^voj voSv xupîou (cf. Rom. n34)
Tiveu[/.aTsxbç àvaxpîvei {js.lv
.T][ae"; Se voùv '/piSTOu I^ojasv.
Il résulte de ce texte
I) Que itvEÛ(j.a ici = voC; comme la faculté humaine la plus haute
dans laquelle vient résider le rcvîtjjj.a ou voûç divin (tjjjlsTç Se voûv XptSTOÙu
=^0[jLEv) pour parvenir à la pleine connaissance des choses divines.
Cf. Prat, op. cit., II p. 172 n. 5 B.
2) Qu'en tant que tel, le itvEutianxô; s'oppose au tyv/ix.6:; (213-14 itvEu-
lAorrixot; 7:v£U[/.aTixà (ruyxpivovTe;. Vu'/txôi; 81 avOpowtoç où Ss^ETai ri toù
•xvEÛfAscTo; tou 9soà) qui, ne vivant que selon la tjrti- dépourvu des dons
du xv. divin, demeure par là même dans l'ignorance de Dieu, où SûvaTat
•p/iovai.
Les deux idées se tiennent et nous sont familières.
e) 1 Cor. 14" (à propos de la glossolalie) èiv y&p irpotrEÛ/o[Aa'. vXaxTirii,
to iiveU;» [J.OU icposeu'/ETai, ô SI vou; uou axapitô; 'éstiv, où il est évident que
•nv. |xou n'est pas l'Esprit Saint (Prat, op. cit. II, 85), ne fait point
difficulté si l'on se rappelle que Paul emploie :rveùjj.a de préférence
de partie supérieure, et comme divine, de l'âme 37 bls. Deux ou
trois passages d'Aristote parlent du irveùft* de l'âme, mais il
s'agit du souffle igné, dont la nature s'apparente à l'éther,

lorsqu'il s'agit du voûç ou icvEÙfia humain déjà renouvelé, et ici possédé,


par le nveùfuc divin. L'opposition, d'ailleurs unique, entre voûç et
7rv£Ùf/.a, ne vise donc point deux facultés, mais, à l'intérieur du même
voîiç – îtvEÎJjjia faculté humaine du divin, un état d'extase et de dépos-
session de soi (par l'effet d'une possession divine, cf. I'èv6ou(iia<i|jw)<; de
Platon, Ap. 22 c, Ion 533-534 c-d, Phàr. 244 a-245 a, Eth. Eud. VII, 14,
1248 a 27-39) et un état de conscience, d'« intelligence ». Mieux vaut,
dit Paul, joindre l'un à l'autre, lepoa. tG> itv£Û[*aTt, -Jtpos. xtù t«j vot, ^aXtô
TM irv., t}>. SE xal tm vol. C'est
exactement le conseil que donne déjà le
Tintée 71 e-72 b. oûSsk Y«P evvouç ioixxezai î/,avTijrîiî sv9éou ko\ &\rfio\i<
nul ne parvient à la divination en gardant la maîtrise de son voùç
(on sait la valeur du terme chez Platon en tant qu'ordonné au divin
et, de ce fait, seul vraiment immortel, cf. Tint. 42 a, 69 c, Rep. X, 6111 b,
Pol. 3og c), mais il faut qu'il soit lié dans la force de sa opôvïioi; soit
par sommeil ou maladie, soit par une possession divine, StSt t:va
èv9oocri0K3}ji.ov itapa^Xâ^a;. Cependant, par la suite, revenu à soi, ïtxsppwv,
l'on doit réfléchir sur ces paroles proférées dans l'extase et les
raisonner, duvvoî^dzi xi p^iévra ûtotïji; [iotvT'.XTjç T£xa^Êv8ou<r!acTtx^;cpÛTe(o;.
Noter enfin l'association de voûç et du terme ouvetStisiç dans son accep-
tion de « conscience morale » si particulière à la philosophie grecque
depuis les Stoïciens, Tit. i15 (rien de pur aux impurs, en eux voùç et
<ruve;'Sr,<Tiî mêmes sont souillés). Sur la souillure du vouç, cf. 1 Tim. 65,
Tim. 3S. Sur la cuvei'oTjii'.ç, cf. Act. 2S1, 24" (discours de Paul),
Tim. 15.19, 39, 42, Tim. i3, Heb. i3is, etc. Sur l'oppos. voCç-»«p?,
Rom. 725 cf. supra n. 14. A propos de I Cor. 210 16, en raison du
sens religieux que prend ici voû; et de son assimilation à nvevjia,
Reitzenstein, op. cit. p. igo, veut reconnaître une influence de l'hermé-
tisme. Mais il n'y a pas à descendre si tard. Le sens religieux de voûç
est commun depuis Platon et Aristote. Quant à l'innovation pauli-
nienne, changement de voïit en irvEÏjAa, -nul texte n'autoriseà lui
assigner une origine grecque. Vu la date, l'hermétisme en tout cas est
hors de cause.
37 bis. L'épigraphie funéraire ne semble connaître que l'opposition
7tveïïfj.«-<TS>;jLa ou (*-opç>i. Cf. Kaibel. Epigr. gr. ex lafid. conl., n. 25o,
Panticapée, I fere a. Chr., v. 5-6
Ta:K &7ra!]Iav xeuSe! iiopmàv Tc!o~, 4),X' [x~aos~TO~
ffvsù(juja[I.ÉVE!. xsi'vœç èç fiaj â9âva-cov.
n. 6r3, Rome, II p. Chr. v. 6-7
Ttv=i»[j.a XatCùv^âvoe oûpavgdcv reksaxi yç6wv àvraTcÉSaïKa,
xai («Ta t4v 9xv«tov Mousxt jtou to oûua xp«TOÏÏmv,
qui, sis au milieu du cœur, fait le principe de cette âme
mortelle, laquelle est forme du corps vivant38. On ne quitte
point la physiologie. On la quitte encore moins avec les
stoïciens. Leur icveùpa, parcelle de cette force ignée qui anime
et maintient ensemble tout le grand corps du monde, c'est
toujours un principe physique, matériel, qui, par un mouve-
ment de tension, de concentration, assure la cohésion de tout
être, vivant ou non vivant, et fait en somme qu'il tient par
soi en une unité distincte38. Loin d'être ainsi logée dans la
iu/jfî et d'en dépendre, le irvsSjy.a stoïcien en est le fondement
et c'est de lui qu'elle dépend. Principe d'existence une dans

