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Séverine MENGUY

Université de Paris X –Nanterre, FORUM -MINI 1

Existe-t-il une politique d’endettement public


optimale pour les pays de l’Union européenne ?

Is there an optimal public indebtedness policy


for the countries of the European Union?
________
dette publique – modèle à générations imbriquées – Union européenne
public debt - overlapping generations model - European Union
Classification JEL : H63, E62, F41
_________
Résumé – L’objectif de ce papier est d’analyser les critères d’endettement public optimal
pour les pays européens. Pour cela, nous utilisons un modèle à générations imbriquées à
deux périodes en économie ouverte. Nous montrons alors que le niveau de la dette publique
soutenable est borné. De plus, la dette publique apparaît bénéfique seulement pour les pays
qui connaissent un niveau d’activité économique élevé et une situation de suraccumulation
du capital. Et la dette publique est également d’autant plus bénéfique, pour le pays national
comme pour les pays partenaires, qu’elle reste modérée et que le pays dégage plutôt des
excédents budgétaires. Au regard de ces critères, les dettes publiques de la Belgique, de
l’Italie ou de la Grèce devraient sans doute être réduites, alors qu’il serait sans doute
néfaste que celles de l’Irlande ou du Luxembourg diminuent davantage.

Summary – The aim of this article is to analyse the criteria of optimal public indebtedness
for the European countries. Do the levels of the public debts need to decrease in the same
way so as to become nearly null in all the countries of the European Union, as it seems
underlined in the Stability and Growth Pact? According to which criteria can some
European countries get a higher level of public debt than their partner countries?
In order to try to answer these questions, we use an overlapping generations model
with two periods in open economy. We then show that the level of the sustainable public
debt is bounded, in order to avoid an inefficiently low level of economic activity.
Moreover, the public debt seems beneficial only for the countries which have a high level
of economic activity and which are in a situation of capital over-accumulation. The public
debt can not therefore be considered as a way to compensate for an inefficient structure of
the public finances, as only the countries which have huge fiscal resources and the fiscal
means to repay their public debt can afford to have a high level of public indebtedness. The
public debt is also all the more beneficial, for the national country as well as for the partner
countries, that it remains moderated and that the country has mostly budgetary surplus.
As regards those criteria, the excessive public debts of Belgium, Italy and Greece should
mainly be reduced. On the contrary, it should probably be harmful that the public debts of
Ireland and Luxembourg decrease more, as the debts of these countries are still very low,
and as they have high levels of economic activity and budgetary surplus.

1
FORUM -MINI, bâtiment K, 200 avenue de la République, 92001 NANTERRE-CEDEX.

1
1. Introduction
Les pays européens partagent aujourd’hui une monnaie et une
politique monétaire uniques. Or dans le cadre de l’UEM, la question de
l’endettement public des pays membres apparaît largement négligée dans les
débats et dans les mesures prises pour coordonner les politiques budgétaires
entre elles et avec la politique monétaire. En effet, alors que le Pacte de
Stabilité et de Croissance signé par les pays européens membres de l’UEM
limite les déficits publics autorisés à 3% de leur PIB, il ne retient aucun
critère de limitation du niveau de l’endettement public. Il a donc fait passer
au second plan l’un des critères d’entrée dans l’UEM mentionné par le
Traité de Maastricht : la limitation de l’endettement public à 60% du PIB.
Sans doute parce qu’il était implicitement supposé que la contrainte sur les
déficits publics, et l’atteinte d’une position budgétaire structurelle
“équilibrée” en période de croissance économique “normale”, suffiraient à
rendre l’endettement public très faible dans tous les pays européens.
L’Union européenne a également interdit toute monétisation de la
dette, et a ainsi limité le mode de financement des soldes budgétaires à
l’emprunt. Cela a atténué le lien qui pouvait auparavant exister entre dette
publique et rythme annuel de l’inflation (qui déprécie la valeur actuelle des
créances), mais a renforcé le lien entre accumulation des déficits et dette,
d’où l’importance de la soutenabilité de la dette publique. Dès lors, c’est
donc essentiellement l’héritage des dettes passées qui délimite les marges de
manœuvre financières actuelles des Etats de l’Union2; ce qui donne un
intérêt évident à la surveillance de l’endettement des pays européens.
Dans ce contexte, les études portant sur les conséquences de
l’endettement public sont relativement nombreuses. Certaines ont surtout
mis en évidence les risques d’hyperinflation consécutifs à la monétisation
d’une dette devenue excessive, ou le ralentissement de la croissance si la
dette publique évince une partie des investissements privés. Par exemple,
Frenkel et Razin (1985) montrent, avec un modèle de tradition classique, les
effets bénéfiques de l’assainissement budgétaire et de la réduction des
dépenses publiques. Quant à Glick et Hutchison (1991), ils montrent que
l’UEM devrait conduire à une convergence progressive des structures
d’endettement, la convergence des politiques monétaires incitant à celle des
positions budgétaires et à une baisse de la dette de tous les pays européens.
Cependant, d’autres études ont souligné que l’endettement public
peut être bénéfique, s’il contribue à diminuer une suraccumulation du
capital [Diamond (1965)], ou remédie aux contraintes de liquidité subies par
certains agents. Ainsi, Artus (2000) souligne les limites de l’effet bénéfique
de la réduction de la dette publique. En effet, il met en évidence l’arbitrage
des agents économiques privés entre détention de titres privés et détention
de titres publics. Or dans une situation de surcapitalisation, accroître
l’épargne disponible pour financer le capital privé n’est pas forcément
bénéfique, car le rendement de ce capital privé est très faible, et les

2
Voir aussi l’analyse faite dans Job et Proutat (1998), pp.10-11.

2
rendements des titres privés sont aléatoires ; la réduction de l’endettement
public implique ainsi généralement une variabilité accrue des revenus.
Néanmoins, les études et les simulations sur les effets de la dette
publique sont généralement réalisées en économie fermée. Il existe
seulement quelques travaux en économie ouverte, qui concernent de petites
économies ouvertes [Raffelhüschen et Risa (1995), Miles (1997)], et qui ne
permettent pas vraiment d’analyser les interactions économiques et
financières entre pays. En économie ouverte, le modèle INGENUE est une
représentation très aboutie de l’économie mondiale, qui permet de quantifier
les flux potentiels de capitaux internationaux dus aux différentiels de
vieillissement observés dans le monde; mais ce modèle est très complexe3.

Plus modestement, comme le font par exemple Crettez et alii (1997)


mais dans le cadre d’une économie ouverte, l’objectif de ce papier est
d’étudier l’effet d’un financement des dépenses publiques par l’endettement
et les conséquences des politiques d’emprunt des Etats sur la croissance de
l’économie et sur le bien-être des agents nationaux comme étrangers. Nous
pourrons alors répondre à certaines questions importantes qui se posent dans
le cadre de l’UEM. Est-il souhaitable que la dette publique diminue jusqu’à
devenir quasiment nulle dans tous les pays européens, comme le sous-tend
la logique du Pacte de Stabilité ? Certains pays peuvent-ils se permettre de
conserver des niveaux d’endettement positifs plus élevés, et selon quels
critères ? Quels sont les déterminants des externalités budgétaires passant
par la dette, entre des pays économiquement très fortement intégrés ?
Pour cela, la seconde section présente le modèle de base à
générations imbriquées et deux périodes utilisé. Puis la troisième section
étudie successivement les déterminants du montant optimal de la dette
publique nationale et les externalités passant par la dette publique entre les
pays d’une union monétaire. La quatrième section examine ensuite les
niveaux d’endettement empiriques des pays européens au regard des
résultats de notre modèle théorique. Enfin, la cinquième section conclut.

