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La stratification sociale

RAPPEL : -Présentation de la stratification sociale

 une réalité universelle et omniprésente

La stratification sociale correspond à la division d’une société en plusieurs groupes (ou


strates) hiérarchisées :

• Elle est universelle c’est à dire qu’elle est présente dans toutes les sociétés, aussi bien les
plus primitives que les plus modernes, les plus simples que les plus complexes.

• Elle est omniprésente, c’est à dire que la société est traversée de divisions verticales qui
peuvent être fondées aussi bien sur l’âge, que sur le sexe, la parenté, ou encore la richesse
matérielle

La stratification se caractérise par :

• la différenciation : elle est suscitée par la diversité des tâches présente dans la société.

• Une échelle hiérarchique : la société comporte des étages superposés et ordonnés.

• Une structure inégale : les strates ne sont pas seulement différentes, elles sont inégales
aussi bien du point de vue du pouvoir, que du prestige ou de la richesse.

• La mobilité sociale : les inégalités sont plus ou moins enracinées dans la société selon
que les individus ont une possibilité restreinte ou réelle au cours de leur existence
(mobilité intra-générationnelle) ou d’une génération à l’autre ( mobilité
intergénérationnelle) de changer de catégorie sociale

 La stratification, un terme ambigu

La notion de stratification sociale est ambiguë car elle recouvre au moins deux notions en
partie contradictoires :

1. Dans un sens large

Elle distingue l’ensemble des systèmes de différenciation sociale basée sur :

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• la distribution inégale des ressources et des positions dans une société

• qui engendre la constitution de groupe de droit ou de fait

• qui sont plus ou moins structurés et

• qui entretiennent des relations de subordination, d’exclusion et ou d’exploitation

2. Dans un sens restreint

La notion est réservée aux analyses :

• qui s’opposent aux théories (dont principalement la théorie marxiste qui est visée) qui
voient dans les classes sociales des groupes fondamentaux opposés dont le conflit
structure la société.

• c’est à dire à des analyses qui interprètent le corps social comme un ensemble de
strates hiérarchisées en fonction de critères multiples (ex : le revenu, le prestige, etc.),
dont la présence est nécessaire à la société (du fait de la spécialisation des tâches) et
qui n’entretiennent pas entre elles des relations dominées par le conflit

II- COMPRÉHENSION DE LA STRUCTURE SOCIALE

• on travaille sur des catégories sociales, ce qui sert à appréhender des groupes sociaux
• elle recouvre les notions de hiérarchie sociale, d'inégalités sociales

• Groupe social ≠catégorie sociale

Des individus partageant une même culture, ont le sentiment d’appartenir au même groupe
social. Ils ont donc des caractéristiques communes (valeurs, style de vie, tout cela provenant
de l’hérédité sociale). Le groupe social est invisible, il ne se voit pas. Il existe pour lui même.
(dictionnaire Nathan). On est incapable de savoir qui en fait partie. Le problème du
sociologue est de délimiter ces groupes, d'où l'utilité de la CSP. La catégorie sociale est
construite par le sociologue. En 1982, la CSP est devenue PCS (professions et catégories
sociales).

Différentes approches

A-Des approches théoriques

Les analyses des sociologues ne sont pas toutes les mêmes. Certains étudient la société en
terme de classes sociales, d'autres en terme de stratification sociale.

Distinguons ces deux approches :

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Classe Strate
« Groupe fondamentaux « Groupes hiérarchisés sur
opposés et irréductibles les une échelle selon le revenu,
uns aux autres » profession, rapport au
pouvoir et le prestige »
On ne peut pas appartenir Inégalités
d’abord à une classe puis à
l’autre. On appartient à
l’une ou à l’autre.
Absence de mobilité Mobilité sociale
sociale.
Tension entre les groupes De manière générale pas de
qui entraînent des conflits conflits.
sociaux.
Importance des conflits Absence de conflits
pour comprendre le majeurs, on peut passer
changement social d’une position à une autre.

Derrière cette différence entre classes sociale et strate sociale, une question se pose, une
hypothèse à discuter : peut on dire qu'avec le changement social, on passerait d'une société de
classes à une société de strates, d'une société immobile à une société mobile ?

• Deux auteurs analysent la structure sociale en terme de classes sociales :


o Bourdieu
o Marx
• Deux autres auteurs analysent la structure sociale en terme de stratification sociale :
o Weber
o Warner

Analyse en terme de classes Analyse en terme de


sociales stratification sociale
Analyse unidimensionnelle Marx : la hiérarchie sociale Warner : la société est
liée au travail et le conflit hiérarchisée en strates
social lié au travail est central sociales selon le critère du
dans la société prestige

Analyse multidimensionnelle Bourdieu : la société est Weber : la société est


divisée entre dominants et organisée en strates sociales
dominés et cette domination selon les critères du pouvoir,
est à la fois culturelle, sociale de la classe sociale et du
et économique statut.

