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Vercingétorix
Vercingétorix
Statère d'or de -52, issu du trésor de Pionsat, Puy-de-Dôme, au nom de Vercingétorix, mais figurant probablement le dieu Apollon.
Arme cavalerie
Vercingétorix (né aux environs de -80[1] sur le territoire des Arvernes, dans l'actuelle Auvergne, mort le 26
septembre -46 à Rome) est le fils du chef gaulois de la tribu des Arvernes, Celtillos. Il fédère la plupart des peuples
gaulois et leurs chefs pour tenter de repousser l'envahisseur romain Jules César à la fin de la guerre des Gaules (-58 à
-51). Vaincu à Alésia en -52, il est emprisonné, puis exécuté 4 ans plus tard à Rome, à la suite du triomphe de César.
Vercingétorix est l'un des premiers chefs ayant réussi à fédérer une partie importante des peuples gaulois, en
montrant de réels talents militaires face à l'un des plus grands stratèges de son temps, Jules César.
Sous Napoléon III, sa figure de représentant de la civilisation gauloise est largement mise en avant ; puis, dans le
cadre de l'affrontement franco-allemand, il incarne la figure mythique et nationale du tout premier peuple de France
dans une part importante de l'historiographie du XIXe siècle. Il devient entre 1870 et 1950, dans l'enseignement de
l'histoire à des générations d'écoliers, le premier chef des Français.
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Biographie
Naissance de Vercingétorix
Il est sans doute né en Auvergne, à Gergovie selon Strabon[7] . Il est aussi possible de songer à la ville de Nemossos,
mentionnée par Strabon[8] , qui est parfois assimilée à l'actuelle Clermont-Ferrand, mais les fouilles archéologiques
les plus récentes semblent révéler la capitale des Arvernes non pas sous l'actuelle Clermont-Ferrand, mais plutôt à
Corent. Les fouilles actuelles révèlent l'exceptionnelle urbanisation de cette zone de la Limagne et son
développement polycentrique ; il semblerait qu'à l'époque de César coexistaient un oppidum fortifié (Gergovie) et
l'agglomération de Corent. De nouvelles découvertes restent cependant possibles.
Sa date de naissance n'est pas non plus connue, si ce n'est par une déduction du texte de César qui fait référence à un
adulescens en -52[9] , soit, en droit romain, à un homme de moins de trente ans. On peut donc en déduire une
naissance autour de l'an -80[10] , quoique l'on retienne la date de -72 par convention.
Il est le fils de Celtillos, chef d'un des principaux clans arvernes, un des peuples gaulois les plus puissants et qui fut
opposé à Rome à la fin du deuxième siècle avant notre ère. Son père aurait été mis à mort par les familles
aristocratiques arvernes pour avoir tenté de rétablir à son profit la royauté, abolie et remplacée par un régime
aristocratique dans les années -120 par Rome, imposant ses conditions de vainqueur et emmenant en captivité
Bituitos, le dernier roi vaincu près d'Orange[11] . Ce rejet de la monarchie valait sans doute autant que la crainte d'une
dénonciation du traité passé avec Rome, source de paix et de profit pour ce peuple depuis soixante ans[12] .
Le nom de Vercingétorix
L'origine de son nom est longtemps restée inexpliquée. Plutarque, dans ses Vies parallèles des hommes illustres, à
propos de la biographie de César, estropie son nom en « Ουεργεντοριξ (Ouergentorix) » ; Strabon le cite sous une
autre forme. Mais tant César lui-même que de nombreuses monnaies font état de ce nom, les monnaies précisant son
onomastique exacte : VERCINGETORIXS[13] . Pour l'historien romain Florus son « nom même semblait fait pour
engendrer l'épouvante »[14] .
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Pendant longtemps, après la « redécouverte » des Gaulois et de Vercingétorix au XIXe siècle, les auteurs se sont
interrogés pour savoir si le mot « Vercingétorix » était un nom de personne, ou s'il voulait dire « le chef » en langue
arverne[15] . Ainsi Jules Michelet le nomme dans son Histoire de France : « le » Vercingétorix[16] . Il y aurait alors
plusieurs rois ainsi titrés dans l'histoire gauloise, ce qui expliquerait la relative abondance et la répartition des pièces
de monnaie gauloises portant cette inscription. Mais la difficulté restait cependant que « le » Vercingétorix portait
alors ce nom avant même que ne lui soit confié le titre de roi.
