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UNIVERSITE DE LIEGE

INSTITUT MONTEFIORE
Année académique 2004 - 2005

Effets indirects des champs électromagnétiques


Prof. J.L. Lilien

Analyse comparative des mises à la terre


aux USA et dans divers pays d’Europe :
influences sur les courants de contact

Groupe 1
Kimplaire David (3ELSE)
Marique Nicolas (3EN)
Wandji Olivier (3ELSE)

1
Table des matières
1 Introduction 4

2 Les courants de contact 4

3 La mise à la terre 6
3.1 Objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2 Prise de terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.3 Le dispositif différentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.4 Les différentes configurations de mises à la terre . . . . . . . . 12
3.4.1 La configuration TT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.4.2 La configuration TN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.4.3 La configuration IT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.5 Comparaison des différentes configurations . . . . . . . . . . . 19
3.5.1 Caractéristiques techniques . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.5.2 Choix du type d’installation . . . . . . . . . . . . . . . 21

4 Etudes relatives aux USA 23


4.1 Les tensions de contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4.2 Méthodologie et résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.3 Estimation de l’exposition aux champs magnétiques . . . . . . 27

5 Vers un schéma qui minimise les tensions de contacts 28

6 Conclusion 29

7 Annexes 30
7.1 Synthèse d’extraits du RGIE (Belgique) . . . . . . . . . . . . 30
7.1.1 Tension de sécurité (articles 31 et 32) . . . . . . . . . 30
7.1.2 Classes du matériel électrique (article 30) . . . . . . . 30
7.1.3 Liaisons équipotentielles (articles 72 et 73) . . . . . . . 31
7.1.4 La prise de terre (articles 69, 70 et 71) . . . . . . . . . 31
7.1.5 Les différents schémas (article 79) . . . . . . . . . . . . 32
7.2 Synthèse d’extraits du NEC (USA) . . . . . . . . . . . . . . . 32
7.2.1 NEC 250-23 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
7.2.2 NEC 250-26 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
7.2.3 NEC 250-51 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
7.2.4 NEC 250-54 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
7.2.5 NEC 250-81 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
7.2.6 NEC 250-83 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
7.2.7 NEC 250-91 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
7.2.8 Remarque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
7.3 Mesures personnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

2
8 Références 36

3
1 Introduction

Le Québec, où près de trois maisons sur quatre sont chauffées à l’élec-


tricité et où la mise à la terre est effectuée sur l’entrée d’eau urbaine, est
un des champions occidentaux de l’exposition humaine aux champs magné-
tiques [1]. C’est également le cas pour certains états du Nord-Est américain.
Afin d’expliquer les cas de leucémies infantiles qui y ont été recensés, des
études ont été menées pour juger de l’impact de ces champs sur la santé.
L’absence d’agents cancérigènes ou de mécanismes biophysiques imputables
à ces derniers, mise en évidence par des études biologiques, ont cependant
rendu leur implication difficile à justifier.

C’est pourquoi des études récentes aux Etats-Unis ont opté pour une
approche différente. Elle peut se comprendre comme suit : on pourrait expli-
quer l’implication des champs magnétiques dans les cas de leucémie si l’on
parvenait à montrer que ces champs favorisent l’apparition de facteurs ou de
mécanismes identifiés comme étant cancérigènes. Ainsi, sur base des systèmes
de distribution électrique et de mise à la terre américains, elles émettent l’hy-
pothèse que l’exposition aux courants de contact pourrait constituer le lien
permettant d’associer champs magnétiques et leucémies infantiles.

Les conventions et législations électriques étant différentes d’un pays à


l’autre, nous allons dans un premier temps passer en revue les différents
systèmes de mises à la terre. Nous étudierons ensuite, sur base des études
mentionnées ci-dessus, les configurations qui minimisent les risques d’expo-
sition à des tensions de contacts.

2 Les courants de contact

L’être humain se trouve constamment en présence de champs. Un champ


est un espace de points dans lequel on représente une grandeur physique
par les valeurs qu’elle prend en ceux-ci. Ceux qui nous intéressent sont les
champs électrique et magnétique. Dès qu’un appareil est relié à une prise
électrique, sans même être allumé, il apparaît un champ électrique E, ex-
primé en V/m. Si on active l’appareil, un courant circule et crée un champ
d’induction magnétique B, exprimé en µT. Toute présence de tension crée un
champ électrique dans son environnement et tout courant y crée un champ
d’induction magnétique. Ici, nous ne considérerons que les champs d’induc-
tion magnétiques.

4
Ils peuvent produire deux types d’effets :

– Les effets directs résultant d’un couplage direct entre le champ d’induc-
tion magnétique et le corps humain (par exemple : les courants induits
dans le corps).

– Les effets indirects résultant d’un couplage entre le champ d’induction


magnétique et certains objets (de structure métallique) qu’une per-
sonne peut toucher (décharge électrostatique ou courant de contact).

Intéressons-nous au deuxième cas et imaginons que l’objet que l’on touche


soit porté à un potentiel différent de celui de notre corps (qui est générale-
ment celui de la terre). Un courant va donc nous traverser. Deux cas de
figure sont envisageables : soit l’objet métallique doit son potentiel à une ac-
cumulation de charge en surface (ex : carrosserie d’une voiture qui se charge
en roulant) soit il est en contact avec une source de tension (ex : défaut
d’isolement d’un appareil). Dans le premier cas, le fait de toucher l’objet
lui offre un chemin de décharge et notre corps est donc parcouru par un
courant transitoire qui s’annule très rapidement. On parle alors de décharge
électrostatique. A l’inverse, si on touche un objet qui est lui-même en contact
avec une source de tension, le courant qui nous traverse est alors à l’image
de cette source. Ce type de courant perdure aussi longtemps que le contact
entre l’objet et notre corps persiste et porte le nom de courant de contact.

L’intensité de ce courant dépend des caractéristiques de l’objet (taille,


forme), de la fréquence et de l’intensité de la tension d’alimentation ainsi
que de l’impédance de la personne. Cette dernière dépend, elle, de sa taille,
de son poids, de la composition de son corps (rapport entre la masse maigre
et la masse adipeuse), de la superficie du contact (c’est-à-dire si la personne
touche avec les doigts ou si elle prend l’objet en main), et du type de chaus-
sures.

Pour juger de l’état de dangerosité d’un courant, c’est la valeur la quan-


tité d’électricité qu’il faut prendre en compte. Celle-ci n’est rien d’autre que
le produit de l’intensité du courant par le temps. Un courant intense de durée
très courte peut donc avoir les mêmes effets qu’un courant moins important
mais de plus longue durée. Le diagramme ci-dessous schématise approxima-
tivement les différentes zones sur base de cette quantité. On voit donc que
le courant circulant dans une personne n’est perçu qu’à partir d’un certain
seuil (approximativement de l’ordre de 0.5 à 1 mA en fonction du type de
peau). A partir de 10 mA, si le courant est maintenu suffisamment long-
temps, il y a apparition de douleur (zone 3) et quand il dépasse 30 mA, il
peut provoquer des lésions plus ou moins graves ( zone 4 : brûlure localisée,
tétanie respiratoire, effets cardiaques, ...).