2. Présentation du modèle théorique

Construire un modèle intertemporel avec un nombre infini de


périodes, comme le font par exemple Frenkel et Razin (1985), empêche le
plus souvent de pouvoir sortir de l’équivalence ricardienne, en considérant
la contrainte budgétaire de solvabilité intertemporelle d’un gouvernement
ayant une durée de vie infinie. En effet, cela revient à supposer qu’au niveau
global, la contrainte budgétaire du gouvernement doit être équilibrée, c’est à
dire que la valeur actualisée des dépenses de l’Etat doit être égale à la valeur
actualisée de ses recettes. Mais tant que cette contrainte de solvabilité reste
vérifiée, les détails des modes de financement du gouvernement (impôts ou

3
INGENUE propose une représentation de l’économie mondiale découpée en six zones,
dans laquelle le capital est parfaitement mobile mais la main-d’œuvre totalement immobile.
Il existe alors un taux d’intérêt réel mondial qui équilibre le marché international du capital,
et des salaires régionaux qui ajustent les offres et demandes dans chaque région.

3
dette=impôt futur) n’affectent pas l’équilibre ; la structure temporelle des
impôts prélevés par le gouvernement n’a donc aucune influence.
Néanmoins, cette hypothèse paraît bien éloignée de la réalité et est
très contestée aujourd'hui, où il semble évident que le déficit de l’Etat
influence l’évolution de l’économie réelle. Au delà du montant total des
dépenses publiques à financer, du prélèvement réel effectué par le secteur
public sur les ressources disponibles, leur financement par l’emprunt ou par
l’impôt n’est pas neutre4. Nous excluons donc le cadre de l’altruisme inter-
générationnel privilégié par Barro (1974), selon lequel la dette publique
accroît les prévisions d’impôts futurs, et inciterait les agents à augmenter les
legs faits à leurs descendants du montant des taxes à payer demain.
Pour étudier l’interdépendance budgétaire liée à la dette publique
entre les pays d’une union monétaire, nous utiliserons un modèle à
générations imbriquées à deux périodes, comme le font par exemple Glick
et Hutchison (1991) ou Crettez et alii (1999). En effet, les modèles à
générations imbriquées ont la particularité intéressante d’introduire
l’hétérogénéité des agents, dont les décisions sont différentes à chaque
période, et de permettre de sortir du cadre de l’équivalence ricardienne.
Ensuite, nous avons choisi de ne pas tenir compte des balances
monétaires détenues par les ménages et de la création monétaire réalisée par
les gouvernements afin de monétiser une partie de leur dette. En effet, avec
l’UEM, la politique monétaire est désormais unifiée, et les possibilités de
recours au seigneuriage et à la monétisation des dettes sont devenues
beaucoup plus négligeables. Le seigneuriage est donc aujourd’hui une
source de financement négligeable de la dette publique, même dans les pays
du Sud de l’Europe où il jouait traditionnellement un rôle important. Nous
avons donc choisi d’ignorer l’évolution de la masse monétaire comme mode
de financement de la dette publique. Et contrairement à Hahn et Solow
(1995) ou Crettez et alii (1999), nous n’introduisons pas non plus de
contrainte de liquidité dans notre modèle, sous forme d’une épargne
monétaire nécessaire pour financer une fraction de la consommation de
deuxième période de vie.

2.1. Le comportement des agents économiques

Nous utilisons un modèle simplifié à générations imbriquées d’une


économie réelle, où l’Etat finance une partie de ses dépenses publiques en
émettant une dette sous forme d’obligations souscrite par les agents privés.
De plus, les Etats se distinguent des agents privés par une durée de vie a
priori infinie, et par la possibilité de reporter sans cesse le remboursement
de leurs dettes. Puisque les ménages sont généralement, au niveau global, un
secteur institutionnel créditeur net par rapport à l’Etat, nous supposerons
qu’il existe une dette de l’Etat détenue par les ménages5. Enfin, nous
distinguerons les variables relatives au pays étranger par un astérisque.

4
La non-équivalence ricardienne est, par exemple, montrée par Buiter (1990), pp.183-250.
5
Notre modèle se distingue donc également en cela de celui de Frenkel et Razin (1985),
par exemple, dans lequel ce sont les ménages qui sont endettés.

4
2.1.1. Comportement des consommateurs

Dans le modèle de référence de Diamond (1965) ou dans Artus


(2000), la fonction d'utilité du consommateur type du pays national ne
dépend que des niveaux de ses consommations actualisées sur ses deux
périodes de vie. Au contraire, dans notre modèle, comme Turnovsky
(1996)6, nous avons introduit le fait que les dépenses publiques des
gouvernements sont également source d’utilité pour les consommateurs. En
effet, sans cette hypothèse, l’endettement public ne peut être que nuisible!
La fonction d’utilité du consommateur type du pays national né en t
1 µ
est : Ut = log ctj + log ct+1v +µ log Gt + log Gt+1 (1)
1+δ 1+δ
où δ>0 est un facteur d'escompte subjectif, une “préférence pour le présent”
(d’autant plus grand que la préférence pour le présent est importante), et où
µ>0 représente le poids relatif accordé par le consommateur aux dépenses
publiques par rapport à celui de la consommation normalisé à un.
Avec : ctj : consommation de l’agent jeune en t ; ctv : consommation de
l’agent vieux en t ; Gt : dépenses publiques en t.

Le consommateur est supposé vivre deux périodes :


- Une première période t au cours de laquelle il est jeune. Il touche alors un
revenu d’activité, soit son salaire wt net de l’impôt proportionnel au taux τ
sur le revenu payé au gouvernement. Et il utilise ce revenu disponible pour
consommer ou épargner, c’est à dire acheter des obligations d’Etat et donc
de la dette du gouvernement national (bt), acheter des actifs de la dette du
pays étranger (ft), ou réaliser une autre forme d’épargne financière (st).
ctj +st +bt +ft = (1-τ)wt (2)
- Une deuxième période (t+1) où il est vieux, et consomme le revenu
financier issu du rendement réel de son épargne de la période précédente.
ct+1v = (1+rt+1)(st+bt +ft ) (3)
Avec : wt : salaire par travailleur; st : épargne financière par travailleur dans
des actifs privés; bt : dette réelle du gouvernement national (obligations
d’Etat) détenue par chaque travailleur national; ft : dette réelle étrangère
détenue par chaque travailleur national; rt>0: taux d’intérêt réel; 0<τ<1 :
taux d’imposition sur le revenu.
Mentionnons ici qu’à l’équilibre, si le comportement d’épargne des
agents économiques est rationnel, le rendement de la dette nationale (1+rt)
doit être égal à celui de la dette étrangère et à celui des autres formes
d’épargne financière. En effet, dans une union monétaire où l’intégration
économique et financière serait particulièrement développée, à l’équilibre,
les taux d’intérêt réels devraient être identiques dans tous les pays membres

6
Turnovsky (1996) intègre les dépenses publiques dans la fonction d’utilité de l’agent
représentatif. Pour que les biens publics disponibles gt restent constants au cours du temps,
ils doivent varier proportionnellement à l’activité (yt). Il spécifie donc un ratio (gt/yt) fixe,
et autorise l’autorité politique à intégrer cette relation pour choisir la politique optimale.

5
(r=r*), pour que les investissements dans toutes les formes d’épargne soient
rationnellement positifs et entrepris dans l’ensemble de la zone.

