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Yves Combarnous 1

Les HORMONES

CHAPITRE III: MECANISMES CELLULAIRES D’ACTION DES HORMONES

Les hormones peuvent être classées en deux grandes catégories pour ce


qui concerne leur site d'action initiale: Les hormones hydrophiles qui ne
peuvent traverser les bicouches lipidiques des membranes plasmiques se
lient à des récepteurs transmembranaires. D'autres hormones, hydrophobes,
traversent les membranes plasmiques et se lient à des récepteurs
intracellulaires.

1.1. Hormones à récepteurs membranaires

Il existe plusieurs types de récepteurs transmembranaires dont les


mécanismes de transmission du signal hormonal sont différents mais
conduisent tous, en une ou plusieurs étapes, à l'activation d'une ou
plusieurs protéine-kinases intracellulaires. La figure 5 présente
schématiquement les différentes voies de signalisation mises en œuvre par
les récepteurs membranaires aux hormones jusqu’à la stimulation des
protéine-kinases spécifiques de chacune de ces voies.

1.1.1.Récepteurs à 7 domaines transmembranaires

Une majorité d’hormones se lient à des récepteurs protéiques


complexes traversant la membrane plasmique à sept reprises. Après liaison
de l’hormone, ces récepteurs interagissent avec divers composants
membranaires conduisant ainsi à la biosynthèse de un ou plusieurs seconds
messagers intracellulaires. Ce sont ces derniers qui activent des protéine-
kinases spécifiques (fig. 5-1 et 5-2).

1.1.1.1.structure générale
Les récepteurs à sept domaines transmembranaires (R7TM) forment
une très grande famille de protéines homologues. Des hormones aussi
diverses que l’adrénaline, le TRH, le GnRH, le glucagon ou la LH agissent par
l’intermédiaire de tels récepteur. Cette famille de récepteurs est très
ancienne puisqu’elle est déjà présente chez les bactéries et joue un rôle
primordial chez tous les êtres vivants tant pour les diverses perceptions
sensorielles (odeurs, lumière, goût, ions) que pour la liaison des hormones.
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1 2
H H

PIP2 DAG
α β γ AC α β γ
PLC

R7TM ATP
Gs R7TM Go ou Gq
AMPc IP3

Ca++

PK-A PK-C
Ser / Thr Ca/Cam-K
Ser / Thr Ser / Thr

3 4 5 6
H H H H

R-GC

GTP

GMPc

R Ser/Thr K R Tyr K
Ser / Thr Tyr
PK-G JAK TYK
Ser / Thr Tyr

Figure 5: Voies de signalisation des récepteurs membranaires.


Dans tous les cas la liaison de l’hormone à un site de liaison
extracellulaire du récepteur entraîne l’activation intracellulaire d’une ou
plusieurs protéine-kinases. Les voies de signalisation impliquées dans
l’activation des protéine-kinases sont mises en parallèle ici dans l’ordre
décroissant de leurs complexités.
En haut: Les récepteurs à 7 domaines transmembranaires (R7TM)
interagissent avec des protéines G (Gs, Go, Gq, G11) qui, ensuite, stimulent
des enzymes membranaires (AC = adénylyl-cyclase; PLC = phospholipase C)
catalysant la biosynthèse de seconds messagers intracellulaires (AMP
cyclique; IP3=inositol-triphosphate; DAG=diacylglycérol). Ces seconds
messagers stimulent ensuite l’activité de protéine-kinases spécifiques (PK-A;
PK-C)
En bas, tous les autres récepteurs ne possèdent qu’un seul segment
transmembranaire. De gauche à droite: 3) Les récepteurs-guanylyl-cyclases
(R-GC), activés lors de la liaison extracellulaire de l’hormone, catalysent
directement la synthèse d’un second messager, le GMP cyclique (GMPc), qui
va ensuite stimuler une protéine-kinase spécifique (PK-G). Dans le cas
suivant, 4) il n’y a pas synthèse de second messager car le domaine
intracellulaire du récepteur interagit directement avec une (ou plusieurs)
protéine-kinase(s). Les deux derniers cas sont encore plus directs puisque le
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domaine intracellulaire de ces récepteurs est lui-même une protéine-kinase,
spécifique de résidus serine ou thréonine (5) ou de résidus tyrosine (6).