5
Pour les fréquences inférieures à environ 100 kHz, la perception consiste
en une sensation de fourmillement dans les doigts ou dans la main en contact
avec l’objet. Pour des fréquences plus élevées, il y a sensation de chaleur.

3 La mise à la terre

3.1 Objectif
La mise à la terre consiste à relier à une prise de terre, par un fil conduc-
teur, toutes les masses métalliques des appareils électriques dans une instal-
lation.

Imaginons une machine à laver qui est soudain le siège d’un défaut d’iso-
lement. En l’absence de mise à la terre, sa carcasse métallique se trouve alors
portée à une tension proche de la tension du réseau qui est donc de l’ordre
des 220 V. Une personne qui entrerait en contact avec la machine pourrait
être électrocutée et serait donc en danger ! En effet, d’après les normes, une
tension est dite non dangereuse si elle est inférieure à 50 V dans un local sec,
25 V dans un local humide et 12V dans un local immergé parce que dans ce
cas, elle écoule un courant dans le corps humain inférieur à 30 mA (courant
à partir duquel des séquelles irréversibles peuvent apparaître. Voir graphique
ci-dessus) . Si maintenant la carcasse de la machine est reliée à une prise de

6
terre, sa tension devient une fraction de celle du réseau d’autant plus petite
que la résistance de la prise de terre est faible. Ceci ne garantit donc pas
que la tension de la carcasse ne soit plus dangereuse ! Cependant dans ce
cas, la mise à la terre constitue une nouveau chemin électrique où circule un
courant, appelé courant de défaut. Ce dernier provoque un déséquilibre entre
les courants entrant et les courants sortant de l’installation qui peut donc
être détecté par un dispositif annexe (le disjoncteur différentiel par exemple).
Ce même dispositif décide alors s’il y a lieu ou non de mettre l’installation
hors-tension.

3.2 Prise de terre


La prise de terre désigne l’endroit où a physiquement lieu le contact avec
la terre. Celui-ci peut être réalisé de diverses manières dont les deux prin-
cipales sont la boucle de fond de fouille (schéma de droite) et le piquet de
terre (schéma de gauche).

Comme nous l’avons vu plus haut, la résistance de la prise de terre est


très importante. En effet, plus elle sera faible, plus les tensions de contacts
seront proches de la tension de la terre et plus les courants de défauts seront
élevés facilitant ainsi leur détection. Il est donc intéressant de regarder les

7
facteurs qui l’influencent.

L’origine de cette résistance vient du fait que la terre ne peut être consi-
dérée comme un conducteur parfait qu’à l’infini. Par conséquent, le chemin
que doit parcourir le courant depuis la prise de terre peut être assimilé à une
résistance qui peut être mesurée.

De manière générale, on a :
– Pour un piquet vertical de diamètre d et enfoncé à une profondeur L
dans un sol de résistivité ρ :

ρ 3L
R= ln [Ω]
2πL d

– Pour un câble de longueur L, de diamètre d et enterré à une profondeur


h dans un sol de résistivité ρ :

ρ 9L2
R = 0.366 ln [Ω]
L 16dh

On voit donc que pour un sol de résistivité fixée, la résistance de prise


de terre sera d’autant plus faible que le piquet ou le câble de la boucle sont
longs. A l’inverse, si on se fixe une résistance à atteindre, on devra prendre
une longueur de piquet ou de boucle d’autant plus grande que la résistivité
du sol est élevée. Le tableau ci-dessous synthétise donc les différentes confi-
gurations envisageables.

8
On constate donc que la prise de terre par boucle de fond de fouille est
"meilleure" que les autres méthodes puisqu’à résistivité du sol égale, c’est
elle qui possède la résistance maximale associée la plus faible. Il faut toute-
fois faire attention que ce raisonnement n’est valable qu’en basse fréquence
(comme pour la fréquence 50Hz du réseau). En effet, dès le moment où on
considère des phénomènes haute fréquence ou transitoires (comme un coup
de foudre par exemple), il faut alors prendre en compte l’impédance de la
prise de terre qui possède dans ce cas une partie inductive non négligeable.

On pourrait également considérer qu’il serait intéressant d’utiliser les


conduites d’eau comme prise de terre. C’est d’ailleurs ce qui était fait dans
le temps puisque ces canalisations métalliques constituaient une bonne prise
de terre. Cependant, l’utilisation de matériaux et de produits isolants pour
la maintenance des conduites d’eau, ont conduit à isoler l’installation de la
terre et furent à l’origine de dramatiques cas d’électrocution. C’est entre
autres pour ces raisons, que l’utilisation des conduites d’eau fut interdite par
les distributeurs d’eau européens.

Cette prise de terre est ensuite reliée au tableau de répartition par l’in-
termédiaire d’une barrette de coupure. A partir du tableau, on tire un fil
conducteur, appelé conducteur de protection (de couleur vert-jaune en Bel-
gique), vers toutes les masses métalliques ainsi que vers les tuyaux d’arrivée
d’eau et de gaz. Cela assure ainsi l’équipotentialité entre les éléments rac-
cordés et on peut les toucher sans risque d’électrisation.

3.3 Le dispositif différentiel


Comme nous l’avons vu précédemment, une bonne mise à la terre n’est

9
fondamentalement utile que si elle est associée à un dispositif annexe per-
mettant de mettre hors tension l’équipement en défaut.

Si une installation monophasée présente un défaut d’isolement, le courant


qui entre dans l’installation n’a pas la même intensité que celui qui en sort. Si
le courant de fuite est plus faible que la valeur de fonctionnement des fusibles
ou des disjoncteurs à maximum placés dans le circuit, le défaut d’isolement
n’est pas éliminé et peut provoquer la mise sous tension de masses métal-
liques avec risques d’incendie et d’électrocution des usagers. Les dispositifs
à courant différentiel résiduel (DDR), permettent de détecter un courant de
défaut d’isolement dans une installation électrique. Ils se trouvent incorporés
dans les matériels suivants :

– disjoncteurs différentiels
– interrupteurs différentiels
– relais différentiels

Le DDR est conçu autour d’un transformateur d’intensité qui enserre les
conducteurs actifs (phases et neutre).

Dans le cas d’un circuit sans défaut, on a la somme vectorielle suivante :


→ → → →
I1 + I2 + I3 + In = 0

Il n’y a donc pas de courant dans la bobine de détection.

Lors d’un défaut la somme vectorielle devient :


→ → → →
I1 + I2 + I3 + In = Id

Il apparaît donc un courant dans la bobine de détection proportionnel au


courant de défaut Id. La bobine alimente alors un dispositif à seuil de cou-
rant qui, sur base de cette valeur, donnera ou non l’ordre de déclenchement

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à l’appareil de coupure (interrupteur, disjoncteur).

