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industrielle au service de
l’intelligence économique et de
l’économie de la connaissance
Julie ARZOBIDE
Mars 2011
www.master-iesc-angers.com
SOMMAIRE
Introduction............................................................................................................................................. 2
1.2 Un Droit conventionnel : entre partage des connaissances et incitation à l’innovation .............. 3
Références ............................................................................................................................................. 10
Au 21ème siècle, les pays se sont lancés dans une véritable course aux brevets. Selon l’OMPI,
le top 6 des pays dépositaires en 2009 est mené par les États-Unis, suivis du Japon qui a
perdu la première place, l’Allemagne, la Corée du Sud, la Chine qui a enregistré la plus forte
croissance de 39% en 2009, et enfin la France1. Les bases de données sont également
utilisées pour lancer une estimation de l’indice d’appréciation R.D d’un pays. En Europe,
l’agenda de Lisbonne, ratifié en mars 2000 par les 15 États membres, établit comme objectif
de placer l’Union Européenne au rang d’économie de la connaissance la plus compétitive et
dynamique du monde en 10 ans.
1
Observatoire de la Propriété Intellectuelle, Le dossier des brevets en chiffres 2009, édition d’août 2010.
http://www.inpi.fr/fileadmin/mediatheque/pdf/statistiques/Brevets_CC_2009_01.pdf
Le lien entre la puissance d’une nation et le succès de ses entreprises est la base du système
conventionnel des DPI. Après avoir rejeté la conception d’un droit naturel, le système
juridique français a opté pour une convention sociale engageant la société et les inventeurs.
Hugo, Proudhon et Carey ont défendu ce concept en soutenant que la société, dans laquelle
l’inventeur a puisé ses idées pour concevoir son invention, est copropriétaire de la dite
invention et doit donc en récolter une partie des fruits. En effet, il n’y a pas de véritable
innovation de rupture, au sens où les nouvelles découvertes sont possibles uniquement
grâce aux avancées scientifiques précédentes. Newton, père de la loi universelle de la
gravitation, a confirmé cette idée en ces termes : If I have seen further [than certain other
men] it is by standing upon the shoulders of giants (« Si j'ai pu voir plus loin [que d'autres
hommes], c'est en me tenant sur les épaules de géants ».
En conséquence, les DPI sont une mesure d’équilibre entre l’intérêt général visant à
favoriser la création et la diffusion de connaissances, et l’intérêt particulier de l’inventeur
désireux de recevoir une juste rémunération. Un système de protection est donc nécessaire
à la prospérité d’un pays, car sans retour sur investissement, les entreprises et particuliers
ne seraient pas inciter à innover. Ainsi, Walras a défini les DPI comme une convention entre
l’inventeur qui partage son idée, et la société qui lui fournit les moyens de l’exploiter en
monopole durant un certain temps, au bout duquel elle tombera dans le domaine public. Par
la publication de son brevet d’invention, l’inventeur restitue à la collectivité son emprunt.
L’opposition entre d’une part, la diffusion des connaissances, et d’autre part, l’incitation à
l’innovation par le système de propriété intellectuelle, se traduit sur le plan économique par
la distinction entre l’efficacité statique et l’efficacité dynamique. L’efficacité statique
représente l’allocation présente des ressources visant à maximiser le surplus total (profits
des producteurs et gains des consommateurs), tandis que l’efficacité dynamique correspond
aux allocations des ressources futures pour améliorer l’invention, donc aux investissements
en recherche et développement.
2
D. SAGOT-DUVAUROUX, Professeur d’économie, cours d’Économie de la propriété intellectuelle, M2IESC de
er
l’Université d’Angers, 1 semestre 2010-2011.
3
F.Lévêque et Y.Menière, Économie de la propriété intellectuelle, Ed. La Découverte, Paris, 2003
La baisse des prix ayant permis l’entrée de nouveaux consommateurs, le surplus total
augmente encore d’un cran (I+III+II+III), mais cette fois-ci, ne bénéficie plus au
producteur/inventeur. Durant la phase de protection, ce dernier aura perçues des
ressources, via l’exploitation directe, la licence ou la cession de brevet, qu’il va réinvestir
dans la recherche et développement d’une nouvelle innovation. L’incitation à l’innovation
touche donc tous les acteurs économiques, puisque les concurrents tenteront également de
perfectionner l’invention de base ou d’en imaginer des applications dérivées, et surtout de
déposer le brevet avant les autres. En effet, seul le premier déposant bénéficiera du
monopole d’exploitation, tandis que les investissements en R.D, alloués par d’autres
entreprises sur la même invention, seront perdus. En conséquence, ce système de partage
des connaissances a des répercussions sur la compétitivité accrue des acteurs et le
raccourcissement du cycle technologique.