Le programme du consommateur type du pays national né en t


1
s’écrit donc : Max Ut sous la contrainte : ctj +(1+r ) ct+1v = (1-τ)wt.
t+1
La résolution de ce programme implique alors :
(1+δ)(1-τ)wt (1-τ)(1+rt+1)wt (1-τ)wt
ctj = ; ct+1v = ; st +bt+ft = (4)
(2+δ) (2+δ) (2+δ)
Dans la mesure où le rendement de l’épargne publique est identique
à celui de l’épargne privée, il n’est pas possible ici de déterminer la
répartition des différentes composantes de l’épargne des consommateurs.
On considérera donc l’épargne investie dans l’activité économique
productive (st) comme un résidu par rapport à ce qu’accaparent les besoins
d’épargne publique et de financement du budget de l’Etat.
Enfin, supposons que la population croît au taux n. Comme les jeunes
de la période (t-1) sont les vieux de la période t, on a à la fois :
Nt =Ntj +Ntv =(1+n)Nt-1 (5) Ntv =Nt-1j (6)
j
Avec : Nt : population globale en t ; Nt : nombre de travailleurs actifs jeunes
en t ; Ntv : nombre d’inactifs vieux en t.

2.1.2. Comportement des gouvernements

Définissons maintenant le comportement des gouvernements.


Certes, la dette publique peut être nominale, et rapporter un
rendement réel fonction du niveau de l’inflation, ou être indexée sur le
niveau des prix, et rapporter un rendement nominal fixe. Ainsi, par exemple,
Huber (1998) utilise un modèle de finances publiques néo-classique à deux
périodes et n pays, où les politiques monétaires et budgétaires interagissent
par le biais d’une contrainte budgétaire de solvabilité intertemporelle. Il
montre alors que si l’engagement préalable contractuel des gouvernements à
mener une politique de stabilité des prix n’est pas possible, des contraintes
budgétaires peuvent permettre d’éliminer le biais inflationniste des
politiques budgétaires lié à la dette publique. De plus, l’unification
monétaire peut conduire à une structure inefficiente de la dette, avec une
part trop importante de dette nominale et une inflation excessive.
Des restrictions limitant non seulement le montant global de la dette
des pays européens, mais aussi la part nominale de cette dette, seraient donc
sans doute utiles à la stabilité des prix au sein de l’UEM. Mais notre modèle
a choisi d’ignorer le recours à l’inflation et au seigneuriage. De plus, à
l’équilibre, il doit être équivalent pour les agents de détenir une dette
nominale ou indexée. Nous ne traiterons donc pas de la structure de la dette,
nous nous limiterons à un seul type d’endettement réel, et nous nous
intéresserons seulement au montant global optimal de la dette publique.

En t, la contrainte budgétaire du gouvernement national peut


s’écrire:
τwtNtj = Gt -Bt +(1+rt)Bt-1 +Ft -(1+rt)Ft-1 (7)

6
Avec : Bt =Ntjbt : dette globale du gouvernement national détenue par les
ménages nationaux en t ; Ft =Ntjft = -Ft*: dette globale du gouvernement
étranger détenue par les ménages nationaux en t 7.
En effet, le gouvernement dispose de recettes fiscales, qu’il utilise
pour financer ses dépenses publiques (Gt) et pour rembourser la dette
souscrite à la période précédente, auprès des ménages nationaux (Bt-1) ou
étrangers (Ft-1*). Nous supposons ici que le service de la dette se fait au
même taux d’intérêt réel rt que la rémunération de l’épargne des
consommateurs. Ensuite, l’excédent des dépenses et du service de la dette
sur les recettes est couvert par la nouvelle dette émise par le gouvernement,
détenue par les ménages nationaux (Bt) ou étrangers (Ft*).
On peut alors déterminer, grâce à (6) et (7), l’épargne publique
globale nécessaire, le besoin d’épargne (Bt+Bt*) de la part des agents privés
dans des titres de la dette publique de leur pays. En effet :
Ntj (ft-bt) = τwtNtj -Gt -(1+rt)Nt-1j(bt-1-ft-1) (8) d’où 8:
j j j j j j
Nt bt+Nt *bt*= -τwtNt -τ*wt*Nt * +Gt+Gt* +(1+rt)(Nt-1 bt-1+Nt-1 *bt-1*) (9)

2.1.3. Comportement des entreprises

Définissons enfin le comportement des entreprises.


Supposons que les entreprises produisent un bien unique homogène,
dont le prix est égal à l’unité. La technologie de production est donnée par
une fonction Cobb-Douglas : Yt = A Ktα Ntj (1-α) (10)
En effet, l’équilibre sur le marché du travail implique que la main-d’œuvre
utilisée corresponde à la population active disponible (Ntj) à la période t.
Le taux de dépréciation du capital d’une période à l’autre est de β, et
les investissements réalisés en (t-1) sont productifs en t. Le capital productif
en t est donc égal à : Kt = It-1 +(1-β)Kt-1 (11)
A l’équilibre, l’épargne financière totale dans l’activité économique
productive, soit le produit de l’épargne de chaque travailleur (st) par le
nombre de travailleurs actifs (Ntj), est égale à l’investissement. Avec (11),
on a donc : Kt+1 -(1-β)Kt =It =St = stNtj (12)
Enfin, les entreprises maximisent leur profit: Πt=Yt-wtNtj -(β+rt)Kt.
D’où: wt = dYt /dNtj = (1-α)AKtα Ntj (-α) = (1-α)Aktα (13)
(β+rt) = dYt /dKt = αAKt(α-1) Ntj (1-α) = αAkt(α-1) (14)
Où Yt : production ou revenu national global en t ; Kt : stock de capital
utilisé en t ; kt =Kt/Ntj : capital par tête en t ; It : investissement en t ; A :
productivité globale des facteurs ; β>0 : taux de dépréciation du capital.

7
La dette du gouvernement national envers les ménages étrangers est égale à l’inverse des
actifs nets sur la dette étrangère détenus par les ménages nationaux.
8
En utilisant l’expression correspondante pour le pays étranger et : Ntjft +Ntj*ft* =Ft+Ft*
=0.

7
2.2. Détermination de l’équilibre global

2.2.1. Les équations de base du modèle

En fonction des hypothèses précédentes, à chaque période t, pour un


pays donné, on a alors les équations suivantes :
-Demande globale : Yt = Ct +It +Gt +Xt (15)
-Production globale : Yt = A ktα Ntj (10’)
-Investissement et dépenses publiques : (12) et (7)
-Consommation privée: Ct =Ntjctj +Ntvctv =Ntjctj +Nt-1j ctv (16)
Les équations sont identiques pour le pays étranger.
Avec : Ct : consommation privée en t ; Xt =-Xt*: exportations nettes du pays
national vers l’autre pays de la zone.
Cela implique : AktαNtj =(Ntjctj+Nt-1jctv) +stNtj +Gt+Xt (17)
De plus, comme l’excédent de la balance courante d’un pays est égal
au déficit de celle de l’autre pays (Xt =-Xt*), (15) implique l’équilibre sur le
marché des biens suivant : Yt +Yt* = Ct +Ct* +It +It* +Gt +Gt* (18)
L’offre de production globale des pays doit être égale à la demande globale
de consommation privée, d’investissement, et de dépenses publiques.

