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Université de Mansourah

Faculté de Pédagogie
Département du Français

LA LINGUISTIQUE
(F.227)
DEUXIÈME ANNÉE
DEUXIÈME SEMESTRE

DR. ABDELWAHAB ELSAADANI


Professeur en linguistique française
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(2)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Descriptif académique d'un programme d'enseignement


1) Identification du Programme:

Appellation de la matière d'enseignement linguistique

Année et semestre d’étude 2ième année/2ième semestre


Code du programme F227
Nombre d'heures hebdomadaires 3 heures
Répartition du nombre d'heures Conférences (3)
hebdomadaires
Enseignant chargé de la matière Dr. Abdelwahab

2) Objectifs du Programme d'Enseignement:


1. déterminer la spécificité du langage humain.
2. reconnaître les fonctions des éléments de la linguistique française
(phonologie, morphologie, et syntaxe, ...etc.).
3. distinguer la sémiologie et la linguistique.
4. comprendre la théorie classique et la théorie moderne de la
linguistique.
5. analyser les éléments morphosyntaxiques de la phrase française.
6. reconnaître les diverses disciplines de la linguistique française
(psycholinguistique, sociolinguistique, … etc.).
7. reconnaître les données linguistiques de bases.
8. déterminer la relation entre la langue et l'organisation
socioculturelle.
9. reconnaître les niveaux de langue des classes sociales.

(3)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

10. reconnaître les caractéristiques de la communication linguistique


(verbale et non verbale).
11. déterminer la relation entre le sens, la situation et le contexte
12. reconnaître les notions clés de la pragmatique linguistique.
13. acquérir un bagage solide et souple de vocabulaire.
14. analyser la structure, la formation et la nature du discours oral
français.

3) Résultats Escomptés
a. En connaissances et compréhension
a.1 Identifier la spécificité du langage humain
a.2 Décrire les branches de la linguistique française (phonologie,
morphologie, et syntaxe, ...etc.).
a.3 Préciser les théorise modernes de l linguistique
a.4 Reconnaitre les diverses disciplines de la linguistique française
(psycholinguistique, sociolinguistique, … etc.).
a.5 Résumer les données linguistiques de bases
b. En aptitudes intellectuelles:
b.1 Comparer les aspects de la linguistique française à ceux de
l'arabe
b.2 Distinguer les ressemblances et les différences
b.3 Analyser la relation entre la langue et l'organisation
socioculturelle.
b.4 Critiquer le génie de la langue cible

(4)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

c. En aptitudes pratiques et professionnelles:


c.1 Utiliser de façon exacte un répertoire de vocabulaire et de
structures courantes dans des situations prévisibles
c.2 soutenir son point de vue par argumentation.
3c. corriger les fautes prêtant à des malentendus.
d. En aptitudes générales et transmises:
d.1 discourir de manière compréhensible dans des séquences plus
longues de production libre
d.2 engager une conversation prolongée sur des sujets personnels
ou généraux.
4) Contenu du programme d'enseignement:
Sujets enseignés:
Cours:(1):introduction
 Distinction entre grammaire et linguistique
 La primauté de l'oral à l'écrit en linguistique moderne

Cours: (2 -4)
 Histoire de la linguistique des origines au C.L.G.
 De l’antiquité aux Moyens- Âges (IVe -XIVe siècles)
 Du Moyen Âge au XVIIIe siècle
 Le XIXe siècle et la grammaire comparée
 Les néogrammairiens
 Qu’est-ce que la linguistique ?
 Ferdinand de Saussure.
 Cours: (5-7) Les concepts fondamentaux du Cours:
 langue et parole

(5)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

 synchronie et Diachronie
 signe linguistique
 notion de système
 Cours: (8) La double articulation
 Cours: (9-11) Les branches de la linguistique
 Phonologie
 Morphologie
 Syntaxe
 Lexicologie
 Sémantique
Cours: (12-13) Langage et communication
Sémiologie et communication
Examens partiels et révisions
5) Evaluation de l’étudiant:
a. Répartition des horaires :
Méthodes Semaine
Examen demi-semestriel Dixième semaine
Examen final Après la 14ième semaine
b. Répartition des notes :
N° de Réf. Méthode Date du Pourcentage
contrôle alloué
1 Examen partiel 30
2 Participation à la 15
classe
3 Examen final 105
Total 150

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Avertissement

Ce livre est un cours d’introduction à la


linguistique française et à la linguistique générale. Il
s’adresse spécialement aux étudiants arabophones au
début d’un parcours de formation des lettres et des
sciences du langage. Il vise en premier lieu à aider
nos étudiants aux sections de français à avoir un
aperçu historique de la linguistique et à acquérir
quelques notions fondamentales ainsi qu’un aperçu
des théories et courants existants.

Cette initiation se compose de trois chapitres qui


traitent successivement

 de l’histoire et des notions fondamentales de la


linguistique,

 des branches de la linguistique moderne

 de la théorie de communication.

Le livre se termine par deux fragments :

- l’un est destinée à quelques textes tirés


du Cours de linguistique générale de

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Saussure; nous les avons commentés en


but de familiariser nos étudiants à
analyser ce type de textes linguistiques;
- l’autre est un petit lexique pour définir
les termes linguistiques parus dans
l’ouvrage.

A défaut d’assouvir une telle ambition, nous espérons


pour le moins, que nos étudiants auront les notions de
base qui les aident, à l’avenir, à suivre leurs études
linguistiques.

L'auteur
Dr.A.Elsaadani

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Introduction

Distinction entre grammaire et linguistique


Le terme linguistique vient du latin
« lingua », c’est-à-dire langue. La linguistique est
l'étude scientifique du langage humain ou plutôt
le langage verbal.

En tant qu’étude scientifique du langage


humain, la linguistique est une discipline
descriptive: la linguistique décrit d'une façon
objective les usages réels de la langue sans
porter de jugements a priori sur leur acceptabilité.
À l'opposé, la grammaire est une discipline
normative prescriptive, elle énonce les normes
(les règles qui régissent les pratiques langagières).
Une grammaire normative s'occupe du bon usage
et elle porte sur l'usage« correct » de la langue.

Pourquoi donc la linguistique?

La linguistique relève et décrit objectivement les


variations d'usage dans une communauté, sans

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

rejeter une variété linguistique pour des questions


de norme. Le linguiste se contente donc d’être
descriptif; il pourra préciser qu’il a relevé une
forme dans un discours oral plutôt qu’écrit, chez
une personne de l’âge adulte, du sexe masculin,
de tel pays, de telle région, de telle classe
sociale, etc. Mais il ne condamnera pas. Il ne dira
pas «cette formulation est fautive» tant que le
discours utilisé est compréhensible et que les
formes utilisées n'influencent pas la
communication.

Considérons les énoncés suivants:


1) J'ai mis la tasse sur la table.
2) Elle a septante-trois1 ans.
3) On a monté à paris la semaine dernière.
4) Fais pas ça!
5) Où est la tasse que j'ai mis sur la table?
6) Bébé dodo.

1
- En Belgique et en suisse, on utilise septante, huitante et nonante au lieu d'utiliser
soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

7) C'est une professeure1 de linguistique à


Montréal.
8) L'école [likol] a un parking [parking]

En analysant cet exercice, nous observons


la diversité des usages de la langue. Nous pouvons
notamment repérer des écarts par rapport à la
norme. Selon un point de vue strictement
normatif (c'est-à-dire du point de vue des
dictionnaires et des grammaires de ce qu'on
appelle le français standard), toutes les phrases
sauf la première seraient fautives.
Il faut admettre que le français « standard » ou le
français « normatif » ne représente qu'une très
petite tranche du français.

Comme toute autre langue, le français varie selon


la région, l'âge, le sexe, le niveau d'instruction des

1
- Au Canada, on féminise des professions et des fonctions auparavant réservées aux
hommes. On dit une professeure, une docteure, une auteure, une ingénieure, une
aviatrice, une écrivaine, une médecin, une marin, etc.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

locuteurs, le genre, la situation et le registre


(langue orale ou langue écrite), …etc.

Au terme de cette introduction, il faut


signaler que non seulement la grammaire mais
aussi la phonétique sont le point de départ de
toute étude linguistique. Cependant il faut
distinguer entre les deux disciplines:

Grammaire Linguistique

Une description complète des Etude scientifique du


normes grammaticales d’une langage humain
langue, concernant la rection (langage verbal): elle
(les phénomènes d’accord) et la décrit tout ce qui
flexion (les phénomènes comme caractérise en propre
les conjugaisons, les une langue reconnue
déclinaisons, le nombre et le comme telle: le linguiste
genre), les modes de décrit les connaissances
construction des phrases, que les sujets parlants
ainsi que les règles ont de leur langue.
orthographiques.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Science normative : elle Science descriptive : le


s’intéresse à édicter des règles à linguiste décrit d'une
respecter. façon objective le
discours effectif des
parleurs.

Elle s’intéresse à la bonne La description porte


utilisation de la langue, elle sur la forme de la
vise à formuler des règles langue:
permettant de parler et
 la phonologie,
d’écrire correctement une
 la morphologie
langue donnée. La forme
 la syntaxe
générale d’une grammaire
 la lexicologie
normative est en effet du type «
et sur le sens:
ne dites pas, mais dites ».
 la sémantique
 la pragmatique.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Dominique Maingueneau résume la


distinction entre la grammaire et la linguistique
en disant:

« Là où le grammairien légifère, le linguiste


décrit et cherche à comprendre ; là où les puristes
invoquent l’autorité, la tradition, l’étymologie, les
linguistes en restent à l’observation des faits, au
fonctionnement actuel du système de la langue.»1

La primauté de l’oral sur l’écrit en


linguistique:

Il est constant que l’homme acquiert l’oral


avant d’aller dans une structure d’apprentissage.
La communication orale, évidemment, précède
toujours l’écrit. Les enfants apprennent à parler la
langue maternelle bien avant d’apprendre à écrire
et possèdent une bonne maîtrise de l’oral avant

1
- Jean Louis Chiss et alli, Linguistique française, Initiation à la problématique
structurale 1, Paris, Hachette, 1993, P.27.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

même d’aller à l’école. Pareillement, les


apprenants d’une langue étrangère se trouvent
confrontés immédiatement à la langue orale dès le
début de leur apprentissage et souhaitent être, le
plus rapidement possible, capables de
communiquer oralement et donc acquérir une
compétence de compréhension et d’expression. On
voit ainsi que l’aspect oral et auditif de la langue
précède l’aspect écrit. C’est pourquoi la
linguistique moderne a posé le principe de la
primauté de la langue parlée, à l’aide de deux
arguments : la parole est plus ancienne et plus
répandue que l’écriture (il y a des sociétés sans
écriture; l’enfant apprend à parler avant
d’apprendre à écrire), et les systèmes d’écriture
connus sont manifestement fondés sur les unités
de la langue parlée : sons, syllabes, mots …

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Au terme de cette introduction, il faut


nous débarrasser de quelques idées reçues :1

 Les linguistes ne sont pas forcément


polyglottes. Ils ont des connaissances
sur le système des langues sans avoir à
les maîtriser toutes parfaitement.

 Les linguistes n'ont pas une


connaissance encyclopédique de tout le
lexique d'une langue. Ils consultent les
dictionnaires.

 Les linguistes n'ont pas forcément des


connaissances étymologiques. L'étude
de l'origine du lexique n'est qu'une des
branches de la linguistique dite
diachronique.

 Les linguistes ne sont pas des


grammairiens prescriptifs. Ils ont une
démarche de description qui se
1
-http://www.linguistes.com/langue/intro.htm

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

veut objective par rapport à la langue à


laquelle ils n'infligent pas de valeurs
affectives, esthétiques ou morales.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(18)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

CHAPITRE PREMIER
Histoire de la linguistique
des origines à la pragmatique

“ Les hommes qui ont inventé et


perfectionné l’écriture ont été de grands
linguistes et ce sont ceux qui ont créé la
linguistique.”

Antoine Meillet

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La linguistique est à la fois une science très


ancienne et très jeune. Elle n’est pas sortie tout
armée du cerveau de quelques savants, mais s’est
élaborée et s’élabore toujours.

Depuis deux millénaires et demi au moins,


les hommes conduisent sur leur langage une
réflexion continue.

Georges Mounin a bien montré cette


question en écrivant « croire que la linguistique
vient d’éclater comme un coup de tonnerre dans un
ciel serein serait une erreur Depuis deux
millénaires et demi au moins, les hommes
conduisent sur leur langage une réflexion continue.
L’histoire de celle-ci prépare à mieux voir en quoi
consiste la spécificité des théories actuelles. Les
Hindous, les Grecs, puis les Arabes, ont jeté les
premiers surtout, les bases d’une analyse

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

phonétique remarquable, et trop négligé pendant


deux mille ans ». (1)

La linguistique ne devait arriver à


maturation en occident qu’au début du XIXème
siècle avec la grammaire comparée et historique.

S’il fallait décerner à un homme le titre de


fondateur de la linguistique générale structurale,
cet honneur reviendrait au linguiste suisse,
Ferdinand de Saussure.

Qui est Ferdinand de Saussure?

Ferdinand de Saussure est un linguiste


suisse, né à Genève le 26 novembre 1857 et mort
au le 22 février 1913. Reconnu comme fondateur
du structuralisme en linguistique, il s'est aussi
distingué par ses travaux sur les langues indo-
européennes.

1
- Georges Mounin, Clefs pour la linguistique, éditions Seghers, Paris 1971, P.21.

(22)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

On estime (en particulier en Europe) qu'il a


fondé la linguistique moderne et établi les bases de
la sémiologie.

Après avoir achevé ses études secondaires, il


se rend en 1875 à Leipzig où se trouvait alors la
plus célèbre université de philologie de l'époque,
puis à Berlin ainsi qu'à Paris. En 1877, Saussure
communique à la Société de linguistique de Paris
son premier article qu'il développera dans
son Mémoire sur le dispositif primitif des voyelles
dans les langues indo-européennes paru à Leipzig.
Deux ans plus tard, il présente aussi à Leipzig sa
thèse de doctorat : De l'emploi du génitif absolu en
sanskrit. Il travailla ensuite une dizaine d'années
en France, où il enseigna la linguistique indo-
européen, avant de retourner en Suisse. Là, il reçut
une chaire de linguistique et enseigna, entre autres,
le sanskrit, le lituanien et la linguistique générale.

(23)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Ses idées nous sont connues par deux de


ses disciples ,Ch. Bally et A. Sécheaye, qui font
paraître après sa mort les notes qu’ils avaient
prises à ses cours, les rassemblant en 1916 dans
le livre intitulé Cours de linguistique générale .

Nous allons passer en revue l’histoire de la


linguistique à partir de l’antiquité jusqu’à nos
jours.1

L’antiquité
L'antiquité est les premières époques de l'histoire
connue. Pour une civilisation, l'Antiquité
commence avec le développement de l'écriture en
trois pays: l'Egypte, la Chine et l'Inde.