Les titres de propriété industrielle concernent uniquement les dessins et modèles, les
créations techniques, et les marques. Les idées et concepts ne sont pas protégeables.
L’obtention d’un titre permet de dissuader la contrefaçon et d’obtenir réparation.
Aujourd’hui, on n’estime qu’un produit sur 10 est copié dans le monde. Nous nous
attarderons principalement sur les signes distinctifs et les brevets d’inventions.
Les signe distinctif englobe de nombreuses variantes, telles que le nom de domaine
(ex.www.facebook.fr), le slogan, la dénomination sociale, ou encore la marque et l’enseigne.
Tous les signes distinctifs doivent répondre à 3 critères cumulatifs : être disponible (ex.
protection contre un nom voisin dans un secteur voisin), légalement autorisé (ex.
interdiction d’appel à la haine raciale), et distinctif du secteur de l’entreprise (ex. une
entreprise de confection de chaise ne sera pas autorisé à se nommer La Chaise). Ce dernier
critère est à prendre en compte dans les projets d’expansion à l’international d’une
compagnie. À titre d’exemple, un fabricant d’ordinateur portable pourra utiliser la marque
Laptop en France, mais pas dans un pays anglo-saxon.
Dans la liste des litiges portant sur des signes distinctifs, une nouvelle surprenante a fait la
une de la presse économique en septembre 2010. Le géant français de la grande
distribution, Carrefou, a découvert près de 160 supermarchés portant son enseigne sur le
territoire chinois. Si la Chine a récemment signé la Convention de Paris sur la protection de la
propriété industrielle de 1883, elle ne s’aligne pas complètement sur les principes généraux
des DPI, et fait prévaloir le principe de la spécialité sur celui de la notoriété. Par conséquent,
le système juridique chinois accepte l’utilisation de marques de notoriété mondiale, par des
entreprises nationales de secteurs éloignés. Vous pourrez donc rencontrer une compagnie
de confiserie Airbus, et une entreprise de fosse septique répondant au nom de Chanel.
À l’heure de l’innovation, une entreprise doit choisir entre garder le secret (ex. recettes de
Coca-Cola et Nutella) et protéger temporairement son innovation par un brevet. À mi-
chemin entre les 2 options, elle peut décider de breveter une partie seulement de son
invention. C’est le choix opéré par Michelin, qui a divulgué les caractéristiques extérieures
de ses pneus, mais pas leur procédé de fabrication.
Par ailleurs, quelque soit la portée technique du brevet d’invention, il doit répondre aux 3
critères de nouveauté, d’inventivité et d’applicabilité. Le critère de l’applicabilité industrielle
nous renvoie à la définition même du brevet : la protection d’une solution technique à un
problème technique. Celui de la nouveauté implique que l’invention ne doit pas avoir été
préalablement divulguée au public, que ce soit dans un salon professionnel ou encore à
travers les écrits d’un rapport de stage. Enfin, le brevet ne peut protéger une solution
technique que toute personne compétente dans le domaine considéré aurait pu trouver.
L’INPI est un établissement public, doté de l’autonomie financière, et placé sous la tutelle du
Secrétaire d’État auprès du MINEFI, chargé de l’industrie. Il a pour mission d’accompagner
les entreprises françaises pour qu’elles restent compétitives, et de soutenir l’innovation.
Outre la délivrance des titres nationaux de propriété industrielle, l’institut rempli 3 autres
fonction : informer et sensibiliser les acteurs économiques aux DPI ; enregistrer les actes de
la vie économiques (ex. actifs, passifs, part d’investissements en R.D d’une entreprise …) ; et
enregistrer le dépôt d’enveloppe soleau. Ce système permet de prendre acte de la date de
création, mais il ne s’agit pas d’un titre de propriété industrielle, puisque le contenu de
l’enveloppe n’a pas été publié.
