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A L'USAGE DES
MEDECINS NUCLEAIRES
ET DES
RADIOPHARMACIENS
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Table des matières
Introduction ………………………………………………………………….. 3
1
VI-4 : L'aménagement des locaux et le zonage radiologique
VI-4-1 : Zonage pour les installations fixes : ……………………….. 28
VI-4-2 : Zonage pour les appareils mobiles : ……………………….. 29
VI-4-3 : Aménagements en zone réglementée : ……………………... 30
VI-4-4 : Fiches de poste
VI-5 : Contrôles réglementaires des sources et des locaux
VI-5-1 : Les contrôles techniques des sources : …………………….. 31
VI-5-2 : Les contrôles d'ambiance
VI-5-3 : un document interne : ………………………………………. 32
VI-6 : Gestion des déchets radioactifs
VI-7 : Catégorisation et formation du personnel : …………………………. 33
VI-7-1 : Travailleurs de catégorie A
VI-7-2 : Travailleurs de catégorie B : ……………………………….. 34
VI-7-3 : Catégories de travailleurs et zone réglementée
VI-7-4 : Formation, information des travailleurs : ………………….. 35
VI-8 : La surveillance médicale du personnel exposé
VI-8-1 : Les visites médicales
VI-8-2 : La fiche d'exposition : ……………………………………… 36
VI-8-3 : Le dossier médical spécial
VI-8-4 : Carte individuelle de suivi médical : ………………………. 37
VI-9 : La surveillance de l'exposition
VI-9-1 : Dosimétrie externe passive
VI-9-2 : Dosimétrie externe opérationnelle : ……………………….. 39
VI-9-3 : Dosimétrie interne
VI-9-4 : SISERI : ……………………………………………………. 40
VI-10 : Médecine nucléaire et risque radiologique
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ELEMENTS DE RADIOPROTECTION
A L'USAGE
DES MEDECINS NUCLEAIRES ET DES RADIOPHARMACIENS
Les éléments exposés ici proposent aux médecins nucléaires et aux radiopharmaciens une
présentation de l'organisation et des principales dispositions réglementaires de
radioprotection qu'ils auront à appliquer ou faire appliquer, à la fois comme chefs de
service responsables de leur personnel et du public, et comme praticiens vis-à-vis de leurs
patients.
Ces éléments doivent leur permettre d’exercer leur responsabilité de manière éclairée, en
sachant que la connaissance approfondie de ce domaine est détenue en particulier par les
personnes compétentes en radioprotection et les personnes spécialisées en radiophysique
médicale dont leurs services doivent disposer.
Ces personnes seront présentées au cours de l'exposé.
3
I - BASES SCIENTIFIQUES DE LA RADIOPROTECTION
L'homme, dans ses diverses activités, est soumis à de nombreuses sources de rayonnements
ionisants, dans de nombreuses circonstances, auxquelles chacun est sensibilisé
(professionnelles, médicales…), mais qui peuvent aussi être banales et plus ou moins
ignorées ou négligées, en particulier quand il est question d'exposition aux rayonnements
naturels (cosmiques, telluriques…).
L'exposition externe, dont on rappelle une définition très simple, qui veut qu'il n'y ait pas
contact entre la source et le sujet.
Toutes les sources de rayonnements suffisamment pénétrants (X, γ, neutrons, certains β)
peuvent être en cause (générateurs électriques, sources radioactives scellées ou non,
générateurs de neutrons).
I-2 : Les moyens de protection sont dictés par les modes d'exposition, la nature des
rayonnements et, pour ce qui est de la contamination interne, par des considérations
physico chimiques et métaboliques.
- La protection par le temps s'appuie sur le fait que moins on est exposé longtemps à un
débit de dose constant, moins la dose totale reçue est grande.
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Pour les déchets radioactifs de période suffisamment courte, le temps peut également
être mis à profit, sous la forme d'un entreposage provisoire avant transport ou
élimination de déchets dont l'activité a alors quasiment disparu ou a considérablement
diminué.
- La protection par la distance, pour les rayonnements directement ionisants (β) consiste à
se tenir à une distance plus grande que le parcours des particules, et être ainsi
parfaitement à l'abri.
Dans les autres cas (rayonnements X, γ ou neutrons), la fluence, et le débit de dose, sont
inversement proportionnels au carré de la distance à la source. C'est la classique "loi en
1/d²".
- La protection par des écrans fait appel à des matériaux denses (plomb…) pour les
rayonnements X et γ. Le pouvoir d'atténuation de ces matériaux est en effet
proportionnel à leur densité.
Il est également lié à l'énergie du rayonnement et, en pratique, les écrans au plomb sont
utilisés pour des rayonnements d'énergie faible ou modérée, comme ceux que l'on
rencontre habituellement dans l'imagerie médicale. Ils perdent une part importante de
leur efficacité pour des rayonnements plus énergétiques et peuvent alors même
entraîner une augmentation du débit de dose.
Pour la protection contre les neutrons, on fait appel au contraire à des écrans légers,
riches en hydrogène, dont le noyau a une masse proche de celle des neutrons (eau,
paraffine, liège…), et freine ou arrête plus efficacement ceux-ci par collision élastique.
La protection contre la contamination interne fait appel aux mêmes méthodes, auxquelles
s'ajoutent la protection respiratoire et des règles d'hygiène spécifique (interdiction
d'alimentation…).
I-3 : Les moyens de détection et de mesure font appel à diverses technologies utilisant les
différents types d'interaction rayonnements matière.
On rappelle que la détection consiste à dire s'il y a ou non rayonnement (donc dose), alors
que la mesure vise à quantifier cette présence (et les doses). Ces techniques peuvent être
associées à des dispositifs d'alarme quand certains seuils sont dépassés.
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La mesure ou la détection peut être directe, pour ce qui concerne l'exposition externe, avec
des résultats exprimés en dose ou débit de dose, grâce à toute une gamme de détecteurs et
de dosimètres individuels, collectifs ou d'ambiance.
Elle peut également être indirecte, surtout pour ce qui concerne la contamination, avec la
détection ou la mesure d'activité dans l'environnement, au poste de travail (surface,
atmosphérique, dans des échantillons) ou chez l'homme, essentiellement par spectrométrie
pour les rayonnements γ ou par radiotoxicologie pour les émetteurs α ou β.
Des modèles de calcul permettent ensuite de déduire de cette mesure les doses reçues ou
potentiellement reçues par les personnes présentes.
I-4 : Les personnes exposées peuvent être considérées en diverses catégories, pour lesquelles les
enjeux et la balance "avantages-inconvénients", dont on verra l'importance en abordant les
grands principes (Cf. II-4 et II-5), peuvent être différents :
I-5 : Les effets sur la santé sont de deux types essentiels, les effets déterministes et les effets
stochastiques.
Sans revenir en détail sur les caractéristiques de ces différents effets, exposés par ailleurs,
on peut en retenir, pour les besoins de la radioprotection, les quelques points suivants :
Les effets déterministes sont des effets à seuil élevé. Il apparait dès lors facile de s'en
protéger complètement en se cantonnant au dessous d'une limite inférieure à ce seuil.
Les effets stochastiques sont au contraire considérés sans seuil, au nom d'un principe de
précaution (il n'y aurait donc pas de risque nul).
Ce sont de plus des effets non caractéristiques, se traduisant par l'apparition plus fréquente
de maladies certes graves, mais parfaitement banales.
La radioprotection doit donc s'attacher à rechercher le meilleur compromis, très prudent,
entre la protection contre un risque avéré ou hypothétique et la nécessité d'utiliser les
rayonnements ionisants ou l'impossibilité de s'en affranchir.
Pour ces effets stochastiques, on a pu établir une "toxicité" différente des différents
rayonnements et selon les organes exposés. Cette évaluation du risque a conduit, pour les
besoins de la radioprotection, aux notions de dose absorbée, dose équivalente et dose
efficace, elles aussi exposées par ailleurs.
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I-6 : Les sources de rayonnements ionisants sont nombreuses et, pour une part au moins, font
partie de la vie courante.
Cela signifie entre autres que certaines sont inévitables alors que d'autres peuvent être
maîtrisées.
Cela signifie aussi que certaines sources sont perçues par le public comme très dangereuses,
principalement quand ce sont des sources dument répertoriées, alors que d'autres n'éveillent
que peu de polémique, indépendamment du danger objectif qu'elles peuvent engendrer,
surtout quand ces sont des sources naturelles ou dont le caractère irradiant est mal connu.
On distingue :
- Des sources naturelles (telluriques, atmosphériques, cosmogéniques, internes),
- Des sources médicales (diagnostic ou thérapie, d'origine électrique ou radioactive),
- Des sources industrielles (radiographie, métrologie, sources scellées ou non,
irradiateurs…),
- Des sources liées à l'industrie nucléaire (réacteurs, cycle du combustible…),
- Des déchets et produits de démantèlement.
