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Summary – The aim of this article is to analyse the criteria of optimal public indebtedness
for the European countries. Do the levels of the public debts need to decrease in the same
way so as to become nearly null in all the countries of the European Union, as it seems
underlined in the Stability and Growth Pact? According to which criteria can some
European countries get a higher level of public debt than their partner countries?
In order to try to answer these questions, we use an overlapping generations model
with two periods in open economy. We then show that the level of the sustainable public
debt is bounded, in order to avoid an inefficiently low level of economic activity.
Moreover, the public debt seems beneficial only for the countries which have a high level
of economic activity and which are in a situation of capital over-accumulation. The public
debt can not therefore be considered as a way to compensate for an inefficient structure of
the public finances, as only the countries which have huge fiscal resources and the fiscal
means to repay their public debt can afford to have a high level of public indebtedness. The
public debt is also all the more beneficial, for the national country as well as for the partner
countries, that it remains moderated and that the country has mostly budgetary surplus.
As regards those criteria, the excessive public debts of Belgium, Italy and Greece should
mainly be reduced. On the contrary, it should probably be harmful that the public debts of
Ireland and Luxembourg decrease more, as the debts of these countries are still very low,
and as they have high levels of economic activity and budgetary surplus.
1
FORUM -MINI, bâtiment K, 200 avenue de la République, 92001 NANTERRE-CEDEX.
1
1. Introduction
Les pays européens partagent aujourd’hui une monnaie et une
politique monétaire uniques. Or dans le cadre de l’UEM, la question de
l’endettement public des pays membres apparaît largement négligée dans les
débats et dans les mesures prises pour coordonner les politiques budgétaires
entre elles et avec la politique monétaire. En effet, alors que le Pacte de
Stabilité et de Croissance signé par les pays européens membres de l’UEM
limite les déficits publics autorisés à 3% de leur PIB, il ne retient aucun
critère de limitation du niveau de l’endettement public. Il a donc fait passer
au second plan l’un des critères d’entrée dans l’UEM mentionné par le
Traité de Maastricht : la limitation de l’endettement public à 60% du PIB.
Sans doute parce qu’il était implicitement supposé que la contrainte sur les
déficits publics, et l’atteinte d’une position budgétaire structurelle
“équilibrée” en période de croissance économique “normale”, suffiraient à
rendre l’endettement public très faible dans tous les pays européens.
L’Union européenne a également interdit toute monétisation de la
dette, et a ainsi limité le mode de financement des soldes budgétaires à
l’emprunt. Cela a atténué le lien qui pouvait auparavant exister entre dette
publique et rythme annuel de l’inflation (qui déprécie la valeur actuelle des
créances), mais a renforcé le lien entre accumulation des déficits et dette,
d’où l’importance de la soutenabilité de la dette publique. Dès lors, c’est
donc essentiellement l’héritage des dettes passées qui délimite les marges de
manœuvre financières actuelles des Etats de l’Union2; ce qui donne un
intérêt évident à la surveillance de l’endettement des pays européens.
Dans ce contexte, les études portant sur les conséquences de
l’endettement public sont relativement nombreuses. Certaines ont surtout
mis en évidence les risques d’hyperinflation consécutifs à la monétisation
d’une dette devenue excessive, ou le ralentissement de la croissance si la
dette publique évince une partie des investissements privés. Par exemple,
Frenkel et Razin (1985) montrent, avec un modèle de tradition classique, les
effets bénéfiques de l’assainissement budgétaire et de la réduction des
dépenses publiques. Quant à Glick et Hutchison (1991), ils montrent que
l’UEM devrait conduire à une convergence progressive des structures
d’endettement, la convergence des politiques monétaires incitant à celle des
positions budgétaires et à une baisse de la dette de tous les pays européens.
Cependant, d’autres études ont souligné que l’endettement public
peut être bénéfique, s’il contribue à diminuer une suraccumulation du
capital [Diamond (1965)], ou remédie aux contraintes de liquidité subies par
certains agents. Ainsi, Artus (2000) souligne les limites de l’effet bénéfique
de la réduction de la dette publique. En effet, il met en évidence l’arbitrage
des agents économiques privés entre détention de titres privés et détention
de titres publics. Or dans une situation de surcapitalisation, accroître
l’épargne disponible pour financer le capital privé n’est pas forcément
bénéfique, car le rendement de ce capital privé est très faible, et les
2
Voir aussi l’analyse faite dans Job et Proutat (1998), pp.10-11.
