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Chirurgie de la thyroïde
Madame, Monsieur,
Vous allez prochainement bénéficier d’une opération
appelée thyroïdectomie.
Lors de cette intervention, le médecin enlèvera une
partie ou la totalité de votre glande thyroïde.
Ce document est destiné à vous expliquer :
– Pour quelle(s) raison(s) cette opération vous a été
proposée
– En quoi elle doit en principe consister
– Quels sont les risques et complications auxquels cette
opération vous expose
– Quelles sont les contraintes liées à l’opération dont
vous allez bénéficier
Pourquoi doit-on enlever tout ou partie de la glande
thyroïde ?
La glande thyroïde est un petit organe situé à la base du
cou, sous la pomme d’Adam, devant la trachée et l’œ-
sophage qu’elle recouvre un peu à la manière d’un
bouclier. Cet organe fabrique des substances chimiques
(les hormones appelées T3 et T4) qu’elle déverse dans le
torrent circulatoire. Le sang étant ensuite reparti dans
tout l’organisme, ces substances iront exercer leurs
effets sur quasi tous les autres organes et tissus du corps.
Ces effets sont très importants, vitaux même.
1- Ainsi, si en raison d’une maladie quelconque, la
thyroïde ne fabrique plus assez ou, au contraire, déverse
trop de ces substances chimiques dans le torrent circula-
toire, l’organisme se verra privé ou, au contraire inondé
de quantités excessives de ces hormones. Ces situations
de fonctionnement insuffisant (hypothyroïdisme) ou de
fonctionnement excessif (hyperthyroïdisme) pertur-
beront parfois gravement la marche harmonieuse du
corps, chaque organe ayant en effet besoin qu’une quan-
tité bien précise d’hormones thyroïdiennes soit mise à sa
disposition. Ainsi enlever une plus ou moins grande par-
tie la glande thyroïde sera-t-il parfois le seul ou le plus
efficace moyen de contrôler les états de fonctionnement
excessif.
2- Mais, à coté de ces maladies à l’origine d’un fonc-
tionnement insuffisant ou excessif de la thyroïde, il en
existe d’autres qui déforment la glande elle-même. Le
plus souvent la glande grossit et, au-delà d’un certain
volume, le cou est déformé. On parle alors de goitre.
Toute la glande peut grossir sans devenir difforme, ses
contours restant harmonieux, sans bosses ni fosses.
C’est le goitre homogène, diffus. Plus souvent toutefois,
une ou plusieurs parties de la glande forment des
«boules» (les nodules) qui, en grossissant, déforment la
glande et le cou qui, parsernés de bosses et de foffes,
deviennent difformes, parfois monstrueux. C’est le
goitre nodulaire. Ces goitres, quels qu’ils soient peuvent
en arriver à irriter ou comprimer la trachée (toux ou dif-
ficultés respiratoires) et l’œsophage (difficultés à avaler)
ou sont tout simplement inesthétiques. La chirurgie de
thyroïdectomie, en enlevant la glande déformée, sera
souvent le seul moyen de solutionner ces différentes
situations.
3- Enfin, ces «boules», ces nodules qui déforment la
glande thyroïde, sont parfois cancéreux ou risquent de le
devenir un jour. L’examen médical, les examens par
ultrasons, les scintigraphies, les prises de sang et les
ponctions de la thyroïde ne parvenant pas toujours à
affirmer la nature bénigne ou cancéreuse du ou des
nodules, la chirurgie permettra de les enlever, de les
analyser et, s’il y a cancer, de guérir définitivement la
très grande majorité des patients.
Ainsi la chirurgie de thyroïdectomie pourra-t-elle
régler des problèmes de fonctionnement anormal, de dif-
formité gênante ou de transformation cancéreuse cer-
taine ou possible, ces différents problèmes étant
d’ailleurs parfois associés.
En dehors de situations plus exceptionnelles, c’est
donc pour l’une de ces raisons que la chirurgie de thy-
roïdectomie vous a été conseillée.
En quoi la chirurgie de thyroïdectomie consiste-t-elle
exactement ?
L’opération est généralement réalisée sous anesthésie
générale. Quelques fois une intervention sous anesthésie
locale et «hypnose» est proposée. L’anesthésiste, que
vous verrez avant l’intervention, répondra à toutes vos
questions à ce sujet.
Arrivé(e) en salle d’opération, vous êtes dans un pre-
mier temps mis(e) en position couchée, sur le dos, la tête
légèrement en arrière, pour étendre le cou.
Dans des conditions de stérilité parfaite, la peau est
incisée horizontalement, à la base du cou de façon à ren-
dre la future cicatrice la plus esthétique possible.
La glande thyroïde est alors abordée et progressive-
ment détachée de toutes les structures situées à son con-
tact, en ayant soin de lier ou coaguler tous les petits vais-
seaux sanguins qui la nourrissent. Une grande méticu-
losité permet de voir, de respecter et laisser intacts tous
les éléments antomiques à préserver.
Ainsi le chirurgien peut-il isoler selon les cas, la
moitié (gauche ou droite), la partie centrale ou la totalité
de la glande thyroïde et enlever de la sorte tout le tissu
malade.
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Parfois la chirurgie devra être plus large, le chirurgien
enlevant également certains ganglions du cou.