Les récepteurs R7TM sont constitués d’une chaîne polypeptidique


d’environ 350 acides aminés pour les plus courts à plus de 1000 pour les
plus longs. Le schéma montre que leur extrémité N-terminale est extra-
cellulaire tandis que leur extrémité C-terminale est cytoplasmique. Les
régions peptidiques de jonction entre les segments transmembranaires
successifs forment trois boucles extra-cellulaires et trois boucles intra-
cellulaires.

1.1.1.2. transduction, protéines G


Tous les R7TM interagissent avec des protéines G hétérotrimériques
sous-membranaires pour effectuer la transduction du message hormonal.
Les protéines G tiennent leur nom de l'une de leurs propriétés communes
qui est de lier le GTP (guanosine tri-phosphate) qui intervient à ce niveau
dans la régulation de la transmission de la stimulation de l'hormone. Leurs
trois sous-unités, αβγ, sont associées entre elles de manière non-covalente.
Il existe une grande variété de protéines G possédant des propriétés
diverses d’interaction avec les différents R7TM. Cette grande diversité est
surtout due aux sous-unités α. Les protéines G ne sont pas
transmembranaires mais sont positionnées sous la membrane plasmique
par l’intermédiaire de chaînes lipidiques sur la sous-unité γ et souvent
également sur la sous-unité α.
Lorsque une hormone se lie à un R7TM, ce dernier interagit avec une
protéine G et provoque l’échange d’une molécule de GDP par une molécule
de GTP au niveau de la sous-unité α de cette dernière. Cette échange
entraîne, en outre, la séparation de la sous-unité α-GTP et des sous-unités
βγ. La sous-unité α-GTP est une molécule-clé de la transduction car elle qui
interagit avec l’effecteur membranaire responsable de la synthèse du (ou des)
second(s) messager(s) intra-cellulaire(s). Ces effecteurs sont essentiellement
l’adénylate cyclase et la phospholipase C.
Les dimères βγ des protéines G jouent également différents rôles dans
la signalisation cellulaire aussi bien dans des étapes de stimulation que de
désensibilisation

Les différentes étapes de la transduction membranaire des messages


hormonaux par cette voie sont schématisées sur la figure 6 et se déroulent
de la manière suivante:
En premier lieu, l'hormone [H] se fixe spécifiquement à son récepteur
[R] à la surface cellulaire. La liaison de l'hormone au récepteur (étape !)
provoque l'interaction de ce dernier avec la protéine Gs (αßγ) dont la sous-
unité α est occupée par une molécule de GDP (étape "). Cette association de
HR avec G affaiblit considérablement la constante d'association (Ka) du GDP
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pour la sous-unité α et, en même temps augmente le Ka du GTP pour cette
même sous-unité. De ce fait, si du GTP est présent il se produit un échange
entre GDP et GTP sur le site de la sous-unité α. La liaison du GTP sur α
entraine la désagrégation de l'ensemble [αßγHR] en trois entités: la sous-
unité α, l'hétérodimère ßγ et le complexe HR (étape #).
La sous-unité α liée au GTP [α-GTP] est le médiateur membranaire
principal de l'action hormonale puisque c'est elle qui stimule l'activité de
l'effecteur (étape $).
Le complexe HR libéré à l'étape # peut interagir à nouveau avec une
molécule de protéine G (réaction ") et provoquer l'apparition d'une autre
molécule de [α-GTP]. Ceci peut se reproduire un grand nombre de fois et
provoque donc une amplification du signal hormonal. Ce phénomène est de
nature dynamique et dépend de la réversibilité de l’étape !; lorsque la
concentration d’hormone dans la circulation baissera, l’équilibre H+R % HR
se déplacera vers la gauche entraînant une disparition de HR et donc un
arrêt de la stimulation.
En plus de leur action sur leur effecteur spécifique, les sous-unités α
possèdent une activité GTPasique stimulée par des protéines spécifiques, les
RGS (Regulators of G-protein Signalling). Sous stimulation par les RGS, les
sous-unités α hydrolysent le GTP qui leur est associé en GDP (étape &).
Cette réaction entraîne leur réassociation avec le complexe ßγ (étape ') et,
par conséquent, leur inactivation. L'activité GTPase des sous-unités α fait
donc fonction de mécanisme à retardement entraînant leur auto-
inactivation. Ce mécanisme d’arrêt est primordial car il évite que la
stimulation des effecteurs (adénylate cyclase, phospholipase C) ne se
poursuive après la disparition de l’hormone de la circulation.
La spécificité de chaque protéine G avec un R7TM d’une part et avec
un effecteur d’autre part conditionne la spécificité de transduction
membranaire des messages hormonaux par ces voies. Ainsi les protéines Gs
(stimulatrice) et Gi (inhibitrice) sont-elles spécifiques de l’adénylate cyclase
tandis que la protéine Gq/11 est spécifique de la phospholipase Cβ.
Diverses toxines affectent le fonctionnement des protéines G par ADP-
ribosylation de leur sous-unité α. La toxine du choléra modifie la sous-unité
αs de la protéine Gs de telle sorte qu’elle se trouve dans la même
conformation que lorsqu’elle est associée au GTP. Par conséquent, elle est
irréversiblement activée et stimule constamment l’adénylate-cyclase. Lors
d’une affection par le choléra, les cellules «en première ligne» sont les cellules
épithéliales de l’intestin qui, ainsi irréversiblement stimulées, laissent passer
de grandes quantités d’eau provoquant diarrhée et déshydratation. La toxine
de la coqueluche entraîne une modification covalente de la sous-unité αi qui
entraîne non pas son activation mais son inactivation irréversible. De ce fait,
la levée d’inhibition ainsi provoquée entraîne également une stimulation
incontrôlée de l’adénylate-cyclase. L’infection par la bactérie Bordetella
pertussis a lieu par les voies respiratoires et les cellules épithéliales
pulmonaires, ainsi irréversiblement stimulées, sécrètent en abondance des
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fluides et du mucus causant les toux paroxystique et aspirante
caractéristiques de la coqueluche.