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II - OBJECTIFS GENERAUX DE LA RADIOPROTECTION
La radioprotection, qui doit répondre à l'objectif défini en préambule, peut être vue comme
la mise à profit des données scientifiques acquises pour instituer le système le plus
satisfaisant possible, compte tenu de ce qui est inévitable (par exemple l'irradiation ou la
radioactivité naturelle), de ce qui est utile, voire indispensable (les utilisations des
rayonnements ionisants), afin de protéger au mieux les personnes contre les effets de ces
rayonnements.
Enfin, les rayonnements ionisants et leur utilisation sont de découverte encore récente et la
sensibilisation à la protection a été contemporaine de leur essor. Ceci explique, avec la
perception très aigue des risques associés, qu'elle soit probablement l'une des protections
les plus évoluées, les plus exigeantes et les plus homogènes au monde.
II-1 : Une évaluation consensuelle des effets de rayonnements, fondée sur des données
scientifiques consolidées. Les données prises en considération sont celles publiées dans
les principales revues à comité de lecture, faisant l'objet d'un consensus international et
pour la plus grande part synthétisées dans les rapports scientifiques, de l'UNSCEAR
essentiellement (Cf. III-1), mais aussi d'autres institutions.
Cette démarche offre l'intérêt de protéger en particulier de publications, déclarations ou
opinions outrancières ou bien, s'agissant de données épidémiologiques ou statistiques
parfois à la limite de leur significativité, qui s'exposent elles mêmes à des hasards
statistiques malencontreux ou mal interprétés.
II-2 : Une évaluation volontairement majorante du risque (détriment) qui va dans le sens de
la sécurité.
On parle de "risque enveloppe".
On comprend en effet qu'une telle démarche conduit à la mise en place d'un système peut-
être surdimensionné, mais qui mette ses bénéficiaires d'une sous-évaluation de la réalité.
Cette évaluation repose pour une part importante sur des hypothèses simplificatrices dont la
relation linéaire sans seuil entre la dose et la probabilité de survenue de maladies
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stochastiques radioinduites. Ces hypothèses et la relation linéaire sans seuil ont été
expliquées en conclusion de l'exposé sur les effets biologiques des rayonnements ionisants.
Il convient de rappeler que la relation linéaire sans seuil une évaluation "morale", majorant
le risque aux faibles doses pour les seuls besoins d'une normalisation sécuritaire. Elle n'est
en aucun cas une démarche scientifique permettant l'estimation réaliste d'un risque, comme
on en aurait besoin pour prédire les conséquences d'un accident.
Il s'agit ici de risque objectivement acceptable, donc de risque "réel" et non de "risque
perçu", subjectif.
On comprend bien la différence entre risque objectif et risque perçu en comparant par
exemple la réaction de l'opinion face au risque de la circulation routière en France (de
l'ordre de 4000 morts par an) et le risque "nucléaire", où le premier mort, voire le premier
malade, lèverait tous les boucliers.
Pour les professionnels, on peut accepter un risque non nul s'il reste de faible niveau. Ces
personnes acceptent de fait, comme pour les autres expositions professionnelles, de prendre
un risque pour le bénéfice de la société et non uniquement pour elles-mêmes.
Pour les personnes du public, le risque acceptable (réduit au risque inévitable?) ne peut être
qu'un risque quasiment nul.
Considérant qu'un niveau de risque (stochastique) dépend du niveau de dose, ces niveaux
de risque jugé acceptable détermineront des niveaux de dose limites, différents pour les
professionnels et pour les personnes du public.
Les patients soumis à une exposition médicale tirent un avantage personnel, notamment en
termes de santé, qu'on suppose supérieur au risque pris par eux-mêmes, comme pour tout
acte médical. On peut alors considérer que le risque radioinduit encouru élimine ou réduit
un autre risque, largement plus préoccupant. On ne peut alors pas fixer une limite de risque
acceptable mais on doit contrôler et optimiser ce risque.
Les notions qui viennent d'être exposées ont conduit la CIPR (Cf. III-2-1) à élaborer trois
grands principes, édictés dans sa publication 26 et repris dans sa publication 60, qui
gouvernent la mise en place des réglementations en radioprotection. Ce sont les principes
de :
- Justification,
- Optimisation,
- Limitation.
Ces principes sont repris dans la législation française (article L 1333-1 du code de la santé
publique).
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II-4 : Le principe de justification :
Toute exposition aux rayonnements ionisants pouvant engendrer un risque, toute exposition
inutile doit être évitée.
Il signifie que toute exposition doit avoir un bénéfice incontestablement supérieur à son
détriment (son risque). Elle ne doit être acceptée que si aucun autre moyen,non irradiant (et
n'engendrant pas un risque plus grand) n'est disponible pour obtenir un résultat équivalent.
"Une activité nucléaire 1 ou une intervention ne peut être entreprise ou exercée que si elle
est justifiée par les avantages qu'elle procure, notamment en matière sanitaire, sociale,
économique ou scientifique, rapportés aux risques inhérents à l'exposition aux
rayonnements ionisants auxquels elle est susceptible de soumettre les personnes".
Cela conduit à des régimes de déclaration et d'autorisation d'utilisation des sources qui
figurent dans les directives européennes (Cf.III-2-3) et sont reprises dans la réglementation
française. Ces régimes sont destinés à contrôler leur justification, leur suivi et leurs
conditions de mise en œuvre.
Cela conduit aussi à interdire certaines utilisations de matières radioactives ou des
rayonnements ionisants (jouets, paratonnerres, alimentation…) et à en restreindre d'autres
(radiographies pulmonaires systématiques…).
Si l'exposition et le risque nuls n'existent pas, il n'est pas pour autant envisageable de se
priver complètement des apports des rayonnements ionisants ou de l'énergie nucléaire.
On doit donc accepter un risque "incompressible" en mettant en œuvre les moyens propres
à le réduire le plus possible, étant entendu que l'on se situe déjà, au départ de cette
démarche, dans un niveau de risque acceptable (Cf. II-3).
Cette réduction supplémentaire du risque ne peut cependant que rester raisonnable, en
tenant compte d'un équilibre entre apport et inconvénients du procédé, ainsi que du coût
supplémentaire des efforts consentis pour en réduire l'impact.
Le coût supplémentaire dont il est question comprend bien sûr le coût économique des
moyens de protection ou de prévention nécessaires, mais aussi le coût social (impact
sanitaire sous toutes ses formes, impact des moyens de protection sur la performance…).
Ce principe est connu chez les anglo-saxons sous le terme "ALARA" (As Low As
Reasonably Achievable).
1
"Activité nucléaire", dans la réglementation française, signifie "toute activité sous rayonnements ionisants".
10
Il tient compte à la fois du principe de précaution et du principe d'équité. Il est en effet
question de réduire les doses au plus bas niveau raisonnable, en commençant par les doses
les plus élevées, de manière à ne pas réduire globalement la dose collective d'un groupe de
personnes au détriment de l'une d'entre elles, qui serait la seule à recevoir une dose
beaucoup plus élevée que les autres.
Fondamentalement, les deux principes qui viennent d'être évoqués devraient être suffisants
pour assurer une bonne radioprotection.
Il a cependant paru important de conserver le premier et "vieux" principe de limitation
individuelle de l'exposition, qui donne lieu aux normes appliquées dans les réglementations.
Justification et optimisation garantissent le bien fondé collectif des expositions
envisageables et les maintiennent, en moyenne, les plus basses possibles, sans qu'une limite
haute soit formellement fixée.
Le principe de limitation interdit, pour chaque individu, le dépassement d'une limite qui, en
France, a valeur infractionnelle.
Toutefois, les législations nationales peuvent accorder certaines dérogations, pour certains
intervenants, en particulier en situation d'urgence radiologique.
Ces limites sont telles que les effets déterministes sont évités et que le risque résiduel
d'effets stochastiques est jugé acceptable, avec l'évaluation majorante déjà signalée (Cf. II-2).
Attention : L'existence du principe d'optimisation renforce l'idée selon laquelle une limite
de dose n'est pas une limite à approcher sans la dépasser, comme on le
considère habituellement dans le cas des limitations de vitesse routière, mais est
une limite dont on doit se tenir le plus éloigné possible, en lui restant inférieur.
11
II-7 : Conclusion :
On peut résumer ces principes en disant que, quand une exposition est justifiée, on doit
rechercher des niveaux de dose les plus bas raisonnablement possible, au dessous de limites
qu'il est interdit de dépasser (sauf cas particuliers).
