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CAA de VERSAILLES, 4ème chambre, 29/03/2021,

19VE02878, Inédit au recueil Lebon


CAA de VERSAILLES - 4ème chambre

 N° 19VE02878
 Inédit au recueil Lebon

Lecture du lundi 29 mars 2021


Président
M. BROTONS
Rapporteur
M. Bruno COUDERT
Rapporteur public
Mme GROSSHOLZ
Avocat(s)
SCP VAILLANT & ASSOCIES
Texte intégral

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Vu la procédure suivante :

Procédure contentieuse antérieure :

La SAS Eliez a demandé au tribunal administratif de Cergy-Pontoise d'annuler la


décision du 5 septembre 2016 par laquelle le directeur général de l'Office français de
l'immigration et de l'intégration (OFII) a mis à sa charge, d'une part, la contribution
spéciale prévue à l'article L. 8253-1 du code du travail et, d'autre part, la contribution
forfaitaire représentative des frais de réacheminement de l'étranger dans son pays
d'origine prévue à l'article L. 626-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et
du droit d'asile, pour un montant total de 39 718 euros, ensemble la décision du 28
octobre 2016 rejetant son recours gracieux et, par voie de conséquence, d'annuler
les deux titres de perception émis le 12 octobre 2016 en vue du recouvrement de ces
contributions.

Par un jugement n° 1611744 du 6 juin 2019, le tribunal administratif de Cergy-


Pontoise a rejeté cette demande.

Procédure devant la Cour :

Par une requête, enregistrée le 5 août 2019 et un mémoire complémentaire,


enregistré le 12 mai 2020, la SAS Eliez, représentée par Me F..., avocat, demande à
la Cour :

1° d'annuler ce jugement et les décisions du directeur général de l'OFII des 5


septembre et 28 octobre 2016 ;

2° d'annuler les titres de perception correspondants ;

3° de mettre à la charge de l'OFII le versement de la somme de 3 000 euros au titre


de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.

La SAS Eliez soutient que :


- les juges de première instance ont retenu à tort que la matérialité des faits
reprochés était établie ; qu'elle n'a jamais eu la qualité d'employeur des deux salariés
concernés par la procédure puisque ceux-ci étaient employés par la société BCI, qui
agissait en tant que sous-traitante sur ce chantier ; qu'elle n'a pas manqué à ses
obligations en tant que donneur d'ordre ;
- elle a fait l'objet d'un rappel à la loi en conséquence de quoi le principe non bis in
idem a été méconnu par la décision de l'OFII.
...............................................................................................................

Vu les autres pièces du dossier.

Vu :
- le code du travail ;
- le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile ;
- le livre des procédures fiscales ;
- le décret n° 2012-1246 du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et
comptable publique ;
- le code de justice administrative.

Les parties ont été régulièrement averties du jour de l'audience.

Ont été entendus au cours de l'audience publique :


- le rapport de M. D...,
- les conclusions de Mme Grossholz, rapporteur public,
- et les observations de Me F... pour la SAS Eliez.

Considérant ce qui suit :