38. De Gen. An. II 3, 736 b 3o sq. Ttasîjç jaIv o-3v <\v/yfi Suvattiç
(cf. 7-36 b 8, 4) Ixjpou (T(o[iaToç eoixc Xîxoiv<!>vi)xÉva! xai Osioutesou, xôîv xa/ou-
U£V(l)V OTOl^S'JOV. TCWXOS'o'J Tt5p OÛSÈ TOtaUTT| SÛVO [i.lj ÈdT'.V, èXkci.
TO £[UEEp(-
Xaji.€avâ}i£vov Iv x<o cirépuntxt xat Iv xïo àcapwSet icvEÙtia XM yj év tw jrvEÛf/.a-
xûai;, àvâXovov oi/v* tù» tmï atrrpcnv cTotyrsi'u). Sans être feu, ce souffle n'en
est pas moins sjAWETupeuptcvov, cf. de /uv. 4, 46g b t6, de Res-p. 14, 474 b
10 sq., 22, 47S a 28-3o. Le irvEuixaroç est attribué à Athénée d'Attalie,
cf. Neustadt, Hermès XLIV p. 60. Sur l'afôvip, cf. parex. de Cœlo I, 2,3,
II, 7; Meteor. I 3.
39. Le evsûjacc corporel des Stoïciens semble dériver tout droit du
miEÙixa éthéré d'Aristote. Outre les textes cités sufra n. 32, cf. Al.
d'Aptar. de Mixt. Bruns 216, 14 vjvÉocrOa'. jasv (nzOT^ixai (6 Xçuoiiricoç) t}jv
uûjjmacrav oùcji'av TrvajfAaTÔî tivoj; Sïà itâd'fjçhûtïjç oiiÎxovtcjç, ûtp ou auvï^stai TE
xost 5U(*jjiévEi xas sujxTtaOs; èffxiv aôxw rb itïv, Plut. de Plac. Phil. I y
TuvEÛjiLa fiÈv Srïjxov St'oXou xoîi xoc^où (diffusus per cunctos animantes
J. Firmic. Astronom. I 3), Plut. adv. Stoic. 4g y^v jtèvfàp Voam xat uowp
out£ œu-cà siive^Eiv où'te ÉTtpa, icvEUfi.aTixfji; Si \i.£-myjr\ xal ituptoSouç 3uv«Î[i.êwç
t)|v évô-nriTa BtaauXaTTeiv, Max. Tyr. XIX xôv oà ÏIoseiow, icvcutxa Stot piç xoà
8ai«TTiiç ïov, oïxovo[«.o3v aùxwv tV «rxâortv xal x^v àpixonfav.
L'ordonnance,
l'économie du monde provient précisément de l'universelle présence
du TivEÎi|Aa, cf. Al. d'Aplir. de Fat. Br. 191 30 <p«alv Sq (les Stoïciens)
xbv xôajAov t<5v5ï, éva ovxa icai Jtivxa xi oi/-a Iv aù-rû xspié-^ovxa, xol 6it&
SeO'.xoujjlsv ov Çtoxix^ç TE zai Xo^DiYjî xat voEpâ;, èj^eiv x})V xwv Ôvtwv
îpûffEco;
ôioîxïiutv âfôiov xaxàe!p[iév Tiva xai TdéS'.vitpoîoucrav, cf.Diog. Laert. VII88
toû tSv 6X(ûv Sioix^toù (sufra n. 32), VII 134 t6ï 8fi xogjxov oîxsîuôœt
xaiJt voùv xat irpovoiav Cic. de Nat. deor. II 3t, 32, 33 (administratio).
A partir de Posidonius, on insiste sur le caractère divin de ce
nvEÙjia, cf. Posid. ap. Stob. Ed. I 58 6eôç êgte irvEÙ-j-a voeoôv XM icupwSeç,
oùx e^ov [topsïiv. jj.sxaêc&.Xov Sa eîç« poûXexnt xxt <juv£;op.ovoij[x.£vov icàdt,
Orig. c. Cels. VI, 71 tsauxôvtwv (xS".v Stoix.) oti a Oeàc 7:vEU[j.a èoxi 8ià
TOtVTûiv SieXtiXuOôî xa\ nâvT7 Iv Éautw icepiÉ/ov et surtout Sénèque, cf. jw^ra
l'être inanimé c'est Ys&K, –
principe de la vie dans le
vivant c'est la<|u-fi, principe de la raison chez l'homme
raisonnable c'est le Wyqç, le îcveSjjux reste, à travers tout
ce qui compose le monde, un même souffle corporel,
cwjjiaTvxov10. En sorte que, tout à l'inverse de la progression
paulinienne ow[*a, ^X. «v*5|ia, l'on devrait écrire, en
stoïcisme mevy.x, cwu-a, (j/uy-if. C'est exactement le con-
traire
Faut-il donc, avec Reitzenstein, invoquer Zosime et les

n. 32 et Quaest. Nat., -praef. (Deus) opus suum et extra et intra


tenet, de Benef. IV7 Quid enim aliud est natura quam Deus et divinaa
ratio, toti mundo et partibus ejus inserta, etc. C'est ce panthéisme
que combattent les Pères, cf. Lactant. Div. Inst. VII 3 tanquam
natura sit Deus mundo permistus, II, 9.
40. Sur l'ëçtc, cf. Sext. Emp. adv. Math. IX 81 ttôv "ï)VO[J<.sv<ov ffODjiiTwv
là fièv (nA tyikïfi eçemç iruvé^ETa! .S>ç XîOotjtat ;û\«, VII, io3, M. Anton.
VI 14, Ach. Tat. Isag.in Arat. 14 farzi SE i^n Tivcûan crw^ta-roç auvEXTixav,
Sen. Qtiaest. Nat. II 6 hoc (êÇtç) quid est aliud quam intensio spiritus
sine qua nil validum et contra quam nil validius est. Sur le sens de ce
awèyuv, et par suite la manière dont le TrveùjAi contient graduellement
sEiç, cpiim, i}1" et Xô-j-oç-wu;, cf. déjà le mot si suggestif d'Aiistote,
b
ir. tj». I 5, 411 8, ce n'est pas le corps qui contient l'âme, mais plutôt
l'âme qui semble contenir le corps, ôoxeï .vj i^u'/ïi xo aSj[x.a (iuvÉ'/eiv.
41. Sur la « Suite » stoïcienne, cf. Plut. de Virt. Mor. 45i A-C
E^iç, yôsiç, &y.o'(oç tywfr^, Auj^yj 7ôyov épousa xcà Stàvotav, Them. in de An.
11 64 (Heinze 35,26) 1er. 3è xott Itépa tu Sd£a .èv iï«vxi t<S ovti (AEjxï^ftai
Xiiou<îâ tï|V ^u'/ijv xoev ôià navToç St^jtEtv toû xds[/.ou xoA nœv auTOû [jiopiov
sinLu'/ov eîvot. Ainsi, selon les disciples de Zénon, Sià nicr^ oûm'ai;
ire'-pomrixÉvai tôv 6îov, xai tîoû ;£¥ siva». voîiv, tioù Ss <J>u£ï|V, iïoû Sa cpûoiv,
«où Ss eçiv. Cf. aussi les textes cités sufra n. 9. Pour Philon,
cf. infra n. 45. Il est remarquable que le sens physique de irvajjjuz
se maintient jusque dans les dernières formes du stoicisme, en un
temps pourtant où le sens spirituel s'était bien diffusé. Ainsi dans
Epict. II 23, 3 il s'agit du 7tveS{iot physique des yeux, ttv. tir/upàv xort
<f tXdxejcvov, conformément à la doctrine stoïcienne, Plut. de Plac. fhil.
IV 21, 8 «ïs6-»iTnpto ÀsyeTat nvEu[*0Ta voEpà ans toC 7iye(J.ov!Xoù éto rà ôf^ava
TETStuiva, Chalcid. in Tint. p. 33o Stoici vero videndi causam in nativi
spiritus intentione constituunt. De même III 3, 22 7tv£Ù[«.a est le principe
de l'âme, souffle ou mieux tension active purement physique oTov Ictiv
•/j Xexav») toS SBaTOç, toioûtov ii ^UyfKj, laquelle est dite plus loin irv6u[ji.a