 Les Egyptiens: le hiéroglyphe

Les hiéroglyphes sont des signes du système


d'écriture idéographique des anciens Egyptiens.

1
- Cf. Georges Mounin, La linguistique du 20e siècle, Paris, P.U.F.,1975.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les plus anciens documents remontent à 3000


av. J.-C. Leur déchiffrement remonte à 1822 par
Fr. Champollion. Ce déchiffrement n'a été possible
que par la découverte d'un document trilingue : la
fameuse pierre de Rosette1 (port d'Egypte). En
1799, les soldats de Napoléon faisaient des
travaux de terrassement et ils découvrirent un
bloc de pierre avec trois textes : un texte en
hiéroglyphe, un en démotique (écriture cursive de
l'ancienne Egypte) et un en grec alphabétique. Le
texte remonte à 196 av. J.-C., époque de Ptolémée
Epiphane (roi d'Egypte). Dans la version
hiéroglyphique se trouvent des idéogrammes [type
d'écriture qui représente des significations à l'aide
de dessins reconnaissables ou abstraits sans se

1
- La pierre de Rosette est un fragment de stèle gravée de l'Égypte antique portant
trois versions d'un même texte qui a permis le déchiffrement
des hiéroglyphes au XIXe siècle. L'inscription qu'elle comporte est un décret
promulgué à Memphis par le pharaon Ptolémée V en 196 avant notre ère. Le décret est
écrit en deux langues (égyptien ancien et grec ancien) et trois écritures : égyptien
en hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec. La pierre a une dimension de
112,3 par75,7 centimètres (par 28,4 cm d'épaisseur). La stèle est en granodiorite, un
matériau fréquemment assimilé à tort à du basalte ou du granite.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Rosette

(25)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

référer à la forme phonique] et des signes de


valeur phonétique. Il s'agit de pictogrammes [type
d'écriture qui représente des significations à l'aide
de dessins figuratifs ou symboliques sans se
référer à la forme phonique d'un énoncé].

L’analyse linguistique des hiéroglyphes:

D’après Morret, l’Égypte Antique a connu le


stade de la proto-écriture pictographique. Vers
2600 avant notre ère, plusieurs documents
affirment le passage du pictogramme pur à
l’écriture proprement dite. Cette écriture
égyptienne, ce sont les hiéroglyphes.

Dès les plus anciens textes, on se trouve en


face des signes-mots qui sont essentiellement
d’abord des dessins qui dénotent les objets qu’ils
signifient au sens propre: silhouette d’oiseau
pour oiseau, de main pour main, de bouche pour
bouche, etc.…

(26)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Avec ce genre de signes, il faut une très grande


convention pour exprimer les verbes. En effet,
comment dessiner une action ou un état ? Pour
aller, on dessine des jambes ; pour manger, un
personnage assis portant sa main à la bouche.
Des procédés complémentaires facilitent la
lecture, ce sont 24 signes de valeur phonétique.
Mais les besoins de communication font
passer le dessin du sens propre au sens
symbolique: le dessin d’une massue (Bâton à
grosse tête), qui signifie d’abord massue, signifie
ensuite battre. Puis les mêmes dessins acquièrent
un sens tropique (métonymie ou métaphore)
c’est- à - dire une valeur de tropes: un seul dessin
pouvait correspondre à plusieurs lectures
phoniques , selon qu’il était lu idéographiquement
comme étant au sens propre (un cercle avec point
au centre : soleil =[ra] ) ; au sens symbolique ( le
même dessin : jour ou lumière du jour = [ h.r.w ]) ;
aux divers sens tropiques ( le même dessin : jour

(27)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

du mois = [s.s.w]; moment = [r.k]). Ce signe était


alors polyphone. La plupart des hiéroglyphes,
sinon tous, étaient polyphones.

D’autre part, un certain nombre de dessins


dénotant le nœud, le hoyau, le bassin, l’œil,
l’arbre, l’outil, le quartier, se trouvent avoir la
même lecture phonique, ici [m.r]. Ces signes sont
homophones.

En un mot, on peut dire que les Égyptiens


ont atteint très tôt le stade où il y a traitement
d’un énoncé proprement linguistique, découpé en
mots distincts, en syllabes et en phonèmes.

 Les chinois
Il est constant que les chinois ont inventé
leur écriture deux mille ans avant notre ère. Il
existe plusieurs dizaines de milliers de caractères;
chaque caractère chinois correspond à un mot de
forme toujours phonétique et sémantique, il peut

(28)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

être accompagné d’une clef, signe qu’on ne


prononce pas et qui n’a rien à voir avec la
prononciation du mot, mais qui indique à quelle
catégorie la chose désignée appartient ou de quel
type est l’action exprimée par le verbe. Les
chinois ont donc dû réfléchir de bonne heure sur
leur langue et leur façon de la noter. Ils se sont
orientés vers la phonétique et vers la
lexicographie.

En raison de son rayonnement culturel et


politique, la Chine a apporté son écriture aux
peuples voisins, dont les langues sont souvent
différentes : les Japonais et les Coréens, par
exemple.

 Les Hindous
Dans l’Inde ancienne, les hindous sont
probablement les premiers hommes qui aient une
réflexion sur leur langue en tant que telle. Ce sont
d’éminents grammairiens. L’ancienne langue de

(29)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

l’Inde, le sanskrit, est une langue sacrée. On


distingue entre sanskrit védique (ou archaïque) et
sanskrit classique.
Au quatrième siècle avant J.-C., Panini fixe
les normes du sanskrit classique. Il donne des
définitions d’une précision exemplaire et considère
la langue comme un système. Son approche est
étonnamment moderne. Il établit le principe de
morpho- phonologie et s’intéresse à la description
phonétique et à la lexicologie.

Les Grecs

Les Grecs avaient pratiqué une écriture


alphabétique, le Mycénien, avant d’adopter
l’écriture alphabétique qu’ils avaient empruntée
aux Phéniciens. Ils ont perfectionné l’alphabet
phénicien (Phénicie est l’ancien nom du Liban) et
ont donné à chaque lettre son appellation (alpha,
bêta, gamma,…, etc.); et, par conséquent chaque

(30)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

lettre note le son initial de son propre nom : G =


gamma.

L’un des plus grands génies de l’humanité,


Aristote (384 – 322), fonde les principes de la
grammaire traditionnelle (syntaxe notamment). Il
tente le premier d’élaborer une classification des
mots. Il distingue entre les substantifs (noma) et
les verbes (rhema). Il donne une définition de la
phrase. Les différentes parties de la langue sont
pour Aristote :

- La lettre, il distingue les voyelles, les


semi- voyelles et les consonnes.
- La syllabe, son sans signification
composé au minimum d’une consonne
et d’une voyelle.
- La conjonction, son sans signification
comme certes, mais or.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

- L’article, son sans signification qui


indique le début ou la fin, ou bien
l’articulation d’une phrase.
- Le nom, son composé doué d’une
signification.
- Le verbe, son signifiant et composé, qui
comprend un élément de temps.
- Le cas, qui se trouve chez le nom et
chez le verbe. Il désigne tantôt le quoi
ou le pour quoi, tantôt le singulier ou le
pluriel, d’autre part, les formes du
discours comme la question ou l’ordre.
- La phrase, son signifiant composé dont
certaines parties sont en elles- mêmes
signifiantes
En un mot, les Grecs se sont occupés de la
grammaire descriptive et des questions de
syntaxe. Le mot grammaire vient du grec gramma:
chose écrite, lettre d’alphabet.

(32)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les Romains

Ils sont les élèves des Grecs ; ils les ont


imités, surtout l’école d’Alexandrie. Varro (116-27)
a écrit la première grammaire de la langue latine:
De lingua latina. Au sixième siècle, paraissent des
études sur les sons, sur la syllabe, la prosodie,
sur les mots en tant que parties du discours, et on
s’intéresse à la syntaxe.

Les Arabes
Les Arabes attachent une grande importance
au rapport entre la fonction syntaxique concrète
et la forme du signe linguistique. Après 622, les
musulmans s’efforcent d’analyser le Coran et d’en
conserver la langue pure. Ils analysent les sons,
afin de prononcer correctement le Coran.
Sibawayh (750-794) écrit une grammaire
systématique de l’arabe : Al kitab.

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Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les Juifs

Ils découvrent aux Xe et XIe siècles la


parenté entre leur langue, l’hébreu, et l’arabe. Ils
découvriront ensuite la parenté entre l’hébreu,
l’arabe et l’araméen, la langue parlée par le Christ,
ils deviendront ainsi les premiers comparatistes,
empruntant la méthode d’analyse linguistique aux
Arabes et l’appliquant à l’ancien Testament. C’est
seulement à la Renaissance que les grammairiens
européens ont pris connaissance de la tradition
linguistique des Arabes et des Juifs. La grammaire
indo-européenne a emprunté à cette tradition la
notion de racine.

Le Moyen-âge (IVe - XIVe siècles)


Cette période est dominée par la
prépondérance absolue du latin sur la culture. Les
grammairiens médiévaux ont affiné la grammaire
latine, ils ont jeté les bases du vocabulaire

(34)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

philosophique et théologique toujours en usage


dans l’église aujourd’hui.

Thomas d’Aquin (1225-1274), professeur à


l’université de Paris, affirme que les sons existent
pour désigner quelque chose si on considère les
sons indépendamment de la signification, alors ce
sont des créations artificielles de l’homme et ils
n’ont pas eux- mêmes aucun sens. Cette idée
remarquablement moderne quasi phonologique
même, ne trouve cependant aucun écho à
l’époque.

A la fin du Moyen-âge et au début de la


Renaissance, les études grecques, latines,
hébraïques et arabes se développent dans une
perspective descriptive et comparatiste.

Du Moyen-âge au XVIIIe siècle

Au XVIIe siècle, les grammairiens de Port-


Royal lient étroitement l’art de la parole et celui

(35)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

de la pensée. Arnauld et Lancelot avaient rédigé en


1660 leur Grammaire Générale et Raisonnée. Dans
cet ouvrage, ils ont consacré la première partie
aux lettres comme sons, expressément distinguées
des lettres comme caractères. Pour eux, les
normes grammaticales correspondent à la logique.
Commence alors en Europe l’ère de la grammaire
normative (= qui établit des normes, qui prescrit
des règles).

Le XVIIIe siècle va surtout s'intéresser à la nature


et à l'origine des langues. Il voit dans le langage le
reflet et l'instrument de la pensée, et établit les
règles de la grammaire en fonction de la logique et
de l'art de penser.

En tout état de cause, le fait linguistique le


plus important est la découverte du sanskrit par
l’anglais William Jones (1746-1784). Ce savant
établit la parenté entre le sanskrit, le grec, le latin,
le gotique et les langues celtiques. Il les fait

(36)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

remonter à une langue commune disparue : l’indo-


européen.

Le XIXe siècle et la grammaire comparée

La réflexion grammaticale s’est modifiée au


XIXe. Le langage n’analysait plus la pensée; il
devient un organisme grammatical soumis à
l’histoire. Le grand tournant de cette époque était
la découverte du sanskrit, entre 1786-1816. Le
contact entre l’Europe et l’Inde fait apparaître
l’apparentement du grec, du sanskrit, des langues
germaniques, slaves et celtiques. La ressemblance
entre ces langues se manifestent non seulement
dans un grand nombre de racines communes,
mais elle s’étend jusqu’à la structure intime de ces
langues et jusqu’au fond de la grammaire.

On peut donc constater que la découverte du


sanskrit était le point de départ des études
grammaticales comparées au XIXe siècle: l’âge de

(37)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

la grammaire comparée. Le pionnier de ces études


était l’allemand Franz Bopp.

 Franz Bopp

En fait, malgré la découverte du sanskrit par


Jones dès 1789, cette langue ne sera vraiment
connue et analysée par les linguistes que grâce à
l’action de Bopp. C’est lui qui a montré en quoi
consiste les différences et les similitudes entre le
sanskrit, le grec, et le latin; sur quoi reposent les
correspondances régulières…Bref, la linguistique
comparée débute officiellement en 1816 avec
l’étude de Bopp intitulée : À Propos du système de
conjugaison de la langue sanskrite comparée à
ceux des langues grecque, latine, perse, et
germanique. Plus tard, Bopp publiera en trois
volumes sa Grammaire comparée (1833-
1852).Vers la fin du XIXe siècle, la grammaire
comparée devenait l’étude de l’évolution continue
des langues: la linguistique historique. Cette

(38)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

transformation s’accomplit dans les années 1876-


1886, avec l’école des néogrammairiens.

 Les néo- grammairiens

Vers 1875, un groupe de jeunes linguistes


très doués de l’université de Leipzig donne
naissance au mouvement des néogrammairiens.
Ils posent des lois phonétiques et affirment
l’aspect historiciste de la linguistique: la seule
méthode scientifique du langage est la méthode
historique.

Dans la deuxième moitié du XIXe, se


développe l’étude des origines de la langue
française et donc de l’ancien français. Dans le
domaine de la grammaire comparée et de la
linguistique générale, il faut citer deux grands
noms, ceux de M. Bréal et d’A. Meillet.

M. Bréal (1832-1915) a cherché à réconcilier


la linguistique générale avec les perspectives de la

(39)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

grammaire comparée; il est le créateur du terme


sémantique.

A. Meillet (1866-1936) est surtout connu


pour ses études dans le domaine de l’indo-
européen et pour l’influence qu’a exercée sur lui la
sociologie de Durkheim: il insiste sur le caractère
social de la langue.

Enfin Saussure vient...

Ayant une réflexion critique sur la


linguistique du XIXe siècle, Ferdinand de
Saussure va tenter d’édifier une linguistique
générale avec ce qu'on appelle le
structuralisme.

Le structuralisme est une manière


d’envisager les faits linguistiques connus sous
l'angle de leur structure, en isolant et décrivant
les relations internes régulières :

(40)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

« Ce terme signifie que toute langue est


considérée comme un système de relations ou
plus précisément comme un ensemble de
système reliés les uns aux autres, dont les
éléments (sons, mots, etc..…) n'ont aucune
valeur indépendamment des relations
d'équivalence et d'opposition qui les relient. »1

Le structuralisme saussurien

Les concepts fondamentaux du


structuralisme saussurien sont aujourd’hui
reconnus comme valables même par les partisans
d’autres théories modernes. C’est pourquoi nous
expliciterons les concepts de ce grand linguiste,
fondateur de la linguistique moderne.

1
- John Lyons, Linguistique générale, Larousse, Paris, 1970, p. 71.

(41)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

1- Langage, Langue et parole

Le langage est la faculté commune à tous les


hommes, cette faculté se concrétise à la fois
sous forme d’un produit social « la langue» et
d’un acte individuel « la parole ».
Selon Saussure, le langage « a un côté individuel
et un côté social, et l'on ne peut concevoir l'un
sans l'autre. »1 Il divise donc le langage en
langue et parole.
Expliquons ces concepts.
Le langage est une aptitude innée à
communiquer propre à l’être humain. Il désigne la
faculté de l’homme à communiquer avec ses
semblables au moyen de signes vocaux. Il désigne
donc uniquement le langage verbal.

