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Société Française de Management

Anciens Présidents L’édition d’ouvrages en Sciences de gestion


Gérard Hirigoyen Séance du 30 avril 2007
Bernard Ramanantsoa
Jacques Thépot
Introduction par PJ Benghozi
Bureau 2007 L’initiative de la séance de la SFM consacrée à l’édition scientifique d’ouvrages de gestion
tient à un constat partagé. La plupart des enseignants chercheurs nous sont régulièrement
Pierre-Jean Benghozi confrontés, comme auteur ou directeur de collections, à des relations avec les éditeurs et il
Président
partagent, tout aussi régulièrement, des interrogations communes. Il paraissait donc important,
Roland Pérez
dans le cadre de la SFM, de partager ces expérience en identifiant et situant précisément la
Président sortant nature des problèmes rencontrés et de dégager les perspectives qui et stratégies qui sont les
Relations institutionnelles nôtres en tant que fournisseurs de contenu. La préparation de la réunion a permis notamment
de pointer plusieurs questions : le financement des ouvrages, le travail éditorial et
Julienne Brabet d'accompagnement des éditeurs, les spécificités des ouvrages de recherche, des manuels, des
Vice-Présidente ouvrages collectifs et des proceedings, les modalités de promotion et de diffusion des ouvrages,
Relations interdisciplinaires l’internationalisation et la langue de travail, les nouvelles perspectives ouvertes par la mise en
ligne des ouvrages et des textes.
Thomas Durand
Vice-Président
Relations internationales Discussion
Yvon Pesqueux L’état des lieux de l’édition française de gestion
Secrétaire général
Force est de constater la très grande disparité du travail éditorial français dans le domaine des
Nicolas Berland
sciences de gestion : tant du point de vue de la diffusion (public, « catalogue », visibilité « en
S.G. adjoint
Communication ligne », etc.), que de l’accompagnement et de la révision (réelle ou inexistante), que du choix et
de la rigidité des formats et du positionnement (textbooks, manuels, ouvrages de recherche,
Hélène Rainelli essais, proceedings, etc.), de la traduction des ouvrages de langue anglaise... Quels
Trésorière enseignements tirer de ce constat ?

Rachel Beaujolin-Bellet Les premiers éléments du débat ont permis de relever tout d’abord l’absence d’informations
Chargée de mission précises permettant de se faire une idée des ordres de grandeurs du marché français de l’édition
Séminaire estival de gestion : quel nombre de libres publiés en gestion, quel nombre de manuels,, quel nombre
de livres de gestion publiés en autre langue non française. En la matière, la référence implicite
des gestionnaires est très généralement le marché américain de l’édition, qui ne repose ni sur le
mêmes contraintes, ni les mêmes volumes de débouchés.

De façon sommaire, on peut estimer que l’édition française de gestion concerne environ entre
300 et 400 ouvrages en gestion / an en tenant compte de l’activité des principaux éditeurs
spécialisés : Economica, Dunod, Ellipses, Eska, Vuibert. Parmi ces ouvrages, une proportion
assez forte concerne des « livres de recettes » (how to), une proportion significative – de
l’ordre de 10% - relève de traductions.
SFM c/o IAE de
Paris Le tirage moyen de ces ouvrages se situe entre 250 et 1500 exemplaires, ce qui montre le faible
21, rue Broca spectre de l’édition française spécialisée. Une référence comme le Kotler, par exemple, ne
F-75005 Paris
monte qu’à 2000 exemplaires maximum par an ; cet ouvrage de référence se vend pourtant
régulièrement et relève, en langage stratégique, de la « vache à lait » qui permet de procéder à
des « subventions croisées » vers d’autres ouvrages moins « grand public ».
Tél. : (33) 01 40 27 21 63
Fax : (33) 01 40 27 26 55
Qui plus est, le marché francophone n’est, à quelques exceptions près, pas très porteur :
pesqueux@cnam.fr
l’Afrique francophone, disposant de peu de moyens financiers, n’est pas une grosse
sfmanag@yahoo.fr consommatrice d’ouvrages. On achète déjà plus de livres en Suisse ou en Belgique et
site web

http://sfm.typepad.fr

nicolas.berland@free.fr
l’exception notable est celle du Canada où il y aurait environ 600$ obligatoire d’achat
d’ouvrages par an et par étudiant de l’enseignement supérieur de gestion. Certains titres
avoisinent de ce fait des tirages de 600 exemplaires vendus en local (prescription à l’ensemble
des étudiants de l’université), auxquels s’ajoutent environ une cinquantaine d’exemplaires
vendus en France.

