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‘Conceptualisation’ et ‘sens linguistique’ : réflexions sur le cas de

‘polysémiose’

Seok-Man YOON

Département de francais

Université Hankuk des Etudes Etrangères

Séoul, Corée du Sud

smyoon@hufs.ac.kr

1. Introduction
2. Le niveau conceptuel et le niveau linguistique dans le modèle de B. POTTIER
3. La conceptualisation et le sens linguistique dans les ‘grammaires cognitives’
4. Problèmes soulevés et réflexions sur des familles d’énoncés parasynonymiques
5. En guise de conclusion

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1. Introduction
- objectifs de l’exposé
- « représentation », « cognitif », « conceptuel », « mental » ?
- « Le tournant cognitif en linguistique ? » « De la linguistique générale à la linguistique cognitive ? »

2. Le niveau conceptuel et le niveau linguistique dans le modèle de B. POTTIER

2.1. Les niveaux du modèle


Réf. – Conceptuel – Compétence linguitique (Langue) – Enoncés / Discours
= un modèle de simulation de l’activité de langage

2.2 La notion de conceptualisation

2.2.1. Quelques citations de textes

1) Pottier (1974 : 21) : « Réduction sélective de la référence »


= « structure d’entendement, très profonde, lieu de la connaissance, par nature déliée des langues
naturelles » ; lieu où a lieu la traduction entre deux langues.

1
2) Pottier (1987 : 11) :
- « Lorsque le JE communique, il établit un rapport au monde, c’est-à-dire qu’il se branche sur un référent
qui peut être percptible (visuel, sonore, tactile...) ou imaginaire (« pensée pensante ». De toute façon, ce
référent n’est qu’un point de départ non inventoriable, non fini qui, pour entrer dans le monde d’une langue
naturelle, doit être conceptualisé. »
- (1987 : 44 ) : le parcours de la dénomination
Référent → Conceptualisation → Choix d’un signe
(réel ou imaginaire) (Représentation) (adéquation relative)

3) Pottier (1992 : 16 ) :
« L’énonciateur a un point de départ référentiel qui peut être de nature (odeur, bruit, vue, souvenir, texte
d’autrui...). Il prend conscience de son VOULOIR DIRE dans la mesure où il conceptualise son intention
de signifier. Cette organisation mentale doit alors être mise en signes, sémiotisée, à travers les moyens
fournis par un système sémiotique, une langue naturelle (LN) dans le cas présent »;

4) Pottier (2000 : 33) :


« Le monde référentiel de départ est vaste et flou (...). L’énonciateur en perçoit certaines données qui sont
latentes. Il selectionne celles qui correspondent à son intention de communiquer, son VOULOIR DIRE, et
qui sont saillantes pour lui à ce moment-là. Il retient au minimum celles qu’il ressent comme prégnantes.
Tout cet ensemble d’opérations peut être considéré comme le domaine de la conceptualisation, qui occupe
un certain temps, même s’il est très court »

2.2.2. Hypothèse sur la nature du niveau conceptuel


1) La conceptualisation (dans le sens énonciatif) est donc un ensemble d’opérations mentales d’ordre
intentionnel que le JE énonciateur est censé effectuer dans la production des énoncés.
2) - pré-verbal (encore non-linguistique)
- global, continu et non-discret et non linéaire
- lieu du VOULOIR DIRE, d’ordre intentionnel

« Le conçu est le dernier instant du parcours de conceptualisation qui se trouve entièrement en pensée
active. A ce niveau règne encore la liberté de pensée non-formée linguistiquement » (Pottier 2000 : 33).