En combinant les équations (4) (7) (12) (13) (14) et (17), on a alors :
α
(1+δ)(1-τ)(1-α)Ak t (1-τ)(1-α)Aktα[1+αAkt+1(α-1)- β]
c tj = >0 ct+1v = >0
(2+δ) (2+δ)
(1-τ)(1-α)Aktα Bt Ft
st = -N j -N j > 0 (4’)
(2+δ) t t
Gt = τNtj (1-α)Aktα +Bt -Ft -(1+αAkt(α-1)-β)(Bt-1-Ft-1) > 0 (7’)
α j
(1-τ)(1-α)Ak t-1 Nt
Xt =αAktαNtj +2Ft +(1+αAkt(α-1)-β){(Bt-1-Ft-1) - } (17’)
(2+δ)(1+n)
(1-τ)(1-α)Aktα (1-β)kt (Bt+Ft)
kt+1 = + (1+n) -(1+n)N j >0 (12’) 9
(2+δ)(1+n) t

2.2.2. Les bornes de l’endettement public national

Les équations précédentes nous permettent déjà de constater qu’il


existe des bornes à la valeur de l’endettement public soutenable pour une
période t donnée. En effet, pour que l’épargne investie par les
consommateurs privés dans l’activité économique productive (st) et que les
dépenses publiques (Gt) soient positives, (4’) et (7’) impliquent :
(1-τ)(1-α)ANtj ktα
Bt < - Ft (19)
(2+δ)
-τNtj (1-α)Aktα < [(Bt+Ft* -(1+rt).(Bt-1+Ft-1*)] < Gt (20)

9 Kt+1-(1-β)Kt (1+n)[Kt+1-(1-β)Kt] (1+n)kt+1Nt+1j (1+n)(1-β)ktNtj


st = Nj = (1+n)N j = N j - (1+n)N j = (1+n)kt+1 -(1-β)kt
t t t+1 t
st (1-β).kt (1-τ).wt bt ft (1-β).kt
Donc : kt+1 = (1+n) + (1+n) = - - + .
(2+δ)(1+n) (1+n) (1+n) (1+n)

8
L’endettement public ne doit donc pas être trop élevé. Il existe une
limite supérieure au niveau de la dette publique de la période t, au delà de
laquelle les jeunes consacrent toutes leurs capacités d’épargne à détenir
cette dette, et ne peuvent donc plus investir dans l’activité productive et
permettre un niveau d’activité économique élevé.
De manière plus précise, plus les ménages nationaux détiennent
d’actifs de la dette étrangère (Ft), moins ils disposent d’une capacité
d’épargne résiduelle pour investir dans la dette du gouvernement national, et
moins cette dette peut être élevée. Au contraire, la dette publique nationale
peut être d’autant plus importante que les ménages étrangers investissent
dans cette dette (F*=-F). De plus, si les taux d’imposition sur les revenus
nationaux (τ) sont élevés, cela signifie que les prélèvements obligatoires
sont élevés pour les ménages, que l’épargne dans l’activité économique
productive est faible, et donc finalement que l’activité économique et les
recettes fiscales sont faibles. La dette publique nationale est donc contrainte
d’être plus limitée. Au contraire, la dette publique peut être d’autant plus
élevée que la préférence pour le présent des ménages nationaux (δ) est
faible. En effet, le futur se trouve alors davantage valorisé, les ménages
nationaux épargnent plus, et l’Etat peut donc davantage s’endetter et profiter
de cette offre d’épargne. La dette publique peut également être d’autant plus
élevée que le niveau de l’activité économique (AktαNtj), source de recettes
fiscales qui serviront en partie à rembourser cette dette, est important.

Enfin, l’augmentation de l’endettement public, envers les ménages


nationaux ou étrangers, doit se limiter au montant nécessaire pour que les
dépenses publiques ne soient pas excessivement contraintes. La dette
publique peut donc d’autant plus s’accroître qu’elle sert à financer des
dépenses publiques fondamentales et productives, sources d’utilité pour les
ménages nationaux. Mais l’endettement de l’Etat ponctionne les capacités
d’épargne des consommateurs jeunes, contraint leur consommation, leur
épargne dans l’activité économique productive et le niveau de l’activité
économique globale. La hausse de la dette publique doit donc rester limitée.
Cependant, la baisse de l’endettement public est également
contrainte par le niveau de l’activité économique et par les revenus des
consommateurs jeunes en t [Ntj(1-α)Aktα]. En effet, plus l’activité
économique et ces revenus sont faibles, plus les recettes fiscales sont
limitées, et moins la dette publique peut être réduite et remboursée. Plus
précisément, une réduction importante de l’endettement suppose un niveau
d’activité et des recettes fiscales importantes. Il existe donc nécessairement
une inertie relativement forte du niveau de la dette publique nationale.

3. Union monétaire et niveaux de l’endettement public

Le modèle utilisé étant présenté, nous pouvons maintenant essayer


de définir le montant optimal de la dette publique nationale, et le sens des
externalités passant par la dette qui existent dans une union monétaire, entre
des pays liés par des relations économiques et financières privilégiées.

9
3.1. Le montant optimal de la dette publique nationale

L’équation (1) et les expressions de Ctj, Ct+1j, Gt, Gt+1 et kt+1 de (4’),
(7’) et (12’) donnent, à l’optimum, l’utilité des consommateurs nationaux
nés en t. Or cette fonction peut nous permettre de discuter de la dette
publique optimale, maximisant l’utilité des consommateurs nationaux.

3.1.1. L’utilité d’un déficit budgétaire temporaire

Tout d’abord, si on analyse l’effet d’une augmentation de la valeur


de la dette publique détenue par les ménages nationaux ou étrangers, donc
de la présence d’un déficit budgétaire national à la période t, on a :
dUt µ
d[Bt+Ft*-(1+rt)(Bt-1+Ft-1*)] = Gt >0 (22)
dUt-1 µ
d[Bt+Ft*-(1+rt)(Bt-1+Ft-1*)] (1+δ)Gt > 0
= (23)
Pour le bien-être des jeunes nés en t comme pour celui des vieux nés
en (t-1), il apparaît donc bénéfique que l’Etat ait des dépenses publiques
supérieures à ses recettes, s’autorise un déficit budgétaire et augmente son
endettement au cours de la période t présente. Et cela est d’autant plus vrai
que les dépenses publiques (Gt) demeurent faibles et peu élevées à la
période t, alors qu’elles sont source d’utilité pour les agents économiques
(que µ est grand), et que la dette publique pourrait donc permettre
d’accroître les biens et les services publics offerts par l’Etat.
Ainsi, le déficit accroît naturellement d’autant plus l’utilité des
agents en t que µ est grand, que les dépenses publiques sont sources d’utilité
pour les agents, alors qu’elles n’interviennent pas dans la contrainte
budgétaire et sont “sans coûts” pour les consommateurs. En effet, à la
période (t+1) future, les jeunes bénéficieront des mêmes intérêts versés par
l’Etat qu’avec une autre forme d’épargne productive, et comme les dépenses
publiques actuelles sont plus élevées, leur utilité intertemporelle est donc
accrue. Quant aux vieux nés en (t-1), leur bien-être est également accru par
l’endettement supplémentaire de la période t. En effet, ils bénéficient d’une
augmentation des dépenses publiques à la période t, alors que le poids du
remboursement de la dette pèsera seulement sur les générations actuelles les
plus jeunes ou sur les générations futures. Néanmoins, le déficit budgétaire
d’une période t donnée accroît proportionnellement moins l’utilité des vieux
que celle des jeunes générations, en raison de la préférence pour le présent.

3.1.2. Mais le poids de l’endettement public

Certes, pour les vieux nés en (t-1), on obtient :


dUt-1 µ dGt µ
d(Bt+Ft*) = (1+δ)Gt.d(Bt+Ft*) = (1+δ)Gt > 0 (24)
Ainsi, la dette publique est bénéfique aux générations les plus âgées, dans la
mesure où l’endettement actuel (le déficit budgétaire) peut leur permettre de
bénéficier d’un niveau de dépenses publiques plus élevé, alors qu’elles ne

10
subiront pas les conséquences du poids du remboursement de la dette.
Néanmoins, pour les plus jeunes comme pour les générations futures,
accumuler des déficits budgétaires est une politique qui n’est bénéfique qu’à
court terme, et qui hypothèque généralement plus ou moins lourdement
l’avenir. En effet, pour les générations futures qui naîtront en (t+1), on a :
dUt+1 µ dGt+1 -µ (1+αAkt+1(α-1)-β)
d(Bt+Ft*) = Gt+1.d(Bt+Ft*) = Gt+1 <0 (25)
Il apparaît donc évident que le stock de dette publique actuel
handicape les générations futures. En effet, la dette de la période t portera
intérêt à la période (t+1), l’Etat aura alors des capacités financières
moindres pour réaliser des dépenses publiques, et Gt+1 sera plus faible. Le
stock de dette publique est donc d’autant plus néfaste au bien-être des
générations futures qu’il limite les dépenses publiques futures réalisables
par l’Etat. L’endettement de l’Etat en t est d’autant plus nuisible qu’il est
synonyme de faiblesse de la capacité de financement de l’Etat, des dépenses
publiques et de l’activité en (t+1). Ainsi, la dette publique est naturellement
un poids d’autant plus lourd pour les générations futures que les charges
d’intérêt sur cette dette (rt+1) seront élevées, que l’accumulation du capital
par tête (kt+1) et que le niveau de l’activité économique seront faibles dans le
futur.