La langue « est à la fois un produit social de


la faculté du langage et un ensemble des
conventions nécessaires, adoptées par le corps

1
- Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Payot , 1980, p. 24.

(42)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

social pour permettre l'exercice de cette faculté chez


les individus. »1 La langue est donc un phénomène
social, un code commun à tous les membres d'une
communauté linguistique. Elle désigne un
système déterminé de signes vocaux (l’arabe, le
français, l’anglais, etc..) et des règles communs
aux membres d’une même communauté. La
langue s’impose à l’individu.

La parole est propre à l’individu. Elle « est un


acte individuel de volonté et de l'intelligence. »2
Elle désigne l’acte par lequel le sujet parlant
utilise le langage pour communiquer avec les
membres de sa communauté.

D’après Saussure, séparer la langue de la


parole revient à séparer : ce qui est social de ce
qui est individuel ; ce qui est essentiel de ce qui
est accessoire. Constatant une différence de
nature entre ces deux aspects du langage,

1
- Cours de linguistique générale, p. 25.
2
- Cours de linguistique générale, p. 30.

(43)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Saussure distingue deux linguistiques: la


linguistique proprement dite, celle qui a pour
objet la langue, et une linguistique de la parole,
qu’il cantonne dans un rôle secondaire.
Saussure affirme donc le primat de la langue
sur la parole, la langue « est la partie sociale du
langage, extérieure à l'individu, qui à lui seul, ne
peut ni la créer ni la modifier ; elle n'existe qu'en
vertu d'un sorte de contrat passé entre les
membres de la communauté. […]. D'autre part,
l'individu a besoin d'un apprentissage pour en
connaître le jeu, la langue, distincte de la parole,
est un objet qu'on peut étudier séparément. »1
C'est ainsi qu'on peut constater que la
langue est le domaine de l'analyse linguistique
au structuralisme Saussurien.
À notre avis, il n’est pas facile de distinguer
entre social et individuel car tout est social dans
le langage. La manière dont un sujet prononce et

1
-Cours de linguistique générale, p.31

(44)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

construit son discours dépend largement des


conditions sociales dans lesquelles il a appris et
utilise le langage. Autant dire que langue et parole
sont des produits de la socialisation.

2- Synchronie et diachronie

Saussure distingue deux types d’approches


linguistiques: la synchronie et la diachronie.
« La linguistique synchronique s'occupera des
rapports logiques et psychologiques reliant des
termes coexistant et formant système, tels qu'ils
sont aperçus par la même conscience collective.
La linguistique diachronique étudiera au contraire
les rapports reliant des termes successifs non
aperçus par une même conscience collective, et qui
se substituent les uns aux autres sans former
système entre eux. »1

1
- Cours de linguistique générale, p. 140.

(45)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La priorité de la linguistique structurale porte sur


la langue considérée d'un point de vue
synchronique.
La synchronie est l’étude d’un état de la
langue considéré dans son fonctionnement interne
à un moment déterminé, abstraction faite de son
évolution. La diachronie est l’étude de la langue
dans son évolution historique.

Figure (1)

Saussure a accordé la primauté au point de


vue synchronique. Cette primauté de la
description synchronique a sa justification: les
Français et les francophones peuvent apprendre
et appliquer les règles du français en ignorant tout
de l’histoire de cette langue. En parlant, nous ne

(46)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

sommes pas tous conscients des dimensions


historiques de la langue: celui qui sait que « tête »

vient du latin vulgaire «testa» n’a pas

nécessairement une meilleure maîtrise de la


langue que celui qui l’ignore. Cela revient à dire
que les considérations diachroniques n’entrent
pour rien dans le fonctionnement normal de la
langue. Dans un seul énoncé, nous utilisons un
mélange d’éléments très hétérogènes de mots
d’origines diverses qui sont entrés dans le français
à des époques différentes mais qui font partie de
la langue actuelle. C’est pourquoi Saussure
maintient que l'objet de la linguistique est l'étude
interne et synchronique de la langue comme
système de signes et que le linguiste doit laisser
de côté l’étude diachronique.

Application
Le français est une langue hybride. Sur quelque
20.000 mots usuels, quarante seulement sont

(47)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

gaulois, 10% sont germaniques, 60 à 70% latins


ou grecs, le reste provient de diverses langues,
surtout l'anglais.

Lisons les phrases suivantes et relevons les


mots empruntés:
 Dans la fête d'anniversaire de sa fille, nous
avons mangé de la choucroute, des tomates
et un homard.
 Nous avons retenu une cabine confortable
à bord d'un paquebot.
 Au bazar, il avait acheté de l'alcool, du
rhum, de la bière et un cigare.
 Ce cavalier met un beau costume avec une
cravate très chic.
 En portant ce caleçon, il a l'air burlesque.

Les mots en italiques sont tous empruntés à


diverses langues:
 Allemand: choucroute, bière ;

(48)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

 anglais : cabine, confortable, paquebot,


rhum,
 espagnol: tomate, cigare ;
 arabe : alcool ;
 italien: cavalier, costume, caleçon,
burlesque;
 persan : bazar ;
 slave : cravate.

3- Le signe linguistique

Le signe linguistique est « une entité


psychique à deux faces » que Saussure appelle
le signifiant (l'image acoustique) et le signifié (le
concept). Ils sont tous les deux psychiques, le
signifiant parce que c'est une image acoustique et
non une suite de sons et que « sans remuer les
lèvres ni la langue, nous pouvons nous parler à
nous-même. » 1, et le signifié parce que c'est le
concept que nous avons du monde réel, concept

1
- Cours de linguistique générale, p. 98.

(49)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

qui peut différer de société en société et de langue


en langue.
Le signe linguistique, tel que le définit
Saussure, présente un certain nombre de
caractéristiques essentielles:

1- Le signe linguistique est doté d’un contenu


sémantique (signifié) et d’une expression
phonique (signifiant) : il unit un concept et
une image acoustique. (voir figure 2)

Figure (2)

On ne peut séparer les concepts des sons qui


les transmettent; sans signifiant, pas de signifié,
sans signifié, pas de signifiant. Le signifiant et le

(50)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

signifié sont aussi liés que les deux faces d’une


feuille de papier.

2- Le signe linguistique est d’une nature


arbitraire: il n’existe aucun rapport interne
entre le concept représenté, celui de canard
par exemple, et la suite de sons qui le
représente: [k] + [a] + [n] + [a]+ [r], ce concept
pourrait être aussi bien représenté par
n’importe quelle autre : la preuve apparaît
dans la variété des dénominations de langue
à langue pour une même réalité signifiée: Fr.
canard, angl. duck, ital. anatra, arab. batah,
etc. Si un « canard » était un « canard »
partout, il n’y aurait qu’une seule langue.
Dans la langue, le signifiant et le signifié
sont indissolublement liés; ce lien est
arbitraire. Une autre suite de sons pourrait
aussi bien signifier « canard ». Ce qui donne
à « canard » sa signification ; c'est sa place
dans le système qu'est la langue française.

(51)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

3- Le signe linguistique est articulé, c’est-à-

dire composé d’éléments discrets qui se


suivent de façon linéaire. Toutes les
relations syntagmatiques qui caractérisent la
langue sont la conséquence de cette
linéarité ; pour cela, Saussure dit que « tout
le mécanisme de la langue en dépend »1, et
que « dans le discours, les mots contractent
entre eux, en vertu de leur enchaînement, des
rapports fondés sur le caractère linéaire de la
langue, qui exclut la possibilité de prononcer
deux éléments à la fois. Ceux-ci se rangent
les uns à la suite des autres sur la chaîne de
la parole. »2 Les signes se présentent
obligatoirement l’un après l’autre d’après
leurs relations syntagmatiques en formant
ainsi une chaîne, la chaîne parlée .Dans
celle-ci, nous ne pouvons pas prononcer en

1
- Cours de linguistique générale, p.103.
2
- Cours de linguistique générale, p. 170.

(52)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

même temps deux sons, deux syllabes ou


deux mots. Le changement de leur position
entraîne un changement de sens.
Comparons:
 Le chat mange le rat.

 Le rat mange le chat.

4- Le signe linguistique est immutable. La


langue apparaît toujours comme un héritage
du siècle précédent, comme une convention
admise par les membres d’une même
communauté linguistique et transmise aux
membres de la génération suivante. De plus,
la langue est un système de communication
qui fonctionne au moyen d’un code fondé
sur un système des signes qui doit être
stable. Pour que la communication puisse
s’établir, il est nécessaire que les signes
soient communs à un grand nombre
d’individus. C’est pourquoi les signes
linguistiques doivent être immutables.

(53)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

5- Le signe linguistique est mutable. Selon


Saussure, le temps a deux effets
contradictoires sur la langue : celui qui assure
la continuité de la langue et celui qui altère
plus ou moins les signes linguistiques. Les
facteurs d’altération sont nombreux: ces
changements peuvent être phonétiques, ou
morphologiques, ou syntaxiques, ou lexicaux.
C’est ainsi que le mot necare, qui signifiait à
l’origine tuer, est devenu en français noyer.
Dans ce cas, le changement touche à la fois
l’image acoustique et le concept, c’est-à-dire la
phonétique et la sémantique.

4- Les rapports syntagmatiques et les


rapports paradigmatiques
Pour Saussure, les relations entre les signes qui
constituent la langue, ont deux types : les
rapports syntagmatiques et les rapports
paradigmatiques.

(54)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les rapports syntagmatiques


Ces rapports, fondés sur le caractère linéaire, sont
les rapports de successivité et de contiguïté
qu’entretiennent les signes dans la chaîne parlée,
ils ont deux niveaux : celui de phonème et celui de
la phrase.
Dans l'exemple [bar], le son [a] entretient une
relation avec [b] et [r] différente de celle qu'il
entretient avec eux comme dans [bra]. Il est donc
remarquable que « chaque phonème entretient des
rapports syntagmatiques avec les autres phonèmes
de la langue. »1
À un autre niveau, dans la phrase, deux unités ne
peuvent jamais se trouver au même point de la
chaîne parlée ; leur position détermine les
différents aspects des relations entre elles
(morphologie du verbe par exemple). Considérons
ces deux exemples :

1
- André Martinet et Alli., La linguistique, Guide alphabétique, Denoël, Gort hier,
1969, p. 280.

(55)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

 Les enfants aiment la grand-mère.


 La grand-mère aime les enfants.

En même temps, le choix des éléments dans l’axe


syntagmatique se fait en générale élément par
élément, comme dans cet exemple :
 Je prends le train de dix heures.
Ici l’axe syntagmatique est respecté.
 De je le train heures prends dix.
Ici l’axe syntagmatique est faux, car les
contraintes syntagmatiques ne sont pas
respectées.

Les rapports paradigmatiques


Les termes d'une langue se contractent entre
eux des rapports, c'est-à-dire que s'établissent
dans le cerveau du locuteur des rapprochements
entre les mots. Par exemple, enseignement évoque
enseigner, apprentissage, armement, etc. Les
rapports paradigmatiques sont ces rapports

(56)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

associatifs, qui peuvent se situer, comme le


montre la figure ci-dessous1:

Figure (3)

-au niveau du signifiant et du signifié


(enseignement, enseigner, enseignant, …).
-au niveau du signifié seulement (enseignement,
apprentissage, éducation,…)
-au niveau de la formation du mot (suffixe :
enseignement, changement,..)
-au niveau du signifiant seul (rime), sans relation
grammaticale (enseignement, élément, …).
On dit aussi que l’axe paradigmatique est l’axe
des substitutions, dans le sens où sur cet axe on
1
- Cours de linguistique générale, p. 175.

(57)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

peut substituer (remplacer) une unité par d’autres


unités, comme dans ces exemples :
 Les enfants jouent au ballon → axe syntagmatique
 des enfants jouent au ballon
 deux enfants jouent au ballon
 ces enfants jouent au ballon
 plusieurs enfants jouent au ballon
C’est ainsi, on affirme que cette distinction ne
signifie pas que les deux types de rapports sont
séparables, par contre, ils sont "solidaires" à
l'analyse linguistique.

5- La notion de système
Pour Saussure, la notion du mot est ambiguë
et floue ; il lui substitue celle du signe. Le
véritable objet de la linguistique structurale « est
l'étude interne et synchronique des systèmes de
signes que constituent les états de langue. »1

1
- Jacques Moeschler , Introduction à la linguistique contemporaine, Paris, A. colin,
2000,p.22

(58)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La langue est donc un système des signes,


c’est-à-dire un ensemble d’unités solidaires les
unes aux autres et obéissant à des règles. Par
conséquent chaque signe n’a pas de valeur que
par opposition aux autres signes du système. Pour
Saussure, on ne saurait identifier une unité
indépendamment des autres unités du système
auquel elle appartient. Ce qui définit cette unité,
c’est la place qu’elle occupe dans le système, c’est-
à-dire les relations qu’elle contracte, au sein de ce
système, avec des autres unités.
La valeur d’unité linguistique n’est pas en
soi, mais par sa contrepartie avec les autres
unités du système. Pour expliquer cette idée,
Saussure compare deux mots, l’un français
Mouton, et l’autre anglais sheep. Pour lui, ces
deux mots ont la même signification mais pas la
même valeur dans chaque système : le français
n’a que le mot mouton pour désigner à la fois
l’animal et la viande de cet animal tandis que

(59)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

l’anglais a deux mots (sheep = l’animal, mutton =


la viande).

Ce qui est dit des mots s’applique à


n’importe quel terme de la langue, par exemple la
valeur d’un pluriel français- qui désigne deux et
plus- ne recouvre pas exactement celle d’un pluriel
arabe qui ne commence qu’à partir de trois.

Le courant structuraliste en Amérique

1. Edward Sapir (1884-1939)

L’un des plus brillants disciples de


l’ethnologue Franz Boas. Sous l’influence de celui-
ci, Sapir se tourne vers les langues
amérindiennes. En 1921, il publie un livre de
linguistique générale dans lequel il propose une
linguistique synchronique tenant compte des
réalités psychologiques et sociales, Le Langage:
introduction à l’étude de la parole.

(60)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

2. Leonard Bloomfield et l'école


distributionnelle

Leonard Bloomfield (1887-1949), professeur


de grammaire comparée puis l’allemand, grand
admirateur du grammairien indien Panini, publie
en 1933 un traité de linguistique générale qui
exercera une profonde influence sur les linguistes
américains: Langage.

Léonard Bloomfield est le fondateur de l'école


distributionnelle (Le distributionnalisme),
connue sous le nom de structuralisme américaine,
et développée également à partir son œuvre
Langage.