RETENIR
Le principe de limitation. Alors que les deux autres principes ont une portée
collective, ce vieux principe historique a été conservé car il fixe, pour chaque
personne, des limites de dose individuelles infranchissables dans les conditions
normales de vie ou de travail.
En résumé, quand une exposition est justifiée, on doit rechercher des niveaux
de dose les plus bas raisonnablement possible, au dessous de limites qu'il est
interdit de dépasser.
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III - ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA RADIOPROTECTION
La première d'entre elles fut l'ICRU (International Commission for Radiation Units :
commission internationale des unités et mesure des rayonnements).
Elle a été créée en 1925, lors du premier congrès international de radiologie. Son objectif
était et reste de fixer les grandeurs et unités de physique, de rayonnements et d'activité,
ainsi que les méthodes de mesure de ces grandeurs.
Ce schéma général, qui fait appel à des institutions indépendantes les unes des autres, parait
être une bonne garantie de rigueur et d'impartialité, à tel point que, comme on le verra plus
loin, la France, comme de nombreux pays, s'en est inspiré pour sa propre organisation.
La mise en place d'une radioprotection efficace exige des bases scientifiques solides,
objectives et "dépassionnées". La démarche qui le permet est la suivante :
- Les bases sont fournies par les articles scientifiques consolidés, reconnus et publiés
dans des revues à comité de lecture.
- Elles sont synthétisées par des institutions ou des comités scientifiques internationaux
au premier rang desquels figure l'UNSCEAR (Unated Nations Scientific Committee fot
effects of atomic radiations : comité scientifique des nations unies pour les effets des
rayonnements ionisants).
- Ces synthèses font en particulier la part des choses entre les publications
éventuellement contradictoires et sont considérées comme l'état de la science actuelle
en la matière.
13
III-2 : Les conclusions en matière de radioprotection :
Diverses institutions, dont certaines viennent d'être citées, tirent des conclusions de ces
bases. Parmi elles, le rôle central mais pas unique est tenu par la CIPR.
Elle s'appuie sur ses propres analyses et sur les comités scientifiques comme l'UNSCEAR
pour définir des grands principes, comme les principes généraux présentés plus haut (Cf. II),
et pour élaborer des recommandations proposant aux états des règles de radioprotection.
L'image de "sage" de la CIPR est telle que ses recommandations, bien qu'elles n'aient pas
force de loi internationale, sont considérées par les états comme des obligations qu'ils se
doivent d'appliquer.
Les principales publications de la CIPR faisant des recommandations aujourd'hui en
vigueur sont la "CIPR 26" de 1977, la "CIPR 60" de 1991 et la "CIPR 103",publiée en2007.
D'autres instances internationales existent avec des buts voisins mais différents.
On peut citer :
III-2.3 : EURATOM qui est une institution européenne et émet, pour ce qui concerne la
radioprotection, des directives.
Ces directives sont des textes réglementaires qui doivent être appliqués par les états
membres sous une forme laissée à leur initiative.
EURATOM rédige ses directives relatives à la radioprotection en se référant fortement aux
travaux de la CIPR.
- La directive 96/29 EURATOM du Conseil du 13 mai 1996 fixant les normes de base
relatives à la protection sanitaire de la population et des travailleurs contre les dangers
résultant des rayonnements ionisants. Il s'agit de la directive qui fixe les règles de
protection des travailleurs et des personnes du public.
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- La directive 97/43 du Conseil du 30 juin 1997 relative à la protection sanitaire des
personnes contre les dangers des rayonnements ionisants lors d'expositions à des fines
médicales. Il s'agit de la protection des patients (et de leur entourage).
RETENIR
Revues scientifiques
Articles scientifiques
(à comité de lecture)
EURATOM
Législations
réglementations
Dispositions nationales nationales
15
IV – ORGANISATION DE LA RADIOPROTECTION EN FRANCE
2
Nucléaire lourd : Exploitation de l'énergie nucléaire
3
Nucléaire diffus : Abus de langage datant du début des années 2000, couvrant les activités (parfois encore
appelées "activités nucléaires") couvrant l'ensemble des autres activités sous rayonnements ionisants.
16
L'organisation de la radioprotection (et de la sûreté nucléaire) s'articule aujourd'hui autour
de 3 échelons que l'on a voulu indépendants les uns des autres :
- Autorités,
- Experts,
- Exécutants.
Cette autorité avait été mise en place en 2002 sous le nom de DGSNR (Direction générale
de la sûreté nucléaire et de la radioprotection), sous la tutelle de plusieurs ministres.
Depuis 2006, elle est devenue l'ASN, autorité administrative indépendante de toute tutelle
ministérielle.
Elle est composée d'une instance nationale et de 11 entités dans les régions : les DSNR
(directions de la sûreté nucléaire et de la radioprotection).
L'entité nationale est dirigée par 5 commissaires, avec à leur tête un président. Ces derniers
sont assistés par une direction générale et 7 directions spécialisées, dont la direction des
rayonnements ionisants et de la santé.
Dans la mesure où elle n'a pas de tutelle ministérielle, l'ASN n'a pas de pouvoir régalien
mais elle émet des décisions qui peuvent devenir des textes réglementaires sous la signature
du ministre compétent. Elle participe de plus aux groupes de travail spécialisés comme
ceux de la direction générale du travail ou de la direction générale de la santé qui se
penchent sur ce sujet.
Pour les installations et activités nucléaires intéressant la Défense, strictement limitées aux
installations, industrielles ou militaires, participant à la mise en œuvre de l'armement
nucléaire ou de la propulsion navale nucléaire, l'autorité de sûreté est le DSND (délégué à
la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la
défense). Cette exception est justifiée par le degré de secret très particulier de ce secteur
d'activités.
Les autres installations de la Défense (écoles, hôpitaux, unités, établissements
industriels…) sont soumis à l'autorité de l'ASN.
17
IV-2 : L'AFSSAPS
L'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) n'est pas une
autorité de radioprotection mais intervient dans le processus d'autorisation concernant les
produits de santé, y compris ceux utilisés en médecine nucléaire.
L'expert en radioprotection et en sûreté nucléaire pour les autorités de sûreté est l'IRSN
(institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Il a été créé par le décret 2002-254, du 22 février 2002.
Ses activités ne se limitent pas à la seule expertise pour le compte des autorités de sûreté :
- Il assure des missions d'expertise et de recherche pour l'Etat, tout autre organisme
public ou privé, ou de sa propre initiative
- Il assure une veille permanente en radioprotection.
- Il assure une part importante de la surveillance dosimétrique des personnes.
- Il assure certains contrôles techniques réglementaires et radioprotection.
- Il centralise les informations relatives au suivi des personnes soumises à un risque
professionnel (SISERI) (Cf. VI-3-4).
Le statut de l'IRSN, différent de celui des autorités de sûreté et évitant tout lien de
subordination entre eux, a pour but d'assurer l'indépendance de l'expert par rapport à
l'autorité, souhaité dans le rapport LE DEAULT,cité plus haut.
Un certain nombre d'autres organismes peuvent également réaliser des contrôles techniques
(Cf. VI-5), ou effectuer de la dosimétrie (Cf. VI-9-1 et VI-9-3), en lieu et place de l'IRSN, sous
réserve qu'ils soient agréés par l'ASN.
IV-4 : L'ANDRA
L'ANDRA (Agence nationale des déchets radioactifs) est également un EPIC. Elle gère les
centres de stockage de déchets radioactifs, définit les conditions d'acceptation des déchets à
stocker et participe à la recherche de sites de stockage futurs.
On note que les déchets radioactifs à période très courte, comme une partie très importante
de ceux produits dans les services de radiopharmacie et médecine nucléaire, peuvent être
éliminés sans faire appel à l'ANDRA, après entreposage local pour décroissance.
18
IV-5 : Les exploitants et établissements
Les domaines dans lesquels cette application doit être faite au sein des établissements sont
abordés dans les chapitres suivants.
_____oOo_____
Bien que de nombreux autres organismes soient amenés à participer plus ou moins
directement à la radioprotection, seuls quelques acteurs essentiels ont été présentés.
R E T E NI R
Veille réglementaire
ASN
DSND
Expertise technique
Veille scientifique
Contrôle IRSN
réglementaire Contrôles techniques
Organismes agréés
Exploitants
Application Etablissements
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V - REGLEMENTATION FRANCAISE EN RADIOPROTECTION :
GENERALITES
− Des lois, que l'on trouve dans la partie législative des codes (du travail ou de la
santé publique).
Ce sont les articles de ces codes portant un numéro commençant par L.
Ces textes donnent les grandes orientations et les principes à mettre en œuvre.
− Des décrets d'application des lois, regroupés dans la partie réglementaire des codes.