Ces appareils sont construits avec deux caractéristiques importantes :

1. Le temps maximum avant lequel le dispositif doit couper l’alimentation


du récepteur.

Les normes définissent, en fonction du type de local (sec, humide), le


délai maximal tolérable avant la coupure de l’alimentation en fonction
de la tension de contact. Le graphique ci-dessous en est une représen-
tation pour la norme française (NF C 15-100).

2. Le seuil de réglage I∆n qui, en fonction de la valeur du courant de dé-


faut Id, détermine s’il faut ou non déclencher le dispositif de coupure.

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Le principe étant que, pour des courants de fuite supérieurs à I∆n,
le DDR doit obligatoirement déclencher alors qu’il ne doit pas le faire
pour des courants inférieurs à I∆n2 . Par conséquent, le DDR n’assure
une protection efficace que si I∆n ≤ U Ra (où UL désigne la tension de
L

sécurité maximale en fonction du local et Ra la résistance de la prise de


terre). Ceci illustre donc encore l’importance d’avoir une résistance de
prise de terre la plus petite possible. D’après la norme belge (RGIE),
I∆n ne peut pas excéder 300 mA. Si on ne place qu’un seul DDR,
l’installation est privée d’alimentation dès l’apparition du premier dé-
faut. On peut donc envisager d’en placer plusieurs et c’est d’ailleurs
à cette fin qu’à été prévue la zone [ I∆n2 ; I∆n] où le comportement
du DDR n’est pas explicitement défini. Ainsi, si on place des DDR en
cascade, on exploite cette zone pour que le DDR en amont ait un seuil
de déclenchement plus élevé que chacun des DDR situés en aval. Une
contrainte similaire s’applique également au temps de déclenchement
puisqu’il faut que le DDR aval ait un temps de réponse plus court que
le DDR amont.

3.4 Les différentes configurations de mises à la terre


Il existe différentes configurations possibles pour effectuer la mise à la
terre d’une installation : TT, TN (C ou S) et IT. Ces lettres désignent le
régime de neutre.

La première lettre identifie la situation du neutre du côté du fournisseur :

– T : liaison directe du neutre à la Terre.


– I : absence de liaison du neutre à la terre, neutre isolé ou liaison par
l’intermédiaire d’une impédance.

La deuxième lettre désigne, elle, la situation des masses du côté du client :

– T : connexion directe des masses à la terre.


– N : connexion des masses au neutre.

Dans le cas d’un schéma TN, une troisième lettre est nécessaire :

– TNC : le neutre et conducteur de protection PEN sont confondus.

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– TNS : le neutre et conducteur de protection PE sont séparés.

3.4.1 La configuration TT
Ce régime de neutre est le plus simple à l’étude et à l’installation. C’est
le schéma actuellement utilisé chez nous, en Belgique, et plus généralement
en Europe pour la distribution.

Imaginons à présent que le récepteur 2 soit en défaut et qu’un individu


entre en contact avec la masse de ce récepteur (comme illustré sur le schéma
ci-dessous).

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Dans cet exemple, un courant de défaut circule dans la phase trois du
transformateur jusqu’au récepteur 2. Là, à cause du défaut d’isolement, il
trouve deux chemins possibles : le corps humain et la carcasse métallique.
Il rejoint ensuite le transformateur par la terre pour fermer la boucle. Le
schéma équivalent est le suivant :

Ce schéma illustre donc bien le fait que mettre l’installation à la terre


n’est pas suffisant pour garantir la sécurité des personnes. En effet, imaginons
qu’il n’existe aucun mécanisme capable de mettre l’installation hors-tension.
On a alors

V V
Id = ≈
Rf + Rc + (Ru//Rh) + Rn Rf + Rc + Ru + Rn
Ru
U c = Ru ∗ Id = V
Rf + Rc + Ru + Rn

Or, rien ne garantit que Uc < UL . Si ce n’est effectivement pas le cas, il


est impératif de couper l’alimentation de l’appareil comme expliqué au pa-
ragraphe précédent.

3.4.2 La configuration TN
Dans cette configuration, le neutre du transformateur est relié à la terre ;
les masses métalliques sont reliées au neutre par l’intermédiaire du PE. C’est
ce schéma qui est principalement utilisé dans les installations résidentielles
aux Etats-Unis.

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Pour le régime de neutre TN, la création d’un défaut d’isolement au ni-
veau d’un récepteur peut être assimilée à une liaison entre une phase et le
neutre (court-circuit).

Il existe, comme énoncé précédemment, deux schémas d’installation pos-


sibles : les schémas TNC et TNS.

On peut, à priori, se demander pourquoi il existe deux types de confi-


gurations pour le schéma TN. En effet, en regardant la figure ci-dessus,
on constate aisément que le schéma TNC utilise moins de câbles et s’avère
donc être moins coûteux. Cependant, en regardant plus attentivement, on
remarque également que ce même schéma ne permet pas l’utilisation d’un
dispositif différentiel. La raison en est simple, si on inclut pas le conducteur

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PEN (qui peut être parcouru par un courant) dans le DDR, il considérera ce
courant comme un courant de défaut alors même qu’il n’y a pas de défaut.
A l’inverse, si on inclut le conducteur PEN dans le DDR, il ne déclenchera
jamais, et ce, même en présence de défaut. Par conséquent, l’utilisation d’un
schéma TNC nécessite l’emploi de simples disjoncteurs ou de fusibles.

Or, dans ce type de disjoncteur, le délai de coupure dépend de l’intensité


du courant qui le traverse. Plus il est intense, plus le disjoncteur a un temps
de réponse court. Et ce délai doit, comme nous l’avons vu, être inférieur à
un temps défini dans les normes qui dépend, lui, de la tension de contact Uc
du récepteur en défaut. Considérons le schéma suivant :

Supposons que le PEN et le fil de phase soient composés du même ma-


tériau. On a donc que RP EN = Rphase = R = ρ L S où ρ désigne la résistivité
V
du fil, L sa longueur et S sa section. Par conséquent, le courant vaut I = 2R
V
et la tension de contact UL = 2 .

On en déduit donc que le temps de déclenchement du disjoncteur, qui


dépend de I, sera fonction de la longueur, de la résistivité et de la section
des câbles alors que le délai de sécurité, qui dépend de Uc, restera constant.
C’est précisément pour cette raison que le schéma TNC est interdit pour les
câbles de cuivre de section inférieure à 10 mm2 et pour les câbles en alumi-
nium de section inférieure à 16 mm2 . Leur utilisation réduirait de manière
trop contraignante la longueur maximale admissible des câbles pour assurer
la sécurité des personnes.

Dans ce cas, on utilise alors le schéma TNS, plus coûteux, qui permet lui
l’utilisation d’un disjoncteur différentiel comme dans le schéma TT.

16
3.4.3 La configuration IT
Dans cette configuration le neutre du transformateur est isolé de la terre.
Elle présente donc des risques de surtensions élevées. C’est pourquoi le neutre
est souvent mis à la terre à travers une forte impédance. Ce type de schéma
n’est donc possible que dans les installations alimentées par un poste de
transformation privé. Il est principalement utilisé dans les installations pour
lesquelles la continuité du service est primordiale (hopitaux, ...).

