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Propriété intellectuelle

1. Introduction 5
1.1 Rappel de la finalité des droits de Propriété intellectuelle (PI) 5
1.2 Rappel des différents droits de PI 6
1.2.1 Propriété littéraire et artistique - Droit d’auteur 6
1.2.2 Droit des marques 7
1.2.3 Droit du design 7
1.2.4 Droit des brevets 7
1.3 Cumul des titres de protection 8
1.3.1 Double protection LDA-LDEs 8
1.3.2 Double protection LPM-LDEs 8
1.4 Principes généraux de PI 9
1.4.1 Principe du numerus clausus des droits de PI 9
1.4.2 Relation LCD - PI 9
1.4.2.1 Exemples jurisprudentiels 10
1.4.2.1.1 Relation LCD – LPM 10
1.4.2.1.2 Relation LCD - LDA 11
1.4.2.2 Résumé des relations LCD – PI 11
1.4.3 Convention d’union de Paris 12
1.4.3.1 Principe du traitement national 12
1.4.3.2 Principe du traitement national VS principe de réciprocité 12
1.4.4 Droit et délais de priorité 13

2. Droit des marques 15


2.1 Cadre législatif et conventionnel : sources formelles 15
2.1.1 Les principaux textes nationaux 15
2.1.2 Les principaux textes internationaux 15
2.2 La notion de marque et ses fonctions 16
2.3 Indications de provenance - Provenance Suisse 16
2.3.1 Principes généraux 17
2.3.2 Provenance des produits - 48 LPM 17
2.3.2.1 Produits naturels - 48a LPM 18
2.3.2.2 Denrées alimentaires - 48b LPM 19
2.3.2.3 Autres produits, notamment industriels - 48c LPM 19
2.3.3 Provenance des services - 49 LPM 20
2.3.4 Registre des indications géographiques 20
2.3.4.1 Procédure d’enregistrement 20
2.3.4.2 LPAP : cas particulier des armoiries de la Confédération 20
2.3.5 Usage d’indications de provenance inexactes 21
2.4 Indications de provenance géographiques des produits agricoles et des produits agricoles transformés : Les
AOP/IGP 21
2.4.1 Sources formelles : les principaux textes nationaux 21
2.4.2 Principes généraux 22
2.4.2.1 Définition AOP 22
2.4.2.2 Définition IGP 22
2.4.2.3 Autres conditions/effets de la protection 23
2.4.3 Champs de la protection 23
2.4.3.1 Liberté d’imitation VS délimitation géographique 23
2.4.3.2 Nom générique non protégeable 24
2.4.3.2.1 Nom d’une variété végétale ou d’une race animale 25
2.4.3.2.2 Nom générique VS dénomination traditionnelle 25
2.4.3.3 Dénomination traditionnelle 26
2.4.4 Usage d’AOP/IGP inexactes 27
2.5 Les noms géographiques comme marque et la marque géographique 27
2.5.1 Les noms géographiques comme marque 27
2.5.1.1 Les signes appartenant au domaine public 27
2.5.1.2 Les signes propres à induire en erreur 28
2.5.1.3 Imposition d’un signe comme marque 29
Quiz : les noms géographiques comme marque 30
2.5.2 Les marques géographiques 31
2.5.2.1 Sources formelles : les principaux textes nationaux 31
2.5.2.2 Objectifs et avantages de la marque géographique 32
2.5.2.3 Les indications de provenance non-agricoles de l’Art. 50a LPM 32
2.5.2.4 Protection 32
2.6. Définition de la marque 33
2.6.1 Motifs absolus d'exclusion à l'enregistrement 34
2.6.1.1 Domaine public : signes libres 34
2.6.1.2 Domaine public : signes banals 35
Eléments de base du vocabulaire 35
Lettres ou chiffres simples 35
Noms géographiques 36
Banal VS Imposition par l’usage 36
La couleur 37
2.6.1.3 Domaine public : signes génériques ou descriptifs 38
2.6.1.4 Signes trompeurs 39
2.6.1.5 Signes contraires aux moeurs 40
Contraires du point de vue religieux, moral ou culturel 40
Contraires au droit en vigueur 41
2.6.2 Classification des différents types de marques en fonction 42
2.6.2.1 des biens auxquels la marque se réfère 42
2.6.2.2 de l'aspect de la marque (y compris les marques de forme et de position) 42
2.6.2.2.1 Figuratives 43
2.6.2.2.2 Verbales 43
2.6.2.2.3 Forme et position 44
A. Signes tridimensionnels au sens large 45
B. Signes tridimensionnels au sens strict 45
Questions topiques aux marques tridimensionnelles strictes : exemple des montres 52
Questions topiques aux marques tridimensionnelles : les marques de position 54
2.6.2.3 de son titulaire 55
2.6.2.3.1 Marques Individuelles 55
2.6.2.3.2 Marques de garantie & Marques collectives 55
2.6.2.3.2.1 Marque de garantie 56
Les marques collectives (Art. 22 LPM) 57
1
Marques de garantie & Marques collectives: Exemple pratique 58
Marques de garantie et marque collectives : point commun 58
2.6.2.4 de son champ de protection 58
2.6.2.4.1 Marque notoire 58
2.6.2.4.2 Marque de haute renommée 60
2.6.2.5 du type d'usage (marques défensives, de réserve et d'exportation) 61
2.6.2.5.1 Marque défensive 61
2.6.2.5.2 Marque de réserve 61
2.6.2.5.3 Marque d’exportation 61
2.6.3 Usage de la marque et radiation pour défaut d'usage (Art.35a LPM) 62
2.6.3.1 Usage de la marque 62
2.6.3.1 Conséquences du non-usage 63
2.6.4 Naissance du droit à la marque 64
2.6.4.1 L'enregistrement et les droits dérivés d'un usage antérieur (Art.14 LPM) 64
2.6.4.2 Les empêchements relatifs 64
2.7 Droits conférés par la marque 66
2.7.1 Droits absolus - article 13 LPM 66
2.7.2 Exceptions aux droits absolus 66
2.8. Transfert du droit à la marque 66
2.8.1 Transfert 66
2.8.2 Licence 67
2.8.3 Usufruit et droit de gage/exécution forcée 67

3. Droit du design 68
3.1. Les sources formelles 68
3.2. La notion de design 68
3.3. Les motifs d'exclusion de la protection 68
3.4. Les conditions de la protection 71
3.4.1 Nouveauté 73
3.4.2 Originalité 73
3.4.3 Divulgation non dommageable 73
3.5. Etendue de la protection 73
3.6. Droit au design 74
3.6.1 Naissance du droit sur un design 74
3.6.2 Durée de la protection 74
3.6.3 Priorité découlant du dépôt 74
3.6.4 Personne autorisée à effectuer un dépôt 75
3.7. Effets du droit sur le design 75
3.7.1 Droits absolus 75
3.7.2 Exceptions aux droits absolus 75
3.7.2.1 Droit de poursuivre l'utilisation 75
3.7.2.2 Droit d'utilisation parallèle 75
3.8. Transfert du droit, licence et exécution forcée 76

4. Droit des brevets 77


4.1. Les sources formelles 77
4.2. Notion d'invention 77
4.2.1 Définition de l'invention 77

2
4.2.2 Notion de brevet d'invention 79
4.3. Conditions de la protection 79
4.3.1 Nouveauté 80
4.3.2 Activité inventive 81
4.3.3 Reproductibilité 83
4.3.4 Exclusion de la brevetabilité 83
4.4. Etendue de la protection 84
4.4.1 Droit d'interdire à des tiers l'utilisation professionnelle du brevet 84
4.4.2 Exceptions aux effets du brevet 84
4.4.3 Privilège des agriculteurs 84
4.5. Droit à la délivrance du brevet 85
4.5.1 Titularité et transfert des droits 85
4.5.2 Droit dérivé d'un usage antérieur 85
4.5.3 Les inventions de travailleurs 85
4.6. Nullité du brevet 86
4.6.1 Causes de nullité 86
4.6.2 Qualité pour agir 87

5. Droit d'auteur 88
5.1. Les sources formelles 88
5.2. Notion d'œuvre 88
5.2.1 Définition de l'œuvre 88
5.2.2 Œuvres à finalité pratique 89
5.3. Conditions de la protection 90
5.4. Différentes catégories d'œuvres 90
5.4.1 Enumération de l'art. 2 LDA 90
5.4.2 Les logiciels 92
5.4.3 Les œuvres dérivées et les bases de données 92
5.4.3.1 Les recueils 92
5.4.3.2 les œuvres dérivées ou de seconde main 92
5.4.3.3 Les bases de données (catégorie recueil) 93
5.4.4 Les œuvres non protégées 93
5.5. L'auteur 93
5.5.1 Définition 93
5.5.2 Qualité de co-auteur 93
5.6. Les droits de l'auteur 94
5.6.1 Les droits moraux 94
5.6.2 Les droits patrimoniaux 94
5.7. La durée de la protection du droit d'auteur 94
5.8. Exceptions au droit d'auteur 95
5.8.1 Utilisation de l'œuvre à des fins privées 95
5.9. Transfert des droits d'auteur 96
6. Voies de droit et mise en œuvre des droits de propriété intellectuelle 97
6.1 Les Fors 97
6.2. Actions civiles 97
6.2.1 en constatation 97
6.2.2 en cession des droits 97
6.2.3 en exécution d'une prestation 97
6.2.4 en réparation (dommages et intérêts, tort moral, remise du gain) 97
3
6.2.5 en publication du jugement 97
6.3. Mesures provisionnelles 97
6.4. Tribunal fédéral des brevets 97
6.5. Dispositions pénales 97
6.6. Intervention de l'administration des douanes 97

1. Introduction
LDA : Loi sur le droit d’auteur
TF : Tribunal Fédéral. ATF : Arrêté du TF.
Distinction entre PI industrielle et PI littéraire et artistique au niveau de la naissance de la protection :
- PI industrielle : beaucoup de démarches et formalités administratives pour obtenir le titre de protection. Après
s’être fait délivrer un brevet, donc un titre de protection, on bénéficie de la présomption d’être propriétaire d’un
droit valable. Ce n’est qu’une présomption et est réfragable - le titre de protection ne suffit pas à constituer le
droit. Le droit n’existera que si dispositions légales sont remplies -> validation par les tribunaux.
- droit d’auteur : titre s'acquiert automatiquement.

1.1 Rappel de la finalité des droits de Propriété intellectuelle (PI)


Nature de l’objet
● Droit abstrait. Propriété intellectuelle est liée à des objets immatériels. Acrobatie juridique pour construire le droit
de la PI immatérielle, car il y a un numerus clausus des droits réels - lié aux objets matériels.
● Avec la venue du commerce transfrontalier (globalisation), il est devenu nécessaire de créer un droit portant sur les
échanges immatériels.
● Les conventions sont nées principalement par des lois internationales puis seulement après nationales. Ex PI :
Convention de l’Union de Paris 1883 et Berne 1886.

Définition
La PI n’est pas destinée à permettre la monopolisation d’idées, mais vise seulement l’octroi de droit exclusifs
d’exploitation limités dans le temps et dans l’espace, sur des modes particuliers de réalisation de celles-ci, artistiques ou
inventifs.
● modes particuliers de réalisation
○ pas une monopolisation d’idées, mais une monopolisation du droit d’usage pour un certain temps et lieu.
○ l’idée reste libre, c’est la manière de représenter l’idée qui est protégée. Deux auteurs peuvent avoir des
droits sur la même idée, mais c’est leur manière de la représenter/réaliser qui va différer.
○ élément moteur, qui permet de promouvoir l’innovation.
● Droit sujet à la temporalité. Après l’échéance de la durée de la protection, l’invention tombe dans le domaine
public et bénéficie à tous.
● Droit sujet à la territorialité, ce qui peut aboutir à une fragmentation des marchés qui n’est pas toujours à
l’avantage du commerce. Quand on obtient le droit d’une marque en Suisse, on ne peut pas la faire valoir en
France.

Différents droits de propriété intellectuelle


● Propriété industrielle :
○ droit des marques (LPM 1992) : donne l’indication de la provenance industrielle d’un bien ou d’un service.
Se distingue des noms de commerce, car celui-ci définit directement l’entreprise elle-même. La durée de
protection est de 10 ans mais est renouvelable indéfiniment. C’est le seul droit qui peut constituer un
monopole non limité dans le temps, car il n’interdit pas à un concurrent d’être sur le marché.
○ droit du design (LDes 2001) : 25 ans (5 tranches de 5 ans). Recherche esthétique.
○ droit des brevets d’invention (LBI 1954) : limité à 20 ans. Recherche de l’invention.
○ droit des topographies de produits semi-conducteurs (Lto 1992) : première protection automatique de 2
ans dès l’achèvement du produit semi-conducteur. Pour avoir une protection au-delà, il faut lancer une
procédure d’enregistrement pour avoir une protection de 10 ans. Comme l’industrie change rapidement,
on considère généralement que les 2 premières années suffisent.
○ droit des obtentions végétales : permet de protéger un ensemble végétal homogène et stable. Issu de
procédés naturels de production. Croisement de sélection naturelle de plantes.

4
○ domaine apparenté : savoir-faire. Secret d’affaires. Alternative aux brevets. Désavantage : on peut perdre
le secret et ainsi l’avantage commercial.
● Propriété littéraire et artistique
○ droit d’auteur et droits voisins du droit d’auteur (LDA 1992) : 70 ans post-mortem
● promotion de la concurrence
○ loi contre la concurrence déloyale (LCD 1986, mod. 1995)

1.2 Rappel des différents droits de PI

Topographies de produits semi-conducteurs (Lto)


Protège la structure tridimensionnelle des produits semi-conducteurs qui au moment de l’achèvement de leur
développement étaient nouveaux et non banals.
Protection hybride entre le droit d’auteur et le droit des brevets.

Les obtentions végétales


La protection des obtentions végétales est accordée à toutes les variétés qui sont nouvelles, distinctes, homogènes et
stables.
Est réputé variété tout cultivar, clone, lignée, souche et hybride, quelle que soit l’origine, artificielle ou naturelle, de la
variation initiale qui lui a donné naissance.
L’Art. 9 al.1 renvoie à l’Art. 332 CO et à la LF s/ Statut des fonctionnaires remplacée par la loi du 24 mars 2000 s/ le
personnel de la Confédération.
Ce qui est protégé sont les graines, les semences, etc.

Le savoir-faire
Regroupe tout tour de main ou connaissance qui n’est ni de notoriété publique, ni facilement accessible, qui procure à son
détenteur un avantage sur la concurrence et dont le maintien secret est nécessaire pour ce faire.
Souvent, les entreprises doivent faire un arbitrage entre déposer un brevet pour être protégé impliquant de dévoiler le
secret de leur réussite, ou ne pas déposer de brevet et tenter de garder le secret sans protection intellectuelle.

1.2.1 Propriété littéraire et artistique - Droit d’auteur


Art. 2 al. 1 LDA
« Par œuvre, quelles qu’en soient la valeur ou la destination, on entend toute création de l’esprit, littéraire ou artistique,
qui a un caractère individuel »
● Création de l’esprit = idée concrétisée en une certaine forme, pas l’idée elle-même
● pas de protection pour un style ou un courant artistique
5
● pas de protection de l’idée même ou des concepts intellectuels à l’origine de l’œuvre, mais seulement de leurs
modes d’expression (Art.9 ch.2 ADPIC).
○ exemple : l’idée de la bague interchangeable n’est pas protégeable, mais le design de la bague oui

Œuvres littéraires ou artistique, quelle qu’en soit la valeur ou la destination.


protection accordée tant:
● aux œuvres à finalité pratique, en «dépit» de leur but utilitaire;
● qu’aux esquisses, brouillons, avant-projets ou parties d’œuvres;
● qu’aux oeuvres qui se revendiquent comme telles.

... présentant un caractère individuel.


● Donné si nonobstant le but utilitaire de l’œuvre ou les contingences externes présidant à sa création, l’auteur a pu
opérer des choix personnels, même relativement peu originaux, dans sa réalisation.

Relation entre LDA et LDes [photo chaise]


TF, 12 juillet 2017, 4A_115/2017
Les œuvres des arts appliqués bénéficient de la protection du droit d’auteur, lorsqu’elles constituent des créations
intellectuelles présentant un caractère individuel (Art. 2 al.1 LDA).
La chaise de bar de Max Bill, par exemple, est protégée par le droit d’auteur.

1.2.2 Droit des marques


But du droit des marques - Art. 1 al.1 LPM:
protéger un signe destiné à individualiser les produits/services d’une entreprise par rapport aux autres objets/prestations
du même genre mis sur le marché par d’autres entreprises.
Définition de la marque – Art. 1 al. 2 LPM:
«Les mots, les lettres, les chiffres, les représentations graphiques, les formes en trois dimensions, seuls ou combinés entre
eux ou avec des couleurs, peuvent en particulier constituer des marques.»
Exclusion de la protection – Art. 2 et 3 LPM:
Ne peuvent pas être enregistrés les signes qui n’ont pas une force distinctive suffisante pour remplir leur rôle de marque,
ainsi que les signes trompeurs, contraires à l’ordre public, aux bonnes mœurs et au droit en vigueur.

L’usage permet de valider la marque. Dans le cas contraire, elle est sujette à nullité, ce qui permettrait à quelqu’un d’autre
de reprendre la marque.

1.2.3 Droit du design


Presse-ail (objet du quotidien) : protection de la recherche esthétique (droit du design) + protection de l’oeuvre artistique
(droit d’auteur).

La LDes a pour but de protéger la recherche esthétique donnée à un objet en vue d’en favoriser la commercialisation
industrielle.
« Le droit sur un design confère à son titulaire le droit d’interdire à des tiers d’utiliser le design à des fins industrielles. »
Art.9 al.1 Ldes

Conditions de la protection
● Nouveauté, même relative seulement si l’ignorance est objectivement justifiée (art. 2 al. 2 LDes);
● Originalité, qui est donnée si le design génère, de par ses éléments essentiels, une impression d’ensemble
différente de celle produite par les autres designs connus au moment du dépôt de la demande d’enregistrement
(art. 2 al. 3 LDes).

1.2.4 Droit des brevets


La LBI offre sa protection aux innovations techniques industrielles.

Conditions matérielles de la protection:


● existence d’une invention (≠ découverte);
● nouvelle;
6
● empreinte d’activité inventive;
● utilisable industriellement.

Invention : création par l’homme de quelque chose de nouveau (par combinaison) dans le domaine de la technique.
Pour ce qui est de l’examen d’une invention, on oublie la territorialité et on va voir dans le monde entier si elle n’a pas déjà
été déposée.
Pour avoir un brevet, il faut que l’invention soit reproductible et que l’auteur puisse décrire comment il en est venu à ce
résultat et pourquoi ce résultat est arrivé. Industrialisable = en suivant la marche à suivre, on va obtenir exactement le
même résultat que la première invention. Maîtrise par l’homme des forces de la nature doit être répétable. Un résultat
d’expérience n’est pas encore une invention.
Application partout différente de la loi : en Suisse, on ne doit pas démontrer que l’invention doit être industrialisable. Par
contre, si on a breveté quelque chose d’impossible à réaliser, des concurrents peuvent le prouver et faire annuler le droit
de protection.

1.3 Cumul des titres de protection


Les lois évoquées ont des finalités différentes. En résumé :
● LDes: protection de la recherche esthétique destinée à favoriser la commercialisation d’un produit;
● LDA: protection d’une création de l’esprit littéraire ou artistique ayant un caractère individuel;
● LPM: protection d’un signe distinctif des produits/services d’une entreprise;
● LBI: protection des caractéristiques techniques d’un produit ou d’un procédé nouveau et inventif;

Certaines peuvent créations demander plusieurs de ces finalités. Le cumul des titres de protection découle du Message
relatif à la LPM pour la LPM-LDes, admis par la jurisprudence pour la LDA-LDes;
● Nécessaire que la forme de l’objet remplisse à la fois les conditions de la protection de la LPM et de la LDes, ou de
la LDA et de la LDes;
● Indépendance des titres de protection sur le même objet.
● Vrai aussi lorsqu’un brevet entre en ligne de compte pour protéger les caractéristiques techniques de l’objet
considéré.
● Permet d’avoir une avance par rapport aux concurrents.

/!\ La protection a beau être cumulative, les dommages liés à ces protections ne sont pas cumulatives.

1.3.1 Double protection LDA-LDEs


Loi sur le Droit d’Auteur
Avantages LDA :
- durée de protection du droit d’auteur (70 ans post mortem)
- absence d’exigence de nouveauté objective en droit d’auteur
- absence de formalités nécessaires à l’obtention de la protection en droit d’auteur
- ouverture d’une protection internationale dans les Etats parties à la CBe (en vertu de l’exigence de réciprocité de
l’Art. 2 al. 7)
Désavantage LDA :
- mise en oeuvre difficile du droit d’auteur : il faut parfois apporter beaucoup de preuves pour se prévaloir de son
droit d’auteur sur une oeuvre.
Ex: milieu de la mode, avec la création de robes (droit du design) et la création du défilé (droit d’auteur - oeuvre artistique).
Autre exemple : certaines marques horlogères ont déposé et obtenu un droit de design, et après quelques années de
notoriété, elles ont pu faire prolonger leur droit de protection grâce au droit d’auteur : l’objet était devenu une preuve
d’apport créatif. Pour contrer les désavantages (preuves qu’on est l’auteur), il faudra garder les esquisses de la création etc.

1.3.2 Double protection LPM-LDEs


Loi sur la Protection des marques
Avantages LPM
● caractère illimité de la durée de protection pour la LPM (renouvellement de 10 ans en 10 ans)
○ Quand le droit sur le design arrive à échéance, on peut enchaîner avec le droit des marques.
● risque de confusion plus facilement donné en droit des marques avec la référence au souvenir à long terme de
l’acheteur
7
● protection de la LPM indépendante de la nouveauté des formes considérées
● suppression de la possibilité d’invoquer la tierce antériorité en droit des marques

Désavantage LPM
● usage nécessaire, contrairement à l’usage non nécessaire au maintien du droit pour les designs
○ Si on a pas encore prévu d’utiliser la forme, il vaut mieux différer l’enregistrement comme marque et
envisager plutôt l’enregistrement comme design au début vu qu’il n’est pas obligatoire d’en faire usage.
En résumé, il vaut mieux enregistrer d’abord comme design et ensuite comme marque, autant pour profiter au maximum
de la durée de protection que pour ne pas perdre sa protection à cause d’un non-usage.

1.4 Principes généraux de PI

1.4.1 Principe du numerus clausus des droits de PI


Le législateur a institué un nombre limité de droits absolus1 et exclusifs qui se rapportent aux créations :
- artistiques
- esthétiques
- techniques
- de signes distinctifs
- de produits ou de services en relation avec une entreprise (droit des marques) ou un lieu géographique (droit des
indications de provenance)
- d’entreprises, noms commerciaux, raisons de commerce et enseignes.
Le reste appartient au domaine public, du fonds commun de connaissances qui est librement exploitable dans le
commerce.

Le savoir-faire n’est donc pas protégeable. La distinction entre savoir-faire et invention : si le savoir-faire est empreinte à
une activité inventive, ça devient une invention/création. Si le savoir-faire ne relève pas d’inventivité, ça n’atteint pas le
niveau d’inventivité nécessaire pour accéder à la protection du droit des brevets.

1.4.2 Relation LCD - PI


La finalité de (le but poursuivi par) la LCD est différente de celles des lois de PI qui ne constituent pas des législations
spéciales par rapport à elle.
La LCD ne permet pas de déroger au principe du numerus clausus des droits de PI. Elle n’est pas là pour protéger un bien
immatériel, mais elle veut le respect des principes de la bonne foi.

1 Un droit absolu est un droit que la loi nous confère et qu’on peut faire valoir vis-à-vis de l’ensemble des intervenants sans avoir de
relation particulière avec eux. Droit qu’on peut opposer à tous les tiers.
En opposition à un droit subjectif, qui découle d’un contrat. Existe donc dès qu’il a une relation contractuelle entre deux ou plusieurs
parties. Peut être un droit de la protection du savoir-faire, qui est accordé et conclu à travers un contrat.
8
La clause générale (Art. 2 LCD) ne permet pas de protéger ce qui n’est pas ou plus protégé par un droit de PI, sauf si
l’imitation est le fruit d’un comportement contraire aux règles de la bonne foi dans les affaires.

Vu que les finalités de ces lois sont différentes, la LCD peut s’appliquer concurremment (cumulativement) aux droits de PI
ou indépendamment (à la place) d’eux en cas de copies systématiques et raffinées ou de comportement déloyal à un autre
titre.
● Art. 2 LCD, clause générale posant le principe de ce qui est déloyal.
● Art. 3 lit. b, lit. d et lit. e LCD, catalogue de comportements typiquement déloyaux.

1.4.2.1 Exemples jurisprudentiels


Relation LCD vs PI (LPM ou LDA)
§ TF, 20.11.2013, 6B_411/2013 «Duftbäumchen», c.3.4
§ ATF 129 II 353 / JT 2003 I 382, sic! 7/8 2003 p. 593-598, PULS;
§ TF, 13 février 2008, 4A_404/2007, ATF 134 III 166, sic! 6/2008, p. 462-467, Arzneimittel-Kompendium, RJPI N.1;
§ TF, 8 février 2008, 4A_467/2007 et 4A_469/2007, sic! 6/2008, p. 454-462, IWC/WMC, RJPI N.554;
§ TC VD, 14 janvier 2009, Ferrari II, RJPI N.557;
§ TF, 26 mai 2009, 4A_86/2009, ATF 135 III 446, sic! 11/2009, p. 793-802, Maltesers, RJPI N.558;
§ TF, 11 octobre 2012, 6B_156/2012, ATF 139 IV 17, sic! 3/20013, p. 148-151, Canal+II, RJPI N.771.
§ TF, 20 novembre 2013, 6B_411/2013, sic!3/2014, p.153-154, RJPI N.774
RJPI : recueil de jurisprudence de la propriété intellectuelle -> recueil neuchâtelois

1.4.2.1.1 Relation LCD – LPM


Arrêt de l’arbre magique
§ TF, 20.11.2013, 6B_411/2013 «Duftbäumchen», c.3.4 2
Arbre qu’on retrouve dans les voitures. La LCD peut sanctionner plus largement qu’en appliquant strictement les lois liées
au numerus clausus de la PI.
● contrairement aux autres lois de protection des signes distinctifs (marque, raison sociale et nom), le droit de la
concurrence ne concerne pas seulement le cas où deux signes sont susceptibles d’être confondus
● « Il se rapporte bien plus au cas où un certain comportement est de nature à induire le public en erreur par la
création d’un risque de confusion »
● « Il protège les intérêts de toutes les parties prenantes à la concurrence et va au-delà de la protection offerte par
les lois spéciales comme la LPM »

Puls (c.3.3) - Risque de confusion


§ ATF 129 II 353 / JT 2003 I 382, sic! 7/8 2003 p. 593-598, PULS;
Puls était une émission/magazine de santé TV. Elle s’est associée à une entreprise de média papier qui a publié un
magazine sur la santé sous la dénomination de Puls Tip. L’entreprise de média a publié le magazine avec l’autorisation de la
télévision avec laquelle elle avait conclu une licence.
Mais au moment des faits (conclusion du contrat), la télévision n’avait pas encore enregistré de marque : Puls n’existait
donc qu’à travers la dénomination Puls qui caractérisait l’émission consacrée à la santé.
Les relations se sont détériorées, la télévision a déposé la marque, il a été mis fin au contrat de licence, mais Puls media SA
a continué à utiliser Puls Tip comme titre de son magazine, puis a déposé d’autres marques utilisant “Puls”.
La télévision a finalement déposé plainte pour utilisation déloyale -> action en cessation de trouble et action réparatrice en
dommages-intérêts.

2 https://www.sic-online.ch
4. Droit des signes distinctifs
4.8 Autres questions de droit des signes distinctifs
LPM 61; LCD 3 I d. La LPM l’emporte sur la LCD en tant que lex specialis seulement dans la mesure où la protection est possible selon la
LPM et pour autant que l’état de fait litigieux ne relève pas exclusivement de la LCD (consid. 3.3).
LPM 61; LCD 3 I d. A la différence des autres régimes de protection des signes distinctifs (marque, raison sociale et nom), le droit de la
concurrence déloyale ne traite pas uniquement du risque de confusion entre deux signes. Il s’agit bien plutôt de déterminer si un
comportement donné est de nature à tromper le public en créant un risque de confusion. Le droit de la concurrence déloyale protège
les intérêts de tous les participants au marché et va au-delà de la protection conférée par les lois spéciales telles que la LPM (consid.
3.4)

9
● « La LCD a pour but de garantir une concurrence loyale qui ne soit pas faussée. Ce but ne peut pas être réduit à
néant par le droit des marques
=> même le titulaire d’une marque légalement obtenue ne peut l’employer de façon déloyale.»
● « agit de façon déloyale celui qui prend des mesures de nature à faire naître une confusion avec les marchandises,
les œuvres, les prestations et les affaires d’autrui (Art. 3lit.d LCD). Un danger de confusion existe lorsque la
similitude des signes distinctifs en cause suscite l’impression erronée qu’il s’agit de signes de la même famille, en
provenance de la même entreprise ou d’entreprises étroitement liées entre elles. »
● « Il est déloyal pour une partie à un partenariat de déposer après la fin de ce contrat le signe distinctif qu’employait
d’abord l’autre partie sans l’avoir déposé, suscitant par là le danger d’une confusion avec la partie qui l’utilisait
antérieurement».
La LCD prime donc sur la LPM, en déclarant illicite l’utilisation de la marque Puls Media SA au vu de son côté déloyal face à
la télévision, alors même qu’elle avait légalement obtenu la marque.
Le titulaire d’une marque protégée par la LPM peut s’en voir interdire l’usage si celui-ci est déloyal au sens de la LCD.

IWC/WMC - Risque de confusion


§ TF, 8 février 2008, 4A_467/2007 et 4A_469/2007, sic! 6/2008, p. 454-462, IWC/WMC, RJPI N.554;
● International Watch Co. Schaffhausen / WMC-Schaffhausen International Watch Group
● L’Art. 3 lit.d LCD interdit la création de tout risque de confusion tant direct qu’indirect;
○ confusion directe : on se trompe sur le coup en pensant que c’est le produit de la même entreprise
○ confusion indirecte : on se rend compte qu’on ne connaît pas le produit mais on l’associe à l’entreprise
● Plus les produits pour lesquels les signes litigieux utilisés sont proches, plus le risque de confusion est élevé.
● Même en l’absence de risque de confusion, l’Art. 3 lit.e LCD sanctionne le fait pour un tiers de présenter ses
produits ou prestations dans sa publicité de telle façon que l’image des produits/services originaux soit transférée
sur son offre propre ;
● L’exploitation de la réputation de marques de haute renommée au sens de l’Art. 15 LPM contrevient au principe de
la loyauté dans la concurrence;
● Le signe IWC est connu depuis longtemps en Suisse pour des montres de luxe;
● L’acronyme WMC est utilisé de manière à provoquer une association d’idées avec les produits de luxe et de haute
qualité d’IWC, alors que les produits WMC sont de qualité nettement moindre => violation de la LCD, même si pas
forcément violation de la LPM.

1.4.2.1.2 Relation LCD - LDA


Arzneimittel- Kompendium : reprise des résultats du travail d’un tiers
Kompendium est la bible des médicaments homologués en Suisse, qui nécessite beaucoup de temps à réaliser. Cette base
de données n’est pas protégée comme oeuvre personnelle car la classification alphabétique n’est pas originale (-> pas un
registre), il n’y a donc pas de droit d’auteur.
Selon numerus clausus, le registre tombe dans le domaine public. Mais si reprise/vol du travail réalisé, y a-t-il une
possibilité de protection ?
● Art. 5lit.c LCD : la DB est considérée comme le fruit d’un travail.
● Si les conditions de l’Art. 5lit.c LCD sont remplies, la reprise du résultat du travail d’autrui est déloyale. Elle peut
donc être interdite dans le cadre de la LCD, même si la création concernée (DB) n’est pas susceptible de protection
au sens du droit d’auteur.
● Néanmoins, la protection de l’Art. 5lit.c LCD n’entre en ligne de compte que pendant la période de temps limitée
nécessaire pour permettre à l’auteur d’une DB d’amortir les frais consentis pour sa réalisation . Dès que tel est le
cas, le travail en cause peut être repris sans violation de l’Art. 5lit.c LCD, même si le repreneur ne consent pas
d’investissements personnels importants pour le faire.
=> la DB tombe dans le domaine public, donc pas de protection par la LDA. mais pourrait être protégée par l’art. 5 LCD, La
LCD prime donc sur la LDA, sauf que c’est quand même en défaveur de Kompendium qui a déjà amorti les investissements,
et donc perdu la protection de l’Art. 5 LCD sur le travail réalisé.
Rappel du principe de l’indépendance de la LCD par rapport à la LDA.
Rappel du principe de la liberté de copie.

1.4.2.2 Résumé des relations LCD – PI


● La LPM ne constitue pas une loi spéciale par rapport à la LCD.
● Les règles de la LCD ne sont pas subsidiaires, mais possèdent leur propre champ d’application.
10
● Les conditions de protection spécifiques à chaque domaine doivent être examinées de manière autonome.
● L’application de la clause générale de l’Art. 2 LCD n’est pas nécessaire si le comportement incriminé tombe dans
le champ d’application des Art.3-8 LCD qui priment. (quand une utilisation est illico-déloyale au sens du catalogue
des art. 3-8 LCD, il n’y a pas besoin de se demander si en plus on tombe sous la clause générale de l’article 2, qui lui
dit ce qui est typiquement et généralement déloyal).
○ in casu: dès lors que la similarité entre deux produits repose uniquement sur des éléments ne bénéficiant
d’aucune force distinctive, il n’y a pas de risque de confusion.
○ Agit néanmoins de manière déloyale celui qui transfère sur son propre produit la renommée d’un produit
concurrent grâce à une association d’idées.
Maltesers/KitKat Pop Choc
Maltesers (Mars) commercialisait depuis longtemps lorsque KitKat Pop choc (Nestlé) est apparu. Maltesers a porté plainte
contre KitKat par rapport au packaging : il n’y avait rien à faire par rapport à la propriété intellectuelle de la marque, mais
on peut utiliser la LCD qui a une clause spéciale pour le conditionnement d’un produit. La LCD a donc eu raison :
l’emballage tient tout seul, de couleur rouge, avec une marque qui se lit en diagonale, avec des petites boules noires
volantes, avec une boule coupée en 2 où on voit le fourrage. Il y a une lumière portée depuis la gauche sur les boules,
donnant une impression de légèreté aux boules de chocolat.
- Mars a agit devant le tribunal d’Argovie pour faire interdire à Nestlé cette commercialisation de KitKat.
- Le juge des mesures provisionnelles a trouvé qu’il y avait effectivement risque de confusion (suffisamment de
parenté). L’obtention des mesures provisoires nécessite plus de 50% de risque de confusion. Une fois ces mesures
provisoires acquises, la commercialisation de KitKat est suspendue durant la procédure probatoire, jusqu’à décision
des juges spéciaux du TF.
- Mars actionne donc le TF pour valider les mesures provisoires et invoque à la fois :
- une violation des articles 3 lit d,e et Art. 2 LCD ont été appliquées
- les dispositions de la LPM, art. 3 lit c et art. 13 al 2 LPM.
- Finalement, le tribunal du commerce du canton d’Argovie n’a pas accepté les preuves de risque de confusion. Le
tribunal civil et commercial arrivent à la conclusion que du point de vue du droit des marques, une coexistence est
évidemment possible, et du point de vue de la LCD il n’y a pas de problème non plus (car pas de similarité
suffisamment forte ni de transfert d’image).

Le TF dit qu’il peut y avoir une volonté de bénéficier de la renommée d’un autre produit, donc une exploitation de la
renommée d’un autre produit par un transfert d’image. Il est d’autant plus facile de transférer la renommée d’un produit
quand le packaging est ressemblant. L’article 3 e LCD est plus facilement applicable que l’article 3 d LCD.
● Mais n’importe quel conditionnement ne suffit pas, il faut que le conditionnement soit utilisé d’une manière qui ne
suscite rien d’autre qu’un rapprochement avec le produit d’un tiers, et que ce soit objectivement de nature à
provoquer chez le destinataire une association d’idées avec le signes de ce tiers. Il faut que l’association d’idées
s’impose de manière objective
○ => ce qui n’est pas le cas ici
● La destination du produit impose en quelque sorte la représentation graphique : pour montrer que les boules sont
légères, on est presque obligé de les faire voler.
○ la représentation des boules légères est un concept, et on ne peut pas protéger un concept/idée.
○ => dans ce cas-là, le TF rejette donc l’accusation de la volonté de transfert d’image.

1.4.3 Convention d’union de Paris


1.4.3.1 Principe du traitement national
Assimilation des étrangers aux nationaux sur le plan de la Propriété industrielle => principe de non discrimination.
Convention de 1883 (Union de Paris) a posé des cadres pour promouvoir la PI sur le plan international. La prévisibilité du
droit est indispensable pour commercialiser un produit à l’étranger.
Le pendant de la convention de Paris en matière de PI est la convention de Berne (1886), qui se charge des droits
d’auteurs et droits voisins. Elle est complétée par une convention universelle et des traités de l’OMPI visant à assurer
l’application de la convention en lien avec internet.

Conditions
● Les bénéficiaires sont des ressortissants des pays membres de l’Union, y sont domiciliés ou bénéficient d’un
établissement commercial sérieux et effectif sur leur territoire.
● Art.2 et 3 CUP, Art.3 ADPIC

11
○ Le principe du traitement national, repris par l’ADPIC. Les conventions de base gérées et créées dans le
cadre de la PI (droit d’auteur ou industriel) ont ainsi pu être appliquées à des pays en dehors de l’Union.
● Exception au principe du traitement national en matière de procédure judiciaire et administrative (élection de
domicile et constitution de mandataire).
○ On ne va pas discriminer les étrangers -> assimilation aux étrangers et nationaux.
○ Si on veut déposer une marque en Suisse, on doit passer par une société chargée de propriété intellectuelle
qui s’occupera de nos demandes administratives.
○ Pour déposer sa marque sous la convention de Paris, il faut qu’il y ait un critère de rattachement avec un
des pays membres de l’Union de Paris. Critère de rattachement : nationalité, domicile, exploitation d’une
entreprise.
○ On passe généralement par un mandataire pour s’occuper de notre marque dans le pays où on dépose une
demande. Même si les traités ont facilité la demande de dépôt dans les pays, il faut quand même gérer
toute la communication administrative, d’où l’avantage d’avoir un mandataire.
1.4.3.2 Principe du traitement national VS principe de réciprocité
Protection accordée aux étrangers en fonction de celle offerte à nos nationaux dans les pays de ces étrangers.
Lorsqu’un ressortissant du pays A cherchait à obtenir un brevet dans un pays B, il aurait obtenu une durée de protection
plus petite (15 ans) que dans son pays d’origine (20 ans), alors dans l’autre sens le pays A appliquera une durée de
protection de la durée la plus petite aux ressortissants du pays B (15 ans), même si dans le pays A c’est plus long (20 ans).

Rappel du principe de la territorialité des droits/indépendance des titres de protection découle de l’ Art. 4bis CUP, pour les
brevets et de l’Art. 6 ch.3 CUP, pour les marques:
● Les droits obtenus dans un pays sur un bien immatériels sont indépendants de ceux obtenus dans un autre pays sur
le même bien.
○ implique que si on a les droits sur une marque en Suisse, on ne les as pas dans d’autres pays.
○ aboutit à un morcellement des marchés. On aura une protection que dans les pays où on en a fait une
demande d’enregistrement. Soit parce qu’on aura pas déposé des enregistrement dans plusieurs pays car
trop cher, ou pas des marchés intéressants.
○ L’enregistrement nous donne l’apparence d’un droit
● Ils sont opposables à tous ceux qui entreprennent des actes déployant un effet dans le pays de protection.
● Les conditions et la portée de la protection sont déterminées de façon autonome par les différents Etats.
○ Mentionné nulle part, mais on le déduit d’autres principes qui sont indiqués dans les conventions de
l’union de Paris.
○ Les autorités qui appliquent les droits de PI dans un pays ne regardent que les enregistrements antérieurs
dans le territoire. Néanmoins, les marques extérieures seront considérés comme des indices. On s’inspire
parfois des autres pays pour l’application de nos droits suisses.
○ Si des marques transitent en Suisse et qu’elles violent les droits d’une marque déposée en Suisse, elles
peuvent être poursuivies en justice.

1.4.4 Droit et délais de priorité


Art. 4 CUP
Modalisent les deux principes précités

1. Conditions :
● dépôt d’une demande d’enregistrement
12
● régulière
● auprès de l’administration compétente d’un des Etats membres de l’UP.

2. Bénéficiaires :
● ressortissants des Etats membres de l’UP

Si on dépose une demande d’enregistrement aujourd’hui pour une invention nouvelle, et en Allemagne la semaine
prochaine pour la même invention : si pendant cette semaine quelqu’un a publié l’invention, on pourrait obtenir un brevet
en Suisse mais pas en Allemagne, car l’invention aura déjà été divulguée. Pour éviter ces cas de figure, la CUP a introduit un
droit et des délais de priorité visant à faciliter les formalités d’obtentions en permettant aux états membres de l’UP d’être
protégés pendant une certaine durée pendant la phase d’obtention dans plusieurs Etats.
Ainsi, lorsqu’une demande a été déposée de manière régulière auprès de l’administration compétente d’un des Etats
membres de l’UP (CH: Institut fédéral de la PI), dans ce cas on est immunisé et on bénéficie d’un certain délai pour déposer
des demandes dans d’autres Etats. On va faire abstraction de tous les actes susceptibles de ruiner la protection de
l’invention.
● 6 mois : droit des designs et des marques
● 12 mois : droit des brevets et modèles d’utilité

L’institut fédéral de la PI sont nos représentants auprès de l’OMPI pour la Suisse.


L’Office Européen des Brevets est l’organisation qui délivre des brevets au niveau européen.
PCT organisation qui délivre des brevets au niveau mondial.
Loi fédérale du 24 mars 1995 sur le statut et les tâches de l’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle, RS 172.010.31

13
2. Droit des marques
Le droit à la marque a une fonction publicitaire/de marketing.
Une marque indique la provenance industrielle, et une indication de provenance indique la provenance géographique.
A la différence du droit des marques qui est fermé et exclusif (car confère des droits exclusifs), les indications de
provenance constituent un système ouvert et collectif : permet à une multitude d’utilisateurs de bénéficier d’une
protection sans avoir de démarches administratives à accomplir.

Définition de la marque
Loi fédérale sur la protection des marques et des indications de provenance (LPM), RS 232.11 :
Art. 1 « La marque est un signe propre à distinguer les produits ou les services d’une entreprise de
ceux d’autres entreprises. »
● La marque est un signe associé dans l’esprit humain à une ou plusieurs marchandise(s) déterminée(s) ou à un ou
plusieurs service(s) déterminé(s) en relation avec une entreprise déterminée.
● fonction d’individualisation de la marque.

Article 15 ADPIC :
“Tout signe, ou toute combinaison de signes, propre à distinguer les produits ou les services d'une entreprise de ceux
d'autres entreprises sera propre à constituer une marque de fabrique ou de commerce. De tels signes, en particulier les
mots, y compris les noms de personne, les lettres, les chiffres, les éléments figuratifs et les combinaisons de couleurs, ainsi
que toute combinaison de ces signes, seront susceptibles d'être enregistrés comme marques de fabrique ou de commerce.”