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1- K. Marx ...

• Le travail est considéré comme la source centrale de conflits sociaux


• La hiérarchie s’établie entre ceux qui ont le capital et ceux qui ne possèdent que leur
force de travail.

Pour comprendre l’analyse de Marx il faut considérer les rapports de production. Karl Marx
est du XIX ème siècle (1818-1883). Il s’agit d’évoquer la société européenne du XIX ème
siècle. Le développement de l’industrie et du capitalisme est à l’origine de son analyse en
terme de classes sociales.

Les rapports de production capitalistes s'articulent autour de la propriété privée des moyens de
production.

Marx distingue deux classes sociales, c’est une approche dichotomique de la société (c’est-à-
dire qui oppose deux classes sociales) :

o la Bourgeoisie

• Propriétaire des moyens de production.


• Pouvoir d’embaucher les prolétaires, possibilité d’exploiter donc de dominer.

o les Prolétaires

• Vendent leur force de travail


• Se font exploiter

Marx distingue les classes sociales « en soi » et « pour soi » et le concept de la lutte des
classes.

• Classe « en soi » : On définit la classe par rapport à un certain nombre de critère. Les
Bourgeois et les prolétaires sont définis par leur place dans les rapports de production

• Classe « pour soi » : Conscience de classe. On sait que l’on appartient à une classe.

CLASSE SOCIALE = « EN SOI » + « POUR SOI »

• lutte des classes

Ces deux classes sociales sont opposées et irréductibles. Il y a une relation d’exploitation
(forme de lien social) entre ces deux classes. Il y a une domination économique des bourgeois
sur les prolétaires. Bourdieu verra plus tard une domination symbolique.

Grâce au travail des prolétaires, les bourgeois s’enrichissent, c’est l’exploitation. Cette
captation de richesse (plus value) est plus ou moins importante. Le bourgeois décide du prix
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de la plus value, il laisse juste assez aux prolétaires pour la reproduction de la force de travail,
ce qui correspond aux besoins primaires des prolétaires.

Entre ces deux classes sociales existe donc le conflit social lié à l’exploitation. Les prolétaires
peuvent résister en s’opposant à la bourgeoisie. Pour améliorer son sort le prolétaire doit
engager un conflit. Marx dit que le prolétariat existe car il y a la bourgeoisie. Ces classes sont
antagonistes.

L’idée de Marx est que la lutte des classes est le moteur de l’histoire. Le changement social
naît des conflits sociaux.

L’évolution de la société se fait en trois temps d’après Marx :

Société capitaliste --> Société socialiste ---> Société communiste (sans classes)

Le conflit social trouve sa source dans le monde du travail.

Si l’on est Marxiste : On porte attention à ce que les grèves apportent comme changement.

question :Est-ce qu’aujourd’hui le conflit dans le monde du travail est central pour
comprendre les changements sociaux ? Répondre « oui » signifie une analyse uniquement
verticale. Or aujourd’hui il faut faire aussi une analyse horizontale :« les sans » : sans travail,
sans domicile fixe…

La différence avec Max Weber, c’est que celui-ci ne va utiliser que l’aspect « en soi », il ne
prend pas en compte la conscience sociale et ne parle pas de la lutte des classes

2- Max Weber (1864 - 1920)

La classe sociale chez Weber est la classe « en soi » pour Marx.

Pour décrire la hiérarchie sociale il utilise trois critères

• Champ économique : capacité à accéder à des biens. Groupe occupant le même statut
de classe, c’est-à-dire les même conditions extérieures de la vie (salaire, niveau de vie)
• Champ social : S’appuie sur le critère de prestige. Le prestige crée une hiérarchie
entre les individus. Le fait d’avoir le même prestige crée des groupes statutaires.
L’analyse du prestige a été bien précisé par Warner.

L’analyse est originale et intéressante car elle élargie l’analyse de Marx. M. Weber considère
que pour situer un individu dans la société il faut prendre en compte le champ économique et
social.

• Champ politique : Référence au pouvoir politique, capacité à influencer, à participer à


la prise de décision d’une communauté. Il y a une échelle politique : ceux qui sont élus
ou non. Le parti politique organise le pouvoir politique.

Pour situer un individu dans la société il y a donc trois critères :

- économique

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- social

- politique

Selon Max Weber, la domination n’est pas qu’économique, il y a aussi une dimension
politique et sociale.