2.3. Description du niveau conceptuel

1) Parcours de sélection : latence - saillance - prégnance


2) Remodelé depuis le début des années 1990 : le niveau conceptuel scindé en 2 niveaux : Co1 + Co2

- « On peut poser provisoirement une conceptualisation du monde indépendante de la langue (Co1),

2
universelle par vocation, et une modulation culturelle de ces universaux (Co 2), liées aux mythes et aux
religions, aux conditions de vie en société, aux taboux, aux taxinomies issues de l’expérience :

Co1 > filtres culturels > Co2 > mise en signes > LANGUE » (2000 : 9)

- « Il semble opportun de distinguer entre deux variantes de conceptualisation. L’une est générale et peut
être considérée comme universelle (Co1) : elle a trait aux phénomènes inévitables comme les
mouvements, les sentiments, les évolutions vitales... L’autre est liée à l’environnement cuturel (Co2) qui
enrichit et précise la première (...) » (2000 : 35).
3) Le niveau conceptuel dans sa totalité n’est donc pas conçu comme universel.
→ Il peut y avoir des habitudes de pensée liées à une culture et à l’usage continu d’une LN.
Mais « Ma langue observe et propose mais ne domine jamais ma pensée »

4) Composantes du niveau conceptuel : EVENEMENT et VISEES ENONCIATIVES


- Co1 : EVE = Entité(s) ← Comportement (représenté en Schème Analytique = SA)
- Co2 : VISEES : DIATHESE
DETERMINATION
ACTANCE
TEMPS Enrichi et module par les intentions de significations du JE
ASPECT en relation avec une culture
MODALITE

2.4. Sémiotisation (Mise en signes) du VOULOIR DIRE conceptuel

- Principes des choix de signes : quête d’un maximum d’adéquation entre le VOULOIR DIRE conceptuel
et le SAVOIR DIRE linguitstique (savoir sur les lexèmes par ex. – cf. analyse sémique)

- L’énonciateur a toujours à sa disposition plusieurs solutions linguistiques parasynonymiques :


« Polysémiose » = 1 VOULOIR DIRE conceptuel → n solutions linguistiques
Donc, pas de relation terme à terme entre le niveau conceptuel et le niveau linguistique

(1) Je veux qu’il puisse danser demain


Mon désir est qu’il puisse danser demain
Mon but est de faire en sorte que demain il soit en mesure de danser (Pottier 2000 : 123)
(renvoient un « noyau conceptuel commun »)

(2) Le scandale des tortures perpétrées en Irak s'intensifie (Le Monde, 05/05/2004, 9h 26)

3
Le scandale des tortures en Irak s'amplifie (Le Monde, 05/05/2004, Mise à jour, 12h 34)
Cf. Le scandale des tortures infligées par l'armée américaine à ses prisonniers s'est accru
mardi 4 mai.

Ces exemples montrent clairement que dans la même situation d’énonciation, le même locuteur (le
journaliste) a à sa disposition plusieurs solutions parasynonymiques pour exprimer son VOULOIR
DIRE conceptuel..

(3) La France s’oppose à ce traité


est hostile à
est contre

2.5. Deux cas de parasynonymie : problèmes de rapports entre le conceptuel et le linguistique

2.5.1. Distinctions conceptuelles – Différences sémantiques ?

(4) Pierre plante un peuplier (dans son jardin).


Pierre dote son jardin (d’un peuplier).

(5) J’ai fait savoir la décision du comité (à mes collègues).


J’ai informé mes collègues (de la décision du comité).

Cf. Plusieurs visions (parcours) possibles : visions différentes sur le même SA


A informer B (de C) vs A faire savoir C (à B)
A prévenir B (de C) A communiquer C (à B)
A avertir B (de C) A annoncer C (à B)
A mettre B au courant (de C) A faire part de C (à B)

(6) Pierre est embarrassé.


Pierre est dans l’embarras.

4
(7) Ce sont des croix en forme de cercle.
C’est un cercle fait de croix.

(8) Le charbon remplit la cave


La cave est rempli de charbon.

(9) J’aime beaucoup ce film.


Ce film me plaît beaucoup.

2.5.2. Pas de distinctions conceptuelles – Différences sémantiques ?

(10) Tu as trop salé la salade (solution synthétique)


Tu as mis trop de sel dans la salade (solution analytique)

(11) La police met le criminel en prison


La police emprisonne le criminel.

(12) Notre ingénieur en chef a légèrement modifié votre plan.


Notre ingénieur en chef a apporté une légère modification à votre plan.

(13) Au bout d’une heure de marche, les soldats sont arrviés à la frontière.
les soldats ont atteint la frontière.