3. Chomsky et la grammaire générative

Noam Chomsky (né en 1928) restera dans


l’histoire de la linguistique comme l’inventeur de
la théorie de la grammaire générative, l’une des
théories les plus influentes du XXe siècle. Il ne
s’agit rien moins, en effet, que de construire une

(61)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

grammaire universelle, une grammaire dont les


fondements s’appliqueraient à toutes les langues
du monde. Structures syntaxiques, premier livre
de Noam Chomsky, paru en 1957, expose sous
une forme compacte les grandes lignes de ce
programme ambitieux.

Une grammaire générative est un système de


règles et de principes qui doit générer (= produire)
toutes le phrases grammaticales (= bien formées)
d’une langue et décrire la compétence du
locuteur, c’est-à-dire la connaissance mentale
qu’il a de sa langue. La compétence s’oppose à la
performance, qui est l’usage effectif du langage
dans la communication. Certains principes,
applicables à toute langue, font partie de la
grammaire universelle, objet d’étude principal de
la théorie chomskyenne. D’autres principes sont
spécifiques de telle ou telle langue. Chomsky
postule que tout locuteur est doué d’une « faculté
de langage » distincte des autres facultés mentales

(62)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

et cognitives de l’être humain. « Les enfants savent


parler comme ils savent voir ou comme l'oiseau
sait voler », écrit-il.

Le courant structuraliste en Europe

En Europe, la linguistique historique est


toujours largement dominante. Des linguistes
tchèques et des linguistes russes émigrés
réagissent et fondent en 1926 le Cercle de Prague
(capitale de la république Tchèque) . Ils puisent
dans Saussure tout ce qui leur paraît utile pour
lutter contre l’historicisme en linguistique.

1. Le Cercle linguistique de Prague

L'école de Prague s’est constituée en 1929


avec le Tchèque Jiri Trnka, et les Russes Nikolay
Troubetzkoy et Roman Jakobson. Elle s’est
illustrée surtout dans la phonologie, phonétique
fonctionnelle. Très rapidement, le Cercle accueille

(63)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

des linguistes Français : Benveniste, Tesnière et


Martinet.

2. Nikolaj Troubetzkoy (1890-1938)

Il est influencé par Baudouin de Courtenay,


précurseur de la phonologie, et de Ferdinand de
Saussure. Il définit rigoureusement la notion de
phonème et établit la distinction entre la
phonétique, qui étudie les sons comme des
phénomènes physiques, et la phonologie, qui les
étudie “comme des signaux phoniques employés à
des fins d’intercompréhension à l’intérieur d’une
communauté linguistique”.

3. Roman Jakobson (1896-1982)

Il émigre en 1920 à Prague à cause de la


révolution bolchévique, travaille sur la phonétique
comparée des langues slaves, émigre à nouveau
au Danemark en 1938 où il fréquente le cercle
linguistique de Copenhague, puis se fixe aux

(64)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

États-Unis d’Amérique. Ses recherches concernent


la phonétique, la phonologie, la psycholinguistique,
l’acquisition du langage… Son œuvre est
considérable. Parmi ses écrits, deux volumes ont
été traduits en français: Essais de linguistique
générale.

4. André Martinet (1908-1999)

Après une agrégation d’anglais passée à l’âge


de 22ans, il se passionne pour les langues
germaniques puis pour la linguistique générale.
En accord profond avec le Cercle de Prague, il
contribue à introduire la phonologie en France.

Il est bon de signaler que « Martinet est le


linguiste français qui a recueilli en France l'héritage
théorique véritable de Saussure. »1
Martinet est connu pour son approche
dynamique des faits de langue et pour la théorie

1
- George Mounin, La linguistique du 20e siècle, op. cit., p. 161.

(65)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

de la double articulation qu’il a formulée dès


1949.
Qu'est-ce que la double articulation ?
D’après Martinet, le langage humain est
«doublement articulé »1 c'est-à-dire que tout
énoncé a la propriété d’être segmenté à deux
niveaux :
- Le premier niveau : les unités de la
première articulation c’est-à-dire les
morphèmes (ou les monèmes) qui sont les
plus petites unités porteuses d’une
signification. Soit la phrase : les enfants
jouent dans la cour, elle comporte deux types
de morphèmes :
 Morphèmes lexicaux = lexèmes (morphème
porteur d’un sens lexical): enfant- jou– cour-

1
- André Martinet, Éléments de Linguistique générale, Op.cit., P.13.

(66)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

 Morphèmes grammaticaux = grammèmes


(morphème porteur d’un sens grammatical):
les, s, -ent, dans, la.

- Le deuxième niveau : les unités de


deuxième articulation, c’est-à-dire les
phonèmes qui sont les plus petites unités
distinctives de sens:. Ils distinguent les uns
des autres par un ou plusieurs traits
distinctifs. Par exemple, /t/ se distingue de
/d/ par un seul trait : ils sont tous les deux
occlusifs dentaux, mais /t/ est sourd, tandis
que /d/ est sonore. Le trait distinctif est la
sonorité. /t/ se distingue de /f/ car ce dernier
est labial et fricatif. Si l’opposition entre
deux sons d’une langue permet de
distinguer deux significations différentes
dans cette langue, nous avons affaire à
deux phonèmes différents et l’opposition

(67)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

est pertinente c’est à dire distinctive de sens


(comme dans : maire [mr] / mare [mar]).
Il est à signaler que la double articulation
permet de distinguer la communication
linguistique humaine de la communication non
linguistique animale. Par conséquence, parler de
langue à propos des animaux est abusif pour deux
raisons :
 on ne sait pas toujours s'il y a intention
de transmettre de l'information ou simple
réflexe ;
 les signifiants ne sont pas
décomposables en unités distinctives
(phonèmes et monèmes). La
communication ne connaît pas la double
articulation. C'est la raison pour laquelle
les animaux n'ont qu'un répertoire très
limité de messages. On résume tout cela
en disant que la communication animale
est de nature non langagière.

(68)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La linguistique énonciative

Les deux linguistes Roman Jakobson dans


ses Essais de linguistique Générale (1963) et
Emile Benveniste dans ses Problèmes de
Linguistique Générale (1974) sont les
précurseurs de l'approche d'énonciation, ils ont
adopté une nouvelle perspective dans laquelle ils
ont transmis la primauté des analyses
linguistiques à la parole et au sujet parlant.
Dans cette perspective le linguiste ne décrit
plus la langue mais la connaissance que les sujets
parlants ont de la langue. Jacques Moeschler, l'un
des disciples de ce courant définit la linguistique
comme,« l'étude des connaissances que les sujets
parlants ont de la langue, connaissances qui sont
à l'origine de leur capacité à formuler des
jugements sur la caractère grammatical ou non
grammatical des formes, sur leur interprétabilité ou

(69)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

ininterprétabilité, leur caractère ambigu ou


univoque, leur unicité ou leur multiplicité de sens.»1

1
- Jacques Moeschler, Introduction à la linguistique contemporaine, Paris, A. colin,
2000, P. 12.

(70)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Questions sur le premier chapitre

I- Choisissez la bonne réponse


 La linguistique est une science
- normative. - descriptif. - prescriptif.
 Les différentes parties du discours sont
inventées par
- Saussure. - Aristote - Chomsky
 Les romains sont les disciples
- des juifs - des phéniciens - des grecs.
 Pour les néogrammairiens la seule méthode
scientifique en linguistique est
- L'approche synchronique
- l'approche diachronique
- l'approche analytique.
 Les linguistes arabes attachent une grande
importance
- à l'analyse comparée
- à fonction syntaxique
- à la méthode historique.

(71)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

II-Dites si les énoncés suivants sont vrais ou


faux :

-Les dessins en hiéroglyphe n’ont qu’un sens


propre.

-Les grammairiens de Port-Royal sont pour les


universaux du langage.

-Les néogrammairiens se sont occupés de la


méthode historique.

-Les linguistes musulmans s’intéressent à la


fonction syntaxique et à l’analyse des sons.

-La notion de classes des mots remonte à Aristote

- La double articulation permet de distinguer la


communication linguistique humaine de la
communication non linguistique animal.

-La linguistique moderne n’est que la grammaire


traditionnelle et scolaire.

-La première articulation chez André Martinet est


l’équivalent de la théorie de signe chez Saussure.

-La linguistique moderne s’intéresse


primordialement aux études diachroniques.

(72)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

III- Compléter les phrases suivantes:


-La linguistique est une science…… tandis que la
grammaire est une science…..

-L'analyse linguistique porte sur ……,……, ……,


……, ……, ……..

-La linguistique moderne a posé le principe de la


primauté de la langue parlé à l’aide de deux
arguments : …..

-Considérée comme description des langues, la


linguistique dépend de …………

-D’après Saussure, le langage est……, la langue


est………, la parole est………..

VI- Expliquez les concepts suivants:

-La linguistique moderne pose le principe de la


primauté de la langue parlée.

-D’après Saussure le langage se divise en langue


et parole.

-Le signe linguistique est à la fois articulé et


arbitraire

(73)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

V- Définir avec des exemples les termes


suivants:

La linguistique – le langage la langue - la parole.

VI- Répondre à ces questions:

-Qu’est-ce que le signe linguistique? Quels sont


ses traits caractéristiques?

-D’après André Martinet, le langage humain peut


être décrit comme doublement articulé.
Développez.

(74)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Deuxième chapitre
Les branches de la linguistique

(75)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(76)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

En fait, la linguistique s’intéresse


primordialement à la description des langues: elle
s’appuie sur l’observation objective du
comportement linguistique des sujets parlants;
elle décrit tout ce qui caractérise en propre une
langue reconnue comme telle. La description
linguistique comporte six branches : la
phonologie, la morphologie, la syntaxe, la
lexicologie, la sémantique et la pragmatique.

I -La phonologie

En effet, la phonologie est une phonétique


fonctionnelle qui s’intéresse à étudier les unités
de deuxième articulation, c’est-à-dire, les
phonèmes.

Les phonèmes

Le mot phonème est employé pour la


première fois par le linguiste polonais Mikolay
krusewski (1851-1887), et élève de Baudouin de

(77)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Courtenay, polonais également, le fondateur de la


phonologie. Le phonème est la plus petite unité de
son capable de produire un changement de sens.
Comparons ces deux messages:

 Prenez la lampe!

 Prenez la rampe!

Leur sens est diffèrent. Au niveau de leur


signifiant, ils diffèrent en un seul point : le son
initial qui distingue lampe et rampe. Ainsi, dans
l’exemple ci- dessus, lampe et rampe ne se
distinguent que par un phonème: /l/~ /r/. On dit
de deux sons qui permettent de distinguer deux
significations différentes que leur opposition est
pertinente (distinctive de sens) .Ainsi l’opposition
entre les sons [l] et [r] dans les deux mots lampe et
rampe est pertinente. Or, les traits qui distinguent
le phonème sont appelés traits distinctifs ou
pertinents. Le contraste entre la présence et
l’absence d’un trait distinctif ou pertinent

(78)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

s’appelle opposition. C’est grâce à ces traits que


nous pouvons isoler les phonèmes d’une langue
donnée, que nous pouvons opposer les uns des
autres.

Les voyelles se distinguent les unes des


autres par au moins un trait : soit celui de
l’articulation, soit celui de l’ouverture, soit du
timbre, soit celui de la tension. Ainsi [ø] dans feu
se distingue de [œ] de beurre parce que [ø] est une
voyelle palatale arrondie fermée alors que [œ] est
une palatale arrondie ouverte. Le timbre est donc
le trait pertinent ou distinctif de l’opposition des
phonèmes /ø/ et /œ/.

Quant aux consonnes, elles se distinguent


les unes des autres par au moins un trait : soit
celui du mode d’articulation, soit celui du lieu
d’articulation, soit celui de la sonorité.
Naturellement, une consonne peut se distinguer
d’une autre aussi par deux ou trois traits : par

(79)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

exemple, le [t] de toit se distingue de [f] de foi


parce qu’il est une occlusive alvéodentale sourde
alors que [f] est une fricative bilabiale sourde. Le
[m] de moi se distingue de soi parce qu’il est une
nasale bilabiale sonore alors que le [s] est une
fricative dentale sourde. Mais très souvent, un
seul trait suffit: la sonorité. Elle permet d’opposer
(= de distinguer) deux à deux les paires suivantes:

Sonores: /b/ /d/ /g/ /v/ /z/ /3/

Sourdes: /p/ /t/ /k/ /f/ /s/ / /

Ces phonèmes qui s’opposent deux à deux


par un seul trait (ici: la sonorité). Des paires des
mots qui ne s’opposent (ne se distinguent) que
par un seul phonème sont appelés paires
minimales. Exemples de paires minimales:
tant/dans, bain/ pain, doit/ toit, barde/ barbe,
phare/ four, par/ pur.

(80)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La commutation

Nous avons dit qu’un phonème est la plus


petite unité de son capable de produire un
changement de sens, ajoutons à cette définition,
par simple commutation.

La commutation est l’opération qui consiste,


dans un mot donné à remplacer un son par un
autre pour aboutir à un autre mot de signification
différente (dans la même langue). Elle permet
donc de dégager une autre signification, , à
l’intérieur de la même langue. Donnons quelques
exemples:

[kare] = carré / [karo] =carreau. Donc [e]


et [o] sont des phonèmes: /e/, /o/.

[bra]=bras/ [dra] = drap. Donc [b] et [d]


sont des phonèmes: /b/, /d/.

[butõ]=bouton [bulõ] = boulon. Donc [t]


et [l] sont des phonèmes: /t/,/l/.

(81)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Dans ces paires minimales, la différence


entre les deux mots est assurée par un seul
phonème dans chaque mot, comme dans les
exemples ci-dessus, ou un phonème dans l’un et –
ø dans l’autre ([bra]=bras/[ra]=rat).Or chaque
phonème est en fait la somme de plusieurs traits
distinctifs.

En français, on fait appel à cinq traits pour


les voyelles et à six pour les consonnes. Pour les
voyelles, nous aurons suivant le mode
d’articulation, les voyelles ouvertes, peu ouvertes,
peu fermées, fermées suivant le lieu d’articulation,
les palatales, les palatales arrondies et les vélaires
et la quantité ainsi que la tension. Pour les
consonnes, nous aurons, selon le lieu
d’articulation, les bilabiales, les labiodentales, les
alvéodentales, les palatales, les vélaires et les
glottales et suivant la sonorité les sonores et les
sourdes, suivant l’aspiration les aspirés et les non-
aspirés, les simples et les géminés.

(82)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Dans la paire minimale [tar] = tard ~ [dar] =


dard, le trait distinctif entre /t/ et /d/ est la
sonorité: en effet, tous les deux sont des
occlusives dentales mais l’une est sourde (/t/),
tandis que l’autre (/d/) est sonore. Dans la paire
minimale [rate] = raté ~ [rame] = ramer, /t/,
occlusif, dental, sourd, commute avec /m/, nasal,
bilabial, sonore: trois traits distinctifs! Dans la
paire minimale [ãte] = chanter ~ [yte] = chuter,
/ã/, ouvert, tendu, palatal, nasal commute avec
/y/, fermé, tendu, palatal arrondie, oral = trois
traits distinctifs. Dans la paire minimale [dõ] =
don ~ [nõ] = non, /d/, occlusif, dental, sonore,
commute avec /n/ nasal, dental, sonore = deux
traits distinctifs.