Dans le cas de la société industrielle, il y a aussi un lien étroit entre les trois échelles.
En effet on a une forte chance d’être au même niveau dans les trois échelles, car la position
économique a tendance à influencer les autres échelles : position équivalente.

Dans une société post industrielle, les sociologues montrent qu’aujourd’hui les
échelles ne sont plus équivalentes.

3-P. Bourdieu

• approche dichotomique : rapport dominant/dominé


• la domination n'est pas qu'économique, elle est sociale et surtout culturelle

L’analyse de Bourdieu fait la distinction entre trois types de critères pour définir le statut ou
position sociale d’un individu. Il faut s’intéresser à la façon dont il est doté en capital :

o Capital économique

• Il inclus les outils de production


• Le capital se transmet de génération en génération
• Le capital économique est un facteur d’immobilité sociale

o Capital social

• Relations sociales : capacité d’une famille à user de ses relations


exemple : une famille utilise ses relations pour favoriser l’insertion des enfants
dans le monde du travail.

o Capital culturel

• Principalement lié au diplôme


• critère principal : l’ancienneté d’accès à la culture de la famille.

Pour Bourdieu cette dotation de capital permet de comprendre la hiérarchie sociale et les
inégalités notamment scolaires. En fonction de la dotation en ces trois formes de capital, on
peut former trois classes sociales :

- la Classe dominante : dotation forte dans les trois formes de capital (professions libérales,
professeur, industriels, gros commerçants..)

- les classes dominées :

• la Petite bourgeoisie : ces catégories petites bourgeoises aspirent aux pratiques


"légitimes" (celles de la classe dominante). On y trouve les petits commerçants,
artisans, employés, techniciens.
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• Les Classes populaires : elles se définissent par l'insuffisance de leurs ressources de
tous ordres. On y trouve les ouvriers, contremaîtres, agriculteurs

B- Une approche empirique.

Comment un sociologue peut-il appréhender la hiérarchie sociale, la mettre en évidence pour


l’expliquer ? Quels sont les outils à sa disposition ?

La réponse peut-être simple mais insuffisante. On peut par exemple prendre le critère du
revenu. Mais la hiérarchisation sociale ne peut-elle se mesurer qu’à partir d’un seul critère ?

Alors comment faire ?

L’INSEE a construit les CSP (Catégories SOCIOPROFESSIONNELLES) pour donner du


sens à la hiérarchie sociale.

Comment est construit cet outil, avec quels critères ? Et pourquoi a-t-on choisi ces critères ?

Le souci de l’INSEE était de construire des CSP (en 1954) qui présentent une certaine
homogénéité, de telle façon que les individus d’une même catégorie sociale aient un
comportement proche (pas trop de distance sociale).

Quels sont les critères ?

Pour construire ces PCS , le point de départ est le statut social (qui permet de différencier les
employeurs ou indépendants des salariés).

En 1954, l’INSEE a créé les CSP. Puis la société française a changé et après les Trente
Glorieuses, les CSP ne vont plus être adaptées à la réalité économique et sociale. En 1982, on
passe aux PCS.

III- L'outil des PCS permet-t-il d'analyser la stratification sociale ?

L'utilisation des PCS dans l'analyse des classes sociales est une tentation permanente du
sociologue. Elles offrent un ensemble statistique commode et riche en information. L'Insee
propose ainsi de considérer que les cadres et professions intellectuelles supérieures peuvent
représenter les « classes supérieures », les patrons de l'industrie et du commerce et les
professions intermédiaires, les « classes moyennes », et les ouvriers, les employés et les
agriculteurs les « classes populaires ».

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 Pourtant, les PCS présentent un certain nombre de limites dans l'analyse des
classes sociales :

- Le classement des métiers dans une PCS contient toujours une part d'arbitraire. Ainsi, un
manutentionnaire qui convoie des palettes sera considéré comme un employé s'il travaille
dans un supermarché et comme un ouvrier s'il travaille dans une usine. Un boucher salarié,
qui était considéré comme un employé avant 1982, est désormais dans la catégorie ouvrier
(métier manuel). Les « zones frontières » entre deux CSP peuvent être plus ou moins
peuplées.

- Les PCS peuvent être hétérogènes socialement du point de vue des classes. Ainsi, un petit
commerçant figure dans la même PCS qu'un grand industriel alors qu'ils n'ont ni le même
pouvoir économique, ni la même position sociale, ni les mêmes pratiques culturelles. Classes
sociales et PCS ne se recouvrent pas. Il faut opérer d'autres regroupements pour passer des
CSP aux classes sociales. Ainsi, la Bourgeoisie n’apparaît pas en tant que telle dans les PCS.