H
+
R

α βγ
H R G D P
2

[ H R α βγ ]
G D P
G TP 6

3 G D P

H R + α + βγ
G TP
5

4 α
Pi G D P

E ffe c te u r

β α β
α γ ( + γ
GDP GTP

Figure 6 : Rôle des protéines G trimériques dans la


transduction des messages hormonaux passant par les
récepteurs à sept domaines transmembranaires. La partie
supérieure montre les différentes étapes de transduction
décrite dans le texte; la partie inférieure schématise l’étape
d’échange du GDP/GTP au niveau de la sous-unité α de la
protéine G conduisant à la dissociation α-GTP + βγ (étape #).
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1.1.1.3. adénylate-cyclase ) AMPc ) PK-A
L’adénosine monophosphate 3’5’cyclique (AMPc) est le second
messager de l’action de très nombreuses hormones. L’effecteur mis en œuvre
est l’adénylate-cyclase qui est une enzyme présentant 12 segments
transmembranaires et deux domaines cytoplasmiques catalytiques (fig. 6-1).
Cette enzyme catalyse la réaction ATP ) AMPc + PPi et est stimulée par la
sous-unité αs-GTP provenant de l’action d’un R7TM occupé par son
hormone. Dans certains cas, les hormones entraînent non pas une
stimulation mais une inhibition de l’activité de l’adénylate-cyclase. Dans ces
cas, la protéine G impliquée est alors une protéine Gi dont la sous-unité αi
liée au GTP (αi-GTP) inhibe l’activité de l’adénylate cyclase.
La concentration intracellulaire de l’AMPc est contrôlée d’une part au
niveau de sa synthèse par l’adénylate-cyclase (AC) mais également au niveau
de sa dégradation en 5’AMP (non cyclique) par une phosphodiestérase (PDE)
des nucléotides. Ces PDE sont extrêmement actives de telle sorte que la
concentration d’AMPc n’augmente que lorsque sa vitesse de synthèse par
l’AC surpasse sa vitesse de dégradation par la PDE. Ainsi, la concentration
intracellulaire d’AMPc suit précisément les variations de concentration
extracellulaire d’hormone puisque l’AMPc disparaît lorsque l’hormone ne
stimule plus l’activité de l’adénylate cyclase. Des méthyl-xanthines, telles la
caféine ou la théophyline, inhibent les PDE et potentialisent donc l’action des
hormones dont l’AMPc est le second messager puisque la dégradation de ce
dernier sera nettement ralentie.
Le site d'action de l'AMP cyclique est une enzyme, la protéine-kinase A
(PK-A), qui catalyse la phosphorylation de protéines spécifiques sur certains
de leurs résidus serine ou thréonine.
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AMPc