Pour les jeunes générations nées à la période t présente, les


conséquences de l’endettement public sont plus ambiguës. En effet, on a :
dUt µ µ (1+αAkt+1(α-1)-β)
d(Bt+Ft*) Gt -
=
(1+δ)Gt+1
(26)
Ainsi, dans l’état stationnaire d’équilibre de long terme, si les
dépenses publiques restent stables d’une période à l’autre [Gt=Gt+1=G], on
a:
dUt µ (δ+β-αAkt+1(α-1)) µ (δ-rt+1)
d(Bt+Ft*) = = (27).
(1+δ)G (1+δ)G
Si le taux de préférence pour le présent est exactement égal au taux
d’intérêt futur, la dette publique est donc sans conséquences pour le bien-
être des jeunes consommateurs. En revanche, la dette publique est plutôt
bénéfique pour les jeunes générations si rt+1<δ, si les taux d’intérêt sur cette
dette sont faibles, et néfaste si rt+1>δ, si les taux d’intérêt sont élevés.
Nous retrouvons donc ici un résultat déjà démontré dans la littérature
économique. La dette publique peut être bénéfique dans une situation de
suraccumulation du capital (si kt+1 est élevé), car elle permet alors de réduire
l’investissement dans le stock de capital productif en offrant d’autres
débouchés à l’épargne des jeunes consommateurs. En revanche, si le capital
par tête est faible, en situation de sous -accumulation du capital, les intérêts
et les charges du remboursement de la dette publique sont excessifs, pèsent
sur le budget de l’Etat et contraignent les dépenses publiques. Le stock de la
dette publique de l’Etat se révèle alors extrêmement néfaste, car il est un
poids beaucoup trop lourd pour les jeunes, qui subiront à la période suivante
le coût du remboursement de cette dette en termes de réduction des
dépenses publiques et de baisse du niveau de l’activité économique.

11
De manière plus précise, les différents paramètres de notre modèle et
le niveau du capital par tête (kt) n’influencent pas de manière claire et
univoque les conséquences pour le bien-être de l’endettement public (cf.
Annexe A). Néanmoins, la dette publique détenue par les consommateurs
nationaux apparaît d’autant moins néfaste qu’elle reste modérée
[d(dUt/d(Bt+Ft*))/dBt<0]. En effet, les charges du remboursement de cette
dette pour l’Etat limitent les dépenses publiques actuelles et futures. De
plus, l’épargne des consommateurs nationaux investie dans l’achat de titres
de la dette publique nationale réduit d’autant l’épargne disponible pour
investir dans l’activité économique productive (cf. (4’)), l’investissement en
capital, et donc par conséquent le capital par tête futur. En revanche, la dette
publique détenue par les ménages étrangers a un effet beaucoup plus ambigu
sur le bien-être des ménages nationaux [signe de d(dUt/d(Bt+Ft*))/dFt*
incertain]. En effet, même si les charges de son remboursement pèsent sur le
budget de l’Etat national, le fait que les ménages étrangers participent à
détenir la dette publique nationale a l’effet positif de permettre aux ménages
nationaux de davantage consacrer leur propre épargne à investir dans
l’activité économique productive. Cela pourrait donc accroître le capital par
tête et le niveau de l’activité économique de la période suivante (t+1).
Enfin, il apparaît également que prévoir un déficit budgétaire pour la
période (t+1) future rend l’endettement public plutôt bénéfique pour le bien-
être des jeunes. En effet, les jeunes générations perçoivent alors la hausse de
l’endettement comme synonyme de dépenses publiques (Gt+1) plus élevées
dans le futur, ce qui accroît leur utilité actualisée. Au contraire, si le déficit
augmente à la période actuelle, la dette publique apparaît plutôt néfaste. En
effet, si la hausse actuelle de l’endettement s’explique par le déficit
budgétaire de la période, cela signifie que les recettes fiscales ont tendance à
être insuffisantes par rapport au niveau des dépenses publiques, que le
niveau de l’activité économique est faible, et que l’économie connaît donc
sans doute une situation de sous-accumulation du capital.

3.1.3. Conclusion

En conclusion, nous avons montré que pour le pays national, il existe


un effet ambigu de l’accumulation d’un déficit budgétaire. En effet, si ce
déficit est naturellement bénéfique à court terme, puisqu’il permet la hausse
des dépenses publiques, à plus long terme, le stock de la dette publique est
en revanche souvent néfaste. En effet, l’endettement public handicape
l’avenir des générations futures, et il est néfaste pour les jeunes générations
en cas de sous-accumulation du capital. C’est pourquoi, comme le souligne
Huber (1998), des contraintes budgétaires comme celles du Pacte de
Stabilité et de Croissance peuvent être utiles, non seulement pour réduire
l’inflation et la dette publique globale, mais aussi pour augmenter le niveau
de l’activité économique et accroître le bien-être dans une union monétaire.
Mais en réalité, notre modèle montre que le montant optimal de la
dette publique à détenir est difficile à déterminer pour le gouvernement ;
rien ne prouve que ce montant doive tendre vers zéro. Nous avons montré
qu’il existe un niveau maximal de la dette publique pour que
l’investissement dans l’activité économique productive reste positif, et des

12
bornes au niveau du déficit public. Mais la dette publique optimale dépend
de manière fondamentale de l’accumulation du capital dans l’économie.

Ainsi, Artus (2000) a montré que la hausse de la dette publique a


souvent un effet négatif sur le bien-être, dans la mesure où elle réduit le
capital par tête, ce qui diminue les recettes fiscales et nécessite d’accroître
les taux d’imposition sur les salaires. Cela est vrai même si la hausse de
l’endettement accroît aussi les taux d’intérêt payés sur la dette publique, et
augmente le bien-être des retraités. Néanmoins, l’auteur montre aussi qu’il
peut être optimal de différer la réduction de la dette publique et l’ajustement
si les taux d’intérêt réels sont faibles (la dette augmente alors peu dans le
temps), donc si la dette publique est peu importante et le capital privé élevé.
De même, l’ajustement doit être retardé si la conjoncture est mauvaise, pour
éviter un ajustement budgétaire restrictif coûteux aux générations courantes.
De la même façon, notre modèle montre également que la dette
publique est toujours néfaste si son montant est excessif, surtout si elle est
détenue par les ménages nationaux. Et nous montrons également que pour
les générations actuelles, une hausse de la dette publique peut être bénéfique
en cas de suraccumulation du capital (si kt+1 est élevé), et donc si les taux
d’intérêt sur cette dette sont faibles. Ainsi, les pays qui disposent de recettes
fiscales conséquentes, dont les niveaux d’activité économique et de capital
par tête sont suffisamment élevés, peuvent se permettre d’avoir un niveau
d’endettement plus élevé. En effet, ils dégagent des capacités financières
suffisantes pour satisfaire à la fois aux charges du remboursement de la
dette et aux besoins en biens publics de la population. De plus, la dette
publique leur permet de réduire leur investissement et leur suraccumulation
du capital dans l’économie. La dette publique ne doit donc pas être
considérée comme un moyen de pallier à des recettes fiscales insuffisantes
et au déséquilibre du budget de l’Etat, puisque seuls les pays qui disposent
de recettes fiscales conséquentes peuvent se permettre d’avoir un stock de
dette publique élevé.