sur quoi, k<f '<Z, se greffent les vertus. Même sens physique pour
îivEoftittov III i3, i5 = « de l'air » comme ùîoînov, -pî&ov, II, i, 17
= élément de l'âme (la mort, ce n'est qu'un épouvantail! Quoi de plus
alchimistes du troisième siècle 42, la prétendue liturgie de
Mithra qui est du quatrième 43, ou des textes hermétiques
mal datés et sûrement, en tout cas, postérieurs à l'Apôtre4* ?
C'est peut-être un peu trop de fantaisie. La vérité est qu'on
a ici un concept juif, ou du moins élaboré en fonction de
textes juifs. Philon nous le prouve, qui n'est pas suspect. Car
Philon accueille, ou mieux appelle, toute la tradition philoso-

simple ? tô (7<u[/.i-Eiov BeT /«pinO-fjvat toù itveuji.otTÎou, wc 7tpÔTepov èxE^ioptsto).


Il n'y a donc point à parler d'influence stoïcienne sur S. Paul quant
au •jrneîijji.a. Le plus proche serait encore Sénèque. Cf. Ep. 41, 2 prope
est a te deus, tecum est, intus est. Ita dico, Lucili Sacer intra nos
spiritus sedet, malorum bonorumque nostrorum observator et custos.
Hic prout a nobis tractatus est, ita nos ipse tractat. in unoquoque
virorum bonorum « quis deus incertum est, habitat deus » (Aen. VII
«
352); 91, 10-11 nemo novit deum, multi de illo male existimant, et
inpune. Quid hoc est? Animus, sed hic rectus, bonus, magnus. Quid
aliud voces hunc quam deum in corpore humano hospitantem? »
73, 16 « Miraris hominem ad deos ire? deus ad hominem vênit, immo
quod est propius, in homines venit nulla sine deo mens bona est ».
Mais voici qui montre bien le rapport de cette mystique à la cosmo-
logie stoicienne « Semina in corporibus humanis divina dispersa
sunt, quae si bonus cultor excipit, similia origini prodeunt et paria
iis, ex quibus orta sunt, surgunt. »
La différence profonde entre le îiv. stoicien et le ttv. paulinien est
bien marquée par A. Bonhœfier, Epiktel und das N. T., Giessen, 1911,
p. 67, 160 sq.
42. Op. cit. p. i63 sq. Zozime est un chrétien gnostique du troisième
s. p. X. Cf. M. Berthelot, Les origines de l'alchimie i885 p. 99. L'écrit de
la Ps.Cléopâtre est probablement du même temps et certainement de la
même inspiration gnostique, p. 64, 173. Les papyrus magiques de Leyde
également cités par Reitzenstein sont du troisième s., ibid. p. 99. Sur
les relations entre gnostiques et alchimistes, cf. p. 57-66, 178 « les
premiers alchimistes étaient gnostiques », op. cit. p. 37. Sur le caractère
de certaines de ces productions, à propos de textes analogues à la
vision citée par Reitzenstein p. 164, cf. Berthelot p. 182 « Un sem-
blable langage, antithétique et charlatanesque, n'a jamais cessé d'être
en vigueur parmi les alchimistes. »
43. Sur ce document, étudié par Reitz. op. cit., p. 129 et qui n'est
proprement ni mithriaque ni liturgique, cf. outre l'éd. Dieterich
(Paris-Berlin 1910) Cumont, Rev. de l'Inst. Publ. enBelg.Xl.VlI p. 1-10
et P. Wendland, Hell. Rom. Kult. p. 168 n. 1. C'est un produit de la
magie égyptienne datant d'environ 3oo p. X.
44. Cf. Hermetica, ed. W. Scott, 1 introduction, Oxford 1924.
phique, d'où qu'elle vienne. Il témoigne en abondance et de
la trichotomie platonicienne et de la division du composé
humain qu'on a pu suivre d'Aristote à saint Paul 13. On le voit
en particulier tout imbu de la doctrine du voû; contemplatif,
tout préoccupé du rôle intermédiaire, et difficile, que soutient