R NH2
HOOC PS
C
C
H2N R COOH

AMPc

*
HOOC R NH2

H2N R COOH

*
Figure 7: Activation de la protéine-kinase A par l'AMP
cyclique
La liaison de l'AMPc aux deux sites de chacune des deux
sous-unités régulatrices (R) de la PK-A provoque une
transconformation de ces sous-unités et le relargage des deux
sous-unités catalytiques (C) qui, libérées, deviennent actives
(*). L'inhibition des sous-unités C par les sous-unités R
s'exerce par l'intermédiaire d'une séquence pseudo-substrat
(PS) qui occupe le site catalytique.

Les sous-unités C des PK-A catalysent la phosphorylation de de


sérines ou thréonines présentes dans des séquences Arg-Arg-X-Ser/Thr de
diverses protéines. L'inhibition de leur activité par les sous-unités
régulatrices est due à l'occupation du site catalytique par une séquence
pseudo-substrat Arg-Arg-X-Ala qui ne peut pas subir de phosphorylation
puisque l’alanine ne possède pas de groupement hydroxyle.
La phosphorylation par la PK-A de sérines et thréonines spécifiques de
diverses protéines (enzymes, protéines du cytosquelette, facteurs de
transcription etc...) entraîne des changements de propriétés de ces protéines
qui vont ainsi produire la réponse à l’hormone. Par exemple dans le foie, le
glucagon stimule la voie AC / AMPc qui active la PK-A dont la sous-unité
catalytique phosphoryle la phosphorylase kinase. Cette dernière, ainsi
activée, stimule à son tour la phosphorylation activatrice de la
phosphorylase qui catalyse la dégradation du glycogène en glucose-1-
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phosphate qui conduit à une augmentation du glucose circulant. Dans
d’autres types cellulaires, la PK-A phosphoryle un facteur de transcription
appelé CREB (cAMP-Responsive Element Binding protein) qui, ainsi activé,
stimule la synthèse des ARN messagers de diverses protéines.

1.1.1.4. phospholipase C ) IP3 + DAG ) PK-C


Les phospholipases C (PLC) catalysent l’hydrolyse du phos-
phatidylinositol 4,5, bi-phosphate (PIP2) en 1,2 diacyl-glycérol (DAG) et en
inositol 1,4,5,tri-phosphate (IP3). Le DAG et l’IP3 sont les deux seconds
messagers de cette voie (fig. 5-2).
Bien entendu, comme tous les seconds messagers, le DAG et l'IP3 sont
rapidement dégradés au sein de la cellule-cible et leurs concentrations ne
sont augmentées que si leurs vitesses de biosynthèse, stimulées par une
hormone, surpassent leurs vitesses de dégradation. Le DAG, à cause de ses
deux chaînes d'acide gras, est très hydrophobe et, par conséquent, reste
confiné à la membrane plasmique. A l’inverse, l’IP3 très hydrosoluble, passe
dans le cytoplasme.
Les actions des deux seconds messagers, DAG et IP3, sont
complémentaires. La molécule cible du DAG est la protéine kinase C (PK-C)
dont la localisation membranaire fait suite à l’action préalable de l’IP3. En
effet, des récepteurs spécifiques d’IP3 sont présents dans les membranes des
organelles cellulaires stockant le calcium (calciosomes, réticulum
endoplasmique ...). Ces récepteurs sont également des canaux calciques qui,
lors de la liaison d’IP3, s’ouvrent et libèrent le calcium dans le cytoplasme.
Comme le calcium est constamment «pompé» par la calcium-ATPase soit, à
l’extérieur de la cellule soit, vers l’intérieur des organelles de stockage, sa
concentration cytoplasmique au repos est extrèmement basse (environ 10
000 fois plus faible qu’à l’extérieur de la cellule). L’action de l’IP3 provoque
donc une élévation de la concentration cytoplasmique de calcium qui se lie à
la protéine-kinase C. Cette association provoque la translocation de la PK-C
vers la membrane où elle devient accessible au DAG qui est son ligand
activateur limitant.
Contrairement à la PK-A, la PK-C est une enzyme monocaténaire (587
à 737 acides aminés selon les types). Cependant, cette chaîne constitue un
domaine régulateur N-terminal qui inhibe l’activité d’un domaine catalytique
C-terminal d’une manière similaire à l’inhibition de la sous-unité C de PK-A
par la sous-unité R (présence d’un site pseudo-substrat). La liaison du DAG
à la PK-C provoque un changement de conformation qui libère le site
catalytique de son occupation par le site pseudo-substrat et provoque donc
son activation. Comme la PK-A, la PK-C catalyse la phosphorylation de
sérines et de thréonines spécifiques de diverses protéines (enzymes, facteurs
de transcription, protéines du cytosquelette, récepteurs ....) qui, ainsi
activées ou inhibées, produiront les réponses cellulaires à l’hormone.
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Les HORMONES
1.1.2. Récepteurs guanylate-cyclases