Aujourd'hui, il est communément admis ce que les
philologues ont décrit depuis longtemps[réf. nécessaire] :
Vercingétorix est un nom propre formé comme un titre
honorifique composé de Ver- (à prononcer « ouèr ») qui
est une forme de superlatif, -cingeto- (à prononcer «
kinnguéto ») faisant référence à la figure du guerrier et
le suffixe -rix, soit "roi" en vieux celtique). Le suffixe
-rix est présent dans de nombreux noms gaulois : dans
ses Commentaires, César mentionne deux
[17]
Cingétorix . On peut donc le considérer comme un
nom propre et le traduire comme « le très grand roi des
guerriers »[18] .
Portrait de Vercingétorix
brandissant une lance et tenant un bouclier, l'une des techniques de combat favorite des Gaulois. Faisant remarquer
que ce denier a été frappé par un proche de Jules César à une époque où Vercingétorix était en captivité à Rome,
certains numismates retiennent qu'il pourrait s'agir du portrait de Vercingétorix lui-même [29]. En effet, au moment
de la réalisation de cette monnaie, le Gaulois le plus célèbre était à Rome et ne pouvait être que le modèle par
excellence pour les graveurs. D'autres estiment que le portrait représente un personnage plus âgé que ne l'était
Vercingétorix à l'époque (environ 32 ans) et songent à une allégorie de la victoire romaine sur les Gaulois.
Les Romains s'enorgueillissaient de montrer sur leurs monnaies des trophées représentant des peuples vaincus
(guerriers entravés) ou leurs prestigieux symboles (armes, carnynx)[30] mais la représentation monétaire du visage
du chef ennemi reste exceptionnelle. La pièce de L. Hostilius Saserna pourrait s'expliquer par la volonté de présenter
un personnage hors du commun, Vercingétorix, le fédérateur des Gaulois. Son portrait émacié serait le reflet de
quatre années de captivité éprouvante, ou traduirait la volonté de marquer l'aspect affaibli et désespéré d'un
prestigieux ennemi.
Depuis le milieu du IIe siècle av. J.-C. et surtout après la conquête romaine du sud, les Éduens ont fait allégeance à
Rome et tissé avec elle des liens commerciaux, politiques et militaires très forts. Traditionnellement, les Arvernes,
peuple puissant dominant le Massif central, s'y opposent et les conflits sporadiques s'enchaînent jusqu'à la défaite
arverne de -121[32] .
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Cependant, César reste en Gaule et doit affronter, à partir de -56, la montée des résistances, particulièrement à
l'impôt, et la rébellion des puissants Vénètes du Morbihan et de leurs alliés d'Armorique et d'outre-Manche les
Bretons. La punition des Vénètes est impitoyable, les élites supprimées et le peuple réduit en esclavage.
Dans l'hiver -54/-53, une nouvelle révolte d'un peuple de la Meuse, les Éburons, qui réussit à détruire une légion,
oblige César à mobiliser une dizaine de légions et il n'hésite pas à pratiquement exterminer ce peuple. Des révoltes
sporadiques, comme celle des Carnutes ou des Sénons éclatent au printemps -53. Le chef sénon Acco est supplicié et
Labiénus, lieutenant de César met au pas les Trévires.
L'hiver -53 arrivant, César rejoint la Gaule Cisalpine (Italie du Nord), l'un de ses commandements militaires. C'est
alors que Vercingétorix se présente en rival.
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Prise du pouvoir
« Le ressentiment de l'indépendance
perdue et l'ennui de la domination
romaine faisaient dans la Gaule des
progrès rapides, et devenaient chaque
jour plus vifs, parce que chaque jour
aussi, cette domination devenait plus
Statue équestre de Vercingétorix, par Bartholdi, place de Jaude à Clermont-Ferrand
oppressive[38] . »
des ambassades aux principaux peuples de Gaule. Selon Robin Seager[47] le vocabulaire employé par César dans ce
récit de la prise de pouvoir est extrêmement connoté et très significatif pour son lectorat romain : les mots qu'il
choisit sont à la fois très familiers mais engagent aussi de la part de ces lecteurs des réactions attendues :
Vercingétorix est présenté comme un homme au pouvoir considérable, mais la phrase décrivant ses soutiens
campagnards utilise des termes propres à le discréditer aux yeux des sénateurs romains, les termes de César sont en
effet ceux, utilisés à la même époque pour qualifier les soutiens de Catilina ou Clodius : César dénie donc à
Vercingétorix toute légitimité politique et le présente comme un homme dangereux.