Il est des cas où la commutation est


impossible, par exemple le cas de [r]: le [r] roulé,
liquide ou vibrante dentale (de l’accent
bourguignon) et le [R] fricatif vélaire (parisien) ne
permettent pas de constituer des mots différents.

(83)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les deux sons sont considérés comme des


réalisations d’un même phonème. Ils remplissent
tous deux la même fonction. Ainsi l’opposition de
[r] par [R] dans le monème rat n’est pas distinctive
en français parce qu’elle ne manifeste pas une
répercussion au niveau du signifié. Ce phénomène
s’appelle variante libre.

La neutralisation

On appelle neutralisation phonologique le fait


que, dans certaines positions de la chaîne parlée,
une opposition phonologique comme [e] ~ [] en
français n’est plus pertinente surtout en finale
absolue comme dans les ~ lait, mai ~ mais, ses ~
sais. On dit alors que l’opposition de sonorité
fermée/ ouverte est neutralisée au profit de la
fermeture en finale. On dit parfois que là où il y a
neutralisation apparaît l’archiphonème.

(84)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

II-La morphologie

En grammaire traditionnelle, la morphologie


est l’étude des formes des mots (flexion et
dérivation), par opposition à l’étude des fonctions
ou la syntaxe.

En linguistique moderne, le terme de


morphologie a deux acceptions principales:

a) ou bien la morphologie est la description des


règles qui régissent la structure interne des
mots, c’est-à-dire les règles de combinaison
entre les morphèmes racines pour constituer
des mots (règles de formation des mots,
préfixation et suffixation) et la description des
formes diverses que prennent ces mots selon la
catégorie de nombre, de genre, de temps, de
personne,…
b) ou bien la morphologie est la description à la
fois des règles de la structure interne des mots
et des règles de combinaison des syntagmes en

(85)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

phrases. La morphologie se confond alors avec


la formation des mots, la flexion et la syntaxe,
et s’oppose au lexique et à la phonologie. En ce
cas, on dit plutôt morphosyntaxe.
Cette branche de la linguistique s’intéresse
donc à étudier les unités de première
articulation qui sont les morphèmes ou les
monèmes. Le morphème est une unité signifiante
qui peut être constitué d’un ou plusieurs
phonèmes. Alors que les phonèmes sont les plus
petites unités distinctives de sens, les morphèmes
sont les plus petites unités porteuses de sens.

Les morphèmes : lexèmes et grammèmes

La linguistique américaine introduit le terme


morphème tandis qu’en France, l’école
fonctionnelle utilise monème. En Europe on
utilisait monème comme terme général équivalent
de deux termes : morphème et lexème.

(86)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Selon Bernard Pottier, « le morphème est


une unité générique minimale d’une langue pourvue
de sens ». Le morphème a deux types
 Lexème (morphème lexicale, celui qui est
porteur de sens)
 Grammème (celui qui exprime les relations
grammaticales)
Ex :

TRAVAILL/ ONS fille


Lexème / Grammème (+humain)
(semème) (+féminin)
(-adulte)

Quant au signifié des morphèmes, Bernard


Pottier va introduire semème : c’est le contenu
sémique du lexème, c.-à-d. un ensemble de
sèmes.

(87)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Le semème est composé d’un ensemble de


groupes sémantiques qu’on appelle « sèmes ». Le
semème « chaise » est composé par rapport à
« fauteuil »
Ex :
« Chaise » « fauteuil »
+ avec dossier (sème) + avec dossier (sème)
+ sur pieds (sème) + sur pieds (sème)
+ pour 1 personne (sème) + pour 1 personne (sème)
+ pour s'asseoir + pour s'asseoir
- avec bras (sème) + avec bras (sème)

On voit que:

 le sémème du terme chaise regroupe (S1 +


S2 + S3 + S4)
 le sémème du terme fauteuil regroupe (les
sèmes de chaise + S5)
 le sémème général, ou archisémème de
l'ensemble des sièges, regroupe (S2 + S4).

(88)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les affixes
La classe des affixes est constituée de
préfixes (morphèmes à l’initiale du mot), d’infixes
(morphèmes situés dans le corps du mot) et de
suffixes (morphèmes terminaux). Le français se
sert beaucoup de suffixes pour former ses mots.
C’est ainsi que /œr/, /øz/, /ris/, /atœr/, /atris/
se trouvent associés à des lexèmes comme:

dans-
chant-
direct-
product-
cant-
fact-
répar-
indic-
présent-
Mais si danseur/ danseuse, chanteur/
chanteuse sont possibles, le féminin de directeur

(89)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

ne peut être directeuse, celui de producteur ne


peut être producteuse. On a dans ces cas recours
à un autre morphème = /ris/. D’où directeur/
directrice, producteur/ productrice. /øz/ et /ris/
sont bien des morphèmes de même sens
grammatical; plus exactement ; ils ont la même
fonction, celle de marquer le féminin d’un nom
d’agent ou d’un adjectif (enjôleur / enjôleuse,
heureux / heureuse, libérateur / libératrice,
moteur/motrice). On dit dans ce cas que ces
morphèmes sont des variantes. /øz/ et /ris/ sont
appelés des allomorphes.

III-La syntaxe

La syntaxe étudie la façon dont les morphèmes se


combinent entre eux pour former des groupes ou
des syntagmes et la façon dont les syntagmes se
rattachent pour faire des phrases.

(90)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La structure syntaxique

Tel énoncé n’est pas une simple suite de


mots, mais il existe des contraintes sur les types
d’unités et les combinaisons dans lesquelles elles
peuvent entrer. Considérons ces trois énoncés:

(1) Jean regrette son pays.

(2) Jean est nostalgique de la région où il a vécu

(3) Luc promène le chien

Les énoncés (1) et (2) ont à peu près le même


sens. Pourtant, les catégories des mots utilisés et
leurs relations y sont très différentes. En
revanche,(1) et (3) ont beau avoir des
significations très éloignées l’une de l’autre, d’un
certain point de vue, celui de la syntaxe, on a
affaire à une même structure, quelque chose ne
varie pas: les catégories et leurs relations. Ici on
parle de la structure syntaxique. Cette structure
ressort de manière exemplaire dans le cas
d’ambigüité syntaxique où l’on peut associer au

(91)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

moins deux structures syntaxiques à une même


suite de mots. Ainsi, la phrase, Léon a vu le
bouquet de sa chambre peut- il recevoir deux
interprétations. Dans l’une de sa chambre est
complément de bouquet, étant inclus dans <<le
groupe nominal>> le bouquet de sa chambre. Dans
l’autre il s’agit d’un complément circonstanciel de
lieu, qui peut changer de place :

De sa chambre Léon a vu le bouquet.

Dans les deux interprétations de sa chambre


relève de la même catégorie (en l’occurrence, c’est
un << groupe prépositionnel >>) mais sa fonction,
la relation qu’il entretient avec les autres
constituants, diffère.

Ce phénomène de l’ambigüité syntaxique


montre qu’une phrase n’est pas une simple
juxtaposition de mots mais qu’il inscrit ces mots
dans un réseau de dépendances, une structure
syntaxique.

(92)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les principaux constituants de la phrase

Au niveau d’analyse supérieure, on pourrait


envisager cette unité linguistique qu’est la phrase.
En fait, de nombreux linguistes posent l’existence
d’une unité intermédiaire entre mot et phrase, le
syntagme. Un syntagme est une séquence de
mots
<< >> formant une unité syntaxique, centrée
essentiellement sur le nom ou sur le verbe, qui ne
suffit pas à former une phrase à lui seule. Ainsi
dans la phrase le petit enfant mangeait bien, on
distinguera un syntagme nominal (le petit enfant),
formant un groupe syntaxique organisé autour du
nom enfant, et un syntagme verbal (mangeait bien)
centré sur le verbe manger. Aucun de ces deux
syntagmes ne suffit pas à former une phrase.

En faisant telle analyse, on aboutit à une


description structurale des phrases, qui permet de
déterminer à quelles catégories (nom, adjectif,
morphèmes de nombre, etc.) appartiennent les

(93)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

constituants, quelles relations entretiennent ces


catégories, mais aussi quelles sont leurs
fonctions.

Le syntagme nominal

Le syntagme nominal (SN) se compose de


deux éléments, dont la présence est nécessaire, le
déterminant et le nom. La classe des déterminants
est la classe des éléments placés à gauche du
nom, qui s’accordent avec lui et ont pour fonction
de le déterminer, de l’actualiser. Il s’agit aussi
bien des articles que des adjectifs possessifs,
indéfinis…, etc. À ces deux constituants, Det et N,
s’en ajoute souvent un troisième, mais facultatif,
que nous appellerons modificateur (Mod). Il s’agit
surtout des adjectifs (un gentil garçon, un chat
souple…), des relatives(le livre que j’ai lu), de
certains syntagmes prépositionnels(le livre de mon
ami, l’homme au visage souriant…).

(94)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

L’adjectif (A) est lui-même susceptible d’avoir


des expansions, car il peut être la tête d’un groupe
dit syntagme adjectival (SA) : un livre (très épais);
un livre (utile aux enfants); un livre (plus utile que
celui de Paul) etc.

Le syntagme verbal

Le verbe est la tête du syntagme verbal (SV);


il peut figurer seul ou avoir des expansions de
divers types (SN et/ ou SP) selon les verbes: Le
cheval dort: SN+ (V); Les spectateurs regardent le
match: SN+(V+SN); Les étudiants pensent à
l’examen: SN+(V+SP)etc.

Le SN en position d’expansion de V, (SN2)


s’analyse de la même manière que le SN
constituant immédiat de la phrase, (SN1): ce
groupe syntaxique présente en effet la même
organisation (Dét + N + Mod) quelle que soit sa
place dans la phrase.

(95)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Il existe un autre type de SV, ce sont les


phrases à copule, c’est-à-dire celles dont le verbe
est être, mais aussi paraître, devenir…Ces copules
sont nécessairement suivies d’un élément sur leur
droite qui peut être un SA, un SN ou un SP:

IV- La lexicologie

La lexicologie est l’étude du lexique, du


vocabulaire d’une langue, dans ses relations avec
les autres composants de la langue, phonologique
et surtout syntaxique. Les phénomènes de
dérivation et de composition, qui font partie de la
morphologie traditionnelle, sont traités par la
lexicologie.

(96)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

V- La sémantique

Elle s'occupe de tout ce qui signifie : morphèmes,


mots (principalement), discours. C'est l'étude du
rapport entre les mots et le "réel" (les
représentations du réel en fait).

Suivant G. Mounin, la sémantique est la science


des significations linguistiques. La signification
d’une unité linguistique est son signifié; son sens,
c’est la valeur précise qu’acquiert le signifié abstrait
dans un contexte, une situation, …

La question du sens des énoncés est donc un


élément fondamental d’appréciation. Pour le
montrer, empruntons deux exemples de chez
Chomsky. Les exemples ci-dessous démontrent que
la syntaxe n’est pas l’essentiel et que l’analyse du
sens s’impose de plus en plus à la linguistique
moderne :

1) Le chat de ma tante est sur le tapis

2) D’incolores idées vertes dorment furieusement

(97)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

On constate d’emblée que (1) est intelligible


et que (2) ne l’est pas, malgré le fait qu’il soit
conforme aux règles de la syntaxe. Il faut donc
tenir compte, pour qu’une phrase ait un sens, de
certains facteurs autres que syntaxiques.

-Les présupposés (= l’implicite)


On présuppose dans (1) que le locuteur a
bien une tante, laquelle possède un chat et un
tapis.

-La cohésion textuelle

Si, dans une conférence internationale,


l’orateur déclare : À mon avis, la situation
économique internationale doit être considérée
comme extrêmement préoccupante et qu’il ajoute
immédiatement après : Le chat de ma tante est sur
le tapis, cet énoncé syntaxiquement et
sémantiquement inattaquable est pour le moins
incongru. Si, par contre, mon ami me dit : Mon

(98)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

cher Patrick, il faut que je te dise : je suis très


allergique aux chats. J’espère qu’il n’y en a pas
chez toi … et que je lui réponde : Désolé, le chat de
ma tante est sur le tapis, cela paraîtra tout à fait
naturel, parce qu’en situation, comme on dit.

-La cohérence

En l’absence de tout contexte verbal


(situation extralinguistique), l’énoncé doit être
adapté à la situation : par exemple, si vous
montez dans un taxi et que la première chose que
vous dites est le chat de ma tante est sur le tapis,
celui-ci se posera inévitablement des questions
sur votre santé mentale en vertu de l’incohérence
de vos propos. Cet énoncé est effectivement
déplacé. D’autre part, ce même énoncé peut servir
à exprimer bien autre chose qu’une assertion, par
exemple, un reproche ( Je lui avait pourtant
bien dit de faire attention à son chat ! Pensez-donc
: un tapis tout neuf !)

(99)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

VI- La pragmatique

La pragmatique linguistique s'intéresse aux


rapports que les utilisateurs du langage
entretiennent avec ce dernier, à la relation entre
les signes linguistiques et leurs signifiés d'une
part, et les utilisateurs qui les interprètent d'autre
part. Elle a réagi les excès du structuralisme
prêtant une attention trop exclusive aux
structures syntaxiques et aux unités de 1re et 2e
articulation. Elle envisage le langage en référence
aux interlocuteurs et à la situation du discours.
Elle rend ainsi à la personne humaine sa place
dans la linguistique, elle prend en compte les
éléments de la langue dont le sens dépend des
circonstances de l'acte de parole.
Le Grand dictionnaire encyclopédique
Larousse la définit sommairement ainsi :
« Approche linguistique qui se propose
d'intégrer à l'étude du langage le rôle des

(100)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

utilisateurs de celui-ci, ainsi que les situations


dans lesquelles il est utilisé.»1
Dominique Maingueneau affirme cette notion
en disant que, « la pragmatique constitue un
composant de la langue, à côté du composant
sémantique et du composant syntaxique. Ce
composant pragmatique est issue de la tripartition
inaugurée par le philosophe américain Charles
Morris qui distinguait trois domaines dans
l'appréhension de tout langage, formel et naturel :
1) la syntaxe, qui concerne les relations de signes
aux autres signes;
2) la sémantique qui traite de leurs relations avec la
réalité ;
3) la pragmatique qui s'intéresse aux relations des
signes avec leurs utilisateurs, à leur emploi et à
leurs effets. »2

1
- Le Grand dictionnaire encyclopédique, Larousse, Paris, Larousse, 1987, P. 8412.
2
- D. Maingueneau, les Termes clés de l'analyse du discours, Edition du seuil, Paris,
1996, P. 65.