L’activation hormonale de la guanylate-cyclase est totalement


différente de celle de l’adénylate-cyclase et ne fait pas intervenir de protéine
G. C’est le récepteur lui-même qui possède l’activité catalytique dans sa
partie intra-cellulaire (fig. 5-3). Le GMPc stimule ensuite une protéine-kinase
spécifique (PK-G).
Une autre molécule médiatrice agit via une guanylate-cyclase et
augmente la production de cGMP: il s'agit du monoxyde d'azote NO.
L'enzyme-cible du NO est une guanylate-cyclase soluble cytoplasmique. Le
monoxyde d'azote est formé à partir de l'arginine par la NO synthétase qui
est elle-même activée par la calmoduline (donc par le calcium intra-
cellulaire).

1.1.3.Récepteurs interagissant directement avec des kinases

Un certain nombre d’hormones utilisent une voie de signalisation


semblable à celle des cytokines (interleukines, interférons). C’est le cas, par
exemple, de l’hormone de croissance (GH), de la prolactine (PRL), de
l’érythropoïétine (EPO) et de la leptine.
Les récepteurs de ces hormones sont des protéines monocaténaires
présentant un seul segment transmembranaire dont le domaine
extracellulaire forme le site de liaison spécifique à l’hormone. Le domaine
intracellulaire de ces récepteurs ne présente aucune activité catalytique mais
possède la capacité d’interagir directement avec des protéine-kinases
cytoplasmiques et de les activer (fig. 5-4). Il n’y a donc pas intervention de
seconds messagers intracellulaires.

De manière assez inattendue, il a été découvert en 1992 qu’une


molécule de GH interagissait avec deux molécules de récepteur qu’elle liait
par l’intermédiaire de deux régions différentes de sa structure.
L’homodimérisation du récepteur ainsi provoquée par la liaison de la GH
s’accompagne d’un changement de conformation qui permet la liaison d’une
molécule de protéine tyrosine-kinase (JAK2: Janus kinase 2) sur chacun des
deux domaines intracellulaires ainsi rapprochés (fig. 9). Il s’ensuit une
phosphorylation réciproque des deux molécules de JAK2 qui ainsi activées
vont d’abord phosphoryler plusieurs tyrosines d’une part, sur le facteur de
transcription STAT3 (STAT: Signal Transducer and Activator of Transduction)
et d’autre part, sur la région C-terminale du domaine intracellulaire du
récepteur R-GH. Ensuite, le facteur de transcription STAT5, venu se lier au
récepteur au niveau de tyrosines phosphorylées par JAK2, sera lui-même
phosphorylé et activé par JAK2 (figure 8). Les facteurs de transcription
STAT5 et STAT3 ainsi phosphorylés sur certaines de leurs tyrosines vont
alors se dimériser et pénétrer dans le noyau pour stimuler spécifiquement la
transcription de gènes qui traduiront les actions cellulaires de la GH.
La prolactine, la leptine et l’érythropoïétine agissent également par
homo-dimérisation de leurs récepteurs et activation de voies JAK-STAT mais
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Les HORMONES
l’identité précise des facteurs STAT impliqués reste à déterminer. Par
ailleurs, les JAK et d’autres tyrosine-kinases (type src) capables de se lier
aux récepteurs de cette famille activent la prolifération cellulaire via la
cascade IRS1-Grb2-SoS-Ras-Raf-MAPKK-MAPK décrite plus loin pour les
récepteurs tyrosine-kinases. Ces observations expliquent les actions de type
insulinique de l’hormone de croissance.