Aucune installation ne possède cependant un niveau d’isolation parfait.


Il existe toujours entre les câbles conducteurs et la terre une impédance de
fuite qui n’est pas infinie. On peut donc représenter la situation sur la ligne
basse tension comme suit.

En basse tension, la résistance de fuite d’un câble neuf est, pour une
phase et par kilomètre, de l’ordre de 10 MΩ alors que sa capacité unifor-
mément répartie par rapport à la terre est approximativement de 0.25µF ,
soit 12.7kΩ à 50 Hz. On voit assez aisément que l’impédance équivalente est
presque entièrement déterminée par sa partie capacitive. On a donc, pour

17
se fixer un ordre de grandeur, une impédance équivalente ramenée entre le
point neutre et la terre pour les 3 câbles de 4 kΩ à 50 Hz.

Voyons à présent ce qui se passe si un des récepteurs présente un défaut


d’isolation. On est donc dans la situation suivante :

On voit donc, que le courant de défaut vaut :


V
Id = (≈ 55mA)
Ru + Rn + Zeq
Ce type de schéma permet de limiter fortement les courants de défauts. Ce
qui a pour conséquence que la tension de contact Uc = Ru*Id est également
fortement réduite (environ 5,5 V si Ru = 100 Ω !) . Celle-ci n’étant donc pas
dangereuse, il n’y a pas lieu de couper l’alimentation. On serait alors tenté
de dire que, pour ce type de schéma, la seule mise à la terre est suffisante
pour assurer la sécurité des personnes mais cela s’avèrerait faux. Pour mieux
le comprendre, envisageons la situation où deux récepteurs présentent des
défauts d’isolation.

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On voit clairement que dans ce cas, les deux défauts forment un court-
circuit entre deux phases, assimilable au cas d’un défaut dans le circuit TN.
La tension Uc vaut donc approximativement la moitié de la tension inter-
phase et est donc dangereuse. Il faut donc dans ce cas, envisager un sytème
de coupure comme dans le schéma TN.

Cela étant, puisque ce genre de schéma est justement prévu pour per-
mettre la continuité du service dans le cas d’un défaut, on ne veut pas en
arriver à une situation où deux défauts sont présents simultanément. Il faut
donc prévoir un système qui détecte la présence du premier défaut pour que
l’on puisse le réparer immédiatement. Ce dispositif de détection porte le nom
de contrôle permanent d’isolation ou CPI.

Son principe est simple. Il est basé sur le fait que si on applique une
tension continue ou très basse fréquence (< 10 Hz) sur le réseau, elle va créer
un courant de fuite If dont la valeur dépendra de l’impédance d’isolement
du réseau (la partie capacitive n’entrant en ligne de compte que si la tension
n’est pas continue). Un appareil mesure donc l’intensité de ce courant, image
de l’impédance d’isolement. Si un défaut survient, le courant de défaut vient
s’ajouter à ce courant de fuite et fait donc croître la valeur du courant qui
traverse le CPI. Dès qu’un seuil limite est atteint, le CPI déclenche une alerte
qui signale la présence du défaut. Il faut alors l’identifier et le réparer avant
qu’un deuxième ne survienne.

3.5 Comparaison des différentes configurations


3.5.1 Caractéristiques techniques
La comparaison des trois principaux types de schémas porte sur cinq ca-
ractéristiques essentielles d’un système de mise à la terre[3] :

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– La sécurité : en cas de défaut, ce critère tient compte des risques en-
courus par les utilisateurs. Mais aussi des risques liés aux incendies et
aux explosions. Ainsi, pour la sécurité des personnes, tous les systèmes
présentent plus ou moins les mêmes garanties (sauf peut-être le schéma
IT en cas de deux défauts). Pour les risques d’explosion ou d’incendies,
le danger est lié à la valeur des courants de défaut (la chaleur dissipée
étant proportionnelle à Id2 ). Pour un seul défaut, le schéma IT pré-
sente donc peu de risque. A l’inverse, le schéma TN qui développe des
courants de défaut de l’ordre du kA, est à proscrire dans les environ-
nements qui présentent des dangers d’explosion ou d’incendies.

– La disponibilité : le but de l’installation électrique est bien sûr d’ali-


menter le bâtiment. Le critère de disponibilité traduit donc dans quelle
mesure la puissance électrique reste disponible en cas de défaut. Pour
ce critère, c’est évidemment le schéma IT qui l’emporte puisqu’il a été
conçu dans ce but.

– La maintenance : ce critère présente deux aspects. Il prend en compte


la facilité à trouver le défaut ainsi que son aisance à le réparer. On
constate ainsi qu’il est rapide d’identifier le défaut pour le TN mais
que le temps de réparation est souvent long. A l’inverse, le IT per-
met des réparations plus rapides et moins coûteuses mais la détection
du défaut y est parfois plus difficile. Dans les installations non domes-
tiques utilisant le schéma IT, il est toutefois possible de mettre sur pied
un système exploitant le CPI permettant d’améliorer efficacement la
maintenance. Le TT reste quant à lui un bon compromis.

– La fiabilité : elle traduit la stabilité du circuit face aux perturbations.


Celle-ci est excellente pour le TT.

– Les perturbations : ce critère détermine dans quelle mesure l’instal-


lation émet ou véhicule des perturbations pour les dispositifs qu’elle
alimente. Celles-ci sont de deux types. La première source de pertur-
bation est celle induite par rayonnement électromagnétique et est donc
d’autant plus faible que les courants de défauts sont petits. La seconde,
elle, est due à la non-équipotentialité du conducteur PE utilisé comme
potentiel de référence pour les systèmes électroniques. Cette dernière
perturbation est surtout gênante pour le schéma TNC de par la pré-
sence d’harmoniques d’ordre 3 et multiples de 3 en plus du courant de
neutre.

Voici donc le tableau récapitulatif qui reprend la comparaison des diffé-


rentes configurations sur base de ces caractéristiques :

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En plus de ces caractéristiques techniques, il est également intéressant
de comparer les différences en terme de coût de chacune de ces installations.
Alors que le coût de l’installation croît respectivement suivant la configura-
tion TN, IT et TT, le coût de la maintenance associé est lui respectivement
décroissant. Si bien que si l’on considère le coût global lié à ces trois instal-
lations (installation et entretien) sur une période de 10 à 20 ans, on aboutit
à des montants équivalents.

3.5.2 Choix du type d’installation


Comme nous venons de le voir, chaque schéma présente des avantages
et des inconvénients qui lui sont propres. Le choix du système de mise à la
terre s’effectue donc en fonction des caractéristiques du bâtiment à installer.
Il existe cependant bien souvent des lois ou des normes (qui peuvent varier
d’un pays à un autre) qui imposent ou interdisent l’utilisation d’un système
pour certains bâtiments particuliers (hôpitaux, écoles, ...). D’autres facteurs,
comme le degré de développement ou encore le climat du pays peuvent entrer
en ligne de compte dans ce choix.