- La position sociale ne se limite pas à la profession occupée. L’Insee donne une vision de la
structure sociale limitée à la sphère professionnelle. Or, la position sociale d’un individu peut
dépendre également d’autres critères plus socioculturels (vie familiale, vie publique…). De
plus, le critère de la profession est de plus en plus insuffisant pour représenter la société à
l’heure où la part des emplois atypiques (Contrats à durée indéterminée, , intérim, contrats
aidés) tend à augmenter et où le chômage frappe durablement ou à répétition de plus en plus
d’actifs. Un ouvrier intégré dans une grande entreprise n'a pas la même situation sociale qu'un
jeune ouvrier précaire d'une PME.

- La classification de l'Insee n'est que le reflet de la structure sociale de la société française à


un moment donné de son histoire. Son application à d'autres sociétés industrielles est difficile
(le terme de « cadre » n'a pas d'équivalent en GB ou en Italie). De même, la distinction
ouvrier/employé, qui était nette au début du XXème siècle (l’opposition entre les «cols bleus
» et les « cols blancs »), a perdu une partie de sa signification à la fin du siècle sous l'effet de
l'automatisation, de l'informatisation et de l'amélioration de la condition ouvrière. Enfin, les
conflits catégoriels et de classe peuvent modifier la place d'une profession dans une CSP (les
instituteurs qui deviennent des "professeurs d'école"), ce qui oblige l'Insee à modifier de
temps en temps sa classification.

- Les PCS ne nous disent rien sur les relations sociales qu'entretiennent ces différents groupes
sociaux. La hiérarchie entre les groupes ne peut être établie que pour les salariés. Les relations
de domination, de coopération ou de complémentarité entre les groupes sont occultés. Ainsi,
en établissant la PCS à partir de la profession du chef de famille, on occulte la profession du
conjoint. Une employée de bureau mariée à un médecin ne connait certainement pas le même
univers social que l'employée de commerce mariée à un ouvrier, par exemple. En
conséquence, les PCS donnent une certaine image de la structure sociale mais elles ne nous
donnent pas de renseignement sur la stratification sociale.

- L'appartenance de classe n'est pas donnée par une CSP : l'appartenance à un métier, à un
moment donné, ne nous dit pas quelle est l'origine sociale de l'individu (la position sociale de
sa famille et de sa parenté), l'origine sociale de son conjoint (une employée peut être mariée à
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un cadre ou à un ouvrier, ce qui modifie sa position de classe) et quelle est sa trajectoire
sociale (en ascension ou en régression). La seule analyse des CSP ne permet donc qu'une
approche sommaire de la logique d'ensemble des comportements de classe. Tous les cadres
supérieurs ne font pas partie de la Bourgeoisie, certains artisans sont très influencés par leur
origine ouvrière...

Attention il ne faut pas confondre les notions de classes sociales et de CSP ou PCS :

Pourtant, la plupart des sociologues utilisent, pour des raisons de temps et d'argent, les
CSP comme instrument d'analyse des classes sociales. Louis Chauvel donne trois arguments à
cette utilisation :

- Les critères de constitution des PCS sont assez proches de ceux des classes sociales
(caractéristiques semblables, la conscience d’appartenance, la place occupée dans la
production…) ;

- Les données de l’Insee permettent d’avoir une connaissance de l’évolution de la


structure sociale à long terme et sur les pratiques sociales de chaque catégorie. Ainsi,
57% des cadres lisent plus de 10 livres dans l'année en 2008 contre 18% des ouvriers.
De même, 71% des cadres sont propriétaires de leur logement en 2006 contre 49%

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pour les ouvriers. On peut ainsi dégager les inégalités de mode de vie entre les
différentes classes sociales.

− On peut ainsi essayer de reconstituer les classes sociales à partir des données fournies
sur les PCS.

IV- – Observations générales sur l'évolution de la stratification sociale.

1 – Démocratisation, réduction des inégalités et moyennisation de la société

a. La mesure des inégalités de revenus et des patrimoines suscite régulièrement des


controverses dans le débat public. Quel revenu ou patrimoine retenir ? Qui doit-on comparer ?
Comment peut-on mesurer les écarts ? En France, on part des revenus fiscaux c’est-à-dire de
ceux qui sont déclarés aux impôts. Afin de prendre en compte l'ensemble des revenus, l'Insee
épluche les déclarations d'impôt. Sur cette base, il évalue "le revenu disponible", l'argent dont
dispose effectivement chaque ménage pour consommer et épargner. Pour y parvenir, il ajoute
aux revenus déclarés les prestations sociales non imposables (comme les allocations
familiales et logement) et en retire les principaux prélèvements directs (impôt sur le revenu,
taxe d'habitation, contribution sociale généralisée et contribution à la réduction de la dette
sociale). L’information sur les revenus réels est donc incomplète par une partie des revenus du
travail au noir échappe aux impôts et l’évasion et la fraude fiscale sont élevées dans les
couches aisées de la population.

