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18 Mars 1871 : Début de la Commune de Paris

Le 18 mars 1871 marque le début de la Commune de Paris, révolution ouvrière et populaire,


qui, pour la première fois dans l’histoire posera les bases d’un pouvoir prolétarien.

La Commune demeure ensevelie sous une chape de silence, bien qu’elle soit ou plutôt parce
qu’elle est porteuse de valeurs, valeurs battues en brèche par les héritiers de ceux qui
massacrèrent les Communards.

Une révolution ouvrière

L’insurrection communarde naît d’un sursaut patriotique contre la faillite, voire la trahison,
des équipes dirigeantes durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, et d’un puissant
réflexe républicain contre les périls d’une restauration monarchique. Comme le proclame le
Journal officiel du 21 mars 1871, « Les prolétaires de la capitale, au milieu des défaillances
et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de
sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques ». Cette révolte,
réponse à la provocation de Thiers du 18 mars, se transforme en révolution ouvrière.

Ouvrière par la masse de ses combattants (84% des Communards arrêtés sont des travailleurs
manuels), par le fort pourcentage d’ouvriers (environ 30%) au sein du Conseil général de la
Commune, par la constante pression exercée du dehors, enfin par sa législation sociale. Mais
cette classe ouvrière est fille de son temps, d’un capitalisme en pleine ascension, intermédiaire
donc entre l’artisanat sans-culotte et le prolétariat d’usine, une classe ouvrière adolescente,
mal structurée, se lançant « à l’assaut du ciel ». Cette hétérogénéité, jointe à sa naissance
spontanée du 18 mars, explique largement l’inexpérience, l’isolement, les rivalités
paralysantes de la Commune, mais aussi sa diversité foisonnante (néo-jacobins, proudhoniens,
néo-proudhoniens, blanquistes, bakounistes, marxistes, francs-maçons…), source d’un
héritage pluriel.
Ch. Deslescluze (Jacobin) / Théophile Ferré (Blanquiste) / Eugène Varlin (Internationaliste)

La démocratie citoyenne

Au nom de la souveraineté populaire et dans le droit fil de la Constitution de 1793, la


Commune engendre une vraie démocratie. Le Comité central de la Garde nationale, installé à
l’Hôtel de Ville depuis la soirée du 18 mars, précise, dans son appel du 22 mars aux électeurs,
sa conception de la démocratie : « Les membres de l’assemblée municipale, sans cesse
contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et responsables » ;
et, le 24 mars : « Quand nous pourrons avoir les yeux partout où se traitent nos affaires,
partout où se préparent nos destinées, alors, mais alors seulement, on ne pourra plus
étrangler la République ».

Les élus de la Commune, révocables, corsetés par un mandat impératif, demeurent sous la
férule d’un véritable « ministère des masses » : chambres syndicales, clubs, comités de
femmes, presse maintiennent une forte pression, à laquelle convie le club Nicolas-des-
Champs : « Peuple, gouverne-toi toi-même par tes réunions publiques, par ta presse ; pèse
sur ceux qui te représentent ; ils n’iront jamais trop loin dans la voie révolutionnaire ».
Lorsque les ouvriers boulangers, obtenant la suppression du travail de nuit, se rendent à
l’Hôtel de Ville remercier la Commune, ils sont vertement tancés par le journal Le
Prolétaire : « Le peuple n’a pas à remercier ses mandataires d’avoir fait leur devoir. […]
Car les délégués du peuple accomplissent un devoir et ne rendent pas de services ».

Donc une démocratie au sens étymologique du terme (démo = peuple ; kratos = pouvoir), le
gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, la démocratie la plus authentique qui
ait jamais existé à travers l’histoire, une démocratie directe reposant sur une citoyenneté
active, à l’échelle, il est vrai d’une ville et durant une soixantaine de jours. Mais quelle remise
en cause de la délégation du pouvoir et de la bureaucratie !

Cette souveraineté populaire, pleinement assumée, s’inscrit fort bien dans la filiation de la
Constitution de 1793, qui proclamait « le droit à l’insurrection » comme « le plus sacré des
droits et le plus imprescriptible des devoirs ».
Prémisses de l’autogestion

La démocratie s’étend à l’entreprise. L’atelier de réparation d’armes du Louvre se dote d’un


règlement autogestionnaire : chaque atelier élit, pour quinze jours, au conseil de direction, un
ouvrier chargé de transmettre les réclamations et d’informer ses camarades des décisions
prises. Dans l’orbite des chambres syndicales ou de comités de l’Union des Femmes
surgissent de nombreux ateliers coopératifs. Cette pratique inspire le décret du 16 avril,
prévoyant la remise en marche par les ouvriers associés des ateliers que leurs patrons ont
désertés.