2
rendements des titres privés sont aléatoires ; la réduction de l’endettement
public implique ainsi généralement une variabilité accrue des revenus.
Néanmoins, les études et les simulations sur les effets de la dette
publique sont généralement réalisées en économie fermée. Il existe
seulement quelques travaux en économie ouverte, qui concernent de petites
économies ouvertes [Raffelhüschen et Risa (1995), Miles (1997)], et qui ne
permettent pas vraiment d’analyser les interactions économiques et
financières entre pays. En économie ouverte, le modèle INGENUE est une
représentation très aboutie de l’économie mondiale, qui permet de quantifier
les flux potentiels de capitaux internationaux dus aux différentiels de
vieillissement observés dans le monde; mais ce modèle est très complexe3.
3
INGENUE propose une représentation de l’économie mondiale découpée en six zones,
dans laquelle le capital est parfaitement mobile mais la main-d’œuvre totalement immobile.
Il existe alors un taux d’intérêt réel mondial qui équilibre le marché international du capital,
et des salaires régionaux qui ajustent les offres et demandes dans chaque région.
3
dette=impôt futur) n’affectent pas l’équilibre ; la structure temporelle des
impôts prélevés par le gouvernement n’a donc aucune influence.
Néanmoins, cette hypothèse paraît bien éloignée de la réalité et est
très contestée aujourd'hui, où il semble évident que le déficit de l’Etat
influence l’évolution de l’économie réelle. Au delà du montant total des
dépenses publiques à financer, du prélèvement réel effectué par le secteur
public sur les ressources disponibles, leur financement par l’emprunt ou par
l’impôt n’est pas neutre4. Nous excluons donc le cadre de l’altruisme inter-
générationnel privilégié par Barro (1974), selon lequel la dette publique
accroît les prévisions d’impôts futurs, et inciterait les agents à augmenter les
legs faits à leurs descendants du montant des taxes à payer demain.
Pour étudier l’interdépendance budgétaire liée à la dette publique
entre les pays d’une union monétaire, nous utiliserons un modèle à
générations imbriquées à deux périodes, comme le font par exemple Glick
et Hutchison (1991) ou Crettez et alii (1999). En effet, les modèles à
générations imbriquées ont la particularité intéressante d’introduire
l’hétérogénéité des agents, dont les décisions sont différentes à chaque
période, et de permettre de sortir du cadre de l’équivalence ricardienne.
Ensuite, nous avons choisi de ne pas tenir compte des balances
monétaires détenues par les ménages et de la création monétaire réalisée par
les gouvernements afin de monétiser une partie de leur dette. En effet, avec
l’UEM, la politique monétaire est désormais unifiée, et les possibilités de
recours au seigneuriage et à la monétisation des dettes sont devenues
beaucoup plus négligeables. Le seigneuriage est donc aujourd’hui une
source de financement négligeable de la dette publique, même dans les pays
du Sud de l’Europe où il jouait traditionnellement un rôle important. Nous
avons donc choisi d’ignorer l’évolution de la masse monétaire comme mode
de financement de la dette publique. Et contrairement à Hahn et Solow
(1995) ou Crettez et alii (1999), nous n’introduisons pas non plus de
contrainte de liquidité dans notre modèle, sous forme d’une épargne
monétaire nécessaire pour financer une fraction de la consommation de
deuxième période de vie.
4
La non-équivalence ricardienne est, par exemple, montrée par Buiter (1990), pp.183-250.
5
Notre modèle se distingue donc également en cela de celui de Frenkel et Razin (1985),
par exemple, dans lequel ce sont les ménages qui sont endettés.
4
2.1.1. Comportement des consommateurs
6
Turnovsky (1996) intègre les dépenses publiques dans la fonction d’utilité de l’agent
représentatif. Pour que les biens publics disponibles gt restent constants au cours du temps,
ils doivent varier proportionnellement à l’activité (yt). Il spécifie donc un ratio (gt/yt) fixe,
et autorise l’autorité politique à intégrer cette relation pour choisir la politique optimale.
5
(r=r*), pour que les investissements dans toutes les formes d’épargne soient
rationnellement positifs et entrepris dans l’ensemble de la zone.