(101)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Le langage se décompose donc en trois


parties : la syntaxe, qui étudie les signes et leurs
relations aux autres signes ; la sémantique, qui
étudie les signes et leurs relations au monde
extérieur et la pragmatique, qui étudie ces signes
et leurs relations aux usagers. Selon cette
répartition, on peut voir la pragmatique dans la
dépendance de la syntaxe par rapport au contexte
d'emploi et à l'usage ou bien encore comme le fait
de rendre compte du sens des expressions et des
phrases en fonction des usages auxquels elles
servent.

La pragmatique étudie donc la parole sous l'angle


des intentions et des effets dans le cadre de la
communication. La linguistique l'a intégrée
récemment, à la différence des études en
communication, qui s'en occupent depuis
longtemps. Par exemple, elle va s'occuper de
décrire les procédures d'interprétation : "on a

(102)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

sonné" n'est pas une simple constatation, à partir


de l'énoncé, on montre qu'il véhicule plus que la
signification des mots en eux même." veux-tu aller
ouvrir ? " ou " pas moyen d'être tranquille " La
pragmatique répond à certaines questions telles
que : Que fait-on avec le langage, à quoi ça sert?

La pragmatique ne travaille pas sur des unités


particulières, elle a une vue globale.

(103)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Questions sur le deuxième chapitre


1-Compléter les phrases suivantes:

-La description linguistique dépend de ……………..

- La phonologie est une phonétique …………………


qui s’intéresse à étudier ………………………………..

- Le phonème est……………… tandis que le


morphème est……….

2-Dites si les énoncés suivants sont vrais ou


faux et justifiez votre réponse:

- La neutralisation phonologique le fait de


remplacer un phonème par un autre pour générer
des mots nouveaux.

- La pragmatique linguistique s'intéresse aux


structures syntaxiques.

3-Expliquez les concepts suivants:

-Le phonème est la plus petite unité de son


capable de produire un changement de sens.

4- Définir avec des exemples les termes


suivants:

(104)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Phonologie –morphologie –syntaxe – sémantique –


lexicologie - pragmatique.

5-Répondre à ces questions:

-Qu’est-ce que la phonologie? Comment les


phonèmes permettent-ils de distinguer deux
significations différentes?
-Qu’entend-on par morphologie en linguistique
moderne? Distinguez entre morphème et lexème
6- Expliquez avec des exemples les concepts
suivants
-Le phonème
-le monème
-La syntaxe
-La pragmatique

(105)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(106)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

TROISIÈME CHAPITRE

Langage et Communication

Sémiologie et Communication

(107)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(108)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La théorie de la communication

La linguistique est l’étude scientifique du


langage humain. Donc, le linguiste s’intéresse à
étudier le langage de l’homme, c’est -à- dire le
langage verbal. Celui-ci a une fonction centrale:
donner à l’homme la possibilité de communiquer
son expérience personnelle à ses semblables. Il
désigne tout ce que le locuteur ressent ou
envisage et qu’il désire communiquer.

Mais qu’est-ce qu’on entend par


communiquer ou par communication?
Communiquer consiste à faire passer des
informations, à transmettre un message d’un
individu à un autre. Toute communication verbale
implique plusieurs facteurs.

Les facteurs de la communication

La communication d’une information est un


message. Il en est ainsi de la lettre envoyée à un
parent, du premier bonjour de la matinée, de la

(109)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

prière, de l’appel au secours, …etc. Tout message


implique un contact entre deux interlocuteurs,
au minimum: l’émetteur et le récepteur, ou
encore le destinateur et le destinataire. Le
contact, c’est-à-dire le canal physique de
communication, peut être proche et direct, par
exemple dans une conversation de salon, ou
éloigné et direct, dans le cas du téléphone et de la
correspondance, ou indirect dans le cas de la
radio, du journal ou de l’affiche, etc.

Modèle de la communication de Jacobson

(110)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Le message fait référence à une situation


donnée (référent ou contexte): le temps qu’il fait,
l’actualité politique, une catastrophe, la condition
humaine, etc. Enfin, il est construit à l’aide d’un
code, c’est-à-dire d’un système conventionnel des
signes pourvus de sens. C’est l’existence d’un code
commun qui assure la compréhension du
message: si le locuteur s’exprime par exemple en
russe et que le destinataire ignore cette langue, le
message n’est pour lui que du bruit dénué de tout
sens. On appelle encodage ou codage le
processus par lequel l’émetteur, dit alors
encodeur, donne à son message la forme d’un
énoncé qui suit les règles d’un code donné; dès
lors, encoder, c’est choisir un certains nombres
de signes du code, les combiner et les introduire
dans le canal. Le décodage consiste à attribuer
une signification au message grâce à
l’interprétation des signes et de leur combinaison.

(111)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Les fonctions du langage

Les fonctions du langage correspondent aux


facteurs de la communication. C’est le linguiste
Roman Jakobson qui a proposé cet inventaire des
facteurs de la communication et des fonctions du
langage. L’ensemble des éléments de la
communication et des fonctions du langage se
schématise ainsi :

Figure 4

(112)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

1)-La fonction référentielle

La fonction référentielle est centrée sur la


situation ou le contexte. Le langage sert à
informer sur une situation, à en décrire et en
expliquer les données, à raconter un événement
(réel ou fictif) à énoncer un avis. Cette référence
peut faire partie du monde extérieur ou de
l’univers intérieur du parleur ou du scripteur:

Ex: Vois- tu cette voiture rouge là-


bas?(référent externe présent).
Ex: Te souviens-tu de cette voiture rouge
que nous avons vue hier? (Référent
externe, absent).
Ex: La voiture (dont je viens de vous parler)
coûte très cher. (Référent interne ou
textuel)
Cette fonction permet donc de dénoter le monde
qui nous entoure, c'est le référent, c'est-à-dire
«de quoi il s'agit».

(113)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

2)-La fonction expressive

Cette fonction est centrée sur l’émetteur. Les


messages expriment directement les réactions
affectives, émotives, du parleur face à la situation
dont il parle: peur, douleur, joie, admiration, etc.
Les moyens d’expression utilisés alors, tels que le
ton, le changement dans l’ordre des mots, les
interjections mettent en œuvre la fonction
expressive. En prononçant l’énoncé: Monsieur est
là? Le parleur peut exprimer l’indifférence, la
colère, le mépris, la peur, la joie,…

3)-La fonction impressive

Cette fonction est tournée vers le récepteur


du message. Elle s’exerce lorsque le message
cherche à imposer à l’auditeur ou au lecteur une
réaction donnée. Elle apparaît dans les formes de
l’apostrophe, de l’appel, de l’ordre: Garçon! Un café
et vite!

(114)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

4)-La fonction de contact

Pour que le contact subsiste entre les deux


interlocuteurs, pour que l’attention de l’auditeur
ne se relâche pas, pour que des bruits extérieurs
ne parviennent pas à interrompre la
communication, à distraire le récepteur du
message, on use de procédés divers, qui réalisent
la fonction de contact: par exemple, le allo du
téléphone, les n’est-ce pas, dites, si vous voulez,
du professeur, les eh bien, hein, tu vois, etc., de la
conversation, ou même les premières
manifestations du langage enfantin, qui n’ont
d’autre objet que de créer un contact social avec la
mère, et avec l’entourage.

5)-La fonction de métalangage

Pour avoir une véritable communication,


l’émetteur et le récepteur doivent posséder en
commun un certain nombre d’éléments qui
forment la matière du message: mots, symboles,

(115)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

signes…Les deux interlocuteurs possèdent et


connaissent le code qui les aide à produire des
messages. Cette fonction s’intéresse donc à la
notion de code ou au langage lui-même. Le
professeur, en répondant à son élève, le père, en
répondant à son fils, chacun utilise une
terminologie linguistique bien comprise de la part
de l’autre. Dans leur discours, on remarque une
succession, un changement et une participation.
Et c’est ce qui signifie le terme métalangage.

6)-La fonction poétique, ou esthétique

Cette fonction s’exerce lorsque le message est


pris comme objet de contemplation, lorsque son
audition ou sa lecture produit du plaisir; lorsqu'il
devient une œuvre d’art, qui reste dans la
mémoire des hommes. C’est le cas du poème, du
roman, du théâtre, à condition que leur texte
traverse les générations et survive à son époque.

(116)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La classification des langues

Le langage articulé devait exister il y a au


moins trente mille ans, il est extrêmement difficile
de dire comment il est apparu ou même comment
il s’est répandu. On ignore, par exemple, si le
langage est né dans une partie du monde pour se
répandre ensuite ou si, comme cela semble plus
probable, il est né - simultanément ou plutôt
successivement- dans les différentes parties du
monde. Ce n’est qu’avec l’apparition de l’écriture,
il y a moins de cinq mille ans, que nous disposons
de documents positifs sur l’histoire de certaines
langues, et que nous pouvons à partir de là
déduire que toutes les langues ont une histoire.

Dans l’état actuel des choses, le français, parlé


quotidiennement par environ soixante-dix millions
d’habitants, arrive au dixième rang dans les
langues mondiales, la langue la plus parlée étant
le chinois (huit cent millions d’usagers), suivie, de

(117)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

loin, par l’anglais (deux cent cinquante millions).


Mais la place réelle du français est meilleure que
celle qu’indique le classement par le nombre
d’usagers. En effet, le français est la langue de
communication de plus de la moitié de l’Afrique
noire, et la langue scientifique de divers autres
pays, comme le Maroc et la Tunisie.

Le français appartient au groupe des langues


dites la famille indo-européenne, celui qui est le
plus usité dans le monde après la langue chinoise.
Voici les principaux groupes linguistiques existant
dans le monde:

Les langues indo- européennes

Elles constituent la famille de langues la plus


importante pour l’histoire de l’Occident et du
monde moderne. Leur parenté a été mise en
évidence au XIXe siècle grâce aux travaux de la
linguistique comparée. Les ressemblances
frappantes, tant sur le plan du lexique que sur le
plan de la syntaxe de la plupart des langues

(118)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

d’Europe et des langues de l’Inde et de Perse ont


permis de postuler l’existence d’une langue
disparu: l’indo-européen. À la famille linguistique
indo-européenne appartiennent actuellement

1. les langues germaniques: l’allemand, le


néerlandais, le flamand, l’anglais, les
langues scandinaves,
2. les langues romanes: le latin, l’italien, le
français, l’espagnol, le portugais, et le
roumain
3. les langues slaves: le polonais, le croate,
le slovène, le tchèque, le serbe, le
bulgare, le russe,
4. les langues celtiques: le breton,
l’irlandais,…

5. les langues baltes: le lituanien et le


letton.

6. l’arménien.

7. l’albanais.

8. le grec.

(119)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

9. les langues de l’Inde et de l’Iran : le


sanskrit, le hindi, le persan,…

Les autres langues

Les principales autres familles de langues


actuellement parlées dans le monde sont:

1. Groupe chamito- sémitique

a) chamitique: égyptien, copte;

b) sémitique: arabe littéraire et ses


dialectes.
c) cananéen: hébreu, phénicien, chaldéen,
etc.

2. Groupe ouralo-altaïque

a) turc, mongol;

b) hongrois, finnois, lapon.

3. Langues caucasiennes.

4. Langues dravidiennes.

5. Chinois.

6. Langue thaï (vietnamien, siamois)

(120)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

7. Groupe coréen.

8. groupe japonais.

9. Langues négro- africaines.

(121)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Sémiologie et communication

Pour Ferdinand de Saussure, la langue est


un système de signes exprimant des idées, et par
là, comparable à l’écriture, à l’alphabet des sourds-
muets, aux rites symboliques, aux formes de
politesse, aux signaux militaires, etc. Elle est
seulement le plus important de ces systèmes. Pour
cela, il voit qu’il y a une science qui étudie la vie
des signes au sein de la vie sociale; il la nomme
SÉMIOLOGIE. Alors, la linguistique n’est pour lui
qu'une partie de la sémiologie.

Les successeurs de Saussure n’ont pas le


même point de vue, ils distinguent la linguistique,
étude d’un système de signes particuliers, de la
sémiologie, étude de tous les systèmes de
communication non linguistiques, étude de tous
les signes non linguistiques. La linguistique
s’intéresse donc au langage verbal, tandis que la
sémiologie s’occupe d’autres systèmes de

(122)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

communication que le langage verbal: les uns


sonores, comme par exemple la sonnerie de
cloches ou le sifflet, les autres, visuelles, comme le
code de la route.
Procédés de communication selon la
sémiologie
L’indice
D’après Prieto1, l’indice est « un fait
immédiatement perceptible qui nous fait connaître
quelque chose à propos d’un autre fait qui ne l’est
pas ». Georges Mounin donne l’exemple du ciel
d’orage: le ciel d’orage n’a pas l’intention de
communiquer avec le météorologiste, mais il est
cependant l’indice d’une pluie possible. Un autre
exemple : la fumée est l'indice de l'existence d'un
feu. La mention des indices joue un grand rôle
dans le roman (indices psychologiques ou sociaux,
indices de l’enquête policière, etc.).

1
- Prieto, Sémiologie, dans Le Langage, La Pléiade, p. 95

(123)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Le signal
À la différence de l’indice, le signal est «Fait
qui a été produit artificiellement pour servir
d'indice»1. Les signaux sont donc des signes qui
impliquent une intention de communiquer: le ciel
d’orage n’a pas l’intention d’annoncer le mauvais
temps; mais ce signal va conduire le responsable
de la sécurité d’une plage à hisser un drapeau
noir; ce drapeau est un indice artificiel produit
pour fournir une indication. Le signal est utilisé
volontairement par convention.( ex. Certains
signaux du code de la route).
Le symbole
Le symbole est un signal qui marque un rapport
analogique, constant dans une culture donnée,
avec l’élément qu’il signifie. Donnons quelques
exemples: la balance est le symbole de la justice,
la faucille et le marteau désignent les instruments
du travail agricole et du travail industriel, et, par

1
- Prieto, Sémiologie, dans Le Langage, La Pléïade, p. 96

(124)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

métonymie, le prolétariat… La colombe est le


symbole de la paix

Signalons que les symboles se diffèrent d’un


pays à l’autre: la croix verte en France désigne une
pharmacie, tandis que celle- ci est représentée par
le verre et le serpent en Égypte.

(125)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Questions sur le troisième chapitre

1- Complétez les phrases suivantes:

- Pour Ferdinand de Saussure, la sémiologie


est …………………………………..
- D’après Jakobson, les facteurs de toute
communication verbale sont …………..

2- Répondez aux questions suivantes

- Qu’entend-on par communication? Quels


sont ses facteurs? Quelles sont les fonctions
du langage?
- Montrez que la linguistique s’intéresse à
l’étude du langage verbal tandis que la
sémiologie s’occupe des systèmes de
communication non verbale.
- Quels sont procédés de communication selon
la sémiologie?
3- Expliquez les concepts suivants:

- Sémiologie
- L’indice
- le signal
- Le symbole

(126)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Textes commentés tirés du C. L.G.