45. Philon est une manière de Xcocz platonicienne, un réceptacle.


a) Il a la « suite» stoïcienne ïciç qui fait qu'un être « se tient »,
ouste chez la plante, (J>u' chez l'animal, <W/)\ Xoy'î») chez l'homme.
Q. d. sit immut.7 = W. t. II p. 62, 25 sg. \Jk%<^ est bien ici, comme on
l'a vu supra n. 41, le lien de ce qui est, oscjxbv xparaforstro-v, c'est un
xvsupa qui se retourne sur soi-même par un mouvement de tension,
de concentration (62, 27-28). Sur le mtu^jx stoïcien chez Philon, cf. Leg.
AU. II, 37, de fuga 182.
b) II témoigne du dualisme traditionnel, soit dans le sens d'une
simple dualité d'éléments l'homme erûvOsTo;ey. TE yetoSouç o-jo-i'a; wxl
izveéçLonoç 6s>'ou, de Opif. mundi 46:=: Colin t. I, 38 (cette âme = Tv. que
Dieu insuffle dans le corps, 8yàp ivEVÛrrrpsM, oiSèv tj etepov vj •nvEÙij.a Ocïov
pris à sa propre ©ûst; bienheureuse, cf. infra p. 408 sq.), l'homme un
tissu, un enlacement, un mélange, xo tî/u/T,; x«i uiôfAXToç u2>a<7fiK>) ir^s-[f*.«
« xpséjxa-^or: îcots ypvi xaXsîvtkut! -ro <iôv0£Tav Ç<3ov, de /Fér. 26 = I 372,
=
cf. encore Q. rer. dm. h. sit 11 I 48o (Se^ôç), de Migr. Abr.1 1 a36,
de Agric" 7 = 1 3o4. A la mort se produit simplement une ôtôxpts-iç des
éléments GuyxpiOévzMv, cf. Epictète stepra n. 41, soit avec une idée
d'antinomie et de lutte -r7,ç bs/rfi êiç kv ain,u.xr'. Tui U(o[/.o;-s htzxnp.ÇnM[iÀvT£
Leg. AU. 133 –C 1 77, 22» aÏTiov tî^ç àvEmoTTijnOîOvTjç jAsynrTOV 7j ocep? xal
y; Jtpàç oipica oÊxeÉuff!; Gig. 7 = W. Il 48, 8, cf. Q- **• sit immut. 3o =
W. II 82, ig; 83,7(commentaire de Gen. 612 xarioOv.çs T.xtsa. trâpÇ tt)v û&v
afl-râivinterprété dans le sens d'une lutte de la ai.p% contre le voïïz pour
l'empêcher de vaquer à la contemplation), deEbr. 16 =W. II 171, 17-20,
oppos. de (tœp5 et de Siàvots.
c) II rappelle à plusieurs reprises la trichotomie platonicienne
Leg. Alleg. 122= C. 70-73 = Bréhier p. 5o îp.fjtEpta r, t|m-/J] xat v/ei [/.epôc
Tb uiv Xoyiitov, T» 8s Ouptxdv, -tb ?è Ixi6u|ji.-f\t>j<ov. Le Xo^iitov siège dans la
tête, le 8o[ji.txdv dans la poitrine (orlpvot), l'intO. dans le ventre (^rpov)
à chacun correspond l'une des vertus cardinales, opôvrjcrîç, âvopEÏst,
iTO>œf!o<ruvr| (par laquelle àxoû^.E0a x.aX EtojieOx xàç Èm9uu.!ai;). Quant à la
justice, elle résulte de l'accord des trois. Ici revient l'image platoni-
ciennedes chevaux et du cocher, C. 73=Br. p. 52. Cf. Andron. de
Rhodes, supra n. io. De même Leg. Alleg. III 38 = C. n5 (I, i32, 32)
= Br. p. 224 cp!jj.ep7J sufiêiSrjjte fjjv '^u'^v tjjjiôv ctvaj xal £"/£'-v [iÉpo; {«.àv îv
XoYJOTtxdv, 5eur£pov 51 ôujjuxo'v, rpirov Sa iTOÔufxTj-nxôv. Même correspon-
dance avec trois parties du corps, xesaXiq, avffit) ou crépua, yssttîP et ti
(xet' otû-riiv. Le Ouutoç et I's-jri6u(jiia sont parties du to âXoyov, représentant
l'un les passions nobles, l'autre les inférieures, et luttent ensemble
la tyw/i entre le voûç et le <?§;« 46. S'il nous donne donc de l'as-
similation voOç-TrvsOjia une exégèse biblique, qui se reporte à
l'Écriture et singulièrement à la création de l'âme humaine,
la présomption est bien forte qu'il suit ici un enseignement
judaïque, une explication de rabbins, que saint Paul reflète à
son tour.
Trois textes majeurs développent ce thème, tous trois em-
pruntés à ce commentaire allégorique de la Genèse qui fait
l'objet des premiers traités de Philon, tous trois exprimant les
mêmes idées, puisque le second et le troisième se réfèrent au

l'un au service, l'autre à l'encontre du voûç. Telle est la guerre de l'âme,


ô tyiyrp iEÔXe[M>ç. La victoire est au Xoyoç si le Supôç, soldat du voûç,
triomphe; sinon, elle est à l'vjSovi] (ibid. 116-117). Cf. encore de Conf.
ling.7 = W. 21 (II 222, 27) -rptMpoUq "Í¡~¿;j"l T-~<; 1uX.'i¡<; ûirotp7ou'e;,riç TO txèv
vouç y.oà Myot, tô Se Oo[jt.ôî, TO Si ImOufxiot xsxXïipES<j6*i \iytvxi.
d) On trouve enfin chez lui la division d'Aristote, Qu. in Gen. II Sg,
142, IV i86, 386. On a vu supra n. 35 les rapprochements entre de
Sotnn. I 5= W. 25 (III 195,9) oùxouv TÉTTotccc -rà âvwTâxw TÛJvitEpl vijtaç Isrt,
cS[jLa, aiîafafsn, Àôyoç, voy? et Plutarque. Quelles que soient par ailleurs
les incertitudes de Philon sur les divisions de l'xloyov (6 parties,
de Abrah. 5 = C. 29-3o, IV 6, 22 sq.; 7 parties, de Op. In. 4o = C. 117,
I 34, 7, Q. det. pot. ins. sol. 46 = C. 186, 1 278, 5 TO â~fc>iov t»îç ij*. eïç iiutà
8iav£jjL6Tai jJtot'pa! savoir les cinq sens, plus le 16yoi irpocpoptxôs de Abr.
l. cit. ou (piovutirçptov SpYttvov de m., cit. et le Y<)vt(Aav lequel est
omis dans le de Abr.), il y a toujours opposition entre cet âXayov ou
âme sensible et I'/j^ejumv voù;, et la division reste donc strictement
trichotomique, <iô)jji.a, ^J/ voyç, les autres parties n'étant que des
subdivisions de laijiu-
46. Sur le vo3; contemplatif, cf. les textes recueillis par Reitz.,
oj>. cit. p. 169-173 et Bréhier, Les idées philos, etrelig. de Ph. d'Alexan-
drie, p. 190, 197 sq., 201 sq. A coup sûr, quand Philon est dualiste,
c'est la if\tyyi qui contemple. Q. d. sit imtnut. 11= 55 W. (II 66, 20)
cSv ^àp àvOpwitwv o! [ilv 4>o£tj;, ot il stiijiaTOî ytyiva.ni tpO^oi. Les premiers
sont par là même les contemplatifs, ils peuvent voir o: (jlev oûv {'"X'iî
ètatosi voTjxalç xa\ àscojjLdcToi; oûoetrtv èvop.iXeTv Suvdt(/.Evot. Ils ont la 6Éa, sont
dits <piXo8éoe|jLove; âvèpEç, cf. de Somn. II 41=271 W. (III, 285, 17),
II 28 = 198 W. (III, 172, 2). Leur contemplation est une ôictuf}| Ito«t>](i.k\,
de Spec. leg. III 18 = 100 C (V, t5o, 22). S'ils sont ainsi ôpoeTtxot,
VviodTtxot, appelés à connaître les à<rft>i*ata, c'est que, vivant <|*>/fi (iàXXov
3 CTwaotTt, ils sont eux-mêmes àcoiu-a-roi. Cf. encore de Vit. Cow/. 10 =
78 C. et 1 Cor. i312. Tous ces textes n'indiquent nullement une exclusion
-du •rcveujj.a-vouç (malgré Reitz. op. cit. 140, 171-173); ils marquent simple-
ment la fusion des diverses traditions chez l'Alexandrin. Nombreux
premier. Voici donc, à propos de Gen. 27 « Et Dieu fa-
çonna l'homme en prenant une motte de terre, et il insuffla
sur sa face un souffle de vie, et l'homme naquit en âme de vie »,
la théorie de l'Alexandrin. Dieu commence par façonner
l'homme, corps et âme, ou, plus exactement, terre, yn'ïvov
tù.«.g\im, et voû< terrestre, yewoNiç» ici l'équivalent de la tyuyy
forme du corps vivant la langue philonienne est coutu-
mière de ces imprécisions. Ce voûç terrestre est corruptible,

