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cette du dogmatisme.

L’activité théorique quelqu’un qui a écrit ce poème, qui s’appelle


n’est pas un e contemplative (pour ceux qui Trakl, par exemple, poème distinct du dic­
expliqueraient la théorie par l’étymologie du tionnaire étymologique et de la langue.
mot « théorie », qui est l’action de voir du La poétique ne consiste pas à parler de la poé­
spectateur, et la contemplation par l’esprit), sie. Les deux mots parler de disent précisé­
ni une spéculative, pour ne pas dire specu­ ment ce qui rend leurs propos impossible.
late, prenant pour but son propre forma­ Parler de n’a empiriquement qu’un sens :
lisme. L’activité théorique se fait par la ques­ pratiquer une dualité connue, présupposer
tion d’une pratique sur son comment, son dans le poème le sens, qu’on paraphrase en­
pourquoi. Ce serait l’épistémologie au sens suite. Sans plus pouvoir même demander
large, une réflexion sur les conditions du s’il n’y a pas une spécificité du mode de
savoir, mais avec ce lien, capital, à une pra­ signifier du poème, et donc de le comprendre
tique. En distinguant au moins deux savoirs : — de ne pas le comprendre. La poétique
celui qui se connaît comme tel, le savoir du n’est donc pas un discours sur. Ce discours
savoir, et le savoir de la pratique. Les deux sur existe, il a de nombreuses variétés. Mais
pouvant parfaitement s’ignorer et cohabiter la poétique est une interaction de la réflexion
chez un seul et le même. Derrida, par et de l’activité poétique. Elle a sa part de non
exemple, connaît et commente Saussure, conceptualise - non conceptualisable, jusqu’ici,
comme qui ne fait pas aujourd’hui, et il dans le travail vers le concept, qui fait la
pratique une linguistique pré-saussurienne, passion théorique. Le discours théorique est
une linguistique du mot, une mythologie de un mode spécifique du subjectif pour tendre
l’étymologie et de la motivation naturelle. vers l’intersubjectif et le référentiel, l’imper­
La théorie est un discours. Elle est un dis­ sonnel, qu’il faudrait appeler le transperson­
cours de la démonstration, une recherche de nel. Il y a une affectivité du théorique. L’écri­
la démonstration. Pas ce mode d’affirma­ ture théorique de Saussure est sa manière
tion, ce discours qui dit le vrai, et qui fait d’écrire sa vie. Rien n’y est plus opposé, par
l’adhésion charismatique, dans la philoso­ exemple, que l’arrogance et le manque de
phie contemporaine. La poésie, elle, n'est pas rigueur chez Hjelmslev. Tombeau de Du
démonstration. En un sens, l’affirmation est Bellay parle la poésie, pas de la poésie. La
le mode majeur de la poésie. Ce qu’elle par­ technique du poème-déception, et la poétique
tage avec ce discours philosophique et my­ comme non-assurance, les mots bouturés, les
thique qui justement, depuis quelques temps, néologismes agglutinés, les sarcasmes du lan­
et de plus en plus, poétise. Or une tradition gage pour la disneylaideur du monde dans
moderne, qui aboutit, par exemple, à Barthes, Interdictions du séjour — c’est une poétique
a retiré la poésie du discours, et le discours et une poésie qui se font l’une dans l’autre,
de la poésie. Plus on a valorisé et poétisé la par l’autre. Ou, chez Roubaud, la théorie
poésie, plus on l’a retirée du discours. Il me métrique et la contrainte des nombres japo­
semble qu’il y a eu là une confusion, entre nais.
le discursif narratif ou démonstratif, et la La poétique est une pensée « à et par la
notion linguistique de discours — activité de poésie » {Reliefs, p. 81). Historique en ce
langage d’un sujet dans une société et dans qu’à chaque chercheur-trouveur elle est aussi
une histoire. Il me semble qu’il importe personnelle et impersonnelle que le poème
aujourd’hui de marquer, pour la poésie, lui-même. Nerval parlait de la longue étude
contre l’adoration (philosophique) de la poé­ de la poétique. Ses références ne sont plus
sie, que la poésie est discours. Spécifique. Une les nôtres. Aujourd’hui les sciences humaines,
énonciation à ré-énonciation. Discours s’op­ les recherches sur le langage font un savoir
posant alors à la langue, au savoir de la lan­ qui agit sur l’écriture. Le problème d’écri­
gue, au travail de la langue où l’étymologie ture est alors : Est-ce qu’on écrit avec ce
de Heidegger évacue le sujet, où le vieil-haut- savoir? par ce savoir? ou dans ce savoir et
allemand et une racine indo-« germanique » malgré lui? Matisse dans Jazz parlait du
tiennent lieu à la fois de la signifiance du peintre qui sait tout en l’oubliant. Et Apolli­
poème et de l’inscription qui y figure de ce naire : Où est le Christophe Colomb à qui

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