6
Avec : Bt =Ntjbt : dette globale du gouvernement national détenue par les
ménages nationaux en t ; Ft =Ntjft = -Ft*: dette globale du gouvernement
étranger détenue par les ménages nationaux en t 7.
En effet, le gouvernement dispose de recettes fiscales, qu’il utilise
pour financer ses dépenses publiques (Gt) et pour rembourser la dette
souscrite à la période précédente, auprès des ménages nationaux (Bt-1) ou
étrangers (Ft-1*). Nous supposons ici que le service de la dette se fait au
même taux d’intérêt réel rt que la rémunération de l’épargne des
consommateurs. Ensuite, l’excédent des dépenses et du service de la dette
sur les recettes est couvert par la nouvelle dette émise par le gouvernement,
détenue par les ménages nationaux (Bt) ou étrangers (Ft*).
On peut alors déterminer, grâce à (6) et (7), l’épargne publique
globale nécessaire, le besoin d’épargne (Bt+Bt*) de la part des agents privés
dans des titres de la dette publique de leur pays. En effet :
Ntj (ft-bt) = τwtNtj -Gt -(1+rt)Nt-1j(bt-1-ft-1) (8) d’où 8:
j j j j j j
Nt bt+Nt *bt*= -τwtNt -τ*wt*Nt * +Gt+Gt* +(1+rt)(Nt-1 bt-1+Nt-1 *bt-1*) (9)
7
La dette du gouvernement national envers les ménages étrangers est égale à l’inverse des
actifs nets sur la dette étrangère détenus par les ménages nationaux.
8
En utilisant l’expression correspondante pour le pays étranger et : Ntjft +Ntj*ft* =Ft+Ft*
=0.
7
2.2. Détermination de l’équilibre global
En combinant les équations (4) (7) (12) (13) (14) et (17), on a alors :
α
(1+δ)(1-τ)(1-α)Ak t (1-τ)(1-α)Aktα[1+αAkt+1(α-1)- β]
c tj = >0 ct+1v = >0
(2+δ) (2+δ)
(1-τ)(1-α)Aktα Bt Ft
st = -N j -N j > 0 (4’)
(2+δ) t t
Gt = τNtj (1-α)Aktα +Bt -Ft -(1+αAkt(α-1)-β)(Bt-1-Ft-1) > 0 (7’)
α j
(1-τ)(1-α)Ak t-1 Nt
Xt =αAktαNtj +2Ft +(1+αAkt(α-1)-β){(Bt-1-Ft-1) - } (17’)
(2+δ)(1+n)
(1-τ)(1-α)Aktα (1-β)kt (Bt+Ft)
kt+1 = + (1+n) -(1+n)N j >0 (12’) 9
(2+δ)(1+n) t
8
L’endettement public ne doit donc pas être trop élevé. Il existe une
limite supérieure au niveau de la dette publique de la période t, au delà de
laquelle les jeunes consacrent toutes leurs capacités d’épargne à détenir
cette dette, et ne peuvent donc plus investir dans l’activité productive et
permettre un niveau d’activité économique élevé.
De manière plus précise, plus les ménages nationaux détiennent
d’actifs de la dette étrangère (Ft), moins ils disposent d’une capacité
d’épargne résiduelle pour investir dans la dette du gouvernement national, et
moins cette dette peut être élevée. Au contraire, la dette publique nationale
peut être d’autant plus importante que les ménages étrangers investissent
dans cette dette (F*=-F). De plus, si les taux d’imposition sur les revenus
nationaux (τ) sont élevés, cela signifie que les prélèvements obligatoires
sont élevés pour les ménages, que l’épargne dans l’activité économique
productive est faible, et donc finalement que l’activité économique et les
recettes fiscales sont faibles. La dette publique nationale est donc contrainte
d’être plus limitée. Au contraire, la dette publique peut être d’autant plus
élevée que la préférence pour le présent des ménages nationaux (δ) est
faible. En effet, le futur se trouve alors davantage valorisé, les ménages
nationaux épargnent plus, et l’Etat peut donc davantage s’endetter et profiter
de cette offre d’épargne. La dette publique peut également être d’autant plus
élevée que le niveau de l’activité économique (AktαNtj), source de recettes
fiscales qui serviront en partie à rembourser cette dette, est important.