(14) Il est possible que Pierre vienne


Il y a une possibilité que Pierre vienne
Il se peut que Pierre vienne

3. La conceptualisation et le sens linguistique dans les ‘grammaires cognitives’

3.1. Les postulats théoriques de base

1) Toute unité symbolique, quelle que soit sa dimension, se compose d’un pôle phonologique et d’un pôle
sémantique. (cf. Langacker présente le diagramme de Saussure Sa/Sé dans Langacker 1987b)
2) Une structure sémantique est définie comme la structure conceptuelle d’une unité symbolique.
- « A semantic structure is (then) defined as a conceptual structure that functions as the semantic pole of
linguistic expression » (Langacker 1987b : 98).

5
- « Semantic structure is conceptualization tailored to the specifications of linguistic convention.
Semantic analysis therefore requires the explicit characterization of conceptual structure » (op. cit. : 99).
- « Cognitive grammar equates meaning with conceptualization. Semantic structure is nothing more
than conceptualization structured in accordance with established patterns of linguistic convention (...)

3) La terme de conceptualisation est employé au sens très large et il englobe les ‘concepts’ déjà établis,
activités sensoro-motrices, expériencs psychologiques, tous les types de savoir linguistique ou non-
linguitique, etc.
4) Pour les grammaires cognitives, la structure sémantique (donc conceptuelle) n’est pas universelle, mais il
existe des aspects univsels du langage. Elle supposent l’existence des mécanismes cognitifs généraux qui
sont à l’œuvre quelle que soit la langue.
5) La syntaxe n’a pas d’autonomie. Elle considère qu’il y a un continuum entre la syntaxe (grammaire) et le
lexique.

3.2. « Une sématique liée à la conceptualisation et à l’imagerie »

1) Concepts théoriques de base empruntés à la psychologie des Gestalts : figure / fond, etc.
2) Cf. B. Vittorri (in C. Fuchs 2004, éd.) :
- « C’est (donc) la sémantique qui est placée au cœur du dispositif. La finalité du langage est de construire
des structures sémantiques complexes, que Talmy appelle « représentations cognitives », Langacker «
structures conceptuelles » et Fauconnier « espaces mentaux ». L’étude de la grammaire consiste à rendre
compte de la manière dont les unités linguistiques, sortes de « briques » élémentaires symboliques, se
combinent pour produire des représentations complexes. Chaque différence de forme correspond à des
différences dans la représentation construite. Ainsi, pour Langacker (1987 : 39), les deux énoncés
suivants n’ont pas le même sens :
He sent a letter to Susan
He sent Susan a letter.

Même s’ils décribent le même événement, ils ne le présentent pas de la même manière : l’énoncé (1), à
cause de la préposition to, met en relief la trajectoire de la lettre, alors que l’énoncé (2) met l’accent sur le
résultat de l’action, la possession de la lettre par Susan (...) » (p. 75)

- « Deux paraphrases, aussi proches soient-elles, n’ont donc pas la même représentation sémantique
associée. A fortiori, deux énoncés de deux langues différentes sont irréductibles l’un à l’autre (...) » (p. 76).

3) Langacker (1987) : « Nouns and Verbs », Language, Vol. 63, No, 1, pp. 53-93.
Traduction française dans Communications No. 53 (intitulé Séùmantique cognitive) , 1991, Paris, Seuil.

6
① « Les sens d'expressions décrivant une situation objective peuvent même différer selon les manières
dont la situation est CONCEPTUALISÉE. C'est ainsi qu'un locuteur qui observe la distribution spatiale de
certaines étoiles peut correctement y voir une constellation, un agglomérat d'étoiles, des taches de
lumières dans le ciel, etc. De telles expressions sont sémantiquement distinctes ; elles reflètent des façons
différentes de concevoir la scène, chacune étant compatible avec ses propriétés objectivement données. Je
dirai qu'une expression impose une IMAGE particulière dans son domaine. Les images fixées par
convention, incarnées par les unités symboliques d'une langue (à la fois lexicalement et
grammaticalement), sont cruciales pour la valeur sémantique de ces dernières » (1991, p.107).