Les revenus primaires sont les revenus que les ménages tirent directement de l'activité
économique. Ils comprennent :

Les revenus du travail c'est-à-dire essentiellement le salaire brut, les primes, les avantages
en nature et les participations aux bénéfices. Cependant, le salarié ne touche effectivement
que le salaire net :

Salaire net = Salaire brut - Cotisations sociales du salarié

b- – Une réduction des inégalités sociales à long terme

 Les inégalités ne peuvent se résumer à des inégalités économiques. Les inégalités


sont aussi sociales. Elles sont extrêmement nombreuses et variées, et il serait impossible de
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toutes les répertorier : inégalités à l’école, inégalités entre hommes et femmes, inégalités
régionales ou entre quartiers, inégalités face à la mort…Là aussi, on observe une réduction
des inégalités sociales à long terme.

2. L’école s’est démocratisée.

L’école participe à la démocratisation de la société d’une part parce qu’elle transmet des
connaissances qui compensent les handicaps culturels de ceux qui ne sont pas nés dans des
milieux culturellement favorisés et d’autre part parce qu’elle sélectionne les individus en
fonction de leurs résultats et non en fonction de leur origine sociale pour dégager une élite
républicaine. Pour réaliser ces idéaux, l’Etat a :

Augmenté considérablement les dépenses consacrées à l’éducation pour le secondaire et le


supérieur.
Fixé (en 1995) des objectifs ambitieux de réussite : 80% d’une génération au niveau bac.
Multiplié avec l’aide des régions le nombre de lycées et d’universités.
Incité les parents et les élèves à la poursuite des études (gratuité des livres scolaires,
commissions d’appel des décisions…).

Cet effort de l’Etat s’est traduit par une démocratisation quantitative : le nombre de
bachelier a ainsi été multiplié par 17,5 entre 1951 et 2007. Le nombre de bacheliers généraux
a doublé depuis 1965 et les baccalauréats technologiques et professionnels ont permis
d’amener au niveau bac des élèves qui étaient autrefois dirigés plus rapidement vers la vie
active.

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Les inégalités entre les hommes et les femmes sont également atténuées. On peut l’observer à
différents niveaux :

Au niveau économique, les femmes ont investi massivement le travail salarié. L’écart
entre le travail professionnel masculin et le travail professionnel féminin s’est réduit. Les
femmes n’ont plus besoin de demander l’autorisation de leur mari pour travailler (1965) et
peuvent jouir librement de leurs revenus. Elles ont investi des métiers qui étaient autrefois
quasi exclusivement masculins (médecin, conducteur de bus, armée…). Les femmes, qui
gagnaient en moyenne un tiers de moins que les hommes en 1951, ont réduit cet écart à un
5ème en 2006.

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Au niveau juridique, les femmes se sont émancipées de l’autorité masculine. Elles sont
devenues peu à peu autonomes et responsables. Avec l’accès aux moyens contraceptifs
modernes (1967) et le droit à l’avortement (1975), les femmes ont pu dissocier sexualité et
procréation. Elles ont pu gérer leur calendrier des naissances en fonction de leurs études et de
leur carrière professionnelle. Elles ont obtenu l’égalité en matière d’autorité parentale (1970),
le droit de divorcer par consentement mutuel (1975) et le droit de dénoncer la violence
conjugale (1994).

Au niveau politique, les femmes deviennent peu à peu des citoyennes comme les autres.
Elles ont acquis le droit de vote en 1944 bien après d’autres pays. Avec la loi sur la parité
(1999), elles accèdent aux postes politiques.

Cette réduction des écarts entre hommes et femmes peut être attribuée :

--> A la réussite des filles à l’école : elles poursuivent leur scolarité plus longtemps que les
garçons et ont plus de diplômes ce qui les incitent à s’engager dans la vie active et avoir plus
d’ambition. Le modèle de la femme active a dévalorisé celui de la femme au foyer.
Aux mouvements féministes: ils ont mené des combats pour obtenir les mêmes droits que
les hommes et pour faire reculer les discriminations sexistes.
L’Etat a donc dû légiférer : pour ne pas perdre des électrices, les gouvernements se sont
emparés du thème de l’égalité entre hommes et femmes (création d’un secrétaire d’Etat à la
condition féminine, loi sur la parité politique, nomination de ministres femmes…).