Le marché français de l’édition de gestion est en contraction depuis quelques années et connaît
une régression de l’ordre de 4% par an du nombre de parutions, de tirages, du CA, etc.
Plusieurs explications peuvent être avancées ; depuis la généralisation de la mise en ligne des
documents et articles (directement ou sur les plateformes telles que EBSCO), jusqu’aux
pratiques des étudiants et l’absence de reconnaissance académique et d’incitation envers les
enseignants-chercheurs producteurs d’ouvrages. Un des participants notait que le marché des
ouvrages de gestions finit par devenir comparable à celui de la poésie où auteurs, lecteurs et
prescripteurs sont presque les mêmes individus, en faisant un marché très fermé.

Le marché anglo-saxon de l’édition de gestion

Le marché français ne peut donc se comparer en termes de taille et de fonctionnement au


marché anglo-saxon, pas plus d’ailleurs qu’à celui de l’Europe du Nord. Ces différences
tiennent à la taille du marché, mais aussi aux différences profondes que cela entraîne dans le
travail des éditeurs.

Les pratiques éditoriales d’un Sage, d’un Palgrave ou d’un Blackwell, par exemple, sont, d’une
part, celles d’un authentique travail d’« editor » avec un modèle « très encadré », soumettant
chaque manuscrit à une relecture « agnostique » par des professionnels rémunérés… et d’autre
part, un modèle de « pari sur l’auteur », où la logique dominante est juste celle de l’atteinte du
point mort ! Cette dualité entérine une séparation stricte entre le travail d’« editing » et de
« publishing » : la stratégie marketing peut parfois miser essentiellement sur quelques 25
points de vente dans le monde (dont 8 aéroports) ou à l’inverse s’appuyer sur un réseau dense
de bibliothèques.

La faiblesse du marché français et les moyens limités des éditeurs fait, par contre que dans
beaucoup de cas, l’essentiel des coûts d’ « editing » restent supporté par l’auteur. Le travail
approfondi de révision de l’ouvrage reste très rare en France alors que Chicago ou Berkeley
University Press, par exemple, effectuent un travail très fin sur le fond de l’ouvrage, travail
« subventionné » par l’université. L’édition universitaire française, en comparaison, fait figure
de parent pauvre, mais c’est en fait le cas de l’édition française tout court : les éditeurs n’ont
pas les moyens de payer de vrais directeurs de collection, ou d’authentiques relecteurs… Il y a
ainsi un problème de qualité et de quantité lié à l’investissement éditorial : les monographies de
recherche s’amortissent ainsi aux USA sur un ou deux ans grâce aux achats des bibliothèques,
des chercheurs, des étudiants et à la formation continue, ce qui est impensable en France à
l’heure actuelle.

Les pratiques françaises diffèrent également de celles de l’Europe du Nord où la norme est une
double publication : l’une en langue anglaise assortie d’une autre en langue locale, contrastant
singulièrement avec la pratique française d’aides à la traduction / adaptation, voire à la
francisation de manuels ou d’ouvrages déjà reconnus à l’international. A l’inverse, aucune
maison française ne propose des ouvrages dans une langue autres que le français…

Le marché des étudiants

La discussion a permis de pointer une des difficultés majeures des ouvrages de gestion.
Contrairement à la situation qui prévaut dans d’autres pays, le marché des étudiants reste très
limité. En un mot, les enseignants-chercheurs de gestion ne réussissent pas à faire lire des
livres par les étudiants, a fortiori à les faire acheter. Pour certains, il s’agit là du problème de
fond.