9
3.1. Le montant optimal de la dette publique nationale
L’équation (1) et les expressions de Ctj, Ct+1j, Gt, Gt+1 et kt+1 de (4’),
(7’) et (12’) donnent, à l’optimum, l’utilité des consommateurs nationaux
nés en t. Or cette fonction peut nous permettre de discuter de la dette
publique optimale, maximisant l’utilité des consommateurs nationaux.
10
subiront pas les conséquences du poids du remboursement de la dette.
Néanmoins, pour les plus jeunes comme pour les générations futures,
accumuler des déficits budgétaires est une politique qui n’est bénéfique qu’à
court terme, et qui hypothèque généralement plus ou moins lourdement
l’avenir. En effet, pour les générations futures qui naîtront en (t+1), on a :
dUt+1 µ dGt+1 -µ (1+αAkt+1(α-1)-β)
d(Bt+Ft*) = Gt+1.d(Bt+Ft*) = Gt+1 <0 (25)
Il apparaît donc évident que le stock de dette publique actuel
handicape les générations futures. En effet, la dette de la période t portera
intérêt à la période (t+1), l’Etat aura alors des capacités financières
moindres pour réaliser des dépenses publiques, et Gt+1 sera plus faible. Le
stock de dette publique est donc d’autant plus néfaste au bien-être des
générations futures qu’il limite les dépenses publiques futures réalisables
par l’Etat. L’endettement de l’Etat en t est d’autant plus nuisible qu’il est
synonyme de faiblesse de la capacité de financement de l’Etat, des dépenses
publiques et de l’activité en (t+1). Ainsi, la dette publique est naturellement
un poids d’autant plus lourd pour les générations futures que les charges
d’intérêt sur cette dette (rt+1) seront élevées, que l’accumulation du capital
par tête (kt+1) et que le niveau de l’activité économique seront faibles dans le
futur.
11
De manière plus précise, les différents paramètres de notre modèle et
le niveau du capital par tête (kt) n’influencent pas de manière claire et
univoque les conséquences pour le bien-être de l’endettement public (cf.
Annexe A). Néanmoins, la dette publique détenue par les consommateurs
nationaux apparaît d’autant moins néfaste qu’elle reste modérée
[d(dUt/d(Bt+Ft*))/dBt<0]. En effet, les charges du remboursement de cette
dette pour l’Etat limitent les dépenses publiques actuelles et futures. De
plus, l’épargne des consommateurs nationaux investie dans l’achat de titres
de la dette publique nationale réduit d’autant l’épargne disponible pour
investir dans l’activité économique productive (cf. (4’)), l’investissement en
capital, et donc par conséquent le capital par tête futur. En revanche, la dette
publique détenue par les ménages étrangers a un effet beaucoup plus ambigu
sur le bien-être des ménages nationaux [signe de d(dUt/d(Bt+Ft*))/dFt*
incertain]. En effet, même si les charges de son remboursement pèsent sur le
budget de l’Etat national, le fait que les ménages étrangers participent à
détenir la dette publique nationale a l’effet positif de permettre aux ménages
nationaux de davantage consacrer leur propre épargne à investir dans
l’activité économique productive. Cela pourrait donc accroître le capital par
tête et le niveau de l’activité économique de la période suivante (t+1).
Enfin, il apparaît également que prévoir un déficit budgétaire pour la
période (t+1) future rend l’endettement public plutôt bénéfique pour le bien-
être des jeunes. En effet, les jeunes générations perçoivent alors la hausse de
l’endettement comme synonyme de dépenses publiques (Gt+1) plus élevées
dans le futur, ce qui accroît leur utilité actualisée. Au contraire, si le déficit
augmente à la période actuelle, la dette publique apparaît plutôt néfaste. En
effet, si la hausse actuelle de l’endettement s’explique par le déficit
budgétaire de la période, cela signifie que les recettes fiscales ont tendance à
être insuffisantes par rapport au niveau des dépenses publiques, que le
niveau de l’activité économique est faible, et que l’économie connaît donc
sans doute une situation de sous-accumulation du capital.
3.1.3. Conclusion
12
bornes au niveau du déficit public. Mais la dette publique optimale dépend
de manière fondamentale de l’accumulation du capital dans l’économie.
Enfin, Crettez et alii (1997) avaient montré que les pays dont les
ménages ont une forte préférence pour le présent peuvent avoir intérêt à
s’endetter de manière plus importante que les pays qui épargnent beaucoup.