Dans les pays industrialisés qui ont un climat tempéré, on retrouve les
trois types de schémas dans les installations privées.

En ce qui concerne les installations publiques, on peut constater en consi-


dèrant un axe Nord-Sud, que l’on trouve principalement le système IT en

21
Norvège, TN-C en Allemagne et TT en France, en Belgique et dans la plu-
part des pays africains. Le schéma TN est quant à lui, principalement utilisé
aux USA et dans les pays anglo-saxons.

Dans les pays industrialisés, on peut cependant constater une explosion


du nombre d’appareils utilisant l’énergie électrique ( ordinateurs, appareils
électroménagers, ...) dans les foyers domestiques. Ceux-ci contribuent donc
à un accroissement des perturbations alors qu’ils constituent eux-mêmes des
dispositifs perturbables. De plus, la coupure d’alimentation de l’installation
rendant tous ces dispositifs inutilisables, la demande pour une continuité
de service accrue se fait de plus en plus forte. Par conséquent, le critère
prépondérant tend à être celui de perturbation et la tendance générale est de
réduire au maximum les courants de défauts. Dans cette optique, le schéma
TT s’avère être le meilleur choix puisqu’il présente des courants de défaut
1000 fois plus petits que dans le cas d’un schéma TN ou IT (qui semblent
un choix peu judicieux pour une installation domestique compte tenu des
contraintes de maintenance et de contrôle) présentant deux défauts. On peut
donc penser que le schéma TT devrait, à l’avenir, devenir de plus en plus
utilisé.

22
4 Etudes relatives aux USA

Comme nous l’avons signalé en introduction, des études récentes ont émis
l’hypothèse que l’exposition à des courants de contacts pourrait constituer le
lien permettant d’associer champs magnétiques et leucémies infantiles. En ef-
fet, sur base de modélisation du corps humain, elles sont parvenues à montrer
que des courants de contact de quelques µA provoquaient des perturbations
dans la moëlle osseuse (dont la leucémie est une pathologie) nettement su-
périeure à celle causée par des champs magnétiques tels que ceux générés
par des lignes hautes tensions. Elles ont donc, sur base du système de mise
à la terre américain, cherché à trouver des sources plausibles de tensions de
contacts.

4.1 Les tensions de contact

Aux USA, le schéma domestique qui est utilisé est le schéma TN. Or,
afin de parer à une défaillance des connexions du conducteur de terre depuis
l’origine de l’installation jusqu’aux récepteurs terminaux lorsque le réseau
est étendu, ce type de schéma nécessite la mise à la terre du conducteur
de protection en plusieurs points. Le NEC (national electric code) impose
donc cette mise à la terre à l’entrée de chaque habitation mais également
que toutes les prises de terres soient connectées entre elles afin de créer un
réseau de prise de terre. C’est à cette fin que le neutre de chaque habitation
est mis à la terre en le reliant aux conduites métalliques d’eau de la maison
(voir schéma ci-dessous).

23
Ce système de mise à la terre est à l’origine de deux sources de courant
de contact dans l’habitation :

– VP−W : la tension entre le neutre du tableau (Pannel ) et la tuyaute-


rie (Water pipe). Ces deux organes sont reliés par le fil de mise à la
terre qui sert de chemin alternatif pour le retour du courant au trans-
formateur de distribution de l’habitation. Cette différence de potentiel
pourrait créer un courant de contact si un individu venait à relier une
partie métallique de la tuyauterie, comme un robinet, à la structure
d’un appareil qui est connecté au tableau. Ce exposition n’est pourtant
pas jugée comme préoccupante pour les deux raisons suivantes :

1. Il y a fort à penser que ces deux éléments soient difficilement


joignables (et ce d’autant plus pour un enfant étant donné sa
petite taille).
2. Dans l’éventualité où on parviendrait à les joindre, il est fort pro-
bable que les parties du corps en contact soient sèches ce qui
diminuerait ainsi l’intensité du courant qui pénétrerait la peau.

– VW−E : la tension entre les tuyaux d’eau conducteurs (Water pipe) et


la terre (Earth). Cette tension peut provenir de deux mécanismes :

1. Par conduction : une partie du courant de retour circulant via les


canalisations entre dans la terre et provoque une tension sur les
tuyaux égale au produit de ce courant par la valeur de la résis-
tance entre le tuyau et la terre.

2. Par induction : le système constitué des lignes de neutres et des


tuyaux d’eau forme un réseau de conducteurs qui peut être le
siège d’une force électromotrice provoquée soit par les champs
magnétiques d’une ligne haute tension proche soit par des lignes
fortement chargées du primaire du transformateur de distribution.
Les tensions induites sont dès lors proportionnelles à l’intensité
de ces champs magnétiques.
Que ce soit par conduction ou par induction, VW −E produit une ten-
sion entre les tuyaux d’eau et les autres objets conducteurs qui sont enfouis
dans le sol, comme par exemple le drain de décharge des eaux usées de la
baignoire. On s’aperçoit alors qu’une personne assise dans la baignoire peut
être parcourue par des courants de contact si elle touche le robinet. Dans
ce cas en effet, elle relie les canalisations d’arrivée d’eau aux canalisations
du drain par l’intermédiaire de l’eau et de la partie métallique du drain se

24
trouvant dans la baignoire. On peut dès lors établir le schéma équivalent
suivant :

On constate donc que cette tension entre le tuyau d’eau et le drain, notée
VBath ou VW −D , est une fraction de VW −E , qui dépend des résistances de
contact entre le sol et la canalisation ainsi qu’entre le drain et la terre mais
aussi des positions relatives de ces deux éléments en question.

Ce type de contact est dès lors plus préoccupant. Les enfants en bas-âge
prenant régulièrement des bains, il a été estimé que les possibilités d’expo-
sition à ces courants de contact peuvent aller jusqu’à quelques centaines de
fois par an. De plus, étant donné le contexte, il est plus que probable que les
parties du corps en contact soient humides, diminuant ainsi leur résistance
et favorisant la pénétration de ces courants plus en profondeur.

Comme nous venons donc de le dire, la tension VW −E , source de la ten-


sion de contact VBath , possède une composante imputable à un mécanisme
d’induction dû à la présence de champs magnétiques. C’est donc leur in-
fluence sur ces tensions que les chercheurs de ces études ont tenté de mettre
en évidence.

4.2 Méthodologie et résultats

Dans leur première étude réalisée en 2002 ([4]), ils ont réalisé des mesures
du champ magnétique moyen et des tensions mentionnées ci-dessus dans 36

25
maisons à Pittsfield (ville qui présente un large réseau de canalisations et
par où passent des lignes haute tension). Les habitations ont été classées
selon deux critères : le Wertheimer-Leeper Code et le Line Type Code. Le
code de Wertheimer-Leeper décrit le type d’intensité des courants (courant
faible, courant ordinairement élevé, courant très élevé, ...) dans une maison
sur base du type de ligne d’alimentation et de sa distance au domicile consi-
déré. Le line Type Code est quant à lui une classification basée sur les lignes
qui passent à proximité d’une résidence (ligne haute tension, ligne primaire
bi ou triphasée, pas de ligne haute tension, ni de ligne primaire triphasée, ...).