3 – Une moyennisation de la société


1. La sociologie américaine (Warner, Nisbet) considérait déjà, dans les années 1930, que les
classes sociales n’étaient qu’une superposition de strates, différenciées par les conditions de
vie et le prestige, mais non antagoniques. Avec l’enrichissement des Trente glorieuses, ces
sociologues ont fini par considérer que les classes sociales avaient disparu ou s’étaient
regroupées dans une vaste classe moyenne. Ils mettaient en avant plusieurs arguments :

 La forte progression des salariés intermédiaires. Ni paysans, ni patrons, ni ouvriers


(ou « cols bleus » selon la terminologie anglo-saxonne), ceux qu’on appelait autrefois
les employés ou les collaborateurs sont aujourd’hui regroupés dans trois PCS :
employés de bureau, professions intermédiaires et cadres non dirigeants. Alors qu’ils
ne représentaient que 15% de la population active en 1936, ils en forment plus de la
moitié dans la France contemporaine.

 La réduction des inégalités et l’enrichissement de la population ont aboutit à une


harmonisation des modes de vie (l’ « american way of life »). Certains sociologues
définissent les classes moyennes comme l’ensemble des individus disposant d’un
revenu proche du revenu médian : elle rassemblerait ceux qui ont entre 0,75 fois et 1,5
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fois le revenu médian. Dans ce cas, la classe moyenne regrouperait plus de la moitié
de la population et serait en progression en France.

 Une uniformisation des modes de vie. On commence vers la fin des années 1960 à
parler « d’embourgeoisement de la classe ouvrière », car beaucoup d’entre eux vont
pouvoir faire l’acquisition des équipements de base du foyer (à l’époque, la norme de
consommation comprend le réfrigérateur, la télévision, la machine à laver, la salle de
bain et, bien sûr, l’automobile) et consommer les mêmes biens et services que les
couches sociales plus aisées. Mais la classe moyenne impose également ses valeurs et
ses besoins au reste de la société : le mode de vie de la classe moyenne, d’abord
marqué par le refus des origines populaires et l’imitation de la culture bourgeoise, se
développe également de manière autonome et originale.

 La démocratisation de l’école et la tertiairisation se seraient accompagnés d’une


diffusion des savoirs et des pouvoirs au sein de l’entreprise. Les employés, les
professions intermédiaires et les cadres seraient beaucoup plus proches socialement
que l’ouvrier et l’ingénieur du temps de l’industrialisation triomphante. Des pratiques
de consommation spécifiques peuvent être également identifiées – notamment
l’importance accordée aux biens culturels. Ces couches intermédiaires auraient par
ailleurs un rapport à l’espace public et urbain particulier : regroupement dans des
lotissements à la périphérie des villes ou occupation d’espaces urbains jusque-là
populaires.
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 Cette convergence des modes de vie s’accompagnerait donc de l’émergence d’un
système de valeurs commun que les sociologues appellent le libéralisme culturel :

• tolérance à l’égard de comportements autrefois jugés déviants (union libre par


exemple) ;
• repli sur la sphère privée (individualisme) ;
• valorisation du bonheur individuel et familial (hédonisme) ;
• exigence d’un traitement égal des personnes (égalitarisme) ;
• revendication de la liberté de choix de son style de vie, etc.

Il faudrait par conséquent parler d’uniformisation en même temps que d’individualisation


des modes de vie. Car si tout le monde est « moyen », en effet, plus personne ne l’est : c’est la
logique de la moyennisation. Il faut donc rechercher des clivages ou des différences sociales
ailleurs, du côté de la culture par exemple, et peut-être, de manière un peu simpliste, des
pratiques de consommation. Les individus cherchent ainsi à se distinguer, à afficher leur
identité à travers le choix de certains biens de consommation : la consommation est
ostentatoire, c’est-à-dire montrée publiquement, pas seulement pour symboliser une
appartenance sociale (la différence entre « Eux » et « Nous ») mais surtout pour affirmer une
identité individuelle (« Toi, c’est Toi », mais « Moi, c’est Moi ») : c’est la notion de style de
vie, développée par les professionnels du marketing, qui tient peut-être le mieux compte de
cette individualisation des modes de vie.

La mobilité sociale se serait accrue. Elle serait au coeur des stratégies des classes
moyennes. Ces dernières développeraient un rapport particulier à l’éducation, l’école étant
perçue comme un moyen d’ascension sociale efficace.