② « Most broadly, the meanings of linguistic expressions divide themselves into NOMINAL vs.
RELATIONAL predications. These two types do not necessarily differ in the nature of their intrinsic
content (consider circle and round, or explode and explosion), but rather in how this content is construed
and profiled. A nominal predication presupposes the interconnections among a set of conceived entities,
and profiles the region thus established. By contrast, a relational predication presupposes a set of entities,
and it PROFILES the INTERCONNECTIONS among these entities ». (1987a : p. 68)

③ « Mon hypothèse personnelle est que exploser et explosion diffèrent sémantiquement parce qu’ils
utilisent différents images pour structurer le même contenu conceptuel : l’événement mis profile par
exploser est analysé comme un processus alors qu’explosion depeint une région abstraite. Nominaliser un
verbe lui prête nécessairement les propriétés conceptuelles caractéristiques d’un nom. Mon analyse rend
directement compte de la réification impliquée par des noms, comme explosion, dérivées de verbes »
(1991 : 147).
3.3. Quelques exemples donnés

(16) He fell
He took a fall (‘Sequential scanning’ vs ‘Summary scanning’)

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(17) This is a triangle.
This is a three-sided polygon.

(18) The glass is half-empty.


The glass is half-full.

(19) Louise resembles Rebecca.


Rebecca resembles Louise.

(20) Russia invaded Afghanistan.


Afghnistan was invaded by Russia.

(21) I mailed a pacakge to Bill.


I mailed Bill a package.

(22) All cats are playfull.


Any cat is playfull.
Every cat is playfull.
Each cat is playfull.

4. Problèmes soulevés et réflexions sur des familles d’énoncés parasynonymiques

4.1. Problèmes soulevés

1) Dans le modèle de B. Pottier par exemple, si l’on maintient la distinction entre niveau conceptuel et niveau
linguistique (sémantique), la question se pose de savoir comment articuler les deux niveaux. Dans quelle
mesure peut-on ou doit-on dire les différents choix des signes linguistiques reflètent une organisation
mentale différente du référent ? Est-il possible d’établir des critères cohérents ?

2) Le statut du terme de « noyau conceptuel commun »

cf. Ex (1) : Je veux qu’il puisse danser demain


Mon désir est qu’il puisse danser demain

8
Mon but est de faire en sorte que demain il soit en mesure de danser (Pottier 2000 : 123)

Je mettrais ma main au feu /certitude/


Je mettrais ma tête à couper

- « Qu’est-ce qui se passe dans notre tête quand on chosit une solution linguistique plutôt qu’une autre ? »
Finalement, ces questions posent le problème séculaire de rapports entre la pensée et la langue.

4.2. Quelques cas à discuter

4.2.1. Solutions analytique et synthétique

Fusiller et tuer avec un fusil : fusiller implique la mort de celui qui est fusillé, alternance toujours possible,
mais poignarder et tuer avec un poignard : poignarder n’implique pas forcément la mort de celui qui est
poignardé (« Frapper, Blesser ou tuer avec un poingnard », Le Petit Robert) – problème d’alternance.

4.2.2. Visions sur les actants de l’EVE

(23) un fusil caché par les herbes (CAU = parce qu’il y avait des herbes)
avec (INS = quelqu’un s’était servi d’herbes)

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sous (LOC = se trouve au milieu des herbes) ( Pottier 1974 : 133)
= intentions du locuteur

(24) Je fais faire un costume pour Jean au tailleur


par le tailleur (1974 : 135)

« On dira que tailleur est un ERGATIF dans le schème fondamental (conceptuel), et qu’il peut être vu
comme DATIF ou ERGATIF dans les schèmes intégrés d’une langue naturelle déterminée. »

4.2.3. Dénomination des entités (Orthonyme et opérations de distanciation)

(25) Vénus
étoile du soir
étoile du matin
étoile du berger

(26) Je demande à quelques personnes de bonne volontés de venir m’aider


Je demande à quelques bonnes volontés de venir m’aider

4.2.4. Visées conceptuelles, SP, phénomène d’intégration...

- Conceptualisation et choix d’une forme de signifé (parties du discours)


La saisie formelle est également un choix de signifié. Qu’est-ce qui motive ce choix ?