Enfin, Crettez et alii (1997) avaient montré que les pays dont les
ménages ont une forte préférence pour le présent peuvent avoir intérêt à
s’endetter de manière plus importante que les pays qui épargnent beaucoup.
Pour cela, ils utilisent un modèle à générations imbriquées, avec dépenses
publiques productives et croissance endogène, et avec deux modes de
financement pour l’Etat : par impôts (ce qui implique l’équilibre budgétaire)
ou par dette publique. Ils montrent alors que le taux de croissance associé à
un financement par dette est toujours inférieur. Cependant, si le taux
d’escompte social (préférence pour le présent) est élevé, l’économie a
intérêt à se financer par dette et à connaître une croissance plus faible.
Or sur ce point, les résultats de notre modèle apparaissent plus
ambigus. En effet, une préférence élevée pour le présent rend certes
l’endettement public bénéfique, dans la mesure où la dette contraint les
jeunes consommateurs à épargner dans des titres de la dette publique, et
permet donc un niveau de dépenses publiques plus élevé, alors que
l’épargne spontanée des consommateurs serait autrement trop faible.
Néanmoins, une forte préférence pour le présent limite aussi
l’investissement dans l’activité économique productive ; la sous-

13
accumulation du capital due à l’insuffisance d’épargne rend alors la dette
publique néfaste. De plus, un pays où l’épargne privée est spontanément
trop faible devrait avoir un solde public plutôt excédentaire, puisque la
consommation privée soutient déjà l’activité et la demande. Le signe de
d(dUt/d(Bt+Ft*))/dδ reste donc ambigu.

3.2. Les externalités passant par la dette publique

Etudions maintenant les externalités budgétaires passant par la dette


publique dans une union monétaire, en utilisant (1) et les expressions des
variables nationales en fonction des variables étrangères de l’Annexe B 10.

3.2.1. Des externalités ambiguës de la dette publique étrangère

Grâce aux équations ci-dessus mentionnées, nous pouvons constater


que la dette du pays étranger contractée auprès de ses propres ressortissants
a un effet assez ambigu sur le bien-être des agents économiques nationaux.
Tout d’abord, nous retrouvons le fait que l’augmentation du déficit
budgétaire du pays étranger a, comme l’augmentation du déficit du pays
national, un effet immédiat bénéfique sur le bien-être des consommateurs
nationaux, jeunes ou âgés. En effet, pour une période t donnée, ce déficit est
susceptible d’accroître l’activité économique globale dans toute l’union
monétaire, les revenus et les recettes fiscales du pays national, et donc les
dépenses publiques courantes pouvant être financées dans le pays national.
dUt µ dUt-1 dUt-1 µ
d[Bt*-(1+rt)Bt-1*] =Gt >0 (28) d[Bt*-(1+rt)Bt-1*]= dBt* =(1+δ)Gt>0 (29)
En revanche, l’endettement public du pays étranger est, comme celui
du pays national, le plus souvent nuisible au bien-être des générations à
naître dans le pays national. En effet, cette dette sera une charge pour le
pays étranger à la période (t+1) suivante, ce qui diminuera les dépenses
publiques qui peuvent être financées à l’étranger, et donc l’activité
économique et le bien-être dans toute la zone monétaire. De plus, la dette
publique contractée par l’étranger réduit l’investissement productif, le
capital par tête et donc l’activité économique globale pour toutes les
périodes futures.
dUt+1 (1+αAkt+1(α-1)-β) (1-τ)α(1-α)2A2 kt+1α kt+2(α-2)
= - j α [(2+δ) - ]
dBt* αA(1+δ)(1+n)Nt kt+1 (1+αAkt+2(α-1)-β) (1+n)(2+δ)
µ (τ+α-ατ)(1+αAkt+1(α-1)-β)
- (30)
α Gt+1

Quant aux conséquences de l’endettement du pays étranger contracté


auprès de ses propres ressortissants sur le bien-être des agents économiques

10 d(log ctj) 1 d(ktα)


(4’) implique : dy = α . dy
kt
v
d(log ct+1 ) 1 (α-1) d(Aktα) 2 α (α-2)dkt+1
dy = α (α-1) [(1+αAk t+1 -β) dy -α(1-α)A kt kt+1 dy ]
Akt [1+αAkt+1 -β]

14
nationaux jeunes en t, l’effet reste assez ambigu. En effet, l’endettement du
pays étranger permet une augmentation immédiate de l’activité économique
globale et des dépenses publiques, étrangères mais aussi nationales.
Néanmoins, cela se fait au détriment de l’activité économique et des
dépenses publiques futures, qui seront plus faibles en (t+1), quand il faudra
rembourser cette dette publique. Enfin, l’endettement étranger en t (Bt*)
diminue l’investissement productif global et donc le capital par tête futur,
dans le pays étranger mais aussi dans le pays national (kt+1 diminue). Les
taux d’intérêt futurs sont donc accrus, ce qui augmente les revenus futurs et
la consommation future anticipée des jeunes en (t+1).
dUt µ µ(τ+α-ατ)(1+αAkt+1(α-1)-β) α(1-α)Akt+1(α-2)
= - +
dBt* Gt α (1+δ) Gt+1 (1+δ)(1+αAkt+1(α-1)-β)(1+n)Ntj
(31)

3.2.2. Et dont l’ampleur est variable

Si on étudie maintenant les dérivées de la fonction (31) (cf. Annexe


C), on constate que les externalités budgétaires passant par la dette publique
sont d’une ampleur variable, en fonction de différents paramètres.
Tout d’abord, tout comme la dette publique nationale, la dette
publique étrangère apparaît d’autant plus néfaste pour les agents
économiques nationaux que son montant est élevé, et qu’elle tend donc à
être excessive [d(dUt/dBt*)/d(Bt+Bt*) est plutôt négatif]. En effet, un
endettement trop important représente une charge lourde pour le budget de
l’Etat, qui limite le niveau des dépenses publiques et de l’investissement, et
réduit donc le capital par tête et l’activité économique potentielle future.
Ensuite, la dette du pays étranger est d’autant plus bénéfique aux
consommateurs nationaux qu’on anticipe une hausse de l’endettement
public global dans le futur. En effet, cela permet d’anticiper des dépenses
publiques plus élevées à l’avenir, et que l’activité, les revenus, la
consommation et le bien-être des consommateurs nationaux seront plus tard
accrus. Au contraire, la dette étrangère est d’autant plus néfaste aux agents
économiques nationaux que l’endettement public global augmente au cours
de la période présente. En effet, cela signifie que les recettes fiscales et
l’activité économique globale sont actuellement insuffisantes. La zone
monétaire connaît donc sans doute une sous -accumulation du capital, et la
dette publique étrangère évince une part trop importante de l’épargne de
l’investissement dans l’activité économique productive (cf. section 3.1.2).

4. Les enseignements empiriques du modèle

D’après notre modèle théorique, la dette publique serait donc


d’autant moins néfaste au bien-être des consommateurs nationaux ou
étrangers qu’elle reste modérée, que le pays a une activité économique et un
capital par tête élevés et qu’il connaît un excédent budgétaire conséquent.
Quelles sont alors les implications de ce modèle pour analyser les niveaux
empiriques de la dette publique dans les différents pays européens ?