1. Le 7 octobre 2014, les services de police ont procédé au contrôle du chantier de


réfection de la sous-préfecture d'Argenteuil et ont constaté la présence en action de
travail de deux ouvriers peintres, M. G... B..., ressortissant indien, et M. A... C...,
ressortissant pakistanais, non autorisés à travailler en France ou à y séjourner et non
déclarés. Par un courrier du 10 juin 2016, l'Office français de l'immigration et de
l'intégration (OFII) a indiqué à la société Eliez qu'en sa qualité d'employeur des deux
ouvriers concernés elle était susceptible de se voir appliquer la contribution spéciale
mentionnée à l'article L. 8253-1 du code du travail et la contribution forfaitaire
mentionnée à l'article L. 626-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du
droit d'asile et l'a invité à présenter ses observations. Par une décision du 5
septembre 2016, nonobstant les observations formulées le 16 juin 2016 par la SAS
Eliez, le directeur général de l'OFII a notifié à cette dernière sa décision de lui
appliquer la contribution spéciale pour un montant de 35 100 euros et la contribution
forfaitaire pour un montant de 4 618 euros. La société Eliez relève régulièrement
appel du jugement du 6 juin 2019 par lequel le tribunal administratif de Cergy-
Pontoise a rejeté sa demande tendant à l'annulation de la décision du 5 septembre
2016, ensemble la décision du 28 octobre 2016 rejetant son recours gracieux, ainsi
que des titres de perception émis le 12 octobre 2016 en vue du recouvrement de ces
contributions.
Sur les conclusions tendant à l'annulation des décisions des 5 septembre et 28
octobre 2016 et des titres de perception émis le 12 octobre 2016 :
2. Aux termes de l'article L. 8251-1 du code du travail : " Nul ne peut, directement ou
par personne interposée, embaucher, conserver à son service ou employer pour
quelque durée que ce soit un étranger non muni du titre l'autorisant à exercer une
activité salariée en France. ". Aux termes de l'article L. 8253-1 du même code : "
Sans préjudice des poursuites judiciaires pouvant être intentées à son encontre,
l'employeur qui a employé un travailleur étranger en méconnaissance des
dispositions du premier alinéa de l'article L. 8251-1 acquitte, pour chaque travailleur
étranger non autorisé à travailler, une contribution spéciale. Le montant de cette
contribution spéciale est déterminé dans des conditions fixées par décret en Conseil
d'Etat. Il est, au plus, égal à 5 000 fois le taux horaire du minimum garanti prévu à
l'article L. 3231-12. Ce montant peut être minoré en cas de non-cumul d'infractions
ou en cas de paiement spontané par l'employeur des salaires et indemnités dus au
salarié étranger non autorisé à travailler mentionné à l'article R. 8252-6. Il est alors,
au plus, égal à 2 000 fois ce même taux. Il peut être majoré en cas de réitération et
est alors, au plus, égal à 15 000 fois ce même taux. (...) ". Aux termes de l'article L.
626-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile : " l'employeur
qui aura occupé un travailleur étranger en situation de séjour irrégulier acquittera une
contribution forfaitaire représentative des frais de réacheminement de l'étranger dans
son pays d'origine. ". Aux termes de l'article R. 626-1 du même code : " I.- La
contribution forfaitaire représentative des frais de réacheminement de l'étranger dans
son pays d'origine prévue à l'article L. 626-1 est due pour chaque employé en
situation irrégulière au regard du droit au séjour. / Cette contribution est à la charge
de l'employeur qui, en violation de l'article L. 8251-1 du code du travail, a embauché
ou employé un travailleur étranger dépourvu de titre de séjour. / (...) ".
3. Il appartient au juge administratif, saisi d'un recours contre une décision mettant à
la charge d'un employeur la contribution spéciale prévue par les dispositions
précitées de l'article L. 8253-1 du code du travail et la contribution forfaitaire prévue
par les dispositions également précitées de l'article L. 626-1 du code de l'entrée et du
séjour des étrangers et du droit d'asile, pour avoir méconnu les dispositions de
l'article L. 8251-1 du code du travail, de vérifier la matérialité des faits reprochés à
l'employeur et leur qualification juridique au regard de ces dispositions. Il lui
appartient, également, de décider, après avoir exercé son plein contrôle sur les faits
invoqués et la qualification retenue par l'administration, soit de maintenir la sanction
prononcée, soit d'en diminuer le montant jusqu'au minimum prévu par les
dispositions applicables au litige, soit d'en décharger l'employeur. Par ailleurs, la
qualification de contrat de travail ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties,
ni de la dénomination qu'elles ont entendu donner à la convention qui les lie mais des
seules conditions de fait dans lesquelles le travailleur exerce son activité. A cet