Pour cela, ils utilisent un modèle à générations imbriquées, avec dépenses
publiques productives et croissance endogène, et avec deux modes de
financement pour l’Etat : par impôts (ce qui implique l’équilibre budgétaire)
ou par dette publique. Ils montrent alors que le taux de croissance associé à
un financement par dette est toujours inférieur. Cependant, si le taux
d’escompte social (préférence pour le présent) est élevé, l’économie a
intérêt à se financer par dette et à connaître une croissance plus faible.
Or sur ce point, les résultats de notre modèle apparaissent plus
ambigus. En effet, une préférence élevée pour le présent rend certes
l’endettement public bénéfique, dans la mesure où la dette contraint les
jeunes consommateurs à épargner dans des titres de la dette publique, et
permet donc un niveau de dépenses publiques plus élevé, alors que
l’épargne spontanée des consommateurs serait autrement trop faible.
Néanmoins, une forte préférence pour le présent limite aussi
l’investissement dans l’activité économique productive ; la sous-
13
accumulation du capital due à l’insuffisance d’épargne rend alors la dette
publique néfaste. De plus, un pays où l’épargne privée est spontanément
trop faible devrait avoir un solde public plutôt excédentaire, puisque la
consommation privée soutient déjà l’activité et la demande. Le signe de
d(dUt/d(Bt+Ft*))/dδ reste donc ambigu.
14
nationaux jeunes en t, l’effet reste assez ambigu. En effet, l’endettement du
pays étranger permet une augmentation immédiate de l’activité économique
globale et des dépenses publiques, étrangères mais aussi nationales.
Néanmoins, cela se fait au détriment de l’activité économique et des
dépenses publiques futures, qui seront plus faibles en (t+1), quand il faudra
rembourser cette dette publique. Enfin, l’endettement étranger en t (Bt*)
diminue l’investissement productif global et donc le capital par tête futur,
dans le pays étranger mais aussi dans le pays national (kt+1 diminue). Les
taux d’intérêt futurs sont donc accrus, ce qui augmente les revenus futurs et
la consommation future anticipée des jeunes en (t+1).
dUt µ µ(τ+α-ατ)(1+αAkt+1(α-1)-β) α(1-α)Akt+1(α-2)
= - +
dBt* Gt α (1+δ) Gt+1 (1+δ)(1+αAkt+1(α-1)-β)(1+n)Ntj
(31)
15
4.1. Des dettes excessives en Italie, en Belgique et en Grèce
Les pays dont les niveaux d’endettement public sont les plus
dangereux aujourd’hui (dont la dette publique dépasse 100% du PIB) sont la
Belgique, l’Italie et la Grèce, car nous avons montré que la dette publique
est de toutes les façons néfaste si elle devient excessive.
Or certaines caractéristiques supplémentaires rendent les dettes
publiques de la Belgique et de l’Italie particulièrement dangereuses. En
effet, la croissance de l’activité économique reste plutôt faible dans ces deux
pays, en dessous de la moyenne communautaire, et les recettes fiscales sont
donc peu importantes. Même si la dette de ces pays se réduit à un rythme
relativement lent depuis 1999, il semble donc que le manque de recettes
fiscales et le poids des intérêts de la dette publique y entretiennent la
faiblesse de l’activité économique, l’endettement public excessif,
l’insuffisance de l’investissement et de l’accumulation du capital productif.
Néanmoins, la Belgique a aujourd’hui un solde budgétaire excédentaire
(0,4% du PIB en 2003), alors que l’Italie connaît un déficit budgétaire
important (-2,4% du PIB), et elle pourrait avoir très bientôt de grandes
difficultés pour respecter les contraintes du Pacte de Stabilité. La dette
publique italienne semble, de ce point de vue, plus lourde à supporter pour
les finances publiques et beaucoup plus néfaste que celle de la Belgique.
Le cas de la Grèce est un peu différent. Ainsi, le taux de croissance
de l’activité économique grecque est aujourd’hui très élevé par rapport à la
moyenne des taux de ses partenaires européens, ce qui rend la dette
publique de la Grèce soutenable pour elle-même comme pour ses
partenaires. En effet, cette activité économique élevée lui permet de dégager
des recettes fiscales importantes, nécessaires au remboursement de sa dette.