sa
sont en effet les passages qui nous parlent du voûç ou de Vrlyifi.ovixôv.
Partie supérieure de l'âme ordonnée à la vision des àsiijiaT* (de Abr.
41 = 236 C.), des voTjTît (ibid. 36 – 200 C., 16 = 89 C.,cf. Q. r. d. h. s. Sf
t&ç àp^sTujcous îSsac, Ta vo^xà xal iopata éxeïva ttov aîaOfixûiv xa\ ôptojilvtov
twnwv Jt«paSttYfi.*Ta, 7tpi; tJjv toï <toçou Sixvoiav
oc contem-
plation est une vision, ôpaciçtj (xèv 5i'ôç9aX[i.Sv .tj 8s Stà toïï tt,ç <jo);ïjç
îj y ejxovtitotî (12 = 57 C). On parle donc du vou; comme de l'œil de l'âme,
to TTfi ^u^ç oa;ia (17=780.): b cotpôç ôxpiêsirTépoiç o|iu.a5tv iSiiv Tt
TeietÔTepov voyjtov (24=ngC). Citons, pour finir, le beau texte de
Q. d. s. immut. 10 (W. II 64, 17) xaOiir=p yàp kv usv tS cwjiBTt to
7]Y£j/.ovixov oi{/tî sctt/v, EV Sï tû icavrlï] tqî œiwtôç çu<5!ç, tôv aÙTÔv tpôirov
xotl tûv Iv iju,tv rb zpansteuov t> voùç- ^"X'V Y^P °tyl* °6tciç otxet'atç irepi-
îva(J.iio|xe«o; nùya?;, â:' <S>v â tto?^? kxi ^ïOÙ; ^ôtpo;, 6v xai^eev âyvoca tùv
jcpayjittTttiv, àv«ux£SvoTai toùto tïjç iJ/uj^Tiic to eïSoç oùx éx x«iv aûtSv STOt^d'wv,
éç wv rk aiXa àrEteXeÏTO, SienÀcrsât), x.a6apu)T=paç Sa xal âiitivovoç lXaj(e Trr;
i|
oùdiiç, ^ç ai Ôstat ^û<r£tî èSïi(ii'jupYouvT9- irapô xal ilqvov tSv Iv -fijùif
ttxoToiç âç6œpTov ISo^ev é?vai Stâvoto. Sur cette comparaison du çwï,
cf. ^<?^. VI 5o8 a sq., Arist. 7t. < III 5, 43o a t5. On en sait la fortune
au Moyen Age. Noter l'assimilation voùç-Ssdvoia (cf. ôparcx»! fiiâvota
<f* Abr. 3i = 162 C.) comme en plus d'un lieu de S. Paul. Quant aux
difficultés du voûç pendant la vie, cf. de Somn, II 34-35 = 23o-234 W.
(III 278, 26 sg.) le voùçSiivoia du Sage n'est ni dieu ni homme. Il est
au.dessus des tempêtes de la sensibilité, mais non pas immuable
comme Dieu, [«QTe Osô» otÙTbv E'.vat {M^te œvftpwirov, àWà tJiv âxpwv
£Ç(«rTÔjj.Evov, àvflp&Htdr/jTt fièv 6vy,tou yÉvouç, àpETÎ; 8è àoÔapTov. Après la
mort, cette dualité cesse. Moïse, appelé elç oùpovbv parle Père, devient
voûç parfaitement pur, 8; kutov&ix5« ovt«, oûjiec xo\ >}«j/^v, elç |aovôSoî
àveotoi^stou ouoiv oXov 81' è'Xov (i.E6ap(ioÇ(>ji£vo; tîç voûv *,X(oeiSéira-tov
de Vit. Moys. II 33 ^=288 C. (IV 220, 18). Il faut noter que si le vouçç
devient aussi, chez Philon, l'habitacle d'un Ttvsûjjut divin, ibid. II 265
Cohn, de Sfec. leg. IV 8, II 343, de Mon. I 9, II 222, c'est moins en vue
de vaincre la o<tçï, comme chez S. Paul, que pour parvenir à la Ôeuopïa.
La connaissance, la gnose, l'emporte sur la charité, et cette différence
se retrouvera chez tous les gnostiques chrétiens. Pour Paul, cf. Rom.
8Me, Cor. 214 316 6", Efih. 3e.
puisque forme du corps vivant, qui doit périr. 11 faut donc
que Dieu lui insuffle une puissance de vie véritable, un irveùjxa
divin. Tel est le sens général de la parole biblique 4T Mais
que signifie au juste cette insufflation ? 'Eveçuoixiev, dit Philon,
« il insuffla », c'est même chose que èvéicve-jcev, « il inspira i>,
il mit un iuve3[Aa. L'on doit donc distinguer ce qui souffle,
Dieu, ce qui reçoit ce souffle, le voù; terrestre forme du corps
vivant, ce qui est soufflé, le icvêO^a divin. Et le résultat de
cette opération, c'est une union, une evwei; le mot sera
constant dans la mystique dionysienne-des trois. Dieu met
en nous quelque chose de lui-même pourquoi, sinon pour
que nous ayons une notion de Lui ? Comment l'âme en effet
aurait-elle une notion de Dieu s'il ne l'avait lui-même dotée
d'un •reveùu.a divin, d avi èvÉTivsucs ? Vient ensuite notre division
du composé humain. C'est dans sa partie supérieure et rec-
trice, dans l'-flyejiovtxov, que l'âme a reçu le uveù^a; et cette part
que le voûç – ici le vrai voûç – a reçue de Dieu, il la transmet
à l'âme irrationnelle, tô «>oyo>, l'âme sensible et sensitive.
Ainsi, conclut l'AÏexandrin, le voûç a été animé par Dieu,
l'«Xoyov par le voOç c'est comme si le voûç était le dieu de
l'ôftoyov, ce qui ne s'entendrait point si le voûç n'était en effet
issu du propre souffle de Dieu. Tout se résume d'un mot on
pourrait dire que le voO;, né à l'image et selon l'idée au sens
platonicien, i£ea de Dieu, a eu communauté de nature,
xatoivwvïiKwat, avec le iïveC|Jt.K divin 18.
Dans le traité « Que le pire a coutume d'en vouloir au
meilleur », l'exégèse de Gen., 410 « la voix du sang de ton
frère crie vers moi », obéit aux mêmes principes. Philon
commente d'abord le mot sang. « En beaucoup d'endroits,
dit-il, la Loi fait du sang l'essence de l'âme, oùaiav ttç ^u^tç
àinxpaweTai tô aljza; ainsi dans Levit., 1711, « l'âme de toute
chair est sang ». Mais quand, après avoir façonné le ciel, la
terre et l'entre-deux, twv [/.eTaÇu, le dieu £cooiî^acT7iî en vint à