15
4.1. Des dettes excessives en Italie, en Belgique et en Grèce

Les pays dont les niveaux d’endettement public sont les plus
dangereux aujourd’hui (dont la dette publique dépasse 100% du PIB) sont la
Belgique, l’Italie et la Grèce, car nous avons montré que la dette publique
est de toutes les façons néfaste si elle devient excessive.
Or certaines caractéristiques supplémentaires rendent les dettes
publiques de la Belgique et de l’Italie particulièrement dangereuses. En
effet, la croissance de l’activité économique reste plutôt faible dans ces deux
pays, en dessous de la moyenne communautaire, et les recettes fiscales sont
donc peu importantes. Même si la dette de ces pays se réduit à un rythme
relativement lent depuis 1999, il semble donc que le manque de recettes
fiscales et le poids des intérêts de la dette publique y entretiennent la
faiblesse de l’activité économique, l’endettement public excessif,
l’insuffisance de l’investissement et de l’accumulation du capital productif.
Néanmoins, la Belgique a aujourd’hui un solde budgétaire excédentaire
(0,4% du PIB en 2003), alors que l’Italie connaît un déficit budgétaire
important (-2,4% du PIB), et elle pourrait avoir très bientôt de grandes
difficultés pour respecter les contraintes du Pacte de Stabilité. La dette
publique italienne semble, de ce point de vue, plus lourde à supporter pour
les finances publiques et beaucoup plus néfaste que celle de la Belgique.
Le cas de la Grèce est un peu différent. Ainsi, le taux de croissance
de l’activité économique grecque est aujourd’hui très élevé par rapport à la
moyenne des taux de ses partenaires européens, ce qui rend la dette
publique de la Grèce soutenable pour elle-même comme pour ses
partenaires. En effet, cette activité économique élevée lui permet de dégager
des recettes fiscales importantes, nécessaires au remboursement de sa dette.
L’investissement économique productif comme l’accumulation du capital
apparaissent élevés en Grèce, et ne semblent pas exagérément pâtir d’un
endettement public excessif. Néanmoins, le niveau élevé de l’activité
économique ne semble pas suffisant pour que le gouvernement grec puisse
dégager toutes les ressources fiscales nécessaires au remboursement du
niveau important de sa dette publique. En effet, on a découvert récemment
que le déficit budgétaire grec était en réalité de 4,6% du PIB en 2003, et
qu’une fraude avait dissimulé qu’il violait depuis longtemps les contraintes
du Pacte de Stabilité et de Croissance. Ce déficit est un signe du poids et du
caractère nuisible de la dette publique, dette qui s’étaitt même légèrement
accrue en Grèce entre 1999 et 2002 alors qu’elle diminuait en Italie et en
Belgique. Comme pour ces deux derniers pays, il serait donc tout à fait
souhaitable que la Grèce réduise le niveau de sa dette publique.

16
Tableau 1 : Situation économique des pays de l’Union européenne
Solde public Dette publique Activité
2001 2002 2003 2000 2001 2002 2003 2001 2002 2003
Allemagne -2,8 -3,7 -3,8 60,2 59,4 60,9 64,2 0,8 0,2 -0,1
Autriche 0,3 -0,2 -1,1 67,0 67,1 66,6 65,1 0,8 1,4 0,9*
Belgique 0,6 0,1 0,4 109,1 108,1 105,8 100,7 0,6 0,7 0,8*
Danemark 2,0 0,7 0,3 52,3 49,2 48,8 45,9 1,6 1,0 0,0
Espagne -0,4 -0,1 0,4 61,1 57,5 54,4 50,7 2,8 2,0 2,4
Finlande 5,2 4,3 2,3 44,6 43,8 42,6 45,6 1,1 2,3 1,9
France -1,5 -3,2 -4,1 56,8 56,5 58,8 63,7 2,1 1,2 0,1*
Grèce -3,7 -3,7 -4,6 114,0 114,7 112,5 109,9 4,0 3,8 4,7
Irlande 0,9 -0,2 0,1 38,3 35,9 32,7 32,1 6,2 6,9 1,6*
Italie -2,6 -2,3 -2,4 111,2 110,6 107,9 106,2 1,8 0,4 0,3
Luxembourg 6,4 2,8 0,8 5,5 5,5 5,7 5,4 1,2 1,3 1,2*
Pays-Bas -0,1 -1,9 -3,2 55,9 52,9 52,6 54,1 1,2 0,2 -0,9*
Portugal -4,4 -2,7 -2,8 53,3 55,8 58,4 60,3 1,7 0,4 -0,8*
Royaume-Uni 0,7 -1,7 -3,3 42,0 38,8 38,3 39,8 2,1 1,7 2,3
Suède 2,8 -0,0 0,3 52,8 54,4 52,6 52,0 0,9 1,9 1,6
EU 15 -1,1 -2,1 -2,7 64,1 63,3 62,7 64,3 1,7 1,0 0,7
Solde public : besoin (capacité) de financement net(te) du secteur consolidé
des administrations publiques (en % du PIB)
Dette publique : brute consolidée des administrations publiques (% du PIB)
Activité : taux de croissance du PIB à prix constants (1995=100), variation
en % par rapport à l’année précédente * prévisions
Source : site internet d’Eurostat

4.2. La situation contrastée des autres pays européens

Si chacun s’accorde à dire que les niveaux de l’endettement public


doivent être réduits en Italie, en Belgique et en Grèce, quelle est la situation
des autres pays européens ? La dette publique doit-elle tendre à être réduite
pour devenir négligeable dans tous les pays de l’Union européenne ?
L’Allemagne devrait sans doute accentuer ses efforts pour réduire sa
dette publique trop élevée (64,2% du PIB en 2003) et en hausse depuis
2001. En effet, son déficit budgétaire est aujourd’hui excessif (-3,8% du
PIB), et l’activité économique y est devenue léthargique depuis quelques
années, deux caractéristiques qui rendent la dette publique allemande
particulièrement néfaste. La France devrait également réduire une dette
publique trop élevée (63,7% du PIB) et qui continue d’augmenter, car
comme en Allemagne, le déficit public français s’accroît rapidement depuis
2002 et a dépassé la limite autorisée par le Pacte de Stabilité et de
Croissance, le poids du remboursement de la dette étant lourd pour le
budget de l’Etat. De plus, la croissance de l’activité économique est très
moyenne en France, et est même tombée en dessous de la moyenne
communautaire en 2003.
Le Portugal devrait aussi réduire sa dette publique élevée (60,3% du
PIB), car son déficit budgétaire a atteint un record (-4,4% du PIB en 2001
mais -2,8% en 2003), la dette portugaise s’accroît depuis 2000, et l’activité
économique y est très faible. De même, les Pays-Bas devraient réduire le
niveau d’une dette encore élevée (54,1% du PIB) et qui a augmenté en 2003

17
alors qu’elle diminuait régulièrement depuis 1999 ; l’activité économique y
est particulièrement faible, et le déficit du pays augmente rapidement depuis
2002. Le cas de l’Autriche reste relativement ambigu.

Au contraire, la situation des autres pays de l’Union européenne


apparaît bien meilleure au regard de notre modèle. Ainsi, on peut considérer
que l’endettement assez élevé de l’Espagne (50,7% du PIB en 2003) reste
relativement acceptable, car l’activité économique est très soutenue dans ce
pays, la situation budgétaire y est devenue équilibrée, et la dette publique
diminue régulièrement depuis 1998. De même, l’endettement du Royaume-
Uni (39,8% du PIB) reste très modéré, et ce pays connaît seulement depuis
peu une détérioration de ses comptes et un déficit budgétaire ; avant la
hausse de 2003, la dette publique britannique avait diminué régulièrement
depuis 1999, et l’activité économique y est plus élevée que chez la plupart
de ses partenaires européens. L’endettement des pays nordiques semble
également plutôt soutenable. La dette publique est assez élevée en Suède
(52% du PIB), mais l’activité économique y est supérieure à la moyenne
communautaire depuis 2002 et le solde budgétaire est largement
excédentaire. La dette est moyenne au Danemark (45,9% du PIB), ainsi que
la croissance de l’activité économique (mais elle est devenue nulle en
2003) ; néanmoins, l’excédent budgétaire est élevé, et la dette diminue
depuis 2000. Enfin, la dette publique est également moyenne en Finlande
(45,6% du PIB), mais son taux de croissance est plus élevé que chez la
plupart de ses partenaires depuis 2002 et son excédent budgétaire est
considérable.
Et surtout, d’après notre modèle, le pays européen dont la dette
publique pose le moins de problèmes, hormis le Luxembourg dont la dette
est tout à fait négligeable et dont le solde public est largement excédentaire,
est sans doute l’Irlande. En effet, sa dette publique est assez limitée
aujourd’hui (32,1% du PIB en 2003) et elle diminue depuis 1999, l’excédent
budgétaire y a longtemps été important (mais il est seulement de 0,1% du
PIB en 2003), et l’activité économique y est extrêmement élevée (le PIB a
augmenté de 6,9% en 2002, puis de 1,6% seulement en 2003).
En conclusion, les dettes publiques ne doivent pas forcément toutes
être limitées et réduites de la même façon dans tous les pays européens.
D’après notre modèle, les niveaux de l’endettement public de certains pays,
et en particulier de l’Irlande ou du Luxembourg, ne poseraient pas de
problèmes ; ils seraient même plutôt bénéfiques au bien-être de leurs
propres ressortissants et à celui de leurs partenaires au sein de l’Union
européenne.