En outre, l’obtention d’un titre ne signifie pas que le dépositaire puisse baisser sa vigilance,
bien au contraire. L’entreprise qui a breveté une nouvelle technologie, ne sera officiellement
la propriétaire de cette innovation que si son brevet est publié avant tout autre. Le délai de
publication après dépôt varie selon le titre de propriété industrielle concerné : 5 jours pour
les marques déposées, 7 semaines dans le cas des dessins et modèles, et 18 mois concernant
les brevets d’invention. Ayant connaissance du risque encourue, les entreprises des secteurs
stratégiques, comme l’énergie et la pharmaceutique, travaillent déjà sur les futures
générations de technologie au jour du dépôt du premier brevet.
InfoGreffe est une base de données, avec un premier niveau d’accès gratuit, permettant
de s’assurer de la santé économique d’une entreprise. Ces informations permettent donc
de surveiller ses concurrents, et notamment de connaître le montant de leurs
investissements en recherche et développement. Néanmoins, certaines sociétés
préfèreront régler une amende plutôt que de se soumettre à l’obligation de publication.
Les modes de recherche avancée par demandeur, inventeur, date de publication et autres,
permettent non seulement d’assurer une veille technologique, sectorielle et concurrentielle,
mais également d’identifier de potentiels collaborateurs. La mise en place d’un logiciel de
surveillance, type Mozilla Update et Wysigoth, facilitera une utilisation optimale des bases
de données. Par exemple, il serait possible de détecter toute nouvelle information publiée
sur la page des brevets déposés par Renault.
Le brevet leurre, qui ne couvre en réalité aucune invention, doit amener les concurrents à
penser que « le terrain du marché a été dument piégé par des bombes brevets » 6. L’objectif
de l’opération est de les affaiblir en leur faisant perdre du temps et de l’argent. Ce même
objectif peut être atteint avec la stratégie d’intoxication, qui consiste à breveter une
technologie en faisant croire aux concurrents que vous vous préparer à l’exploiter. Cette
méthode a été utilisée par les constructeurs automobiles japonais, qui avaient inondé le
marché de brevets sur les moteurs à piston rotatif, alors qu’ils développaient en réalité de
nouveaux moteurs hybrides.
En outre, le brevet peut également servir une manœuvre de barrage visant à empêcher
l’accès de la concurrence à une technologie, ou à « geler une technologie de substitution »,
en brevetant des variantes de cette même technologie. Enfin, l’encerclement du titre d’un
concurrent par des brevets de perfectionnement, le prive de l’exploitation du dit titre sans
l’octroi d’une licence du ou des brevets de perfectionnement.
5
Hélène ROLNIK, La guerre des brevets : Quelles stratégies ?, Mémoire de DESS en Ingénierie de l’Intelligence
Économique, novembre 2002, http://memsic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/33/49/01/PDF/mem_00000361.pdf
L’ère de l’économie de la connaissance a entraîné l’apparition d’un marché agressif des titres
de propriété industrielle. Les grands groupes lancent des stratégies de rachats d’entreprises
afin de s’emparer de leur patrimoine immatériel, qu’il s’agisse des brevets, d’enseignes ou
de marques. Les PME innovantes mais affaiblies en raison d’un manque de trésorerie, sont
également menacées d’une prise de contrôle par les fonds d’investissements dont elles sont
les débitrices, comme l’illustre l’affaire Carlyle vs. Otor. Autre exemple, la division PC d’IBM a
été rachetée par une entreprise chinoise, qui a pu tirer parti de la notoriété de la marque
avant de lancer ses produits sous son propre nom, Lenovo. Toujours en Chine, le
gouvernement oblige les sociétés étrangères à partager leurs savoir-faire en contrepartie de
leur entrée sur le marché.
Bibliographie
F. LEVEQUE et Y.MENIERE, Économie de la propriété intellectuelle, Ed. La Découverte, Paris, 2003.
Documents en ligne
H. ROLNIK, La guerre des brevets : Quelles stratégies ?, Mémoire de DESS en Ingénierie de
l’Intelligence Économique de l’Université de Marne-la-Vallée, novembre 2002.
http://memsic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/33/49/01/PDF/mem_00000361.pdf
Observatoire de la Propriété Intellectuelle, Le dossier des brevets en chiffres 2009, édition d’août
2010. http://www.inpi.fr/fileadmin/mediatheque/pdf/statistiques/Brevets_CC_2009_01.pdf