47. Leg. Alleg., I, la = C. 31-32 = Br. p. 23-2S.


48. Leg. Alleg., 1, i3 = C. 35-4i=Br. p. 27-31.
faire l'homme, il est dit qu'il lui insuffla sur la face un esprit
de vie (Gen., 2'). L'Écriture nous enseigne par là que l'es-
sence de l'âme est esprit, irveù^a sctiv•« §vyj,i oùeise. Or l'Écri-
ture a soin que ses premières déclarations soient exactement
posées, axptdî, afin que la suite s'y accorde. Si donc, ayant
déclaré au début de la Genèse que l'essence de l'âme est
esprit, elle dit plus loin que cette essence est sang, ce ne peut
être que pour nous rappeler une vérité très nécessaire. C'est
qu'en fait chacun de nous est double, exac-rov -fljjuôv £uo elvat
«ufiëeêTiJce, animal et homme, £«ov ts xxi avôpfewrov. Et par suite
il y a dans l'âme une puissance apparentée, ouyyevtiç 5uvot{uç, à
chacune de ces deux natures. L'une nous fait vivre, t£j pv
Çomxïî, xa8* 7~V
",WÍLX"l1, X.lXu ^û[/.sv; l'autre nous rend
ïjv ",W¡J.E.V; rend raisonnables,
raisonnables, 't't:) Si 71
-roi OÉ -h

^(yyutvi, xaâ'vjv Xoyixol yeyovocji.sv. Les brutes mêmes ont part à la


première, t-?î; jièv oùv ^wtix.-ôç \Lzzéyu xai tx oXoyœ, non pas à la
seconde, Dieu se chargeant de les régir en tant que source de
la raison primordiale, tt,î &e 'Xoyucîiç où jj.sté^£i [Jiav, âp/ei 8ï à
9êo< t( tqS -ûpeoë'iTaTou 'koyou lî^y/î. Ainsi hommes et brutes
ont en commun cette première puissance dont l'essence est le
sang. Mais tandis que les aî.oy« sont dirigés tous à la fois
par l'éternelle raison divine, chacun de nous participe direc-
tement à la vie divine par la communication qu'à sa naissance
il a reçue du «veuf/ divin. Et ce irveûp-a précise Philon, visant
ici les Stoïciens, ce n'est pas de l'air en mouvement, oùx àépa
X'.voû[«vov, mais une certaine empreinte et reproduction, tuiïov
Ttvà x«i yapaxt -Pipa, de la puissance divine que d'un mot propre
Moïse nomme image, etxova, pour signifier que Dieu est l'ar-
chitecte de la nature rationnelle, 'Xoyix-î; l'homme en étant la
ressemblance et l'effigie, ij.(jr/ijji,a <îà x«î àiTew'.ovicfta l'homme,
c'est dire non le vivant à la double nature, tô ât^uè; *£wov,
mais cette partie la meilleure de l'âme, td t^ç ij>uyvj; apurrov
et$04 qu'on appelle vou; et loyoç49. Voilà pourquoi Moïse
nomme sang l'âme de la chair, eapy-oç tyrjy, connaissant que
la chair, de sa nature, n'a point part à l'esprit, mais à la vie,

49. Ici donc identifiés^commeailleurs voûç et Siavoiat.


comme aussi tout notre corps 50, tandis qu'il appelle homme
l'âme de l'homme, «vôpwirou ^'>x,vî, entendant par là non le
composé, to <svf.pipy., mais cette création divine qui nous per-
met de faire œuvre de raison, ?ô ôsoaâèç èxsîvo âyipoup-pifia o>
?,oY~;ô~~0x 1.
Le troisième témoignage n'ajoute rien de plus. C'est le
même enseignement, et l'on recourt au même texte initial
(Gen., 27) qui sert à fonder toute la théorie52. Car aussi bien
c'est ici la grande nouveauté. Dieu, pour l'homme, ne se
contente pas de le créer corps et âme, simple vivant. Il
lui insuffle quelque chose de lui-même, lui donne part à
son esprit. La vie supérieure en l'homme n'est donc pas
seulement ordonnée au divin, elle est communication de
Dieu. Du voûç au xv£ù[/.a, voilà toute la différence, ce qui,
dans le genre prochain, distingue spécifiquement le christia-
nisme.
Or cela, c'est, au propre, le révélé. C'est d'un fait révélé,
rivêTrvïucw de la Genèse, que le irvaïjxa paulinien tire tout droit
son origine. Nul Grec n'eût pu l'inventer53. Nul n'eût ima-