H2N NH2

GH
R-GH R-GH

membrane plasmique

JAK2 JAK2

STAT3 STAT5

HOOC COOH

noyau

Figure 8: Signalisation intracellulaire de l’action de l’hormone


de croissance (GH).

1.1.4. Récepteurs-kinases

Certains récepteurs hormonaux portent eux mêmes une activité


protéine-kinase au niveau de leur domaine intracellulaire. Cette activité est
stimulée lors de la liaison de l’hormone au domaine extracellulaire sans
production de second messager. Il existe deux types de récepteurs-kinases:
ceux phosphorylant des tyrosines et ceux phosphorylant des acides aminés à
fonction alcool (sérine ou thréonine).

1.1.4.1. Récepteurs tyrosine-kinases


Le récepteur modèle de cette famille est le récepteur de l’insuline mais sa
structure est plus complexe que celle des récepteurs de facteurs de
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Les HORMONES
croissance, tels l’EGF (facteur de croissance épidermique) ou le PDGF
(facteur de croissance dérivé des plaquettes). Le récepteur de l'insuline est
une glycoprotéine formée de deux sous-unités α et de deux sous-unités β
liées par des ponts disulfures. Les sous-unités α du récepteur humain (731
acides aminés; PM 135 000) sont entièrement extracellulaires et portent le
site de liaison de l'insuline. Les sous-unités β (620 acides aminés; PM
95 000) ont chacune un segment transmembranaire qui assurent l'ancrage
de l'ensemble à la membrane. Elles contiennent, dans leur portion
intracellulaire, le domaine à activité protéine-kinase.

EGF insuline
α α

β β

+ + +
PK PK PK

Fig. 9: Structures schématiques des récepteurs de l’EGF et de


l’insuline. La liaison de l’insuline aux sous-unités α
extracellulaires provoque l’activation de l’activité protéine-
kinase (PK) des domaines intra-cellulaires des sous-unités β.

Le premier substrat de l'activité kinase du récepteur de l'insuline est le


récepteur lui-même sur plusieurs de ses tyrosines. Lorsque le récepteur est
ainsi phosphorylé, sa propre activité de phosphorylation sur d'autres
protéines est stimulée et la présence d'hormone n'est plus indispensable au
maintien de cette activité (du moins en système acellulaire in-vitro
lorsqu’aucune phosphatase ne le déphosphoryle).
Les actions de l'insuline s'exercent par l'intermédiaire de plusieurs
cascades complexes d'évènements (fig.10). Le premier substrat du récepteur
de l'insuline (hors lui-même) a été nommé, de manière assez logique,
substrat n°1 du récepteur de l'insuline (IRS-1; Insulin Receptor Substrate 1).
L’IRS1 subit une phosphorylation sur diverses tyrosines qui servent ensuite
de sites d’ancrage pour diverses protéines possédant des domaines SH2 (src
homology domain 2) et qui sont ainsi activées (GRB-2, Syp, PLCγ, PI3K).
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Les HORMONES
Insuline

p21ras p21ras p21ras


GTP GDP
GRB-2 SoS
Raf GAP Pi
GTP GDP
RINS IRS-1 PLC γ
Syp
PI3K MAPKK MAPKK-P

MAPK MAPK-P
autres voies

Facteurs de MAP
Transcription cytosquelette

Fig. 10: voies de signalisation des actions de l’insuline. Les


points noirs représentent des tyrosines phosphorylées
reconnues spécifiquement par des protéines possédant des
domaines SH2 et qui sont ainsi activées.

La protéine p21ras est une «petite protéine G» monomérique qui sous


l’effet de la protéine SoS (son of sevenless) échange son GDP pour un GTP.
La p21ras-GTP active alors la sérine/thréonine kinase raf qui provoque une
cascade de phosphorylations (MAP kinase kinase puis MAP kinase). La
désactivation de la p21ras-GTP par hydrolyse du GTP en GDP n’est pas
spontanée. Elle nécessite l’intervention d’une protéine stimulatrice de
l’activité GTPasique dénommée GAP (GTPase activating protein).