Les articles portent des numéros commençant par R.
Ils apportent les précisions nécessaires à la mise en œuvre de ces lois.
On peut en outre trouver sur le site de l'ASN ou d'autres organismes des documents de
synthèse spécifiques à certains domaines, facilitant la consultation et la compréhension des
textes. Il existe en particulier un document intitulé :
"Présentation des principales dispositions réglementaires de radioprotection applicables
en radiologie médicale et dentaire".
20
Code du travail : Articles R 4451-1 à R 4457-14.
Ces articles traitent de :
. Principes généraux et responsabilités,
. Règles d'aménagement des locaux,
. Règles applicables aux travailleurs,
. Surveillance médicale,
. Situations d'urgence radiologique et situations anormales,
. Organisation fonctionnelle de la radioprotection,
. Exposition professionnelle à la radioactivité naturelle.
_____oOo_____
Plutôt que reprendre et analyser en détail ces dispositions, qui doivent être connues des
personnes qualifiées en radioprotection des établissements (Cf. VI-2-3 et VII-1-6), les chapitres
suivants insisteront sur les points essentiels de la réglementation telle qu'elle s'impose aux
établissements et telle qu'un chef de service doit veiller à la faire appliquer avec l'appui de
ces personnes, au profit de son personnel dune part (Cf. VI), au profit de ses patients d'autre
part (Cf.VII).
21
VI – POINTS ESSENTIELS DE LA RADIOPROTECTION
DU PERSONNEL ET DU PUBLIC
Ces points de réglementation relèvent des codes du travail et de la santé publique, ainsi que
de leurs arrêtés d'application.
C'est une réglementation précise, détaillée, laissant peu de marge aux personnes chargées
de l'appliquer, par opposition à la radioprotection du patient, dont on verra au chapitre VII
qu'elle laisse une part beaucoup plus large au jugement du praticien.
Ces points touchent à de nombreux domaines, relatifs aux sources, aux locaux et aux
personnes :
− Autorisations et déclarations des installations et des sources,
− Acteurs au niveau de l'établissement,
− Limites de dose,
− Zonage,
− Contrôles,
− Déchets,
− Classification et formation du personnel,
− Suivi médical et dosimétrique du personnel.
La sécurité que les mesures préconisées apportent aux travailleurs et au public est sa vraie
justification. Il n'est cependant pas inutile d'insister sur le fait que, notamment dans le cadre
du contentieux, des comptes pourraient être demandés aux responsables d'activités sous
rayonnements ionisants sur ces différents points.
La plus grande vigilance sur l'application formelle de chacun d'eux, et sur la traçabilité des
actions menées, est donc très importante.
22
Le régime d'autorisation (art R 1333-23 à 37 du code de la santé publique) concerne les
autres sources de rayonnements ionisants dépassant le seuil d'exemption.
Pour les hôpitaux, il concerne en particulier les équipements lourds (scanners,
accélérateurs) ainsi que les services de radiopharmacie et de médecine nucléaire.
Les procédures sont décrites dans les articles du code de la santé publique indiqués et sont
détaillées dans les dossiers de déclaration ou de demande d'autorisation que l'ASN met à la
disposition des demandeurs.
La radioprotection au sein de l'établissement est assurée par plusieurs acteurs dont les rôles
sont complémentaires :
- Le chef d'établissement (et la personne responsable de l'activité),
- Le médecin du travail ou de prévention,
- La personne compétente en radioprotection,
- Le CHSCT,
- La personne spécialisée en radiophysique médicale pour les établissements de santé au
profit des patients,
- Les opérateurs ou travailleurs.
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Le code du travail prévoit explicitement que le chef de l'entreprise utilisatrice doit assurer la
coordination des mesures de radioprotection pour les deux entreprises dans son
établissement.
Il est titulaire d'un diplôme de médecine du travail (ainsi que d'une formation spécifique
reconnue pour les installations nucléaires de base).
Il assure les fonctions habituelles de médecin du travail (visites d'aptitude, participation aux
études de poste, contrôle des postes de travail, conseiller du chef d'établissement…) et
assure le suivi médical spécifique aux travailleurs exposés (Cf. VI-8).
Il participe de plus aux formations spécifiques en radioprotection (Cf. VI-7).
Ces différentes dispositions de radioprotection, pour lesquelles la PCR joue un rôle central
"d'homme orchestre", sont présentées par la suite :
− Respect des différentes limites,
− Etablissement et respect des règles de protection,
− Etudes de poste et évaluation des risques
− Délimitation des zones réglementées,
− Gestion des sources et contrôles,
− Formation du personnel,
− …
Elle doit détenir un diplôme national, délivré après une formation dispensée par un
formateur certifié, qui peut concerner 3 secteurs :
− Médical,
− Industriel et recherche,
− Installations nucléaires de base et ICPE.
Et comporte deux options :
− Sources scellées et appareils électriques,
− Sources non scellées et sources scellées nécessaires à leur contrôle.
Son diplôme doit être renouvelé tous les 5 ans.
VI-2-4 : Le CHSCT
Le CHSCT (comité d'hygiène et sécurité des conditions de travail) est obligatoire dans les
établissements de plus de 50 personnes.
Il peut être remplacé, dans les établissements plus petits, par des délégués du personnel.
24
Il constitue le regard des employés sur les conditions d'hygiène au travail.
Le CHSCT donne son avis sur la nomination de la PCR.
Il est destinataire :
− du bilan des contrôles techniques (Cf. VI-5),
− des informations relatives aux dépassements de limites et des contre-mesures prises.
Son rôle concerne la radioprotection de patients. Elle sera présentée au chapitre traitant de
celle-ci (Cf. VII-1-7).
Les travailleurs ou opérateurs (ou intervenants) ont en charge leur propre radioprotection et
l'application des consignes de sécurité qui les concernent. Ces points seront évoqués plus
loin.
A ce titre, ils doivent en particulier recevoir une formation et/ou une information de la part
des autres acteurs présentés plus haut.
RETENIR
CHSCT
(droit de regard)
25
VI-3 : Les limites de dose :
Ces limites sont fixées en termes de dose efficace (E) et, pour certains organes qui peuvent
être spécialement exposés, en termes de dose équivalente à l'organe (Horgane). Ces deux
notions de dose ont été explicitées en conclusion de l'exposé relatif aux effets biologiques
des rayonnements ionisants.
La réglementation prévoit que la dose efficace (E) à prendre en considération est la somme
des doses efficaces dues à l'irradiation externe et de celles dues à la contamination interne.
E = Eext + Eint
Il s'agit bien sûr des limites de dose fixées en application du principe de limitation évoqué
plus haut (Cf. II-6). Ce sont donc des limites individuelles absolues, dont le franchissement
est infractionnel, et dont le respect ne dispense pas d'appliquer le principe d'optimisation
(recherche de la meilleure réduction raisonnable des doses collectives et individuelles).
Ces limites sont des limites annuelles, donc des cumuls de dose sur une période glissante de
12 mois, pour l'ensemble des activités menées par une personne, même si c'est sur
différents chantiers, dans plusieurs établissements (intérimaires, vacataires, stagiaires,
sociétés de services…) ou pour plusieurs employeurs.
L'irradiation naturelle non renforcée et l'irradiation médicale ne sont pas prises en compte.
- Il a déjà été expliqué que fixer une limite à l'irradiation de patients n'avait pas vraiment
de sens.
- L'irradiation naturelle non renforcée est l'irradiation à laquelle on est soumis dans la vie
courante (d'origine cosmique, tellurique ou interne). Par contre, l'irradiation naturelle
renforcée, c'est-à-dire liée à des activités modifiant l'irradiation naturelle, comme le
travail en galeries (grottes, mines…), ou en altitude (personnel naviguant des
compagnies aériennes…), doit être pris en compte.
RETENIR
26
En fait, les limites "catégorie B" sont 3/10 des limites "catégorie A".
La réglementation impose de plus une limite de dose efficace au fœtus de 1 mSv, pour la
durée de la grossesse connue. On a tendance à considérer, abusivement, qu'il s'agit d'une
limite pour la femme enceinte.
On verra plus loin (Cf. VI-7) que la catégorisation des travailleurs est liée au risque de
dépasser en un an certaines de ces limites.
Les situations anormales, qui peuvent justifier ou imposer que quelques personnes soient
soumises à des doses supérieures à ces limites, comprennent :
Les expositions en situation d'urgence, pour lesquels il n'y a pas réellement de limite mais
des recommandations à appliquer en fonction des circonstances (notamment quand il s'agit
de sauver des vies).
Il se fait sur une évaluation préalable du risque d'atteindre ou dépasser certaines limites de
dose telles qu'elles ont été présentées au paragraphe précédent (Cf. VI-3).