- L’objet de la linguistique

- La sémiologie

- Le signe

- Le jeu d’échecs

- Langue et pensée

(127)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(128)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

L’objet de la linguistique
Quel est l’objet à la fois intégral et
concret de la linguistique? La question est
particulièrement difficile; nous verrons plus
tard pourquoi; bornons- nous ici à faire saisir
cette difficulté. D’autres sciences opèrent sur
des objets donnés d’avance qu’on peut
considérer ensuite à différents points de vue;
dans notre domaine, rien de semblable.
Quelqu’un prononce le français nu : un
observateur superficiel serait tenté d’y voir un
objet linguistique concret; mais un examen
plus attentif y fera trouver successivement
trois ou quatre choses parfaitement
différentes, selon la matière dont on le
considère: comme son, comme expression
d’une idée, comme correspondant du latin
nudum, etc. Bien loin que l’objet précède le
point de vue, on dirait que c’est le point de
vue qui crée l’objet, et d’ailleurs rien ne nous

(129)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

dit d’avance que l’une de ces manières de


considérer le fait en question soit antérieure
ou supérieure aux autres. En outre, quelle que
soit celle qu’adopte, le phénomène
linguistique présent perpétuellement deux
faces qui se correspondent et dont l’une ne
vaut que par l’autre. Par exemple:
1- Les syllabes qu’on articule sont des
impressions acoustiques perçues par
l’oreille, mais les sons n’existeraient
pas sans les organes vocaux; ainsi un
n n’existe que par la correspondance
de ces deux aspects. On ne peut donc
réduire la langue au son, ni détacher
le son de l’articulation buccale;
réciproquement on ne peut pas définir
les mouvements des organes vocaux si
l’on fait abstraction de l’impression
acoustique.
2- Mais admettons que le son soit une

(130)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

chose simple: est- ce lui qui fait le


langage ? non, il n’est que
l’instrument de la pensée et n’existe
pas pour lui- même. Là surgit une
nouvelle et redoutable
correspondance: le son, unité
complexe acoustico-vocale, forme à
son tour avec l’idée une unité
complexe, physiologique et mentale.
Et ce n’est pas tout encore:
3- Le langage a un côté individuel et
un côté social, et l’on ne peut
concevoir l’un sans l’autre.
4- En outre ; à chaque instant il
implique à la fois un système établi et
une évolution; à chaque moment, il est
une institution actuelle et un produit
du passé. Il semble à première vue très
simple de distinguer entre ce système
et son histoire, entre ce qu’il est et ce

(131)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

qu’il a été; en réalité, le rapport qui


unit entre ces deux choses est si étroit
qu’on a peine à les séparer.
(C.L.G. pp.23 à 25).
Dans ce texte, Saussure essaie de dégager la
nature de son objet d’étude, c’est -à- la matière de
la linguistique. Celle – ci se trouve dans toutes les
manifestations du langage humain, chez les
peuples sauvages aussi bien que chez les civilisés,
dans la langue familière aussi bien que dans le
beau langage. Il y a, en effet, plusieurs objets
d’étude possibles dans ce phénomène hétérogène
qu’est le langage: on peut analyser un mot d’un
point de vue phonétique, d’un point de vue
sémantico-philosophique ou d’un point de vue
historique. Selon Saussure, c’est le point de vue
qui crée l’objet.
En définissant son objet, le linguiste doit
tenir compte d’un certain nombre de dichotomies
présentes dans le phénomène linguistique. Il y a

(132)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

d’abord la différence entre ce qui est physique et


ce qui est psychique, et entre le son et l’idée.
Saussure signale qu’il y a non seulement le son
physique, mais aussi l’impression acoustique(qui
deviendra le signifiant), et que le langage est fait
non seulement de sons, mais aussi d’idées(ce qui
mènera plus tard au signifié). Le linguiste peut
étudier ces sons et ces idées dans le langage
particulier, l’idiolecte, d’un individu, ou dans leur
manifestation sociale, dans le langage de toute la
communauté. Saussure s’intéresse
essentiellement à la description des langues; c’est
la langue qui sera le sujet de toute la partie du
Cours qui traite la linguistique synchronique.
Cette importance de la langue, qui semble vouer la
parole à l’oubli, a beaucoup influencé les
successeurs de Saussure. Il y a encore une
opposition entre le système établi et le langage en
évolution. Pour la plupart des contemporains de
Saussure , la linguistique était l’étude du langage

(133)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

en évolution; pour Saussure , la seule façon


d’étudier ce qui est systématique dans le langage,
est d’isoler un état de langue. Pourtant, il admet
qu’on a peine à les séparer. D’ailleurs, le fait
d’isoler ce système pour l’étudier ne doit pas faire
oublier au linguiste qu’à chaque moment le
langage est une institution et un produit du
passé.

(134)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La sémiologie
La langue, ainsi délimitée dans
l’ensemble des faits de langue, est classable
parmi les faits humains, tandis que le
langage ne l’est pas.
Nous venons de voir que la langue est une
institution sociale; mais elle se distingue par
plusieurs traits des autres institutions
politiques, juridiques, etc. Pour comprendre sa
nature spéciale, il faut faire intervenir un
nouvel ordre de faits.[…] La langue est un
système de signes ex primant des idées…[…].
La langue est un système de signes
exprimant des idées, et par là, comparable à
l’écriture, à l’alphabet des sourds –muets, aux
rites symboliques, aux formes de politesse,
aux signaux militaires, etc., etc. Elle On peut
donc concevoir une science qui étudie la vie
des signes au sein de la vie sociale; elle

(135)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

formerait une partie de la psychologie sociale


et par conséquent de la psychologie
générale; nous la nommerons sémiol.
On peut donc concevoir une science qui
étudie la vie des signe au sein de la vie
sociale; elle formerait une partie de la
psychologie sociale, et par conséquent de la
psychologie générale; nous la nommerons
sémiologie (du grec semeîon, = signe). Elle
nous apprendrait en quoi consistent les
signes, quelles lois les régissent. Puisqu’elle
n’existe pas encore, on ne peut dire ce qu’elle
sera; mais elle a droit à l’existence, sa place
est déterminée d’avance. La linguistique n’est
qu’une partie de cette science générale, les
lois que découvrira la sémiologie seront
applicables à la linguistique, et celle-ci se
trouvera ainsi rattachée à un domaine bien
défini dans l’ensemble des faits humains […].
Pourquoi celle –ci n’est – elle pas encore

(136)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

reconnue comme science autonome, ayant


comme toute autre son objet propre. C’est
qu’on tourne dans un cercle : d’une part, rien
n’est plus propre que la langue.
Ce passage marque le fondement de la
sémiologie en Europe et on attendra plusieurs
décennies avant qu’elle ne devienne l’objet d’une
étude sérieuse.
Dans le C.L.G., Saussure nous apprend en
quoi consistent les signes. S’il nous dit de manière
moins explicite quelles lois régissent, c’est qu’une
étude des mécanismes de la langue est en même
temps une contribution à la sémiologie. Saussure
ne sous-estime pas le rôle de la langue, dans la vie
sociale et la pensée, quand il dit qu’elle est
seulement le plus important de ces systèmes; il
veut plutôt démontrer que l’étude de la langue et
celle des autres systèmes de signes doivent
procéder de la même façon et peuvent être d’un
bénéficie réciproque. En effet, les sémiologues

(137)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

adopteront le modèle de la linguistique


saussurienne, cependant Barthes, dans
Éléments de sémiologie, proposera de renverser
le rapport suggéré par Saussure: plutôt que de
considérer la linguistique comme une partie de la
sémiologie, il considère la sémiologie comme
faisant partie de la linguistique.

(138)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Le signe

Pour certaines personnes la langue ,


ramenée à son principe essentiel, est une
nomenclature, c’est- à dire une liste de termes
correspondant à autant de choses. Par
exemple:

Cette conception est critiquable à bien


des égards. Elle suppose des idées toutes

(139)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

faites préexistant aux mots; elle ne nous dit


pas si le nom est de nature vocable ou
psychique, car arbor peut être considéré sous
l’un ou l’autre aspect; enfin elle laisse
supposer que le lien qui unit un nom à une
chose est une opération toute simple, ce qui
est bien loin d’être vrai. Cependant cette vue
simpliste peut nous approcher de la vérité , en
nous montrant que l’unité linguistique est une
chose double, faite du rapprochement de deux
termes. […].
Le signe linguistique unit non une chose
et un nom , mais un concept et une image
acoustique. Cette dernière n’est pas le son
matériel, chose purement physique, mais
l’empreinte psychique de ce son, la
représentation que nous en donne le
témoignage de nos sens;[…].

(140)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Le signe linguistique est donc une entité


psychique à deux faces, qui peut être
représenté par la figure:

[…] Le lien unissant le signifiant au


signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous
entendons par signe le total résultat de
l’association d’un signifiant à un signifié,
nous pouvons dire plus simplement: le signe
est arbitraire.
Ainsi l’idée de <<sœur>> n’est liée par
aucun rapport intérieur avec la suite de sons
s-œ-r qui lui sert de signifiant; il pourrait être
aussi bien représenté par n’importe quelle

(141)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

autre : à preuve les différences entre les


langues et l’existence même de langues
différentes : le signifié <<bœuf>> a pour
signifiant b-œ-f d’un côté de la frontière, et o-
k-s (Ochs) de l’autre. (pp.97 à 100)

Saussure lance dans le C. L. G. un défi aux


idées traditionnelles sur le signe. Il n’y a de de
doute que c’est là une des parties les plus
importantes du C.L.G. Il a ses idées nouvelles
dans ce domaine.
La première notion mise en cause par
Saussure est celle de la langue comme une
nomenclature, une liste de termes
correspondant à autant des choses. Cette idée
est fausse à plusieurs égards, dit Saussure. Ce
serait une erreur d’imaginer qu’il existe des idées
toutes faites auxquelles on peut coller des
étiquettes linguistiques, ou qu’à chaque idée
correspondait un seul mot. Une telle conception

(142)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

tend à réduire la langue à sa fonction de


référence, et nous mène à considérer les mots
comme des significations plutôt que des valeurs
qui fonctionnent à l’intérieur d’un système.
La deuxième innovation de Saussure est de
considérer non pas le rapport entre les sons et les
choses, mais le rapport entre deux entités
psychiques, l’image acoustique et le concept.
L’étude du monde extérieur ne fait pas partie de la
linguistique et l’étude des sons, la phonétique,
n’est qu’une science auxiliaire. La langue est un
système existant virtuellement dans chaque
cerveau, ou plus exactement dans les cerveaux
d’un ensemble d’individus. Que les concepts
soient psychiques, nous l’admettons sans
difficulté. quant au signifiant, plusieurs choses
confirment que ce qui est important, ce n’est pas
le son physique, mais son empreinte physique.
Nous reconnaissons le même mot malgré des
prononciations différentes et nous pouvons ,

(143)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

comme le dit Saussure, nous réciter mentalement


une pièce de vers. Ce qui constitue la langue
donc, c’est l’union de ces deux entités psychiques,
le signifiant et le signifié.
Dans la langue, le signifiant et le signifié
sont indissolublement liés. Cela ne veut pas dire ,
cependant, que ce lien soit naturel. Au contraire,
il est arbitraire. Une autre suite de sons pourrait
aussi bien signifier <<bœuf>>. Ce qui donne à
<<bœuf>> sa signification, c’est sa place dans ce
système de valeurs qu’est la langue française.

(144)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Le jeu d’échecs
Mais de toutes les comparaisons qu’on
pourrait imaginer, la plus démonstrative est
celle qu’on établirait entre le jeu de la langue
et une partie d’échecs. De part et d’autre, on
est en présence d’un système de valeurs et on
assiste à leurs modifications. Une partie
d’échecs est comme une réalisation artificielle
de ce que la langue nous présente sous une
forme naturelle.
Voyons la chose de plus près.
D’abord un état de jeu correspond bien à
un état de la langue. La valeur respective des
pièces dépend de leur position sur l’échiquier,
de même que dans la langue chaque terme a
sa valeur par son opposition avec tous les
autres termes.
En second lieu, le système n’est jamais
que momentané; il varie d’une position à
l’autre. Il est vrai que les valeurs dépendent

(145)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

aussi et surtout d’une convention immuable;


la règle du jeu, qui existe avant le début de la
partie et persiste après chaque coup. Cette
règle admise une fois pour toutes existe aussi
en matière de langue; ce sont les principes
constants de la sémiologie.
Enfin, pour passer d’un équilibre à
l’autre, ou- selon notre terminologie – d’une
synchronie à l’autre, le déplacement d’une
pièce suffit; il n’y a pas de remue-ménage
général. Nous avons là le pendant du fait
diachronique avec toutes ses particularités.
En effet :
a) Chaque coup d’échecs ne met en
mouvement qu’une seule pièce; de même
dans la langue les changements ne
portent que sur des éléments isolés.
b) Malgré cela, le coup a un retentissement
sur tout le système; il est impossible au
joueur de prévoir exactement les limites

(146)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

de cet effet. Les changements de valeurs


qui en résulteront seront selon
l’occurrence, ou nuls, ou très graves, ou
d’importance moyenne. Tel coup peut
révolutionner l’ensemble de la partie et
avoir des conséquences même pour les
pièces momentanément hors de cause.
Nous venons de voir qu’il en est
exactement de même pour la langue.
c) Le déplacement d’une pièce est un fait
absolument distinct de l’équilibre
précédent et de l’équilibre subséquent. Le
changement opéré n’appartient à aucun
de ces deux états: or les états sont seuls
importants.
Dans une partie d’échecs ,n’importe
quelle position donnée a pour caractère
singulier d’être affranchie de ses antécédents;
il est totalement indifférent qu’on y soit arrivé
par une voie ou par une autre; celui qui a

(147)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

suivi toute la partie n’a pas le plus léger


avantage sur le curieux qui vient inspecter
l’état du jeu au moment critique; pour décrire
cette position, il est parfaitement inutile de
rappeler ce qui vient de se passer dix
secondes auparavant .Tout ceci s’applique
également à la langue et consacre la
distinction radicale du diachronique et du
synchronique. La parole n’opère jamais que
sur un état de langue et les changements qui
interviennent entre les états n’y ont eux-
mêmes aucune place.
Il n’y a qu’un point où la comparaison
soit en défaut; le joueur d’échecs a l’intention
d’opérer le déplacement et d’exercer une
action sur le système; tandis que la langue ne
prémédite rien; c’est spontanément et
fortuitement que ses pièces se déplacent ou
plutôt se modifient.
D’ailleurs cette unique différence rend la

(148)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

comparaison encore plus instructive, en


montrant l’absolu nécessité de distinguer en
linguistique les deux ordres de phénomènes.
Car, si des faits diachroniques sont
irréductibles au système synchronique qu’ils
conditionnent, lorsque la volonté préside à un
changement de ce genre, à plus forte raison le
seront-ils lorsqu’ils mettent une force aveugle
aux prises avec l’organisation d’un système de
signes. (pp. 125 à 127 )

Un des caractéristiques du cours est le


recours fréquent de Saussure aux métaphores,
pour éclaircir ses idées sur la langue. Une des
métaphores les plus éclairantes est celui du jeu
d’échecs. Ce passage est célèbre autant par sa
beauté que par la clarté de son exposition, car
l’équilibre des phrases renforce à chaque moment
la justesse de la comparaison .