En conséquence, les individus perdraient progressivement leur conscience de classe au


profit d’un individualisme positif. L’appartenance de classe ne dicterait plus les conduites.
C’est la raison pour laquelle la conflictualité de classe diminuerait comme semble le montrer
la baisse du taux de syndicalisation et la baisse des conflits du travail.

Henri Mendras, dans « La seconde révolution française » (1984) va utiliser deux critères
pour montrer l’importance de la moyennisation dans la société française : le niveau des
revenus et des patrimoines et le niveau des diplômes. Cela lui permet d’avoir une « vision
cosmographique » de la société avec 5 « constellations sociales ».

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4-Différentes remarques

La structure sociale en France a connu des bouleversements au cours du XX ème siècle avec
par exemple la montée du salariat ou des qualifications. Aujourd’hui, certains auteurs
contemporains prédisent la fin des classes sociales et de la conscience d’appartenir à l’une
d’elle. Toutefois, ces classes sociales restent une réalité notamment au travers des inégalités
économiques et sociales. La société française a -t- elle connu un phénomène de
moyennisation ou au contraire de polarisation depuis 1945 ?

Des signes de moyennisation


Réduction des inégalités économiques

Durant les Trentes Glorieuses, on a assisté à un fort enrichissement du salariat. En effet,


durant cette période, le taux annuel moyen des hausses de salaire était de l’ordre de 3,5 %. On
constate qu’entre les différentes catégories socioprofessionnelles les écarts de salaire se sont
réduits. Ainsi si nous prenons la différence de salaire entre un cadre et un ouvrier en 1968 le
cadre gagnait 4 fois plus que l’ouvrier.16 ans après, on constate que le cadre perçoit 2.7 fois
plus que l’ouvrier. Ainsi les écarts de salaire entre les cadres et les ouvriers sur cette période
ont été divisés d’environ 1.4 fois.

Le développement de l’Etat Providence a favorisé la sécurité de tous au travers, par exemple,


de la sécurité sociale crée en 1945.. Ce système est basé sur la solidarité : chacun cotise selon
ses moyens et bénéficie des prestations en fonction ses besoins.

Grâce à la sécurité de l’emploi durant les « 30 Glorieuses » l’ascension à la prospérité s’est


développée dans toutes les couches sociales.

L’estompement des différences professionnelles

Les différences se sont atténuées dans le monde du travail : les agriculteurs sont, par exemple,
de moins en moins et leurs taches de gestion les font de plus en plus ressembler à des chefs
d’entreprise de l’artisanat ou de l’industrie ; les ouvriers travaillent de moins en moins
directement à la matière. Plus généralement, l’autonomie dans le travail est plus importante à
tous les échelons de la hiérarchie.

La convergence des modes de vie

L’éducation et plus particulièrement, la scolarisation est plus accessible et s’est allongée


(massification du système éducatif). Il n’existe donc plus des différences aussi marquées de
capital culturel.

On peut soutenir l’idée que les modes de vie se ressemblent de plus en plus quelque soit le
groupe social auquel on appartient. Par exemple, les classes sociales les plus pauvres peuvent
partir plus facilement en vacances. Le jean devient un habit universel dans les années
soixante. La télévision diffuse une culture commune. Le sport (par ex. le football) joue le rôle
de référence partagée entre les classes.
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L’émergence des classes moyennes

Tous ces bouleversements ont conduits à l’émergence d’une vaste classe moyenne. La
réduction des inégalités mais aussi l’unification des modes de vies ont eu pour conséquences
un phénomène de moyennisation de la société, c’est-à-dire, la constitution d’une vaste classe
moyenne, regroupant les professions intermédiaires, certain cadres, les ouvriers et artisans les
plus qualifiés et la frange supérieure des employés.

Rien n’atteste mieux de la moyennisation de la société que l’expansion du groupe


socioprofessionnel des Professions Intermédiaires.

L’affaiblissement de la conscience de classe

La conscience d’appartenir à un groupe social s’efface, ainsi, les affrontements de classe


diminuent. Les priorités chez les individus ont donc été modifiées, désormais, ils cherchent de
plus en plus à améliorer leur situation personnelle, ce qui va porter atteinte au groupe social.

Le résultat est que les conflits sociaux collectifs diminuent en nombre au profit d’une
compétition entre individus. Par exemple, à la fin du 20ème siècle, on observe moins de
grèves que dans les années 1970.