L'évaluation de ce risque est faite avec les protections collectives mais sans les protections
individuelles contre les rayonnements, dans les conditions normales de fonctionnement
comprenant les aléas prévisibles (incidents banaux).
27
VI-4-1 : Zonage pour les installations fixes :
En d'autres termes, la logique veut que la zone soit définie en fonction de doses enveloppes
larges et que le bilan dosimétrique du personnel doit montrer a posteriori, s'il n'y a pas eu
d'incident, que les doses réellement reçues auront été finalement très inférieures à ce
"niveau enveloppe".
La réglementation précise son dispositif en imposant dans ces zones des limites horaires ou
des limites de débit de dose. Ces compléments sont destinés à éviter que des zones ou le
débit de dose est élevé, mais le temps de séjour ou de fonctionnement est limité, soient
"sous-classées" si l'on ne considérait que des limites annuelles.
La zone "publique" ou zone non réglementée (encore appelée "zone attenante") comprend
les zones, voisines des zones réglementées, mais ou on ne risque pas, dans les conditions
normales de travail, de dépasser une limite "public" (E < 1 mSv/an…) (Cf. VI-3-1).
La réglementation impose en outre que l'on vérifie à la limite des zones surveillées (donc
encore en zone publique) qu'un travailleur ne risque pas d'y recevoir une dose efficace
supérieure à 0,08 mSv en 1 mois (≈ 1 mSv/12 mois).
La zone surveillée est la zone où un travailleur risque de dépasser, toujours dans les
conditions normales de travail, une limite annuelle "public" mais ne risque pas de dépasser
une limite annuelle "catégorie B" (E< 6 mSv/an…).
Elle est signalée par des affiches "trisecteurs" ou "trèfles" bleus aux entrées.
La réglementation impose de plus que la dose efficace susceptible d'être reçue en une heure
soit inférieure à 7,5 µSv et la dose équivalente aux extrémités inférieure à 65 µSv.
On remarque qu'il s'agit là de doses "moyennes en une heure" et non de débits de dose
instantanés.
Cette remarque est particulièrement importante pour des sources de rayonnements
fonctionnant de manière brève et discontinue, comme les générateurs X de l'imagerie
médicale, et où le débit de dose (mSv/h) peut être très différents de la dose (mSv) en une
heure.
La zone contrôlée est la zone ou un travailleur risque de dépasser une limite annuelle pour
la catégorie B.
Comme il ne doit pas risquer de dépasser une limite annuelle pour la catégorie A, des zones
particulières, dites zones à accès spécialement réglementé, sont définies au sein de la zone
contrôlée, avec des conditions d'accès et de séjour restreintes :
28
- La zone contrôlée simple est la zone contrôlée où les limites annuelles sont respectées
pour un temps de travail complet au cours de l'année (2000 heures).
La dose efficace moyenne en une heure est inférieure à 25 µSv et la dose équivalente
moyenne aux extrémités 200 µSv, toujours en une heure.
Elle est signalée par des "trèfles" verts.
- La zone contrôlée à accès réglementé jaune (couleur des "trèfles" qui la signalent).
La dose efficace moyenne susceptible d'être reçue en une heure est comprise entre 25
µSv et 2 mSv.
La dose équivalente "extrémités" est comprise entre 200 µSv et 50 mSv en une heure.
S'y ajoute une limite de débit de dose équivalente pour l'organisme entier, instantanée,
de 2 mSv/h.
Il s'agit cette fois d'un vrai débit de dose et non plus d'une dose moyenne en une heure.
On observe de plus que c'est une dose équivalente à l'organisme entier et non une dose
efficace. Il suffit donc que ce niveau soit atteint durant un bref instant pour que la zone
doive être classée "jaune".
Dans les zones contrôlées à accès réglementé, les débits de dose ou les doses moyennes en
une heure sont tels qu'il apparaît évident que, pour ne pas risquer de dépasser une limite
annuelle, un temps de séjour restreint s'impose. Cette restriction entraînera une organisation
et une préparation des interventions minutieuses.
Les dispositions applicables aux travailleurs intervenant dans ces zones seront abordés plus
loin (Cf. VI-7 à 9).
Un schéma général rappelant les zones réglementées et les limites qui s'y appliquent figure
en annexe.
Ce qu'il convient de retenir de ces zones est rappelé après le paragraphe VI-5, avec les
principales dispositions s'y appliquant.
29
VI-4-3 : Aménagements en zone réglementée:
Les accès aux zones réglementées doivent être signalisés par des "trèfles" de couleur bleue,
verte, jaune orange ou rouge.
A l'intérieur de ces zones, les sources de rayonnements doivent être signalées (logos
spécifiques sur les conteneurs).
Le chef d'établissement doit faire établir pour chaque poste de travail en zone réglementée
une fiche de poste permettant d'identifier les différents risques et notamment de faire une
évaluation de dose prévisionnelle, préalable à toute intervention ou activité à ce poste.
Cette évaluation préalable de dose est elle-même obligatoire et sera comparée, à l'issue de
l'intervention, aux éléments de dosimétrie réelle recueillis.
Bien sûr, la PCR est de fait le vrai rédacteur de ces fiches de poste, pour le chef
d'établissement.
On conçoit bien que le fait de classer en zone réglementée les zones où un risque
d'exposition existe ne suffit pas. Il est ensuite nécessaire de vérifier régulièrement ou en
fonction des circonstances que ce risque reste connu et maîtrisé. C'est le rôle des contrôles
techniques qu'impose la réglementation.
Ces contrôles concernent d'une part les sources de rayonnements ionisants, d'autre part les
ambiances de travail dans les zones réglementées.
30
Ils sont réalisés par les PCR des établissements d'une part (on parle alors de contrôles
internes) et par l'IRSN ou des organismes agréés (on parle de contrôles externes).
- Un contrôle à la réception,
- Un contrôle à la mise en service,
- Un contrôle lors de toute modification.
Ils comprennent aussi des contrôles périodiques, détaillés dans l'arrêté du 26 octobre 2005,
résumés dans le tableau suivant.
On note que les contrôles externes viennent régulièrement "vérifier" ou "valider" les
contrôles internes menés par la PCR.
Toutefois, les contrôles externes ne remplacent pas les contrôles internes mais s'y ajoutent.
VI-5-2 : Les contrôles d'ambiance dans les zones réglementées sont réalisés par la PCR, si
possible en continu, sinon au moins une fois par mois (dosimétrie, activité ambiante,s'il y a
lieu…).
De plus, ils doivent être réalisés une fois par an par l'IRSN ou un organisme agréé (contrôle
externe).
31
VI-5-3 : Un document interne à l'établissement doit réunir :
RETENIR
Les zones réglementes sont les zones où, dans les conditions normales de
travail, avec les protections collectives mais sans les protections individuelles,
on RISQUE de recevoir en 12 mois une dose supérieure à une limite pour les
personnes du public (ou plus de 0,08 mSv en un mois).
Des limites complémentaires, pour des périodes plus brèves, précisent ces
limites :
Elles comprennent :
- La zone surveillée ( trisecteur bleu)
1 mSv < E annuelle < 6 mSv
E en une heure < 7,5 mSv
- La zone contrôlée simple (trisecteur vert)
6 mSv < E annuelle < 20 mSv
E en une heure < 25 µSv
- La zone contrôlée jaune
E annuelle < 20 mSv
E en une heure < 2 mSv
Débit de Hoe < 2 mSv/h
- La zone contrôlée orange
E annuelle < 20 mSv
E en une heure < 100 mSv
Débit de Hoe < 100 mSv/h
- La zone interdite (rouge)
E en une heure > 100 mSv
Débit de Hoe > 100 mSv/h
32
VI-6 : Gestion des déchets et effluents radioactifs
La gestion et les filières d'élimination des déchets et effluents radioactifs sont précisées,
dans chaque établissement, dans les autorisations délivrées par l'ASN (art R 1333-31 du
code de la santé publique).
Celles-ci sont liées en particulier à la nature chimique, aux types de rayonnements émis et
aux périodes radioactives.
De la même manière que la considération des niveaux de risque dans les différents locaux
ou sur les chantiers ont conduit à définir des zones réglementées (Cf. VI-4), différentes
catégories de personnel sont instituées en fonction du niveau de risque professionnel auquel
ils sont susceptibles d'être exposés.
Ce classement est effectué par le chef d'établissement, sur étude des fiches de poste et des
évaluations de dose (Cf. VI-4-4) établies par la PCR.
Ces évaluations préalables de dose sont faites avec les protections collectives et les
protections individuelles (à la différence des évaluations destinées au zonage radiologique).
Ces travailleurs se sont appelés auparavant "directement affectés aux travaux sous
rayonnements" (DATR).