Saussure attire d’abord notre attention sur

(149)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

les ressemblances entre le système de la langue et


la partie d’échecs. Tous les deux constituent un
système clos et autonome, sans qu’on ait besoin
de se référer à leur évolution. dans tous les deux,
les éléments sont des valeurs et les règles du jeu
sont fondées sur une convention immuable.

La deuxième grande ressemblance entre la


langue et le jeu d’échecs se trouve dans le fait qu’il
faut garder la distinction entre chaque état
successif, et l’évolution qui mène d’un état à
l’autre. Chaque état est un système autonome.
Or, le déplacement d’une seule pièce est capable
de effectuer le changement d’un état à l’autre,
mais le déplacement lui-même ne fait pas partie
d’un état donnée. L’évolution de la linguistique n’a
pas de place dans la description synchronique
d’une langue. Pour rendre encore plus acceptable
cette idée à des auditeurs habitués à la conception
historique du langage qui était celle du XIXe
siècle, Saussure développe de façon très vivante la

(150)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

comparaison entre le sujet parlant et le joueur


d’échecs. Ce n’est pas le déplacement en tant que
tel mais le nouvel état du jeu qui l’intéresse.

Pourtant Saussure admet avoir trouvé une


différence entre la langue et le jeu d’échecs. Si
toutes les répercussions éventuelles d’un
mouvement sur l’échiquier sont difficiles à prévoir,
il n’en reste moins vrai que le joueur vise un
certain but, celui de gagner la partie, de mater son
adversaire. Or, d’après Saussure, il arrive que
l’innovation dans la parole du sujet parlant soit
acceptée par la collectivité, ce qui mène à un
changement dans la langue, mais on ne pourrait
pas dire que cela soit l’objectif du sujet parlant.

(151)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Langue et pensée

Pour se rendre compte que la langue ne


peut être qu’un système de valeurs pures, il
suffit de considérer les deux éléments qui
entrent en jeu dans son fonctionnement; les
idées et les sons.
[…] Philosophes et linguistes se sont
toujours accordés à reconnaître que, sans le
secours des signes, nous serions incapables de
distinguer deux idées d’une façon claire et
constante.[…] Il n’y a pas d’idées préétablies,
rien n’est distinct avant l’apparition de la
langue.[…].
Le rôle caractéristique de la langue vis-à-
vis de la pensée n’est pas de créer un moyen
phonique matériel pour l’expression des idées,
mais de servir d’intermédiaire entre la pensée
et le son, dans des conditions telles que leur
union aboutit nécessairement à des
délimitations réciproques d’unités. […].

(152)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

La langue est encore comparable à une


feuille de papier: la pensée est le recto et le
son le verso; on ne peut découper le recto
sans découper en même temps le verso; de
même dans la langue, on ne saurait isoler ni
le son de la pensée, ni la pensée du son.[…]
La linguistique travaille donc sur le
terrain limitrophe où les éléments des deux
ordres se combinent ; cette combinaison
produit une forme, non une substance. (pp.155
à 157)

Ces pages semblent réfuter l’idée de certains


que Saussure aurait considéré la langue
uniquement comme un code, car le rôle
caractéristique de la langue vis-à-vis de la pensée
n’est pas de créer un moyen phonique matériel
pour l’expression des idées, mais de servir
d’intermédiaire entre la pensée et le son. Pour lui,
la pensée était préétablit et antérieure au langage.

(153)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Cette conviction est responsable de la réception


mitigée accordée d’abord au Cours par les
philosophes français.
Comme c’est souvent le cas, Saussure
cherche des comparaisons: dans le langage , son
et pensée sont aussi inséparables que le recto et le
verso d’une feuille de papier. Il s’intéresse à
l’union du signifiant et du signifié, qui produit
une forme, non une substance.

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Petit lexique de linguistique

(155)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(156)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Arbitraire: Dans la théorie saussurienne,


l’arbitraire caractérise le rapport qui existe
entre le signifiant et le signifié. La langue est
arbitraire dans la mesure où elle est une
convention implicite entre les membres de la
société qui l’utilisent.
Artificiel: On qualifie d’artificielles (par opposition à
naturelles) des langues créées
intentionnellement par des individus ou des
groupes d’individus afin de servir de moyen
de communication entre des locuteurs
parlant des langues différents. L’espéranto a
été créé en 1887 par un médecin polonais,
Lazare Zamenhoff; il est employé dans le
monde entier par quelques centaines de
milliers de personnes.
Autonome: On dit d’une unité qu’elle est
autonome quand elle peut apparaître dans
différents points de l’énoncé sans que la
différence de place modifie en quoi que ce

(157)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

soit son rôle ou son acception propres(ex: le


samedi dans je me repose le samedi/ le
samedi je me repose).
Canal: Le canal (terme technique de la théorie de
la communication) est le moyen par lequel,
au cours du processus de la communication,
les signaux du code sont transmis; c’est le
support physique nécessaire à la
manifestation du code sous forme de
message : ainsi, les câbles électriques pour la
télégraphie ou la communication
téléphonique, la page pour la communication
écrite,…
Chaîne parlée: suite de sons émise par celui qui
parle. On dit aussi chaîne phonique,
acoustique ou sonore.
Circuit de la parole: processus par lequel un
concept est transformé en signe linguistique
chez le locuteur, et de signe en concept chez
l’auditeur.

(158)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Code: dans le C.L.G., code semble indiquer


l’ensemble des règles d’une langue. Chez les
structuralistes, indique la langue par laquelle
un message est transmis.
Convention: accord, contrat entre les membres
d’une communauté; une habitude collective.
Diachronie: La linguistique diachronique étudie
l’évolution des langues, ou les états des
langues qui se suivent sur << l’axe des
successivités>>, opposée à la synchronie.
Différentiel: Les entités différentielles sont
définies non pas positivement par leur
contenu, mais négativement par leur rapport
avec les autres termes du système.
Énoncé: suite de signes linguistiques, de
n’importe quelle longueur, précédée et suivie
d’un silence.
Entité: se dit de toute unité fondamentale dans
l’étude de la langue; très souvent utilisé pour
signe. Saussure dit aussi terme ou unité.

(159)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Étymologie: En linguistique historique,


l’étymologie est la discipline qui a pour
fonction d’expliquer l’évolution des mots en
remontant aussi loin que possible dans le
passé. Pour le français, on remonte ainsi
jusqu’au latin.
Expansion: Dans une phrase, l’expansion est tout
terme ou tout groupe de termes que l’on peut
supprimer de la phrase sans que celle-ci
cesse d’être une phrase et sans que les
rapports grammaticaux entre les termes
soient modifiés. Ainsi, dans la phrase : le
chat de la concierge dort sur le tapis, on dira
que de la concierge est une expansion du
syntagme nominal et sur le tapis est une
expansion du syntagme verbal puisqu’ils
peuvent être extraits de la phrase sans que
celle-ci cesse d’être une phrase.
Faculté de langage: Capacité naturelle de
l’homme de s’exprimer et de communiquer

(160)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

par des signes linguistiques.


Indo-européen: Langue prototype, reconstruite à
partir des langues connues (sanskrit, latin,
grec). Appartiennent à la famille indo-
européenne les langues latine, germaniques
et celtiques, parmi d’autres.
Langage: Le parler humain dans sa totalité, qui se
divise en langue et parole.
Langue: Une langue est un instrument de
communication, un système de signes
vocaux spécifiques aux membres d’une
communauté.
Lexicologie: La lexicologie est l’étude du lexique,
du vocabulaire d’une langue.
Linéarité: La linéarité est une des propriétés
fondamentales du langage. Les énoncés sont
des suites d’éléments discrets ordonnés de
façon linéaire. Chaque morphème est une
suite de phonèmes, chaque phrase est une
suite de morphèmes, chaque discours est

(161)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

une suite de phrases.


Linguistique: Science du langage, c’est-à-dire
étude objective, descriptive et explicative de
la structure et du fonctionnement des
langues naturelles humaines.
Morphologie: Traditionnellement, étude des
formes des mots dans une langue, surtout de
leurs désinences grammaticales. Chez
Martinet, la morphologie concerne
uniquement les variantes des signifiants des
monèmes: il y a la morphologie
syntagmatique qui étudie les variantes de
monèmes grammaticaux (les accords, la
conjugaison,…) ; et la morphologie lexicale
qui étudie les variantes de monèmes dans la
composition ou la dérivation de mots.
Parole: Acte de l’individu qui utilise la langue
pour émettre ou pour comprendre des
énoncés.
Phonétique: Science qui étudie les sons sous tous

(162)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

ses aspects.
Phonologie: Science qui étudie les phonèmes
d’une langue dont le rôle est distinctif de
sens. C’est la phonétique fonctionnelle.
Sémantique : Étude du vocabulaire d’une langue,
du point de vue des signifiés; ou, de façon
plus générale, science de la signification.
Sémiologie: Science sociale qui étudie tous les
systèmes de signes(les langues, les codes
routiers, etc.). Pour Saussure, la linguistique
fait partie de la sémiologie.
Signe: Toute entité double (un concept + son
expression) qui fonctionne à l’intérieur d’un
système de valeurs, destiné à communiquer
un sens. Le signe linguistique est composé
du signifiant et du signifié. Comme exemple
de signe non linguistique, Saussure cite les
gestes de politesse, l’écriture.
Signifiant: image acoustique, empreinte
psychique d’un son, inséparablement lié au

(163)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

signifié dans le signe linguistique.


Signifié: Concept, inséparablement lié au
signifiant dans le signe linguistique.
Sujet parlant: Individu, membre d’une
communauté linguistique.
Synchronie: La linguistique synchronique étudie
la langue à un moment donné et laisse
provisoirement à côté son évolution; opposée
à diachronie.
Syntagme: Groupe de mots formant un complexe
de sens.
Syntaxe: Ensemble des relations que les groupes
entretiennent entre eux dans la phrase. La
syntaxe exprime les fonctions des différents
groupes.
Traits distinctifs (ou pertinents):
Caractéristiques fondamentales d’un
phonème qui le différencient des autres.

(164)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Bibliographie

(165)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

(166)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

André Martinet et al., La linguistique, Guide


alphabétique, Denoël, Gonthier, 1969.
André Martinet, Éléments de Linguistique
générale, Paris, P.U.F., 1980.
André Martinet, Pour une linguistique des
langues, in linguistique, V. 37. 1/2, Paris,
P.U.F., 2000.

Choi-Jonin (Injoo) & Delhy (Corinne),


Introduction à la méthodologie en linguistique,
Paris, Presses universitaires de Strasbourg, 1998.
Colette Feuillard, Le fonctionnalisme d'André
Martinet, in linguistique 37. F. 1, 2001, Paris,
P.U.F.
Emile Benveniste, Problèmes de linguistique
générale, Paris, Gallimard, TEL, 1974.
Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique
générale, Paris, Payot, 1980.
Frédéric François, La linguistique, Paris, P.U.F.,
1980.

(167)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Georges Mounin, Clefs pour la linguistique, Paris,


Seghers, 1971.
Georges Mounin, La linguistique du 20e siècle,
Paris, P.U.F.,1975.
Jacques Moeschler, Introduction à la linguistique
contemporaine, Paris, A colin, 2000.
Jean Louis Chiss et alli, Linguistique française,
1, Paris, Hachette, 1993.
Jean Lyons, Linguistique générale, Paris,
Larousse, 1970.
Jean Michel Builles, Manuel de la linguistique
descriptive, Paris, Nathan, 1998.
Kerbrat - Orecchioni (C.), L'énonciation. De la
subjectivité dans le langage, Paris, A. colin, 1980.
Leonard Bloomfield, Langage, Trad., franc. Le
langage, Paris, Payot, 1970.
Marina Yaguelles, Alice au pays du langage,
Paris, Seuil, 1981.
Noam Chomsky, structures syntaxiques, Paris, Le
seuil, 1969.

(168)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

ID - Aspects de la théorie syntaxique, Paris, Le


seuil, 1971.
ID - Questions de sémantique, Paris, Le seuil,
1927.
Nicolas Rwet, Langages, no. 4, décembre 1966.
Roman Jakobson, Essais de linguistique générale,
Paris, Minuit, 1963.
Von wartburg (W.), Problèmes et méthodes de la
linguistique, Paris, P.U.F, 1969.

Dictionnaires consultés
- Georges Mounin et alli, Dictionnaire de la
linguistique, Paris, Quadrige/ P.U.F, 1995.
- Jean Dubois et alli, Dictionnaire de linguistique
et des sciences du langage, Paris, Larousse,
1994.
- Larousse (Pierre), Le grand dictionnaire
encyclopédique Larousse, paris, Larousse,
1986.

(169)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Articles sur l'Internet


Henriette Gezundhajr, SEIF, Université de
Toronto, 1997 – 2000,
http://www.Linguistique.com/courants/courant.
htm.

(170)
Introduction à la linguistique générale  Dr.Elsaadani

Table des matières


Descriptif du programme 3
Avertissement 7
Introduction 9
Chapitre premier
Histoire de la linguistique des origines au C.L.G.
L’antiquité:
- Les Égyptiens 24
- Les Chinois 28
- Les Hindous 29
- Les Grecs 30
- Les Romains 32
- Les Arabes 32
- Les juifs 34
Les Moyens- Âges (IVe-XIVe siècles) 34
Du Moyen Âge au XVIIIe siècle 35
Le XIXe siècle et la grammaire comparée 37
Les néogrammairiens 39
Le structuralisme saussurien 41
Les concepts fondamentaux du Cours
-Langage, langue et parole 42
-Synchronie et Diachronie 45
-Signe linguistique 49
-rapports syntagmatiques et paradigmatiques 54
-Notion de système 58
-Courant structuraliste en Amérique 60
-Courant structuraliste en Europe 63
La double articulation 66
Questions 71
Deuxième chapitre
I-Phonologie 77
- Les phonèmes 77
- La commutation 81

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- La neutralisation 84
II- La morphologie 85
- La première articulation
- Les morphèmes et les lexèmes 86
- Les affixes 89
III-La syntaxe 90
La structure syntaxique
- Syntagme nominal 94
- Syntagme verbal 95
IV- Lexicologie 96
V- Sémantique 97
VI. La pragmatique 100
Questions 104
Troisième chapitre
La théorie de la communication 109
Les facteurs de la communication 109
Les fonctions du langage 111
La classification des langues 117
Sémiologie et communication 122
Procédés de communication selon la sémiologie 123
Questions
Textes commentés tirés du C. L. G 128
Petit lexique de linguistique 155
Bibliographie 166
Table des matières 171

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