2.1 Cadre législatif et conventionnel : sources formelles

2.1.1 Les principaux textes nationaux


● Loi sur la protection des marques et des indications de provenance, LPM, 1992, RS 232.1
● Ordonnance sur la protection des marques et des indications de provenance (OPM) du 23 décembre 1992, RS
232.111
● Ordonnance du 2 septembre 2015 sur l’utilisation des indications de provenance suisses pour les denrées
alimentaires (OIPSD), RS 232.112.1
● Ordonnance du 2 septembre 2015 sur le registre des appellations d’origine et des indications géographiques pour
les produits non agricoles (Ordonnance sur les AOP et les IGP non agricoles), RS 232.112.2

2.1.2 Les principaux textes internationaux


● Arrangement (1891) et Protocole (1989) de Madrid concernant l’enregistrement international des marques
○ permettent de faciliter l’enregistrement dans plusieurs Etats. Enregistrement réglée de façon unique,
délivrant ensuite une marque internationale, transférée ensuite aux différents Etats qui ont 2 possibilités :
soit ils inscrivent la marque internationale dans leur BDD de marques nationales, soit si la marque heurte
ses moeurs, l’Etat peut refuser l’enregistrement et une procédure juridique s’ensuit ; la marque
internationale serait donc refusée dans le pays si les juges décrètent qu’elle heurte réellement les moeurs
du pays.
○ Pour devenir membre de l’arrangement de Madrid, il faut être membre de l’Union de Paris mais aussi de
l’OMPI.
● TLT (Trademark Law Treaty), Traité sur le droit des marques (ouvert aux Etats membres de l’OMPI, mais pas
nécessairement de l’Union de Paris).
○ Peuvent y adhérer des Etats qui ne sont pas membre de l’Union de Paris. Met ainsi à disposition
l’enregistrement des marques à encore plus de monde. L’anglais est la langue utilisée dans ce traité.
Uniformisation pour la durée de protection de la marque : 10 ans. Renouvellement automatique de la
marque sur simple demande (pas besoin de vérification d’exclusion).
● Directive (UE) 2015/2436 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2015 rapprochant la législation des
Etats membres sur les marques (JOUE du 23.12.2015 L 336/1).
● Règlement (UE) 2015/2424 du parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2015 sur «la marque
communautaire» (JOUE du 24.12.2015, L 341/21)

14
○ toute la communauté européenne peut profiter de ce règlement.
● Règlement (CE) N° 207/2009 du Conseil du 26 février 2009 sur la marque de l'Union européenne (version
codifiée),Ref JO [2009 JO L 78/1]
● Règlement (CE) N° 2868/95 de la Commission du 13 décembre 1995 portant modalités d'application du règlement
(CE) N° 40/94 du Conseil sur la marque communautaire, Ref JO [1995 JO L 303/1]

2.2 La notion de marque et ses fonctions


Les fonctions de la marque illustrent les différentes finalités de celle-ci -> fonctions :
● d’individualisation : la marque doit avoir une force distinctive suffisante.
○ le signe de la marque doit se distinguer suffisamment d’autres marques
○ le législateur a énuméré un certain nombre de situations dans lesquels la marque ne sera pas apte à
remplir sa fonction d’individualisation (banalité, noms génériques - mots du langage courant-, etc).
Garantie par l’introduction de motifs d’empêchement à l’enregistrement :
■ relatifs, Art. 3 LPM
● la marque est relativement unique
■ absolus, Art. 2 LPM
● la marque n’est ni un nom commun ni descriptive du produit/service
○ Salt ou Orange peuvent désigner un service de communication, mais ces noms ne
peuvent pas être utilisés pour enregistrer une marque de sel ou de fruit.
● imposition possible par l’usage, sous réserve du respect du besoin de libre disposition
● une imposition par l’usage n’est pas possible si le signe est trompeur

Exception : Arrêt Coca-Cola, ATF 112 II 73 / JT 1986 I 328 ss.


Les mots utilisés dans le nom Coca-Cola sont descriptifs des produits utilisés dans le produit commercialisé.
Elle ne pourrait donc pas être protégée comme une marque. Pourtant, c’est devenu un produit tellement
utilisé et célèbre qu’il y a évidemment une imposition par usage qui a permi de valider la marque malgré le
motif d’empêchement absolu. Cet arrêt a été rendu en 1986 quand il y a eu une demande
d’enregistrement pour Coca-Cola Classic et Coca-Cola Cherry en Suisse.
● publicitaire
○ Importance économique élevée pour les entreprises
○ Marketing, promotion publicitaire importante
○ Identification des produits/services, parfois au détriment de l’entreprise qui en est à l’origine :
SWATCH/SMH
■ Swatch appartenait à SMH. Jusque dans les années 80, on ne parlait que de la SMH. La Swatch a
été lancée dans les années 80, et était très à la mode. Elle a explosé sur les marchés dans les
années 86, tel que pour SMH ce n’était plus porteur : tout le monde connaissait Swatch mais plus
SMH. SMH s’est donc transformée en Swatch Group. L’entreprise a donc calqué son nom sur la
marque qui faisait sa force. Bien que la marque serve à identifier telle ou telle entreprise, parfois
c’est le contraire : c’est l’entreprise qui va être identifiée par la marque de son produit.
● identification de l’origine industrielle du produit/service
○ identification de telle ou telle entreprise
● de garantie
○ pas de sanction juridique, sauf pour les marques de garantie, Art 21 LPM

=> Finalités différentes de celles des indications de provenance !

2.3 Indications de provenance - Provenance Suisse


Indications de provenance - Définition du site ige.ch
Contrairement à la marque qui renvoie à la provenance commerciale, l’indication de provenance fait référence à la
provenance géographique. Elle indique dans quelle région un produit donné a été fabriqué ou transformé. On la trouve sur
les denrées alimentaires, les produits agricoles, les produits industriels et les services.
Une indication de provenance ne doit pas induire en erreur. Par exemple, un importateur suisse de pommes italiennes ne
peut pas indiquer que ses pommes proviennent de Suisse.
15
Les marques et les indications de provenance sont complémentaires. Un producteur de fraises du Seeland peut se
distinguer de ses concurrents (du Seeland également) par sa marque : les fraises « MÜLLER » du Seeland se distinguent des
fraises « TROILAC » du Seeland grâce à une marque verbale.

Indication de provenance « Suisse » - Définition du site ige.ch


La désignation « Suisse », utilisée seule ou avec d’autres mots, tels que « Made in Switzerland », « Recette suisse » ou «
Swiss quality », est une indication de provenance, c’est-à-dire une référence directe à la provenance géographique des
produits ou des services pour lesquels elle est utilisée (art. 47 de la loi sur la protection des marques, LPM). Les signes
figuratifs tels que la croix suisse, le Cervin ou encore Guillaume Tell sont également considérés comme des indications de
provenance suisses.
De manière générale, le producteur ou le fournisseur de service ne doit pas requérir une quelconque autorisation pour
faire usage de l’indication de provenance « Suisse ». Celle-ci peut ainsi être librement utilisée à condition qu’elle soit
exacte, c’est-à-dire que les produits ou les services en question soient effectivement de provenance suisse. L’entreprise qui
souhaite en faire usage est donc responsable de veiller à ce que ses produits ou ses services remplissent bel et bien les
critères de provenance suisse fixés dans la loi. Ce n’est qu’en cas de litige qu’il lui incombera de démontrer que les
exigences légales liées à la provenance ont été respectées.
Les critères de provenance suisse fixés dans la loi tiennent compte de la nature spécifique d’un produit. La LPM distingue
trois catégories de produits : les produits naturels, les denrées alimentaires et les produits industriels. Il existe une
catégorie supplémentaire pour les services.
---------------
Une marque indique la provenance industrielle, et une indication de provenance indique la provenance géographique. Les
indications de provenance sont une catégorie particulière des signes distinctifs, qui font ressortir sur le marché certains
produits ou services en lien avec l’origine géographique.
A la différence du droit des marques qui est fermé et exclusif (car confère des droits exclusifs), les indications de
provenance constituent un système ouvert et collectif : il n’y a pas de monopole sur l’indication, mais il faut satisfaire aux
conditions de la provenance pour pouvoir bénéficier de sa protection et de son gage de qualité. C’est un droit qui permet à
une multitude d’utilisateurs de bénéficier d’une protection sans avoir de démarches administratives à accomplir. Le
principal cardinal qui régit l’idp est l’interdiction de la tromperie. Idp nécessite un minimum de réflexion pour comprendre
d’où vient le produit.
Les soieries de Lyon (durant Napoléon) ont été une des premières indications de provenance pour protéger leur art.

2.3.1 Principes généraux


Provenance géographique
● Protection de toute référence directe (ex: Swiss Made) ou indirecte (ex: Tour Eiffel -> nécessaire de faire un certain
effort de réflexion pour voir le lien entre le signe et sa provenance) à la provenance géographique de produits ou
de services, y compris la référence à des propriétés ou à la qualité en rapport avec la provenance, Art. 47 al.1 LPM;
● Indications de provenance simples: référence à une aire géographique particulière, sans évocation de qualité.
● Indications de provenance qualifiées: caractéristiques ou qualités particulières attendues.
● le signe doit être compris par les milieux intéressés comme une référence à une zone géographique déterminée
(Art. 47 al.2 LPM)
● protection automatique, gratuite, sans procédure d’enregistrement et ouverte à tous ceux dont les
produits/services sont désignés par une indication de provenance exacte au sens des Art. 48ss et 49 LPM
● pour toutes les catégories de produits, bruts, manufacturés, naturels ou industriels et aussi pour les services

Usages interdits (Art. 47 al.3 LPM)


Sont interdits :
● L’usage d’indications de provenance inexactes, Al.3 lit.a ;
● L’usage de désignations susceptibles d’être confondues avec une indication de provenance inexacte, Al.3 lit.b;
● La création d’un risque de tromperie en utilisant un nom, une raison de commerce, une adresse ou une marque en
rapport avec des produits ou des service d’une autre provenance , Al.3 lit.c.
● Depuis le 1.1.2017, l’utilisation d’indications de provenance accompagnées d’expressions telles que «genre»,
«type», «style» ou «imitation» ne peut intervenir qu’en relation avec des indications de provenance satisfaisant
aux conditions de l’al.3 lit.a-c (Art 47 al.3bis LPM) qu’en relations avec des IP exactes!
16
2.3.2 Provenance des produits - 48 LPM
Déterminée par 2 critères alternatifs : le lieu de fabrication ou celui de la provenance des matières de base et des
composants utilisés, Art. 48 al.1 LPM.

Ces critères sont alternatifs et les solutions différentes selon que:


- produits naturels (Art. 48a)
- denrées alimentaires (Art. 48b)
- autres produits notamment industriels et techniques (Art. 48c)

Paquet Swissness, Art. 48, 48A-48C et 49 LPM


Le législateur a eu l’idée d’introduire une nouveauté: la notion de marque géographique. Elle se base sur une indication de
provenance basée sur ces critères. Une fois l’autorisation obtenue, l’indication de provenance est acceptée par tous les
membres des traités qui ont été signés par la Suisse (système de Madrid, etc).
- il n’est pas obligatoire d’enregistrer l’indication de provenance dans le registre pour bénéficier de la protection
lorsque notre marché est suisse. Mais il devient intéressant de le faire lorsqu’on élargit notre marché à
l’international, et qu’on veut être protégé dans le monde entier grâce aux accords (Madrid).
Texte adopté par le parlement le 21 juin 2013, entré en vigueur le 1er janvier 2017 (RS 232.111), cf. message FF 2009 7711;
L’ensemble des textes législatifs modifiés, les nouveaux textes législatifs, ainsi que l’explication des buts et du contenu de la
réforme sont accessibles sur le site de l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle : https://www.ige.ch/fr/droit-et-
politique/evolutions-nationales/indications-de-provenance/indications-de-provenance-suisses/swissness.html

Pour les 4 ordonnances d’exécution «Swissness», arrêtées par le CF le 2 septembre 2015 (cf: www.ipi.ch/swissness) :
● Ordonnance sur le registre des appellations d’origine et des indications géographiques pour les produits non
agricoles (O sur les AOP/IGP non agricoles)
● Ordonnance sur le registre des appellations d’origine et indications géographiques des produits agricoles et des
produits agricoles transformés
● Ordonnance sur l’utilisation des indications de provenance suisses pour les denrées alimentaires (OIPSD)
● Ordonnance du DEFR sur l’utilisation des indications de provenance suisses pour les denrées alimentaires (OISPD-
DEFR)
Mais aussi l’Ordonnance sur la protection des armoiries de la Suisse et des autres signes publics (OPAP).

Provenance des produits


En droit des marques, le critère déterminant est le consommateur potentiel.
Par contre en droit des indications de provenance, on parle des “milieux intéressés”, et non pas seulement les
consommateurs. Y sont compris les autres acteurs comme les fournisseurs, etc.

Art. 48 al.1 LPM : L’indication de provenance d’un produit est exacte si les exigences prévues aux Art. 48a – 48c LPM sont
remplies, selon la compréhension qu’en ont les milieux intéressés, ainsi que selon l’influence qu’elles exercent sur la
renommée du produit (Art. 48 al.3 LPM):
Globalement le projet exige:
● pour les produits industriels (et artisanaux) une quote-part suisse de 60% des coûts de revient, y compris les coûts
de R+D;
● pour les produits naturels transformés, un 80% au moins du poids des matières premières doit être suisse, et une
transformation substantielle doit intervenir en Suisse.
● pour les services, le siège de la personne qui les fournit se trouve en Suisse, et une administration effective de la
société existe dans notre pays. -> l’entreprise doit exercer une réelle activité en Suisse, et des décisions
importantes y sont prises.

Articles étudiés :
● Art. 48a LPM: produits naturels
● Art. 48b LPM: denrées alimentaires
● Art. 48c LPM: autres produits, notamment industriels
● Art. 49 LPM pour les services
2.3.2.1 Produits naturels - 48a LPM
La provenance des produits naturels est déterminée par leur lieu d’extraction, d’élevage, de détention, de pêche et de
cueillette ;
17
Un produit naturel est directement issu de la nature et n’a pas été transformé avant sa mise en circulation (Art. 52b al.1lit.b
OPM) exemples : pomme de terre, pomme, tomate, etc. mais pas la purée de pomme ni la sauce tomate.
Art. 48a LPM: «La provenance d’un produit naturel correspond:
a. au lieu de l’extraction, pour les produits minéraux;
b. au lieu de la récolte, pour les produits végétaux;
-> ex: salade, pommes
c. au lieu où les animaux ont passé la majeure partie de leur existence, pour la viande qui en est issue;
-> précision car différence entre été et hiver (alpages, pâturages, parfois à la frontière entre deux pays).
C’est généralement le lieu où se trouve l’étable.
-> ex: viande d’élevage. Différent du point e, qui est de la viande chassée.
d. au lieu de la détention des animaux, pour les autres produits qui en sont issus;
-> implique que le lait peut être tiré ailleurs qu’en CH, sans pour autant perdre la protection de
provenance.
-> ex: lait, oeufs, miel, etc.
e. au lieu de la chasse ou de la pêche, pour les produits qui en sont tirés;
-> ex: viande et poisson + autres.
f. au lieu de l’élevage, pour les poissons d’élevage.»
2.3.2.2 Denrées alimentaires - 48b LPM
La loi sur les denrées alimentaires concerne l’étiquetage etc, par contre la LPM prime quand il est question de provenance.

Art. 48b LPM


Constitue des denrées alimentaires l’ensemble des substances, transformées ou partiellement transformées, dont l’être
humain se nourrit, à l’exclusion des produits naturels (48b al.1)
● Art. 48b al.2 LPM: «La provenance d’une denrée alimentaire correspond au lieu d’où proviennent au moins 80 %
du poids des matières premières qui la composent.
Pour le lait et les produits laitiers, cette proportion s’élève à 100 % du poids du lait qui les composent.»
○ ne rentrent pas en compte les variations saisonnières (sont pris en compte dans le 20% de marge non-
suisse)
● Art. 48b al.5 LPM: « L’indication de provenance doit en outre correspondre au lieu de la transformation qui a
conféré à la denrée alimentaire ses caractéristiques essentielles».
○ Si la proportion minimale requise n’est pas atteinte, l’IP «Suisse» ne peut pas être utilisée.
2.3.2.3 Autres produits, notamment industriels - 48c LPM
La provenance des autres produits, notamment industriels (recouvre aussi l’artisanat) : Art. 48c LPM -> tous ceux qui ne
sont ni naturels, ni des denrées alimentaires.

Correspond au lieu où sont générés au moins 60 % de leur coût de revient (48c al.1)
Art. 48c al.2: «Sont pris en compte dans le calcul visé à l’al. 1:
a. les coûts de fabrication et d’assemblage;
les coûts de transport avant que le produit soit fini sont comptés dans ces coûts. Par contre, les coûts de
transport après la finalisation ne le sont plus.
b. les coûts de recherche et de développement3;
de l’idée au produit final. Clé de répartition = par produit. Les coûts généraux de R&D peuvent aussi être
répartis sur tous les produits de la société, et ainsi faire partie du calcul des 60%.
ajouté par Swissness -> complication horlogère imaginée en Suisse mais fabriquée à l’étranger sera
considérée comme suisse, car R&D sont compris dans le coût de revient et représentent au moins 60%.
c. les coûts liés à l’assurance de la qualité et à la certification prescrites par la loi ou réglementées de façon
homogène à l’échelle d’une branche».
Art. 48c al.2: «Ne sont pas pris en compte dans le calcul visé à l’al. 1:
- marketing, emballage, frais de transport post-production, coûts des produits introuvables en CH.

Art. 48c al.4: «L’indication de provenance doit en outre correspondre au lieu où s’est déroulée l’activité qui a conféré au
produit ses caractéristiques essentielles. Dans tous les cas, une étape significative de la fabrication du produit doit y avoir
été effectuée.»

3 Avant la révision Swissness, ces coûts étaient aussi inclus dans le calcul, mais il n’y avait pas de loi sur laquelle se reposer. Seulement
de la jurisprudence.
18
Le critère des coûts se rapporte aux seules dépenses effectivement encourues pour réaliser l’objet concerné.

Il y a donc 2 critères cumulatifs :


- 60% du coût de revient
- et au moins une activité qui leur confère leur caractéristique essentielle
doivent être suisses pour bénéficier de la protection de provenance pour les autres produits.

2.3.3 Provenance des services - 49 LPM


Art. 49 LPM
Moins de liens avec un territoire que pour les produits -> dans le cas des services, il n’y a pas de distinction entre IP simple
et IP qualifiée (Art. 47 al. 4). Un service peut être appelé Genève même s’il est fait à Zürich, tant qu’on est en Suisse c’est
OK.
● pour les services, une IP « Suisse » est exacte si le siège de la personne (physique ou morale) qui les fournit se
trouve en Suisse, et si la société dispose d’un réel site administratif dans notre pays (Art. 49al.1 LPM).
● Un réel site administratif est le lieu où sont exercées les activités déterminantes permettant d’atteindre le but
commercial, et où sont prises les décisions importantes concernant les services proposés (Art. 52o OPM) ->
présomption réfraguable.
● Une indication de provenance étrangère est exacte si les exigences de la législation de son pays d’origine sont
remplies et pour autant que les consommateurs suisses ne risquent pas d’être trompés (Art. 49 al.4 LPM).

2.3.4 Registre des indications géographiques


Cours 3.1.2 - 15min
Art. 50a LPM
● Pour les produits industriels (montres, machines), artisanaux (non alimentaires, ex textile et céramique) et
certains produits naturels non transformés (ceux produits par extraction, ex minéraux, sel, eau minérale) il y a une
possibilité d’inscription dans le registre des indications géographiques
○ dès qu’on est dans les produits transformés, on tombe dans le volet agricole (dispositions de l’Art. 16 de la
loi sur l’agriculture et l’ordonnance sur les AOP/IGP transformés).
● Protection consacrée par un titre de protection, qui peut servir de base à l’enregistrement d’une marque
géographique;
● L’inscription au registre protège de la dégénérescence (Art. 50a al.4 LPM);
○ une fois que le nom est enregistré, il est immunisé contre le risque de passer dans le langage commun
○ ex: pain de seigle valaisan, on s’est demandé si c’était devenu un nom générique ou pas.
● Le registre des AOP/IGP non agricoles est tenu par l’IPI;
○ pour les produits non agricoles, c’est l’Office Fédéral de l’Agriculture
● La procédure d’enregistrement est réglée par l’Ordonnance du 2 septembre 2015 sur le registre des AOP/IGP non
agricoles, (RS.232.112.2).
2.3.4.1 Procédure d’enregistrement
La demande d’enregistrement doit émaner d’un groupement de producteurs représentatif (Art.4 al.2 et 3 Ordonnance sur
les AOP/IGP non agricoles); ex: broderie de St-Gall.
La demande d’enregistrement doit comporter un cahier des charges qui définit les caractéristiques essentielles du produit
fini, ainsi que l’aire géographique ciblée (Art.5 et 6 Ordonnance sur les AOP/IGP non agricoles);
● La procédure d’enregistrement est soumise à la PA -> recours devant le TAF contre les décisions de l’IPI;
● La publication de l’enregistrement -> délai d’opposition de 3 mois (Art.9 al.2 Ordonnance sur les AOP/IGP non
agricoles);
● La durée de l’enregistrement est illimitée (Art.12 Ordonnance sur les AOP/IGP non agricoles), sauf radiation (Art. 13
Ordonnance sur les AOP/IGP non agricoles).
=> Il faut donc se référer à l’Ordonnance et au cahier des charges pour savoir si on répond aux exigences des la provenance
afin que son produit non agricole soit protégé.
2.3.4.2 LPAP : cas particulier des armoiries de la Confédération
Révision de la LPAP (Loi sur la protection des armoiries de la Suisse et des autres signes publics), en même
temps que le paquet «Swissness».

19
● utilisation possible de la croix fédérale Suisse pour l’apposer sur des produits (Art.10 LPAP), pour autant qu’elle ne
soit pas trompeuse, parce qu’elle ferait croire à des rapports en fait inexistants avec la Confédération.
● usage des armoiries de la Confédération exclusivement réservée à l’Etat (Art.8 al.2 LPAP), sauf cas
exceptionnel de l’Art. 8al.4 LPAP
● aucune licence ne peut être accordée sur les armoiries de la Confédération et les signes pouvant
être confondus avec elles (Art.8 al.3 LPAP).

Utilisation de désignations officielles : Art.6 et 9 LPAP


Arrêt «Swiss Military» du TAF, 22 janvier 2018, B-850/2016, sic! 6/2018, p.313-319 sous le nouveau droit
Swissness :
● Le signe «Swiss Military» doit être qualifié de désignation officielle au sens de l’Art.6 LPAP ou est susceptible d’être
confondu avec une telle désignation.
● Son utilisation par toute autre personne que la collectivité concernée doit être interdite (Art. 6 + 9 al.1 LPAP);
● qu’il en résulte ou non un risque de confusion.
L’entreprise privée s’était opposée à l’enregistrement de la marque “Swiss Military” de la Confédération. Comme
l’entreprise privée n’aurait pas pu recevoir la protection si elle avait commencé à l’utiliser après la révision Swissness, on
accorde qu’elle soit protégée (car devenue une marque établie), mais son champ de protection a été jugé comme restreint.
Il n’a donc pas été accepté que l’entreprise privée puisse s’opposer à la Confédération, et le TAF a donc admis que les 2
marques co-existent, qu’il en résulte ou non un risque de confusion.

2.3.5 Usage d’indications de provenance inexactes


Art. 64 LPM
Sanctions, Art. 64 LPM:
● Infractions intentionnelles
● Poursuivies d’office (depuis la révision Swissness, auparavant les violations étaient poursuivies seulement sur
plainte -> permet de poursuivre la procédure quand le plaignant en perd l’intérêt)
● Peine privative de liberté d’un an au plus ou peine pécuniaire.
● En cas de métier: peine privative de liberté de 5 ans au plus ou peine pécuniaire, mais si peine privative de liberté
en plus peine pécuniaire (Art.64 al.2 LPM)
● Une IGP qui satisfait aux conditions actuelles de l’Art. 16 LAgr. peut aussi constituer une indication de provenance
suisse au sens des Art. 48a-48c LPM.
● son cahier des charges est déterminant pour son enregistrement et sa protection comme IGP, mais n’est pas
forcément conforme aux exigences des Art. 48a-48c LPM
● Art. 48d LPM: exceptions pour les IGP déjà enregistrées au moment entrée en vigueur Art. 48a-48c LPM. Exception
aux art. 48.a-48c LPM pour les IGP délà enregistrées au moment entrée en vigueur du paquet swissness (art. 48d
lit.a), ou lorsque le producteur démontre que l’indication de provenance utilisée correspond à la compréhension
des milieux intéressés.
○ ex: viande séchée des Grisons était enregistrée avant la révision Swissness. En réalité, la viande de boeuf
utilisée provient de l’étranger, mais comme le procédé de production et la recette sont suisses, la viande
séchée des Grisons est conforme à la protection comme IGP.

2.4 Indications de provenance géographiques des produits agricoles et des produits


agricoles transformés : Les AOP/IGP
Procédure menée sous l’égide de l’Office Fédéral de l’Agriculture.
Indications géographiques et appellations d’origine - Définition du site ige.ch
Les indications géographiques sont des indications de provenance qualifiées pour lesquelles il existe un lien direct entre
une certaine qualité, la renommée ou une autre qualité du produit et sa provenance géographique particulière. Les
appellations d’origine sont des indications géographiques pour lesquelles ce lien est particulièrement étroit. Il peut par
exemple s’agir de spécialités traditionnelles dont tous les processus de fabrication, de la production des matières premières
à l'élaboration en passant par la transformation doivent avoir lieu dans l’aire géographique en question (p. ex. Emmental).

Les produits et services munis d’une indication géographique protégée (IGP) sont produits, transformés ou élaborés au lieu
de provenance (p. ex. viande des Grisons). Les indications géographiques protégées (IGP) et les appellations d’origine
20
protégées (AOP) sont des labels de qualité protégés par la loi suisse. Les produits et services non agricoles peuvent être
enregistrés auprès de l’IPI, les produits agricoles auprès de l’Office fédéral de l’agriculture. Une fois enregistrées, ces
indications peuvent être utilisées exclusivement pour les produits qui satisfont aux prescriptions de provenance, de
fabrication et de qualité inscrites dans le cahier des charges.
Les critères déterminant la provenance des produits et services sont définis dans la loi sur la protection des marques (LPM).

2.4.1 Sources formelles : les principaux textes nationaux


● Loi fédérale sur l’agriculture (LAgr.) du 29 avril 1998, RS 910, Art.16ss.
● Ordonnance du 28 mai 1997 concernant la protection des appellations d’origine et des indications géographiques
des produits agricoles, des produits agricoles transformés, des produits sylvicoles et des produits sylvicoles
transformés (Ordonnance sur les AOP et les IGP), RS 910.12
● Pour le vin: Ordonnance du DEFR du 11 juin 1999 sur les exigences minimales relatives au contrôle des appellations
d’origine et des indications géographiques protégées (Ordonnance sur le contrôle des AOP et des IGP), RS 910.124.
AOC -> pour le vin
● Ordonnance du 14 novembre 2007 sur le vin, RS 916.140
Ce qui fait la différence dans les produits sur la carte, c’est leur transformation, qui sera
décrite dans le cahier des charges.
Aujourd’hui, la carte ne s’enrichit plus beaucoup.

● Indications de provenance d’un type particulier


○ Pour des produits agricoles et agricoles transformés, y compris les
denrées alimentaires issues de tels produits (Art. 1 al.2bis OAOP/IGP), ainsi que pour des produits
sylvicoles ou sylvicoles transformés (Art. 1a OAOP/IGP);
● Pour les vins (raisin et moûts), ordonnance sur le vin du 14 nov. 2007;
● Soumises à un cahier des charges (Art. 7 OAOP/IGP); qui définit quelles sont les caractéristiques particulières que
les produits présentent:
○ Nom du produit, délimitation de l’aire géographique, description du produit4 (Le groupement qui demande
l'enregistrement doit donner des indications sur les matières premières du produit), pour les produit
sylvicoles: il faut décrire l’essence forestière. ensuite il y a encore la méthode de production du produit.
Possiblement: étiquetage du produit, forme du produit, éléments relatifs au conditionnement du produit
(emballage)
● Faisant l’objet d’une procédure d’enregistrement comportant une procédure d’opposition (Art. 10ss. OAOP/IGP);
○ si on veut obtenir une AOP ou une IGP, on a pas le choix de demander l'enregistrement : on est obligés,
c’est une condition obligatoire de la protection. Contrairement aux indications de provenance où c’est
juste une possibilité pour ensuite avoir la protection internationale.
● Qualité donnée pour déposer une demande d’enregistrement aux seuls groupement de producteurs représentatif
d’un produit (Art. 5 al.1 OAOP/IGP);
○ explicité par les al.1 bis pour produit agricole et inter pour les produits sylvicoles. Ce groupement doit réunir
des producteurs, des transformateurs et des élaborateurs (affinent le produit) et réunisse au moins 60% des
prod, transf, élab. pour une AOP. Si c’est une IGP, on demandera 60% pour les étapes concernées.
● Registre des AOP/IGP tenu par l’OFAG.

2.4.2 Principes généraux


2.4.2.1 Définition AOP
Sont des AOP au sens de l’Art. 2 OAOP/IGP, les noms d’une région, d’un lieu, exceptionnellement d’un pays ou les
dénominations traditionnelles qui: il faut que toutes les étapes interviennent dans l’aire géographique en question. Il faut
que le lien au terroir soit essentiel au produit (humains et région)
- servent à désigner un produit agricole ou sylvicole transformé
- originaire de cette région, de ce lieu ou de ce pays.
- si c’est le pays, on applique les articles 48 etc de la LPM

4 matières premières, principales caractéristiques physiques, chimiques, microbiologiques et organoleptiques (goût et odorat)
21
- dont la qualité ou les caractéristiques essentielles sont dus essentiellement ou exclusivement
- au milieu géographique comprenant les facteurs naturels et humains
- et qui est: (additionnel - et)
+ produit
+ transformé
+ élaboré
dans l’aire géographique concernée

2.4.2.2 Définition IGP


Plus facile à obtenir qu’une AOP, le lien au terroir est moins fort avec une IGP car seul une des étapes doit être en suisse
Sont des IGP au sens de l’Art. 3 OAOP/IGP, les noms d’une région, d’un lieu, exceptionnellement d’un pays ou les
dénominations traditionnelles5 qui:
- servent à désigner un produit agricole ou sylvicole, le cas échéant transformé
- originaire de cette région, de ce lieu ou de ce pays
- dont une qualité déterminée, la réputation ou une autre caractéristique
- Peut être attribuée à cette origine géographique
- et qui est: (ou)
ou produit
ou transformé
ou élaboré
dans l’aire géographique concernée

2.4.2.3 Autres conditions/effets de la protection


● Les noms génériques ne peuvent pas être enregistrés comme AOP/IGP (Art. 16 al.3 LAgr. et Art. 4 al.1 OAOP/IGP);
○ mots du langage commun, principe de disponibilité, comme dans le droit des marques.
○ On fait ça au moyen de sondages d’opinion, est-ce qu’on peut confondre?
● La protection est d’une durée illimitée, mais les dénominations protégées qui ne sont plus utilisées sont exposées,
sur demande, à une radiation par l’OFAG (Art. 15 OAOP/IGP);
● Les dénominations enregistrées ne peuvent être utilisées comme noms génériques (Art. 16 al.3 LAgr.) non
dégénérescence; Pas de risque de devenir un nom commun.
● Contrôle de la conformité au cahier des charges (Art. 18 et 19 OAOP/IGP); Respect du cahier des charges, ce
contrôle est confié à un organisme de certification désigné dans le cahier des charges.
● Utilisation ouverte à tous les producteurs/transformateurs satisfaisant au cahier des charges (Art.1 al.2 OAOP/IGP).

2.4.3 Champs de la protection


Art.17 OAOP/IGP
● Al.1: Protection offerte contre l’utilisation commerciale de
○ tout produit comparable non conforme au cahier des charges,
○ tout produit non comparable si l’utilisation faite de la dénomination protégée en exploite la réputation
(Art. 17 al.1 AOAP/IGP) -> similaire au transfert de bonne réputation dans la LCD (Art. 3e).
● Al.2: interdiction d’utiliser des dénominations imitées ou évoquées (lit.a) ou accompagnées de formules
«délocalisantes» (ex: type, genre, etc.) (lit.b)
● Al.3: protection des indications figurant sur le conditionnement ou l’emballage du produit ou la publicité s’y
rapportant (lit.a) ; ainsi qu’interdiction d’utiliser un emballage ou un récipient de nature à créer une impression
erronée sur l’origine du produit (lit.b).

2.4.3.1 Liberté d’imitation VS délimitation géographique


Vacherin mont-d’or contre Försterkäse

5 La dénomination traditionnelle est ni le nom d’un lieu, région, pays, mais qui fait référence quand même directement à
un lieu. Ca désigne indirectement un lieu géographique. Sans évoquer un lieu précis, on peut reconnaître l’origine. ex:
Damassine (Jura/Landeron), fée verte (mais ne marche pas dans tout le territoire suisse, car si on l’évoque à Zürich, les gens
ne vont pas penser à une région en particulier).
22
Arrêt: TF, 29 oct. 2010, 2C_852/2009, sic! 3/2011, p.176-180, RJPI N.574: Vacherin Mont-d’Or / Försterkäse III
La sangle autour du fromage est-elle caractéristique du mont-d’or? Il ne faut pas oublier que le principe de base est celui de
la liberté d’imitation. La loi sur l’agriculture ne veut pas donner de monopoles sur certains produit. Le tribunal fédéral
considère que la simple sangle de bois/épicéa n’est pas spécifique au vacherin, la forme ronde et la boite non plus, par
conséquent il n’y a pas de moyen pour les bénéficiaire de l’AOP de Mont-d’Or de s’opposer à ce que l’autre fromage
(Försterkäse) utilise la sangle. Aucun risque de confusion.
Le TAF se base sur plusieurs points :
● La liberté d’imitation prévaut en Suisse;
● La Loi Agricole ne vise pas à accorder des monopoles sur certains produits.
● Seules les AOP/IGP sont protégées contre les usurpations, contrefaçons ou imitations, pas les produits en tant que
tels.
● Les critères fixés par le cahier des charges ne constituent pas une inégalité de traitement violant la liberté
économique (cf. Arrêt Gruyère).
Arrêt Gruyère...:
TF, 5.10.2015, 2C_1004/2014, RJPI N.960 Col du Jaun/Abländschen/Gruyère.
Le tribunal fédéral se demande si la fixation des critères du cahier des charges n’est pas susceptible de constituer une
inégalité de traitement violant le principe de la liberté économique garantie par la Constitution.
L’aire géographique pour faire du gruyère n’englobe pas les pâturages du Col du Jaun. Le cahier des charges de Gruyère a
été fixé en se référant à des conditions objectives qui justifie que certains pâturages de ce col de Jaun n’aurait pas accès à
l’appellation d’origine.
Une des caractéristiques du Gruyère est que les vaches mangent du foin qui n’a pas été mis en silo (ce qui change le goût du
lait). Les vaches du col du Jaun ont commencé à manger du foin hors des silo seulement 19 ans auparavant, ce qui ne
constitue pas une durée suffisamment longue pour considérer la pratique comme traditionnelle. Ainsi, cette discrimination
faite au col du Jaun est fondée sur des motifs objectifs.

-> Le but des AOP/IGP est de mettre en avant les spécificités géographiques/du terroir, c’est pour ça que les aires
géographiques sont délimitées (demandée dans le cahier des charges de la procédure d’enregistrement des marques
géographiques). Il en devient donc quasiment impossible pour une autre région d’intégrer le champ de protection de la
marque.
Exemples de délimitations faites dans les demandes d’enregistrement :
● William du valais (AOC) : première demande d’enregistrement d’une AOC
○ Pas de phase d’élaboration, donc groupement de producteurs et transformateurs seulement
○ facteurs géographiques (typicité du lien au terroir) : températures jour/nuit, chaleur, etc.
○ Canton du Valais
● Etivaz (AOC) : deuxième demande d’enregistrement d’une AOC
○ Production et transformation : Château-d’Oex, Rougemont, Rossinière, Ollon, Villeneuve, Ormont-Dessus,
Ormont-Dessous, Corbeyrier, Leysin, Bex
○ Affinage : Pays-d’Enhaut

Ordonnance sur les vins du 14 novembre 2007 RS 916.140


➔ TF, 2 février 2009, 2C_506/2008, ATF 135 II 243, sic! 6/2009 p.423-430, RJPI N.565
➔ TF, 5 avril 2011, 2C_649/2010, sic! 6/2009, p.423-430, RJPI N.566
Ces 2 arrêts discutent de la justification d’une extension du règlement genevois sur les vins concernant l'application de l’AOC
(Appellation d’origine contrôlée) Genève également à des vins qui auraient un raisin issu de france voisine. (art 1 al.3 sur
l’OAOP/IGP) (art 63 et suivant de la loi sur l’agriculture) et ordonnance sur les vins.
L’enjeu est cantonal, et c’est le canton qui a la responsabilité de vérifier et donner des exigences concernant le vin. Genève
avait revu son règlement sur les vins et décidé que les vins produits à base de raisin vendengé (poussé) en France voisine
pourraient aussi bénéficier de l’AOC Genève. L’association des vignerons et propriétaires encaveurs genevois ont attaqué le
règlement cantonal. En disant qu’il est contraire à la loi fédérale et contraire aux engagements internationaux de la suisse
concernant les échanges de produits agricoles entre pays. AOC -> à l’intérieur des limites du territoire.
Le tribunal fédéral a donc rendu 2 arrêts: ils ont dit que l’association des encaveurs avait un droit à la protection et donc
que la protection de cette désignation (fondé sur la LAgr) ne pouvait valoir que pour des vins dont la totalité des raisins
proviendraient du sol genevois. L’extension d’une appellation hors des frontières nationales est incompatible avec le
système des AOC pour des raisons :
● juridiques :
23
○ des engagements internationaux
○ du système même des AOC qui veut que le lien au terroir soit très étroit
● pratiques :
○ du système de contrôle de la vendange qui devait garantir que le cahier des charges était satisfait (difficile
à faire en France voisine).
○ du risque de tromperie du consommateur

Rappels et Récapitulatif: Provenance géographique: comprise au sens large du terme: lien au terroir et lien au savoir faire
régional qui accompagne le lien au terroir qui est le lien avec la qualité pure.

2.4.3.2 Nom générique non protégeable


Art. 4 OAOP/IGP
Un nom générique n’est pas enregistrable comme AOC ou comme IGP ; est un nom générique la dénomination d’un
produit qui se rapporte bien au lieu où le produit a été élaboré ou commercialisé initialement, mais qui est devenue un
nom commun pour ce produit; on tient compte de l’opinion des producteurs et des consommateurs, particulièrement de
la région où le nom à son origine. Ex: boules de Berlin, saucisses de Vienne.

Pain de seigle valaisan


Nom accepté par le tribunal fédéral. Contesté maintes fois. Par la migros par exemple. La migros vendait un pain de seigle
valaisan mais le seigle venait pas du valais donc ils n’auraient plus pu vendre sous ce nom.
Décision de la commission de recours du Département fédéral de l’économie, sic! 7/8 2004 p. 593- 599.
● Le terme pain de seigle valaisan n’est pas un nom générique et il est vrai qu’il conserve bien un lien étroit au terroir,
la cour a donc décidé que ce nom était acceptable. A la Migros, on ne vend donc plus sous le nom de pain de seigle
valaisan
● Ne constitue pas une désignation générique non susceptible de protection
● => la dénomination “pain de seigle valaisan” (dont le seigle vient du valais) est protégée par l’AOP, qui stipule
dans son cahier des charges que la production et la transformation des céréales se déroulent dans le canton cité.

2.4.3.2.1 Nom d’une variété végétale ou d’une race animale


Ne peut pas faire l’objet d’un enregistrement comme AOP ou IGP: Art. 4b OAOP/IGP:
Au fond, le nom d’un végétal et d’un animal est un nom du langage commun, c’est donc seulement une sous-catégorie du
point d’avant.

Damassine
TAF 5 mars 2008, B-6113/2007, sic! 10/2008, p.739-740, RJPI N.577, TAF 1 er octobre 2008, B-6251, RJPI N.568
Damassine -> prune dont on tire de l’alcool fort.
Admission du nom Damassine comme AOP par l’office fédérale de l’agriculture → publication de l’enregistrement. →
oppositions de la fédération suisse des spiritueux qui comptait parmi ses membres quelques producteurs de damassine. Le
TAF dit que c’est une association qui ne fabrique pas elle-même donc pas touchée par la décision mais elle doit défendre ses
membres donc il faut admettre que si l’association intervient pour faire valoir l’intérêt de la majorité de ses membres alors
elle a le droit d’agir. Mais il y a avait que 3 membres producteur de Damassine, donc pas de possibilité d’opposition. Il
restait un seul opposant, propriétaire d’un gros verger de Damassine. Il disait que ce nom était une prune, et donc que
limiter le nom de cette prune à l’usage seulement jurassien était une entrave à sa production.
Décision et arguments du TF :
TF, 26 février 2010, 2C_816/2008, sic!7/8 /2010, p. 534-537, RJPI N.569
- Le terme «Damassine» (AOP) n’est pas générique, car il n’est pas compris par la plupart des consommateurs
comme la désignation générale et courante de l’eau-de-vie issue de cette variété de prune, mais comme une eau-
de-vie de fruits typiquement jurassienne
- Il s’agit d’une dénomination traditionnelle «indication indirecte de la provenance d’un produit agricole faisant
référence à la région dont provient le produit sans la nommer expressément».
- Il n’y a en outre pas de risque d’induire le consommateur en erreur quant à la véritable origine du produit (Art. 4b
al.1 OAOP/IGP).

24
2.4.3.2.2 Nom générique VS dénomination traditionnelle
Absinthe (IGP)
TAF, 8 août 2014, B-4820/2012, sic! 2/2015, p.95-107 RJPI N.959
Dénominations traditionnelles:
- Fée verte
- La Bleue
Association interprofessionnelle de l'absinthe a déposé une demande d'enregistrement pour ces 3 dénominations
comme AOC. En 2007, ils se sont rendu compte que cela passerait jamais comme AOC, car il y a plein d’herbes (comme
l’anis étoilé) qui ne poussent pas en val de travers. → transformation de la demande en IGP. acceptée et publiée. → 42
oppositions, tant de Suisse que de France → décision de validation du TAF. → encore 12 recours
Le produit bénéficie d’une grande réputation dans le val de travers. Absinthe, certes le nom d’une variété végétale, mais il y
a d’autres nom à cette plante. Pas susceptible d’induire le consommateur en erreur. Comme l’absinthe était prohibée
pendant un certain temps et même inscrite dans la Constitution, on n’en parlait pas, et elle n’avait donc pas pu devenir un
mot générique, du langage courant. L’enregistrement était donc possible selon le TAF.
L’enjeu était ensuite de savoir si ces 3 dénominations étaient des dénominations traditionnelles enregistrables ou si elles
sont génériques, voire dépourvues de provenance géographique propre car pas rattachés au Val de Travers par un nombre
suffisant de consommateurs suisse pour remplir ce rôle d’indication de provenance.
- Dénominations traditionnelles: «indication indirecte de la provenance d’un produit agricole faisant référence à la
région dont provient le produit sans la nommer expressément» (TF, Damassine, RJPI N.569).
- Ces dénominations sont-elles traditionnelles (OFAG), ou au contraire sont-elles génériques et dépourvues de
contenu géographique propre ce qui les empêcherait d’être des dénominations traditionnelles et les exclurait de la
protection?
- Ces dénominations sont-elles des termes génériques non enregistrables comme IGP au sens de l’Art.4 AOP/IGP?

Rappel: Art. 3 OAOP/IGP:


Enregistrement possible comme IGP du nom d’une région, d’un lieu ou dans des cas exceptionnels d’un pays qui sert à
désigner un produit agricole ou agricole transformé,
- originaire de cette région et
- dont une qualité déterminée, la réputation ou une autre caractéristique est attribuable à cette origine
géographique, et qui est
- produit, transformé ou élaboré dans une aire géographique délimitée.
Les dénominations traditionnelles qui remplissent ces conditions peuvent aussi être enregistrées comme IGP (Art. 3 al.2
OAOP/IGP).
Rappel: Art. 16 al.3 LAgr. , Art. 4 et 6 OAOP/IGP:
- un nom générique ne peut être enregistré ni comme AOP, ni comme IGP; et
- constitue un nom générique la désignation d’un produit qui, bien que se rapportant au lieu où ce produit a été
initialement élaboré ou commercialisé, est devenue un nom commun qui le désigne.
- seul est décisif le caractère générique ou non au moment du dépôt de la demande d’enregistrement.
- pour déterminer si tel est le cas, on tient compte de tous les facteurs entrant en ligne de compte, notamment de
l’opinion des producteurs et des consommateurs, particulièrement dans le région où le nom a son origine.
- le fardeau de la preuve qu’une dénomination traditionnelle dont l’enregistrement est demandé n’est pas
générique revient au groupement demandant la protection.