(27) Pierre est un menteur ( « C’en est un »)


Pierre est menteur (« Il l’est » : cf. il est très menteur)
Pierre ment (« Voilà ce qu’il fait ») (Pottier 1974 : 285)

(28) Pierre est courageux


Pierre est un homme courageux
Pierre est un modèle du courage
Pierre est le courage même.
Pierre a du courage
Il y du courage chez Pierre.
Un certain courage se trouve chez Pierre

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(29) Je propose que l’on construise cette maison
Je propose que cette maison soit construite
Je propose de construire cette maison
Je propose la construction de cette maison

(30) Avant qu’il ne parte pour la Corée, Jean m’a téléphoné.


Avant de partir pour la Corée,
Avant son départ pour la Corée,

(31) Il a une passion pour le cinéma


Il se passionne pour le cinéma
Il est passionné de cinéma.
C’est un passionné de cinéma
Il est cinéphile

(32) Cette rivière contient beaucoup de poissons.


Cette rivière abonde en poissons.
Cette rivière est pleine de poissons.
Cette rivière est poissonneuse.

(33) Il a très peur.


Il est saisi de peur
Il est appeuré
Il est effrayé
Il est dominé par la peur
Il est envahi de la frayeur (métaphore – vu comme une localisation)

(34) Jean a remporté le premier prix au concours de chanson.


Jean a gagné le premier prix au concours
Jean a reçu le premier prix au concours
Jean est lauréat du premier prix du concours
Jean a été couronné du premier prix au concours

4.2.5. D’une langue à l’autre

(35) Le lait a tourné


The milk went bad.

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우유가 맛이 갔다 (le lait – le goût – est allé)
우유가 맛이 변했다 (le lait – goût – a changé)
우유가 상했다 (le lait – s’est altéré)

(36) He sliced the cake


Il a coupé le gâteau en tranches. (Pottier 2000 : 62) Cf. le gouvernement a saucissoné le budget.

Il a traversé la rivière à la nage


He swam across the river.

(37) En anglais : il a un ‘cœur noir’


En coréen / Japonais : il a un ‘ventre noir’
En mong : il a un ‘foie noir’
En hindi : il a un ‘visage noir’
En swahili : il a un ‘estomac noir’ (Lakoff 1997 : 167)

5. En guise de conclusion

1) Si l'on convient de l'existence du (ou d'un) niveau conceptuel dans le fonctionnement du langage, la
question de savoir quelle est sa véritable nature semble encore largement ouverte. Quand les linguistes
parlent aussi de représentation mentale, on peut légitimement douter qu’ils parlent de « la même chose » : on
a affaire à une entité diversement caractérisée et vivement controversée. Cela est sans doute compréhensible,
puisque, finalement « tout se passe dans la tête ». De ce point de vue, il est inévitable de formuler des
hypothèses quand on veut traiter ce plan du langage. Ce que l’on peut souhaiter, c'est que celles-ci soient
explicites, plausibles et qu'elles servent à expliquer les phénomènes linguistiques d’une manière cohérente.

2) Nature des représentations mentales : rapports entre le mental (conceptuel) et le linguistique ?


- B. Pottier : Co 1 (Universel) + CO 2 (Culturel)
- J.P. Désclés : « Anti-anti-relativisme » (cf. 2003)
- F. Rastier (1991) : « simulacres multimodaux », un produit culturel complexe qui s'élabore à partir du
système sémiotique, du système auditif et du système visuel1

L’une des questions fondamendales serait de savoir comment articuler le « même » et l’« autre » dans
l’analyse linguistique.

1
Cf. « (...) les signifiés des langues et les représentations mentales sont les un comme les autres des
formations culturelles1). Ils ne se confondent pas et se conditionnent mutuellement. (...) nous formulons
l'hypothèse que les structures sémantiques d'un texte contraignent les représentations psychiques qui
accompagnent son énonciation comme son interprétation, sans pour autant les déterminer au sens fort du
terme » (p.96-97).