Vers l’émancipation féminine

Constituant vital de cette démocratie directe, les femmes. Elles sont sur le devant de la scène
depuis le 18 mars (Louise Michel à Montmartre). Jules Vallès, dans Le Cri du Peuple du 12
avril 1871, décrit avec enthousiasme : « J’ai vu trois révolutions, et, pour la première fois j’ai
vu les femmes s’en mêler avec résolution, les femmes et les enfants. Il semble que cette
révolution est précisément la leur et qu’en la défendant, ils défendent leur propre avenir ».

Est alors créé le premier mouvement féminin de masse, l’Union des Femmes, qu’animent
Elisabeth Dmitrieff, aristocrate révolutionnaire russe de 20 ans, et Nathalie Le Mel, une
Bretonne de 45 ans, ouvrière relieuse.

Après des siècles de phallocratie, balayant son dernier avatar en date, le proudhonisme
(adepte de la femme au foyer), dont plusieurs de ses membres pourtant se réclament, la
Commune ouvre une brèche vers la libération des femmes. Les projets d’instruction pour les
filles visent à affranchir les femmes des superstitions et de l’emprise de l’Eglise, considérée
comme l’âme de la contre-révolution. Les femmes obtiennent à travail égal, salaire égal, et
créent de nombreux ateliers autogérés. Dans quelques quartiers les élus appartenant à
l’Internationale associent des femmes à la gestion municipale. En cette époque où règne,
étouffant, « l’ordre moral », la Commune officialise l’union libre, conférant à la famille
constituée hors mariage (concubins, enfants naturels) sa première reconnaissance légale.
Enfin, la Commune bannit la prostitution considérée comme une forme de « l’exploitation
commerciale de créatures humaines par d’autres créatures humaines ». Durant la Semaine
sanglante, les femmes combattent sur les barricades, à l’image de Jeanne-Marie que glorifie
Arthur Rimbaud, et de Louise, l’infirmière de la Fontaine-au-Roi, à qui J. B. Clément dédie
Le Temps des Cerises.

Ce rôle pionnier des Communards suscite la haine des Versaillais, qui forgent le mythe des
« pétroleuses ». Et Alexandre Dumas fils, auteur de La Dame aux Camélias, ose écrire : «
Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour toutes les femmes à qui elles
ressemblent quand elles sont mortes ».
Reproduction de la barricade des femmes (Place Blanche

Les étrangers

Dans notre monde gangrené par le racisme, la xénophobie, le nationalisme, la Commune


incarne la devise que Marx avait inscrite au bas du Manifeste communiste de 1848 :
« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».

Nombreux sont les étrangers qui participent à la Commune : les travailleurs immigrés,
nombreux, surtout Belges et Luxembourgeois, les Garibaldiens et les révolutionnaires qui
cherchaient asile dans le pays incarnant les Droits de l’homme. Fait unique dans l’histoire
mondiale, plusieurs étrangers occupent une place dirigeante. Un juif hongrois, ouvrier
bijoutier, Léo Frankel, siège au Conseil général de la Commune. La commission des
élections, le 30 mars 1871, valide ainsi son élection : « Considérant que le drapeau de la
Commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de
donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent […], la commission est d’avis que les
étrangers peuvent être admis, et vous propose l’admission du citoyen Frankel… ». Léo
Frankel est promu ministre du Travail et inspire toute l’œuvre sociale de la Commune. Des
généraux polonais, Dombrowski et Wrobleski, assument des commandements militaires.
Elisabeth Dmitrieff dirige l’Union des Femmes.

En retour, la Commune est entourée, durant son existence et après sa défaite, de la solidarité
agissante du mouvement ouvrier international.
Une œuvre très novatrice

Bien que bornée par le temps et absorbée par les impératifs militaires, l’œuvre de la
Commune est d’une richesse foisonnante.

La Commune entend réaliser l’aspiration du mouvement ouvrier français du XIXe siècle :


« L’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes ». Fidèle à la Constitution
de 1793, qui assignait à la société politique l’objectif d’établir « le bonheur commun », la
Commune se veut « la Sociale ». Répondant aux aspirations populaires, elle abolit le travail
de nuit, interdit les amendes et retenues sur les salaires, combat le chômage, interdit
l’expulsion des locataires (par ailleurs exonérés des termes encore dus), exerce un droit de
réquisition sur les logements vacants.

L’armée est remplacée par la Garde nationale, c’est-à-dire le peuple en armes, élisant ses
officiers et sous-officiers.

La Commune établit la gratuité de la justice, la liberté de la défense, supprime le serment


politique des fonctionnaires et magistrats, eux aussi élus et révocables.