égard, la qualité de salarié suppose nécessairement l'existence d'un lien juridique,
fût-il indirect, de subordination du travailleur à la personne qui l'emploie, le contrat de
travail ayant pour objet et pour effet de placer le travailleur sous la direction, la
surveillance et l'autorité de son cocontractant. Dès lors, pour l'application des
dispositions de l'article L. 8251-1 du code du travail, il appartient à l'autorité
administrative de relever, sous le contrôle du juge, les indices objectifs de
subordination permettant d'établir la nature salariale des liens contractuels existant
entre un employeur et le travailleur qu'il emploie.
4. Aux termes de l'article L. 8254-1 du code du travail : " Toute personne vérifie, lors
de la conclusion d'un contrat dont l'objet porte sur une obligation d'un montant
minimum en vue de l'exécution d'un travail, de la fourniture d'une prestation de
services ou de l'accomplissement d'un acte de commerce et périodiquement jusqu'à
la fin de l'exécution de ce contrat, que son cocontractant s'acquitte de ses obligations
au regard des dispositions du premier alinéa de l'article L. 8251-1. ". Aux termes de
l'article L. 8254-2 du même code : " La personne qui méconnaît l'article L. 8254-1 est
tenue solidairement avec son cocontractant, sans préjudice de l'application des
articles L. 8222-1 à L. 8222-6, au paiement : / (...) 4° De la contribution spéciale
prévue à l'article L. 8253-1 du présent code et de la contribution forfaitaire prévue à
l'article L. 626-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile. ".
5. Il résulte de l'instruction, et notamment des termes des décisions en litige du
directeur général de l'OFII, que la contribution spéciale prévue par l'article L. 8253-1
du code du travail et la contribution forfaitaire prévue l'article L. 626-1 du code de
l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile ont été mises à la charge de la
SAS Eliez en qualité d'employeur de M. B... et de M. C.... Ces derniers ont été
découverts, à l'occasion du contrôle effectué par les services de police sur le chantier
de réfection de la sous-préfecture d'Argenteuil, en action de travail sur la partie du
chantier dévolue à la SAS Eliez dans le cadre d'un marché public. La société
requérante soutient toutefois que ces deux travailleurs étaient des salariés de la
société BCI avec laquelle elle avait conclu un contrat de sous-traitance, et qu'elle
ignorait que cette entreprise employait des étrangers non autorisés à travailler en
France. Si l'OFII fait valoir en défense que le contrat de sous-traitance que la société
produit n'est pas signé par la société BCI, que le maître d'ouvrage n'a pas eu
connaissance de cette sous-traitance et que, lors de son audition par les services de
police, M. E..., directeur des marchés de la société Eliez, n'a pas été en mesure de
préciser l'identité du gérant de la société BCI, il n'en demeure pas moins qu'il ne
résulte pas de l'instruction, notamment des procès-verbaux, que M. B... et de M. C...
aient été employés par la société Eliez alors qu'au contraire les suites pénales
données aux infractions relevées lors du contrôle du 7 octobre 2014 ont eu pour
fondement sa qualité de donneur d'ordre de la société BCI, elle-même poursuivie en
qualité d'employeur de MM. B... et C.... Dans ces conditions, la société Eliez est
fondée à soutenir que le directeur général de l'OFII ne pouvait légalement mettre à
sa charge, en tant qu'employeur des deux travailleurs concernés, sur le fondement
des dispositions précitées des articles L. 8253-1 du code du travail et L. 626-1 du
code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, les contributions en
litige.
6. Les manquements relevés par l'OFII aux obligations qui incombaient à la SAS
Eliez en sa qualité de donneur d'ordre, s'ils étaient susceptibles de permettre à
l'office de rechercher cette société en paiement des contributions au titre de la
solidarité prévue par les dispositions de l'article L. 8254-2 du code du travail, ne
peuvent en revanche légalement justifier que ces contributions soient mises à la
charge de la société requérante en qualité d'employeur des travailleurs étrangers
concernés.
7. Enfin, les éléments produits par l'OFII relatifs à une autre procédure d'infraction,
sont sans incidence sur la légalité des décisions en litige dans la présente instance.
8. Il résulte de ce qui précède, et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens
de la requête, que la SAS Eliez est fondée à soutenir que c'est à tort que, par le
jugement attaqué, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a rejeté sa demande en
tant qu'elle tendait à l'annulation des décisions du directeur général de l'OFFI en date
des 5 septembre et 28 octobre 2016 et des titres de perception émis le 12 octobre
2016.

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