Une moyennisation inachevée, et des signes de polarisation

Une dynamique moins égalitaire

les différences de salaires ont varié aux cours du XX ème siècle selon les choix de la
répartition de la valeur ajoutée. Ainsi la fin des Trentes Glorieuses, la classe ouvrière et les
employés ont connu une hausse rapide de leur salaire ce qui a permis de réduire les écarts par
rapport aux autres classes sociales. Néanmoins à partir du milieux des années 1980, la
croissance de leur salaire s’est ralentie et l’écart avec les autres groupes sociaux demeure.
Durant la période 1950-1970, pour qu’un ouvrier puisse avoir l’équivalent d’un salaire d’un
cadre, si celui-ci n’est pas augmenté, il faudrait entre 30 et 40 ans. Ce "temps de rattrapage" a
connu une hausse importante à partir des années 1980 ou il a dépassé les 300 ans. Le
ralentissement de l’augmentation des salaires a entraîné dans une certaine mesure un nouveau
clivage (dynamique) entre les employés et les ouvriers et les cadres.

Le retour des inégalités dues au revenus du patrimoine

Avec la forte augmentation du chômage dans les années 80 et le fait que les revenus du travail
augmentent moins vite que les revenus du capital, les inégalités se sont accrues. Les inégalités
de patrimoine sont nettement plus importantes que celles du revenu. On observe que 20% de
la population ne dispose d’aucun patrimoine. Le patrimoine provient de l’épargne des
individus. Or, la capacité d’épargne augmente plus vite que le revenu. Le rapport inter décile
(D9/D1) est au moins de 1 à 70, c’est-à-dire que la limite supérieure du patrimoine détenu par
le 9ième décile des ménages est 70 fois plus élevé que celle du 1ier décile. A cause,
notamment, de la forte augmentation du prix de l’immobilier (le prix du mètre carré a
progressé de 4 à 5 fois plus vite que le salaire moyen depuis 1980), et de la progression des
revenus du patrimoine financier, on observe un retour des inégalités.
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Des classes moyennes à l’homogénéité faible

Si l’on définit les classes moyennes de manière étroite, elles restent très minoritaires dans la
société française. Si on les définit de manière large (en y incluant les ouvriers de type artisanal
les plus qualifiés, la frange supérieure des employés, et les cadres moyens), alors la catégorie
gagne en importance (environ 50% de la population). Mais son homogénéité sociale devient
alors très faible.

La permanence des catégories populaires

La société française comprend toujours, entre les ouvriers et les employés, une strate
populaire caractérisée par un même niveau de revenu, un faible niveau de qualification et
d’autonomie dans le travail, et une forte homogamie (les ouvriers se marient avec des
employées). Même si les employés semblent bénéficier de plus de possibilités de mobilité
sociale ascendante que les ouvriers, ils en sont proches socialement. La permanence
numérique des catégories populaires, qui rassemblent plus de 50% de la population infirme
l’hypothèse d’une moyennisation de la société française.

Des consommations et modes de vie toujours distincts

Une certaines hétérogénéité persiste au niveau des pratiques culturelles entre les différents
groupes sociaux. En dépit de certain rapprochement au niveau du revenu salarial, on constate
une persistance des différences dans les modes de consommation. Ainsi le niveau de
consommation par personne dans un ménage cadre continue d’être en moyenne deux fois
supérieur par rapport à celui d’un ouvrier. Cependant ce résultat est à nuancer car les ouvriers
ont moins de moyen que les cadres donc leur consommation est moindre. Toutefois, il existe
des différences aux niveaux de la part des consommations dans le budget des deux. Le
coefficient budgétaire permet de savoir la part dans le budget total des différents postes de
consommation. Lorsqu’on compare les coefficients budgétaires, on remarque les moyens
économiques des classes populaires servent en grande partie les besoins vitaux alors que ceux
des cadres permettent des biens et des services élaborés qui restent inaccessibles aux autres
catégories sociales. Comme l’écrit Chauvel "le cadre achète le travail de l’employée, qui
achète du pain".

conclusion
Les inégalités se transforment plus qu’elles ne disparaissent, accompagnant les
transformations économiques liées à la croissance et à la situation du marché de l’emploi.

Les trente glorieuses ont connu une incontestable dynamique de moyennisation. Depuis les
années 80, avec le chômage de masse et les transformations du capitalisme qui valorisent le
patrimoine, il est de plus en plus difficile de parler de moyennisation. Aujourd’hui certains
parleraient d’avantage d’une polarisation de la société. C’est-à-dire d’une fragmentation de la
population en deux groupe distincts, chacun à une extrémité d’une échelle sociale.

Ces transformations contribuent à ce que les inégalités soient d’avantage vécues sur le mode
individuel que collectif. La frontière des groupes sociaux est, de ce fait, beaucoup moins
claire. Mais ceci ne signifie pas que la hiérarchie entre les groupes sociaux n’existe plus.
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