Au final: Absinthe, Fée verte, la bleue:


● sont génériques et dépourvues de caractère géographique propre ce qui les empêcherait d’être des dénominations
traditionnelles et les exclurait de la protection!
○ les sondages ont montré que 65% des personnes connaissaient l’Absinthe, mais évoquaient premièrement
“boisson alcoolisée”, et bien après “Val de Travers”
● Etant donné leur caractère générique qui les exclut de l’enregistrement comme IGP, il n’est pas nécessaire de
rechercher si elles peuvent être qualifiées de dénominations traditionnelles.

Rappel: Art. 2 OAOP/IGP:


Enregistrement d’un produit agricole ou agricole transformé comme AOP ou comme dénomination traditionnelle possible,
si:
- originaire d’une région ou d’un lieu géographique qui
25
- lui confère des qualités ou des caractères particuliers dus essentiellement ou exclusivement à ce milieu
géographique, comprenant les facteurs humains et naturels, et si
- ce produit est produit, transformé et élaboré dans une aire géographique délimitée.
2.4.3.3 Dénomination traditionnelle
Forme à part entière d’AOP/IGP qui ne fait pas directement référence à la région ou au lieu de provenance du produit
agricole à protéger, mais qui, grâce à une notoriété ou à une réputation acquise par l’usage et par le temps, est perçue
comme une référence indirecte à une telle région.
Peu importe que la dénomination traditionnelle soit dépourvue de toute connotation géographique, si elle s’est imposée
comme une indication de provenance et fait donc référence à une provenance géographique identifiable. C’est à cela que
se jauge son caractère réellement traditionnel!

Arrêt Raclette et Raclette du Valais


➔ TF, Arrêt du 15 oct. 2007, dans les causes 2A.496 et 497/2006, ATF 133 II 429, RJPI N. 567
Un groupement obtient l’enregistrement auprès de l’OFAG en 1997. On décide que les 2 dénominations peuvent être
enregistrées comme AOP. → 50 oppositions: “raclette du valais”, aucun problème. mais “raclette” tout seul dérange car
cela ne désigne pas une région mais un met. Donc oppositions contre le fait de rattacher la raclette au valais.
- l’objet du litige est le caractère véritablement traditionnel de la dénomination « Raclette »;
- Ne peut être traditionnel que ce qui découle d’une tradition, laquelle implique la transmission d’un savoir de
génération en génération ou de siècle en siècle;
- En l’espèce, l’utilisation du terme « raclette » pour désigner un fromage est récente et ne peut être considérée
comme traditionnelle. Cela a commencé à apparaître à la fin des années 70, donc même pas une génération..
- l’utilisation du terme « raclette » pour désigner un met est elle plus ancienne, mais n’entre pas en ligne de compte
comme dénomination traditionnelle du produit agricole fromage à raclette!
- La dénomination raclette n’est pas une dénomination traditionnelle au sens de l’Art. 2 al.2 de l’ordonnance sur les
AOP et les IGP.
- Elle ne reflète qu’une acception relativement récente et peu utilisée du terme pour désigner un fromage à raclette
valaisan.
- Elle ne renvoie pas spécifiquement à un produit valaisan, mais à tout fromage à raclette indépendamment de sa
provenance
- Du moment que le terme «raclette» n’est pas une dénomination traditionnelle pouvant constituer une AOP, il n’y a
pas lieu de se demander s’il serait devenu générique
Le nom en tant que désignation du met est un nom générique. Le nom en tant que désignation du fromage n’est pas
générique.
Il y a donc “raclette du valais” enregistrée comme AOP mais pas “raclette” tout seul.

2.4.4 Usage d’AOP/IGP inexactes


Art. 172 al.1 LAgr.:
- Poursuivi sur plainte uniquement;
- Passible d’une peine privative de liberté d’un an au plus ou peine pécuniaire;
- En cas de métier: poursuite d’office et peine privative de liberté de 5 ans au plus ou peine pécuniaire;
- Les deux peines se cumulent en cas de peine privative de liberté.

2.5 Les noms géographiques comme marque et la marque géographique


Besoin de disposition: on ne peut pas appeler une marque chocolat parce qu’on pense que les concurrents ont besoin
d’utiliser le mot chocolat pour vendre son produit.
2.5.1 Les noms géographiques comme marque
2.5.1.1 Les signes appartenant au domaine public
Art.2 lit.a LPM:
les noms géographiques ne sont en principe pas monopolisables parce qu’ils appartiennent au DP (domaine public) au sens
de l’Art.2 lit.a LPM, sauf lorsqu’ils:
- Se sont imposés par l’usage et désignent une entreprise individuelle (Appenzeller, ATF 128 III 441) (on aurait plus
besoin de laisser dans le domaine public le nom géographique car dans l’esprit du consommateur, le lien à
26
l’entreprise est direct)
- Sont purement fantaisistes et non susceptibles d’induire le public en erreur (Yukon, ATF128 III 454/JT 2003 I 386)
- Est-ce que le signe appartient au domaine public? (Arrêt Yukon)
- Est-ce que ce signe est trompeur? induit en erreur? (arrêt Calvi)
Si un intervenant sur le marché monopolise la provenance géographique de produit ou de service, cela pose problème.
Art 47 LPM
- al.1 Constituent des indications de provenance appartenant au DP, toutes les références directes ou indirectes à la
provenance géographique des produits/services, y compris les références à des propriétés ou aux qualités
associées à cette provenance.
- al.2 Ne constituent pas des indications de provenance, les noms géographiques qui ne sont pas considérés par le
milieux intéressés comme une référence à la provenance des produits/services.
Le tribunal a réglé ce problème par 2 arrêts importants. Un signe géographique est-il trompeur?
➔ Arrêts Yukon, ATF128 III 454/JT 2003 I 386 et Calvi, ATF 135 III 416
Yukon -> région du Nord-Ouest du Canada. Peu d’habitant mais très grand. Une entreprise décide de déposer la marque
Yukon. IPI considère qu’on ne peut pas inscrire Yukon car selon l’art 47 al.1.2 et l'art 2 PA, que ce signe appartient au
domaine public. Il y a eu un recours à ce refus, le tribunal considère que en principe oui c’est descriptif (marque
géographique) mais dans ce cas-là, le signe n’est pas compris par les utilisateurs comme une indication de provenance, car
“aucun produit industriel n’est actuellement fabriqué sur le territoire du YUKON. En raison des conditions géographiques et
climatiques, aucun produit industriel n’y sera fabriqué dans un avenir proche, il n’est pas nécessaire de rester libre (domaine
public)”.
Il y a donc un conflit entre IPI et le TAF. La marque doit être reconnaissable sans trop d’effort de pensée comme étant de
provenance de telle ou telle région. Le TAF va dire que de base, une marque géographique est trompeuse, à moins que l’on
puisse prouver que le public ne la considère pas comme une indication géographique. Il y a 6 situations que le TAF
considère comme exceptions à la tromperie:
ne sont pas considérés par les milieux intéressés comme une référence à la provenance des produits/services:
1. Les noms pas connus et considérés comme des signes fantaisistes et non comme une indication de provenance;
(pas besoin de protéger cette région car le consommateur ne verra pas qu’il s’agit d’une indication
géographique, c’est le cas de Yukon. C’est une région qui attire des touristes très spécifiques, donc peu de
visibilité au sens large. Le consommateur ne sait donc pas que Yukon est une région.)
2. Les noms de fantaisie non considérés comme une indication de provenance, malgré un contenu géographique
reconnu;
La symbolique d’un volcan en éruption est plus forte que le risque pour le consommateur de croire que cela
vient de l’Etna. (?)
3. Le nom d’une région qui n’est manifestement pas considérée comme un lieu de production/de fabrication ou de
commercialisation de produits/services;
c’est le cas de Yukon : aucun produit industriel n’est fabriqué dans cette région
4. Les noms ne permettant pas de penser que l’objet ainsi dénommé provient de ce lieu;
5. Les indications de provenance imposées;
suffisamment utilisée pour que le rapport au producteur devient tellement prépondérant qu’on oublie les
autres indications qui pourraient entrer en ligne de compte
6. Les indications de provenance devenues des indications de genre et qui n’ont plus de rapport avec le lieu de
production.
Un lieu tel qu’il est utilisé dans la description d’un produit devient tellement clair dans le vocabulaire
commun que la situation géographique perd sa force (Hamburger -> Hambourg. Bolognese -> Bologne)
On est pour ces 6 points, dans le cas de l’art 47 al.2 LPM, on ne trouve plus dans des indications de provenance. Le TAF
décide donc qu’un signe géographique appartient de base au domaine public, et qu’il peut analyser certains cas qui
pourraient correspondre au 6 points ci-dessus. Ces 6 critères font l’objet d’une jurisprudence assez constante mais il n’est
pas exclu que le TAF accepte d’autres motifs pour déposer la marque. Il suffit que 1 des motifs absolus d’exclusion soit
rempli pour qu’on refuse le dépôt de la marque.

Mais, même lorsqu’elles ne font pas référence à la provenance des produits / services, elles ne doivent pas être
susceptibles d’induire le public en erreur

En résumé: les marques ordinaires ne doivent pas induire en erreur alors que les marques avec un contenu géographique
27
doivent en plus être véridiques.

2.5.1.2 Les signes propres à induire en erreur


COURS 4 (12.10.18) slide 5

Exclusion de l’enregistrement comme marque des signes trompeurs


Art.2 lit.c LPM

Arrêt Calvi, ATF 135 III 416


Cité Corse. Dépôt d’une marque combinée (éléments verbaux et graphiques) pour des produits métallurgiques. L’IPI rejette
la demande de dépôt : le signe enregistré induirait le consommateur en erreur car Calvi bien qu’étant une destination
touristique corse, l’entreprise qui déposait la marque était italienne et qu’en plus cela faisait croire à une provenance qui ne
correspond pas à la réalité. L’IPI justifie sa décision avec l’Art.2 lit.c LPM.
Le TAF va dire que quand un signe a plusieurs signification, on va chercher la signification qui vient le plus directement à
l’esprit (en prenant en compte les connaissances et savoirs du public cible). Il y a des villages italiens et des gens qui
s’appellent Calvi, mais l’impression qui s’impose le plus naturellement est la ville de Calvi. Donc c’est un nom géographique,
donc une indication de provenance. Une indication de provenance doit être exacte. Un nom géographique, en principe, si
c’est une indication de provenance inexacte concernant le produit en question, cela induit en erreur. Une indication de
provenance fausse crée un risque de confusion, il n’est pas nécessaire que cette indication de provenance indique un lieu qui
implique des attentes particulières pour les utilisateurs. Il suffit simplement qu’il y ait un risque de confusion et non pas
forcément une confusion. Donc TAF refuse l’enregistrement.

Résumé de decisions.ch, décision de l’IPI mais qui a été infirmée par le TF qui a finalement refusé l’enregistrement :
"Calvi" a une double signification d'indication d'origine et de nom de famille. Bien que Calvi soit réputée pour être un lieu en
Corse, pour les consommateurs suisses qui ne connaissent pas la Corse, cela semble plus italien.
La Corse n'est ni connue ni particulièrement adaptée à la (grande) production industrielle de pièces métalliques. Le
consommateur n'attache pas beaucoup d'importance au fait que ces produits proviennent de Corse. L'élément image de la
marque n'indique en aucun cas l'emplacement de Calvi.
Compte tenu de toutes les circonstances, on peut supposer que le signe n’est pas compris comme une indication de l’endroit
situé à Calvi.
Il n'y a pas non plus besoin de rester libre; Calvi est un petit endroit qui vit du tourisme. Il n’y a guère d’entreprises
industrielles en Corse et il est peu probable que cela change.

Résumé final de decision.ch : cf doc jurisprudence

Interprétation du TF de l’art 47 LPM :


● Lorsqu’une marque contient un nom géographique ou se compose uniquement d’un nom géographique, elle incite
normalement le lecteur à penser que le produit provient de l’endroit indiqué;
● Lorsqu’un mot est susceptible de plusieurs significations, il faut rechercher celle qui s’impose le plus
naturellement à l’esprit en tenant compte de la nature du produit en cause;
○ Calvi est bien un village italien, mais Calvi est plus connu pour la ville corse (c’est l’impression la plus
directe qui s’impose)
○ Le TF considère que Calvi est un nom géographique, donc en principe une indication de provenance.
● Pour ne pas tromper les clients potentiels, une indication de provenance doit être exacte;
○ Art. 2 lit. c LPM : une indication de provenance doit être exacte (non trompeuse -> le produit doit venir de
la région) : ainsi, si un nom géographique est inexact alors le signe est de nature à induire en erreur.
● Pour les produits également, il suffit qu’ils proviennent du pays désigné par le nom géographique;
● Pour qu’une indication fausse soit prohibée, il n’est pas nécessaire que la production au lieu indiqué jouisse d’un
prestige particulier;
○ Pour qu’une marque crée un risque de confusion avec une indication de provenance, il n’est pas nécessaire
que le lieu jouisse d’un prestige particulier (ici: industrie métallurgique).
● La marque trompeuse est prohibée dès qu’il existe un risque de confusion pour les clients potentiels.
○ Le TF considère que Calvi est avant tout une destination touristique qu’un lieu industriel :
○ pour qu’une marque soit trompeuse, il suffit que les clients puissent raisonnablement se figurer en isolant
Calvi que ses produits proviennent d’une entreprise corse

28
■ -> il suffit qu’il existe ne serait-ce qu’un risque de confusion pour que l’inscription du signe Calvi
soit propre à induire en erreur, et donc refusée

Rappel et reformulation des principes de l’arrêt Yukon


● L’utilisation d’un nom géographique est admissible lorsque les clients potentiels ignorent qu’il s’agit d’un nom
géographique et ne peuvent donc faire aucun lien avec l’endroit désigné;
● Un nom géographique peut être utilisé comme marque si les clients ne peuvent pas imaginer que le produit
provienne de ce lieu, parce que celui-ci revêt un pur caractère symbolique;
● Un nom géographique peut être utilisé pour distinguer les modèles d’une même marque;
● L’utilisation d’un nom géographique est admissible si celui-ci s’est imposé dans l’esprit du public comme le nom
d’une entreprise déterminée;
● Un nom géographique peut également être utilisé s’il est entré dans le langage courant pour désigner une chose
de genre sans que l’on ne songe plus à une indication de provenance;
● L’utilisation d’un nom géographique est admise lorsqu’il désigne un lieu inhabité ou impropre à la production en
cause, de sorte que personne ne pourrait concevoir qu’il s’agisse du lieu de provenance.
2.5.1.3 Imposition d’un signe comme marque
Art.2 lit.a LPM
Appenzeller
ATF 128 III 441
● Marque enregistrée le 7 décembre 1993 par le canton d’Appenzell Rhode Intérieur, puis cédée à l’organisation de
branches (interprofession) Appenzeller Käse GmbH.
● «Appenzell» en tant que nom d’un canton, respectivement d’une commune, décrit la provenance géographique
d’une marchandise et appartient dans cette mesure au DP;
● Cette dénomination s’est néanmoins imposée par l’usage comme la marque d’une entreprise déterminée;
○ le fromage Appenzeller qu’on connaît n’est donc ni une AOP, ni une IGP, mais simplement une marque.
● L’imposition doit être constatable sur l’ensemble du territoire suisse;
● Elle ne suppose pas forcément un usage long et incontesté
○ pas un critère fondamental pour juger l’imposition d’une marque
○ cf la dénomination traditionnelle qui juge, au contraire, la durée d'usage comme importante

Une autre entreprise, Appenzeller Natural, essaye de déposer une marque AppenzellerLand pour des produits laitiers aussi.
Bien Sûr, Appenzeller s‘oppose. Mais, les autres disent qu’il n’y a pas de raison de refuser leur dépôt de marque car
Appenzeller est à la base une indication de provenance, donc dans le domaine public, et que la marque Appenzeller n’aurait
même pas dû être enregistrée. Appenzeller Natural veut donc essayer de radier l’enregistrement d’Appenzeller.
La question est ici: Est-ce que le signe Appenzeller s’est imposé comme marque pour le consommateur suisse et donc si ce
n’est plus une simple indication de provenance. Critère pour qu’une marque soit imposable: ? Enquête de terrain, à quoi fait
penser Appenzeller? -> du fromage en premier
Décision de l’ATF : indication à la provenance industrielle de la marque. Non, le public sait où se trouve Appenzell, pas de
motif d’exclusion, mais la marque s’est imposée par l’usage dans l’esprit d’une grande partie des suisses (et pas seulement
de ceux de la région) : il faut qu’une grande partie des suisses croit que l’indication renvoie à un certain produit et pas à
une région (au travers d’études et sondages). Plus de ⅔ des gens pensent plus au fromage qu’à la région -> suffisant pour
considérer que la marque se soit imposée, même si cela ne fait pas longtemps. L’autre entreprise dit qu’elle conteste
l’usage de cette marque car elle veut l’utiliser aussi.
Quiz : les noms géographiques comme marque
INDIAN MOTORCYCLE
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TF, 4 décembre 2015, 4A_357/2015, RJPI N.834;
A la base, avaient déposé une demande du signe “Indian” pour articles motos + vêtements, ce à quoi le TF a répondu : le
signe "Indian (fig.)" doit être considéré comme propre à induire en erreur au sens de l'art. 2 let. c LPM.
Ils ont ensuite déposé une demande d’enregistrement de marque pour le signe “Indian Motorcycle”, catégorie vêtements :
● risque, car peut à la fois parler des indiens d’Amérique ou faire référence à l’Inde
● le signe est composé de 2 éléments : nom géographique et motorcycle. Le signe moto est trompeur, car si on vend
des motos et que la marque s’appelle indian motorcycle, les clients vont penser qu’ils viennent d’Inde et donc se
serait trompeur.
● Les vêtements, quant à eux, ne sont pas considérés comme appartenance au domaine public. Le signe était
trompeur (vêtements pas forcément fabriqués en Inde), mais le fait d’ajouter motorcycle, les clients ne vont pas
29
penser que les t-shirts venaient d’Inde : en achetant un vêtement, les clients pensent que ce sont les motos qui
viennent d’Inde et pas le t-shirt qu’ils achètent.

Maui Jim
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé
TAF, 28 mai 2015, B-608/2015, sic! 11/2015, p.641, RJPI N.829;
Maui = île Hawai.
● Maui Jim : signe verbal déposé comme marque de lunettes
● Maui est un nom de destination relativement connu par le cercle des clients.
● le déposant dit que Jim fait plus penser à un nom/patronyme qui vient de là-bas. Mais le TF dit que c’est pas assez
connu et donc le signe n’est pas enregistrable
Résumé decisions.ch : cf doc jurisprudence

PhoenixMiles
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TAF, 3 avril2014, B_3926/2013, sic! 11/2014, p.706-710, RJPI N.824;
● Marque composée pour produits relatifs à des avions (réparation et fabrication de pièces d’avion)
● Fantaisiste -> les gens pensent à un oiseau qui renaît de ses cendres. Adjonction de Miles avec caractères en
chinois + flèche -> voyage.
● Comment une marque composée de plusieurs éléments est perçu ? Réponse : c’est l’impression d’ensemble qui
prime. Là, on pense plus à la Chine. Le nom géographique (Phoenix) passe en arrière-plan, car les gens pensent plus
aux renvois fantaisistes qu’à autre chose.
○ Par opposition, le signe “Phoenix” pour de la cosmétique avait été refusé, mais aurait pu être accepté s’il
était accompagné d’une représentation d’un oiseau, faisant du coup plus penser à l’animal qui a un
caractère éternel qu’à l’indication géographique.
Résumé decisions.ch : cf doc jurisprudence
[L'IPI a refusé de s'enregistrer parce que la marque de services non américains est trompeuse en raison de la référence à
Phoenix, en Arizona. Le TF corrige:]

WILSON
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TF, 16 avril 2013, 4A_6/2013, sic! 9/2013, p.532-536, RJPI N.669;
● Produits relatifs au tabac
● Wilson se réfère à une ville américaine de Caroline du Nord. N’évoque pas d’attentes particulières en Suisse
● La ville de Wilson était à l’époque connue pour son importante industrie du tabac.
● Les consommateurs concernés voient-ils en Wilson plutôt une référence à une indication géographique ou à un
nom ?
○ le TAF a conclu que la marque était fantaisiste, et que le lien était suffisamment faible pour que
l’enregistrement soit accepté.
Résumés décisions.ch : cf doc jurisprudence

AFRI-COLA
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé.
TF, 10 mars 2009, 4A_508/2008, RJPI N.221.
● Produits alimentaires non transformés
● Signe verbal composé
● L’indication géographique (Afrique) est tellement vaste que cela n’a pas vraiment de sens.
● Résumé de la décision :
○ TAF : en principe, les indications géographiques sont protégées
○ déposant : a argumenté qu’il n’y a personne sur le marché qui venait d’Afrique avec ce genre de produits
○ TAF : risque futur que des concurrents entrent sur ce marché. Il faut garder le marché libre.
○ TAF : Cola permet de créer un signe fantaisiste, mais pas assez fort. La perception du consommateur n’en
est pas assez impactée, et Africa a un caractère trompeur.
○ => TAF refuse d’enregistrer la marque.

Résumé décisions.ch : cf doc jurisprudence

30
2.5.2 Les marques géographiques
Terme nouveau, apparu avec la révision Swissness. Le mot Suisse a une valeur importante, c’est un argument de vente, qui
donne de la valeur à certains produits (ex: les montres). Le monde commercial veut et a besoin d’utiliser les indications
géographiques.
● Les produits/services suisses véhiculent l’image d’un haut standard de qualité (précision, tradition, innovation et
confiance);
● Les indications de provenances directes (Swiss Made) et indirectes (Guillaume Tell) sont souvent utilisées comme
marques ou comme éléments de marques;
● Cet impact positif sur le consommateur est consacré par le «paquet Swissness».

2.5.2.1 Sources formelles : les principaux textes nationaux


Art. 27a- 27e LPM
-> dérogation aux principes jurisprudentiels développés en application des Art. 2 lit.a et lit.c LPM pour refuser à
l’enregistrement les marques comportant des éléments géographiques;
Des marques particulières, dans un système qui donne un avantage collectif aux entreprises qui les utilisent, tout en
empêchant que ces signes soient monopolisés par une entreprise particulière.
● Concilie le respect d’un besoin de libre disposition absolu avec le fait que l’indication de provenance concernée ne
doit pas être trompeuse
○ les consommateurs doivent pouvoir se fier à ce qu’on véhicule dans la marque
● Allie le caractère exclusif du droit des marques à celui ouvert et collectif des indications de provenance.

La marque géographique (Art. 27a LPM) est fondée sur:


● Une IGP ou AOP selon l’Art. 16 LAgr.;
● Une AOC viticole protégée sur le plan cantonal (ou une appellation viticole étrangère conforme aux exigences de
l’Art.63 LAgr.);
● Une ordonnance de branche édictée par le CF, ex: swiss made pour les montres, (ou une indication de provenance
étrangère fondée sur une réglementation étrangère équivalente);
● Une indication géographique enregistrée pour des produits non agricoles (y compris les produits agricoles
transformés, les vins, les produits sylvicoles et sylvicoles transformés) selon l’Art. 50a LPM.
les Art 27a et 50 a al.6 et 7 LPM constituent une dérogation à l’Art.2 lit.a LPM selon lequel, les signes frappés d’un besoin
de libre disposition absolu appartiennent au domaine public.

2.5.2.2 Objectifs et avantages de la marque géographique


Objectifs :
● La marque géographique vise une amélioration de la protection des indications géographiques suisses tant en
Suisse qu’à l’étranger.
● L’enregistrement des indications géographiques pour les produits non-agricoles selon l’Art. 50 a LPM
○ amélioration de la reconnaissance et de la mise en œuvre de la marque géographique correspondante sur
le plan international.
● Application des principes de la CUP (marque «telle quelle» de l’Art. 6A CUP) et du système de Madrid (AM et PAM)
○ simplification administrative et diminution des coûts d’une protection à l’étranger.
Avantages :
● Allie les avantages de la PI collective des AOP/IGP à ceux de la LPM, en permettant en particulier d’imposer les
critères du cahier des charges à tous les tiers via le règlement de la marque. (on est entre 2 vision de voir les
choses. La marque , on est très proche du monopole. par contre, avec AOP, IGP, c’est collectif)
● Utilisation de la marque ouverte et gratuite pour tous les acteurs du secteur économique correspondant de la
région concernée dont les produits (ou les services?) remplissent les conditions du cahier des charges.
● Les déposants de la marque géographique sont (Art. 27b LPM):
○ le groupement représentatif ayant enregistré l’IGP/AOP ou le groupement représentatif lui ayant succédé
pour s’occuper de la protection de l’IGP/AOP.
○ le canton suisse protégeant une AOC viticole ( ou ses homologues étrangers en cas de protection d’une
appellation viticole étrangère).
○ l’organisation faîtière du secteur économique concerné si le CF a édicté une ordonnance de branche.

31
2.5.2.3 Les indications de provenance non-agricoles de l’Art. 50a LPM
● Possibilité d’enregistrer des signes appartenant au domaine public (mais n’étant pas devenus des noms génériques,
Art.50a al.4 LPM) et non (encore) imposés dans le commerce.
● Valables uniquement pour les indications géographiques qualifiées au sens de l’Art.22 §1 ADPIC dont la provenance
géographique conditionne de manière essentielle la qualité, la réputation ou une autre caractéristique déterminée
du produit.

Procédure :
art 50a LPM:
● Demande d’enregistrement
○ cahier des charges fixant les conditions/particularités garanties par la marque géographique.
● Utilisation ouverte à tous ceux qui satisfont aux conditions du règlement.
● Utilisation gratuite. (en cas de litige, c’est à vous de démontrer que vous avec les critères qu’il faut pour profiter de
la marque géographique)

Meilleures garanties que celles découlant d’un éventuel enregistrement comme élément de marques collectives ou de
garantie : l’indication géographique ainsi protégée échappera à toute monopolisation incompatible avec la notion
d’indication de provenance.
● marques collective (art. 22 LPM)
○ marque déposée par un groupement d’entreprises qui sert à distinguer les produits/services des membres
de ceux d’autres entreprises
● marque de garantie (art. 21 LPM)
○ beaucoup plus restreint, pas seulement destiné aux marques géographiques, c’est une marque
monopolisée, avec un titulaire qui décide comment et dans quelle circonstance la marque peut être utilisée
2.5.2.4 Protection
Libre disposition
Garantie du respect du besoin de libre disposition absolu du fait de la gratuité de l’utilisation et de l’absence d’autorisation
nécessaire (Art. 27d al.1 LPM) pour l’utilisation de la marque géographique. Ceux qui sont légitimes à utiliser l’indication de
provenance gardent la possibilité de l’utiliser.
● Le signe géographique demeure à disposition de:
○ tous les acteurs du marché qui proposent des produits satisfaisant aux conditions du règlement.
○ tous ceux qui dans la même région offrent des produits différents non soumis au règlement.

Mise en œuvre de la protection


Ouverte soit au titulaire de la marque géographique Art.27d al.2 LPM, au groupement ayant obtenu l’enregistrement de
base, au canton si appellation viticole, et aux organisations faîtières du secteur économique concerné.
● Qualité pour agir également aux associations de défense des consommateurs et à l’IPI pour les actions en
exécution d’une prestation (Art.55 al.1 LPM) ou en constatation (Art.52 LPM), par une application analogique de
l’Art. 56 LPM concernant les indications de provenance, en dépit de l’absence de renvoi à la marque géographique
de l’Art. 56 al.2 LPM?
Contre les tiers commercialisant des produits comparables non conformes au règlement ou des produits identiques ou
comparables non originaires de la région concernée et donc non conformes également au règlement (Art. 27d al.2 LPM).
● Pour les indications de provenance, il y a inversion du fardeau de la preuve (Art. 51a LPM : l’utilisateur doit
prouver l’exactitude). Valable également pour les marques géographiques?
Possibilité d’agir contre les tiers qui ne respecteraient pas le règlement (cahier des charges) devant le juge civil sur la base
LPM, ou devant le chimiste cantonal sur la base de la LAgr.

Particularité de la marque géographique


● Interdiction de la céder et d’octroyer des licences la concernant (Art. 27 e al.1 LPM);
● Impossibilité de fonder une opposition sur une marque géographique (Art.27 e al.2 LPM);
● Impossibilité de former opposition contre une marque géographique (Art. 31 al.1bis LPM);
● Non application des dispositions concernant le défaut d’usage des Art.11 et 12 LPM, Art. 27 e al.3 LPM;
● Radiation de la marque géographique en cas de radiation de l’IGP ou AOP qui lui sert de base.

32
2.6. Définition de la marque
Art 1 LPM
1
La marque est un signe propre à distinguer les produits ou les services d’une entreprise de ceux d’autres entreprises.
2
Les mots, les lettres, les chiffres, les représentations graphiques, les formes en trois dimensions, seuls ou combinés
entre eux ou avec des couleurs, peuvent en particulier constituer des marques.
Élargissement de la notion de marque qui couvre aussi les services, les marques sonores et les marques
tridimensionnelles.
La marque nous dit de qui un produit ou un service provient. Une marque doit être distinctive pour les personnes qui
auront à faire à cette marque. Les marques ont un rôle économique aussi pour proposer de la qualité (garantie de qualité)

Article 10 OPM : (ordonnance sur la protection des marques) :


La marque doit pouvoir être représentée graphiquement pour être enregistrée. Toutefois, l’IPI peut autoriser d’autres
modes de représentation pour des formes de marques particulières (Art.10 al.1, 2ème phrase OPM).
Exemples :
● Marques en mouvement (swisscom)
● Marques olfactives:
○ «Duft von gebrannten Mandeln»,TAF, 23 mai 2011, B-4818/2010, RJPI N.63 -> pas encore accepté
● Marques sonores (accepté)
○ Migros
○ Comité international olympique
○ « Melodie mit 7 Tönen», TF, 7 avril 2009, 4A_566/2008, ATF 135 III 359, JdT 2010 I 647, sic! 7/8/2009,
p.520-523, RJPI N.62

Exemples de slogans publicitaires refusés à l’enregistrement comme marques:


● « We make ideas work»
○ TF, 18 juillet 2007, 4A_161/2007, sic! 12/2007, p. 899-900, RJPI N.79
○ refusé car trop descriptif
● « Aus der Region. Für die Region»
○ TAF, 27 février 2012, B-8240/2010, sic!7/8/2012, p. 466, RJPI N.631
○ refusé car trop descriptif
● « Ein Stück Schweiz»
○ TF, 19 septembre 2012, 4A_343/2012, sic! 2/2013, p.95, RJPI N.637
● « We Care about eyecare»
○ TAF, 19 mars 2012,B-8557/2010, sic! 10/2012, p.641, RJPI N.632
● « So what do I do with my money», TAF ,13 août 2014, B-4822/2013, sic! 1/2015, p.47, RJPI N. 814

Un slogan est ainsi exclu de la protection en tant que marque lorsque :


● il correspond à une indication sur la qualité du produit pour lequel la protection est revendiquée
● la compréhension du caractère descriptif du slogan ne nécessite pas une imagination particulière.

Les signes sont exclus à l’enregistrement lorsqu’il y a :


● empêchement absolu à l’enregistrement (Art. 2 LPM)
○ Examinés d’office par l’IPI, car il faut absolument empêcher que cette marque ne puisse pas être déposée si
elle n’est pas valable. La première vérification d’enregistrabilité par l’IPI se limite à ces motifs-là.
● empêchement relatif à l’enregistrement (Art. 3 LPM)
○ Examinés seulement lorsque l’enregistrement reçoit des oppositions : dépend des autres titulaires de
marque et non de l’IPI. C’est donc un problème de l’ordre du privé. Les empêchements relatifs sont
examinés en relation avec la naissance du droit à la marque du fait de l’enregistrement.

2.6.1 Motifs absolus d'exclusion à l'enregistrement


Art. 2 LPM
Examinés d’office par l’IPI les signes:
A. appartenant au domaine public, sauf si imposés par l’usage (2 al.1 lit.a);
○ signes libres (marques dégénérées, dont l’exclusivité s’est perdue car mal défendues par titulaires),
○ signes banals,
○ signes génériques ou descriptifs
33
=> dépourvus de force distinctive, ces signes doivent demeurer libres et pouvoir être utilisés par tous.
B. formes :
○ constituant la nature même du produit (2 al.1 lit.b)
○ du produit ou de l’emballage techniquement nécessaires (2 al.1 lit.b)
=> Chaque fois qu’une forme fait l’objet d’une demande d’enregistrement pour une marque, les 2 derniers
points ci-dessus doivent être analysés. Une forme constitue la nature même du produit si en changeant la
forme, vous changez le produit. Les formes purement artistiques, constituent la nature même du produit.
C. trompeurs ou déceptifs (risque de confusion) (2 al.1 lit. c)
D. contraires à l’ordre public, aux bonnes moeurs ou au droit en vigueur (2 al. 1 lit. d)

2.6.1.1 Domaine public : signes libres


Arrêt Montessori
Motif absolu d’exclusion : inexistant, mais dégénérescence non prouvée par la défenderesse. Enregistrement refusé.
TF 3.11.2003, 4C_65/2003, sic! 4/2004 p.316 - 323:
Une marque enregistrée ne devient un signe libre que lorsque :
● tous les cercles impliqués dans la fabrication, la distribution et l’acquisition du produit/service concerné ne voient
plus dans le signe une indication sur une entreprise particulière ou un produit ou un service spécifique,
● mais le perçoivent seulement comme le nom de ce produit/service ou comme une désignation générique.

Montessori est une démarche pédagogique alternative. Développée et enseignée par la Dre Montessori, elle en a ensuite
assuré la promotion à travers le monde. Une marque Montessori a été déposée en 1939 en relation avec l’éducation sur le
plan international. Une marque Suisse a ensuite été déposée en 1997 pour le même type de prestations.

Arrêt relativement ancien. Problématique de signe libre évoquée de manière indirecte.


● En 1996 (avant l’enregistrement de la marque internationale en Suisse) une dame qui avait suivi une formation
basée sur la pédagogie Montessori, avait ouvert une garderie en Suisse avec comme marque “Kindergarten
Montessori”.
● La marque Montessori a fait opposition (même si la marque n’avait pas encore été déposée) et a dit à la personne
de rebaptiser le jardin d’enfant. La dame a dit qu’elle exploitait ce nom bien avant que la marque soit déposée et
qu’elle avait un papier de représentant de Montessori. Il y a eu un jugement qui lui a interdit de continuer
d’exploiter sous cette nomination.
● Recours au TAF, mais elle s’est mal défendue en oubliant de soulever l'exception d’un usage antérieur dans le droit
des marques.
● De plus, elle a évoqué mais pas prouvé que le signe Montessori était devenu un nom courant pour un type de
pédagogie. Si elle l’avait fait, elle aurait pu prouver que c’était un signe libre. Elle aurait dû prouver que la marque
n’était plus considérée comme telle par tous les cercles impliqués dans le domaine d’activité concerné.

2.6.1.2 Domaine public : signes banals


Sauf si le signe banal a réussi à s’imposer comme marque par un (long) usage (cf. RJPI pour une multitude d’exemples),
doivent pouvoir rester à libre disposition de tous les signes dépourvus de force distinctive suivants :
- formes géométriques simples
- éléments de base du vocabulaire
- lettres ou chiffres simples
- noms géographiques

Eléments de base du vocabulaire


«YOU»
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé
TF, 7 mars 2013, 4A_619/2012, ATF 139 III 176, RJPI N.626
Réfs : Art.2 al.1 lit.a LPM (domaine public) + Art.13 al.2 lit.3 LPM (droit absolu d’interdire à des tiers)
Raisonnement :
● “You” est un pronom personnel anglais, élément de base de l’anglais courant. Il n’est pas substituable et permet de
s’adresser directement à quelqu’un, donc il y a un besoin pour tous de pouvoir l’utiliser : dépourvue de force
distinctive, elle fait partie du domaine public.

34
● “You” est aussi une dénomination qui peut être (et est) utilisée dans une marque composée. Si elle était
enregistrée, elle priverait les autres déposants ou déjà titulaires de marques de l’exploiter dans un signe composé.
You est donc refusé à l’enregistrement.
Extrait ATF:
Art. 2 let. a LPM; domaine public; besoin de libre disposition; signes élémentaires.
Signes appartenant au domaine public (consid. 2). Le mot "YOU" utilisé de façon isolée est, dans l'usage général de la
langue anglaise, un terme indispensable pour s'adresser personnellement à un destinataire déterminé, ce qui implique un
besoin de libre disposition (consid. 3-5.2).

Résumé décisions.ch : conclusion du TF du 07.03.2013, cf doc jurisprudence

Lettres ou chiffres simples


M
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement refusé tel quel car manquait preuve d’imposition comme marque.
TF, 11 mars 2008, 4A_347/2007, ATF 134 III 314, sic! 10/2008, p.729-732,RJPI N.67
Réfs : LPM = art. 2 lit. a (domaine public) + Art. 1 al. 2 (lettres) + Art. 2 lit. b
Litige qui oppose Craft food qui veut enregistrer M-joy avec le M qui rappelle bien sûr la Migros.
● Migros envoie une lettre de mise en garde qui leur dit que ce nom ne peut pas être utilisé.
● Craft food s’est dit qu’il ne lançait pas le produit sur le marché sans clarifier la question. Il a déposé une demande
de la constatation de la liberté d'exploitation.
● Demande de Migros de protéger M.
● Rejet de la demande qui dit que la marque M de migros est trop basique et donc rejet absolu.
○ En plus, il n’est pas établi que le M de cette marque se soit établi par un long usage.
● Repart au TAF, les marques constituées d’un seul caractère alphabétique ne peuvent pas être enregistrées comme
marque mais il dit quand même qu’il ne voit pas le besoin de libre disposition absolue de M dans le domaine du
chocolat. Donc que M devrait s’être imposé par l’usage pour pouvoir être enregistré comme marque de chocolat.
○ Pour savoir cela, le dossier n’est pas assez complet. Il ont donc dit que à priori M de la Migros pour du
chocolat peut être monopolisé et ils ont donc renvoyé le dossier qui n’est pas retourné au TAF.
Extrait ATF:
Art. 1, art. 2 let. a LPM; protection d'une lettre en droit des marques.
Une lettre isolée présente les éléments caractéristiques d'une marque au sens de l'art. 1 LPM. Une lettre en tant que telle,
c'est-à-dire dénuée d'éléments graphiques originaux ou de fantaisie, appartient au domaine public; pour être protégé en
droit des marques, le signe doit dès lors s'être imposé dans le commerce en tant que marque (art. 2 let. a LPM). Même si
tel est le cas, la protection du droit des marques n'est toutefois pas donnée lorsqu'il existe un besoin de libre disposition
absolu du signe en cause (consid. 2.3).

Noms géographiques
Valser
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé.
ATF 117 II 322/ JT 1992 I 365.
Réfs: LPM = Art. 3 al. 2 + Art. 14 al. 1 + Art. 6 al. 1 + Art. 292 Code Pénal, Art. 8 Code Civil,
On peut l'enregistrer si c’est une IPG. Il y a des exceptions possibles.
● La société qui produit l’eau Valser avait déposé la marque depuis 1976.
● En 1988, Passugger a acheté dans la vallée de Valse des terrains et a posé des marques avec Vals dedans (ex:
OptimaValser, etc.).
● La société Valser a fait opposition.
● Passugger a soulevé le motif de nullité de la marque Valser en disant qu’un nom géographique fait partie du
domaine public et qu’il doit être à la libre disposition absolu de tous.
● Le TAF a dit que dans ce cas particulier, la société Valser est largement connue et a enregistré la marque. Le signe
géographique s’est donc imposé comme marque géographique appartenant à la société Valser.
○ l’enregistrement des marques de Passugger contenant Vals ont donc été annulées
Autres exemples d’eau qui se sont imposées : Evian, Henniez.

Extrait ATF:
Protection des marques.
1. La preuve d'un fait notoire ne doit pas être rapportée (consid. 2).
35
2. Conditions auxquelles une marque portant l'indication d'un lieu est protégée, en particulier lorsqu'elle se rattache à des
produits dont la qualité dépend essentiellement de la qualité du sol (consid. 3).
3. Confusion de marques (consid. 4).

Banal VS Imposition par l’usage


Brico
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TF, 11 juillet 2000, ATF 127 III 33, SJ 2001 I p.179- 186
L’imposition par l’usage permet de remédier au fait qu’un signe appartenant au domaine public puisse faire l’objet d’un
enregistrement comme marque. Dans cet arrêt, le TAF rappelle les règles d'imposition par l’usage.
● Une société active dans le domaine du “do it yourself”, Brico SA, était enregistrée au registre du commerce du
Tessin où elle possède plusieurs magasins. Marque verbale et figurative comportant d’une la mention Brico Centro,
et de l’autre part, un homme avec un marteau dans les mains. Tout allait bien jusqu’à ce que Jumbo fasse du
Brico&Hobby et Brico&Loisirs au tessin.
● Brico Centro fait opposition.
● Jumbo dit que Brico devrait être libre car il évoque le bricolage. Mais au tessin, cela désigne une entité et par
conséquent “Brico” se serait imposée par l’usage au tessin.
● Décision du TAF → Brico est très connu au tessin, mais quand on regarde l’imposition par l’usage, c’est lié à la
suisse, non à une région. Ce n’est donc pas parce que Brico est connu au Tessin que cela permet de bloquer
l'enregistrement du signe dans toute la Suisse pour des raison d’imposition par l’usage.
“Brico” doit autrement pouvoir être utilisé par tous et rester à la libre disposition de chacun.

Extrait ATF:
Protection des marques; concurrence déloyale et droit au nom. Est-il possible de protéger un signe appartenant au
domaine public qui n'a qu'une portée régionale?
La dénomination "Brico" est assimilable à un signe appartenant au domaine public (consid. 1).
Art. 2 let. a LPM. Un signe appartenant au domaine public peut, exceptionnellement, être protégé en tant que marque, s'il
s'est imposé dans toutes les régions linguistiques comme une marque pour les produits ou les services concernés (consid.
2).
Application cumulative de la LPM et de la LCD (consid. 3a).
Dans le cas d'espèce, ni la loi contre la concurrence déloyale (consid. 3b et c) ni les dispositions relatives au nom (art. 29 al.
2 CC; consid. 4) ne justifient la protection de la désignation en cause.

COURS 5 (19.10.18)

La couleur
Protection possible mais relativement difficile à mettre en oeuvre.
Arrêt Lila - Milka
Les conditions ci-dessous ressortent de l’arrêt Lila pour Milka, qui avait déposé une demande d’enregistrement de la
couleur pour du chocolat.
L’IPI avait au départ refusé l’enregistrement de la couleur à Kraft pour des produits chocolatés. Sur recours, il a été
finalement constaté que Milka s’était imposée sur le marché, et que la couleur était inattendue pour le produit vendu.

Une couleur est protégeable à condition que :


● devenue distinctive avec le temps;
○ ex: le jaune de la Poste, donc marque imposée. Au départ la couleur n’était pas monopolisable, mais la
Poste rentre ici dans l’exception de l’usage. D’autant plus que La Poste fournit un service, donc le lien entre
la couleur et le service offert par La Poste est encore plus frappant. Avec les produits, c’est plus difficile.
● Non frappée d’un « impératif absolu de disponibilité »
○ il ne faut pas que ce soit la couleur naturelle du produit (ex: pas de rouge pour les tomates, ou le rouge
pour des extincteurs)
● particulière ou inattendue en relation avec le produit concerné et non techniquement nécessaire;
○ ex: Arrêt Lila pour Milka
● enregistrement limité à un nombre restreint de produits achetés par des spécialistes, ou à des services.
● Force distinctive plus facilement admise en relation avec des services
36
○ CREPI, 5 février 2002, sic!4/2002 p.242ss.