Leurs mesures ont montré que la classification selon le code de Weirthemer-


Leeper ne permettait d’effectuer aucun lien statistique entre les valeurs du
champ magnétique moyen et les tensions relevées. Par contre, en considérant
la classification selon le Line Type Code, le champ magnétique moyen Bavg
s’est avéré être corrélé de manière significative à la tension de contact VW −E
(mais pas à VP −W ). Ils ont ainsi remarqué que les tensions élevées VW −E ont
été presque exclusivement relevées là où le champ magnétique moyen était
également élevé.

Ils se sont ensuite interessés au rapport qui lie les tensions VW −E et VW −D


(i.e. VBath ). Les mesures ont permis d’établir un lien statistique significatif
entre ces deux tensions. Ce résultat n’était pas réellement surprenant puisque
que, théoriquement, la tension VW −D n’est qu’une fraction de VW −E . Frac-
tion qui est censée être d’autant plus proche de l’unité que le drain est éloigné
des tuyaux d’arrivée d’eau (pour autant que ces éléments ne soient pas court-
circuités). La classification de ces rapports en deux catégories (proche de 1
et proche de 0) fut aisée étant donné qu’il n’y avait aucun rapport compris
entre 0.33 et 0.71. Parmi les habitations à proximité de ligne haute tension,
trois appartenaient à la catégorie des rapports faibles (proche de 0). Cepen-
dant, comme ce groupe d’habitations possédait les valeurs de VW −E les plus
élevées, une des ces trois maisons présentait quand même une tension VW −D
parmi les plus élevées mesurées.

Leur conclusion était donc approximativement la suivante : "Pour des


raisons de fréquence d’exposition et d’intensité de courant de contact sus-
ceptibles d’être pathologiques, on sait que la tension à prendre en considéra-
tion est VW −D . Or, VW −D ne peut prendre que des valeurs comprises entre
0 et VW −E . Par conséquent, si une étude de plus grande envergure venait à
confirmer ce lien entre VW −E et Bavg que nos mesures ont permis d’établir,
on serait amené à conclure qu’il existe un lien (même faible) entre VW −D et
Bavg ."

C’est ainsi qu’en 2004 ils ont réitéré ce type de mesures dans 191 maisons
([5]). Ces mesures leur ont alors permis de confirmer les résultats établis en

26
2002 ainsi que le lien putatif (bien que faible) entre VW −D et Bavg . Leurs
conclusions peuvent alors se comprendre comme suit : "Si un facteur phy-
sique est responsable de l’association entre les champs magnétiques et les
leucémies infantiles alors les courants de contacts doivent être considérés
comme un candidat sérieux." Des études épidémiologiques futures devront
permettre de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse.

4.3 Estimation de l’exposition aux champs magnétiques

Les récentes études qui mettent en exergue la problématique des lignes


HT proches des habitations ont amené les ingénieurs à établir un modèle
statistique. Celui-ci évalue l’exposition aux champs magnétiques pour la po-
pulation vivant près de ces lignes [6]. Il prend en compte deux composantes
de ces champs :

– le champ ambiant, c’est-à-dire celui provoqué par des sources de cou-


rants internes tels que les lignes de distribution, les courants de terre
et les appareils ménagers. Il est assez complexe à déterminer mais peut
plus aisément être estimé en utilisant des mesures à long terme dans
des maisons loin de lignes haute tension. Ces mesures ont ainsi permis
de rendre compte que le champ ambiant pour des habitations ayant des
canalisations en fer est à peu près 2,5 fois plus élevé que pour celles
ayant des canalisations en plastique. Les deux modèles doivent donc
être étudiés séparément.

– le champ produit par les lignes HT. Celui-ci est calculé sur base des
courants qui circulent dans les lignes.

Ce modèle peut ainsi être utilisé pour prédire l’exposition de la popula-


tion qui se trouvera à proximité d’une ligne HT sur base de la valeur de la
composante du champ magnétique ambiant. Ou à l’inverse, pour des études
épidémiologique de long terme, la valeur passée du champ magnétique am-
biant peut être évaluée en considérant le champ produit par la ligne HT.

Une étude a bien sûr été réalisée dans le but de valider expérimentalement
ce modèle. Pour les besoins de celle-ci 195 femmes habitant loin d’une ligne
HT (> 400m) et 220 autres vivant près de ce type de lignes (< 150m) ont
accepté de porter sur elles des appareils destinés à mesurer la valeur des
champs magnétiques. Le groupe vivant loin des lignes HT a ainsi permis
de mesurer la composante du champ ambiant. Quant au groupe vivant à
proximité de ces lignes, il a permis de comparer les valeurs mesurées aux
résultats prédits par calcul (en utilisant les valeurs du champ ambiant de
l’autre groupe). C’est sur base de cette comparaison que la méthode de calcul

27
a été validée. Il faut cependant noter que les valeurs calculées sont légèrement
inférieures à celles mesurées.

5 Vers un schéma qui minimise les tensions de contacts

Comme nous venons de le voir pour le schéma TN, la principale source


de tension de contact préoccupante est celle qui peut apparaître entre les
canalisations d’eau et le drain. Celle-ci dépend essentiellement de la tension
à laquelle peut être portée la canalisation qui est elle-même fonction des
courants qui la traversent.

Si l’installation alimente une charge monophasée impliquant le neutre ou


une charge triphasée non équilibrée, le neutre sera parcouru par un courant.
S’il est lui même relié à la terre, alors ce courant voit un chemin alternatif
qu’il peut emprunter pour retourner à la source. Par conséquent, si c’est une
canalisation d’eau qui est utilisée comme prise de terre, elle sera constam-
ment parcourue par une partie de ce courant de déséquilibre. C’est ce que
nous venons de voir pour le schéma TN utilisé aux Etats-Unis. Imaginons
maintenant un schéma TT ou IT qui utiliserait lui aussi une canalisation
d’eau comme prise de terre. Dans ce cas, les courants de déséquilibre ne
peuvent quand même pas passer par la canalisation puisque celle-ci n’est pas
reliée au neutre. Par conséquent, les seuls courants qui peuvent la parcou-
rir sont ceux qui sont engendrés par induction magnétique. L’utilisation des
schémas TN et IT devrait donc déjà permettre de réduire les tensions VW −E
évoquées précédemment.