Ce sont les travailleurs qui, dans les conditions normales de travail, risquent de recevoir :
- Une dose efficace annuelle supérieure à 6 mSv (mais toujours inférieure à 20 mSv qui
est une limite infractionnelle),
- Ou une dose équivalente à 3/10 d'une autre limite (Cf. VI-3-1).
Les femmes enceintes et les apprentis de moins de 18 ans sont exclus de cette catégorie A.
33
Ici, le terme "risque de recevoir" a la même portée que pour la définition des zones
réglementées. Il s'agit simplement de personnes pour qui on ne peut pas garantir
l'impossibilité que la limite ne soit pas atteinte, tout en sachant que, normalement, les doses
réellement reçues resteront très inférieures.
La définition donnée par la réglementation est simple puisqu'il s'agit "des autres travailleurs
exposés".
Cette même réglementation précise par ailleurs que les travailleurs exposés sont les
travailleurs qui sont soumis à un risque de recevoir une dose efficace annuelle supérieure à
1 mSv ou une dose équivalente supérieure à 1/10 des autres limites fixées pour les
travailleurs de catégorie A (Cf. VI-3-1).
Les travailleurs de catégorie B sont donc de fait ceux qui risquent, dans les conditions
normales de travail, de dépasser une limite pour le public mais ne risquent pas de dépasser
une dose efficace de 6 mSv par an ou 3/10 d'une autre limite fixée pour la catégorie A.
On ne peut que remarquer que les définitions des différentes catégories de travailleurs
données ci-dessus sont très proches de celles des zones réglementées.
Mais on observe également qu'il n'est dit nulle part que les zones contrôlées étaient
réservées aux travailleurs de catégorie A et les zones surveillées aux travailleurs de
catégorie B.
En fait, même si une certaine logique veut que les travailleurs habituels en zone contrôlée
soient classés A et les travailleurs habituels en zone surveillée soient classés B, les
travailleurs de catégorie B, et même les personnes du public, peuvent intervenir en zone
contrôlée, si l'on a la garantie qu'ils ne risquent pas, dans les conditions dans lesquelles ils
interviennent, de dépasser une limite propre à leur catégorie.
Il faut donc être attentif à ne pas faire un amalgame excessif entre zone réglementée et
catégorie de travailleur.
On a d'ailleurs bien noté que l'appréciation du risque ne se faisait pas dans les mêmes
conditions pour les travailleurs et pour le zonage (pas de notion de limite horaire pour les
travailleurs, pas de protection individuelle pour les zones).
Seules les zones orange et rouge sont strictement réservées (et sous conditions restrictives),
aux travailleurs de catégorie A.
34
VI-7-4 : Formation, information des travailleurs susceptibles d'intervenir en zone
réglementée :
Une formation des travailleurs susceptibles d'intervenir en zone contrôlée ou surveillée est
obligatoire et doit être renouvelée au moins tous les 3 ans (en plus de la formation
professionnelle spécifique s'il y a lieu).
Elle est à la charge du chef d'établissement et est en fait assurée par la PCR, avec la
participation du médecin du travail.
L'information des travailleurs intervenant en zone contrôlée est obligatoire sous la forme
d'une notice écrite traitant des risques particuliers à cette zone et au poste de travail (quelle
que soit la catégorie du travailleur).
Cette information s'impose donc même aux travailleurs classés "public", s'ils doivent
intervenir en zone contrôlée.
Cette surveillance s'exerce par des visites médicales, elles-mêmes s'appuyant sur divers
documents décrivant les conditions de travail (fiche de poste, fiches d'exposition, relevés de
dosimétrie…).
Elle donne lieu à l'établissement d'autres documents destinés à faciliter le suivi (dossier
médical spécial) ou attestant sa réalité (carte individuelle de suivi médical).
Tout personnel destiné à être exposé à des travaux sous rayonnements ionisants (personnel
exposé ou catégorisé) est soumis à une surveillance médicale adaptée au risque
radiologique professionnel.
Cette surveillance est appelée "surveillance médicale renforcée" par le code du travail.
35
Elle se compose de :
- Une visite d'aptitude initiale, qui doit bien sûr précéder la prise de fonctions.
- Des visites médicales périodiques, au moins annuelles, quelle que soit la catégorie du
travailleur (A ou B).
- Des visites circonstancielles (dépassement d'une limite de dose, exposition sous
autorisation spéciale ou d'urgence)…
Le médecin chargé de ces visites doit disposer, dès la visite d'aptitude initiale, d'une étude
du poste de travail envisagé ou tenu (Cf. VI-4-4), puis lors des autres visites de toutes les
mesures et contrôles qu'il juge pertinents ainsi que de la dosimétrie (Cf. VI-9), ainsi que des
fiches d'exposition du travailleur (Cf. VI-8-2).
- Un examen clinique,
- Tout examen complémentaire jugé utile par le médecin.
La réglementation n'a pas d'autres exigences relatives au contenu de ces visites et n'impose
en particulier aucune liste d'examens complémentaires.
Il s'agit d'une fiche individuelle établie pour chaque travailleur professionnellement exposé,
quelque soient les postes de travail qu'il est amené à occuper.
Elle est différente de la fiche de poste qui, au contraire, est une fiche relative au poste de
travail, quelque soit le travailleur y intervenant.
Elle est établie par la PCR en fonction des études de poste qu'elle doit mener (Cf. VI-4-4).
La réglementation ne prévoit pas de modèle imposé de fiche d'exposition mais celle-ci doit
indiquer :
- La nature du travail,
- Les caractéristiques des sources,
- La nature des rayonnements, une description de l'activité avec ses facteurs de risque
radiologique,
- Les autres risques,
- Les périodes d'exposition,
- Les expositions anormales.
La fiche de poste est un élément essentiel nécessaire au médecin du travail et doit être
insérée au dossier médical spécial (Cf. VI-8-3).
Ce dossier est tenu par le médecin du travail pour tout travailleur de catégorie A ou B.
Il rassemble les éléments qui ont permis de prononcer puis consolider l'aptitude médicale,
ainsi que l'exposition professionnelle et ses éventuelles conséquences :
36
- Les résultats du suivi dosimétrique individuel (Cf. VI-9),
- Les examens médicaux et complémentaires (Cf. VI-8-1),
- Les certificats d'aptitude et les comptes-rendus de visite médicale.
Il doit être conservé 50 ans après la cessation d'activité. Cette mesure s'explique par le fait
que certaines maladies (ostéosarcomes) peuvent être "reconnues" comme maladies
professionnelles radio-induites dans un délai de 50 ans après cessation de l'exposition.
C'est une carte délivrée ou renouvelée par le médecin du travail à l'issue des visites
médicales d'aptitude des travailleurs exposés.
Elle doit être détenue comme un passeport ou un "permis de travailler" par tout travailleur
de catégorie A ou B. Celui-ci doit pouvoir la présenter avant toute intervention en zone
réglementée.
Les cartes vierges, numérotées, sont mises à la disposition du médecin du travail par l'IRSN
et un talon de toute carte attribuée à une personne est renvoyé à l'IRSN pour attester de la
réalisation des visites d'aptitude.
On observera dans les paragraphes qui suivent que la surveillance dosimétrique est définie
pour l'essentiel, dans le code du travail et ses textes d'application, en fonction de la zone
dans laquelle le travailleur intervient et non de sa catégorie.
Seule la fréquence de relevé de la dosimétrie externe passive (Cf. VI-9-1) est liée à la
catégorie A ou B.
La dosimétrie passive est réalisée à l'aide de dosimètres à lecture différée. Ces dosimètres
ne seront pas lus en cours d'opération ou à l'issue de chaque intervention, mais uniquement
au terme d'une période de port définie.
Cette lecture sera réalisée par un organisme spécialement agréé extérieur à l'établissement
ou par l'IRSN.
37
- Visant l'irradiation externe,
- Par des rayonnements suffisamment pénétrants (X, γ, β>100 keV, neutrons),
- Son seuil de détection doit être inférieur à 0,1 mSv (ce qui disqualifie les dosimètres
photographiques qui ont bénéficié pendant longtemps d'un quasi monopole).
Un dosimètre Xγ et un dosimètre neutrons peuvent être assemblés dan une même pochette
le cas échéant.
Les principaux dosimètres passifs ou à lecture différée sont les dosimètres thermo ou photo
luminescents pour les rayonnements X et γ (et certains β), et les détecteurs solides de
traces pour les neutrons.
La durée de port de dosimètres passifs est mensuelle pour les travailleurs de catégorie A et
trimestrielle pour les catégories B.
Son port est obligatoire pour tout intervenant, quelle que soit sa catégorie, en zone
contrôlée et en zone surveillée.