Pour les marques de couleurs, on fait comme avec les marques de position (un signe est à un endroit précis sur un produit,
toujours au même endroit, et donc cela devient une marque). Il faut que les signes qu’on voit sur le produit apparaissent au
consommateur comme étant une énigme qu’il n’arrive à résoudre qu’en se disant “la solution, c’est que ce produit
appartient à cette entreprise, et que donc ce signe est une marque”. La couleur ou la position est donc complètement
inattendue et particulière à un produit provenant d’une entreprise.
Par exemple, les Louboutins (semelle rouge -> couleur et position) ont enregistré la marque en Europe. Mais en Suisse cela
n’est pas passé, on ne considère pas cela comme marque car on est plus stricts.

Quand la couleur est simplement une intention de design, et non une volonté de rallier le produit à un producteur
(ralliance industrielle), alors ce n’est pas une marque de couleur.

«Farbkombination Blau/Silber» - Red Bull


Motif absolu d’enregistrement : existant. Enregistrement refusé
TAF, 21 février 2007, B-7436/2006, sic! 9/2007, p.625-629, RJPI N.64
Red Bull a déposé une demande pour enregistrer le bleu et l’argent comme marque de couleur.
● Dans un premier temps, l’IPI avait refusé d’enregistrer le damier de couleurs derrière les taureaux comme marque.
● Recours au TAF : le bleu fait référence à l’eau, élément qui doit donc rester dans le domaine public. L’argent n’est
pas une couleur mais une indication du reflet de la lumière sur la cannette l’aluminium du produit, donc NON à
l’enregistrement.
● Une couleur abstraite n’est enregistrable que si elle :
○ est totalement inattendue en relation avec les produits/services concernés
○ ne doit pas demeurer à la libre disposition de tous les acteurs de la branche considérée;
○ s’est imposée par l’usage.

Arrêt Orange
CJCE, Arrêt Liebertel du 6 mai 2003, C-104/01
Une couleur peut dans certaines circonstances et pour certains produits/services présenter un caractère distinctif ab initio.
En Europe, on admet plus largement qu’une couleur puisse représenter une marque. Une couleur peut être un signe
distinctif, même sans passage du temps. Il peut y avoir des couleurs qui s’imposent comme marque, mais il peut aussi y
avoir certaines couleurs qui sont tellement inattendues qu’elles sont dès lors une marque.
Exemple de l’orange pour Salt, anciennement “Orange” :
● elle fait l’objet d’une représentation graphique claire, précise et complète;
● son enregistrement ne restreint pas indûment la disponibilité des couleurs pour les autres acteurs du même
secteur de marché;
● elle est perçue comme marque par le public pertinent;
● son enregistrement est limité à un nombre de produits/services restreints pour un marché pertinent très
spécifique.
2.6.1.3 Domaine public : signes génériques ou descriptifs
Toujours dans le domaine public.
Signes qui donnent des indications sur le produit, sur ses caractéristiques. C’est des mots du langage commun/courant.

Donnent des indications relatives aux particularités du produit et


● ne sont pas le fruit d’un grand effort d’imagination. Si un travail de réflexion doit être fait, alors le signe n’est plus
générique.
● sont exclus de la protection dès que l’un ou l’autre des cercles des intéressés les considèrent comme génériques
ou descriptifs,
○ Un terme est générique dès qu’il est considéré comme tel par l’un ou l’autre des cercle des intéressés,
c’est-à-dire au moins une région linguistique faisant partie des acteurs du secteur concerné en Suisse. De
plus, on considère généralement que les Suisses comprennent l’anglais basique.
● sans qu’un gros travail de réflexion et d’imagination soit nécessaire
● pour décrypter l’association d’idées qui rend l’indication enregistrée descriptive des particularités des
produits/services concernés.
○ Pain pour du pain ou café pour du café. Mais on pourrait enregistrer café pour du parfum. Mais aussi tout
ce qui indique que le produit est mieux qu’un autre: ex: Extra, Top, Super

37
«Post»
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé.
TF, 1er décembre 2008, 4A_370/2008, sic! 3/2009, p.167-174, RJPI N.113.
Post décrit de manière directe les services postaux, il y a donc à la base une impossibilité absolue d’enregistrer cette
dénomination car elle est descriptive voire même générique, et doit à ce type rester dans le domaine public (Art 2 let a).
● Logique du TF : il y a peu d’alternatives à ce mot, ce qui empêcherait toute autre entreprise d’exercer dans ce
secteur. La marque est considérée comme descriptive, générique, et frappé d’un besoin de libre disponibilité. Il y a
donc une impossibilité de démontrer que le mot Post se serait imposé par l’usage comme des services postaux.

« Masterpiece»
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé.
TF, 7 février 2003, 4A_7/2002, ATF 129 III 225,
Le rapport avec le produit ou le service doit être tel que le caractère descriptif de la marque doit être reconnaissable sans
efforts particuliers d’imagination.
Demande d’enregistrement pour des services financiers. Masterpiece = chef d’oeuvre.
Dans les services financiers, il y a une bonne connaissance de l’anglais.
● Désignation purement publicitaire vantant le service et descriptive des particularités du produit, donc on en peut
pas l’enregistrer. L’association d’idées entre le signe et le service n’est pas difficile à décrypter : il n’y a pas d’effort
de réflexion à fournir pour comprendre le côté descriptif de la dénomination.

« Remederm/Repaderm»

TF, 9 septembre 1991, RSPI 1992 II p.222


Remederm a été enregistrée par Louis Widmer pour des produits cosmétiques pour la peau et médicaments
dermatologiques. Opposée à Repaderm -> autre marque de gel dans le médical, favorisant la cicatrisation.
Caractère descriptif de la marque car derme -> peau.
● Tribunal cantonal (autorité de première instance) avait été saisie par Louis Widmer pour une demande en
interdiction contre Cellorgong.
○ Décision : “Remederm” était valable, mais Repaderm ne rentre pas dans le champs de protection de
Remederm : le a sonne différent, donc pas d’empêchement relatif car pas de risque de confusion.
○ Vu que Remederm n’est pas très original, le champs de protection de cette marque est très limité.
● Recours au TAF:
○ Repaderm soulève la nullité de Remederm : la marque est composée de 2 termes descriptifs qui, même mis
ensemble ont un rapport étroit avec le produit.
○ Vu qu’il n’y a pas d’originalité, la marque Remederm ne pouvait pas faire l’objet d’un enregistrement
valable.
○ Décision finale : nullité de la marque Remederm, car signe frappé d’un empêchement absolu à
l’enregistrement.
En réalité, on trouve encore les 2 produits en pharmacie, car l’argument du TAF pouvait être inversée : si Repaderm agissait
contre Louis Widmer pour faire interdire l’utilisation de la marque Remederm, le risque est que Louis Widmer soulève
l’exception de la nullité de la marque Repaderm. On aurait les mêmes marques et les mêmes arguments. Ni Remederm ni
Repaderm ne pourrait en réalité être enregistrés. Il y a finalement une co-existence. Il n’y a juste pas la possibilité que l’un
réclame à l’autre des dommages et intérêts.

« Solis et Liliput/Soliput»
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Marques SL non invalidées et enregistrement S refusé pour motif relatif d’exclusion.
TF, 17 mars 1953, ATF 79 I 98 / JT 1954 I 148.
Solis et liliput (SL) fabriquaient des coussins chauffants et des petites lampes à quartz pour bronzer. L’entreprise a déposé 2
marques, une Solis et l’autre Liliput.
Un concurrent commercialise des petites lampes à quartz sous le nom Soliput (S).
● SL disent que S ne peut pas commercialiser sous ce nom des produits similaires. Motif relatif d’enregistrement.
● Pour se défendre, S veut voir si SL sont des marques valables. Liliput est-il descriptif? si S arrive à faire annuler la
protection de la marque Liliput, alors il n’y aurait plus de risque de confusion avec Solis.
○ Vu que Liliput est une histoire, un monde imaginaire très connu dans lequel il y a des minuscules hommes,
la marque Liliput est valable car demande un effort de réflexion et cela ne décrit pas directement le fait

38
que c’est petit. Il n’y a pas non plus un besoin de libre disposition, car Liliput n’empêche pas d’utiliser
d’autres mots pour représenter la petitesse.
■ Piccolo aurait par contre été descriptif de la petitesse des produits, car les milieux intéressés
auraient compris ce mot.
● Soliput n’est pas valable car il y a bien une contraction des deux marques du titulaire de SL. Susceptible d’être
confondu de manière directe ou indirecte, car le public pourrait rapporter ce nouveau nom comme un troisième
produit de SL.

«delight aromas»
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TAF, 4 décembre 2007, B-804/2007, sic! 6/2008, p.433-434, RJPI N.91.
Pour des produits alimentaires. Delight -> pas du vrai anglais. Delightfull est le vrai terme anglais. Delight pourrait tout
autant vouloir signifier léger pour “light”.
Le TAF dit que Delight n’est pas juste, donc ne peut pas être descriptif . Quand on ne trouve pas le mot dans le dictionnaire,
alors on ne peut pas le considérer comme descriptif. Donc à priori cela pourrait être éligible à l’enregistrement. En plus, les
connaissances de l’anglais par les consommateurs de denrées alimentaires sont limitée (basique). Le sens de la marque
déposée est donc variable, car nécessite un effort de compréhension, donc la marque est enregistrable.
Autre exemple : Babydry pour des couches. Néologisme, car les termes utilisés existent en tant que tels, mais
combinés ils ne forment pas de l’anglais correct, donc pas descriptif.

2.6.1.4 Signes trompeurs


Art. 2al.1 litc LPM, susceptibles d’induire le public en erreur sur:
● La nature
● La provenance
● La qualité
● L’ayant droit du produit ou du service désigné, selon l’appréciation qu’en a le cercle des destinataires pertinent.

Autres particularités :
● Un risque de tromperie objectif suffit (pas nécessaire que la tromperie soit volontaire).
● Même dans une seule de nos langues nationales pour une partie seulement du public suisse pour qu’il ne puisse
pas être enregistré comme marque
○ Différent de ce qu’on a vu pour l’imposition des signes comme marques : Arrêt Brico - un signe valable
peut devenir banal si on établit que dans l’esprit du public il identifie l’entreprise à l’origine de celui-ci, mais
le public est la Suisse en entier. Il ne suffit pas d’une imposition en Suisse italienne pour que la marque
puisse être enregistrée et considérée comme valable dans l’ensemble de la Suisse.
● Selon la manière dont signe est enregistré (et pas utilisé).
○ Pas de réparation possible par l’usage.

«Wilson»
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TF, 16 avril 2013, 4A_6/2013, sic! 9/2013, p. 532-536, RJPI N.669
Tabac: Wilson est le nom d’une ville de l’Etat de Caroline du Nord. Y-a-t-il un risque que le consommateur soit induit en
erreur?
● TAF : estime que le signe n’est pas trompeur, car n’est pas descriptif ou dépourvu de force distinctive, et n’est pas
non plus compris comme une indication de provenance.
● A titre d’indice (pour conforter le TAF dans leur opinion), on regarde aussi du côté du pays d’origine le signe n’est
pas non plus frappé d’un besoin de libre disponibilité. Dans ce cas, il est utilisé par un seul titulaire aux Etats-Unis
pour cette classe de produits. Par conséquent, rien ne s’oppose à ce que le signe Wilson soit enregistré en Suisse
pour du tabac également.
● Il peut donc bénéficier de l’enregistrement comme marque, si il précise que ce n’est pas un produit de la région de
Wilson.

« Tourbillon»
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TAF, 7 décembre 2010, B-1223/2010, sic! 5/2011, p.319, RJPI N.237

39
Enregistré pour des produits horlogers. Comment est compris le terme tourbillon? est-ce que cela évoque une
caractéristique de la montre ou la colline qui se trouve à Sion ?
● Le TAF suggère qu’il faut tenir compte de l’ensemble des destinataires potentiels et surtout des cercles les plus
vulnérables (les moins qualifiés). Le TAF estime qu'il y a 3 interprétations:
○ 1. au sens littéral, comme un tourbillon dans l’eau ou dans l’air
○ 2. au sens descriptif, comme un tourbillon d’horlogerie
○ 3. au sens géographique, comme une référence indirecte à Sion : indication de provenance
● Quel sens est prépondérant ? En fonction de cela, il se pourrait que la marque puisse induire en erreur.
● Le TAF conclue que “Tourbillon” agrémenté de l’élément graphique évite au consommateur d’être induit en
erreur : on pense plus au tourbillon d’une montre qu’à un lieu géographique.
● Par conséquent, le TAF a admis la marque à l’enregistrement, car les signes verbaux et graphiques combinés ne
sont pas trompeurs
○ Mais la décision peut être difficile à comprendre si on s’en tient à la loi, car l’élément graphique faisant
référence à une caractéristique de la montre rend la marque descriptive, et donc dans le domaine public.
Le TAF a probablement estimé que l’interprétation demandait une certaine réflexion du consommateur, et
que le tourbillon ne représentait qu’une petite partie de la montre et pas le produit dans son ensemble (ex:
pépin pour une pomme).
○ Il se peut toutefois qu’un tiers attaque par la suite la marque en soulevenant l’exception de nullité.

«Expo.02»
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
CREPI, MA-AA 16/00, sic! 8/2001, p.738-740
Exposition nationale. L’association avait déposé une marque “expo.01”. Et puis il est apparu dans le courant de l’année
1999 que le projet prendrait du retard. A ce moment, quelqu’un qui avait rien à voir a eu l’idée de déposer la marque
expo.02. Dès le moment ou expo.01 a voulu se transformer en expo.02 il y a eu un problème.
● L’enregistrement de expo.02 par le tiers a été refusé, car trop banal pour une exposition en 2002 et en plus
trompeur par rapport à l’association qui avait déposé expo.01.
○ Le déposant de expo.02 a donc fait recours : si banal, pourquoi expo.01 avait-il pu être enregistré ?
● Réponse de la CREPI : entre 01 et 02, expo.01 était devenu distinctive et s’était donc imposé (entre 95 et 99)
comme marque alors même que expo.02 était banal pour 2002. Vu que expo.01 s’était imposé, alors déposer un
expo. 02 est trompeur pour un tiers qui n’a rien à voir.
○ Expo.01 ont donc pu déposer expo.02.
Nombreux autres arrêts du TAF en particulier, voir RJPI pour des exemples.

2.6.1.5 Signes contraires aux moeurs


Les bonnes moeurs sont bien évidemment variables. Les signes contraires aux moeurs peuvent être choquants en eux-
même, ou bien choquants dans l'association avec le produit.
Ex: à la fin de la guerre, il y a eu une demande d’enregistrement de Adolf comme papier de toilette -> refusé.

Contraires du point de vue religieux, moral ou culturel


«Madonna»
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé.
TF, 22 septembre 2010, 4A_302/2010 sic!2/2011, p. 104-108, RJPI N.245
Refus du TAF au motif qu’il y a une référence chrétienne qui pourrait choquer les adeptes moyens de cette religion (pas les
extrémistes).
● Quelle que soit la nature du produit pour lequel est utilisée la marque, la simple référence à un élément religieux
peut choquer la population avertie.
○ Même si une partie de la Suisse voit plus une référence à la chanteuse, on n’en tient pas compte.

«Opium»
Motif absolu d’exclusion : inexistant. Enregistrement accepté.
TF, 3 octobre 1986, RSPI 1987 I 57
Marque de cosmétiques (parfum et savon) déposée sur le plan international par Yves St-Laurent.
● Mais dès le moment où YSL a voulu l’enregistrer en Suisse, l’IPI a refusé la demande : au sens littéral, Opium fait
avant tout référence à de la drogue et serait contraire aux bonnes moeurs.
● YSL a fait fait recours.
40
○ Le TF infirme effectivement que Opium (bien que de mauvais goût) n’est pas contraire aux moeurs.
○ Il a donc exclu le caractère choquant, mais se demande si le terme ne pourrait pas induire le public en
erreur?
■ Ceux qui pourraient être induit en erreur sont les drogués, mais généralement, ces gens savent très
bien qu’ils n’en trouveront pas au rayon parfum.
○ Donc pas de risque que le consommateur soit induit en erreur : la marque verbale a été acceptée.

«Week-end sex»
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé car contraire à la morale.
TF, 19 novembre 1972, RSPI 1973 I 45
Marque déposée pour un journal. Refusé car fait l’apologie du sex pendant le week-end.

Contraires au droit en vigueur


Art. 2al.1 litd LPM, ont un contenu choquant / trompeur parce que:
Sont contraires au droit en vigueur (y compris traités internationaux) en particulier protection des armoiries et autres
signes publics:

«Emblème du croissant rouge»


Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé (produits pharmaceutiques) car signe
déposé entre dans le champs de protection de la Croix Rouge.
TAF, 14 mai 2013, B-3304/2012, sic! 10/2013, p.610, RJPI N.671
La croix rouge n’est pas représentée partout par une croix rouge mais aussi par un croissant rouge
dans une grande partie du monde. L’utilisation du croissant viole les lois en vigueur. Signe
trompeur + risque que le public soit induit en erreur.

Résumé sic:
Le signe du croissant rouge est absolument exclu de la protection de la marque, même en combinaison avec d'autres
éléments de la marque. Un cercle perforé de manière excentrique peut être perçu comme un croissant et est donc
incapable de protéger en rouge. La palette de couleurs rose pâle reste trop semblable à celle d'un croissant rouge.
Cf résumé decisions.ch dans doc jurisprudence

«EuroSwiss University»
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement refusé.
TAF, 8 juin 2007, B-7399/ 2006, sic! 1/2008, p.51, RJPI N.248
Rien à voir avec l’Europe, donc contraire au droit.
Résumé decisions.ch :
Le caractère à évaluer dans cette affaire contient tous les éléments caractéristiques de l'emblème du
Conseil de l'Europe. Sur la base de l'impression globale du signe, il y a lieu de croire que le public pertinent penserait, dans
la perception du signe, à une relation entre le détenteur du signe et une organisation intergouvernementale et supposera
que l '"université EuroSwiss" a été créée et exploitée par l'une de ces institutions. Par conséquent, le signe est trompeur au
sens de l’Art. 2 LPM.

«Pfannen- Trophy»
Commission suisse pour la loyauté, sic! 9/2004, p.737-741
Décision prise par la commission suisse pour la loyauté. Signe apposé sur le fond des casseroles.
La production était à la base suisse, mais les produits ont eu un tel succès qu’ils ont dû délocaliser la
production en Chine, et les casseroles ont continué à être marqué par “Switzerland”.
Mais il ne suffit pas de dire que les produits ont été fabriqués sous licence Suisse en Chine pour qualifier la provenance
comme Suisse. Décision prise avant Swissness.
La publicité et l'emballage des récipients Trophy arboraient de manière bien visible la croix suisse et le terme «Suisse»,
tandis que l'appellation d'origine "Made in China" était uniquement imprimée sur l'emballage. En conséquence, la SLK est
parvenue à la conclusion que, conformément à son principe n ° 2.1 ainsi qu’à l’article 3 lit. b de la loi fédérale contre la
concurrence déloyale (LCD), il existe un usage déloyal d'une indication d'origine suisse.
Cf résumé decisions.ch dans doc jurisprudence

«www.bundesgericht.ch»
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement annulé.
41
TF, 2 septembre 2003, sic! 2/2004, p. 109-110.
Quelqu’un a enregistré ce nom de domaine, alors qu’il n’avait rien à voir avec la Confédération.
Le TF a réagi en demandant de transférer gratuitement le nom de domaine. Une plainte pénale a été déposée comme en
prévoit la possibilité selon la protection des armoiries et autres signes (Loi sur la protection et l’emblème suisse).
Finalement, la cause revient devant le TF (situation boomerang) qui dit que les mots Confédération, Fédérale, Communale
etc sont selon l’Art. 6 de la Loi sur la Protection des Armoiries réservées aux collectivités publiques qu’elle désigne. Celui
qui enregistre un signe directement représentatif de la collectivité publique sans avoir d’autorisation à le faire est par
conséquent dans l’illégalité, et doit renoncer à sa protection.

2.6.2 Classification des différents types de marques en fonction

COURS 6 (26.10.18)

En fonction :
● des biens / de l’objet de la marque:
○ En fonction des produit:
■ de fabrique
■ de commerce
■ de production
○ En fonction des services
● de l’aspect:
○ figuratives
■ simple, au sens strict
■ combinées ou complexes
○ de forme et de position (Art. 2 b LPM)
■ simple, au sens strict
■ signes tridimensionnels
○ verbales
● du titulaire
● du champs de protection
● du type d’usage

2.6.2.1 des biens auxquels la marque se réfère


● des biens / de l’objet de la marque:
○ En fonction des produit:
■ de fabrique
■ de commerce
■ de production
○ En fonction des services
2.6.2.2 de l'aspect de la marque (y compris les marques de forme et de position)
● de l’aspect:
○ figuratives
■ simple, au sens strict
■ combinées ou complexes
○ de forme et de position
■ simple, au sens strict
■ signes tridimensionnels
○ verbales

2.6.2.2.1 Figuratives
Marques figuratives simples :

42
Marques combinées ou complexes

2.6.2.2.2 Verbales
● Mots
○ mots simples, suites de mots, slogans.
● Acronymes:
○ Ensemble de caractère alphabétique qui sont les initiales de différents mots qui désignent un tout.
○ Les marques faibles “limites” (qui ne restent pas longtemps en mémoire) bénéficient d’un champ de
protection réduit. Les acronymes en font partie, car il suffit d’apporter une petite modification pour de ne
plus tomber dans le champs de protection de la marque.

«SFG»
CJGE (Cour de Justice du canton de Genève), 14 décembre 2007, ACJC/1565/ 2007, sic! 2/2009, p.82-86, RJPI N.544
2 raisons sociales différentes : Société Fiduciaire de Gérance VS Services Financiers de Genèv. Services similaires
● Décision de la CJGE: l’acronyme SFG est descriptif dans les 2 cas, donc exclu de la protection des droits de marques
et des raisons de commerce.
● Le seul élément susceptible d’être distinctif dans ce cas-là étant l’acronyme, et celui-ci étant descriptif donc exclu
d’enregistrement, il a été admis qu’il y avait un risque de confusion.

«SAP/ASAP»
TAF, 28 mais 2010, B-2844/2009, sic! 10/2010, p.725, RJPI N.351
Pour des service relevant de l’informatique, des télécom et de la comptabilité, SAP et ASAP seraient-ils susceptible d’être
confondus ? Le TAF dit: les 2 signes ont pas de signification claire qui leur soit propre. L’adjonction d’une lettre initiale est
propre à modifier l’impression générale qui se dégage d’une courte suite de lettre que forme un acronyme, donc co-
existence possible.

«ASV»
TAF, 18 mars 2013, B-6629/2011, sic! 7-8/ 2013, p. 443, RJPI N.646
Coexistence entre 2 signes: Adaptive Support Ventilation (aides médicales qui permettent d’amener une assistance
respiratoire) donc destiné aux médecins qui ont l’habitude de ce genre de produits (experts). Autant Adaptive Support
Ventilation que ASV (car renvoie les consommateurs avertis au sous-jacent de l’acronyme) sont descriptifs du produit qu’ils
désignent. L’acronyme n’est donc pas protégeable au niveau des marques.

«APRIL/APIL»
TAF, 22 juillet 2013, B-2681/2012, sic! 12/2013, p.768, RJPI N.703
APIL: Assurance Pour les Impayé de Loyer; APRIL: services d’assurance. Très grande similarité visuelle et phonétique, donc
risque de confusion (malgré le degré d’attention lorsqu’on conclut un contrat d’assurance).
● Différence avec ASAP, c’est que la lettre ajoutée est pas au début du mot dans ce cas. Le risque de confusion est
accru si le début du mot est identique. D’après les juges, notre audition accorde une attention particulière au début
et à la fin du mot.

43
2.6.2.2.3 Forme et position
La forme du produit pourra, en vertu du cumul des titres de protection, être protégée à la fois en tant que:
● œuvre des arts appliqués, si elle est individuelle;
● design, si elle est nouvelle et originale;
● marque de forme, si la forme du produit lui-même fait référence à l’entreprise qui en est à l’origine.

Les marques tridimensionnelles n’existent en droit Suisse que depuis 1992. Avant, on appelait ça des marques “telles
quelles”. La législation étrangère était plus avancée qu’ici, donc on reconnaissait les marques de forme lorsqu’elles étaient
enregistrées ailleurs.

Il y a deux types de marques de forme :


● forme tridimensionnelle au sens étroit : consiste en la forme tridimensionnelle de la marchandise ou de
l’emballage, ou d’une de leur partie. Le signe se confond avec l’objet désigné
● forme tridimensionnelle au sens large : le signe et l’objet désigné ne sont pas identiques.
○ Soit ces marques sont indépendantes de la forme de la marchandise ou de son emballage et peuvent donc
être considérées séparément du produit concerné sans que la fonction de celui-ci n’en soit altérée (p. ex.
l’étoile Mercedes),
○ soit elles sont revendiquées pour des services et non pas pour des produits.

L’art. 2 let. a LPM prévoit que les signes appartenant au domaine public sont exclus de la protection, sauf s’ils se sont
imposés comme marques pour les produits ou les services concernés;
L’art. 2 let. b LPM prévoit que les formes qui constituent la nature même du produit et les formes de produits ou
d’emballages qui sont techniquement nécessaires sont exclues de la protection. Conformément à cette disposition, aucun
signe tridimensionnel appartenant à ces catégories ne peut s’imposer comme marque par l’usage.
● La forme donnée à un produit doit pouvoir être dissociée de sa fonction et la forme de l’emballage choisi ne doit
pas être la plus simple et la meilleure marché. (ensuite, est-elle distinctive?)
● vérifier d’abord que la forme n’est pas techniquement nécessaire ou ne constitue pas la nature même du produit
au sens de l’Art. 2 al.1 lit.b LPM, puis qu’elle n’est pas non plus exclue de l’enregistrement parce qu’elle
appartiendrait au domaine public au sens de l’Art.2 al.1 lit.a LPM.

Nature même du produit : les formes qui constituent la nature même du produit sont celles dont les caractéristiques
tridimensionnelles essentielles se composent d’éléments de forme purement génériques pour les produits du segment correspondant.
Sous l’angle de l’art. 2 let. b LPM, l’Institut détermine quels sont les éléments qui caractérisent le genre des produits en question. Les
formes de produits ne présentant que des différences minimes par rapport aux éléments purement génériques sont exclues de
l’enregistrement. Par contre, si une forme de produit comporte des éléments décoratifs allant au-delà des éléments inhérents à la
forme, elle ne constitue en principe plus la nature même du produit.
Les formes suivantes constituent par exemple la nature même du produit : un simple anneau (déposé pour des bijoux) ou une simple
balle (pour des jouets), sans aucune adjonction.
Un emballage destiné à un produit qui ne possède pas de forme propre (liquide, poudre, substance gazeuse) tombe également sous le
motif d’exclusion « nature même du produit », s’il est composé d’éléments purement génériques. Il existe un besoin absolu de
disponibilité pour ce genre d’emballage.
Techniquement nécessaire : Tant la forme de la marchandise que celle de son emballage peut être techniquement nécessaire au sens
de l’art. 2 let. b LPM. Une forme est considérée comme techniquement nécessaire au sens de l’art. 2 let. b LPM lorsque, pour un produit
de la nature concernée, il n’existe absolument aucune forme alternative permettant d’obtenir le même effet technique à la disposition
des concurrents, ou lorsque l’usage d’une forme alternative ne peut être raisonnablement envisagé dans un marché concurrentiel.
L’absence de formes alternatives raisonnablement envisageables est donnée lorsque les concurrents doivent renoncer à la forme la
plus élémentaire, voire la mieux adaptée, et sont contraints d’avoir recours à une solution moins pratique, moins solide ou engendrant
des coûts de production plus importants272.
Si une forme de produit ou d’emballage comporte des éléments esthétiques, en plus d’éléments techniquement nécessaires, l’art. 2 let.
b LPM ne s’applique pas. Par contre, les formes techniquement nécessaires ne comprenant que des éléments esthétiques mineurs
tombent sous le coup du motif d’exclusion prévu à l’art. 2 let. b LPM.
Il faut distinguer la nécessité technique (technisch notwendig) prévue par l’art. 2 let. b LPM de la forme du produit liée à des
considérations d’ordre technique (technisch bedingt), qui est prise en compte dans l’examen du motif de refus lié au domaine public,
conformément à l’art. 2 let. a LPM .
Domaine public : Appartiennent au domaine public les simples éléments géométriques de base. Il en est de même en particulier des
formes de produit ou d’emballage qui ne s’écartent d’une forme habituelle et attendue ou banale ni dans leurs éléments, ni dans la
combinaison de ces derniers. Ces formes ne restent ainsi pas ancrées dans la mémoire des destinataires par manque « d’originalité ».
Lorsqu’une marque est constituée d’éléments appartenant au domaine public, son originalité doit résider au moins dans la combinaison
de ses éléments constitutifs, lesquels doivent être combinés de manière inattendue. En d’autres termes, une forme ne relève pas du

44
domaine public lorsqu’elle se démarque clairement (auffällig) des formes banales dans la catégorie de produits ou services concernée
de manière à être perçue par les milieux concernés comme un renvoi à une entreprise déterminée.
Ainsi, lors de l’examen d’une demande d’enregistrement, il faut dans un premier temps définir les formes banales dans le domaine des
produits ou services revendiqués au moment de la décision, en se fondant sur les formes de produits et d’emballages utilisées
couramment dans les catégories en question. La diversité des formes dans la catégorie considérée joue un rôle prépondérant dans cette
définition des formes banales de produits et d’emballages. En effet, plus grande est la diversité des formes dans une catégorie, plus il
sera difficile de créer une forme non banale qui puisse être perçue par les destinataires comme un renvoi à une entreprise déterminée
et non comme simple variante d’une forme usuelle. Dès lors, plus la diversité de formes dans le domaine concerné est grande, plus le
nombre de formes (ou de parties de ces formes) considérées comme banales est élevé.
Ensuite, il faut déterminer dans quelle mesure la forme examinée, en se basant sur l’impression générale qui s’en dégage, s’écarte des
formes banales, précédemment définies, du domaine concerné. Le caractère inhabituel d’une forme (parce qu’elle est nouvelle sur le
marché ou qu’elle n’est utilisée que par une seule entreprise) n’exclut pas son appartenance au domaine public. En effet, le fait que la
forme examinée se différencie de celles utilisées pour des produits ou services concurrents n’est pas décisif. Le seul élément
déterminant est de savoir si l’écart avec les formes usuelles de la catégorie de produits ou de services en question est à tel point
évident, inattendu ou inhabituel, que ladite forme est perçue par les destinataires comme le renvoi à une entreprise déterminée. Il ne
suffit pas qu’une forme soit particulière (individuell) et qu’on puisse s’en souvenir pour que les milieux intéressés la considèrent comme
un renvoi à la provenance commerciale des produits et services. En d’autres mots, il ne suffit pas que la forme en question se distingue
d’autres formes seulement par son aspect esthétique ; au contraire, son originalité manifeste doit faire fonction de renvoi à une
entreprise déterminée. En particulier, une forme même peu courante peut être déterminée par des aspects fonctionnels (p. ex. la
fabrication ou sa destination) ou des aspects de nature esthétique. Ces formes sont considérées comme banales. Sont également
assimilées aux formes banales celles qui, sans être techniquement nécessaires, sont déterminées par leur finalité (formes liées à des
considérations d’ordre technique).
Conformément aux principes généraux applicables dans l’examen des marques (cf. ch. 3, p. 106), la perception que le public cible a d’un
signe est décisive pour l’appréciation de son caractère distinctif. Si ce dernier reconnaît dans une forme du produit ou de l’emballage,
en plus de son aspect fonctionnel ou esthétique, également un renvoi à une entreprise déterminée, elle peut être protégée en tant que
marque.

A. Signes tridimensionnels au sens large


Parmi les marques tridimensionnelles au sens large figurent, par exemple, les mots, les chiffres, les lettres ou les
représentations figuratives (reliefs, figures, corps géométriques) en trois dimensions. Ces signes sont en principe examinés
selon les mêmes critères que ceux applicables aux signes bidimensionnels et ils relèvent du domaine public quand ils sont
composés exclusivement d’indications descriptives ou usuelles, ou de formes tridimensionnelles banales et simples (les
corps géométriques tels que les sphères, les prismes, les cubes, etc.), ou lorsqu’ils ne s’en
écartent pas suffisamment.
Font également partie des marques tridimensionnelles au sens large les formes de produit
déposées pour des services. Lorsque la forme en question représente un objet concerné par
la prestation du service (p. ex. une voiture pour des services de location d’automobiles) ou
utilisé à cette occasion (p. ex. des ciseaux pour les services d’un salon de coiffure), l’Institut
applique de manière analogue les principes employés pour l’examen selon l’art. 2 let. a LPM
des marques tridimensionnelles au sens étroit.
L’appréciation de l’appartenance au domaine public d’un signe tridimensionnel au sens large
se fonde sur l’art. 2 let. a LPM. L’art. 2 let. b LPM ne s’applique par contre pas.

Exemples: Mercedes, Helvetia

B. Signes tridimensionnels au sens strict


Pour les marques tridimensionnelles au sens étroit (les formes du produit ou de l’emballage), le signe et l’objet désigné se
confondent entièrement ou partiellement. Il s’avère dès lors difficile d’établir si une forme de produit ou d’emballage
possède un caractère distinctif concret.
Pour en juger, on tiendra compte du fait que les cercles de destinataires perçoivent en principe dans une forme de produit
ou d’emballage, ou dans une de leurs parties, le produit à proprement parler, respectivement la forme de son emballage,
et non le renvoi à une entreprise déterminée.
En effet, une forme de produit ou d’emballage obéit prioritairement à des critères
fonctionnels ou esthétiques et n’exerce pas la fonction d’une marque. Si la forme dépasse
ces critères fonctionnels ou esthétiques et parvient à renvoyer à une entreprise, elle est
alors dotée du caractère distinctif et peut être admise à l’enregistrement à titre de marque.

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L’existence de motifs d’exclusion pour une marque tridimensionnelle au sens étroit est examinée à l’aune tant de l’art. 2
let. a que de l’art. 2 let. b LPM. Chaque fois qu’il n’existe pas de motif de refus au sens de l’art. 2 let. b LPM, l’Institut
examine le signe déposé à la lumière de l’art. 2 let. a LPM pour déterminer si la forme relève du domaine public.

Chaise panton
IPI refuse d’enregistrer la forme de la chaise Panton comme une marque : il y a uniquement de la recherche esthétique qui
est donnée au produit. Aucun signe distinctif qui revient à cette forme. Ne peut pas faire de la monopolisation : c’est soit
du droit d’auteur soit du droit des marques.

ATAF du 20 fév.2008, B-6050/2007, sic! 9/2008 p. 635


Recours au TAF, qui contredit la décision de l’IPI et arrête que cette chaise est totalement atypique et fait référence à
l’entreprise qui en est à l’origine. Par conséquent, sa forme joue une rôle de marque.

TF, 19 août 2008, 4A_170/2008, ATF 134 III 547, sic! 2008, p. 890-893, «Freischwinger Panton (3D) II»
Recours devant le TF: Refus à nouveau pour la marque de forme.
● Le droit des marques n’est pas là pour prolonger indéfiniment la protection. La marque de forme ne peut pas
reprendre le relais après l’échéance de la protection du design, car cela reviendrait à pérenniser sans limite des
droits qu'on a voulu limiter dans le temps (droit du design) car le droit à la marque prendrait le dessus après la fin
du droit du design.
● De plus, le public (acheteur de mobilier) ne voit pas autre chose qu’une simple recherche esthétique.
○ Mais cet argument n’est valable qu’à l’enregistrement à titre originel : si on prouve que la forme s’est
imposée comme marque avec le temps, l’argument de la simple recherche esthétique ne sera
probablement plus valable.

ATAF, 3 déc. 2010, B-5614/2008


Décision finale du TAF : puisque le TF nous demande de vérifier si la forme s’est imposée comme marque, on le fait et
l’enquête montre que la forme s’est effectivement imposée comme marque.

Boules Lindor
Motif absolu d’exclusion : existant. Enregistrement de la marque de forme refusée.
TF, 18 juillet 2007, 4A_129/2007, sic! 2/2008 p.110-113, RJPI N.187
Les boules de chocolat Lindor. Forme sphérique avec couleur rouge et bleu.
● Refus par l’IPI de la demande d’enregistrement de la forme car considéraient que la forme géométrique (classique)
faisait partie du domaine public : Art 2 let. a.
● Recours au TF: Se pose les question au sens de l’art.2 l.b. La forme sphérique et l’emballage du produit sont-ils
techniquement nécessaires ?
○ emballage : techniquement nécessaire, car c’est l’emballage le plus pratique pour déballer le chocolat et en
plus c’est une forme d’emballage qu’on connaît pour beaucoup de ce type de produits. (l’emballage amène
un plus, il est pratique, optimal en terme de taille…).
○ sphère -> forme géométrique de base et ne constitue pas la nature même du produit donc pas
d’empêchement pour Art. 2 b mais par contre contraire à l’Art 2 a : appartient au domaine public.
■ en plus, il n’y a pas de précision quant au diamètre
○ les couleurs ne sont pas non plus distinctives : utilisation répandue du rouge et du bleu pour le chocolat.
Résumé sic! :
4. Droit des signes distinctifs
4.1 Marques
LTF 42 II. Il n’est pas entré en matière sur les conclusions qui ne sont pas motivées (consid. 2.3).
LPM 2 b. Une forme faite d’un élément (en l’occurrence: des extrémités enroulées) qui constitue la nature même du
produit (en l’espèce: du chocolat) fait partie du domaine public et ne peut pas être enregistrée comme marque. A été
laissée ouverte la question de savoir s’il est possible qu’un signe s’impose comme marque et, partant, qu’il soit enregistré
lorsque d’autres éléments – pour lesquels il n’y a pas de besoin absolu de les laisser à libre disposition du public –
déterminent l’ensemble de la forme en question. Le besoin absolu de laisser le signe à la libre disposition du public a été
confirmé en l’espèce pour une forme sphérique d’une taille indéfinie de couleur rouge ou bleue, sans plus de précisions
quant au ton (consid. 3.1, 3.2).

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LPM 2 a. Lorsqu’une forme sphérique est reconnue dans le commerce comme marque seulement dans une grandeur bien
déterminée, elle ne peut pas revendiquer une protection pour toutes les dimensions (consid. 3.3, obiter dictum).

Résumé recueil jurisprudence :


sic! 2/2008, p. 110-113, « Lindor-Kugel (3D) » ; motifs absolus d'exclusion, signe appartenant au domaine public, signe
tridimensionnel, boule, Lindor, Lindt, chocolat, signe verbal, couleur, besoin de libre disposition, imposition comme marque ;
art. 2 lit. a LPM, art. 2 lit. b LPM ; cf. N 179 (arrêt du TAF dans cette affaire).
Refus à l'enregistrement comme marque tridimensionnelle des boules Lindor pour du chocolat sans l'indication verbale
Lindor, sans revendication de diamètre, mais avec revendication des couleurs bleue et rouge. S'il serait imaginable de nier
le besoin de libre disposition pour des formes de dimensions concrètes et bien déterminées, combinées avec des couleurs
bien définies, il n'est pas acceptable que des éléments qui devraient rester à la libre disposition de tous puissent être
protégés lorsqu'ils sont revendiqués de manière générale. Dans le cas particulier, la forme considérée est constituée
exclusivement d'éléments appartenant au domaine public qui, même dans leur combinaison telle que définie dans la
demande d'enregistrement, doivent demeurer à la libre disposition du commerce. Il ne peut ainsi pas être remédié à leur
appartenance au domaine public par un long usage.

Arrêt RADO
ATF 120 II 307/JT 1995 I 271
Cet arrêt a un peu confondu “nature même du produit” et “nécessité technique”.
● Pour être protégée comme marque, une forme doit frapper par son originalité, se distinguer de ce qui est usuel et
attendu, et demeurer ainsi gravée dans la mémoire des acheteurs -> être distinctive et non purement
fonctionnelle;
● Les formes protégeables sont ainsi celles que le public ne considère pas comme nécessaires à la fonction du produit
et qui ne constituent pas non plus la forme simple et courante du produit lui-même.
● Faiblesse de l’arrêt : dit que toute forme purement fonctionnelle, correspondant à ce qui est attendu du public qui
la considère comme usuelle et nécessaire pour permettre au produit de remplir sa fonction, constitue la nature
même du produit et n’est pas protégeable en vertu de l’Art.2 lit.b LPM, mais n’est pas non plus protégeable au sens
de l’Art.2 lit.a, parce que dépourvue de force distinctive.

Impossibilité d’exclure de manière générale certaines catégories de produits de la marque de forme:


Fromage (en forme de fleur)
CREPI, 7 fév. 2002, sic! 5/2002, p.345; La forme fait le produit?
Pour le St-Honoré qui a une forme de fleur, la forme est bien distinctive et non nécessaire, donc enregistrable.
Pour la Tête de moine, la forme n’est pas distinctive à titre originel, mais l’est devenu avec l’usage grâce à l’outil.
Résumé sic! :
LPM 2 let. a. Le motif d'exclusion tiré de l'appartenance au domaine public est également applicable aux marques en trois
dimensions; elles doivent se distinguer des formes simples et courantes. Pour ce qui est de l'enregistrement, savoir si une
marque en trois dimensions se distingue suffisamment d'autres formes existantes n'est pas décisif (consid. 5-8). LPM 2 let.
a. Une combinaison inattendue d'éléments appartenants au domaine public peut créer une impression d'ensemble
distinctive (consid. 8). LPM 2 let. a.
Pour du fromage, la forme d'une fleur ou d'une plante n'est ni usuelle ni courante; de plus, elle s'écarte de ce qui est
prévisible et habituel et crée ainsi une impression d'ensemble caractéristique et dotée d'une force distinctive restant
également ancrée dans la mémoire. En outre, la forme d'une fleur ne constitue pas une dénomination nécessaire au
commerce pour du fromage

Pâtisserie et confiserie (bûche de Noël)


CREPI, 30 nov. 2000, sic! 2/2001, p.127;
Un gâteau en forme de bûche est à l’origine assez original, cela aurait été protégeable en tant que marque de forme,
néanmoins, avec le temps, c’est une marque de forme qui a dégénéré et est devenue un signe libre.
Résumé sic! :
LPM 2 lit. a. Appartiennent au domaine public les signes qui ne peuvent pas servir à distinguer des produits ou des services
et qui ne sont pas perçus par le public comme l'indication d'une certaine provenance.
LPM 2 lit. a. Les marques en trois dimensions également ne doivent pas appartenir au domaine public, mais doivent au
contraire se distinguer des formes simples et courantes, et être capables de rester gravées dans la mémoire des
consommateurs de par leurs particularités.
LPM 2 lit. a. S'agissant de produits chocolatiers et de pâtisseries, la forme d'une vieille pièce de bois ne fait partie ni des
formes géométriques de base,ni des autres formes usuelles; de plus, la structure irrégulière de la surface n'est pas due à sa

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nature fonctionnelle. Toutefois, en relation avec des produits chocolatiers et des pâtisseries, cette forme est généralement
répandue; les consommateurs ne la perçoivent pas en tant que marque, mais en tant qu'apparence extérieure d'un certain
genre de produits. Ainsi, elle constitue un signe appartenant au domaine public.
LPM 2 lit. a. Le caractère protégeable d'un signe doit être apprécié selon des critères uniformes, sans tenir compte du
genre de produits pour lesquels la marque est destinée.

Horlogerie/Bijouterie?