Les Églises séparées de l’Etat, la Commune instaure l’école laïque, gratuite et obligatoire,
crée un enseignement professionnel, y compris pour les filles, et entame une réforme de
l’enseignement. Pour en débattre démocratiquement, se réunissent dans plusieurs écoles
instituteurs, parents d’élèves et membres de la Société pour l’Education nouvelle (soucieuse
de rénover l’enseignement).

La Commune est aussi pionnière de l’éducation populaire. Elle instaure des cours publics, que
Louise Michel évoquera avec enthousiasme : « Partout les cours étaient ouverts, répondant à
l’ardeur de la jeunesse. On y voulait tout à la fois, arts, sciences, littérature, découvertes, la
vie flamboyait. On avait hâte de s’échapper du vieux monde ». La Commune rouvre
bibliothèques, musées, théâtres. Les concerts donnés aux Tuileries sont très prisés. Dans cet
épanouissement de la culture populaire, un rôle important est dévolu à la Fédération des
Artistes (avec Courbet, Daumier, Manet, Dalou, Pottier…), qui place en tête de son
programme « la libre expansion de l’art, dégagé de toute tutelle gouvernementale et de tous
privilèges ». Tout, certes, n’est point réalisé. Mais que d’anticipations !
La Commune n’est pas morte !

La répression est féroce, à la mesure de la peur et de la haine des classes dirigeantes : 25 000 à
30 000 massacrés (dont femmes et enfants), 36 000 prisonniers, 4586 déportés en Nouvelle-
Calédonie.

Et pourtant, comme le chante Eugène Pottier, « Tout ça n’empêch’pas, Nicolas, qu’la


Commune n’est pas morte »

Victor Hugo exprime la même pensée : « Le cadavre est à terre, mais l’idée est debout ».

Dans le court terme, le spectre de la Commune hante les « réalistes » (tel le Versaillais en
chef, Thiers) et, par là, contribue à faire échouer les tentatives de restauration monarchique.
Comme le prévoyait Jules Vallès : « Avec nos fusils d’insurgés, nous avons calé la
République ». Sans parler des futures réalisations de la IIIe République, en premier lieu, la
laïcité de l’école, longtemps propre à la France.

Mais surtout, comme la Révolution française, la Commune constitue un événement fondateur.


Elle inspire le mouvement ouvrier international, de la Commune de Carthagène en 1873 à la
Révolution russe de 1917, à la Révolution spartakiste, à la Commune de Canton de 1927 et à
la révolte du Chiapas aujourd’hui. Elle marque en profondeur tout le mouvement ouvrier
français de la fin du XIXe et du XXe siècle, élément de ses spécificités. Elle hante encore la
genèse du Front populaire, la Résistance et mai 1968, nos combats d’aujourd’hui et demain.

L’œuvre de la Commune demeure d’une extraordinaire actualité parce que, viscéralement


démocratique, elle a su, dans les termes de son époque, poser et essayer de résoudre des
problèmes qui nous tenaillent toujours. Certes, à temps nouveaux, solutions neuves. Si jamais
l’histoire ne se répète, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir.

Dans notre univers inégalitaire, inhumain, dominé par le pouvoir de l’argent, prônant le culte
de la réussite individuelle, et où le ventre de la « bête immonde » engendre toujours racisme,
xénophobie, fanatisme, redonnons chair et vie au triptyque gravé de façon très formaliste au
fronton de nos édifices publics : Liberté, Égalité, Fraternité.
L’association des Amis de la Commune de Paris, héritière de La Fraternelle créée par les
Communards à leur retour d’exil, a pour but de faire fleurir son héritage, si fécond pour nos
combats d’aujourd’hui et de demain.

Association des Amis de la Commune de Paris

« Elle n’est pas morte »

, par Eugène Pottier (auteur de « L’Internationale »)

On l’a tuée à coups de chassepot,


À coups de mitrailleuse
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse.
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.

Refrain
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !

Comme faucheurs rasant un pré,


Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et les cent mille assassinats,
Voyez ce que ça rapporte.

Refrain

On a bien fusillé Varlin,


Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l’aorte.
Refrain

Ils ont fait acte de bandits,


Comptant sur le silence.
Achevez les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d’ambulance
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte.

Refrain

Les journalistes policiers,


Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d’ignominie.
Les Maxim’ Ducamp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.

Refrain

C’est la hache de Damoclès


Qui plane sur leurs têtes.
À l’enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes
Fait est qu’on était un fier tas
À lui servir d’escorte

Refrain

C’ qui prouve en tous cas Nicolas,


Qu’la Commune n’est pas morte.
C’ qui prouve en tous cas Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !

Bref tout ça prouve au combattant


Qu’ Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ ventre et qu’il est temps
D’crier vive la Commune !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte

Refrain

Ils sentiront dans peu nom de Dieu,


Qu’la Commune n’est pas morte.
Ils sentiront dans peu nom de Dieu,
Qu’la Commune n’est pas morte !

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