Il comprend obligatoirement un dosimètre "poitrine", qui se porte sous les protections
individuelles). Ce dosimètre est considéré représenter la dose à l'organisme entier.
Il peut comprendre, pour certains travaux de manipulation de sources, un ou des dosimètres
extrémités (poignet, bagues…).
C'est pourquoi le dosimètre passif est un dosimètre strictement individuel et personnel pour
toute la durée de sa période de validité. Il ne peut être échangé entre deux travailleurs, entre
deux interventions, ni porté par deux travailleurs se succédant ua même poste.
Il n'a pas non plus à être changé si le porteur intervient dans différentes zones réglementées
au cours de la période de validité du dosimètre.
Il est fourmi par l'employeur (même si ce n'est pas le chef d'établissement ou a lieu
l'intervention en zone réglementée).
En pratique, les employeurs sont abonnés à l'IRSN ou à un laboratoire agréé, qui leur
fournit les dosimètres individuels nécessaires, déjà nominativement attribués, pour
l'ensemble du personnel concerné.
Quelques dosimètres "occasionnels", non encore nominatifs, peuvent être ajoutés pour
régler les pertes, détériorations, arrivées de nouveaux personnels.
En dehors des périodes de port (travail en zone réglementée), les dosimètres doivent être
entreposés dans un tableau à l'abri des rayonnements ionisants, avec un dosimètre témoin
qui permettra de déduire les bruits de fond..
Au terme de la période de port, l'ensemble des dosimètres arrivés au terme de leur période
d'utilisation sont renvoyés au laboratoire d'origine pour dépouillement et exploitation.
38
Les résultats sont transmis au médecin du travail et à la PCR de l'employeur, avec
généralement un rappel de la dose cumulée sur les 12 derniers mois).
Il s'agit également d'une dosimétrie individuelle, mais le dosimètre n'est attribué au porteur
que pour une opération. Il pourra être attribué à un autre intervenant pour toute autre
opération.
C'est une dosimétrie à lecture immédiate, par le porteur et la PCR de l'établissement (en
cours d'opération avec éventuellement un seuil d'alarme ou à l'issue de l'intervention).
Il s'agit en règle générale de dosimètres électroniques et très souvent, les dosimètres
opérationnels dans un établissement sont associés à un système de lecture et
d'enregistrement automatique placé en sortie de chantier.
Son port est obligatoire pour tout intervenant, quelle que soit sa catégorie, en zone
contrôlée.
Ses résultats doivent être régulièrement transmis à l'IRSN (SISERI, Cf. VI-9-4).
De plus, elle permet de disposer d'une alarme (réglable) si l'intervenant est soumis à une
dose pou un débit de dose supérieur à un seuil définit lors de la préparation de
l'intervention.
Elle doit être mise en place pour les interventions ou travaux où existe un risque de
contamination interne.
Elle s'appuie essentiellement sur l'anthropogammamétrie et la radiotoxicologie, selon les
radionucléides concernés.
Elle est prescrite par le médecin du travail, qui en conserve l'initiative (bénéficiaires,
méthodes, fréquence), et est couverte par le secret médical, comme tout examen médical ou
biologique.
Les analyses nécessaires doivent être pratiquées par l'IRSN ou par un laboratoire agréé.
Rappel :
39
- La radiotoxicologie consiste à mettre en évidence, éventuellement au terme d'une étape
plus ou moins complexe de radiochimie, des radionucléides dans divers échantillons
biologiques (excrétas essentiellement). L'application de modèles permet ensuite, comme
dans le cas de l'anthropogammamétrie, de calculer la dose efficace engagée.
On a bien remarqué que la dosimétrie interne n'est pas décrite ou encadrée aussi
précisément que la dosimétrie externe par la réglementation. Au contraire, une grande
latitude est laissée au médecin du travail dans sa prescription.
Il faut convenir que sa réalisation n'est pas toujours facile ou même possible de manière
idéale.
Par exemple, dans un service de radiopharmacie ou de médecine nucléaire, où ne sont
manipulés que des radionucléides à période effective courte, il semblerait irréaliste
d'imposer une détection et mesure par des examens d'anthropogammamétrie strictement
adaptés à ces périodes, donc extrêmement fréquents et pénalisants.
De plus, les incertitudes associées à ces techniques d'évaluation sont beaucoup plus grandes
que dans le cas de la dosimétrie externe, ne serait-ce que du fait de l'emploi de modèles
métaboliques ou mathématiques standardisés, tenant mal compte des variations
individuelles.
VI-9-4 : SISERI
SISERI est un système centralisé de recueil et de mise à disposition de données sur les
travailleurs exposés, tenu par l'IRSN.
L'application des dispositions qui viennent d'être évoquées aux services de médecine
nucléaire est d'autant moins simple qu'on les trouve décrites dans de nombreux textes
(codes, décrets, arrêts…).
40
un collège d'experts réunis en comité avec l'ASN, l'IRSN, le ministère chargé du travail et
l'INRS, sous le titre :
"Médecine et rayonnement ionisants :
fiches d'aide à l'analyse des risques en médecine nucléaire"
Ces fiches sont éditées dans les dossiers médico techniques (documents pour le médecin du
travail, en 2006 et on les trouve sur le site de l'INRS (www.inrs.fr).
Textes applicables,
- Diagnostic in vivo (hors TEP),
- Diagnoxtic in vivo (TEP u 18F),
- Thérapeutique sans hospitalisation,
- Thérapeutique avec hospitalisation,
- Prise en charge du patient sortant d'une unité de médecine nucléaire.
RETENIR
Les travailleurs exposés sont les travailleurs susceptibles de recevoir, dans les
conditions normales de travail incluant les incidents banaux, une dose supérieure
à une limite pour les personnes du public. (E = 1 mSv/an…).
Ils comprennent :
Les femmes enceintes et les apprentis de moins de 18 ans sont exclus de cette
catégorie.
41
Les travailleurs de catégorie B, non susceptibles de recevoir, dans les conditions
normales de travail, une dose supérieure ou égale à l'une de celles indiquées plus
haut (mais supérieures à une limite pour les personnes du public).
Tous les travailleurs intervenant en zone réglementée doivent avoir une dosimétrie
externe adaptée :
- Passive en zone surveillée,
- Passive et opérationnelle en zone contrôlée,
- Etre informés par écrit des risques et des actions à mener en cas d'incident
(pour la zone contrôlée).
42
VII – POINTS ESSENTIELS DE LA RADIOPROTECTION DES PATIENTS
L'irradiation médicale constitue un problème important de santé publique car c'est l'un des
facteurs d'exposition les plus importants de la population.
La dose efficace moyenne en France due à cette irradiation est de l'ordre de 1 mSv par an.
Elle est voisine de l'exposition naturelle et très supérieure à l'exposition d'origine
environnementale, industrielle ou professionnelle.
Les techniques d'imagerie médicale utilisant les rayonnements ionisants, à qualité égale, ont
fait de considérables progrès en matière de gain de dose, mais la consommation d'imagerie
médicale et l'apparition de nouvelles techniques, très performantes mais aussi parfois très
irradiantes, ne faisant que renforcer le besoin d'encadrer ces techniques pour optimiser leur
coût dosimétrique global et individuel.
- Le patient est lui-même le bénéficiaire de la technique qui lui fait courir le risque (Cf. II-3),
- Le principe de limitation ne peut alors pas être imposé,
- Les principes de justification et d'optimisation, s'ils restent légitimes, doivent s'adapter à
des situations qui sont toujours individuelles et dans lesquelles ils sont en balance avec la
lutte contre un risque sanitaire (non radioinduit) beaucoup plus important.
_____oOo_____
Ne seront présentées ici que les exigences générales qui doivent être présentes à l'esprit
d'un praticien hospitalier pour exercer sa responsabilité vis-à-vis de ses patients, avec l'aide
notamment de la personne spécialisée en radiophysique médicale (Cf. VIII-1-6).
Il a déjà été dit (Cf. VI-3-1) que les limites de dose ne tenaient pas compte de l'irradiation
médicale. Cette restriction est parfaitement cohérente avec le fait que le principe de
limitation n'était pas applicable à celle-ci.
43
VII-1-1 : Les personnes concernées :
Cette analyse est menée à partir de recommandations de la Haute Autorité de Santé et d'avis
concordants d'experts.
Un guide de radioprotection du patient et un guide de prescriptions ont été élaborés sous
l'autorité de l'ASN.
Il s'agit bien d'un guide et non d'une contrainte réglementaire absolue.
44
VII-1-4 : Dispositions spécifiques à la médecine nucléaire :
On ne saurait que recommander la plus grande attention sur ces exigences dans les
échanges, notamment lors de la prise de rendez-vous chez le réalisateur et lors de la
rédaction du compte-rendu.