5. Conclusion

Notre modèle nous a donc permis de montrer que s’il existe des
effets bénéfiques immédiats à contracter un déficit budgétaire, en revanche,
le stock de la dette publique hypothèque l’avenir dans une optique de plus
long terme, et il peut diminuer le bien-être des jeunes générations dans une
situation de sous-accumulation du capital. De plus, une dette publique très

18
élevée est toujours néfaste, ce qui peut expliquer l’utilité de contraintes
budgétaires comme celles du Pacte de Stabilité et de Croissance. Mais notre
modèle montre également que l’endettement public d’un pays peut parfois
être bénéfique au bien-être de ses propres ressortissants comme à celui de
ses partenaires financiers et commerciaux. Ainsi, un pays qui connaîtrait
une situation de suraccumulation du capital, un niveau d’activité
économique élevé, et qui disposerait donc des recettes fiscales conséquentes
nécessaires au remboursement de sa dette, aurait tout intérêt à s’endetter. En
effet, cette dette serait susceptible d’accroître son bien-être et celui de
l’ensemble de la zone monétaire. De même, la dette publique d’une pays est
d’autant plus bénéfique qu’elle diminue et que ce pays dégage un excédent
budgétaire.
Au regard de ces critères, nous avons alors cherché à déterminer
quels pays européens pouvaient davantage se permettre d’avoir une dette
publique importante. En effet, s’il existe certes un niveau maximal de
l’endettement public soutenable, il n’est pas forcément optimal que la dette
publique tende de la même façon à devenir très faible, voire à s’annuler
dans tous les pays de l’Union européenne. Or c’est pourtant un objectif
sous-jacent dans le Pacte de Stabilité et de Croissance, dans la mesure où
une situation budgétaire “équilibrée en période de croissance normale”
signifie à terme la diminution jusqu’à annulation de toutes les dettes
publiques. Notre modèle montre donc que certains pays européens peuvent,
et devraient même, conserver une faible dette. Ainsi, les dettes élevées de la
Belgique, de l’Italie ou de la Grèce doivent sans doute aujourd’hui être
réduites. En revanche, le Luxembourg ou l’Irlande auraient tout intérêt,
d’après notre modèle, à conserver des dettes publiques certes modérées,
mais positives.

Annexe
A. Etude de dUt / d(Bt+Ft*)
dUt µ (1+αAkt+1(α-1)-β)
d(d(B +F *)) /d[Bt+1+Ft+1* -(1+rt+1)(Bt+Ft*)] = >0
t t (1+δ) Gt+12
dUt µ
d(d(B +F *)) /d[Bt+Ft* -(1+rt)(Bt-1+Ft-1*)] = - G 2 < 0
t t t
dUt µ µ (1+αAkt+1(α-1)-β)2 Ht
d(d(B +F *)) /dBt = - G 2 - 2 -(1+n)N j < 0
t t t (1+δ) Gt+1 t
(α-1) 2
dUt µ µ (1+αAkt+1 -β) Ht
d(d(B +F *)) /dFt* = - G 2 - 2 +(1+n)N j
t t t (1+δ) G t+1 t
dUt µ (1+αAkt+1(α-1)-β) (1-τ)(1-α)Aktα Ht
d(d(B +F *)) /dδ = -
t t (1+δ)2 Gt+1 (1+n)(2+δ)2
µα(1-α)Akt+1(α-2)
où : Ht = [(1+Akt+1(α-1)-β)τ(1+n)Ntjkt+1 +(Bt+1+Ft+1*)] > 0
(1+δ)Gt+12
autres dérivées : signes indéterminés.

B. Variables nationales et variables étrangères


Avec (17’), Xt=-Xt*, et 1+rt =(1+αAkt(α-1)-β) =1+rt*, on obtient :
αAkt Ntj = -α*A*kt*α*Ntj* -(1+αAkt(α-1)-β).(Bt-1+Bt-1*)
α

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(1-τ)(1-α)Akt-1αNtj (1-τ*)(1-α*)A*kt-1*α*Ntj*
+(1+αAkt(α-1)-β).{ + }
(2+δ)(1+n) (2+δ*)(1+n*)
Avec (9), (13), (14) et (12’), et en remplaçant (AktαNtj) par sa valeur:
[τ*α(1-α*)-τα*(1-α)]
Gt +Gt* = A*kt*α*Ntj* +Bt+Bt*
α
(τ+α-ατ)
- (1+αAkt(α-1)-β).(Bt-1+Bt-1*)
α
τ(1-α) (α-1) (1-τ)(1-α)Akt-1αNtj (1-τ*)(1-α*)A*kt-1*α*Ntj*
+ (1+αAkt -β) { + }
α (2+δ)(1+n) (2+δ*)(1+n*)
[(1-τ*)(1-α*)α(2+δ)-(1-τ)(1-α)α*(2+δ*)]A*Ntj*kt*α* (1+n*)Ntj*kt+1*
kt+1= - (1+n)N j
α(2+δ*)(2+δ)(1+n)Ntj t
j j
[(1-β)Nt kt +(1-β*)Nt * kt* -Bt -Bt*] (1-τ)(1-α)
+ j + (1+αAkt(α-1)-β).
(1+n)Nt α(2+δ)(1+n)Ntj
(1-τ)(1-α)Akt-1αNtj (1-τ*)(1-α*)A*kt-1*α*Ntj*
{ + -Bt-1 -Bt-1*}
(2+δ)(1+n) (2+δ*)(1+n*)

C. Etude de dUt / dBt*


dUt µ (τ+α-ατ)(1+αAkt+1(α-1)-β)
d(dB *) /d[Bt+1+Bt+1* -(1+rt+1)(Bt+Bt*)] = >0
t α (1+δ) Gt+12
dUt µ
d(dB *) /d[Bt+Bt* -(1+rt)(Bt-1+Bt-1*)] = - G 2 < 0
t t
dUt µ µ (τ+α-ατ)2 (1+αAkt+1(α-1)-β)2 Ht*
d(dB *) /d(Bt+Bt*) = - G 2 - 2 2 - (1+n)N j
t t α (1+δ) Gt+1 t
(1-α)αAkt+1 [(2-α)(1-β)+αAkt+1 ] µ(τ+α-ατ)(1-α)Akt+1α-2
α-3 α-1
où : Ht*= - + .
(1+αAkt+1(α-1)-β)2 (1+δ)(1+n)Ntj α(1+δ)Gt+12
{[τ*α(1-α*)-τα*(1-α)]A*kt+1*α*Nt+1j* +α(Bt+1+Bt+1*-Gt+1*)}
autres dérivées : signes indéterminés.

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