Parfois, une analyse au microscope du morceau de
glande enlevé (ou d’un ganglion) sera nécessaire, ce qui
prolonge un peu la durée de l’opération.
Pour terminer, l’incision est refermée de la façon la
plus esthétique possible.
L’intervention dure en moyenne, selon les cas, 30 à
120 minutes.
L’opéré(e) est ensuite éveillé(e) et conduit(e) en salle
de réveil où il(elle) séjourne deux à trois heures sous la
surveillance rapprochée de l’équipe infirmière et médi-
cale.
Il(elle) regagne ensuite sa chambre.
Lors du réveil, les douleurs ressenties sont en général
très supportables, comparables à celles occasionnée
par une grosse «angine». Souvent également (le)la
patient(e) ressent des maux de tête, liés à la position du
cou pendant l’opération. Toutes ces douleurs sont bien
maîtrisées par les médicaments actuellement disponi-
bles.
Quels sont les principaux risques auxquels cette
opération vous expose ?
Toute chirurgie, toute anesthésie comporte bien sûr des
risques dont la liste complète est impossible à dresser.
En dehors de complications qu’un maximum de précau-
tions rend rasissimes, le patient opéré de la thyroïde est
essentiellement exposé aux complications suivantes.
1- Le plus grand danger est l’hémorragie survenant
dans les minutes ou heures suivant l’intervention. Cette
complication n’a rien de grave si elle reconnue et traitée
à temps. C’est la raison pour laquelle vous serez atten-
tivement surveillé(e), parfois pendant plusieurs heures,
en salle de réveil. Si nécessaire, vous serez à nouveau
endormi(e) par l’anesthésiste et reconduit en salle
d’opération. Le chirurgien réouvrira la plaie et con-
trôlera le saignement. Les suites n’auront en principe
rien de particulier.
2- La seconde complication possible est liée aux trau-
matisme des glandes parathyroïdes. Il s’agit en fait de
4 petites glandes (2 à 3 millimètres) accolées à la glande
thyroïde. Le chirurgien doit les séparer de la thyroïde
pour ne pas les emporter avec la thyroïde malade. Cela
est souvent difficile voire impossible. Différents arti-
fices permettent en principe de préserver le maximum de
parathyroïdes afin de ne priver par la suite le(la)
patient(e) de l’effet indispensable de la substance chimi-
que que ces petites glandes secrètent. Cette substance (la
parathormone) contrôle en effet les taux de calcium dans
l’organisme. Si ces taux ne sont plus suffisants (parce
que les parathyroïdes ont été abîmées), vous pourrez
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ressentir des picotements dans les doigts, les orteils et
autour de la bouche, ainsi que des crampes musculaires,
entre autres). Cette déficience en parathormone est pres-
que toujours modérée, passagère et donc sans gravité.
Néanmoins, chez l’opéré(e) sur 100, un traitement à vic
par calcium et vitamine D peut s’avérer indispensable.
3- Une perte de la voix ou un changement de son tim-
bre peuvent survenir. C’est la conséquence d’un trauma-
tisme d’un (ou des deux) nerfs (appelés récurrents) qui
assurent les mouvements des cordes vocales. Ces deux
nerfs minuscules sont accolés à la thyroïde sur un partie
de leur trajet et doivent être préserver par le chirurgien.
Malheureusement, pour des raisons mal connues, une
paralysie du nerf (exceptionnellement des 2 nerfs) peut
survenir en dépit de leur parfait respect par le chirurgien.
Cette complication est fort heureusement transitoire
dans la plupart des cas même si la récupération d’une
voix normale peut prendre plusieurs mois, exiger de
séances de logopédie et, dans de très rares cas, exiger
une opération sur les cordes vocales ou la trachée.
4- Une infection de la plaie opératoire peut survenir.
Cette complication peu fréquente est embêtante car elle
exige des soins et, parfois, une petite ré-intervention.
Elle n’a toutefois rien de grave et ne laisse, sauf excep-
tion, aucune séquelle.
5- Non exceptionnellement, la région du cou opérée
restera gonflée et indurée pendant quelques semaines.
Parfois, la cicatrice peut «coller» ou devenir trop épais-
se, rouge et nacrée. Ces ennuis trouvent en général leur
solution.
Quelles sont les contraintes liées à votre opération ?
Avant l’opération, certains médicaments devront absolu-
ment être évités. C’est entre autre le cas de tous ceux
contenant de l’aspirine, de ceux perturbant la coagula-
tion ou rendant le sang plus fluide et, dans la majorité
des cas, de toute substance contenant de l’iode. Au
moindre doute, renseignez-vous auprès de votre
médecin ou contactez nous.
Après l’opération
1- Vous serez très souvent placés sous un traitement
par hormones thyroïdiennes. Les doses et la durée de ce
traitement vous seront précisées. Les doses devront sou-
vent être adaptées sur base des résultats des prises de
sang qui vous seront prescrites.
2- Contactez l’équipe soignante si quelque chose
d’inhabituel ou d’imprévu vous inquiète.
3- Reposez-vous autant que possible car cette
chirurgie représente un gros stress pour l’organisme.
4- Enfin, n’oubliez pas de vous rendre à la visite de
contrôle pour laquelle un rendez-vous vous a été remis.