La loi (article L 1333-11 du code de la santé publique) prévoit que tous les professionnels
participant à la réalisation d'actes de radiodiagnostic, de radiothérapie, de médecine
nucléaire ou de recherche, ainsi qu'à la maintenance et au contrôle du matériel, doivent
bénéficier d'une formation théorique et pratique, initiale et continue, relative à la protection
des personnes exposées.
Cette formation doit être renouvelée au moins tous les 10 ans.
45
VII-1-7 : Personne spécialisée en radiophysique médicale :
Comme la présence d'une PCR était obligatoire pour veiller à la protection du personnel, la
présence de cette personne, décrite par l'arrêté du 19 novembre 2004, est obligatoire pour
toute utilisation d'une installation radiologique médicale, au profit des patients.
Elle doit être titulaire d'un diplôme spécifique reconnu et ses fonctions principales sont :
- S'assurer que les équipements et procédés pour déterminer et délivrer les doses ou les
activités sont appropriés et conformes,
- Estimer les doses pour le patient et son entourage s'il y a lieu,
- Contribuer à l'assurance qualité et aux conseils en radioprotection,
- Contribuer au développement des techniques,
- Contribuer à l'enseignement et à la formation du personnel.
Les niveaux de référence diagnostique (NRD) sont des indicateurs mis en place (code de la
santé publique et arrêté du 12 février 2004) pour évaluer, du point de vue des doses
délivrées aux patients, la qualité des équipements et des protocoles utilisés.
Ce ne sont pas des limites réglementaires mais des niveaux indicateurs à mesurer
régulièrement pour contrôler cette qualité.
Il n'en reste pas moins que la constatation de leur dépassement entraîne des actions
correctives ou une justification particulière.
S'ils niveaux sont dépassés sans justification technique, une action corrective doit être
entreprise.
Pour la médecine nucléaire, l'arrêté prévoit une liste d'examens pouvant faire l'objet d'un
contrôle de l'activité réellement administrée.
Les niveaux de référence diagnostique sont les activités préconisées dans les autorisations
de mise sur le marché (AMM) par type d'examen.
Le praticien doit vérifier au moins une fois par an, sur 20 patients consécutifs, pour 2
examens différents chaque année, les activités injectées et les comparer aux NRD
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Les résultats sont à transmettre à l'IRSN.
Les niveaux d'activités préconisés par les AMM (NRD) définis par la réglementation sont
(arrêté du 12 février 2004) :
Cette présentation est loin d'être exhaustive et on ne peut qu'encourager les praticiens à
consulter les sites professionnels ou de l'ASN pour compléter leur bibliographie.
Ce sont des guides élaborés par la société française de radiologie et l'IRSN, qui indiquent
les qualités techniques de divers examens de radiologie externe (qualité de l'image…), de
réglage conseillé des constantes (tension, intensité, distance…) pour une bonne
optimisation.
Ces guides ne comportent pas aujourd'hui de fiches concernant la médecine nucléaire.
Ce guide est le fruit d'un consensus formalisé et validé en 2005 par la profession.
Son objectif est de mettre en pratique les exigences du code de la santé publique pour le
patient :
- Supprimer les examens non justifiés,
- Utiliser préférentiellement les méthodes non irradiantes,
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- Rationnaliser les indications,
- Servir de référentiel pour les audits relatifs au risque radio induit.
Il faut également ne pas perdre de vue le caractère plus ou moins traumatisant ou lourd 'un
examen, et pas uniquement de son caractère plus ou moins dosant.
Rationnaliser les indications par des recommandations de choix concernant les examens les
plus courants, de manière à harmoniser ces indications.
L'essentiel du guide se compose d'un catalogue de tableaux en 5 colonnes qui présente pour
chaque maladie, les indications d'examen et les commentaires opportuns.
Ces tableaux concernent différentes localisations anatomiques, grands appareils ou grandes
fonctions.
Le très court extrait suivant illustre l'organisation ces tableaux :
01B : (1ère colonne) est un numéro d'ordre faisant référence au sommaire du guide. Il s'agit ici de la première
maladie présentée pour la région B (cou, parties molles).
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- 0 : examen non irradiant,
- I : E < 1 mSv,
- II : 1 < E < 5 mSv,
- III : 5 < E < 10 mSv,
- IV : 10 mSv < E.
Cet exemple, qui se rapporte aux traitements par 131I, a été aimablement fourni par le chef
du service de médecine nucléaire de l'Hôpital d'Instruction des Armées du Val de Grâce.
Il comprend :
* Une fiche explicative sur les modalités de prise de traitement par une gélule d'iode
radioactif :
- Comment est apportée la gélule (la vue du conteneur plombé et les précautions de
transport peuvent "inquiéter" des personnes non prévenues),
- Devenir de l'iode dans l'organisme (thyroïde et élimination urinaire, donc
recommandation de boissons abondantes),
* Une fiche sur le tri des déchets (sacs jaunes qui seront stockés pour décroissance ou sacs
noirs pour les autres déchets).
Exemples :
Quelle est la précaution la plus importante ?
Ne pas rester à proximité d'une personne, au domicile comme au travail.
Maintenir une distance d'au moins 1 mètre (2 pour des périodes prolongées
de plus d'une heure).
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* Une fiche aidant à fixer la durée de maintien des recommandations en fonction du débit
de dose émis par le patient (µSv/h à 1 m) à sa sortie de l'hôpital. Celle-ci s'appuie sur une
recommandation européenne de 1999 :
RETENIR
- Le principe de justification,
- Le principe d'optimisation.
Le troisième principe (limitation) n'est pas adapté.
Les établissements de santé où peuvent être exposés des patients doivent disposer
des services d'une personne spécialisée en radiophysique médicale, chargée de la
radioprotection des ces patients (outre la PCR en charge de la radioprotection du
personnel).
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nucléaire où le patient constitue lui-même une source, à l'hôpital et près sa
sortie.
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VIII – CONCLUSION
Comme cela a été dit en préambule, il n'était question ici que de présenter aux futurs
chefs de service, ayant a exercer des responsabilités, les principaux éléments de
radioprotection qui les concernent.
Elles ont ainsi abouti à trois grands principes qui semblent aujourd'hui aller de soi, les
principes de justification, d'optimisation et de limitation.
Elle impose des mesures très détaillées et très contraignantes pour la protection des
travailleurs et du public, des mesures laissant davantage de libre arbitre aux praticiens
pour la protection des patients. Les deux n'en sont pas moins importants et leur
application soigneuse est une obligation qui améliorera la protection de tous sans
oublier la protection du praticien ou du chef d'établissement contre un contentieux bien
ou mal fondé.
Pour ce dernier aspect, on ne peut que recommander la plus grande attention à
l'application et à la traçabilité des actions menées, même celles qui pourraient ne pas
être ressenties comme fondamentales.
Enfin, les aspects administratifs ou de gestion qui accompagnent cet arsenal, dans un
service de radiopharmacie ou de médecine nucléaire, ont été à peine effleurés. Ils feront
l'objet d'une présentation.
Je vous remercie.
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ZONES REGLEMENTEES ET LEURS LIMITES
E = dose efficace Hext = dose équivalente extrémités
B B
y Zone interdite
y
Hoe = débit de dose équivalente pour l'organisme entier Hoe < 100 mSv/h
100 mSv en 1 h ≤ E
ou y
H < 2 mSv/h
oe
2,5 Sv en 1 h ≤ Hext
E ≤ 0,0075 mSv en 1 h
ou
Hext ≤ 0,2 mSv en 1 h
Limite de la zone surveillée Limite de la zone contrôlée Limite de la zone spécialement réglementée
Créée dès lors que les travailleurs sont susceptibles de Créée dès lors que les travailleurs sont Domaine de la zone contrôlée dans lequel l’exposition
recevoir, dans les conditions normales de travail, une susceptibles de recevoir, dans les conditions est susceptible de dépasser certains niveaux fixés par
dose efficace annuelle dépassant 1 mSv ou une dose normales de travail, une dose efficace annuelle arrêté des ministres chargés de l’industrie, du travail et
équivalente dépassant 1/10ème des limites fixées. dépassant 6 mSv ou une dose équivalente de l’agriculture, pris sur avis de l’IRSN, compte tenu
ème
1 mSv/an ≤ E ≤ 6 mSv/an dépassant 3/10 des limites fixées. notamment des débits de dose et de la contamination
ou 6 mSv/an ≤ E radioactive.
50 mSv/an ≤ HT ≤ 150 mSv/an ou
(art. R.231-81 du code du travail) 150 mSv/an ≤ HT
(art. R.231-81 du code du travail) (art. R.231-81 du code du travail)
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