L’investissement économique productif comme l’accumulation du capital
apparaissent élevés en Grèce, et ne semblent pas exagérément pâtir d’un
endettement public excessif. Néanmoins, le niveau élevé de l’activité
économique ne semble pas suffisant pour que le gouvernement grec puisse
dégager toutes les ressources fiscales nécessaires au remboursement du
niveau important de sa dette publique. En effet, on a découvert récemment
que le déficit budgétaire grec était en réalité de 4,6% du PIB en 2003, et
qu’une fraude avait dissimulé qu’il violait depuis longtemps les contraintes
du Pacte de Stabilité et de Croissance. Ce déficit est un signe du poids et du
caractère nuisible de la dette publique, dette qui s’étaitt même légèrement
accrue en Grèce entre 1999 et 2002 alors qu’elle diminuait en Italie et en
Belgique. Comme pour ces deux derniers pays, il serait donc tout à fait
souhaitable que la Grèce réduise le niveau de sa dette publique.
16
Tableau 1 : Situation économique des pays de l’Union européenne
Solde public Dette publique Activité
2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 2001 2002 2003
Allemagne -2,8 -3,7 -3,8 60,2 59,4 60,9 64,2 0,8 0,2 -0,1
Autriche 0,3 -0,2 -1,1 67,0 67,1 66,6 65,1 0,8 1,4 0,9*
Belgique 0,6 0,1 0,4 109,1 108,1 105,8 100,7 0,6 0,7 0,8*
Danemark 2,0 0,7 0,3 52,3 49,2 48,8 45,9 1,6 1,0 0,0
Espagne -0,4 -0,1 0,4 61,1 57,5 54,4 50,7 2,8 2,0 2,4
Finlande 5,2 4,3 2,3 44,6 43,8 42,6 45,6 1,1 2,3 1,9
France -1,5 -3,2 -4,1 56,8 56,5 58,8 63,7 2,1 1,2 0,1*
Grèce -3,7 -3,7 -4,6 114,0 114,7 112,5 109,9 4,0 3,8 4,7
Irlande 0,9 -0,2 0,1 38,3 35,9 32,7 32,1 6,2 6,9 1,6*
Italie -2,6 -2,3 -2,4 111,2 110,6 107,9 106,2 1,8 0,4 0,3
Luxembourg 6,4 2,8 0,8 5,5 5,5 5,7 5,4 1,2 1,3 1,2*
Pays-Bas -0,1 -1,9 -3,2 55,9 52,9 52,6 54,1 1,2 0,2 -0,9*
Portugal -4,4 -2,7 -2,8 53,3 55,8 58,4 60,3 1,7 0,4 -0,8*
Royaume-Uni 0,7 -1,7 -3,3 42,0 38,8 38,3 39,8 2,1 1,7 2,3
Suède 2,8 -0,0 0,3 52,8 54,4 52,6 52,0 0,9 1,9 1,6
EU 15 -1,1 -2,1 -2,7 64,1 63,3 62,7 64,3 1,7 1,0 0,7
Solde public : besoin (capacité) de financement net(te) du secteur consolidé
des administrations publiques (en % du PIB)
Dette publique : brute consolidée des administrations publiques (% du PIB)
Activité : taux de croissance du PIB à prix constants (1995=100), variation
en % par rapport à l’année précédente * prévisions
Source : site internet d’Eurostat
17
alors qu’elle diminuait régulièrement depuis 1999 ; l’activité économique y
est particulièrement faible, et le déficit du pays augmente rapidement depuis
2002. Le cas de l’Autriche reste relativement ambigu.
5. Conclusion
Notre modèle nous a donc permis de montrer que s’il existe des
effets bénéfiques immédiats à contracter un déficit budgétaire, en revanche,
le stock de la dette publique hypothèque l’avenir dans une optique de plus
long terme, et il peut diminuer le bien-être des jeunes générations dans une
situation de sous-accumulation du capital. De plus, une dette publique très
18
élevée est toujours néfaste, ce qui peut expliquer l’utilité de contraintes
budgétaires comme celles du Pacte de Stabilité et de Croissance. Mais notre
modèle montre également que l’endettement public d’un pays peut parfois
être bénéfique au bien-être de ses propres ressortissants comme à celui de
ses partenaires financiers et commerciaux. Ainsi, un pays qui connaîtrait
une situation de suraccumulation du capital, un niveau d’activité
économique élevé, et qui disposerait donc des recettes fiscales conséquentes
nécessaires au remboursement de sa dette, aurait tout intérêt à s’endetter. En
effet, cette dette serait susceptible d’accroître son bien-être et celui de
l’ensemble de la zone monétaire. De même, la dette publique d’une pays est
d’autant plus bénéfique qu’elle diminue et que ce pays dégage un excédent
budgétaire.