50. uixpi et o(5[Aa ont donc ici même sens de corps vivant.
51. Quoddeter. potiori insidtari soleat, 80-84 = C. h p. 256-2S7.
52. Quis rerum divinar sit hères, 11-12=: W. 55-58, III, p. 11, 1. J sq.
ÈTreiS1^ yàp ty^XÂ Stj^ffiç Xs^etoi,r\ te oVf| xal xb TjYE!0VlJtôv aùt^î jiipoç,
8 xupttaç eitteïv iJftf/Ti'^u'/?iî zgti (cf. Heb.412~) .ISo^s Toi vo(jto6sTf) Sittïjv xal
T-ijv oûsîav Eivai <^xc/y\ç, a!a [ièv 1% o\Y[ç, toû 5"7)Y£(jiov!Xtt>TciLTOUwvEÛ(/.a Oeîov.
Et il l'explique ainsi par l'Écriture oriaï youv âvTixpuc. (t ^'u^ï) irâoTr^;
sapicôç aï|xa èotiv « (Lev. IJ11) .toù tt\k oùci'av i; oÙSevoç 7jpT"/pe
Sk voîî
YErf|To3, â)J\' îmb 0so5 zaTax»euu8EÎ<rav d<rrr{ayw « IvEcpûsTjce» ycép (pijoiv
« ô woiY)r^î xàiv oXuv sîç Tb Ttpéfffcraov aûxoû itvoii» Çwfjç » {Gen. 27) xai xarà
TT]V EÎxÔVd TOI» TTOIIIITOU Xo'y<>î TUltO)97|V«!. (13) ÔCTE StTTÔV EÎSo; àvftptOTÎOV, TÔ fA£V
Oeî(p 7rvsû;j.œTt XoY!O[A(>) Pioovtwv, to SE aï|BTi xat Gapxbç ï|Sovvj Çwvtwv. touto
to ëÎSo'i; èaTi TiXinfiia 7%, IxeTvo Si Seîotç eixôvoç è[i|Epèç Ix^Kyscov. XpaToç
S'èotIv où u,ÊTfi(oç b iTEirXaaiAÉ'voi; ï|U.ûv j^oùç xai àvaSeSEupiÉvoç aïjjtaTi PoT|8etat
t^ç 6x 9eoù. Cf. encore de S^ec. leg. IV iz3 jg1., de Of. mundi 67 et
Josèphe, A. I, 34 £7r>atsev ô 8eôç tov àvSpwirov }(ouv àxb T^ç "f^ Xaêwv,
«ùtû xal <Jiu^r,v. (Je dois cette dernière référence, bien
xort TtveuiAa Ivy|xev
intéressante, à l'amabilité du R. P. Lebreton.)
53. Je ne puis suivre sur ce point M. Bréhier, of. cit. p. i35 « Sil'on
combine l'idée (du souffle stoicien) avec la transcendance de Dieu. »
giné, entre la Divinité et l'homme, lien si étroit, partage si
intime que c'est presque, déjà, une filiation. a Comment l'âme,
pour reprendre le mot de Philon, comment l'âme aurait-elle
eu notion de Dieu, iîw; av èvôvioîv -h ipyy, si Dieu même n'avait
mis en elle son i:vâî{/.a et ne l'avait touchée autant qu'il est
possible, et prh ivéTMtuat xai y^olio aùnç ymtx $ùv«jmv? Le voû"?
humain, continue l'Alexandrin, n'aurait pas eu l'audace de
monter assez haut pour s'attacher à la nature de Dieu, si
Dieu lui-même ne l'avait attiré vers lui, autant que ce voûç
humain peut l'être, et n'avait gravé son empreinte, xal
iviicwst, dans ses puissances capables de penser5*1. »
Résumons nos conclusions. Elles nous font aboutir, semble-
t-il, à deux vérités.
C'est d'abord que le siège de la vie supérieure morale,
religieuse, mystique est entièrement distinct de l'âme
sensible et sensitive. Le christianisme n'est pas affaire de
sentiment, mais de foi, c'est-à-dire de vouloir et d'esprit.
;routes les tempêtes peuvent gronder dans le 7raôr,Tix.ov, le
blasphème venir aux lèvres ou l'ennui nous désoler, n'im-
porte si le voûç maintient héroïquement son orientation vers
Dieu, son adhésion au Christ'S. Plus tard, Augustin dira
mens, François de Sales cime de l'âme la doctrine ne varie

Précisément c'est cette combinaison qui est neuve. Il n'y a aucun


rapport du Dieu Créateur de la Genèse ni avec le «rvEufia physique
même divinisé du panthéisme stoïcien ni avec l'Acte pur nécessaire-
ment séparé d'Aristote. Et il me semble que les textes bibliques,
médités par un croyant, « suffisent pour donner naissance à une telle
théorie ». Non seulement ils suffisent, mais la théorie ne peut venir
que de là.
54. Leg. Alleg, I, i3= C. 38. Bréhier cite à ce sujet Cic., De leg., I,
8, 24 « Ex quo efficitur illud ut is agnoscat Deum, qui unde ortus sit
quasi recordetur ac noscat. » Mais toute la question est de préciser
justement cet « unde ortus sit n. La chute platonicienne des âmes est
tout autre chose que l'evs'fjiussv = Iv«cveiraev de la Bible.
55. Cf. un joli texte de Clém. d'Alex. IlpoTpe7tT. stç ûreofiov^v, Stâhlin
III 221, où l'auteur est revenu au voC; contemplatif de la tradition
grecque -fjou^iav (i«v W-jotc teiTtiSsue .<î«o5poT»jTa Se Knâveayi.outcoc fàp
b voûç êiafAtVEt |3cêato; xov -rxp vcùv SeT twv raBôiv éittxpotTeîv Ô7rf,Àbv kr&
\wyou Sprfvou x«9yî|j.evov doofwvTa itpbî 6«>v. Il serait instructif de suivre
point. Du combat spirituel tout le sensible est exclu. Or,
voilà qui nous sépare radicalement des religions à mys-
tères. Là tout s'adresse au Oufio;, ou même à riirtÔjjtïîTww'v.
La communion au divin n'y quitte jamais la chair lors
même qu'il se flagelle, le patient d'Isis ou de la Grande Mère
ne recherche en fin de compte qu'une excitation sensible.
Parmi tant d'analogies, c'est ici l'abîme. De ces cultes au
culte du Christ, il y a toute la distance de l'âme « pathé-
tique » au voQ;.
Mais ce voûç est un rcveujAa, le Dieu atteint par le voù; un
Dieu révélé, surnaturel, la foi chrétienne œuvre du voù;
impossible sans cette participation toute spéciale au divin
que nous confère la grâce. Si haut que dût s'élever la philo-
sophie païenne, elle ne pouvait atteindre là.
Elle ne pouvait inventer que l'âme humaine, seule d'entre
toutes les créatures, fût réellement plus qu'une créature,
quelque chose de Dieu même, un souffle de Dieu. Car ou
bien, dans le paganisme, le divin n'est pas essentiellement
distinct du monde en sorte que tout participe au divin dès là

la fortune de notre trichotomie après S. Paul. Cf. Ignace, ad Philad.