On peut cependant faire mieux et imaginer un système qui serait en théo-


rie excellent pour minimiser la tension VBath . Supposons que l’on considère
un système TT ou IT qui utilise une prise de terre autre que les canalisa-
tions d’eau (piquet de terre ou boucle de fond de fouille par exemple). Et
imaginons que ces mêmes canalisations d’eau (drain compris) présentent des
portions non enfouies qui sont isolantes. Alors dans ce cas, la tension du ro-
binet sera toujours celle de la terre. En effet, plus aucune source de tension
ne peut alimenter ce dernier :

– Les tensions dues aux courants de déséquilibre ont été éliminées (le
neutre n’est pas en contact avec le robinet).
– Les tensions dues aux phénomènes d’induction ont lieu sur les canali-
sations qui forment un immense conducteur mais celles-ci sont électri-
quement isolées du robinet par les parties isolantes.

28
L’utilisation des canalisations en plastique semble donc jouer un effet
bénéfique double tant en Europe qu’aux Etats-unis. Premièrement, il per-
met de réduire les champs magnétiques ambiants (voir paragraphe 4.3). Et
deuxièmement, il rend la canalisation d’eau inutilisable comme prise de terre.
Ainsi aux Etats-Unis, si la canalisation est isolante, le code prévoit l’utilisa-
tion d’une prise de terre comme en Europe (piquet de terre, boucle de fond
de fouille, ...) et par conséquent, les courants de déséquilibre ne passent plus
par la canalisation mais bien par cette prise de terre.

6 Conclusion

Bien que les études expérimentales décrites ci-dessus aient permis de


confirmer le lien entre tensions de contact et champ magnétique, le rôle de
ces tensions comme variable explicative des cas de leucémie infantile de-
vra encore être clarifié par de nouvelles mesures ainsi que par des analyses
biophysiques, biologiques et épidémiologies complémentaires. Cependant, si
cette hypothèse venait à être confirmée, les maisons à proximité de lignes
haute tension (présentant une valeur du champ magnétique moyen élevée)
seraient probablement les plus exposées à ce risque.

Néanmoins, l’utilisation de plus en plus fréquente du plastique comme


matériel de canalisation semble apporter d’elle même une solution à cette
problématique de tension de contact pour les raisons que nous venons d’évo-
quer. Comme nous venons également de le voir, les schémas domestiques
européens, majoritairement TT, devraient être moins affectés que leurs ho-
mologues TN américains par ce phénomène. Des mesures viendront peut-être
confirmer ces suppositions.

Cela étant, pour deux schémas TN identiques mais situés aux USA et en
Europe, on peut supposer que les tensions de contact mesurées sur le dernier
seront plus faibles. En effet, l’emploi du 220V en Europe au lieu du 110V
standardisé aux Etats-Unis comme tension phase-neutre permet, à puissance
délivrée égale, d’avoir des courants moins importants dans les lignes et donc
des champs magnétiques induits plus faibles.

29
7 Annexes

7.1 Synthèse d’extraits du RGIE (Belgique)

7.1.1 Tension de sécurité (articles 31 et 32)

La très basse tension de sécurité est la tension telle qu’elle n’est pas
capable d’entrainer des chocs électriques par contact direct. Ces tensions
limites considérées comme non dangereuses sont fonction de l’humidité de la
peau.

Il faut de plus que les parties actives de la très basse tension de sécurité
ne soient pas en contact avec les parties actives d’autres circuits et que ses
masses ne soient connectées ni à la terre, ni à d’autres masses. Cette tension
doit être délivrée par une source d’alimentation sûre.

7.1.2 Classes du matériel électrique (article 30)

Le matériel électrique est classé en fonction de :

– l’isolation entre les parties actives et les parties accessibles.


– la possibilité ou non de relier les parties conductrices à un conducteur
de protection.
– les tensions d’alimentation.

Il en résulte donc cinq classes distinctes :

1. Classe 0 : la protection ne repose que sur l’isolation principale. Il n’y


a aucun raccordement des parties conductrices au fil de terre.
2. Classe 0I : isolation principale et borne de masse mais le câble d’ali-
mentation ne contient pas de conducteur de protection.
3. Classe I : isolation principale avec conducteur de protection et câble
d’alimentation avec fil de terre.

30
4. Classe II : isolation double ou renforcée, le câble d’alimentation ne
contient pas de fil de terre.
5. Classe III : la protection repose sur l’alimentation en très basse tension
de sécurité de l’équipement.

7.1.3 Liaisons équipotentielles (articles 72 et 73)

Il s’agit d’une liaison électrique dont le but est de mettre au même po-
tentiel des masses ou des éléments conducteurs étrangers à l’installation élec-
trique.
La liaison équipotentielle principale (article 72) est réalisée à l’entrée des
différentes canalisations dans un bâtiment ou, dans les installations indus-
trielles comportant plusieurs postes de transformation, pour chaque poste.

Le conducteur de liaison équipotentielle principale doit réunir :

– le conducteur principal de protection (relié à la prise de terre).


– les canalisations principales d’eau et de gaz.
– les colonnes principales du chauffage central et de la climatisation.
– les éléments métalliques fixes et accessibles qui font partie de la struc-
ture de la construction.
– les éléments métalliques principaux d’autres canalisations.

La liaison équipotentielle supplémentaire (article 73) revient à relier lo-


calement toutes les masses et conducteurs de protection des machines et
appareils électriques ainsi que tous les éléments conducteurs simultanément
accessibles par une personne (tuyaux, radiateur, ...). Cette liaison équipo-
tentielle locale peut être isolée de la terre ou raccordée à une prise de terre
qui peut être distincte de celle à laquelle sont reliées les autres masses de
l’installation.

7.1.4 La prise de terre (articles 69, 70 et 71)

La prise de terre est réalisée par une ou plusieurs pièces conductrices


connectées entres elles et enfouies dans le sol pour assurer la liaison avec la
terre.

La résistance de la prise de terre ne doit pas être supérieure à 30 ohms


(ou 100 ohms si elle est cumulée à des mesures supplémentaires). Pour la
prise de terre on utilise :

31
– dans une installation existante : un ou plusieurs piquets conducteurs
enfouis dans la terre reliés entre eux. Ils doivent atteindre une profon-
deur de 2,1 m et avoir une longueur minimum de 1,5 m.

– dans une installation neuve : si les fondations ou une partie de ces


dernières ont une profondeur de plus de 60 cm il faut placer en fond de
fouille une boucle de terre en cuivre ou en cuivre plombé, de section
ronde ou pleine de 35 mm2 . Les extrémités ainsi que chaque point de
raccordement de cette boucle doivent être en permanence accessible.

7.1.5 Les différents schémas (article 79)

Il existe trois schémas de mise à la terre possibles TT, TN (C, S ou CS)


et IT (voir 3.4 pour les détails).

La couleur du conducteur isolé de protection doit être le jaune-vert, celle


du conducteur isolé de neutre le bleu et celle des conducteurs de phases,
généralement le noir ou le brun mais pas le jaune ni le vert.

7.2 Synthèse d’extraits du NEC (USA)

Les prescriptions en termes de mise à la terre pour les Etats-Unis sont


décrites principalement dans le NEC (national electric code) au paragraphe
250.