1.1.4.2. Récepteurs serine/thréonine-kinases


Les récepteurs de cette famille sont de trois types différents: les
récepteurs de type 1 et 2 possèdent une région extracellulaire liant les
hormones (TGFβ, inhibine, activine, AMH), un seul segment
transmembranaire et une région intracellulaire possédant une activité
kinase spécifique de résidus serine ou thréonine. La liaison de l’hormone
provoque l’hétérodimérisation non-covalente des récepteurs de type 1 et
type 2 et, en conséquence, la phosphorylation du type 1 par le type 2. Le
récepteur type 2 phosphoryle ensuite un facteur de transcription Smad qui
s'associe à une molécule Co-Smad (Smad 4) pour pénétrer dans le noyau et
stimuler l'expression de gènes spécifiques. Les récepteurs de type 3 sont très
différents de ceux de types 1 et 2; ils ne possèdent pas de domaine
Yves Combarnous 13
Les HORMONES
intracellulaire à activité kinase et se comporte comme des pièges à hormone
servant d’intermédiares avec les autres types de récepteurs.

1.2. Hormones à récepteurs nucléaires


Les hormones hydrophobes (telles les hormones stéroïdes, l’acide
rétinoïque, les hormones thyroïdiennes et divers lipides) pénètrent dans le
cytoplasme de leurs cellules-cibles (sans doute de manière moins passive
que généralement décrit). Leurs récepteurs appartiennent tous à une grande
famille de molécules protéiques très apparentées dont la structure générale
et le mécanisme moléculaire d’action sont décrits ci-après.

1.2.1.Présentation générale
Les récepteurs de cette famille interagissent avec leur ligand spécifique
au niveau du cytoplasme et/ou du noyau et agissent directement au niveau
du noyau en modulant la transcription en ARN messagers de divers gènes
spécifiques. Pour cette raison, ils sont souvent dénommés «récepteurs
nucléaires» et sont donc des facteurs de transcription dont l’activité est
dépendante de la liaison de leurs ligands.
De l'extrémité N-terminale à l'extrémité C-terminale, on identifie cinq
domaines fonctionnels des récepteurs:

A/B C D E F
NH2 COOH

Le domaine A/B N-terminal est une région d'activation ou de


modulation transcriptionnelle; la région C est la région de liaison à
l'ADN; la région D est une région jouant un rôle important dans la
localisation nucléaire des récepteurs; la région E est la région de liaison
du ligand mais est également une région de régulation transcriptionnelle et
de dimérisation du récepteur; la région F n'est pas toujours présente et joue
un rôle moins bien défini.
La taille des différents récepteurs nucléaires diffère du simple au plus
du double. Chez l'homme, le récepteur de la vitamine D3 (VitD3R) compte
427 résidus d'acides aminés tandis que le récepteur des minéralocorticoïdes
(MR) en compte 984. La comparaison des séquences des récepteurs
nucléaires, déduites des séquences de leurs ADN complémentaires (ADNc) a
permis de mettre en évidence des régions de plus ou moins grande
homologie et d'aligner les séquences. La variabilité entre les tailles des
récepteurs tient essentiellement à celle de leurs régions N-terminales A/B (de
24 à 603 résidus pour le VitD3R et le MR respectivement) mais également à
la région F (0 à 119 résidus). A l’inverse, les domaines E et surtout C
présentent de très grandes homologies d'un récepteur à l’autre. Des
récepteurs de cette famille sont dits «orphelins» soit qu’ils n’aient pas de
ligand interagissant avec leur domaine E, soit que ce ligand ne soit pas
Yves Combarnous 14
Les HORMONES
connu. Ainsi, on ne connait pas précisément les ligands physiologiques des
récepteurs PPAR (Peroxisome Proliferator-Activated Receptors) qui
appartiennent à cette famille. Ils peuvent être activés par des lipides et/ou
diverses drogues (thiarolidinedione).
Les étapes successives d’action des hormones associées aux récepteurs
nucléaires sont d’abord la translocation du récepteur vers le noyau, ensuite
sa liaison à l’ADN et, enfin la stimulation de la transcription de gènes
spécifiques. Les rôles respectifs des différents domaines dans ces trois étapes
sont successivement décrites ci-après.