La comparaison avec d’autres pays, l’Angleterre notamment, laisse penser que l’évolution en
ce domaine supposerait une modification profonde des pédagogies, beaucoup plus centrées sur

2
la lecture d’ouvrage (en testant aussi les étudiants sur ce point). On peut sans doute y voir un
travers du cours artisanal « à la française ». Les nombreux polycopiés reposant sur une
compilation de photocopies d’ouvrages contribuent aussi très probablement à cette « éviction
du livre »… A l’inverse, dans d’autres pays, les cours sont conçus en supposant que les
ouvrages ont déjà été lus (ce qui fait que l’enseignant n’a pas à donner les définitions en
cours…). Le constat est bien sûr le même pour l’usage et le rôle des manuels.

La situation d’autres disciplines ainsi que les initiatives prises dans certaines institutions
montrent toutefois que des solutions peuvent exister. L’IAE de Paris fait état de son expérience
où une « mallette pédagogique est fournie, comportant avec une dizaine d’ouvrages de base
recommandés. Même dans ce cas, pourtant, il apparaît que les étudiants les lisent peu. Pourtant,
dans les facultés de médecine française, les étudiants achètent et travaillent sur des livres.

La question est donc bien, semble-t-il, plus généralement celle de la « forme pédagogique » du
cours de gestion. En dépit des incitations éventuelles, le comportement étudiant d’absence de
lecture, est finalement « rationnel » : puisqu’ils ne sont pas forcés de lire et qu’ils réussissent
pourtant les examens qu’on leur propose sans avoir eu besoin de lire, la nécessité de cet effort
valorisable éventuellement sur le long terme ne leur apparaît en fin de compte pas utile.

Les conséquence sur la nature des ouvrages

Une conséquence de l’absence de lecture, par les étudiants, s’observe dans l’occultation des
« classiques » et des ouvrages antérieurs à 1990. Toutes les tentatives éditoriales pour remettre
en avant ces classiques ont échoué : Economica avait monté une telle collection puis l’a
abandonné, Dunod, les éditions d’organisation, SK, La Découverte ont fait de même.

Pour des raisons différentes, l’édition française a également du mal à publier des monographies
de recherche. De tels ouvrages peuvent exister aux USA car ils s’amortissent en un ou deux
ans, grâce aux bibliothèques, chercheurs, étudiants et à la formation continue. La faiblesse du
marché français rend par contre de tels paris plus difficiles à tenir.

Un gros travail de « réhabilitation » de la gestion reste donc à faire pour sortir l’édition
d’ouvrages de l’ornière des « boîtes à outils » et des « livres de recettes ». Le constat dépasse,
en l’occurrence, le seul problème des étudiants. La difficulté à mettre en avant des
bibliothèques de référence et des « grands auteurs » résulte probablement aussi à la place des
sciences de gestion dans la société. L’habitude de pensée française veut que ce qui touche
l’entreprise ne soit pas mis en relation avec ce qui touche la société, en faisant de fait de
l’édition de gestion une « littérature pour cadres » mal reconnue, inclassable et marginale.

Conclusions et recommandations
La conclusion de la discussion permet de dégager plusieurs pistes pouvant contribuer à
faciliter la situation de l’édition de gestion

 Identifier clairement la situation actuelle du marché français. Le débat a en effet


clairement montré que la connaissance du marché reste encore trop intuitive et imprécise :
volume et nature des ouvrages publiés, connaissance de la demande, positionnement des
différents éditeurs
 Favoriser et soutenir l’édition de gestion. Les témoignages des membres de la SFM font
état de l’existence de dispositifs de soutien aux ouvrages de sciences sociales dont les
sciences de gestion pourraient mieux profiter
 Mieux visibiliser la qualité des ouvrages et inciter les éditeurs à améliorer leur travail
éditorial. De façon analogue à ce qui existe déjà pour les revues, un dispositif de
labellisation pourrait être envisagé afin de distinguer les ouvrages et les éditeurs
scientifiques en fonction de la qualité du travail éditorial : existence d’un vrai processus de
sélection et de relecture en amont, suivi par un travail d’editing en aval.
 Repérer et identifier les bonnes pratiques pédagogiques en matière de lecture des
étudiants.

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