Tablettes de poudre pour la machine à laver la vaisselle


CREPI, 18 novembre 2003 , sic! 5/2004 p.405-407;
● Forme géométrique de base, pour laquelle il est techniquement nécessaire que les angles soient ronds. Le blanc et
bleu pas distinctifs.
● Par contre, la petite perle nacrée au dessus est inattendue, c’est un plus apporté au produit pour lui donner un
signe distinctif et justifie qu’on l’admette à l’enregistrement.
Résumé sic! :
LPM 2 a. Les principes développés pour l’enregistrement des marques bidimensionnelles sont applicables par analogie aux
marques de forme. Il en résulte qu’une forme possède une force distinctive lorsqu’elle se distingue des formes simples et
courantes, s’écarte de ce qui est prévisible et reste de ce fait ancrée dans la mémoire des consommateurs (consid. 5, 6).
LPM 2 a. Une pastille pour lave-vaisselle dont la forme correspond à un parallélépipède de couleur bleue et blanche, dont
les arêtes sont découpées et les coins arrondis, ne possède pas de force distinctive suffisante pour être enregistrée comme
marque de forme. En y incorporant un segment sphérique nacré, la pastille se distingue des formes simples et courantes et
dénote un caractère inhabituel pour un produit de lavage, raison pour laquelle elle doit être enregistrée en tant que cas
limite

COURS 7 (2.11.18)

Chaise Panton
IPI refuse d’enregistrer la forme de la chaise Panton comme une marque : il y a uniquement de la recherche esthétique qui
est donnée au produit. Aucun signe distinctif qui revient à cette forme. Ne peut pas faire de la monopolisation : c’est soit
du droit d’auteur soit du droit des marques.

ATAF du 20 fév.2008, B-6050/2007, sic! 9/2008 p. 635, RJPI N. 195:


Recours au TAF, qui contredit la décision de l’IPI et arrête que cette chaise est totalement atypique et fait référence à
l’entreprise qui en est à l’origine. Par conséquent, sa forme joue un rôle de marque.

Arrêté du TAF :
● Seul quelque chose de totalement inattendu et inhabituel est susceptible de demeurer dans l’esprit du
consommateur.
● Est décisif le fait qu’une forme donnée n’est pas dans le «trend» et se démarque des formes attendues et
habituelles dans le secteur concerné (par ex. parce que ne cherche pas à plaire au consommateur final ou à flatter
son sens de l’esthétique).
● Sont usuelles et attendues les formes (uniquement) influencées par la technique (éléments les plus banals et
évidents, pieds pour une chaise) ou déduites des influences et des habitudes culturelles des consommateurs finaux.
○ Donc pas de protection pour ça. Pour la chaise Panton, on est en dehors du uniquement influencé par la
technique.

TF, 19 août 2008, 4A_170/2008, ATF 134 III 547, sic! 2008, p. 890-893, «Freischwinger Panton (3D) II»
Recours devant le TF: Refus à nouveau pour la marque de forme.
● Le droit des marques n’est pas là pour prolonger indéfiniment la protection. La marque de forme ne peut pas
reprendre le relais après l’échéance de la protection du design, car cela reviendrait à pérenniser sans limite des
droits qu'on a voulu limiter dans le temps (droit du design) car le droit à la marque prendrait le dessus après la fin
du droit du design.
● le public (acheteur de mobilier) ne voit pas autre chose qu’une simple recherche esthétique.
● la forme de la chaise n’est pas dotée d’une force distinctive suffisamment forte pour constituer une marque valable
: l’enregistrement tombe dans le cas d’empêchement absolu de l’Art. 2 let. a de l’appartenance au domaine public.

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○ Mais cet argument n’est valable qu’à l’enregistrement à titre originel, car la deuxième partie de l’Art. 2 let.
a comporte une exception : si on prouve que la forme s’est imposée comme marque avec le temps,
l’argument de la simple recherche esthétique et du domaine public ne seront probablement plus valables.
Arrêté du TF :
● Les articles de mobilier sont des biens de consommation courante dont les acheteurs potentiels sont des
consommateurs courants et pas les seuls acheteurs de meubles design.
● Comme le public ne voit en principe pas dans la forme du produit une référence à son origine industrielle, il faut
que sa particularité frappante soit aussi perçue comme une référence à sa provenance. Ce qui n’est généralement
pas le cas lorsqu’on est en présence d’un produit dont les formes peuvent être multiples.
● La forme de cette chaise (y compris celle particulière de son pied) fait ainsi partie du domaine public et n’est pas
dotée d’une force distinctive originaire suffisante pour constituer une marque valable.
○ Mais cet argument n’est valable qu’à l’enregistrement à titre originel, car la deuxième partie de l’Art. 2 let.
a comporte une exception : si on prouve que la forme s’est imposée comme marque avec le temps,
l’argument de la simple recherche esthétique et du domaine public ne seront probablement plus valables.

Déroulement du raisonnement :
- vérifier si le signe peut demeurer suffisamment présent dans le souvenir du consommateur pour remplir son rôle
de marque -> le destinataire doit pouvoir identifier le produit comme provenant d’une entreprise spécifique
- vérifier que le consommateur pris en compte soit l’acquéreur final
- les signes appartenant au domaine public ne peuvent devenir des marques que si elles se sont imposées
Le raisonnement ne porte pas sur la question de la nature même du produit, mais sur la question de savoir si le public voit
autre chose que la provenance industrielle en voyant le produit. C’est pourquoi il faut vérifier à travers une étude
d’opinion.

ATAF, 3 déc. 2010, B-5614/2008, RJPI N.204


Décision finale du TAF : puisque le TF nous demande de vérifier si la forme s’est imposée comme marque, on le fait et
l’enquête montre que la forme s’est effectivement imposée comme marque.

--> Admission du caractère de marque imposée pour la forme de cette chaise.


● Les résultats des sondages d’opinion ainsi que le chiffre comptable montrant une vente stable depuis très
longtemps, prouvent que la forme se serait imposée comme marque par l’usage.
● Le design de la chaise est excentrique, donc hors du commun attendu par les consommateurs quand ils pensent à
une chaise.

Emballages trapézoidaux - “Trapezförmiger Verpackungsbehälter (3D)”


TF, 20 avril 2007, 4A.1/2007, ATF 133 III 342, sic! 10/2007, p. 740-743, RJPI N.180
Emballages trapézoidaux pour des produits qui n’ont pas de forme en tant que telle (des
granulés comme du sucre ou des liquides comme du lait). On réfléchit au sens de l’Art. 2 let.
a : ces formes appartiennent au domaine public, sauf si elles se sont imposées par l’usage.
Refus à l’enregistrement de variantes de formes perçues par le consommateur comme
purement décoratives, ou éventuellement comme identificatrices du produit lui-même, mais
pas comme en indiquant la provenance industrielle;
Le TF revoit librement la question de droit qu’est celle de l’impression d’ensemble laissée par
la marque dans le souvenir à long terme des membres du cercle de ses destinataires potentiels;
Les produits d’usage courant sont destinés en général à l’utilisateur final qui ne déploie pas un grand degré d’attention et
ne voit pas dans la forme de l’emballage d’une marchandise d’indication quant à sa provenance industrielle.
Résumé recueil jurisprudence:
ATF 133 III 342 ; sic! 10/2007, p. 740-743, « Trapezförmiger Verpackungsbehälter (3D) » ; JdT 2007 I 164 ; motifs absolus
d’exclusion, signe appartenant au domaine public, signe tridimensionnel, produit de consommation courante, emballage,
forme décorative, provenance commerciale ; art. 1 al. 1 LPM, art. 2 lit. a LPM, art. 2 lit. b LPM.
Définition des formes appartenant au domaine public et examen du caractère distinctif d'une forme en fonction de son
originalité et en regard des autres formes préexistantes dans le domaine des produits ou services considérés. Refus à
l'enregistrement de variantes de formes perçues comme purement décoratives par le consommateur et pas comme des
indications de la provenance industrielle des emballages concernés. La question de l'impression d'ensemble laissée au
cercle des destinataires potentiels de la marque est une question de droit que le TF revoit librement. Lorsque les biens sont
des produits de consommation courante, le destinataire est en général l'utilisateur final, qui ne déploie pas un grand degré

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d'attention et ne voit pas dans la forme de l'emballage d'une marchandise d'indication quant à la provenance industrielle
de celle-ci.

Chocolat PAVOT
TF, 7 novembre 2007, 4A_374/2007, sic! 4/2008, p.302, RJPI N.192
● Le consommateur moyennement attentif ne reconnaît pas une capsule de pavot, qui serait au demeurant
purement descriptive si le chocolat contient des graines de pavot.
● Les formes ovales ou rondes sont courantes pour des chocolats et les surfaces ondulées et les couleurs du signe
concerné n’ont rien d’inattendu.
=> Par conséquent on ne sort pas de ce qui est attendu du public.
Résumé recueil jurisprudence:
sic! 4/2008, p. 302 (rés.), « Pralinenform (3D) » ; motifs absolus d’exclusion, signe appartenant au domaine public, signe
tridimensionnel, pavot, couleur, chocolat, signe déposé, provenance commerciale, signe descriptif, force distinctive, signe
verbal, signe figuratif, cas limite, imposition comme marque ; art. 2 lit. a LPM ; cf. N 188 (arrêt du TAF dans cette affaire).
Pour qu'il n'appartienne pas au domaine public (art. 2 lit. a LPM), un signe tridimensionnel doit se distinguer, par son
originalité, des formes similaires présentes sur le marché dans le secteur concerné et doit être compris comme une
indication de la provenance commerciale du produit (c. 2.1). Il ne peut pas être reproché au TAF — qui a considéré que,
posé sur sa seule surface plane, le signe « Pralinenform (3D) » ne se distinguait pas des formes habituelles de pralinés (c.
2.2) — de ne pas s'être référé au signe tel qu'il a été déposé (c. 2.3). Le consommateur moyennement attentif ne reconnaît
pas une capsule de pavot dans le signe « Pralinenform (3D) » et n'y voit donc pas une forme inhabituelle et inattendue pour
des produits chocolatés (classe 30). Cette forme de capsule de pavot est d'ailleurs directement descriptive si le chocolat
contient des graines de pavot (c. 2.4). La force distinctive d'un signe tridimensionnel s'examine sur la base de critères qui lui
sont adaptés (cf. c. 2.1) et qui sont différents des critères utilisés en matière de signes verbaux ou figuratifs (c. 2.5). Le cas
n'est pas limite (et le signe tridimensionnel n'est donc pas enregistrable de ce fait) étant donné que la forme ovale ou
ronde est courante pour des chocolats et que les surfaces ondulées et les couleurs (tons de brun) du signe « Pralinenform
(3D) » n'ont rien d'inattendu (c. 2.6). Il n'est pas allégué que le signe en cause s'est imposé comme marque (c. 2.7).

Arrêt LEGO III


ATF 129 III 514 /JT 2003 I 372
● les formes enregistrées, bloc de base rectangulaire et dispositif de fixation, vont au-delà de ce que le public attend
d’un jeu de construction;
● les formes du système de fixation ne sont pas les seules qui permettent de résoudre le problème technique de
l’assemblage, mais l’instance inférieure n’a pas déterminé si le recours à ces autres formes possibles pouvait être
imposé aux concurrents des briques lego.
● En outre, ces formes techniques sont banales et non distinctives -> imposées par un long usage?

On a pas à faire juste à des briques nues, mais aussi à un dispositif de fixation. C’est dans son ensemble qu’on doit se
demander si la forme constitue la nature même du produit et si elle est techniquement nécessaire ou pas?
● La forme ici ne constitue pas la nature même du produit. Ce que le public attend, ce sont des éléments qui se
superposent, pas forcément qui se fixent. Donc on fait plus que ce que le public attend.
● La forme techniquement nécessaire ? Si on part de l’idée que l’on veut que les briques tiennent ensemble, alors il
est nécessaire. Mais y aurait-il des alternatives? Oui il y a des alternatives, donc la fixation n’est pas nécessaire au
sens purement technique. Le problème technique d’assemblage peut être résolu via autre chose que légo.

La cause est renvoyée au TAF pour examen approfondi, qui juge finalement que la forme est techniquement nécessaire. Ce
jugement est renvoyé au TF.

Résumé Bger:
Art. 1 et art. 2 let. a et b LPM; marque de forme; motifs d'exclusion de la protection.
Motifs excluant la protection des marques de forme (au sens strict); énumération, en fonction de ceux-ci, des formes
relevantes sous l'angle de la protection des marques (consid. 2).
Exclusion de la protection en vertu de l'art. 2 let. b LPM (consid. 3) ou de l'art. 2 let. a LPM (consid. 4).

Arrêt LEGO IV

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TF, 3 juillet 2012, 4A_20/2012, sic! 12/2012, p.811-813, RJPI N.661
● Existe-t-il des formes alternatives (tant compatibles qu’incompatibles avec les briques Lego), aussi pratiques,
aussi solides et dont les coûts de production ne seraient pas plus élevés?
○ si tel est le cas, la forme n’est pas techniquement nécessaire
○ sinon, la forme de base est techniquement nécessaire et on ne peut pas imposer à d’autres de chercher
une solution différente désavantageuse
● Chaque variante de forme conduit à des coûts d’outillages supplémentaires, plus faibles pour les formes
compatibles et plus élevés pour les autres.
● une forme doit être considérée comme techniquement nécessaire au sens de l’art. 2 lit.b LPM si les autres
possibilités existantes ne peuvent être imposées aux concurrents parce qu’elles sont moins pratiques, moins
solides ou parce qu’elles s’accompagnent de coûts de production plus élevés.
● Le monopole illimité dans le temps de la marque de forme ne doit s’accompagner d’aucun désavantage pour les
concurrents.
Oui, on doit admettre que c’est techniquement nécessaire car il n'existe pas de réelle alternatives au même prix.

Résumé sic! :
LPM 2 b. Le recours à une forme alternative d’un produit ne peut être raisonnablement exigé au sens de la jurisprudence
en matière de nécessité technique, même si les coûts supplémentaires de la fabrication des formes alternatives sont
modestes (en l’espèce: 1.326 – 4.927 pour cent).
LPM 2 b; CC 8, 9. Lorsqu’en se fondant sur une expertise judiciaire le tribunal estime qu’il a été prouvé que toutes les
formes alternatives présentent des coûts de production supérieurs à ceux de la marque tridimensionnelle litigieuse, la
question de la répartition du fardeau de la preuve devient sans objet et il y a lieu d’apprécier les preuves (consid. 2).
Cst. 29 II. Celui qui durant un procès n’a pas clarifié un état de fait précis en invoquant le secret industriel alors qu’il en a
été exhorté par le tribunal, mais s’exécute seulement lorsqu’il se détermine sur le résultat de l’administration des preuves,
ne peut pas soulever le grief de la violation du droit d’être entendu

Nespresso III
HGSG, 21 mai 2013, HG.2011.199, RJPI N.662 Capsules denner (pas de trous) vs
capsules Nespresso (trous)
Est-ce qu’en utilisant une capsule alternative, on arrive à faire un café de qualité
nespresso? Si on y arrive, alors la forme n’est pas forcément nécessaire. Sinon oui.

● L’examen du caractère éventuellement techniquement nécessaire des


capsules doit intervenir en se limitant à la forme des seules autres capsules
compatibles avec les machines Nespresso.
● Le caractère techniquement nécessaire ne peut être nié qu’en présence
d’une forme alternative de même valeur et de même coût.
● La forme conique des capsules est techniquement évidente mais pas
absolument obligatoire pour une optimisation du système, ni pour réaliser
un «café normal» avec une machine Nespresso.
● sont exclues de l’enregistrement les formes qui constituent la nature même
du produit tant d’un point de vue esthétique que fonctionnel, ce qui est le
cas lorsque la fonction du produit suppose pour le public qu’une telle forme
lui soit donnée.
○ Tel n’est pas le cas en l’espèce.
● Reste donc à vérifier s’il existe un risque de confusion entre les capsules
Nespresso et celles de Denner.

Il existe des formes alternatives pour atteindre le café, la forme n’est pas techniquement nécessaire. Risque de confusion?
Nespresso est brillant et beau. Denner est cheap et moins esthétique. Il y a donc une différence entre la capsule Nespresso
et la capsule Denner donc pas de confusion. La partie conique n’est pas techniquement nécessaire, mais la languette est
techniquement nécessaire
Les deux capsules coexistent.

Nespresso VI
TCVD, 15 sept. 2014, CM11.03647875/2014/XMD, mes. prov.
Capsule Nespresso vs Capsules ECC

51
La capsule Nespresso a fait objet d’une demande d’enregistrement comme marque de forme car ses brevets arrivaient à
échéance. Le juge se demande si d’autres formes permettent de faire un café normal dans une machine Nespresso. Le juge
dit donc qu’il y a des alternatives, mais on ne peut pas dire que les café obtenus soient équivalents au café Nespresso.
Dans une procédure civile, les juges analysent seulement les arguments qui sont apportées par les parties pour faire valoir
leurs droits. Contrairement à une procédure civile, où les juges font leurs propres recherches.

Formes techniquement nécessaires:


● Volume net utile de 10 cm3 pour contenir assez de café;
● Dimensions et longueur suffisante pour permettre une bonne perforation de la capsule par les aiguilles;
● Forme adéquate pour être guidée correctement dans le compartiment, garantir l’étanchéité et empêcher le
blocage du mécanisme;
● Forme adéquate pour assurer l’auto-extraction de la capsule usagée;
● Forme rendant l’utilisation la plus commode du point de vue de la préhension des capsules entre les doigts et de
leur introduction dans la machine;
● Forme permettant la confection d’un bon café, les capsules n’étant pas pré-percées, et aussi pratique pour la
conservation ne nécessitant pas un emballage plastique supplémentaire;
● Forme et matériaux aux coûts de fabrication les moins onéreux.
La forme est nécessaire car aucune réelle alternative existe, donc ne peut pas faire l’objet d’un enregistrement.

Selon l’arrêt de renvoi, la question à examiner:


● N’est pas seulement de savoir s’il est possible de produire une capsule de forme différente qui soit utilisable de la
même manière et donc dans les mêmes machines et avec la même efficacité;
● Mais aussi si la ou les autres formes se distingueraient suffisamment dans l’esprit du public acheteur de la capsule
Nespresso pour ne pas entrer dans sa sphère de protection
Réponse:
● Même si la forme double tronconique et conique des capsules n’est pas la seule qui garantisse la compatibilité
d’une capsule avec une machine Nespresso, elle est indispensable pour disposer de la quantité de café déterminée
qui est celle des capsules N.
● Aucune des capsules alternatives proposées n’a les propriétés requises pour un bon fonctionnement dans les
machines N.
La forme des capsules Nespresso est techniquement nécessaire et ne peut être protégée comme marque en vertu de l’Art.
2 lit.b LPM.

Dans le premier cas (arrêt d’avant) on dit que la forme n’est pas techniquement nécessaire mais qu’il n’y a pas de risque de
confusion donc on ne peut pas empêcher la concurrence. Dans le deuxième cas, techniquement nécessaire et du coup pas
protégeable.

Questions topiques aux marques tridimensionnelles strictes : exemple des montres


Le caractère potentiellement illimité dans le temps des marques crée des polémiques car on y voyait un déséquilibre de la
pesée des intérêts à l’origine des différents droits de propriété intellectuelle?
On accepte donc certains monopoles que l’on considère justifiés, mais on prend certaines précautions :
● introduction des motifs d’exclusion absolus spécifiques aux marques tridimensionnelles de l’Art.2 lit.b LPM;
○ Art. 2 lit. a s’applique aussi aux marques de formes mais dans un 2ème temps,
○ on vérifie d’abord Art. 2 lit.b, et ensuite l.a.
● auxquels il n’est pas possible de remédier par une imposition par l’usage.

Art.2 lit.b LPM: « sont exclus de la protection: (….)


- les formes qui constituent la nature même du produit et les formes du produit ou de l’emballage qui sont
techniquement nécessaires;»
● Nature même du produit -> formes purement esthétiques -> suggère que ces formes devraient être
protégées par le droit des design ou par le droit d’auteur
● Formes techniquement nécessaires -> suggère que ces formes devraient être protégées par le droit des
brevets.

52
○ Par conséquent, une forme qui par nature devrait être protégée par le droit d’auteur/design ou par
le droit des brevets ne pourra pas également être protégée comme marque.
L’interprétation de cette loi est toutefois toujours sujette à tentatives.

Arrêt RADO
ATF 120 II 307/JT 1995 I 271
Effet de cet arrêt : pendant 20 ans, on a admis de manière assez générale que les formes esthétiques constituaient la nature
même du produit, et qu’elles sont par conséquent exclues de la protection des marques. Conséquence : les créations
horlogères ne pouvaient pas accéder à la protection comme marque tridimensionnelle.

Exclusion absolue des montres bracelet comme marque de forme?


Rappel de l’arrêt du TF :
● Pour être protégée comme marque, une forme doit frapper par son originalité, se distinguer de ce qui est usuel et
attendu, et demeurer ainsi gravée dans la mémoire des acheteurs
○ être distinctive et non purement fonctionnelle;
● Les formes protégeables sont ainsi celles que le public ne considère pas comme nécessaires à la fonction du produit
et qui ne constituent pas non plus la forme simple et courante du produit lui-même.
● Toute forme purement fonctionnelle, correspondant à ce qui est attendu du public qui la considère comme usuelle
et nécessaire pour permettre au produit de remplir sa fonction
○ constitue la nature même du produit et n’est pas protégeable en vertu de l’Art.2 al.1lit.b LPM,
■ alors qu’une forme fonctionnelle serait plutôt ce qui est techniquement nécessaire, on traite d’une
manière confuse les 2 motifs d’exclusions de l’art.2 l.b)
○ mais n’est pas non plus protégeable au sens de l’Art.2 al.1lit.a, parce que dépourvue de force distinctive.
■ le TF a traité tous les empêchements absolus dans le même paquet, donc c’est un problème. Cet
arrêt est critiquable.

Par contre, le TF a aussi arrêté des éléments qui ont été repris par la suite :
● La marchandise qui est l’objet à distinguer ne peut en principe pas être en même temps le moyen de la distinguer
(cons.3a).
○ Il peut être difficile de voir dans le produit lui-même aussi le signe de sa provenance industrielle. Avant
c’était le cas, on ne voyait pas forcément l’entreprise derrière un produit. Maintenant on est beaucoup plus
sensible à ça, en partie grâce à la digitalisation.
● Eléments constitutifs d’une montre analogique: Toutes les montres analogiques possèdent un boîtier contenant
un mouvement, un cadran, des aiguilles, un verre ou une autre couverture transparente, et un bracelet fixé au
boîtier (cons.3c.).
○ Ces éléments sont techniquement nécessaires donc pas protégeables
○ Vraiment techniquement nécessaires ? en référence à Arrêt LEGO III et IV :
■ Lego III : la forme de la brique n’est pas juste la partie rectangulaire, mais c’est en plus le dispositif
de fixation. Ces deux éléments mis ensemble, la forme va au-delà des attentes du public.
■ Lego IV : une forme est considérée comme techniquement nécessaire si en la protégeant par une
marque, on donne le monopole pour la seule alternative pratique, solide, et peu coûteuse.
➔ La description que le TF fait de la montre est à un tellement haut niveau d'abstraction qu’il s’est limité à
décrire les sous-jacents techniques de la montre (comme ceux de la brique pour le lego sans le dispositif de
fixation) et il oublie de tenir compte de la liberté dans l’aspect qu’on peut donner à une montre : il existe
en effet différentes formes des différents éléments constitutifs de la montre.
◆ Ces alternatives n’ont pas forcément un coût supérieur, donc une certaine forme déposée pour un
élément d’une montre ne serait pas techniquement nécessaire.
◆ On peut changer la forme sans en changer le produit, donc une certaine forme ne représenterait
pas forcément la nature même du produit.
Exemples de montres: Si les formes des montres ne sont pas attendues par le public et pas techniquement
nécessaires? lors ce serait éligible à une protection de forme. Bref, certaines montres présentent ce genre de formes
donc peuvent être protégées par le droit des formes. La forme du boîtier peut changer énormément, le cadran
aussi, même si certaines montres n’ont même plus de cadran (squelettes), pas forcément d’aiguilles, pas
nécessairement de couverture. Le niveau d'abstraction que le TF a retenu pour décrire une montre, il n’y a rien qui
permet de connaître le caractère techniquement nécessaire des éléments d’une montre.

● Pour pouvoir être protégée comme marque tridimensionnelle, il faut que la forme du produit ne soit pas
conditionnée uniquement par des motifs esthétiques;
● Elle doit présenter une composante supplémentaire, destinée à caractériser la marchandise en lien avec sa
provenance industrielle et à la distinguer des autres produits du même genre dans le souvenir qu’en garde le cercle
des destinataires pertinents.
53
➔ pourquoi ne pas considérer que dès qu’une forme n’est pas exclusivement déterminée par les éléments
fondamentaux caractéristiques d’un produit, mais aussi dictée par la recherche d’une certaine différenciation par
rapport aux créations du même genre, elle ne constituerait plus la nature même du produit?

Récapitulatif: MARCHE à SUIVRE pour savoir si une forme est protégeable comme marque
- Si la forme donnée à des éléments techniques constitutifs de base mais non nécessaires au sens de l’Art.2 lit.b LPM,
remplit à côté de l’effet esthétique qui est le sien également un rôle de marque, elle n’est plus purement
esthétique et ne constitue pas la nature même du produit.
- Soit une forme est techniquement nécessaire selon les critères de l’Arrêt Lego IV (absence d’alternatives, les autres
formes envisageables étant moins pratiques, moins solides ou plus onéreuses) et l’examen s’arrête là dans le
cadre de l’Art.2 lit.b LPM.
- Soit elle ne l’est pas, et il ne saurait être considéré que parce qu’elle a été donnée à des composants
techniques génériques de base du produit, mais pour la configuration desquels différentes alternatives
existent, elle ne pourrait être dissociée de la nature même de celui-ci.
- Dans ce cas alors, une imposition par l’usage de la forme qui n’aurait pas été dès le départ perçue par le
public comme identificatrice de la provenance industrielle du produit entre en ligne de compte au sens de
l’Art. 2 lit.a LPM!

Questions topiques aux marques tridimensionnelles : les marques de position


- Se caractérisent par la présence d’un élément distinctif qui demeure toujours le même et est invariablement
apposé exactement au même endroit sur le produit
- C’est la combinaison d’un élément distinctif avec une certaine position sur le produit qui constitue l’objet d’une
marque de position;
- En plus de la force distinctive des signes de base, il convient de tenir compte de la force de leur position.
-> Il faut que le destinataire trouve ce signe étrange (et pas seulement esthétique) et se demande pourquoi il se trouve à
cet endroit. Finalement il doit en venir à la conclusion que ça doit forcément être représentatif d’une entreprise.

Louboutin
TF, 7 février 2017, 4A_363/2016
Public déterminant: dames âgées de 20 à 65 sensibles à la mode et riches.
La marque a été refusée à l’enregistrement par l’IPI, pareil pour le TAF, et finalement le TF a dit:
● La combinaison entre l'élément distinctif et le produit forme le caractère déterminant.
● Le TF s’est donc demandé si la semelle rouge signifiait forcément la provenance du produit.
○ Position : les contours de la couleur sont la forme de la semelle, sauf que la forme de la semelle peut être
confondue avec le soulier lui-même.
○ Couleur : la couleur rouge, examinées indépendamment de sa position (qui elle-même est faible) est un
signe faible et dépourvu de forces distinctives en tout cas originaires.
● Imposition par l’usage? Dans le domaine de la mode, le public est habitué à voir tout type de couleur, la couleur
n’est donc pas vue comme une provenance industrielle mais plus comme une indication de la mode du moment.
○ Le rouge est-il différent de ce à quoi le consommateur a l’habitude? Non. Il y a plein d’autres chaussures qui
ont le dessous de la semelle colorée. On ne peut pas admettre que cette couleur rouge sera si spécifique
qu’on ne pourra que la lier à Louboutin.
● La couleur et la position sont des éléments faibles, la combinaison des 2 n’est pas assez forte, on ne peut donc pas
admettre l’enregistrement de la semelle comme marque de forme.
L’imposition par l’usage n’a pas été plaidée devant les tribunaux.
Résumé sic! :
LPM 2 a. Le caractère distinctif d’une marque de position résulte de la relation entre l’élément de signe et la position du
produit. En tant qu’élément de style courant, colorer la semelle d’une chaussure pour dame ne confère aucun caractère
distinctif (consid. 3.3).

Lampes de poche:
TF, 28 février 2017, 4A_389/2016
Petits trous d’alésages (sur la 3ème lampe de poche). Le signe de base de la marque de position sont ces 8
petits trous. ces trous sont perçus comme partie intégrante du produit plutôt que de sa provenance

54
industrielle. La position des trous ne confère pas à l’ensemble un caractère inhabituel et inattendu donc on est pas en
présence d’une marque de position.

Pour résumer les marques de position :


- Dans la mesure où la position est perçue par le cercle des destinataires pertinents comme un élément
suffisamment caractéristique, et est donc suffisamment forte, elle peut être indicatrice de la provenance
industrielle du produit.
- Plus la position est frappante (surprenante) et figure au premier plan sur le produit, plus elle doit être qualifiée de
forte.
- Il faut que la position du signe interloque les destinataires du produit qui la perçoivent comme une énigme ne
pouvant être résolue autrement que comme un renvoi à la provenance industrielle du produit.
- Dans le cas particulier, le cercle des destinataires pertinents voient-ils un signe distinctif dans un élément figurant
dans une certaine position sur un produit?
- Pas de règles particulières ou spécifiques à l’examen des motifs absolus d’exclusion de la protection pour les
marques de position
➔ on s’inspire de la jurisprudence rendue en matière de marques de forme et du principe que les signes qui
consistent dans l’apparence même du produit ne sont habituellement pas perçus comme indicateurs de sa
provenance industrielle.
- Insuffisant, du point de vue de la force distinctive originaire, qu’un signe se démarque par sa configuration
agréable;
- Il doit se distinguer de manière frappante des configurations usuelles dans le segment des produits revendiqués.
- Nécessité de tenir compte à l’avenir du fait que la perception des consommateurs évolue et qu’ils sont désormais
de plus en plus habitués à déceler dans les signes qui déterminent l’apparence du produit lui-même, également
une indication de sa provenance industrielle.

2.6.2.3 de son titulaire


COURS 8 (9.11.18)

Art.28 al.1 LPM: «chacun peut faire enregistrer sa marque»

2.6.2.3.1 Marques Individuelles


Représente la plus grande partie des marques déposées. Appartiennent à une seule personne, qu’elle soit physique ou
morale (entreprise individuelle).
● Jusqu’en 1992, il fallait être une entreprise commerciale, à même de d’exploiter la marque soi-même :
○ Conséquences pour les marques de Holding (entreprises mères qui déposent des marques dans le but de
les détenir, et entreprises filles qui exercent le droit), qui n’étaient pas possible sous l’ancien droit.
Aujourd’hui, ces entreprises filles ont le droit de valider la marque détenue par l’entreprise mère.
● Pour qu’une marque soit valable, il faut qu’elle soit utilisée.

2.6.2.3.2 Marques de garantie & Marques collectives


Lors du dépôt de la marque, on dépose aussi un règlement qui prévoit
● pour les marques de garantie :
○ les caractéristiques communes des produits/services garanties,
○ un contrôle efficace de l’usage de la marque et
○ des sanctions adéquates (Art. 23al.2 LPM)
■ si les conditions ne sont pas satisfaites, ces sanctions viennent s’ajouter aux sanctions de base des
marques prévues aux Art. 52+ss pour les sanctions civiles et Art. 62+ss pour les sanctions pénales.
● pour les marques collectives :
○ Le cercle des entreprises habilitées à utiliser la marque (Art. 23al.3 LPM)
Ces règlements ne doivent pas être contraires à l’ordre public, aux bonnes mœurs et au droit en vigueur (Art. 23al.4 LPM)

Point commun : règlement

55
Un usage contraire aux dispositions essentielles du règlement peut déboucher sur la nullité de la marque (Art. 26 LPM). Si
la faute perdure, et qu’il n’y pas de remédiation, la sanction est la nullité de la marque dans son entièreté, pas seulement
l’interdiction d’usage de la marque pour une entreprise. La personne en charge est ici le titulaire.

Distinction : cercle des exploitants de la marque


Marque de garantie: donne au public des assurance que le produit présente des caractéristiques communes.
Marque collectives : garantit que seul les entreprises autorisées peuvent utiliser cette marque.

Marque de garantie Marque collective

Contenu du Fixe les qualités particulières garanties, un Fixe le cercle des utilisateurs
règlement système de contrôle efficace et des sanctions

Dépôt de la Toute personne peut déposer une marque de Par une association ou une personne morale
marque garantie. représentant le groupement des entreprises qui
utiliseront la marque (qui regroupe les utilisateurs
potentiels)

Utilisation de Ouverte à quiconque satisfait aux conditions du Ouverte à quiconque satisfait aux conditions du
la marque règlement, règlement,
sauf au titulaire de la marque (pour éviter un ainsi qu’aux membres du groupement titulaires de
système d’autocontrôle) la marque. Il est donc possible qu’une entreprise
soit titulaire et utilisatrice à la fois.

Système Ouvert Fermé


à tous ceux qui sont prêts à se plier aux Il n’y a pas de droit à utiliser la marque.
conditions imposées par la marque dans le On peut toutefois essayer de rentrer dans
règlement (sous autorisation expresse délivrée l’association qui représente le cercle des utilisateurs
par le titulaire moyennant une indemnisation) autorisés.
Si on est dans le cercle des utilisateurs, pas besoin
d’indemnisation pour utiliser la marque.

Définition IPI La marque de garantie garantit des Une marque collective est le signe désignant les
caractéristiques précises (comme la qualité ou la produits ou les services d’un groupement
provenance géographique) des produits ou des d’entreprises de production, de commerce ou de
services qu'elle désigne. Le titulaire de la marque services (p. ex. FLEUROP, COIFFEURSUISSE). Une
veille à ce que les exigences fixées dans un marque collective ne peut pas être déposée par des
règlement soient remplies. Toute personne peut personnes physiques, mais uniquement par des
déposer une marque de garantie. Pour éviter groupements. Un règlement désigne les entreprises
tout conflit d’intérêts, le titulaire de la marque ne habilitées à utiliser la marque.
peut pas lui-même utiliser la marque, ni
entretenir des rapports économiques avec les
personnes qui l’utilisent (p. ex. IP SUISSE).
Remarques :
● Différence avec AOP/IGP : les marques collectives et de garantie ne se limitent pas aux produits agricoles
transformés.
● Ces types de marques sont aussi en concurrence avec les marques géographiques et les indications de provenance.
● La marque de garantie est moins populaire à cause de l’exclusion d’utilisation pour le titulaire.

2.6.2.3.2.1 Marque de garantie


Art. 21 al.1 LPM : «un signe utilisé par plusieurs entreprises sous le contrôle de son titulaire, dans le but de garantir la
qualité, la provenance géographique, le mode de fabrication ou d’autres caractéristiques communes des produits ou des
services de ces entreprises.»
● Peuvent être utilisées par plusieurs
○ → individualisation de l’offre d’une pluralité d’entreprises qui sont celles qui ont accepté de se soumettre
au règlement de la marque.
○ fonction de la marque similaire à celle d’une AOP ou IGP
56
● Pour garantir des caractéristiques particulières des produits/services marqués
● N’ont pas de fonction distinctive au sens habituel du terme, mais par contre une fonction inhabituelle de garantie!
● Leur fonction principale est celle de garantie, la fonction distinctive étant elle plus accessoire.
● Pour le reste, sont soumises aux mêmes exigences que les autres catégories de marques pour bénéficier de la
protection de la LPM.

Droit de marque et droit d’utilisation :


● Ont un seul titulaire (entité, pas forcément une personne), auquel l’enregistrement de la marque de garantie ne
confère pas le droit exclusif d’en faire usage selon l’Art.13 al.1 LPM.
○ le titulaire a toutefois le droit d’exclusion : celui de faire valoir la marque utilisée contre des tiers qui font
usage de la marque contre le règlement
○ vu qu’il y a une multitude d’utilisateurs, on ne peut pas leur déléguer la qualité d’agir car ils ne savent peut-
être pas qui est réellement habilité à utiliser la marque
● Leur utilisation est ouverte (Art. 21 al.3 LPM), moyennant obtention préalable et expresse d’une autorisation
d’utilisation, acceptation de se soumettre à un contrôle du titulaire (ou de son délégataire) et versement d’une
rémunération adéquate au titulaire de la marque (Art.21 al.3 LPM);
● Le titulaire de la marque ne peut pas l’utiliser pour distinguer ses propres services/produits (Art. 21 al.2 LPM),
puisqu’il doit être en mesure de contrôler que les conditions posées par le règlement (l’existence des propriétés
définies par le règlement) sont respectées.

➔ Les marques de garantie sont généralement enregistrées par des groupements de personnes (associations
économiques) ou des collectivités de droit public (les cantons), mais peuvent aussi l’être par des particuliers.

“Genève région - terre d’avenir”


TF 2.11.2017 2C_26/2017
Marque de garantie : c’est du domaine public. Le canton de Genève voulait déposer cette marque et déléguer à un tiers le
contrôle de la marque. Tout le système de la marque de garantie relève du droit privé, le contrôle qui est fait des
conditions relève aussi du droit privé. On est donc dans du droit privé, même si le titulaire est une collectivité de droit
public, on sera sur du droit privé.

Felsenkeller
ATF 131 III 495
Felsenkeller pour de l'emmental vieilli en grotte.
Une organisation des producteurs d’emmental ont déposé ce nom comme marque de garantie et la demande
d’enregistrement a été refusée car le terme était mal choisi car trop descriptif (donnait des informations sur la provenance
ou sur le mode d’affinage du fromage) et donc par conséquent il n’y avait pas d’effort imaginatif. -> Il y avait un besoin de
libre disposition absolue.
C’est allé au TF qui a confirmé la décision en rappelant les principes généraux liés aux marques :
● La marque de garantie a pour but de garantir des qualités ou des caractéristiques particulières des produits
marqués.
● Elle n’a pas pour but principal de distinguer différents produits ou services entre eux, mais bien d’assurer que ceux-
ci présentent certaines caractéristiques particulières.
● La marque de garantie ne renvoie pas à la provenance industrielle au sens habituel du droit des marques puisque
son utilisation est ouverte à un groupe d’entreprises.
● Mis à part cela, c’est une marque à part entière soumise aux mêmes exigences que les autres et qui sert également
à distinguer les produits ou les services marqués.
● Elle doit donc aussi être dotée de force distinctive (selon les critères habituels applicables aux autres types de
marques), même si elle ne fait pas référence à la provenance industrielle en relation avec une seule entreprise,
mais avec un groupement d’entreprises.

Les marques collectives (Art. 22 LPM)


● Appartiennent à un groupement d’entreprises (personne morale), mais pas à ses différents membres qui ne
bénéficient pas du droit à la marque, mais seulement au droit de l’utiliser.
● Servent à distinguer les produits / services des membres de ce groupement de ceux mis sur le marché par d’autres
entreprises (non membres du groupement)

57
→ même fonction distinctive qu’une marque individuelle mais par rapport à une référentiel plus large.
(normalement on distingue notre produit à ceux d’une autre entreprise. Ici, on fait référence non pas à une
seule entreprise mais aux membres du groupement d’entreprise)
● Ne visent pas à indiquer la présence de propriétés communes déterminées, mais peuvent néanmoins le faire….,
auquel cas ces propriétés doivent être mentionnées dans le règlement. (si le but est aussi de montrer que le
produit a quelques caractéristiques spécifiques, alors ces caractéristiques doivent être dans le règlement de la
marque)
● Le titulaire de la marque peut aussi l’utiliser au titre de membre du groupement, n’est toutefois pas tenu de
l’exploiter en propre.
● Le cercle des utilisateurs autorisés doit être défini, de manière suffisamment déterminable dans le règlement de la
marque.
○ une liste exhaustive n’est pas nécessaire, car demanderait trop d’effort à chaque fois pour mettre à jour
● Le droit exclusif accordé par l’enregistrement de la marque est un droit exclusif collectif (qui appartient au titulaire
et à chacun des membres du groupement à l’exclusion des tiers).
● Le titulaire de la marque peut accorder des licences à des tiers.
○ il faut que le règlement précise cette possibilité
● Mais n’est pas tenu d’autoriser l’usage de la marque à toutes les entreprises souhaitant se soumettre au
règlement!
/!\ Bug avec la marque collective : le règlement n’est pas tenu de préciser les caractéristiques des produits/services, ce qui
implique qu’il n’y a pas forcément de contrôle de la qualité.

Marques de garantie & Marques collectives: Exemple pratique


Les marques de garantie (art. 21 LPM):
Le Bourgeon bio
En réalité, enregistrée comme marque collective car celui qui dépose la marque veut pouvoir l’utiliser, mais
existe avec les mêmes finalités qu’une marque de garantie.

Suisse Garantie
Règlement enregistré par les principales organisations agricoles de Suisse qui se sont regroupées au sein d’une
association “AMS” (Agro Marketing Suisse).

Les marques collectives (art. 22 LPM):


Max Havelaar
C’est une fondation qui a déposé l’enregistrement de la marque collective. Étonnamment à ce qu’on attendrait
de ce label, ce n’est pas un label de garantie : on ne garantit pas des caractéristiques particulières à proprement
parler. Par contre, la fondation Max Havelaar Stiftung s’assure que seuls les groupements respectueux puissent
utiliser ce label.
/!\ en réalité sur Swissreg, c’est une marque individuelle, car il n’est techniquement pas possible pour une fondation
d’enregistrer une marque collective.

Marques de garantie et marque collectives : point commun


→ Un usage contraire au règlement est cause de nullité, art. 26 LPM
Mais une marque collective risque moins d’être déclarée nulle sur action d’une association de consommateurs pour usage
contraire au règlement, puisque ce dernier ne fixe pas quelles seraient les qualités particulières garanties des
produits/services marqués, mais uniquement le cercle des utilisateurs autorisés (Art.56 al.2, Art.52 et Art.26 LPM).

2.6.2.4 de son champ de protection


COURS 9 (16.11.18)
Marque notoire ≠ Marque de haute renommée
Ces deux types de marques se distinguent en fonction du champ de protection qui est le leur (plutôt que du degré de
connaissance du public dont elles bénéficient) :
● Marque notoire : exception au principe de territorialité

58
○bénéficie de la protection dans une certaine classe de produits/services sans même avoir accompli les
démarches pour s’enregistrer en Suisse
● Marque de haute renommée : exception au principe de spécialité
○ bénéficie de la protection en Suisse pour toutes les autres classes de produits/services sans même avoir
accompli les démarches d’enregistrement pour ces autres classes

2.6.2.4.1 Marque notoire


Art. 3 al. 2 lit. b :
● exception au principe de la territorialité. (Art. 6bis CUP et Art. 3 al.2 lit.b LPM )
○ cette exception permet de bénéficier d’une protection au titre de marque sans avoir fait l’enregistrement en
Suisse. Alors que le droit à la marque est normalement lié à l’enregistrement dans le pays.
● Bénéficient d’une protection dans notre pays indépendamment de tout enregistrement concernant la Suisse, Art.3
al.2 lit.b LPM.
● Sont généralement connues dans notre pays, et pas seulement d’une partie non-insignifiante des acquéreurs
suisses.
Marque qui n’est pas enregistrée en Suisse mais qui néanmoins est connue en Suisse comme une marque se rattachant à
une entreprise. Il y a donc une conscience générale de la population (cercle des acheteurs potentiels du produit). Et du fait
de cette connaissance, ce signe sera protégé comme s’il était enregistré chez nous.
● Mais cette protection est différente d’un enregistrement normal. En terme d’opposition: Même chose. On peut faire
opposition à l’enregistrement d’une marque trop proche -> Art.3 al.2 lit.b LPM
○ dans le cas où une entreprise suisse vient à déposer un signe exploité sans enregistrement par un titulaire
étranger qui ne s’y oppose pas, et que l’entreprise Suisse agisse contre lui : le titulaire de la marque notoire
bénéficiera en vertu de l’Art. 14 LPM de la possibilité de continuer d’utiliser sa marque comme par le passé.
○ En revanche il n’existe pas vraiment de cas où une marque notoire a agi au civil en interdiction à des tiers
(marque déjà enregistrée). On suppose qu’il vaut mieux ne pas rater l’opposition
Notoriété:
● Implique que la marque soit généralement connue des milieux intéressés suisses (en particulier du cercle de ses
destinataires, Yeni Raki), sans qu’il importe que cette notoriété découle d’un usage de cette marque en Suisse ou à
l’étranger (cons.4b, p.153).
○ (différence avec renommée: pas le degré de connaissance mais le cercle de ceux qui doivent en avoir
connaissance. Pour la marque de renommée, c’est l’ensemble de la population)
● MAIS il n’est pas nécessaire que la notoriété découle d’un usage intensif en Suisse:
○ mais aussi à l’étranger (Yeni Raki et Tripp Trapp III, TF 20.01.04, sic!5/2004, p.407ss.)
○ De quelle protection pouvait bénéficier la désignation Yeni Raki en Suisse. Marque turc qui détenait le
monopole de l’alcool en turquie et qui fait du raki.
● Degré de notoriété au sein du milieu déterminant supérieur à 50%
○ (Tripp Trapp III).
● Une marque ne peut prétendre être notoire que si elle a été utilisée comme marque et pas à titre de raison de
commerce
○ un usage ne rend une marque notoire que s’il intervient en relation avec des produits ou des services et
pas s’il se rapporte à une entreprise
○ cf: Tripp Trapp III et Richemont/Richemond Swiss Watch
Yeni Raki
ATF 120 II 145
De quelle protection pouvait bénéficier la désignation Yeni Raki en Suisse ? Marque turque qui détenait le monopole de
l’alcool en turquie et qui fait du raki. La marque a été déposée en Suisse mais n’a pas été utilisée. Une entreprise Yeni Raki
SA est créée à Fribourg et demande l'enregistrement de la marque Yeni Raki. L’établissement turc saisit le tribunal civil pour
empêcher l’entreprise Fribourgeoise d’enregistrer cette marque.
Le tribunal cantonal a refusé cette opposition car :
● cette marque a jamais été utilisée en suisse, en tout cas pas depuis 5 ans, le titulaire a donc perdu son droit.
● en plus, cette marque est descriptive et générique (Yeni -> jeune. Raki -> alcool), car comprise par les milieux
intéressés (population turque en Suisse), donc exclue de l'enregistrement en vertu des empêchements absolus.