La tactique de Vercingétorix
Vercingétorix, tout au long de cette année -53, va montrer un réel talent militaire et politique et donner du souci à
l'un des stratèges romains les plus talentueux. Son action prend deux formes : il organise la résistance sous forme de
guerre de harcèlement (à laquelle la géographie gauloise se prête excellemment) en recourant à la politique de la
terre brûlée, ayant compris que l'armée romaine était très dépendante de la logistique de son ravitaillement[48] et il
s'emploie à fédérer le plus grand nombre possible de tribus de Gaule contre Jules César.
En janvier -52, il lance de multiples ambassades auprès de peuples gaulois pour tenter de les rallier, n'hésitant pas à
garantir l'alliance par l'échange d'otages. Il tente de s'imposer aux Éduens (dans l'actuelle Saône-et-Loire), alliés des
Romains ou, à tout le moins, de les neutraliser. Il envoie un de ses alliés, le cadurque Luctérios, vers le sud, au
contact de la province narbonnaise et réussit à retourner les Rutènes et leurs alliés. La Narbonnaise est ainsi
directement menacée. Vercingétorix réussit lui-même à gagner à sa cause les Bituriges, normalement membres de la
confédération éduenne. Il inspire rapidement une union des peuples du centre et de l'ouest de la Gaule contre le
proconsul[49] .
César, sentant le danger imminent d'une insurrection générale de la Gaule, interrompt son séjour en Cisalpine et
rejoint fin janvier Narbonne pour rétablir la confiance. Dans un geste tactique audacieux, il traverse la Cévenne
enneigée, menaçant le pays arverne, et de là, rapidement, rejoint Agedincum (Sens) plus au nord. Il y retrouve en
février six légions cantonnées pour l'hiver pour lutter contre la sédition qui se répand au centre de la Gaule, quatre
autres légions restant réparties sur la frontière avec les Trévires et celle avec les Germains[50] .
César prend la route du nord-ouest pour faire sa jonction avec les troupes de Labiénus et réprimer la révolte des
Sénons. Pendant ce temps, l'insurrection se généralise. Vercingétorix parvient à reprendre son titre de chef des
Arvernes et à rallier les Éduens à sa cause. Il s'efforce de les lancer contre la Province romaine pour achever de
déstabiliser César. Mais il n'y réussit pas.
Vercingétorix s'impose définitivement comme chef de guerre de la coalition gauloise à Bibracte[56] . Une grande
partie des peuples gaulois est alors unifiée pour la première fois de son histoire. Il veut probablement défaire César
de manière définitive, et croit en sa supériorité, bien que la moitié de ses troupes potentielles ne lui soient pas encore
parvenues (elles constitueront l'armée de secours à Alésia).
Vercingétorix 9
Pendant ce temps, César déploie ses légions dans des camps placés tout autour et se met en position de siège en
faisant construire une énorme double fortification réalisée autour de la place forte, pour empêcher les Gaulois de
sortir et se ravitailler, et pour se protéger des attaques des troupes gauloises extérieures[59] .
Vercingétorix doit se rendre au bout d'une quarantaine de jours de siège, ses troupes mourant de faim. Les armées de
renfort gauloises, enfin arrivées, lancent une série d'attaques menées par les chefs lémovices ou éduens : les Romains
ne sont pas loin de céder, mais le siège n'est pas brisé. Vercingétorix se rend à César en 52 et offre sa vie en échange
de celle des 53000 survivants d'Alésia. Les Gaulois sont désarmés, sortent de la citadelle et sont emmenés en
captivité[60] .
Cette défaite est due aussi bien à la supériorité logistique de son ennemi qu'au manque d'entente entre les peuples et
divers chefs gaulois, peu habitués à se battre ensemble, et aux retards mis à la mobilisation des troupes de secours.
Le restant de l'alliance gauloise, d'abord emmenée par le chef de l'armée de secours Lucterius, résiste encore, jusqu'à
la prise d'Uxellodunum en -51, où ils connaissent un terrible châtiment.
La mort de Vercingétorix
Jules César exhibe Vercingétorix comme trophée symbole de sa longue campagne militaire en Gaule, en vue de son
triomphe à Rome. Il est maintenu prisonnier vraisemblablement dans les geôles du Tullianum (prison Mamertine) et
est probablement étranglé[61] , en août -46, date de la célébration du triomphe de César sur la Gaule.
une version vivante et romantique qui fit de son ouvrage un immense succès populaire. Puis Henri Martin dans son
Histoire de France populaire (1867 à 1875) célèbre sous une veine « nationale » les Gaulois, grands blonds aux yeux
bleus, et leurs chefs, dont Vercingétorix. Un autre historien, Rémi Mallet dira : Henri Martin parvient à doter la
France et les Français d'ancêtres réels et sympathiques (...). Il réussit à vulgariser et à faire admettre définitivement
l'existence de Vercingétorix[62] .