Au regard de ces critères, nous avons alors cherché à déterminer
quels pays européens pouvaient davantage se permettre d’avoir une dette
publique importante. En effet, s’il existe certes un niveau maximal de
l’endettement public soutenable, il n’est pas forcément optimal que la dette
publique tende de la même façon à devenir très faible, voire à s’annuler
dans tous les pays de l’Union européenne. Or c’est pourtant un objectif
sous-jacent dans le Pacte de Stabilité et de Croissance, dans la mesure où
une situation budgétaire “équilibrée en période de croissance normale”
signifie à terme la diminution jusqu’à annulation de toutes les dettes
publiques. Notre modèle montre donc que certains pays européens peuvent,
et devraient même, conserver une faible dette. Ainsi, les dettes élevées de la
Belgique, de l’Italie ou de la Grèce doivent sans doute aujourd’hui être
réduites. En revanche, le Luxembourg ou l’Irlande auraient tout intérêt,
d’après notre modèle, à conserver des dettes publiques certes modérées,
mais positives.
Annexe
A. Etude de dUt / d(Bt+Ft*)
dUt µ (1+αAkt+1(α-1)-β)
d(d(B +F *)) /d[Bt+1+Ft+1* -(1+rt+1)(Bt+Ft*)] = >0
t t (1+δ) Gt+12
dUt µ
d(d(B +F *)) /d[Bt+Ft* -(1+rt)(Bt-1+Ft-1*)] = - G 2 < 0
t t t
dUt µ µ (1+αAkt+1(α-1)-β)2 Ht
d(d(B +F *)) /dBt = - G 2 - 2 -(1+n)N j < 0
t t t (1+δ) Gt+1 t
(α-1) 2
dUt µ µ (1+αAkt+1 -β) Ht
d(d(B +F *)) /dFt* = - G 2 - 2 +(1+n)N j
t t t (1+δ) G t+1 t
dUt µ (1+αAkt+1(α-1)-β) (1-τ)(1-α)Aktα Ht
d(d(B +F *)) /dδ = -
t t (1+δ)2 Gt+1 (1+n)(2+δ)2
µα(1-α)Akt+1(α-2)
où : Ht = [(1+Akt+1(α-1)-β)τ(1+n)Ntjkt+1 +(Bt+1+Ft+1*)] > 0
(1+δ)Gt+12
autres dérivées : signes indéterminés.
19
(1-τ)(1-α)Akt-1αNtj (1-τ*)(1-α*)A*kt-1*α*Ntj*
+(1+αAkt(α-1)-β).{ + }
(2+δ)(1+n) (2+δ*)(1+n*)
Avec (9), (13), (14) et (12’), et en remplaçant (AktαNtj) par sa valeur:
[τ*α(1-α*)-τα*(1-α)]
Gt +Gt* = A*kt*α*Ntj* +Bt+Bt*
α
(τ+α-ατ)
- (1+αAkt(α-1)-β).(Bt-1+Bt-1*)
α
τ(1-α) (α-1) (1-τ)(1-α)Akt-1αNtj (1-τ*)(1-α*)A*kt-1*α*Ntj*
+ (1+αAkt -β) { + }
α (2+δ)(1+n) (2+δ*)(1+n*)
[(1-τ*)(1-α*)α(2+δ)-(1-τ)(1-α)α*(2+δ*)]A*Ntj*kt*α* (1+n*)Ntj*kt+1*
kt+1= - (1+n)N j
α(2+δ*)(2+δ)(1+n)Ntj t
j j
[(1-β)Nt kt +(1-β*)Nt * kt* -Bt -Bt*] (1-τ)(1-α)
+ j + (1+αAkt(α-1)-β).
(1+n)Nt α(2+δ)(1+n)Ntj
(1-τ)(1-α)Akt-1αNtj (1-τ*)(1-α*)A*kt-1*α*Ntj*
{ + -Bt-1 -Bt-1*}
(2+δ)(1+n) (2+δ*)(1+n*)
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