59
● En plus l’établissement de droit turc n’a pas prouvé que cette marque a été imposée par un long usage.
● Le nouveau venu ne pourra pas le protéger non plus mais l’opposition n’est pas acceptée non plus.
Recours au TF, qui partage le même argumentaire. Sauf sur un point:
● en effet, l’établissement turc n’a pas de monopole sur le Raki, mais il faut voir si la population turque en Suisse
connaît majoritairement cette marque ou non.
○ pas besoin d’utilisation chez nous, il suffit d’un usage intensif ailleurs (Turquie) et de la conscience de celle-
ci par la population cible en Suisse.
● Donc le TF a renvoyé au Tribunal cantonal pour lui permettre de prendre une nouvelle décision en fonction de cet
argument là. On a donc tenu compte de l’usage fait en Turquie.

Tripp Trapp III


TF 20.01.04, sic!5/2004, p.407ss.
Mixte: marque verbale et figurative. L’entreprise
commercialise depuis 1932 une chaise modifiable pour
bébé/enfant. Elle a utilisé que l’élément verbal pour
représenter sa marque, pas son logo. Rappel: Si on
enregistre une marque, on doit en faire un usage.
L’utilisation du seul élément verbal n’était pas suffisant
pour valider l'enregistrement de la marque mixte. Plus de 5
ans sont passées entre 79 et 96.
En 96, une autre entreprise, danoise, utilise Trip Trap. La
marque norvégienne se rend compte que sa marque n’est
plus valable, donc enregistre Tripp Trapp.
Ensuite litige: Les norvégiens demandent interdiction d'utilisation par les danois. Les danois disent qu’ils avaient déposé la
marque avant et demandent annulation de la marque déposée en 79. Le TF dit: Certe l'utilisation de la marque mixte sous
forme verbale uniquement n’a pas permis la validité de l'enregistrement en 79, donc les danois ont raison pour l’annulation
de la marque de 79. Puis, il dit que certes l'enregistrement de 79 est antérieur à celui de la société danoise, mais cet
enregistrement bénéficie d’une priorité liée au fait que la marque Tripp Trapp purement verbale était une marque notoire
depuis longtemps.
Le TF dit donc que l’enregistrement formel intervient qu’en 1999 mais avant c’était une marque notoire, donc les danois ne
peuvent pas enregistrer la marque car pas de bonne foi, et pas possible.
Richemont/Richemond Swiss Watch
CREPI, 15.12.2006, sic! 7/8/2007 p.521.
Richemont s'oppose à l'enregistrement de Richemond Swiss Watch. Mais il n'existe pas de montre Richemont, seulement de
montres des marques du groupe Richemont : la commission a donc refusé d’admettre que Richemont serait une marque
notoire car il s’agit du groupe, et non pas de la marque.
La demande d’opposition faite par le groupe Richemont envers l’enregistrement de Richemond a donc été rejetée.
Cela ne veut pas dire que Richemond Swiss Watch puisse exister véritablement dans le commerce.

2.6.2.4.2 Marque de haute renommée


Une marque est soit notoire, soit de haute renommée, pas les deux. (ou aucun des 2)
Art. 15 LPM :
● exception au principe de la spécialité
○ principe de spécialité : veille à conserver à une marque son caractère distinctif, mais si le produit/service
d’un déposant n’a rien à voir avec le produit/service protégé par la marque, alors les marques peuvent
coexister.
○ Si une marque est de haute renommée, alors le principe de spécialité ne tient plus, il n’y a pas de
coexistence possible. → Le titulaire d’une marque de haute renommée enregistrée dans notre pays peut
interdire à des tiers l’usage de cette marque pour tous les produits ou les services
● Considération générale auprès du public suisse: cf Bugatti

60
● Caractère relativement unique
○ haute renommée -> destiné à leur permettre de lutter contre la dilution de leur force de marque. Il faut
donc une marque unique
● et nécessité que le titulaire ait suscité une force publicitaire telle pour sa marque qu’elle soit devenue apte à
favoriser la vente d’autres produits que ceux pour lesquels l’enregistrement a été obtenu (cf Nike)
○ marque dont la force publicitaire représente une grande valeur économique dans les domaines les plus
divers
■ loi introduite dans le cadre de la loi sur les marques mais qui est d’inspiration de la concurrence
déloyale. (Il faut que la marque ait un impact positif sur l’esprit du public suisse pour qu’elle facilite
pour le titulaire la vente d’autres produits sous cette marque)
-> Protection contre les utilisations qui menacent le caractère distinctif de la marque (dilution), en exploitent la
réputation ou lui portent atteinte.

● Non destinées à lutter contre un risque de confusion, mais contre l’exploitation de l’image de la marque pour en
permettre le transfert sur d’autres catégories de produits ou de services (CR PI- Gilliéron, N.9 ad 15 LPM).
● Pour que la haute renommée permette de déroger au principe de la spécialité, il faut qu’elle ait été acquise avant
l’exploitation litigieuse par le tiers (Art. 15al.2 LPM)
● Pour qu’une exploitation indue de la renommée d’une marque soit donnée, il faut que le public opère un certain
rapprochement avec cette dernière → que les traits essentiels de celle-ci qui permettent d’opérer un transfert
d’image dans l’esprit du public se retrouvent dans le deuxième signe (CR PI- Gilliéron, N.19 ad 15 LPM).
● Possibilité d’agir contre toute utilisation qui porte atteinte à la marque (dilution, dénigrement, association
indésirable)
-> Protection contre la déloyauté et le parasitisme! On a voulu protéger la valeur économique qu’apporte l'impact
publicitaire de la marque

Bugatti
TF, 16 avril 2007, 4C.440/2006, sic! 9/2007, p.635-638, RJPI N.413.
Le TF rappelle qu’il faut que la marque bénéficie d’une image positive (pas forcément unanime) auprès du public suisse. La
haute renommée est une décision de droit mais prise sur les faits.

Nike
ATF 124 III 277 cons.1a/JT 1998 I 324
Enregistrée en suisse pour des articles de sports. Nike est intervenu contre l’enregistrement et l’utilisation de Nike par une
société espagnole pour de la parfumerie “pour homme sportif”. Produits largements différents donc les 2 marques
devraient pouvoir coexister.
● Nike a plaidé la haute renommée de sa marque.
● Le TF a dit qu’il n’y a pas réellement de définition de la marque de haute renommée dans la loi.
○ il n’y a pas besoin que la marque soit de luxe ou politiquement correcte ou environnementale
○ pour qu’une marque soit de haute renommée il faut qu'elle suscite d’une image positive dans l’esprit du
client pour avoir une “valeur ajoutée”. Pour Nike, le TF dit que tous les sportifs connaissent, même les
sportifs passifs (parents qui achètent pour les enfants).
● La commercialisation d’un parfum pour homme sportif bénéficie de la valeur ajoutée de la marque, on ne l’accepte
donc pas.

2.6.2.5 du type d'usage (marques défensives, de réserve et d'exportation)


2.6.2.5.1 Marque défensive
Étendre artificiellement le champs de protection d’une marque déjà enregistrée. On enregistre toutes les dominations
proches de notre marque. (Omega, Odega…) En les enregistrant, vous ne comptez pas les utiliser car si on les utilisait, on
diluerait la force distinctive de la marque de base. Donc ces marques sont nulles dès le départ vu que l’intention d’usage fait
défaut.

61
Coolwater / cool water
TF, 10 décembre 2009, 4A_242/2009, sic! 5/2010, p. 353- 359, RJPI N.422;
Le TF pose le fait qu’aucune protection ne sera accordée à une marque déposée non pas pour en faire usage mais pour
élargir le champs de protection ou pour obtenir une compensation financière, car dans ce cas-là c’est un dépôt
frauduleux.

Gmail
TF, 30 mai 2008, 4C.82/2007, sic! 10/2008, p.732-735, JdT 2008 I 396,RJPI N.420
Le TF rappelle que les marques défensives sont déposées non pas pour utiliser, mais pour empêcher des tiers d’utiliser les
signes similaires et donc pour étendre artificiellement le champs de protection de la marque. Le but n’est pas d’obtenir un
enregistrement conforme à ce pour quoi le droit des marques a été introduit dans le système juridique.
Lorsqu’on enregistre une marque non pas dans l'intention de l’utiliser mais dans l’intention d’obtenir un avantage financier,
c’est un enregistrement contraire au principe de la bonne foi et donc pas de protection possible. L’opposant va donc devoir
montrer qu’une marque n’est pas utilisée. Un usage simulé ne suffit pas à valider la marque défensive.

2.6.2.5.2 Marque de réserve


Une marque doit être validée par un usage, et faute d’usage pendant 5 année, on perd le droit à la marque. Les marques de
réserve, au départ, elles seront valables parce que vous ne les avez pas enregistrée pour éviter que quelqu’un les utilise mais
parce que la marque vous plait et qu’on l’utilisera peut-être.

2.6.2.5.3 Marque d’exportation


Destiné aux produits pour l’exportation.
● Conforme aux habitudes du commerce:
○ Correspondant à la demande réelle du marché → usage sérieux (le titulaire est prêt à répondre à toute la
demande du marché);
○ pour des produits/services principaux;
○ -> peut être variable selon les types de produits/services et leurs segments de marché! Mais ne doit pas
être sporadique
● À titre de marque → conforme aux fonctions distinctive et d’indication de provenance de la marque, et intervenant
sur le marché;
● Sous une forme non essentiellement différente de celle de la marque enregistrée (Art.11 al.2LPM).
● Par le titulaire de la marque ou avec son consentement (Art.11 al.3 LPM).
● En Suisse, même localement ou pour l’exportation (TF,4A_515/2017, 4.7.17).

2.6.3 Usage de la marque et radiation pour défaut d'usage (Art.35a LPM)


2.6.3.1 Usage de la marque
Art 11 LPM
Un usage est habituel s'il est conforme aux habitudes du commerce. Usage sérieux dan la mesure ou le titulaire de la
marque est prêt à satisfaire à toutes les demandes du marché. On tient compte du type de commerce. Plus l’entreprise est
grande, plus on lui demandera beaucoup en terme de correspondance aux demande du marché. Si vous êtes vendeur de
produits alimentaires de base, on vous demandera beaucoup de vente de ces produits pour prouver cet usage. Si vous êtes
vendeurs de pièces rares (montres), un petit nombre de vente suffira.
● Conforme aux habitudes du commerce:
○ correspondant à la demande réelle du marché → usage sérieux;
○ pour des produits/services principaux; (correspond au centre de profit. L’utilisation de la marque pour des
services accessoires ne suffit pas à l’enregistrement de la marque)
○ -> peut être variable selon les types de produits/services et leurs segments de marché! Mais ne doit pas
être sporadique.
■ cet usage doit être constant, régulier, non pas seulement de temps en temps. C’est une preuve d’un
usage sérieux et non pas seulement sporadique, ex : utilisation tous les 4.5 ans juste pour garder la
protection
● Utilisation à titre de marque → conforme aux fonctions distinctive et d’indication de provenance de la marque, et
intervenant sur le marché;
62
● Sous une forme non essentiellement différente de celle de la marque enregistrée (Art.11 al.2LPM).
○ il faut que l'utilisation faite du signe amène le consommateur à comprendre que c’est bien une utilisation en
tant que marque qui intervient. Ex: l’utilisation de la partie verbales seulement d’une marque mixte ne suffit
pas à valider la marque mixte
● L’utilisation doit être par le titulaire de la marque ou avec son consentement (sous licence (exclusive ou non))
(Art.11 al.3 LPM). Le consentement peut être donné de n’importe quelle manière.
● utilisation doit intervenir en Suisse, même localement ou pour l’exportation
○ pas forcément sur tout le territoire suisse (cf Bentley)
■ Validation par l’usage: peut être vérifié seulement localement
■ Imposition par l’usage: doit pouvoir se vérifier sur tout le territoire suisse
○ l’usage pour l’exportation vaut l’usage valide en Suisse
● En relation avec les produits/services enregistrés

➔ Bentley
TF,4A_515/2017, 4.7.18 Bentley motors
Usage de la marque Bentley pour les montres pas permise car même si Bentley était pas enregistrée, c’était peut être une
marque notoire. Bentley montres avait déposé la marque avant.
● Bentley voiture a agi en nullité en invoquant le non usage.
● Bentley montres a dit qu’ils avaient utilisé la marque mais pour l’exportation, pas de commercialisation en suisse.
● Le TF dit qu’il y avait bien une utilisation pour l’exportation, néanmoins il a admis qu’il n’y avait pas de preuve
d’usage suffisante car il n’y avait pas de preuve de commercialisation publique. L’exportation se faisait à une autre
entreprise, donc pas assez de visibilité.

➔ Seiko Rivoli / R Rivoli


CREPI, 17 septembre 2003, sic! 2/2004, p.106 – 109;
Montres: L’enregistrement de 2 marques: Seiko Rivoli vs R rivoli. Rejet de l’opposition au motif que seiko rivoli n’avait pas
réussi à prouver l’usage “sérieux et suffisant” de sa marque : vente de seulement quelques montres. La plus grande
présence de la marque était dans la publicité, mais on ne comprenait pas vraiment que c’était une nouvelle marque à titre
de montre, mais plutôt une indication publicitaire pour l’entreprise..

➔ Kinder / Kinder Party


TAF, 6 juillet 2007, B-7439/2006, sic! 1/2008, p.36 – 43, RJPI N.281;
Kinder s’oppose à Kinder party. KP invoque la nullité de la marque Kinder qui est descriptive et avec
une écriture simple. Kinder dit qu’il y a une imposition par l’usage. Il y a un usage sérieux, intensif
de la marque. TAF en accord avec Kinder.
➔ Hirsch
TAF, 27 janvier 2009, B-648/2008, sic! 7/8/2009, p.524-529, RJPI N.403;
L’offre minimale du produit pour considérer un usage sérieux. Même si l’offre est minimale, ce qui compte c’est qu’elle soit
durable.

➔ M-Watch
TF, 30 septembre 2013, 4A_128/2013, ATF 139 III 424, sic! 2/2014, p.81-84, RJPI N.725
MOWATCH: Est-ce que l’utilisation du signe ci-dessus valide l’utilisation de la marque MOWATCH (avec ce graphique-là) ?
Enregistrabilité de MOWATCH? ?
● M tout seul n’est pas distinctif. Watch est descriptif et pas distinctif. Combinaison peu distinctive. MOWATCH
pourrait être enregistrable grâce au O. M-Watch est purement descriptif, MOWATCH apporte un côté graphique.
La croix fédérale est l’élément distinctif, mais cela diverge de MOWATCH.
L’usage ne valide donc pas la marque. “il y a une grosse différence entre un espace vide et un espace rempli de croix
fédérale.” En plus, la croix suisse ne pouvait pas être utilisée à l’époque, aujourd’hui oui.

➔ Audi-Amag
ATF 128 III 146
(utilisation à titre de marque) Garagiste concessionnaire exclusif d’AMAG qui s’est vu retirer sa concession. Il a modifié
l'enseigne de son garage en mettant plus concessionnaire Amag mais spécialiste WW - audi. Il ne fait pas une utilisation à
titre de marque, c’est un désignation de qualités qu’il a. Cela ne tombe pas sous le droit de la marque.

➔ Meridien
CREPI 06.09.2002, sic! 11/2002 p.758 ss

63
Meridien -> chaîne d'hôtel. Offre d’un dépliant publicitaire: Le coeur de l’activité de cette chaîne hôtelière est le service
dans le domaine de l'hôtellerie. Le guide dépliant de chaque année liste les hotels de cette chaîne, c’est un dépliant
purement publicitaire qui vise à vanter les avantages de ce service. C’est donc une utilisation de la marque sur ce flyers qui
intervient sous forme de support/soutien à l’offre de service de la chaîne d'hôtel.
Produit/service auxiliaire n’est pas enregistrable comme marque.

2.6.3.1 Conséquences du non-usage


Art 12 LPM

Perte de la marque si un tiers vient à demander le défaut d’usage. Si personne n’a fait cette opposition, et que vous
commencez à faire usage de la marque 5 ans après, alors le vice est réparé.

➔ Focus / Pure Focus


TAF, 31 octobre 2007, B-3578/2007, sic! 4/2008, p.302, RJPI N.292

➔ Focus II
TF 8 juillet 2008, 4A_151/2008, ATF 134 III 555, sic! 12/2008, p.896-900, RJPI N.398
Procédure de radiation simplifiée, Art.35a et 35b LPM, y compris radiation partielle.

2.6.4 Naissance du droit à la marque


2.6.4.1 L'enregistrement et les droits dérivés d'un usage antérieur (Art.14 LPM)
L’enregistrement
- Premier déposant → le droit à la marque naît de par l’enregistrement (Art. 5 LPM), et appartient à celui qui
dépose la marque en premier (Art. 6 LPM).
- Droit de priorité de 6 mois (Art. 7 LPM). Lorsqu’une marque a été légalement déposé dans un autre état membre
de la convention Paris, on laisse 6 mois au déposant. On tiendra compte de la marque du premier dépôt, même s’il
est dans un autre pays.

Droit dérivé d’un usage antérieur


Art.14 LPM. Quand il y a eu le changement entre premier utilisateur et premier déposant, alors il y a eu des exceptions,
dans cet article. Celui qui a utilisé la marque jusque là ne va pas pouvoir se voir interdire par un nouveau premier déposant.

2.6.4.2 Les empêchements relatifs


Rappel: le droit à la marque vient avec l’enregistrement. La priorité revient au premier déposant, sauf quand il y a des
accords internationnaux (ex: une première demande d’enregistrement est intervenu dans un autre pays dans les 6 derniers
mois). La marque appartient donc à celui qui la dépose en premier ou à celui qui détient un droit de priorité (Art. 7).
En Suisse, sauf si on est en présence d’une marque notoire ou d’une marque enregistrée en Allemagne ou au
bénéfice d’un droit d’usage antérieur, il n’y a pas de droit à la marque sans enregistrement.
64
Rappel: 2 types d’empêchements:
● absolus, Art.2 LPM
● relatifs, Art.3 LPM → liés à l’existence d’une marque antérieure pour des produits/services identiques ou
similaires, en présence d’un risque de confusion. (énorme jurisprudence, on ne va pas entrer dans les détails, trop
de décisions discutables) Garant de ce qu’un signe enregistré comme marque est relativement unique pour les
produits ou services qu’il désigne et donc pourra jouer son rôle de marque. Garantie que la marque (signe) est un
signal dans le marché.

L’article 3 matérialise le principe de spécialité et de distinction :


● 1 Sont en outre exclus de la protection:
a. les signes identiques à une marque antérieure et destinés à des produits ou services identiques;
b. les signes identiques à une marque antérieure et destinés à des produits ou services similaires, lorsqu'il en
résulte un risque de confusion
(même s’il n’y a pas de risque de confusion -> achat d’une Rolex à 40CHF, on sait que c’est une
fausse, donc pas de risque de confusion, mais interdit quand même. Ndlr : On ne peut pas importer
en Suisse à titre privé un produit de marque contrefait -> Art. 13 al. 2 let. d)
c. les signes similaires à une marque antérieure et destinés à des produits ou services identiques ou
similaires, lorsqu'il en résulte un risque de confusion.
● 2 Par marques antérieures, on entend:
a. les marques déposées ou enregistrées qui donnent naissance à un droit de priorité au sens de la présente
loi (art. 6 à 8);
b. les marques qui, au moment du dépôt du signe tombant sous le coup de l'al.  1, sont notoirement connues
en Suisse au sens de l'art. 6 bis de la Convention de Paris du 20 mars 18831 pour la protection de la propriété
industrielle (Convention de Paris).
● 3 Seul le titulaire de la marque antérieure peut invoquer les motifs de refus en vertu du présent article.

Analyse de l’Art.3 LPM:


● une identité de signes pour des produits/services identiques, Art.3 al.1lit.a LPM;
Ou:
● une identité de signes pour des produits/services similaires, Art.3 al.1lit.b;
● une similitude de signes pour des produits/services identiques ou similaires, Art.3 al.1lit.c;
s’il en résulte un risque de confusion.
● Principe de la spécialité
○ matérialisation de l’exigence de distinctivité d’une marque
○ Un signe ne peut pas faire l’objet d’une appropriation régulière si un tiers se l’est déjà réservé et
approprié pour les mêmes produits/services.
○ la possibilité de se prévaloir de ce motif de nullité est réservée au seul titulaire d’une marque antérieure
( Art.3 al.3 LPM), soit déjà enregistrée, prioritaire ou notoire au sens de l’Art. 3 al.2 lit.a et lit.b LPM. (autre
exception : si l’enregistrement est antérieurement fait en Allemagne)
○ constituent ainsi des marques antérieures, celles qui, au moment du dépôt de la deuxième demande
d’enregistrement, sont:
■ lit.a, déjà déposées ou enregistrées (Art.3 al.2 lit.a et Art.5 et 6 LPM) ou bénéficient d’un droit de
priorité au sens de la CUP (Art.7 LPM)
■ lit.b, notoirement connues (Art. 6bis CUP)
● Examen du risque de confusion:
○ Unique à tout le droit des signes distinctifs; (c’est la même pour tous les signes distinctifs)
○ Risque de confusion direct (les signes examinés sont tellement identiques que le consommateur n’hésite
pas un instant, il se trompe) ou indirect (produits similaires (à peu près), les signes ne sont pas exactement
les mêmes, on fait une contrefaçon par exemple) suffit → risque de confusion admis aussi si:
■ la similitude des signes et des produits/services ainsi désignés amène le public déterminant à
penser à tort qu’ils proviennent de la même entreprise ou d’entreprises économiquement liées.
○ C’est l’impression d’ensemble dégagée par les signes examinés qui est déterminante, mais
○ Les éléments descriptifs ou appartenant au DP (domaine public) pour un autre motif passent à l’arrière
plan dans l’examen du risque de confusion. (parce que si c’est le cas, ce sont des éléments faibles de la
marque en terme de protection, donc on peut les mettre de côté.)

65
○ Le contenu significatif d’un signe peut contribuer à limiter ou exclure un risque de confusion.
○ C’est l’effet auditif qui reste le mieux ancré dans le souvenir à long terme que le public déterminant
conserve de la marque.
● Similitude de produits/services
○ Admise si le public risque de déduire à tort de la nature des produits/services concernés qu’ils proviennent
de la même entreprise ou d’entreprises économiquement liées.
○ Le risque de confusion est déterminé en fonction de l’impression d’ensemble que laisse la marque dans le
souvenir à long terme du consommateur.
○ Pour éviter le risque de confusion, la différence entre 2 marques doit être d’autant plus importante que
les produits sont similaires. (et vice versa)
○ La similitude entre 2 produits doit être d’autant plus facilement admise que ces produits sont bon
marché et destinées à un usage courant.
■ suivant le type de produit, on va examiner un peu différemment. Si c’est un produit de tous les
jours, on est pas très attentifs, si le produit est un produit select, on va vérifier beaucoup, donc on
est plus attentif et précis quant à cet achat. Donc moins le produit est cher, plus on va devoir
différencier le signe des autres produits similaires

➔ Easyvet: c’est un clin d’oeil, il y a un très grand effort de rapprochement. Cela va bénéficier
au cabinet. Mais dans le droit des marques, cela ne pose pas de problème, car les services
sont totalement différents. Mais EasyJet pourrait potentiellement invoquer son droit en tant
que marque de haute renommée.

➔ You think outdoor


TF, 4.12.2014, 4A_330/2014 (pas clair du tout)
Une entreprise a enregistré la marque verbale think et think outdoors. Une autre marque dépose think outdoors avec des
aspects graphiques (+Weinbrenner). Le titulaire des marques verbales internationale agit contre l’autre déposant. Celui-ci
réagit en demandant la nullité des marque “think” et “think outdoor” (marque de chaussures). Le tribunal de première
instance admet sur la base de la partie suisse de la marque internationale “think” qu’il y a une interdiction de l’utilisation de
ces marques. Le tribunal admet aussi la nullité de l’autre marque.
Recours au TF qui met en oeuvre les principes de spécialité :
● il y a une similitude très grande des 2 produits puisqu'il s’agit de chaussures d’extérieur. Il y a aussi une similitude
des signes. Y-a-t-il risque de confusion entre “think” et “think outdoor…”? Pour répondre à cette question, on met de
côté les éléments appartenant au domaine public.
○ Le signe think n’est pas frappé d’un besoin d’utilisation absolu (il y a d’autres verbes si besoin), il n’est pas
indispensable, et surtout pas indispensable à des chaussures, donc on peut l’admettre.
● Y a-t-il risque de confusion entre think et les marques think outdoor ? Certes think peut être protégé, néanmoins le
champs de protection est réduit car peu d’originalité. Donc Think comme marque n’est pas de nature à bloquer son
utilisation. Ce qui est marquant dans les autres marques, c’est ce qu’il y a après le think (Outdoors et Weinbrenner)
ou bien l’aspect graphique (sapin).
● La nullité a donc été constaté, et la demanderesse qui avait perdu sa marque Think Outdoors n’a pas fait recours au
TF. Donc obtention du gain de cause pour Think Weinbrenner, car il n’y a pas de risque de confusion.

Résumé recueil jurisprudence :


La recourante n’utilise pas la désignation « THINK OUTDOORS » seule, mais toujours en combinaison avec sa marque «
WEINBRENNER » et le cas échéant l’élément graphique distinctif du sapin stylisé. Ce n’est que pris ainsi dans son ensemble
que le signe est compris comme une référence à une entreprise. Étant donné le caractère descriptif, voire publicitaire des
termes « THINK OUTDOORS » pour les souliers, ce sont les autres éléments sous la forme du mot « WEINBRENNER »,
respectivement du sapin stylisé, qui demeurent en mémoire. L’élément correspondant « THINK » passe à l’arrière-plan
dans les signes utilisés par la recourante et est perçu dans l’impression d’ensemble dégagée par ces signes comme une
référence à une qualité particulière ou à un mode d’utilisation des souliers, le cas échéant comme un renvoi à la marque de
la recourante « THINK WEINBRENNER ». Il n’en résulte pas de risque de confusion pour le consommateur moyen de
souliers (c. 3.2.3) et le recours est partiellement admi

66
2.7 Droits conférés par la marque

2.7.1 Droits absolus - article 13 LPM


○ Droit d’usage exclusif
○ Droit d’interdire à des tiers tout usage professionnel du signe à titre de marque
■ sur des produits ou des emballages (Art. 13 al.2 lit.a LPM);
■ pour offrir des produits, les mettre dans le commerce ou les détenir à ces fins (Art. 13 al.2 lit.b
LPM);
■ pour offrir ou fournir des services (Art. 13 al.2 lit.c LPM);
■ pour importer, exporter ou faire transiter des produits (Art.13 al.2 lit.d LPM);
■ sur des papiers d’affaires, à des fins publicitaires ou de quelqu’autre manière dans les affaires
(Art. 13 al.2 lit.e LPM).
○ Il ne faut pas forcément que l’usage soit lucratif pour être interdit, mais on ne peut pas aller jusqu’à
interdire un usage privé.
○ Utilisation comme signe distinctif, pas seulement à titre de marque
■ si un élément de notre marque est repris dans une raison de commerce, on peut invoquer notre
droit à la marque pour nous opposer à l’enregistrement de cette raison sociale (même si ce n’est
pas une marque), car cette utilisation pourrait avoir un effet de dilution de notre marque.

2.7.2 Exceptions aux droits absolus


● Pas d’importation, d’exportation ni de transit de produits de fabrication industrielle à des fins privées (Art. 13
al.2bis LPM)
○ disposition ajoutée dans la loi en 2008 pour lutter contre le piratage et la circulation de marchandise
falsifiée
● Restriction concernant les signes utilisés antérieurement (Art. 14 LPM)
○ possibilité de poursuivre l’usage dans la même mesure qu’avant le dépôt.

2.8. Transfert du droit à la marque

2.8.1 Transfert
(Art. 17 LPM) → exigence de la forme écrite.
Pour tout ou partie des produits/services (al1) :
● Exigence de la forme écrite
● l'inscription au registre rend le transfert opposable aux tiers de bonne foi (al.2), mais est une condition de sa
validité pour les marques collectives et de garanties (art.27 LPM).
● Sauf convention contraire, le transfert de l’entreprise implique le transfert du droit à la marque (art 17 al.4 LPM)
Quand on cède une marque, c’est pour tout le territoire!

2.8.2 Licence
(Art. 18 LPM) → soumise à aucune exigence de forme et inscriptible au registre des marques.
L'inscription est une condition de validité pour les marques collectives (art.27 LPM). Elle rend la licence opposable à tout
droit à la marque acquis postérieurement:
Il n’y a pas forcément besoin de preuve écrite. Possible dans le droit des marques dès le moment où on a admis que chacun
a le droit de déposer une marque. Le donneur de licence a comme obligation d’accepter l’utilisation de la licence par le
preneur de licence. Le contrat de licence est un contrat innomé (pas de partie particulière dans la loi). Il vaut mieux avoir un
contrat qu’un simple accord tacite de licence.
L’inscription de la licence au registre n’est pas forcément nécessaire, à part dans le cas d’une marque collective.
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➔ TF, 15 septembre 2016, 4A_317/2016
Une entreprise titulaire d’une marque vient à faire faillite. La marque faisait l’objet d’une licence non inscrite au registre de
marques. Lors de la faillite, la marque a été reconduite à une autre entreprise encore, qui avait connaissance de la licence.
Mais comme cette licence n’était pas inscrite, la nouvelle entreprise titulaire a refusé que le preneur de licence continue à
utiliser la marque. Le TF rappelle et dit :
● une licence permet à une partie d’utiliser une marque, et une seule des deux parties peut demander à inscrire la
licence dans le registre des marques.
● mais dans ce cas, personne n’avait fait la demande d’inscription
● néanmoins, comme la licence est un contrat instituant un droit relatif d’utilisation (et non pas un transfert du droit
à la marque), le preneur de licence pourra continuer
● dès l’instant où l’entreprise a fait faillite, elle disparaît, et le contrat de licence tombe aussi. Et du principe de la
relativité des contrats, le TF déduit que même lorsque l’acquéreur avait connaissance de l’existence de la licence,
celle-ci ne lui sera pas opposable si elle n’a pas repris le contrat - elle a simplement acquis la marque lors de la
faillite. Si le contrat avait été inscrit au registre, cela aurait eu un effet constitutif et le repreneur de licence aurait
pu se défendre.

2.8.3 Usufruit et droit de gage/exécution forcée


- Usufruit et droit de gage / exécution forcée (Art. 19 LPM), illustration en comparaison avec droit des brevets: TF,
13 mai 20016, 5A_652/2015
- seul un droit exclusif correspondant à un titre de PI valable peut → constituer un élément du patrimoine
susceptible d’appropriation et donc saisissable, séquestrable ou réalisable conformément à la LP.

- Article 17 LPM:
- Possible pour tout ou partie des produits ou des services enregistrés (Art. 17 al.1 LPM)
- Soumis au respect de la forme écrite et à enregistrement (Art. 17 al.2 LPM).
- Sauf convention contraire, le transfert de l’entreprise implique le transfert du droit à la marque (Art. 17 al.4
LPM).

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3. Droit du design
Recherche esthétique donnée à un produit pour en favoriser la consommation et donc orienter le choix du consommateur.

3.1. Les sources formelles


- LDes, Loi fédérale du 5 oct. 2001 sur la protection des designs, RS 232.12
- Ordonnance du 8 mars 2002 sur la protection des designs, ODes, RS 232.121
- Arrangement de la Haye du 6 novembre 1925 pour l’enregistrement des dessins et modèles (révisé en juin 1999)
- Arrangement de Locarno du 8 octobre 1966 sur la classification internationale des dépôts de designs

3.2. La notion de design


- Recherche esthétique déterminant le choix du consommateur;
- Le produit participe de l’image de celui qui l’acquiert.
- Contingences techniques laissant subsister une certaine liberté de création;
- Regain d’intérêt du design; (il y a plus d'enregistrement de design que par le passé)
- Révision de la stratégie des entreprises en matière de PI en conséquence;
- Incertitudes liées à l’entrée en vigueur le 1 er juillet 2002 de la loi fédérale sur la protection des designs du 5 octobre
2001 :
- Nouveauté et originalité/particularité: (pour que le design soit protégé)
- Impression d’ensemble (souvenir de l’originalité à court et moyen terme)
- Caractère techniquement nécessaire de la forme du design (on ne peut pas enregistrer le design si on le
considère techniquement nécessaire)

Art.1 LDes: « La présente loi protège en tant que designs la création de produits ou de parties de produits caractérisés
notamment par la disposition de lignes, de surfaces, de contours ou de couleurs, ou par le matériau utilisé.»
→ Protection de la recherche esthétique donnée à un produit pour en favoriser la commercialisation, à
fonctionnalités équivalentes, le «look» d’un produit orientant le choix du consommateur.
→ Les droits exclusifs obtenus permettent de s’opposer à des utilisations industrielles et commerciales des
produits ( Art. 9 LDes)

3.3. Les motifs d'exclusion de la protection


art.4 LDES
La protection d’un design est exclue si:
a. aucun design au sens de l’art.1 n’a été déposé; (parle-t-on réellement de design?)
b. le design ne remplit pas les conditions fixées à l’art.2 au moment du dépôt n’est ni nouveau ni original;
c. les caractéristiques du design découlent exclusivement de la fonction technique du produit; (techniquement
nécessaire)
d. le design viole le droit fédéral ou un traité international;
e. le design est contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
Caractère exhaustif de l’énumération des motifs d’exclusion de l’Art.4 LDes?
- En principe oui: message FF 2000, p. 2599; il sont en théorie mentionnés de manière exhaustive dans cet article 4.
- En pratique pas:
➔ ATF 138 III 461, sic!10/2012, p.644-648, RJPI N.742:

69
c’est dans son ensemble (Art. 4 et 6 confondus) que la LDes énumère de manière exhaustive les motifs d’exclusion. (C’est la
LDES qui énumère dans son ensemble les motifs d’exclusion en réalité.)
Une entreprise enregistre le design de gauche. Au moment du dépôt de cette demande, c’était nouveau. Mais en réalité, il y
avait une autre demande d'enregistrement (droite) méconnue mais antérieure de quelques mois. Donc le design de gauche
ne pouvait pas être enregistré.

Art. 4 Lit.c LDes: Pas de protection pour les caractéristiques techniques d’un produit;
➔ ATF 113 II 77 du 27 janvier 1987, Zafira/Philips
S’il y des parties du produit qui ne sont pas visible, cela ne peut pas être protégé par le droit du
design. Tête de lecture pour lire les vinyles. Il y a avait un enregistrement de design par Philips pour
ces têtes de lecture. Zafira veut enregistrer ça en Suisse. Philipps se retourne contre zafira. Mais il se
trouve que cette partie-là (droite dans l’image) n’est jamais visible, donc pas protégeable par le droit
du design et en plus c’est techniquement nécessaire. Le bout noir en revanche oui. Donc est-ce que
ces bouts se ressemblent entre philips et zafira? Dans le souvenir à court terme cela se ressemble mais
si on regarde le détail dans le court terme on voit que sur un il y a 6 têtes et l’autre 3. Donc pas de
risque de confusion. Mais en se référant au nouveau droit, et donc au souvenir à court terme, la
décision serait probablement différente.

Ce qui est déposable est ce qui est à la vue de tous, ce qui est caché ne peut pas être enregistré comme design. Avant,
ancien droit, on comparait juste les 2 produits, maintenant, nouveau droit, on prend en compte le souvenir du
consommateur.

➔ Focale d’équation, RSPI 1992, 2 p.393-397.


Caractère technique ou pas de la forme conique du verre de la montre avec petit chapeau en haut
du cône. Un autre dépose comme design la même chose, et vu que le cône est une forme
géométrique de base, l'enregistrement devrait être annulé. Mais, il y a un travail du cône qui fait
qu’il va au delà de sa forme de base. Donc c’est différent d’une simple forme géométrique de base.
Donc pour le TF, il y a de l'originalité et ce n’est pas techniquement nécessaire, donc
l’enregistrement du design est valide et l’autre ne pourra pas commercialiser son produit.

➔ Arrêt du TF du 8 janvier 2007, 4C.344/2006, sic! 7-8/2007 p.546ss., ATF 133 III 189 JdT 2007 I 197, RJPI N.487

70
Boîtes à bijoux. La longue boite, on voit que le dessus est courbé, cet écrin n’est donc pas
plane mais est galbé et avec la particularité que ces boites peuvent s’empiler (avantage
technique). Il a fait l’objet d’un enregistrement de design et son titulaire a pu observer qu’un
tiers utilisait une imitation de cet écrin. Il a agit en interdiction, et en fourniture
d’information pour un calcul de dommage et intérêt, il y a donc une volonté de réparation
du dommage (ce qui est difficile à calculer). Il faut trouver un lien de causalité entre la baisse du chiffre d’affaire et la vente
de l’autre boite. Souvent, on demande plutôt à l’autre de nous remettre le gain de la vente de ce produit. L’autre se défend,
en disant que le design est nul car il est banal, pas réellement nouveau par rapport à ce que l’on trouve sur le marché, et si il
est pas nul, il est techniquement nécessaire. Le TF suite à une décision civile se penche sur la question de la nouveauté du
design. Pour qu’il soit nouveau, il n’a pas besoin d’être parfaitement nouveau, il doit se distinguer des éléments préexistants
et si on compare la boite courbée à la boîte traditionnelle, on peut admettre la nouveauté, en plus elle est originale par
rapport aux caractéristiques essentielles du produit. Il y a donc du point de vue de l'originalité et nouveauté un
enregistrement valable. Est-ce que c’est techniquement nécessaire? Dans le domaine du design, on doit comprendre ce
empêchement absolus doit être vu sous le même angle que la jurisprudence des marques de forme. (pour le caractère
techniquement nécessaire). Cet arrêt pose le principe du lien entre marque de forme et droit design quand on parle du
caractère techniquement nécessaire:
- Le motif d’exclusion de la protection des formes techniquement nécessaires de l’Art. 4 lit.c LDes a la même portée
que celui consacré par l’Art. 2 lit. b LPM en lien avec les marques tridimensionnelles.
- Les formes techniquement les plus évidentes et les plus adaptées (aussi du point de vue économique) sont exclues
de la protection.
- Lego IV 4A_20/2012, TF 3 juillet 2012 et Nespresso II 4A_36/2012, TF 26 juin 2012 → le caractère
techniquement nécessaire doit être admis:
- en l’absence de formes alternatives permettant la même utilisation, ou
- si une autre forme présente des inconvénients empêchant une concurrence efficace est aussi pratique et
aussi solide, mais s’accompagne de surcoûts de production même peu élevés.
Au final, le TF dit qu’elle n’est pas techniquement nécessaire et donc que l’enregistrement est valable.

Résumé recueil jurisprudence :


ATF 133 III 189 ; sic! 7/8/2007, p. 546-551, « Schmuckschatulle » ; JdT 2007 I 197 ; conditions de la protection du design,
originalité, écrin, horlogerie, bijouterie, fonction technique, forme techniquement nécessaire ; art. 2 lit. b LPM, art. 2 LDes,
art. 4 lit. c LDes, art. 8 LDes, art. 21 LDes.
Examen approfondi de la notion d'originalité (Eigenart) découlant des éléments essentiels forgeant l'impression d'ensemble
dégagée par des écrins d'horlogerie ou de bijouterie et du caractère non essentiellement technique de leur forme. Pour le
TF, le motif d'exclusion de ce qui est techniquement nécessaire a la même portée au sens de l'art. 4 lit. c LDes qu'à celui de
l'art. 2 lit. b LPM. La jurisprudence développée en relation avec l'art. 2 lit. b LPM vaut ainsi aussi pour l'art. 4 lit. c LDes.

Résumé:
- Protection accordée aux créations qui sont visibles et dont l’esthétique est perceptible;
- Une forme peut avoir un effet technique accessoire, si elle est d’abord fonction d’une recherche esthétique
particulière ;
- Art. 4 lit.c LDes → la protection d’un design est exclue si ses caractéristiques découlent exclusivement de la
fonction technique du produit.

➔ HG/AG, 5 mars 2014, sic! 9/2014, p.545-554, «Rollmatte»:

X commercialise un égouttoir déroulable, mobile. Cet égouttoir s’appelle Rollmate. Il est protégé
pour son design. Une autre entreprise (Y) produit un produit similaire. X agit en interdiction contre Y
sur la base du droit au design et de la concurrence déloyale. Y dit que l’enregistrement n’est pas

71
valable, et que s’il était valable, le design est nul car c’est un égouttoir techniquement nécessaire (le fait de s'enrouler) pour
un égouttoir portatif et si c’était techniquement nécessaire, ce n’est pas nouveau et original.
Le TF se demande si c’est techniquement nécessaire de pouvoir s’enrouler sur lui même et met en avant les éléments
suivants:
- Le terme de «technique» doit être compris au sens large et englobe tous les aspects fonctionnels liés à l’utilisation
d’un produit;
- Dès qu’une variante de forme demeure possible, le design ne découle pas exclusivement de la technique
- l’Art. 4 lit. c LDes ne concerne que les cas dans lesquels aucune alternative de forme ne permet d’atteindre l’effet
technique ou fonctionnel recherché, et pour lesquels il n’existe donc qu’une seule forme d’exécution raisonnable
(c. 6.3.2).
- Caractéristiques techniquement nécessaires: l’écoulement de l’eau et le fait d’être portable;
- L’enroulement de l’égouttoir sur lui-même n’est pas un critère autonome à prendre en compte comme moyen
technique d’assurer la mobilité de l’égouttoir.
- La forme alternative ne doit pas entrer dans le champ de protection de celle préexistante → nécessité de vérifier
si l’impression d’ensemble se dégageant des deux formes considérées est suffisamment différente pour qu’une
coexistence soit possible (Art. 8 LDes).
L’enroulement de l’égouttoir n’est pas un caractère techniquement nécessaire. La manière dont les baguettes sont
organisées (parallèles, espacement semblables) et la manière dont elles sont fixées pourraient avoir d’autres formes sans
nuire à au caractère technique du produit. Il y a donc des alternatives de forme. L’impression d’ensemble de cet égouttoir
sera autre que celle d’un autre.
Nouveauté et originalité: L’impression d’ensemble est différente, donc nouveau et original.