7.2.1 NEC 250-23

Le conducteur principal de terre doit être relié au conducteur de protec-


tion (le neutre) en tout point desservi du réseau. Ceci inclut le bus ou le
terminal en amont du dispositif de mise hors-tension. Par contre, le conduc-
teur de protection en aval du dispositif de mise hors-tension (du côté de la
charge) ne doit impérativement pas être mis à la terre.

7.2.2 NEC 250-26

La mise à la terre doit s’effectuer de la manière suivante :

(a) Un câble de liaison de dimensions appropriées (de couleur verte) doit


relier toutes les masses des équipements au conducteur de protection (le
neutre). Cette liaison doit être effectuée en tout point de l’équipement de-
puis la source jusqu’au dispositif de mise hors-tension.

32
(b) Un conducteur de terre de dimensions appropriées doit être utilisé
pour relier le conducteur de protection (le neutre) à la prise de terre.

(c) La prise de terre doit être la plus adaptée au système à mettre à la


terre et peut être :

1. la plus proche partie métallique de la structure efficacement mise à la


terre.
2. la plus proche canalisation métallique efficacement mise à la terre.
3. d’autres prises de terre spécifiées dans les paragraphes 250-81 ou 250-83
quand (1) et (2) ne sont pas disponibles.

7.2.3 NEC 250-51

Le chemin à la terre depuis les circuits, équipements ou parties métal-


liques doit (1) être permanent et continu ; (2) avoir la capacité d’écouler en
toute sécurité les courants de fuite qui peuvent le parcourir et (3) avoir une
impédance suffisamment faible que pour éviter la montée en potentiel par
rapport à la tension de la terre et ainsi faciliter la détection des appareils de
protection.

7.2.4 NEC 250-54

Un équipement qui doit être mis à la terre dans ou contre un bâtiment


doit être relié à la même prise de terre que ce dernier. De même, si plusieurs
réseaux de distribution alimentent un même bâtiment et que ceux-ci doivent
être mis à la terre, ils doivent être reliés à la même prise de terre. Si plusieurs
prises de terre sont connectées entre elles de manière efficace, elles doivent
être considérées comme formant une prise de terre unique.

7.2.5 NEC 250-81

Toutes les prises de terre, décrites ci-dessous de (1) à (4), de chaque bâti-
ment doivent être reliées ensemble pour former un système de prise de terre :

1. les canalisations d’eau métalliques situées à moins de 5 pieds de l’entrée


du bâtiment.
2. les grillages métalliques du bâtiment qui sont efficacement mis à la
terre.
3. les parties métalliques noyées dans le béton.
4. les prises de terres annulaires.

33
7.2.6 NEC 250-83

Quand aucune des prises de terre citées précédemment n’est disponible,


une ou plusieurs prises de terre parmi (2)-(4) doit être utilisée :

1. les conduites de gaz souterraines ne peuvent pas servir de prise de


terre.
2. d’autres systèmes ou structures souterrains locaux.
3. des conduites ou piquets de terre
4. prise de terre plan

7.2.7 NEC 250-91

Des piquets de terre additionnels peuvent être utilisés pour augmenter la


capacité de mise à la terre mais dans ce cas, ils doivent être reliés au réseau
de prise de terre avec un conducteur adéquat. Un piquet de terre isolé du
réseau de prise de terre est interdit par le NEC.

7.2.8 Remarque

Puisque le neutre est chaque fois assimilé au conducteur de protection et


que c’est lui qui est mis à la terre, il va sans dire que le schéma décrit dans
ces paragraphes par le NEC est le schéma TN.

7.3 Mesures personnelles

Nous nous sommes également prêté au jeu de mesurer le champ ambiant


et les tensions de contact dans nos domiciles. Ces mesures se veulent donc
uniquement informatives étant donné qu’elles sont insuffisantes pour consti-
tuer un échantillon représentatif.

Le champ magnétique moyen a été calculé sur base de mesures prises par
le Emdex wavecorder (Enertech) et les tensions, prises entre le drain et le ro-
binet, ont été mesurées à l’aide d’un multimètre Fluke 110 True RMS (Fluke
corp.). Les diverses valeurs ont été consignées dans le tableau ci-dessous.

Evier Evier (avec R) Baignoire Baignoire (avec R) Bavg


Maison 1 0,08 V 0,006 V 0,26 V 0,006 V 0,024 µT
Maison 2 0,92 V 0,002 V 1,41 V 0,002 V 0,037 µT
Maison 3 2,6 V 0,002 V 3,7 V 0,002 V 0,058 µT

34
Remarque : Les tensions mesurées quand on insère la résistance sont du
niveau de précision du voltmètre. Il y a fort à penser qu’elles soient donc
inférieures à la valeur fournie par ce dernier.

Les mesures de tensions, ont été prises deux fois : directement et au tra-
vers d’une résistance de 985Ω en parallèle sur le voltmètre. Ceci s’explique
en considérant le schéma équivalent suivant :

On voit que la tension de contact vaut :

Rload
Vcontact = Vs
Rs + Rload
Or, les caractéristiques de la source étant inconnues, elles peuvent être
calculées en considérant les deux mesures de tensions qui fournissent ainsi
deux équations.

Dans notre cas, comme le voltage tend vers 0 quand on insère la résistance
de 985Ω en parallèle sur le voltmètre, on peut en déduire que l’impédance
de la source est trés élevée. Par conséquent, si on venait à relier le robinet
au drain par exemple, la tension de contact résultante ne pourrait produire
qu’un courant négligeable dans notre corps.

Les trois maisons ont été classées suivant l’ordre croissant de la valeur
du champ magnétique moyen. Il apparait que les tensions de contacts sans
la résistance (approximation de Vs ) sont également croissante dans le même
ordre.

35
8 Références

[1] Les enfants québécois surexposés, MICHROWSKI A., 2004

[2] http ://perso.wanadoo.fr/grc/sommaire.htm

[3] Earthing systems worldwide and evolutions, Lacroix B., Calvas R.

[4] Contact Voltage Measured in Residences : Implications to the As-


sociation Between Magnetic Fields and Childhood Leukemia, R.KAVET,
L.ZAFFANELLA, 2002

[5] Association of Residential Magnetic Fields with Contact Voltage,


R.KAVET, L.ZAFFANELLA & al, 2004

[6] Experimental Validation of a Statistical Model for Evaluating the


Past or Future Magnetic Fields Exposures of a Population Living Near Po-
wer Lines, TURGEON A. & Al, 2004

[7] http ://sitelec2.free.fr/promotelec/misalaterre.pdf

[8] http ://www.conf-aim.skynet.be/education/risqueselectriques/texte_Lilien.pdf

[9] http ://www.schneider-electric.com/cahier_technique/fr/pdf/ct178.pdf

[10] http ://www.ujf-grenoble.fr/PHY/PLATEFORMES/EEE/Securite_electrique.pdf

[11] http ://www.sobane.be/fr/electricite/pdf/ele_fic10.pdf

[12] http ://www.mikeholt.com/documents/grounding/freestuff/grounding.pdf

36

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