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3) Distinction de deux acceptions du terme de représentation et de conceptualisation : celle de processus et
celle de produit de ce processus. Une telle distinction2 permettrait de clarifier davantage la discussion, quitte à
y revenir sur les relations entre les deux.

a) Conceptualisation-A : celle qui intervient dans l'acte d'énonciation, c'est-à-dire dans la mise en
fonctionnement par un locuteur de sa compétence de langue à to pour produire l'énoncé. Elle renvoie à un
ensemble de mécanismes d’opérations de saisie mentale du monde référentiel pour élaborer le VOULOIR
DIRE conceptuel qui sera sémiotisé. C’est celle-ci dont nous avons surtout parlé.

b) Conceptualisation–B : la langue comme moyen de représentation du monde (au sens guillaumien ; c’est
aussi dans le sens où « chaque langue découpe le monde à sa manière »). C’est la conceptualisation dans la
perspective de l'évolution historique d'une qui construit le système linguistique. Elle demande des siècles et
s'intègre petit à petit et inconsciemment.

4) De même, quant au rapport entre le conceptuel (ou le mental) et le linguistique, il semble souhaitable de
distinguer les trois composantes suivantes dont on pourrait supposer une certaine autonomie de
fonctionnement :
(a) l'ensemble des mécanismes de la conceptualisation en tant que « mécanismes de représentation mentale
du monde référentiel externe et interne ».
(b) la compétence de langue qui renvoie aux connaissances et savoir pratique des structures et des
mécanismes d'une langue naturelle.
(c) l'ensemble du savoir mémorisé du sujet parlant sur le monde, qui est de l'ordre du référentiel interne,
toujours actualisable au moment de l'acte de parole et qui peut varier assez fortement d'un individu à l'autre.

Références bibliographiques

Desclés, J.-P. (1994) : « Réflexions sur les grammaires cognitives », In Modèles linguistiques, t. XV, fasc. 1,
pp. 69-98.

2
Quand B. Pottier écrit le texte suivants, nous pensons que c’est dans ce deuxième sens : « Savoir est conçu
comme imperfectif, ce qui ne veut pas dire que dans la réalité on ne peut pas oublier. (...) Ce lexème (=
éclater) est conceptualisé comme ponctuel » (Pottier 1987 : 169). De même, les phénomènes linguistiques de
grammaticalisation, par exemple, sont envisagés dans ce sens B).

13
Désclés, J.-P. (2003) : « La Grammaire Applicative et Cognitive construit-elle des représentations
universelles ? », LINX, Université de Paris-X.
Fuchs, C. (2004, éd.) : La linguistique cognitive, Ophrys.
Lakoff, G. (1993) : « The contemporary theory of metaphor », In Ortony, A (1993, éd.) : Metaphor and
Thought (2e édition), Cambridge University Press, 1993, pp. 202-251.
Lakoff, G. (1997) : « Les universaux de la pensée métaphorique : variation dans l'expression linguistique »,
In Fuchs, C. et Robert, S. (eds.) : Diversité des langues et représentations cognitives, Paris,
Ophrys,
1997, pp. 165-181.
Langacker, R.W. (1987a) : « Nouns and Verbs », Language, Vol. 63, No, 1, pp. 53-93 [Traduction française
dans Communications No. 53 (intitulé Séùmantique cognitive) , 1991, Paris, Seuil].
Langacker, R.W. (1987b) : Foundations of Cognitive Grammar, Vol.1 : Theoretical Prerequisites, Stanford
CA, Stanford University Press.
Pottier, B. (1974) : Linguistique générale, Paris, Klincksieck.
Pottier, B. (1984) : « L'opposition verbo-nominale n'est pas un phénomène primaire », Modèles linguistiques,
t. VI, fasc.2-1984, p. 61-65, Lille, Les Presses de l'Université de Lille 3.
Pottier, B. (1987) : Théorie et analyse en linguistique, Paris, Hachette, 1987.
Pottier, B. (1993) : Sémantique générale, Paris, PUF.
Pottier, B. (2000) : Représentations mentales et catégorisations linguistiques, Editions, Peeters, Louvain-
Paris.
Rastier. F. (1991) : Sémantique et recherches cognitives, Paris, PUF.

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