Conformité à l’ordre public, aux bonnes mœurs et au droit en vigueur, Art.4 lit. d et e LDes
(Même motif d’exclusion que celui qu’ona avu en droit des marques)

➔ TAF, 26 février 2016, B—4975/2013


- L’interprétation des motifs d’exclusion de l’Art.4 lit.d et e LDes peut intervenir sur la base de
la jurisprudence rendue en application de l’Art.2 lit d LPM et de la doctrine s’y rapportant.
- Pour éviter que des signes heurtent l’ordre public et les bonnes mœurs, il convient de veiller
à ce que la liberté de conscience et de croyance (Art.15 Cst.) soit respectée, quelle que soit
l’intensité avec laquelle les religions présentes en Suisse sont pratiquées.
- Il convient de tenir compte de minorités également en se référant à la sensibilité d’un
représentant moyen du groupe de population concerné.
Interdiction de commercialiser le pendentif qui met toutes les religions dans le même objet. Recours au TF: On en se
demande pas ce qu’un extrémiste pense, mais une personne “normale”. Raisonnement:
- Les représentations tant toute générale que conjointe d’une étoile de David, d’une croix chrétienne et d’un
croissant de lune, du moment que rien n’est manifesté par là de négatif, ne comportent rien de religieusement
offensant du point de vue d’un adepte moyen de ces religions.
Le médaillon est neutre donc pas choquant ni offensant. Ce n’est donc pas contraire à l’ordre public ni aux bonnes moeurs.
En ce qui concerne le croissant, il est pareil que le croissant rouge qui est protégé comme design. Le design présenté du
médaillon est en noir et blanc, donc il n’est pas impossible que le croissant soit rouge.
- La LPENCR interdit l’utilisation des emblèmes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge comme éléments de marque
ou de design sans égard à la signification qui pourrait leur revenir en relation avec d’autres éléments de la marque
ou du design considéré
- Seul doit être pris en considération le croissant lui-même, à l’exclusion des autres éléments du design.
- L’emblème du Croissant-Rouge et le croissant du design querellé s’ouvrent du même côté et présentent des
proportions très semblables;
- La demande d’enregistrement ne comporte aucune indication de couleur, ce qui permet une utilisation avec une
couleur susceptible d’être confondue avec le Croissant-rouge.
- Le design est exclu de l’enregistrement au sens de l’Art.4 lit.d Ldes.
72
L’institut aurait dû laisser au déposant de design le droit de redéposer sa demande en précisant la couleur, le TAF dit donc
qu’il faut laisser cette chance au déposant.

3.4. Les conditions de la protection


❖ Art.2 al.1
→ Exigences cumulatives
Art.2 al.1 : « Design ist schutzfähig, soweit es neu ist und Eigenart aufweist.»
Art.2 al.1: « un design peut être protégé à condition d’être nouveau et original.»
Double exigence de
- nouveauté
- et d’originalité
Changement de paradigmes à partir de l’arrêt Polstermöbel, 15 décembre 1957, ATF 83 II 475, JdT 1958 I 598: ce sont les
points communs entre deux designs, plutôt que leurs différences qui déterminent l’impression d’ensemble. On regarde si
l’impression d'ensemble que dégage 2 design est la même, au point que le spetites différences de détails qui ne changent
pas l’impression d'ensemble sont mises de côté. La différence de paradigme est qu’on ne fait plus une comparaison
simultanée mais on se réfère au souvenir que laisse cette impression d’ensemble dans le mémoir court terme du
consommateur.

Art. 2 al.2 et al.3 LDes / nouveauté et originalité


a. Un design n’est pas nouveau si un design identique, qui pouvait être connu des milieux spécialisés du secteur
concerné en Suisse, a été divulgué au public avant la date de dépôt ou de priorité → nouveauté relative et
objective.
b. Un design n’est pas original si, par l’impression générale qu’il dégage, il ne se distingue d’un design qui pouvait
être connu des milieux spécialisés du secteur concerné en Suisse que par des caractéristiques mineures.
→ Présence des mêmes caractéristiques générales dégageant une même impression d’ensemble (Art. 8 LDes)?

(1) Particularité par rapport à l’exigence de nouveauté: divulgations non dommageables, Art.3 LDes : Nouveauté du
design
si on montre un design à quelqu’un sous le secret mais qu’il le viole ce secret et donne au public les caractéristiques du
nouveau design de ce produit. On peut rattraper le divulgation et protéger le design après coup dans un délai de 12 mois.
- Dans les 12 mois précédant la date de dépôt
- Le fait d’un tiers ayant agi de manière abusive au détriment de l’ayant droit (art.3 lit.a LDes);
- Ou est le fait de l’ayant droit (art.3 lit.b LDes).
Cela peut être fait pour voir si cela vaut la pein d’investir dans la protection de ce design et aussi voir si les gens aiment.
Mais cela pose un problème en terme international. Si la réponse du public est très bonne, il y a le risque que des
concurrents se mettent à fabriquer le même produit en pensant que vous l’avez pas protégé, ils le font donc de bonne foi, ils
seront donc protégés.

➔ Arrêt «Prestige» du TF pour un columbarium: TF, 4 juin 2004, 4C.51/2004, sic! 9/2004 p.688ss.
Columbarium (emplacement dans un cimetière pour ranger les urnes) qui était enregistré comme design. Un entreprise qui
fabrique des columbarium et des monuments funéraires. Cette entreprise est entrée en relation avec une commune du
canton de fribourg au vu d’un emplacement d’une espace cinéraire. Les négociations sont longues, ils leur propose un plan,
et finalement la commune disent qu’il ne veulent plus et qu’ils prennent une autre entreprise. Cette entreprise réalise
exactement le même columbarium prestige pour lequel l’autre entreprise avait déposé une demande design. Seulement elle
avait déposé en 1994, alors qu'elle avait déjà réalisé 3 de ces columbarium entre 92 et 94. Elle invoque contre le commune
la protection du design. La commune dit que les enregistrements sont nuls au vu des commercialisations antérieures à la
date d'enregistrement :
● “De plus, huit autres monuments "Prestige" ont été réalisés, entre 1992 et 1993, dans les cantons du Valais, de
Vaud et de Fribourg. On se trouve donc manifestement dans un cas où le modèle dont la protection est invoquée a

73
été utilisé par son ayant droit avant le dépôt, dans une période allant au-delà du délai de grâce durant lequel la loi
autorise sa divulgation. On ne peut donc faire grief à la cour cantonale d'avoir violé la LDMI ou la LDes en
admettant l'exception de défaut de nouveauté du modèle de columbarium "Prestige" déposé en 1994.”
TF dit que effectivement, on a dépassé les 12 mois, il y a eu une publication par la réalisation concrète du columbarium,
donc les milieux spécialisés ont pu en prendre connaissance, par conséquent, le design déposé en 1994 est réputé comme
nul. (on a pas pris en compte la concurrence déloyale mais probablement qu’elle a du sens ici)

➔ TC/VD, «Plastic-Clogs II», 18 septembre 2008, CM08.023643-122/2008, sic! 11/2009 p.803-813, RJPI N.489.
Les crocs. Société américaine dépose en 2006 le design des crocs et la commercialisation de celles-
ci avait déjà commencé avant. Cette société a agit contre une société suisse qui commercialisait
des copies de crocs. Les défendeurs évoque la nullité du design au vu de la commercialisation
antérieure … Le tribunal se pose la question de la nouveauté et originalité des modèles du copieur.
Si l'enregistrement de la société américaine est valable, alors la société suisse ne peut pas
commercialisé.
● Les critères de l'art. 8 LDes sont aussi valables pour déterminer si un design est original au sens de l'art. 2 al. 3 LDes.
L'impression générale ne résulte pas des détails, mais des caractéristiques essentielles. Ce sont les facultés
d'appréciation des personnes intéressées par une acquisition qui sont déterminantes (c. III.c). Au sens de l'art. 4 lit.
c LDes, la protection d'un design est possible dès qu'il existe une solution technique de rechange, à moins que cette
solution soit d'un emploi peu pratique ou qu'elle entraîne des coûts de production supérieurs (c. III.d).
● La nouveauté d'un design peut être donnée malgré la subsistance d'éléments caractéristiques d'autres designs.
Même si chacun des éléments d'un design manque en soi d'originalité, leur combinaison peut produire une
impression d'ensemble d'originalité (c. III.f).
● L'examen d'une contrefaçon potentielle se fonde sur l'impression qui demeure dans la mémoire à court terme d'un
acquéreur éventuel qui investit une certaine attention à comparer les produits, généralement sans les tenir l'un à
côté de l'autre.
● L'adjonction d'une marque ne modifie pas l'impression d'ensemble, pas plus que l'utilisation d'un autre matériau, à
moins qu'il ne contribue à donner une impression différente (c. IV.a)
● En l'espèce, les designs de l'intimée ne présentent pas suffisamment de différences avec ceux des requérantes et
doivent dès lors être considérés comme des contrefaçons (c. IV.d-IV.f).
● Est également applicable en matière de design la jurisprudence du TF selon laquelle l'utilisateur antérieur d'une
marque peut non seulement invoquer son droit d'employer le signe à l'avenir dans la même mesure que par le
passé, mais également requérir une interdiction de toute atteinte à son encontre fondée sur la LCD si le titulaire
utilise sa marque de manière déloyale
● Selon l'art. 3 lit. d LCD, la seule imitation d'une marchandise non protégée par une législation spéciale ne constitue
pas un acte de concurrence déloyale si le risque de confusion est prévenu d'une autre manière, par exemple par
l'utilisation de marques divergentes. Toute utilisation de l'idée esthétique d'autrui n'est pas en soi illicite.

➔ TF, 4 février 2008, 4A_288/2007, ATF 134 III 205, sic! 6/2008, p.445-449, RJPI N.488.
- La nouveauté n’est détruite que par l’existence d’un design identique antérieur;
- Une impression générale de ressemblance ne suffit pas MAIS lorsqu’un design ne
diffère d’un autre que par des détails peu perceptibles, il n’est pas nouveau.
- Tel n’est pas le cas en l’espèce → nouveauté admise!

Les exigences de nouveauté et d’originalité sont examinées en fonction:

- Des facultés d’appréciation des acheteurs potentiels des produits,


- et du souvenir qu’ils gardent à court terme de ces produits et de leurs éléments caractéristiques.
74
→ c’est l’impression d’ensemble qui est déterminante et la jurisprudence considère qu’elle est marquée d’abord par les
ressemblances dans les éléments caractéristiques essentiels des produits, les différences de détails restant moins en
mémoire.
→ vu le caractère plus strict de la condition de nouveauté (identité), il convient de vérifier d’abord si un design est nouveau
et ensuite seulement s’il est original.

Les exigences d’originalité et de nouveauté sont examinées par rapport à la perception que les acheteurs potentiels ont du
produit concerné et du souvenir CT qu’ils gardent de ce produit et ses caractéristiques

➔ HG/AG, 5 mars 2014, sic! 9/2014, p.545-554, «Rollmatte»:


Reprise du cas de l’égouttoir
- La forme alternative ne doit pas entrer dans le champ de protection de celle préexistante → nécessité de vérifier si
l’impression d’ensemble se dégageant des deux formes considérées est suffisamment différente pour qu’une
coexistence soit possible (Art. 8 LDes).

➔ ATF 129 III 545 / JdT 2003 I 396 «presse-ail»:


- Les acheteurs éventuels se pénètrent des caractéristiques du produit qui leur paraissent importantes de leur point
de vue personnel;
- Ils les conservent en mémoire à court terme.
- Sont décisifs les éléments principaux que l’on perçoit.
Arrêt du presse-ail: il pose la compréhension des exigences de la nouvelle loi du design.
Dans la partie nécessaire (où on met la gousse d’ail), les 2 objets se
ressemblent, donc c’est une partie techniquement nécessaire, le producteur n’a pas
beaucoup de choix pour le design de cette partie, on en fait donc abstraction. Dans le deuxième, il y a plus de travail pour
accentuer la tête de canard du presse ail. Le souvenir à court terme du deuxième est différent du premier, les deux produits
peuvent donc coexister.

3.4.1 Nouveauté

3.4.2 Originalité
Art.2 al.3 et Art.8 LDes:
- La protection de la LDes permet de s’opposer aux créations qui comportent les mêmes caractéristiques essentielles
et éveillent la même impression générale qu’un design déjà enregistré.

➔ TF, 10 juin 2004, «Armbandhuren»sic! 1/2005, p.23-29;


Qu’est ce qui dans une montre marque à court terme le consommateur?
Le TF dit que la boite ne compte pas, le cadran et le bracelet compte. Il y a dans un cas un cadran
beaucoup plus classique, et dans l’autre un peu moins. La montre carré mais diamant ne procure pas le
même souvenir CT que la noir carré Pareil pour les rondes. Les 2 montres peuvent donc coexister.
- L’impression d’ensemble dégagée par une montre bracelet est fonction de son cadran et de
son bracelet;
- Les différences d’exécution du cadran, le matériau et la construction du bracelet sont
déterminants.

➔ TF, 13 juillet 2004, ATF 130 III 636/JdT 2004 I 331,

75
- «pendentifs en forme de cœur», sic! 12/2004, p.943-946: L’impression d’ensemble est fonction des éléments
caractéristiques essentiels et de leurs similitudes plutôt que de leurs différences.
Il y a un coeur, des diamants et une croix dans les 2. L'attache est croisée. L’impression d’ensemble que ces 2 pendentifs
génèrent est trop proche pour que les deux puissent coexister.
- Les détails du positionnement des trous et du point de croisement des rubans ne sont pas déterminants.
→ Exigence objective que l’impression d’ensemble qui se dégage d’un design, telle qu’elle demeure dans la
mémoire des consommateurs à court terme, soit différente de celles des designs déjà existant.
- Confirmation du recours aux éléments caractéristiques essentiels dans la comparaison, TF, 25 mai 2016,
4A_44/2016.

➔ ATF 134 III 205 «bagues»:


- L’impression générale ne résulte pas des détails mais des caractéristiques essentielles du design examiné;
- Dans un secteur où la liberté de création est restreinte, le destinataire du produit accorde plus d’attention aux
détails;
- La comparaison peut dépasser les limites du genre du produit et s’étendre à des objets qui ne se prêteraient pas à
une substitution.

3.4.3 Divulgation non dommageable

3.5. Etendue de la protection


❖ Etendue de la protection:
Le TF dit que le juge doit déterminer les caractéristiques essentielles de chacun des disign. Il y a une imitation seulement si
les caractéristiques essentielles sont reprises telles quelles (contrefaçon) ou s’il y a seulement une imitation qui tombera
sous le coup de la protection du design pour tant qu’elle produit la même impression générale
Plus le design est original, plus il est protégé

➔ Montres Fleurs, TF, 2 MAI 2017, 4A_565/2016


- Art.8 LDes → mêmes critères que ceux utilisés pour établir le critère d’originalité de
l’Art. 2al.3 LDes, soit comparaison en fonction des caractéristiques essentielles du
design enregistré tel que représenté au registre (Art.9 lit.e ODes).
Montre de gauche: soleil Montre de droite: Marguerite
Le TF dit que la fleur est un motif courant dans l’horlogerie. Le consommateur de montres est
attentif car ils sait qu’il ya plein de particularités. Donc il y a trop de détails différents pour être
confondu. L’impression d’ensemble est différente et les 2 produits peuvent coexister.

Art.8 LDes
- l’activité créatrice à l’origine du design, le style sous-jacent, le processus de fabrication ou les principes techniques
ne sont pas pris en considération.
- Les caractéristiques qui sont techniquement nécessaires ne sont pas essentielles.
- Il y a imitation lorsque les caractéristiques essentielles imitées ou légèrement modifiées produisent la même
impression générale que celle dégagée par le design imité.
- Un design particulièrement original bénéficie d’une sphère de protection plus large qu’un design faiblement
original.
- Hormis dans les domaines où la possibilité de création est restreinte, les détails jouent peu de rôle, et si
l’impression générale de similitude est retenue peu importe qu’un nombre même significatif de détails diffère par
rapport au design antérieur.
- Il n’y a pas lieu de se fonder sur l’opinion de spécialistes.

76
3.6. Droit au design

3.6.1 Naissance du droit sur un design


(Art. 5 al.1 LDes). (35 al.3 LDs)
→ Droit au design subordonné à un enregistrement; Le droit sur un design implique un enregistrement.

3.6.2 Durée de la protection


(Art. 5 al.2 et al.3 LDes)
→ Protection de 25 ans au maximum ( 5 tranches de 5 ans) à compter de la date de dépôt.
Il faut un dépôt d’illustration qui permettent de discerner clairement le design.

3.6.3 Priorité découlant du dépôt


(Art. 6 LDes).
➔ ATF 138 III 461 «boîtier protubérant»:
- Effet du dépôt et portée de la protection dont bénéficie un design déposé mais non
encore enregistré.
- C’est dans son ensemble (Art. 4 et 6 confondus) que la LDes énumère de manière
exhaustive les motifs d’exclusion.
- Le caractère par hypothèse exhaustif de l’énumération de l’Art. 4 LDes ne saurait
restreindre la portée de l’Art. 6 LDes pour qu’elle s’inscrive dans le cadre de l’art. 4 lit.b
LDes.
- Un design déposé mais non encore publié au moment du dépôt de la demande d’enregistrement d’un deuxième
design identique ou similaire, exclut ce dernier de la protection.
- l’Art. 6 LDes crée un motif de nullité complémentaire à ceux expressément énumérés par l’Art. 4 et indépendant de
l’Art. 2 LDes, pour lequel la divulgation du design antérieur ne joue aucun rôle.
- Solution différente de celle du design communautaire (Art. 25 al.1 lit.d et 25 al.3 RDC (CE) No 6/2002) avec
l’introduction d’une tierce antériorité découlant du design déposé antérieurement mais non encore publié.
- Motif de nullité (d’exclusion) déduit de l’Art. 6 LDes n’est pas relatif.
- S’étend aux designs identiques ou similaires, la portée du droit sur le design revenant au 1 er déposant étant
déterminée par l’Art. 8 LDes qui définit l’étendue de la protection.
Conclusion:
- Les motifs d’exclusion de la protection sont exhaustivement mentionnés par la LDes dans son ensemble
- Découlent tant de l’art. 4 LDes que de l’Art. 6 LDes qui règle le droit de priorité entre deux designs;
- Opportun de ne lui accorder qu’une portée relative, en limitant la possibilité de s’en prévaloir au seul 1 er déposant
bénéficiant du droit préférable sur le design?

3.6.4 Personne autorisée à effectuer un dépôt


(Art. 7 LDes).
Art.7 al. 1 LDes : parallèle absolu de l’Art. 3 LBI
- Le créateur du design
- Son ayant cause (celui qui hérite)
- Un tiers à qui le droit appartient à un autre titre.
Art.7 al. 2 LDes
- Si plusieurs personnes ont crée ensemble le design, elles sont autorisées à le déposer en commun, sauf convention
contraire.

77
3.7. Effets du droit sur le design
❖ Effet de l’enregistrement
- Ouverture de la protection (Art5 al.1 et Art.35 al.3 LDes);
- Présomption réfragable de nouveauté et d’originalité du design, et du droit de le déposer (Art. 21 LDes), cf.
«Rollmatte» (on est pas forcément propriétaire des droits déjà, on est présupposé détenteur des droits)
- Le 1er déposant est titulaire des droits (Art. 6 et 7 LDes).

3.7.1 Droits absolus


art 9 LDes
- Possibilité d’interdire l’utilisation du design à des fins industrielles, soit notamment: la fabrication, l’entreposage,
l’offre, la mise en circulation, l’importation, l’exportation, le transit ainsi que la possession à ces fins (Art. 9 al.1
LDes).
- Pas d’importation, d’exportation ni de transit de marchandises de fabrication industrielle à des fins privées ( Art. 9
al. 1 bis LDes).
- Possibilité d’interdire la participation à une activité illicite, sa favorisation ou sa facilitation (Art. 9 al.2 LDes).

3.7.2 Exceptions aux droits absolus


3.7.2.1 Droit de poursuivre l'utilisation
- Art. 12 LDes: Droit de poursuivre l’utilisation: → droit de poursuivre l’utilisation, si utilisation du design en Suisse
de bonne foi avant la date de dépôt ou de priorité, ou pendant la durée de l’ajournement de la publication. (si on
avait commencé de bonne foi à utiliser le design avant le dépôt) (Il arrive que la publication arrive avant même que
vous soyez prêts à commercialiser le design, les contrefacteurs peuvent être très vite présent sur le marché, donc ils
seront présent avant le vrai producteur, on peut donc demander un ajournement de la publication.) La bonne foi est
présumée, il faudra prouver le contraire.

3.7.2.2 Droit d'utilisation parallèle


- Art. 13 LDes: droit d’utilisation parallèle
→ Licence légale onéreuse en faveur du tiers qui a entrepris de bonne foi une utilisation professionnelle d’un
design suite à la radiation de son enregistrement invalidée du fait de l’acceptation d’une requête de poursuite de la
procédure (Art. 31 LDes). Si vous êtes négligent et oubliez le délai, et que vous continuez à l’utiliser, au plus tard
dans les 6 mois il faut s’en rendre compte, et payer une surtaxe, ce qui permet de faire renaître les droits comme s’il
n’y avait pas eu d’arrêt. La personne qui avait voulu exploiter le fait que le design était plus protégé et qui avait
commencé à commercialiser ce genre de biens (droit à la copie), du coup, si l’autre réinstalle après coup son droit,
alors celui qui avait entrepris les copies peut continuer (mais il paie au titulaire)

3.8. Transfert du droit, licence et exécution forcée

Transfert de droit, licence et exécution forcée


- Transfert du droit (Art. 14 LDes)
→ Possible en tout ou en partie;
→ Soumis à la forme écrite, mais pas à une inscription au registre. (il faut le faire inscrire!)

- Licence (Art. 15 LDes)


→ Aucune exigence de forme;
→ Qualité pour agir du preneur de licence exclusive sauf si elle est expressément exclue par le contrat ( Art.35 al.4
LDes).

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- Exécution forcée (Art. 17 LDes)
→ tous ces droits de PI, dès le moment où ils sont formalisés, cette création devient un actif saisissable, et peut faire
l’objet d’une exécution forcée. (en cas de faillite)

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4. Droit des brevets
4.1. Les sources formelles
- Loi fédérale sur les brevets d’invention (LBI), du 22 juin 1954, RS 232.14
- Ordonnance relative aux brevets d’invention (OBI), du 19 octobre 1977, RS 232.141
- Traité de coopération en matière de brevets (PCT), du 19 juin 1970, RS 0.232.141.1 : permet d’unifier la procédure
internationale au vu de l’obtention d’un brevet qui porte sur beaucoup d’états. Il y a une recherche d’antériorité des
autres brevets pour savoir si une invention est brevetable ou non
- Convention du 5 octobre 1973 sur le brevet européen, révisée à Munich le 29 novembre 2000 (CBE 2000), RS
0.232.142.2. Ce n’est pas un brevet unitaire européen, c’est un brevet européen qui porte sur la procédure
d’enregistrement unifié. Dès le moment où l’on reçoit le brevet européen, alors il éclate en plein de brevets dans
chaque pays (qui nous intéressent) et chaque brevet aura une vie indépendante des autres. C’est un procédure qui
est plus longue par contre.
- Règlement d’exécution du 7 décembre 2006 de la convention sur le brevet européen (RE CBE 2000), RS
0.232.142.21
- Brevet unitaire: pas encore en vigueur, applicable. Ce serait un seul brevet pour tout l’europe. C’est en train de se
faire.
Finalité du brevet:
- rentabiliser les investissements nécessaires à la réalisation de l’invention;
- faire circuler l’information technique;
- mettre l’invention à disposition du public (on donne une exclusivité dans le temps mais en retour tu m’apprends
comment tu fais, et au bout du brevet, ce que tu m’as dit peut être utilisé par le public )
On vous pouvoir le protéger mais aussi l’exploiter. procédure lente pour l’obtention d’un brevet. Le brevet coûte de plus en
plus cher à maintenir pour faire en sorte que la personne qui a les droits réfléchisse bien au gain de garder cette exclusivité.
Objet de la protection:
- La LBI offre sa protection aux innovations techniques industrielles.
- Permet d’en interdire l’utilisation professionnelle par des tiers.
Conditions matérielles de la protection:
- existence d’une invention (≠ découverte);
- nouvelle;
- empreinte d’activité inventive;
- utilisable industriellement.

4.2. Notion d'invention


Invention : Création par l’homme de quelque chose de nouveau dans le domaine de la technique.
Brevet d’invention :
- Titre ou certificat,
- par lequel l’Etat accorde à l’inventeur, son ayant cause ou une tierce personne (Art. 3 LBI),
- sous certaines conditions et sans garantie,
- le droit exclusif de s’opposer à toute utilisation professionnelle de l’invention par un tiers pendant une période
déterminée. (on a le droit de s’opposer à l’utilisation, on n’a pas forcément le droit d’exploitation. Pour un
médicament par exemple, il y aura plus de condition à l’exploitation)

4.2.1 Définition de l'invention

80
Elle ne fait pas l’objet d’une définition dans la loi, c’est donc la jurisprudence qui la donne. Cette jurisprudence est assez
uniforme internationalement et nationalement.

L’invention est une règle d’utilisation des forces de la nature dont l’application conduit à un résultat technique déterminé
susceptible d’être répété et produit de manière industrielle.

- Résultat technique: lorsqu’on peut concrètement, de façon


tangible, individualisé les impacts sur la matière

Inventions versus principes abstraits et découvertes


il faut faire la différence entre invention et découverte.
L’invention c’est une méthode qui est mis en évidence par
l’homme, et qui donne à chaque foi le même résultat.
Christophe Colomb n’a pas inventé l’amérique, il l’a découverte.

→ méthode ou principe dont l’application détermine la survenance


d’un résultat technique tangible, donc matériel, et répétable.
→ les découvertes ne créent rien de nouveau, mais repoussent les
limites de la connaissance en révélant quelque chose de préexistant
dans la nature.
En résumé:
- La découverte décrit ou met en évidence un élément ou un processus naturel;
- L’invention utilise cet élément ou ce processus naturel pour en tirer un effet technique
→ Absence de protection pour les méthodes ou principes purement abstraits dont l’application ne conduit à aucune
transformation du monde de la matière.

Inventions portant sur de la matière vivante:


→ il y a invention et non découverte, en présence de:
- matière biologique nouvelle devant son existence à l’intervention technique de l’homme;
- matière biologique isolée de son environnement ou produite par un procédé technique
- Éléments isolés (qu’on les ai identifiés, un gêne par exemple) du corps humains ou autrement produits par un
procédé technique et susceptibles d’application industrielle.
Brevetabilité des invention biotechnologiques:
- Inventions:
- Matière biologique nouvelle devant son existence à l’intervention technique de l’homme;
- matière biologique isolée de son environnement ou produite par un procédé technique;
- éléments isolés du corps humain ou autrement produits par un procédé technique et susceptibles
d’application industrielle.
- Non exclues, soit ne constituant pas de(s), Art.2 al.2 lit.b LBI:
- (micro)-organismes en eux-mêmes en tant que produits;
- procédés essentiellement biologiques;
- nouvelles races animales et variétés végétales (pas de brevet de produit avec des revendications
comportant des caractères spécifiques de races ou de variétés).
Ou dont la mise en œuvre serait contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs, Art.2al.1 LBI
- exclusion de la brevetabilité, Art. 1a LBI:
- Al.1: → Le corps humain en tant que tel, aux différents stades de sa constitution et de son développement,
y compris l’embryon, ne peut être breveté.
- Al.2: → Les éléments du corps humain, dans leur environnement naturel, ne peuvent pas être brevetés.
Un élément du corps humain constitue toutefois une invention brevetable lorsqu’il est préparé
81
techniquement, si un effet utile de nature technique est indiqué et si les autres conditions de l’art. 1 sont
remplies; l’art. 2 est réservé.
- exclusion de la brevetabilité, Art. 1b LBI:
- Al.1: → Une séquence génique ou une séquence génique partielle existant à l’état naturel n’est en soi pas
brevetable.
- Al.2: → Une séquence dérivée d’une séquence génique ou d’une séquence génique partielle existant à
l’état naturel constitue toutefois une invention brevetable lorsqu’elle est préparée techniquement, que sa
fonction est décrite concrètement et que les autres conditions de l’art. 1 sont remplies; l’art. 2 est réservé.

En résumé, une invention doit être


- Une règle d’utilisation des forces de la nature (mise en évidence par l’homme) satisfaisant au principe de répétition;
(toujours le même résultat)
- Technique;
- Correspondant à une création nouvelle.

4.2.2 Notion de brevet d'invention


- Titre ou certificat,
- par lequel l’Etat accorde à l’inventeur, son ayant cause ou une tierce personne (Art. 3 LBI),
- sous certaines conditions et sans garantie,
- le droit exclusif de s’opposer à toute utilisation professionnelle de l’invention par un tiers pendant une période
déterminée. (on a le droit de s’opposer à l’utilisation, on n’a pas forcément le droit d’exploitation. Pour un
médicament par exemple, il y aura plus de condition à l’exploitation)

- brevet de produit: l’invention est un objet matériel ou une substance qui se caractérise par une composition
particulière
→ protection de l’aboutissement d’un procédé;
- brevet de procédé: l’invention porte sur une activité technique dont l’application aboutit à un certain résultat
→ protection du procédé et des produits qui en sont directement issus (art.8a). Protection plus limitée parce
qu’elle porte sur le procédé décrit et les produits qui en sortent. interdiction de produire le même produit seulement
si c’est via le même procédé.
Ex: talons rétractables, difficile à fabriquer. Il a pas protégé le produit. Vous reprenez l’idée mais la rendre moins chère.
Votre idée à vous est d’avoir simplifié ce procédé.Vous pourrez avoir un brevet sur le procédé que vous avez invent
- Art. 8a LBI:
- déploie des effets qui s’étendent aux produits directement issus de l’application de ce
procédé (al.1).
- Si les produits directs du procédé consistent en de la matière biologique, les effets du brevet
s’étendent au surplus aux produits résultant de la multiplication de cette matière et présentant les
mêmes propriétés (al.2).
conditions de délivrance d’un brevet valable
- conditions de forme:
- Dépôt d’une demande d’enregistrement (nécessaire)
- respect des règles de procédure
- respect des délais
- paiement des taxes
- conditions de fonds:
- existence d’une invention (non vérifié par l’institut, mais par le juge civil)
- Brevetable (non vérifié par l’institut, mais par le juge civil) Vous obtenez un titre qui ne vaut pas grand
chose si aucune recherche d’antériorité a été faite

82
- Art.59c LBI → opposition possible dans un délai de 9 mois dès la publication de l’enregistrement si
invention exclue de la brevetabilité selon les Art.1a, 1b et 2.

4.3. Conditions de la protection


Objet de la protection:
Art. 1 LBI:
1
 Les brevets d'invention sont délivrés pour les inventions nouvelles utilisables industriellement.
2
 Ce qui découle d'une manière évidente de l'état de la technique (art. 7, al. 2) ne constitue pas une invention brevetable.
3
 Les brevets sont délivrés sans garantie de l'Etat.
Exigences de :
a) nouveauté et
b) activité inventive
c) reproductibilité
d) non exclusion de la brevetabilité

4.3.1 Nouveauté

Nouveauté de l'invention - Etat de la technique,


Art. 7 LBI:
1
 Est réputée nouvelle l'invention qui n'est pas comprise dans l'état de la technique.
2
 L'état de la technique est constitué par tout ce qui a été rendu accessible au public avant la date de dépôt ou de priorité
par une description écrite ou orale, un usage ou tout autre moyen.
Art. 7b LBI- Divulgations non opposables
Si l'invention a été rendue accessible au public pendant les six mois qui précèdent la date de dépôt ou la date de priorité,
cette divulgation n'est pas comprise dans l'état de la technique lorsqu'elle résulte directement ou indirectement:
a. d'un abus évident à l'égard du requérant ou de son prédécesseur en droit, ou
b. du fait que le requérant ou son prédécesseur en droit a exposé l'invention dans une exposition internationale officielle
ou officiellement reconnue au sens de la convention du 22 novembre 1928 concernant les expositions internationales et
lorsqu'il l'a déclaré au moment du dépôt et qu'il a produit en temps utile des pièces suffisantes à l'appui.

➔ ATF 117 II 480 / JT 1992 I 355

Entreprise allemande qui a organisé dans le courant de l’année 77 un dispositif de stockage industriel, qu’elle a souhaité
breveter. Pour vérifier si c’était industriellement applicable, l’entreprise S a engagé l'entreprise L sous contrat de
confidentialité. L qui était probablement pas une entreprise présentant toutes les garanties dans la bonne foi, elle vérifie
pour S, mais commercialise aussi ce dispositif pour l’entreprise M (le 20 juin). L vend plusieurs dispositifs de stockage à plein
d'entreprises, dont un à l'entreprise suisse B. L a aussi dit à S que le dispositif fonctionne. S a déposé une demande de
83
brevet le 3 août 1977, donc 6 semaines après la première industrialisation. S décide d’étendre son brevet à d’autres pays,
dont la suisse. On délivre ce brevet, tout se passe normalement. A un moment donné, début 1989 (10 ans après), S réalise
que l'entreprise B active en suisse utilise ce dispositif de stockage à des fins de commercialisation. S agit contre B. B
rétorque que le brevet est nul car avant le dépôt de la demande de brevet allemande, il y a avait eu une divulgation de
l’invention qui avait ruiné sa nouveauté. Mais une divulgation intervenant dans ce contexte là est-il susceptible d’annuler le
brevet en suisse? 20 juin - 3 août -> 6 semaines, pas 6 mois. Donc on devrait faire abstraction! Eh bah non! Ici, la divulgation
est venue avant le dépôt de la demande d'enregistrement et donc le brevet est nul, car on prend comme date de dépôt celle
de la demande européenne, donc on est trop tard vu que la demande européenne est intervenue plus de 6 mois après la
divulgation.

Déposer une demande en suisse ne sert pas à grand chose car il y a aucune recherche d’antériorité, autant directement
faire pour l’europe.

Exigence de nouveauté
On va vérifier si dans l’état de la technique on trouve quelque chose qui présente exactement les caractéristiques
techniques de l’invention.
- Nouveauté de l'invention – obligation implicite de confidentialité,
➔ TFB, 10 juin 2016, O2012_043

Ce qui est breveté dans ces trains, c’est essentiellement les systèmes de transformateur et transmission du courant. Il y a
avait une action en interdiction de commercialisation de ces trains contre les CFF comme co-auteur d’une violation.
Dommages et intérêts réclamés. Bombardier a agit contre stanley Rye (qui vend au CFF) viole le brevet sur les systèmes
électriques. Stanley Rey a répondu que le système était pas inventif et qu’en plus il n’est pas nouveau vu qu’ils avaient parlé
de ce qu’il y avait de techniquement nouveau dans un mail, sans confidentialité écrite. Bombardier disent qu’il devait y avoir
une confidentialité tacite. En europe, cela serait retenu. En suisse, la notion d’obligation implicite de confidentialité, doit
être comprise de manière limitée, ce q’est que s’il en résulte des circonstance de la divulgation ou les deux partis tenaient à
une non-divulgation. Ici ça n’est pas le cas. Le TFB et le TF confirment que si c’est juste un échange, sans mener ensemble
de recherches, alors on ne peut pas admettre qu’il y a ait une confidentialité tacite.
- Peut résulter des circonstances dans lesquelles la communication est intervenue;
- Notamment si des travaux de R&D sont réalisés en commun et avec un intérêt commun au maintien de la
confidentialité;
- Admise restrictivement / doit s’imposer comme résultant des circonstances;
→ ne découle pas du simple fait de la communication d’une information technique dans le cadre d’une
relation commerciale usuelle.
→ n’est pas donnée si l’information technique est en outre transmise également à d’autres partenaires
commerciaux potentiels

- Nouveauté de l'invention - Art. 7c LBI, revendication dite de «type suisse»:


Les substances ou compositions qui, en tant que telles, sont comprises dans l’état de la technique, mais ne répondent pas à
ces conditions quant à leur utilisation pour la mise en oeuvre d’une méthode de traitement chirurgical ou thérapeutique ou
d’une méthode de diagnostic visée à l’art. 2, al. 2, let. b, sont réputées nouvelles dans la mesure où elles ne sont destinées
qu’à cette utilisation. »
Art. 7d LBI:
84
« Les substances ou compositions qui, en tant que telles, sont comprises dans l’état de la technique, mais ne répondent pas
à ces conditions quant à leur utilisation spécifique, par rapport à une première indication thérapeutique conformément à
l’art. 7c, pour la mise en oeuvre d’une méthode de traitement chirurgical ou thérapeutique ou d’une méthode de
diagnostic visée à l’art. 2, al. 2, let. b, sont réputées nouvelles dans la mesure où elles ne servent qu’à la fabrication d’un
produit destiné à des fins chirurgicales, thérapeutiques ou diagnostiques. »

4.3.2 Activité inventive


Activité inventive: art. 1 LBI
2
 Ce qui découle d'une manière évidente de l'état de la technique (art. 7, al. 2) ne constitue pas une invention
brevetable.
À la date du dépôt de l’enregistrement ! Date clé ! àoù on va se poser la question de l’activité inventive
Note : c’est la date clé pour les autres droits aussi (ex. droit du design)
En Pi : accorder un monopole sur une prestation créative, le « + » en droit des brevets c’est cette notion d’activité inventive.
Le droit des brevets est là pour récompenser un apport créatif. Que l’auteur de l’invention ait suggéré une solution qui ne
découlait pas naturellement de ce qui est existant. Le but des brevets ce n’est pas de bloquer un développement normal et
naturel, mais encourage le fait d’apporter quelque chose de nouveau

➔ TF, 18 juillet 2003, sic!2/2004, p.111ss.:


« Le domaine des inventions brevetables commence au-delà de la zone dans laquelle, en s’appuyant sur l’état de la
technique, l’homme du métier moyennement bien formé dans le domaine en cause peut développer des innovations grâce
à son savoir et à ses capacités. »

- Absence d’activité inventive si:


- la solution est à la portée de l’homme du métier
- consentant un effort intellectuel modeste
- sur la base de toutes les solutions partielles et les contributions isolées constituant l’état de la technique
- sans effort créatif additionnel.
toutes les solutions partielles = effet mosaïque → on regarde dans son ensemble, en combinant les unes avec les autres les
connaissances existantes

Il suffit qu’il y ait une petite modification (petit delta)

- Notion d’homme du métier


- personnage fictif
- Personnage fictif dont le profil doit être déterminé à l’occasion de chaque cas particulier
➔ TF 2 octobre 2014, 4A_142/2014 (arrêt sur système d’attacher une couche)
donc des fois le tribunal va quand même faire appel à un groupe de spécialiste. Dans cet arrêt, est-ce
que l’homme de métier est un technicien de la matière de la couche, ou des spécialistes du domaine
des colles ? Les deux !!! On a mis les deux en collaboration et Pampers a perdu.
- moyennement bien formé et bénéficiant d’une certaine expérience (TF, 18.12.2002, 4C.300/2002, sic! 7/8/
2003, p.600 – 606).
- doté de facultés logiques mais pas d’intuition ni de capacités associatives
- dont les qualifications sont toutefois fonction des particularités de la branche technique considérée et de la
façon dont on y a recourt à des spécialistes, ATF 120 II 71/JT 1994 I 357.

Attention ! ce n’est pas en fonction du nombre d’efforts (et de temps) déployés par l’inventeur, on ne se demande pas si
l’inventeur a passé beaucoup de temps à faire cette invention. On est objectif sur l’évaluation de l’activité inventive. On
essaie de déterminer objectivement, est-ce que c’est facilement réalisable ? Si le mec a galéré pendant monstre longtemps

85
a le réaliser, c’est pas objectif. (car si ça se trouve, c’est juste que l’inventeur a galéré parce qu’il est mauvais ou a été mal
formé). Eviter qu’on brevète le déploiement normal de la technique
Indice d’activité inventive : un besoin qui est longtemps resté insatisfait dans le domaine (ex. ça fait longtemps que la
communauté scientifique cherche une solution pour un problème).
Il a un certain nombre d’expériences, il est autonome dans son activité, c’est un « bon constructeur », il s’en sort dans le
déploiement d’une activité normale dans son secteur. Il a des connaissances moyennes, il n’est pas médiocre. Il n’est pas
enclin à avoir le petit + qui va faire qu’il va chercher plus loin (au-delà de ce qui est préconçu dans son domaine) àil est pas
dépourvu d’idées préconçues, il n’a pas l’idée de transgresser ce qu’on apprend d’habitude, il manque donc un peu d’aspect
critique.

En résumé:
« Pour être brevetable, une invention doit franchir une double barrière: d’abord elle doit se situer en dehors de ce qui est
connu, ensuite, et en dehors de ce qui est connu, elle doit encore se situer au-delà de ce qui est évident.  » Mathély, Le
Droit français des Brevets d’invention
On recherche l’homme de métier et on le détermine pour chaque cas particulier. Les parties de la procédure doivent définir
les connaissances et les capacités de l’homme de métier !!! Indiquer quelles sont les qualités que l’homme de métier doit
avoir

4.3.3 Reproductibilité
Reproductibilité: art.1 LBI
1
 Les brevets d'invention sont délivrés pour les inventions nouvelles utilisables industriellement.

4.3.4 Exclusion de la brevetabilité


Sont exclus de la brevetabilité: Art.2 LBI
- dont la mise en oeuvre n’est pas contraire aux bonnes moeurs, à la morale et à l’ordre public, en particulier en ce
qu’elle ne porte pas atteinte à la dignité humaine ou à l’intégrité des organismes vivants (Art.2 al.1 LBI) ;
- qui ne constitue pas une méthode de traitement chirurgical ou thérapeutique, ni une méthode de diagnostic
appliquées au corps humain ou animal (Art.2 al.2 lit.a LBI);
la manière dont le chirurgien imagine son protocole opératoire, ça ne peut pas faire l’objet d’un monopole par un brevet
parce que ça veut dire qu’il y aurait un monopole sur la meilleure manière de faire. Pas de brevet sur la manière d’opérer,
sur la manière de poser un diagnostic (car c’est une façon de réfléchir, processus de réflexion et la PI ne bloque pas ça, ne
bloque pas les idées). Mais ce n’est pas une exclusion de la brevetabilité des OUTILS pour les opérations. Les outils peuvent
être breveter. Prothèses, scie, implants → brevets.
➔ ATF 108 II 221→ distinction entre la méthode diagnostic et la collecte des données pour le diagnostic (ex.
monitoring à distance pour prévenir les accidents cardiaques)
Rappel : brevet de procédé : décrire des activités techniques du processus pour atteindre le résultat (pour atteindre
toujours le même résultat.
- qui ne porte pas sur des variétés végétales et des races animales, ainsi que des procédés essentiellement
biologiques d’obtention de végétaux ou d’animaux (Art.2 al.2 lit.b LBI). si c’est essentiellement biologique ça veut
dire qu’il n’y a pas trop d’interventions techniques de l’homme donc pas brevetable, c’est la force de la nature

Art 2 al.1 LBI:


1. Les inventions dont la mise en oeuvre porterait atteinte à la dignité humain ou à l’intégrité des organismes vivants,
ou serait d’une autre manière contraire à l’ordre public ou aux bonnes moeurs, ne peuvent être brevetées. Aucun
brevet n’est délivré notamment:
a. pour les procédés de clonage d’êtres humains et les clones ainsi obtenus;
b. pour les procédés de formation d’êtres mixtes recourant à des gamètes humains, à des cellules
totipotentes humaines ou à des cellules souches embryonnaires humaines, et les êtres ainsi obtenus;

86
c. pour les procédés de parthénogenèse recourant à du matériel germinal humain et les parthénotes ainsi
obtenus;
d. pour les procédés de modification de l’identité génétique germinale de l’être humain et les cellules
germinatives ainsi obtenues,
e. pour les cellules souches et les lignées de cellules souches d’embryons humains non modifiées;
f. pour l’utilisation d’embryons humains à des fins non médicales;
g. pour les procédés de modification de l’identité génétique des animaux de nature à provoquer chez eux des
souffrances, sans que des intérêts prépondérants dignes de protection le justifient, et les animaux issus de
tels procédés.
2. Ne peuvent en outre être brevetés:
a. les méthodes de traitement chirurgical ou thérapeutique et les méthodes de diagnostic appliquées au
corps humain ou animal.
b. les variétés végétales et les races animales, ainsi que les procédés essentiellement biologiques d’obtention
de végétaux ou d’animaux; sont toutefois brevetables, sous réserve de l’al. 1, les procédés
microbiologiques, ou d’autres procédés techniques, les produits ainsi obtenus et les inventions qui portent
sur des plantes ou des animaux et dont la faisabilité technique n’est pas limitée à une variété végétale ou à
une race animale;

4.4. Etendue de la protection

4.4.1 Droit d'interdire à des tiers l'utilisation professionnelle du brevet


Effets du brevet- droit d’exclusivité:
Art. 8 LBI
1
 Le brevet confère à son titulaire le droit d'interdire à des tiers d'utiliser l'invention à titre professionnel.
2
 L'utilisation comprend notamment la fabrication, l'entreposage, l'offre et la mise en circulation ainsi que l'importation,
l'exportation, le transit et la possession à ces fins.
3
 Le transit ne peut être interdit que lorsque le titulaire du brevet peut interdire l'importation dans le pays de destination.
→ droit d’interdire à des tiers d’utiliser l’invention à titre professionnel.
→ à ne pas confondre avec le droit d’exploiter professionnellement l’invention.
Art. 8a LBI
1
 Si l’invention se rapporte à un procédé de fabrication, les effets du brevet s’étendent également aux produits directs du
procédé.
2
 Si les produits directs du procédé consistent en de la matière biologique, les effets du brevet s’étendent au surplus aux
produits résultant de la multiplication de cette matière et présentant les mêmes propriétés. L’art.9a al.3 est réservé.