XI 2 (aâpl, i/Mfit, Tcvsujjua) Irénée I 6, i 7,5, Hippolyte, Phtlosoph. V 10
(cf. Grenfell Hunt, Fayoum Pap. p. 82-87, P. Wendland, op. cit.
p. 172-173), X 9 p. 5o2, 94 sq., Clem. Alex. Exc. ex Theodoto 54-56,
Tertullien, de Anima 10-12 p. 3 12 sq., peut-être même jusque dans les
divisions trinitaires de S. Augustin, de Trin. XII, ch. 4, 8, 12.
J'envoyais cette étude à l'impression quand me parvient l'intéressant
travail de M. Guignebert « Remarques sur quelques conceptions
chrétiennes antiques touchant l'origine et la nature de l'âme », in
Revue d'Hist. et de Phil. religieuses (Fac. de théol. protest. de Stras-
bourg), nov.-déc. 1929, p. 428-450. L'auteur s'attache précisément à l'a
littérature patristique. Et il est vrai qu'il y a là bien des indécisions en
vertu même de la diversité des systèmes philosophiques. Mais ce qui
importe à la foi, l'immortalité de l'âme, le jugement, la vie éternelle
heureuse ou malheureuse ne sont nulle part mis en doute. Il n'est
donc pas très juste de parler des « hésitations et des incertitudes de la
foi chrétienne sur un de ses problèmes essentiels » (p.45o).La liturgie,
les inscriptions funéraires le prouvent amplement. Cf. les remarques
si judicieuses de J. Lebreton, Histoire du dogme de la Sainte Trinité,
t. Il, 1. lit, p. 133-134 sur la distinction entre l'enseignement propre
de l'Église et les opinions des Pères.
qu'il est du monde30 ou bien la distance de Dieu au monde
est telle qu'il serait absurde de le concevoir en relation avec
chacun des hommes. Dans le premier cas, c'est le stoï-
cisme, tout sera tcvs'jjjwc divin, mais il ne s'agit que d'une
communication physique et impersonnelle, l'homme n'a aucun
privilège; dans le second, l'Acte pur, la Pensée de la Pensée
ne saurait se communiquer sans se détruire.
C'est à Dieu qu'il revenait de déclarer ses dons. Notre âme
est déjà son tneSfiM. Tout naturellement, dès lors, elle devient
siège de la grâce,n x*ftç («Tatq>j irveufAïToç ûiiôv, ainsi
s'achèvent les lettres aux Galates 61S, aux Philippiens 423, à
Philémon 25, habitacle de l'&fim lîveûîji*, du Saint-Esprit.
Dieu ne fait qu'achever son œuvre eno une expansion plus
parfaite. Il avait donné un peu de Lui, maintenant Il se
donne tout entier qui eût osé imaginer cette aventure ?
Ainsi, grâce à Paul, grâce au christianisme, ce qu'il y eut
de meilleur dans l'âme païenne trouve enfin son vrai sens.
L'antique doctrine du vqDç, partie la plus haute de l'âme,
indépendante de tout organe, séparable et, comme telle,
capable d'une vie séparée, d'une vie éternelle, ordonnée à la
contemplation et, dès lors, siège de cet Esprit divin qui lui
56. Les abeilles même sont parcelles de Dieu, dans tes vers délicieux
Georg. 220-227
Esse apibus partem divinae mentis et haustus
Aetherios dixere deum namque ire per omnes
Terrastjue, tractusque maris caelumque profundum
manifestemént inspirés du pythagorisme,
.nec morti esse locum, sed viva volare
Sideris in mimerum, atque alto succedere caelo.
VI
Cf. 735-743. On sait
Carcopino, Virgile
combien, à partir
et le mystère la Posidonius,
de de IVe- églogue,Ecole et Stoa
p. 5o et Aen.
VI ~35-y~. On sait combien, à partir de Fosidonius, Ecole et Sto~
s'accordaient dans leur panthéisme et en une même idée de solidarité
universelle, cf. ibid. p. 3o sq., S2 sq. 100-101. La figure de l'homme
microcosme est familière aux deux systèmes. C'est sans doute à une
influence pythagoricienne qu'il faut attribuer les textes cités supra
n. 34. Cf. Carcopino, op. cit., p. 83-84 et ses références à Diog.
Laert. VIII 25, Cic. de Réf. VI i5, i5 17, 17.
permet de s'unir à l'essence divine, destinée, par suite, à
dominer en nous, à se soumettre toutes les puissances infé-
rieures pour aboutir à la sagesse, seul et vrai but de nos
efforts, toute cette tendance au divin qui de Pythagore à
Sénèque va toujours persévérant, voilà qu'une parole authen-
tiquement divine la confirme et la justifie. L'intelligence
devient esprit. Loin de l'affaiblir, rien peut-être n'aide à
mieux admirer la suave et sage ordonnance du plan divin S7.
ZeSaulchoir. A. M. FESTUGIÈRE, O. P.

57. Au sujet de ces conclusions, le R. P. Lebreton a bien voulu me


faire quelques remarques précieuses qui accentuent la portée religieuse
du voîîç hellénique et en même temps, et par le fait même, l'originalité
du irvEÏÏjjia paulinien.
« N'y a-t-il pas, indépendamment de saint Paul et de la doctrine
chrétienne, une contamination entre l'hellénisme et le judaïsme, pré-
cisément sur ce point de la trichotomie?
« On voit dans le gnosticisme du second siècle la distinction des
hyliques, psychiques, pneumatiques. Cette hérésie est-elle née totale-
ment en terre chrétienne? Ne dépend-elle pas, pour une part, de
l'hellénisme ambiant ?
« Ce qui me le fait croire, c'est que le platonisme, du moins au début
de l'ère chrétienne, admet entre l'âme humaine et Dieu une <7UfY^E!K
qui autorise toutes les ambitions religieuses et en particulier la pré-
tention à l'extase (cf. Histoire du Dogme de la Trinité, t. II, p. 78 sq. et
411 sq.). Cette conception est étroitement apparentée à la conception
gnostique du germe, de l'étincelle divine déposée dans l'âme humaine.
Cette gnose n'a pas inspiré saint Paul, mais entre la croyance biblique
au xveùàu.a et cette gnose, il y a eu, je crois, des contaminations.
« Par suite, le dilemme établi perd un peu de sa vigueur: ou bien le
divin n'est pas essentiellement distinct du monde. c'est le stoicisme;
ou bien la distance de Dieu au monde est infranchissable. Il me
semble que le platonisme aussi, par sa conception de la 5v(y£vzvz de la
partie supérieure de notre âme avec Dieu, s'est rapproché de la tricho-
tomie paulinienne.
« J'ajoute que ces influences gnostiques dans le monde hellénique
rendues plus vraisemblables par la convergence des indices qu'on
sont
peut relever chez Plutarque et chez Philon. Les rapprochements que
vous marquez dans les notes 34-35 sont à ce point de vue très signi-
ficatifs.
« Tout ceci dit, vos conclusions sur l'emploi de uveu^a et non pas
voûç par saint Paul gardent toute leur valeur. »

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