« Laquelle voudriez-vous avoir en vous, de l'âme héroïque du jeune Gaulois, défenseur de vos ancêtres, ou de
l'âme ambitieuse et insensible du conquérant romain ?
- Oh ! s'écria Julien tout ému de sa lecture, je n'hésiterais pas, j'aimerais encore mieux souffrir tout ce qu'a
souffert Vercingétorix que d'être cruel comme César. »
Ce n'est qu'avec Camille Jullian qui publie, en 1901, son ouvrage Vercingétorix que se constitue enfin l'image
moderne de Vercingétorix. Comme l'a dit Albert Grenier, son successeur au Collège de France : « Cherchant
Vercingétorix, Jullian a trouvé la Gaule ». Elle a depuis été constamment précisée, même si l'on a vu que les
éléments précis sur sa vie reposent encore essentiellement sur la lecture critique du texte éminemment politique de
César.
Aujourd'hui, loin des circonstances historiques qui ont motivé sa promotion en héros national, la figure de
Vercingétorix reste un des puissants symboles de l'identité nationale française en s’inspirant de la tradition
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historiographique antérieure fossilisée dans les mémoires. Sans doute plus que le reste, l’incertitude qui règne sur la
connaissance de nos origines entretient la part de mythe qu’elle recèle[65] .
Notes et références
[1] Aucune source ne donne la date précise de la naissance de Vercingétorix. La date de -80 est une approximation issue d'une déduction du texte
de César qui l'appelle adulescens, ce qui signifie qu’il a un peu moins de 30 ans (âge auquel on devient réellement adulte à Rome et où on peut
briguer les premières magistratures du cursus honorum).
[2] Christian Goudineau, Le dossier Vercingétorix, Éditions Actes Sud, 2001.
[3] Géographie, IV, 2, 3
[4] Vie de César, XXV-XXVII
[5] Épitomè de Tite Live, I, 45
[6] Histoire romaine, XL, 41
[7] "Gergovie, cité arverne située sur un mont élevé et ville natale de Vercingétorix" Géographie, IV, 2, 3, traduction française F. Lasserre, CUF,
Paris, 1966, p. 148-149
[8] IV, 3, 1 : "Les Arvernes sont fixés au bord de la Loire. Leur capitale est Némossus, qui est située sur le fleuve."(tr. fr. F. Lasserre, CUF, Paris,
1966, p. 148
[9] L' adulescentia est l'âge antérieur à l'exercice des magistratures : trente ans est l'âge auquel on devient réellement adulte à Rome, et où on peut
briguer les premières magistratures du cursus honorum.
[10] Goudineau, p. 278.
[11] Vincent Guichard, « Les Arvernes », in Le dossier Vercingétorix, p. 249.
Vercingétorix 12
[58] 250.000 fantassins et 8.000 cavaliers selon César, 300.000 combattants selon Plutarque
[59] C. Goudineau, p.312
[60] C. Goudineau, p.327
[61] Dion Cassius XLIII, 19, 4 signale sa mise à mort à l'occasion du triomphe. Les circonstances exactes ne sont pas précisées par analogie avec
la mort de Simon fils de Gioras décrite par Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, VII, 154 que l'on déduit en général une mort par strangulation,
voir Luciano Canfora, César, le dictateur démocrate, Paris, Flammarion, 2001, p. 383 n. 75
[62] Cité par Suzanne Citron dans L'Histoire de France autrement, p. 15.
[63] Vercingétorix aux Gaulois assemblés (César, Guerre des Gaules, livre VII,29).
[64] Histoire de France, cours moyen, Ernest Lavisse, 1884.
[65] Bruno Tranchant Vercingétorix ou l’archétype du héros national (http:/ / hebdo. parti-socialiste. fr/ 2007/ 11/ 07/ 1002/ )
[66] Vercingétorix. Le roi des guerriers, le héros national, le dernier Gaulois... (http:/ / ww. histoforum. org/ histobiblio/ article.
php3?id_article=339) Sur histoforum.org
Sources et contributeurs de l’article 14
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