→ Art 67 LBI à lire (parallèle au brevet de procédé)

4.4.2 Exceptions aux effets du brevet


Art. 9 LBI
1
 Les effets du brevet ne s'étendent pas:
a. aux actes accomplis dans le domaine privé à des fins non commerciales;
b. aux actes accomplis à des fins expérimentales et de recherche servant à obtenir des connaissances sur l'objet de
l'invention, y compris sur ses utilisations possibles; est permise notamment toute recherche scientifique portant
sur l'objet de l'invention; → dans le domaine de la recherche, on a le droit d’étudier un produit qui fait l’objet d’un
brevet. Privilège de la recherche.
Art 36 LBI → si je peux arriver à l’invention B (qui doit être quand même notable) sur la base de l’invention A qui est
breveté, l’inventeur A doit m’accorder une licence pour l’utilisation de A. C’est une mise-en-place pour que le brevet ne soit
pas trop bloquant
87
c. aux actes nécessaires à l'obtention d'une autorisation de mise sur le marché d'un médicament en Suisse ou dans
un pays ayant institué un contrôle de médicament équivalent;
d. à l'utilisation de l'invention à des fins d'enseignement dans des établissements d'enseignement;
Donc attention !!! étudier le brevet dans la recherche et l’enseignement ok, mais pas le droit dans le domaine industruel
e. à l'utilisation de matière biologique à des fins de sélection ou de découverte et à des fins de développement d'une
variété végétale;
f. à la matière biologique dont l'obtention dans le domaine de l'agriculture est due au hasard ou est techniquement
inévitable.
2
 Les accords qui limitent ou annulent les exceptions visées à l'al. 1 sont nuls.
Ex. je me couds une robe selon le modèle d’une marque et que je la porte à ma cérémonie de diplôme, ça va. Mais si je fais
la même pour toute ma famille, ça va moins le faire (parce qu’elles vont économiser qch d’une certaine manière).

4.4.3 Privilège des agriculteurs


- Art. 35a et 35b LBI:
→ droit pour les agriculteurs de multiplier dans leur exploitation, les produits brevetés acquis licitement, par la
culture de ce matériel breveté.
→ cession d’un tel matériel à un tiers soumise au consentement du titulaire du brevet.
→ CF détermine les espèces végétales auxquelles s’applique le privilège des agriculteurs.
si le titulaire n’exploite pas son brevet et n’a pas de justes motifs sur sa non-exploitation → les concurrents peuvent se faire
octroyer par le juge une licence obligatoire

4.5. Droit à la délivrance du brevet

4.5.1 Titularité et transfert des droits


Art. 3 et 33 LBI:
- le droit au brevet appartient à l’inventeur (principe de l’inventeur protégé par la garantie constitutionnelle de la
propriété);
- Il peut être cédé conventionnellement, y compris de manière tacite, avant même la réalisation de l’invention;
- Il peut naître, ex lege, à titre originaire en une personne autre que l’inventeur (inventions de travailleurs, Art. 332
CO).
Le droit d’accomplir toutes les démarches en vue de l’obtention du brevet, et les droits qui découlent de l’enregistrement du
brevet.
Art. 3 LBI- Droit à la délivrance du brevet
1
 Le droit à la délivrance du brevet appartient à l'inventeur, à son ayant cause ou au tiers à qui l'invention appartient à un
autre titre.
2
 Si plusieurs personnes ont fait ensemble une invention, ce droit leur appartient en commun.
3
 Si la même invention a été faite par plusieurs personnes de façon indépendante, il appartient à celui qui peut invoquer un
dépôt antérieur ou un dépôt jouissant d'une priorité antérieure.

4.5.2 Droit dérivé d'un usage antérieur


Art. 35 LBI
→ correctif au système du 1er déposant.
Dans le cas où une entreprise dépose un brevet mais qu’une autre entreprise arrive à prouver qu’elle exploitait (de manière
industrielle) déjà l’invention (ou avait déjà engagé des préparatifs importants) peut continuer d’utiliser l’invention, le brevet
ne lui sera pas opposable (comme dans d’autres droits de PI).
À voir si on préfère breveter ou garder le secret, ça dépend du contexte
88
Rappel : état de la technique c’est ce qui est librement accessible

4.5.3 Les inventions de travailleurs


- Réglementation particulière de l’investiture du droit au brevet (et au design) introduite par l’art. 332 CO;
- Résultat d’un arbitrage entre le principe fondamental en matière de PI du droit du créateur (ou de l’inventeur) et
l’intérêt de l’employeur à pouvoir disposer du résultat de l’activité déployée à son profit par les travailleurs,
également lorsqu’elle donne lieu à la réalisation de biens immatériels.
- Dans sa teneur actuelle, en vigueur depuis le 1 er juillet 2002, l’art. 332 CO s’applique indistinctement aux inventions
et aux designs réalisés par des travailleurs.
- Disposition de nature essentiellement dispositive, sauf pour ce qui est de son al.4 qui est de droit relativement
impératif.

Art. 332 CO E. Droit sur des inventions et des designs


1
Les inventions que le travailleur a faites et les designs qu’il a créés, ou à l’élaboration desquels il a pris part, dans l’exercice
de son activité au service de l’employeur et conformément à ses obligations contractuelles, appartiennent à l’employeur,
qu’ils puissent être protégés ou non.
2
Par accord écrit, l’employeur peut se réserver un droit sur les inventions que le travailleur a faites et sur les designs qu’il a
créés dans l’exercice de son activité au service de l’employeur, mais en dehors de l’accomplissement de ses obligations
contractuelles.
3
Le travailleur qui a fait une invention ou créé un design visé à l’al. 2 en informe par écrit l’employeur; celui-ci lui fait savoir
par écrit dans les six mois s’il entend acquérir ou lui laisser l’invention ou le design.
4
Si l’invention ou le design n’est pas laissé au travailleur, l’employeur lui verse une rétribution spéciale équitable, compte
tenu de toutes les circonstances, notamment de la valeur économique de l’invention ou du design, de la collaboration de
l’employeur et de ses auxiliaires, de l’usage qui a été fait de ses installations, ainsi que des dépenses du travailleur et de sa
situation dans l’entreprise.
C’est normal que l’employé touche qch pour le fait d’avoir inventer qch alors qu’il n’était pas payé pour ça, il a fait plus que
ce qu’on lui demande.
Inventions réservée : faites par ceux qui n’ont pas d’obligations contractuelles d’inventer (donc pas les gens en R&D par ex).
L’employeur peut mettre une clause dans le contrat qui dit que dans le cas où l’employé trouve une invention dans le cadre
de son activité (ex. un nettoyeur de vitre d’une E qui invente un moyen de nettoyer), l’invention revient à l’E. Si pas de clause
dans le contrat : principe de la garantie de la PI qui dit que l’invention revient à l’inventeur
- Conditions d’application de l’art. 332 CO:
- Réalisation d’une invention, brevetable ou non, par un travailleur existence:
- d’une invention;
- d’un contrat de travail impliquant un certain rapport de subordination entre le travailleur et son
employeur et une certaine intégration dans l’entreprise.
- L’invention présente un lien logique étroit avec l’activité déployée par le travailleur au service de
l’entreprise indice de l’existence d’un tel lien: l’utilité pour l’employé de bénéficier dans la réalisation de
l’invention de l’expérience, du savoir-faire, de l’état technique préexistant au sein de l’entreprise, de son
organisation technique et de son infrastructure.
- Le lieu et le moment de la réalisation de l’invention importent peu. Seul compte le fait qu’elle ait été
achevée, ou qu’elle eut dû raisonnablement l’être, avant la fin des rapports de travail.
- Différents types d’inventions de travailleurs
- Inventions de service et inventions réservées → obligations pour le travailleur:
- d’annoncer l’invention;
- de la conserver secrète;
- de collaborer aux démarches nécessaires à l’obtention des droits de PI
- Invention de service: réalisées par le travailleur dans l’exercice de son activité au service de l’employeur et
conformément à ses obligations contractuelles (Art. 332 al.1 CO).
→ obligation contractuelle expresse ou implicite de déployer une activité inventive;
89
→ réalisation entrant dans le domaine d’activité de l’entreprise.
- Inventions réservées: inventions brevetables réalisées par un travailleur dans l’exercice de son activité
contractuelle, mais en dehors de ses obligations contractuelles (Art.332 al.2-4 CO), nécessitant:
→ une réserve écrite expresse pour que l’employeur puisse être investi à titre dérivé du droit au
brevet;
→ l’exercice par écrit de son droit d’option par l’employeur;
→ le versement d’une indemnité spéciale équitable.
- Inventions de services proprement dites → le droit au brevet appartient à titre originaire à
l’employeur;
- Inventions occasionnelles mais réservées → le droit au brevet peut revenir à titre dérivé à l’employeur;
- Inventions libres → le droit au brevet demeure en la personne de l’inventeur.
- n’ont rien à voir avec le domaine d’activité de l’entreprise;

- présentent un lien avec ce domaine d’activité, mais ont été réalisées sans que le travailleur n’en
ait eu l’obligation contractuelle, ni que le contrat n’ait comporté de réserve écrite expresse les
concernant.

NB: l’art. 332 CO est de droit essentiellement dispositif, sauf pour ce qui est de l’indemnité prévue par son alinéa 4.

4.6. Nullité du brevet

4.6.1 Causes de nullité


Action en nullité- causes de nullité
Art. 26 LBI
1
 Sur demande, le juge constate la nullité du brevet:
a. lorsque l'objet du brevet n'est pas brevetable au sens des art. 1, 1a, 1b et 2;
b. lorsque l'invention n'est pas exposée, dans le fascicule du brevet, de façon telle qu'un homme de métier puisse
l'exécuter;
c. lorsque l'objet du brevet va au-delà du contenu de la demande de brevet dans la version qui a déterminé sa date
de dépôt;
d. lorsque le titulaire du brevet n'est ni l'inventeur, ni son ayant cause et qu'il n'avait pas droit non plus, à un autre
titre, à la délivrance du brevet.1

4.6.2 Qualité pour agir


Art. 28 LBI
Toute personne qui justifie d'un intérêt peut intenter l'action en nullité; l'action dérivée de l'art. 26, al. 1, let. d n'appartient
qu'à l'ayant droit.

Droit à la délivrance du brevet


Art. 3 LBI
1
 Le droit à la délivrance du brevet appartient à l'inventeur, à son ayant cause ou au tiers à qui l'invention appartient à un
autre titre.
2
 Si plusieurs personnes ont fait ensemble une invention, ce droit leur appartient en commun.
3
 Si la même invention a été faite par plusieurs personnes de façon indépendante, il appartient à celui qui peut invoquer un
dépôt antérieur ou un dépôt jouissant d'une priorité antérieure.

Action en cession
Art. 29 LBI

90
1
 Lorsque la demande de brevet a été déposée par une personne qui, selon l'art. 3, n'avait pas droit à la délivrance du
brevet, l'ayant droit peut demander la cession de la demande de brevet ou, si le brevet a déjà été délivré, en demander la
cession ou intenter l'action en nullité.
Délai pour intenter action
Art. 31 LBI
1
 L'action en cession doit être intentée dans les deux ans à compter de la date officielle de la publication de l'exposé
d'invention1.
2
 L'action dirigée contre un défendeur de mauvaise foi n'est liée à aucun délai.

91
5. Droit d'auteur
5.1. Les sources formelles
- Loi fédérale du 9 octobre 1992 sur le droit d’auteur et les droits voisins (LDA), RS 230.1
- Ordonnance du 26 avril 1993 sur le droit d’auteur et les droits voisins (ODA), RS 230.11
- Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques révisée à Paris le 24 juillet 1971, (CB),
RS 0.231.15
- Traité de l’OMPI du 20 décembre 1996 sur le droit d’auteur (WIPO Copyright Treaty, WCT), RS 0.231.151
- Traité de l’OMPI du 20 décembre 1996 sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes (WIPO
Performances and Phonograms Treaty, WPPT, RS 0.231.171.1).

5.2. Notion d'œuvre


« Par œuvre, quelles qu’en soient la valeur ou la destination, on entend toute création de l’esprit, littéraire ou artistique,
qui a un caractère individuel ».

Gilbert Albert, Cour de Justice, Genève, 20 octobre 1995, RSPI 1996 II 263 ss. →
Seules les formes concrètes d’expression de l’esprit humain, à l’exclusion des idées et des concepts, peuvent bénéficier
de la protection du droit d’auteur.
On ne protège pas l’idée mais l’expression de l’idée (ex. on en protège pas l’idée de l’interchangeabilité des pierres
pour une bague)
Titulaire des droits voisins (artistes interprètes, organismes de diffusion). Les interprètes ne créent rien mais
matérialisent une création préexistante

5.2.1 Définition de l'œuvre


l’évolution jurisprudentielle
- De M. Pierre, ATF 105 II 299/JT 1980 I 262 → à cette époque, on parle d’originalité
- « originalité » : en regardant l’œuvre on devait savoir qui en était l’auteur (c’est facile dans les beaux-arts)
- À Le Corbusier, ATF 113 II 196/JT 1988 I 300 → On parle à présent d’individualité
- « individualité » : est-ce que l’œuvre se différentie par des éléments qui lui sont propres ?
➔ Arrêt le Corbusier, ATF 113 II 196/JT 1988 I 300
- créations concrètes représentant le résultat d’un travail intellectuel;
- dotées d’un cachet propre ou individuel qui est fonction de la marge de
manœuvre du créateur;
- elle-même limitée par le but utilitaire des créations qui ne doivent pas être purement artisanales;
- pas de protection pour les styles, mais le fait de lancer un nouveau courant stylistique est déterminant.
- La permanence d’une création est importante.
On ne peut pas exiger de toutes œuvres qu’elles reflètent la personnalité de l’auteur (« originalité »). Un caractère
individuel suffisant suffit pour bénéficier de la protection. Il faut qu’il y ait une succession de choix faits par l’auteur
Opposition entre l’artisanat qui est une forme de développement logique du monde de la création vs autorat qui est la
qualité d’auteur de celui qui fait une prestation qui va + loin
Le droit d’auteur on est protégé dès l’instant où on a créé (pas de formalité d’enregistrement)

➔ Arrêt Le Corbusier, TF 2 mai 2011 4A_78/2011 sic! 9/2011 p.504-509 RJPI N.7, OGZH 2
décembre 2011 LK 110002-0/U sic! 6/2012 p.378-386 RJPI N.8 :
- Ces modèles sont protégés par la LDA, car leurs éléments ne sont pas purement
fonctionnels (OGZH);
92
- Hormis pour ce qui est du remplacement de la condition d’originalité par celle d’individualité, la notion
d’œuvre est restée la même dans la LDA (1992) actuellement en vigueur;
- Celui qui apporte des modifications mineures à une œuvre avec l’autorisation de son auteur n’est ni
coauteur, ni auteur d’une œuvre dérivée

- Confirmée par Custer/Zangger, ATF 117 II 466/JT 1992 I 387, Steiner, ATF 120 II 65/ JT 1994 I 372, Michelangelo, TF sic! 4/1997 p.382,
Niederhauser, ATF 125 III 328, Hobby-Kalender, TF sic! 1/2003 p.28, Knoblauchpresse, ATF 129 III 545/JT 2003 I 395, Tripp Trapp I et II, sic! 6/2001, p.491 et
504, TF 1er avril 2010 4A_638/2009 ATF 136 III 225 sic! 7/8/ 2010 p. 526-530 RJPI N.6 «Guide orange», TF 25 novembre 2010 4A_522/2010 RJPI N.25 «Bob
Marley», TF 2 mai 2011 4A_78/2011 sic! 9/2011 p.504-509 RJPI N.7, OGZH 2 décembre 2011 LK 110002-0/U sic! 6/2012 p.378-386 RJPI N.8, OGZH 24 mai 2012
LK020010-0/U sic!7/8/2013 p.445-461 «Tunnels d’Arrissoules» RJPI N.589, etc…
Il suffit qu’une création se distingue par ses qualités intrinsèques des autres créations existantes ou possibles.

- Relation entre LDA et LDes


➔ TF, 12 juillet 2017, 4A_115/2017
Les œuvres des arts appliqués bénéficient de la protection du droit d’auteur, lorsqu’elles
constituent des créations intellectuelles présentant un caractère individuel (Art. 2 al.1 LDA).
C’est l’unicité statistique de la configuration concrète de l’œuvre qui est déterminante
Si sur la base d’un même cahier des charges, la réalisation va être différente selon qui le fait à
degré d’individualité suffisant
Est-ce que ce tabouret peut faire l’objet d’un droit d’auteur ?
Quels sont les éléments constitutifs d’un tabouret de bar ? une certaine hauteur, des pieds, des pieds liés entre eux par qch
(sur lequel on peut poser ses pieds). Un certain degré de liberté de création dans le choix des montants (pieds) et de bar de
fixation. Le tabouret (fait par Max Bill) est protégé par le droit d’auteur parce qu’apparemment il fait preuve d’une
individualité.
si un objet a une grande pureté de forme, un design minimaliste etc… à caractère individuel qui peut être protégé par le
droit d’auteur. N’importe quel type de réalisation peut faire l’objet de la protection du droit d’auteur, tant que c’est
l’expression d’une idée, plus besoin que les traits de personnalité de l’auteur transparaissent.

5.2.2 Œuvres à finalité pratique


→ protection par le droit d’auteur, nonobstant le but utilitaire si l’objet est individuel, soit:
- si la forme donnée à l’objet considéré n’est pas entièrement dictée par sa fonction;
- si l’auteur disposait d’une marge de liberté, même limitée, lui permettant d’opérer certains choix personnels; et
s’il a usé de cette possibilité.
- Degré d’individualité/originalité ouvrant la protection, variable en fonction de la liberté de manœuvre revenant à
l’auteur;
- Lorsque cette liberté est restreinte, une activité indépendante réduite suffit à fonder la protection;
- Qui est donnée, si un caractère individuel demeure malgré tout reconnaissable et s’il ne s’agit pas d’un simple
travail artisanal.
Le degré d’individualité est à géométrie variable. Plus la liberté de création est grande, plus il faut que l’auteur en use pour
qu’on reconnaisse la création individuelle, qu’il exploite à fond cette liberté, alors que si la liberté de création est limitée
(marge de manœuvre limitée), il suffit d’infimes changements (de choix de la part de l’auteur) pour bénéficier de la
protection

➔ Arrêt le Corbusier, ATF 113 II 197, cons. 2a: cf avant


« Un objet est purement artisanal, si sa forme est déterminée par son but utilitaire ou limitée par les formes préexistantes,
de telle manière qu’il ne demeure pratiquement aucune place pour des caractères individuels ou originaux ».
La réalisation qui prend place quand le créateur n’a pas de liberté pour lui donner une forme qui sorte de l'ordinaire

➔ OGZH 24 mai 2012 LK020010-0/U sic!7/8/2013 p.445-461 «Tunnels d’Arrissoules» RJPI N.589 :
- Les productions des architectes , ingénieurs, architectes d’intérieur, paysagistes et décorateurs
peuvent être protégées par le DA.
93
- La forme des œuvres architecturales est souvent dictée par leur but et d’autres contraintes.
- La liberté de création de leurs auteurs est donc limitée et la protection donnée dès qu’elles présentent un degré
d’individualité réduit.
- Lorsque le degré de liberté est inexistant, comme c’est souvent le cas pour le génie civil, la protection du DA
n’entre pas en ligne de compte.
Le tribunal a commencé par dire que les dessins du plan du tunnel peuvent faire l’objet de la protection du droit d’auteur,
mais faut que les contingence technique et naturelle aient laissé à l’auteur une liberté de création pour être protégé. Mais le
TF a jugé qu’il n’y avait pas de protection du droit d’auteur.
Mais donc : paysagiste, architecte etc… possibilité de protection de droit d’auteur. Mais liberté de création (marge de
manœuvre en tant que créateur) limitée parce que de nombreuses contingences juridiques qui limite la marge de
manœuvre de créativité, contingences financières, contingences liées au terrain lui-même (topographie du lieu) à tous ces
éléments font qu’au fond il est difficile pour un auteur de génie civil de bénéficier d’une marge de manœuvre suffisante pour
bénéficier de la protection du droit d’auteur

5.3. Conditions de la protection


Art.2 al.1 LDA, notion d’œuvre:
« Par œuvre, quelles qu’en soient la valeur ou la destination, on entend toute création de l’esprit, littéraire ou artistique,
qui a un caractère individuel »
- Création de l’esprit
- Domaine de la littérature et de l’art
- Caractère individuel
- Perceptibilité
- Pas de limitation quant à la valeur ni quant à la destination de l’œuvre.
- Projets, titres et parties d’œuvres également (Art.2 al.4 LDA).

Individualité de l’œuvre
le critère d’individualité retenu par le TF est celui d’une originalité comparée et relative:
- n’exige pas une originalité absolue, incontestable ou frappante;
- est accessible à une comparaison.
- indices d’individualité:
- Création indépendante et autonome → se distinguant nettement des tendances stylistiques
dominantes, introduisant une nouvelle tendance ou contribuant à la créer;
- Création bénéficiant d’une pérennité hors du commun → c’est au caractère intemporel d’une œuvre que
se mesure le mieux son individualité.
- Voir aussi TF, 19 avril 2016, 4A_675/2015 cons.3.1 → le critère décisif est celui de l’individualité qui doit s’exprimer
dans l’œuvre elle-même et qui résulte de la diversité des décisions prises par l’auteur, des combinaisons
surprenantes et inhabituelles autorisées par la liberté de création dont il jouissait.

➔ Flemming Bo Hansen, Obergericht Luzern, sic! 6/1998, p.567-569


- Autre indice important: l’appartenance aux collections d’un musée!
- En fin de compte: La notion d’individualité de l’Art.2 al.1 LDA est une particularité (originalité)
qualifiée au sens du droit du design, mais n’exige plus la manifestation de traits de la personnalité
de l’auteur.

94
5.4. Différentes catégories d'œuvres

5.4.1 Enumération de l'art. 2 LDA


/1: Par œuvre,quelles qu’en soient la valeur ou la destination, on entend toute création de l’esprit, littéraire ou artistique,
qui a un caractère individuel.
/2: Sont notamment des créations de l’esprit:
a) Les œuvres recourant à la langue , qu’elles soient littéraires, scientifiques ou autres …..
b) …..

Tout : musique, arts appliqués, programme d’ordi…

➔ Ex. homme tuyau : plusieurs choix faits par l’auteur pour donner forme à son homme tuyau (diamètre du
tuyau, mettre le même diamètre pour chaque partie du corps, pas de tête…) àdonc il y a une série de
choix faits par l’auteur àdonc protection
Pour la pieuvre, on n’admet pas le droit d’auteur car selon le tribunal, il n’y a pas 1000 manières de représenter
une pieuvre (mais la prof est pas d’accord)

Ex. qu’est-ce qu’on attend d’un clown ? Qu’il ait un nez rouge, des grands yeux, des grands pieds… donc ces
éléments ne vont pas permettre de protéger l’œuvre, mais si il y a un caractère individuel, comme la position du
clown, ou autres détails + particuliers àlà on a la notion d’individualité qui va permettre la protection

➔ ATF 113 II 306 JdT 1988 I 304, pour Art 2 al.2 lit a: (ci-dessus)
- Œuvre scientifique, absence de protection du contenu par le DA;
- Forme interne et forme externes sont protégées.
- Lorsque la marge de manœuvre ne laisse aucune place à des tournures individuelles ou originales, parce que le
contenu dicte les termes de la communication, il n’y a pas non plus place pour la protection du DA.
La protection porte sur la manière dont le contenu est exprimé et non pas sur le contenu lui-même (on ne protège pas l’idée,
pas de monopole sur l’idée)
L’enjeu de l’arrêt est de savoir si le droit d’auteur peut porter sur le contenu scientifique de l’œuvre (thèse sur une
psychanalyste). Mais l’idée scientifique (le contenu scientifique) elle-même ne peut pas bénéficier de la protection. Après
faut pas faire du plagiat hein ! En fait, le plagiat fait partie du droit d’auteur. Un tiers peut reprendre en toute liberté ma
thèse, mes résultats de thèse (même les résultats découlant de mes propres recherches comme des entretiens) tant qu’il me
cite, mais ça n’entre pas dans le champ de protection du DA.
Plagiat = droit de paternité

Les oeuvres photographiques


➔ Arrêt « Meili II », TF 4C.111/2002, 19 avril 2004, sic!1/2005 p.14ss.
… présentant un caractère individuel
→ Absent si le photographe n’use pas de sa liberté de création sur le plan de la technique
photographique ou de la conception de son image, mais effectue une photographie purement représentative
de la réalité illustrée.
Une journaliste a pris la photo et la photo a été reprise sans son accord dans un film. Elle s’est plainte d’une
violation de ses droits d’auteur. Donc la question c’est de savoir si la photo entre sous la protection du DA. Le TF dit que la
photo ne présente pas un caractère individuel suffisant, qu’il n’y a pas de recherche particulière autre que juste représenter
Monsieur Meili tenant les livres de comptes, il n’y a rien de créatif àdonc absence de protection par le
DA.
➔ Arrêt « Bob Marley », TF 4C.117/2003, 5 septembre 2003, ATF 130 III 168.
… présentant un caractère individuel

95
→ Donné si nonobstant le but utilitaire de l’œuvre ou les contingences externes présidant à sa création, l’auteur
a pu opérer des choix personnels, même relativement peu originaux, dans sa réalisation.
→ Individualité de la photo, choix du moment de prendre la photo, c’est une succession instantanée de clichés et l’auteur a
choisi de garder celui-là. Généralement les portraits créatifs ça entre dans le DA (sorte de mise en scène du sujet
photographié qui donne son individualité à l’œuvre).

➔ Arrêt «Grupo de danças», BZGH ZH, 6 avril 2005, GG040310/U, sic! 1/2006, p.23- 28.
… présentant un caractère individuel
→ Donné si une certaine recherche de jeux de lumière et de mise en scène est décelable, qui fait différer
le cliché d’une simple photo souvenir.

→ individualité de la photo notamment pour le choix du costume

5.4.2 Les logiciels


Programmes d’ordinateur / logiciels, Art.2 al.3 LDA
« Les programmes d’ordinateurs (logiciels) sont également considérés comme des œuvres. »
Nombreuses dispositions spécifiques aux logiciels:
- Art.10 al.3, droit exclusif de location à mettre en relation avec l’Art.13 al.4;
- Art.12 al.2, épuisement du droit;
- Art.17, logiciels développés par des travailleurs;
- Art.19 al.4, absence d’utilisation à titre privé;
- Art.21, décryptage de logiciels;
- Art.24 al.2, copie de sauvegarde;
- Art.29 al.2lit.a, durée de protection;
- objet de la protection par la LDA
En matière de logiciels aussi, seules peuvent être protégées la forme concrète d’expression d’une idée (forme externe) et la
structure d’une œuvre (forme interne: plan, choix, sélection, agencement des matières), à l’exclusion du contenu
scientifique du programme (algorythmes, principes logiques etc…).
- Protection des logiciels et exigence d’individualité
Si le contenu échappe à la protection du droit d’auteur qui ne porte que sur la forme, cette dernière n’est souvent pas
individuelle, parce que dictée par le contenu qui ne peut être exprimé autrement!
→ Protection dans le cadre de la loi sur les brevets d’invention?

5.4.3 Les œuvres dérivées et les bases de données


5.4.3.1 Les recueils
(cela vaut aussi pour les bases de données qui sont un type de recueil particulier)
Art. 4 al.1 LDA : protégeables pour eux-mêmes s’ils constituent des créations de l’esprit ayant un caractère individuel en
raison du choix ou de la disposition de leur contenu.
- le renvoi à d’autres dispositions n’est pas la simple représentation d’une systématique préétablie;
- l’idée de réaliser un code annoté et la manière de procéder aux annotations ne sont pas protégeables par le droit
d’auteur;
- mais une sélection individuelle, de valeur et analytique de dispositions légales non protégées par le droit d’auteur
peut, en tant que tout bénéficier de la protection du droit d’auteur.

➔ Arrêts des codes annotés, Cour cassation, Zürich, 1er fév. 1994, et TF, 26 mai 1994, RSPI 1996 1 73ss
Portait sur la question du code annoté. Comprendre comment on peut mieux comprendre une disposition légale. Le tribunal
s’est posé la question de si ce système de renvoi à d’autres dispositions légales était le résultat de choix personnels des

96
auteurs qui réalisent ces recueils, ou bien c’est juste une façon d'agencer des texte non-protégés. Le choix d’envoyer d’abord
à un arrêt et ensuite à un autre est un choix personnel, et non pas qu’une chronologie. → Cela donne au tout une
individualité qui lui donne la protection du droit d’auteur.

5.4.3.2 les œuvres dérivées ou de seconde main


Art.3 et 11 al.3 LDA
Si on a à faire à un texte moins juridique, un recueil de poésie par exemple. Cela sera une compilation de poésies qui sera
protégeable par le droit d’auteur. Oeuvre réalisée sur la base d’une oeuvre première.
→ créations de l’esprit ayant un caractère individuel mais conçues à partir d’une ou de plusieurs œuvres
préexistantes reconnaissables dans leur caractère individuel. Ces création préexistantes demeurent telles quelles
dans le recueil (reconnaissables)
Couche première du droit d'auteur: sur le création utilisées pour faire le recueil, donc cela appartient à l’auteur de base.
2ème couche: Et il y a un apport personnel dans la combinaison du tout. Mais il faut en revanche l’accord de l’auteur de
base pour exploiter le recueil.
- conçues à partir d’une ou de plusieurs créations préexistantes
- demeurant reconnaissables
- dans la deuxième œuvre
- sont protégées pour elles-mêmes, MAIS
- la protection des œuvres premières est réservée.

5.4.3.3 Les bases de données (catégorie recueil)


Protection en tant que
- recueil, Art.4al.1 LDA
- oeuvre multimedia
- oeuvre scientifique
- Peu importe, pour autant que les exigences posées en matière d’individualité ne soient pas plus strictes que celles
découlant de l’Art.4al.1 LDA.

5.4.4 Les œuvres non protégées


Art.5 al.1 et 2 LDA
Même si à priori ça peut avoir un caractère individuel àon veut juste pas qu’il y ait un monopole là-dessus. Toutes ces
créations sont éligibles à la protection car elles remplissent les critères pour bénéficier de la protection, mais elles sont
quand même exclues de la protection en vertu de l’Art 5.
- ne sont pas protégés par le droit d’auteur les lois, ordonnances, accords internationaux et autres actes officiels;
- les moyens de paiement;
- les décisions, PV et rapports qui émanent des autorités ou administrations publiques;
- les fascicules brevets et publications de demandes de brevet.
- Ne sont pas non plus protégés les recueils et les traductions, officiels ou exigés par la loi, des objets précités.

5.5. L'auteur

5.5.1 Définition
Qui a le droit à cette protection? qu’est-ce qu’un auteur?
Art 6 LDA: « Par auteur, on entend la personne physique qui a crée l’œuvre ».
Rappel: la qualité d’auteur s’obtient du fait même de la création d’une œuvre, Art.29 al.1 LDA.
- L’auteur est celui dont l’activité intellectuelle personnelle a produit l’œuvre;
- Le discernement n’est pas requis, la volonté d’acquérir la protection non plus;
97
- L’auteur est le sujet de droit qui a exprimé, même inconsciemment, pour la 1ère fois la pensée mise en forme.
Les droits reviennent à la personne physique qui a créé l’oeuvre, qu’il en soit conscient ou non. Ces droits pourront ensuite
être transmis. Il y a pas besoin d’accomplir des démarches au vu de l'obtention d’une protection, le droit naît du simple fait
de la création.

➔ ATF 116 II 351/JT 1991 I 616


Les gens qui créent en transe sont-ils auteur au niveau du droit? Une dame médium a tenu pendant des années des propos
pendant un état de transe, elle disait que cela n’était pas les siens mais ceux de 2 personnes de l'au delà. Dans l’assistance,
des personnes l’ont enregistré et ont commercialisé ces cassettes. Elle est morte. Son fils a dit qu’il ne pouvaient pas utiliser
ces cassettes, parce qu’ils violent le droit d’auteur. Ils répondent qu'elle était en état de transe donc ne parlait pas elle, elle
est l'interprète des propos d’autres. Le TF dit que la création d’une oeuvre ne suppose ni discernement ni volonté d’obtenir
une protection. Les propos de cette dame était protégé par le droit d’auteur. Le droit d’auteur vient à la première personne
qui formule de telle ou telle façon ses propos. Les esprits de l’au delà ne sont pas des sujets au nom du droit suisse.

5.5.2 Qualité de co-auteur


- Art. 7 LDA, pluralité d’auteurs:
- Création d’une œuvre en commun par plusieurs auteurs;
- DA leur appartiennent en commun.
al.2 à 4 modalise cette propriété commune. L’exploitation de l’oeuvre commune doit se faire sur l’accord des auteurs, mais
bloquer une oeuvre dans un sens contraire à la bonne foi n’est pas permis. Si l’utilisation d’un des auteurs ne porte pas
atteinte à l’utilisation d’un autre, alors l’utilisation est permise.
- Art. 8 LDA, présomption de la qualité d’auteur:
- Cascade de présomptions réfragables destinée à faciliter la preuve de la qualité d’auteur.
Qui peut être investi de la qualité d’auteur. Qui est potentiellement l’auteur d’une oeuvre. Généralement, c’est la signature
sur un tableau par exemple. Si il n’y a pas d’auteur clair, c’est celui qui fait la divulgation de cette oeuvre qui en devient
l’auteur.

5.6. Les droits de l'auteur

5.6.1 Les droits moraux


- Droits moraux:
- dr. à la paternité de l’œuvre, Art.9 al.1 et 2 LDA;
- dr. de divulgation, Art.9 al.2 LDA; quand est-ce que l’oeuvre sera divulguée au public? Pas de possibilité de
rappel.
- dr. à l’intégrité de l’œuvre, Art.11 LDA. Droit d’action contre modifications de l’oeuvre par quelqu’un
d’autre. etc….

➔ Droit à l’intégrité de l’oeuvre


TF, 19 avril 2016, 4A_675/2015
Un architecte qui fait de plans pour réaliser une villa familiale. La famille s’agrandit, la famille veut faire une annexe.
L’architecte titulaire des droits sur la création originale dit qu'ils ne peuvent pas le faire, les modifications qu’ils veulent faire
ne conviennent pas du tout et porteraient atteinte à la qualité de son oeuvre. Mais, l’art 12 al.3 dit que les droits sont au
propriétaire. Le droit d’auteur des architectes est plus limitée que les droit des autres auteurs.
- La protection accordée par l’Art.11 al.2 LDA coïncide dans une grande mesure avec celle de l’Art.27 al.2 CC.
- L’Art.11 al.2 LDA ne protège en fait pas l’intégrité à proprement parler de l’œuvre elle-même, mais la
réputation professionnelle et l’honneur de l’architecte (auteur) en tant que personne.
- Plus le degré d’individualité de l’œuvre est élevé, plus facilement une atteinte à la personnalité
(réputation) de son auteur pourra être admise.
98
- Mais vu l’Art. 12 al.3 LDA, le droit à l’intégrité de l’œuvre des architectes est plus limité que celui des
auteurs d’œuvres d’un autre type, et le propriétaire a fondamentalement le droit de modifier l’œuvre
architecturale.

5.6.2 Les droits patrimoniaux


→ dr. d’utilisation, Art.10al.1 LDA
- reproduction, al.2lit.a
- distribution ou mise en circulation, al.2lit.b
- mise à disposition, al.2lit.c
- diffusion, al.2 lit.d
- retransmission, al.2 lit.e
- de faire voir ou entendre, al.2 lit.f

5.7. La durée de la protection du droit d'auteur


Art. 29-32 LDA:
- 50 ans après le décès de l’auteur ou du dernier coauteur survivant pour les logiciels;
- Pour toutes les autres œuvres, 70 ans après le décès de l’auteur ou du dernier coauteur survivant
- Lorsque les différents apports peuvent être disjoints, leur protection prend fin 50 ans, respectivement 70 ans après
le décès de leurs auteurs respectifs.
Si l’auteur est inconnu:
l'événement déterminant est la divulgation de l’oeuvre.
Computation des délais:
Le délai commence à courir le 31 décembre de l’année dans laquelle s’est produit l'événement déterminant.

5.8. Exceptions au droit d'auteur


9 principales exceptions :
- Utilisation de l’oeuvre à des fins privées (Art. 19 LDA)
- Exemplaires d’archives et copies de sécurité, Art. 24 LDA
- Reproduction provisoire, Art. 24a LDA;
- Reproduction à des fins de diffusion, Art. 24b LDA;
- Utilisation par des personnes handicapées, Art. 24c LDA;
- Citation, Art. 25 LDA;
- Catalogues de Musées, d’expositions et de ventes aux enchères, Art. 26 LDA
- Œuvres se trouvant en des endroits accessibles au public, Art. 27 LDA;
- Comptes rendus d’actualité, Art. 28 LDA.

5.8.1 Utilisation de l'œuvre à des fins privées


- Utilisation de l’œuvre à des fins privées; Pas de souci si l’utilisation est privée
Art. 19 LDA
- Rémunération pour l’usage privé
Art 20 LDA

Les restrictions au droit d’auteur (exceptions et licences légales)


Doivent respecter le principe du triple test :
1. intervenir dans certains cas spéciaux prévus par la loi (licences légales et exceptions au DA);
2. ne pas porter atteinte à l’exploitation normale de l’œuvre;
3. ne pas causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l’auteur.
Ces trois conditions sont cumulatives.
99
Les restrictions au droit d’auteur/ l’utilisation à titre privé au sens de l’Art.19 LDA
● Ne peut concerner qu’une œuvre divulguée et intervenir essentiellement à des fins non commerciales;
● 3 cas différents d’usage privé avec des licences légales différentes quant à la nature de leurs bénéficiaires, aux
droits d’auteur concernés ainsi qu’à leur contreparties (licences gratuites ou onéreuses selon les cas, Art.20 LDA).
● Possibilité pour les personnes autorisées à effectuer des reproductions de recourir aux services de tiers (Art.19 al.2
LDA).
● Instauration d’un certain nombres de réserves (Art.19 al.3 LDA) pour différentes catégories d’œuvres, lors d’un
usage non strictement privé.
● Reproductions confectionnées lors de la consultation d’œuvres sur Internet (Art.19 al.3bis LDA).
● Pas d’usage privé pour les logiciels (Art.19 al.4 LDA).

3 types d’utilisations privées :


● Utilisation à des fins strictement privées, Art.19 al.1 lit.a LDA:
○ au sein d’un cercle restreint de parents et d’amis
○ porte sur tous les droits d’auteur (pas seulement celui de reproduction)
○ est gratuite.
● Utilisation à des fins pédagogiques, Art.19 al.1 lit.b LDA:
○ en lien avec tous les types d’enseignement tant publics que privés, mais pas la formation continue
○ doit servir directement à l’enseignement et peut porter sur tous les types d’œuvres sauf ceux
mentionnés à l’al.3 et sur tous les DA.
○ est onéreuse (Art.20 LDA).
● Reproduction au sein des entreprises et des administrations, Art.19 al.1 lit.c LDA:
○ notion très large de l’entreprise
○ porte seulement sur le droit de reproduction et est onéreuse (Art.20 LDA).

5.9. Transfert des droits d'auteur


Art. 16 LDA :
1. Les droits d’auteur sont cessibles et transmissibles par succession.
2. Sauf convention contraire, le transfert d’un des droits découlant du droit d’auteur n’implique pas le transfert
d’autres droits partiels.
3. Le transfert de la propriété d’une œuvre, qu’il s’agisse de l’original ou d’une copie, n’implique pas celui de droits
d’auteur.

Art. 17 LDA:
« L’employeur est seul autorisé à exercer les droits exclusifs d’utilisation sur le logiciel créé par le travailleur dans l’exercice
de son activité au service de l’employeur et conformément à ses obligations contractuelles. »

➔ Arrêt « Mailings »
Trib. Civil Bâle-Ville, 24 janv. 1995, BJM
« Il y a de bonnes raisons de se rendre à Bâle »
« Et de bonnes raisons de se rencontrer dans l’hôtel X »
« Il y a toujours de bonnes raisons de se rendre à Bâle pour se rencontrer dans l’hôtel X »

➔ Arrêt Clown
TF, 25 août 1998, sic! 2/1999, p.119ss.
Résumé sic! :
LDA 81 al. 1. Un contrat relatif à des droits d'auteur conclu avant le 1er juillet 1993 s'interprète selon l'aLDA, mais les règles
d'interprétation de l'art. 9 aLDA correspondent à celles de l'art. 16 LDA (consid. 3).

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LDA 81 al. 1. La notion d'oeuvre telle que dégagée par la jurisprudence rendue sous l'ancien droit est la même que celle
retenue par la nouvelle LDA (consid. 3).
LDA 2. Définition de l'oeuvre et appréciation du caractère d'originalité in casu (consid. 4a et b).
aLDA 9 al. 1. La cession des droits d'utilisation de l'oeuvre peut intervenir tacitement ou par actes concluants (consid. 5a)
aLDA 9 al. 1. Lorsqu'il existe un doute sur l'étendue des droits cédés, il faut admettre que l'auteur n'entend pas transférer
plus de droits que le but visé par le contrat ne l'exige (consid. 5a).
aLDA 9 al. 3. Le transfert de la propriété d'une oeuvre n'implique pas la cession du droit d'auteur, mais celui qui se voit
commander un dessin pour une certaine affectation doit comprendre que le transfert dudit dessin englobe la cession du
droit de l'utiliser à la fin prévue (consid. 5b).

101
6. Voies de droit et mise en œuvre des droits de propriété
intellectuelle

6.1 Les Fors

6.2. Actions civiles

6.2.1 en constatation

6.2.2 en cession des droits

6.2.3 en exécution d'une prestation

6.2.4 en réparation (dommages et intérêts, tort moral, remise du gain)

6.2.5 en publication du jugement

6.3. Mesures provisionnelles

6.4. Tribunal fédéral des brevets

6.5. Dispositions pénales

6.6. Intervention de l'administration des douanes

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