1.2.2.Trafic intra-cellulaire des récepteurs


Puisque les récepteurs stéroïdiens agissent directement sur la
transcription des gènes qui sont sous contrôle de l'hormone correspondante,
le problème de leur localisation dans la cellule est évidemment de grande
importance.
Dans le cytoplasme, les récepteurs nucléaires sont associés à des
molécules chaperones qui sont nécessaires à la constitution de leur
conformation correcte et indispensables pour la liaison de l’hormone à leur
domaine E. La liaison de l’hormone induit la dissociation du complexe
récepteur-chaperones et la translocation des récepteurs nucléaires vers
l’intérieur du noyau.
La translocation nucléaire dépend de la reconnaissance de séquences
spécifiques basiques appelées «séquences de localisation nucléaire» par des
protéines spécifiques (karyophérines) qui permettent l’interaction des
récepteurs avec les nucléoporines (protéines des pores de la membrane
nucléaire) qui font entrer les récepteurs. Le transport des récepteurs vers
l’intérieur du noyau au niveau des pores nécessitent un apport d’énergie et
est donc bloqué par les agents bloquant la production d’ATP. Les séquences
de localisation nucléaire se trouvent principalement dans les domaines D
des récepteurs mais d’autres régions peuvent parfois être également
nécessaires.
La localisation nucléaire des récepteurs de cette famille reflète une
situation dynamique où leur entrée active est contrebalancée par leur sortie
passive dépendant de leur gradient de concentration entre les deux
compartiments. La liaison de l’hormone aux récepteurs augmente encore la
localisation nucléaire par rapport à la localisation cytoplasmique car la
libération des récepteurs de leurs chaperones favorise leur interaction avec
les karyophérines.

1.2.3. Interaction avec les promoteurs des gènes


La liaison des récepteurs nucléaires à l’ADN est réalisée par leurs
domaines C respectifs. Par l’utilisation des techniques de génétique
moléculaire, il est possible de produire des récepteurs-chimères dans
lesquels les domaines C des récepteurs du cortisol et de l’œstradiol sont
échangés. Ces récepteurs-chimères conservent leur spécificité d’origine vis-à-
Yves Combarnous 15
Les HORMONES
vis des hormones mais présentent des spécificités d’action inversées. Les
propriétés intrinsèques de chacun des domaines C et E sont donc conservées
et les différents domaines C et E quel que soit leur origine, peuvent interagir
correctement pour former des récepteurs chimères fonctionnels.
La liaison des hormones aux récepteurs nucléaires entraîne leur
dimérisation, principalement par l’intermédiaire de leurs domaines E et C.
Cette dimérisation hormono-dépendante joue un rôle fonctionnel important
car les sites de liaison des récepteurs nucléaires sur l ’ADN présentent une
symétrie plus ou moins parfaite.
Les régions de l’ADN sur lesquelles les récepteurs nucléaires des
hormones se lient sont appelées «éléments de réponse à l’hormone» (HRE) car
leur présence au niveau des promoteurs de certains gènes est indispensable
pour que l’hormone régule la transcription de ces gènes. Ces sites de liaison
sur l’ADN ont, pour chaque récepteur, des séquences nucléotidiques très
apparentées et leur comparaison permet de définir des séquences consensus.
Ces dernières sont représentatives de l’ensemble des séquences réelles des
HRE d’un récepteur et présentent une liaison optimale avec ce récepteur.
Les séquences consensus de liaison des différents récepteurs forment
des double hélices palindromiques de 10 à 15 paires de bases. Les demi-
séquences symétriquement complémentaires des deux brins d’ADN donnent
une double-hélice symétrique qui permet la liaison du récepteur dimérisé.
L’élément de réponse des hormones thyroïdiennes (TRE) est le suivant (les
flèches indiquent les demi-séquences symétriquement complémentaires):

5’-AGGTCATGACCT-3’
3’-TCCAGTACTGGA-5’

Les séquences consensus des glucocorticoïdes (GRE) et de l’œstradiol


(ERE) présentent des demi-séquences complémentaires symétriques,
séparées par 3 nucléotides (n):

GRE: 5’-AGAACAnnnTGTTCT-3’

ERE: 5’-AGGTCAnnnTGACCT-3’

Puisque ces deux HRE sont différents, on peut conclure que les
domaines C des deux récepteurs sont capables de distinguer spécifiquement
leur site de liaison sur l’ADN. Cette spécificité est déterminée par trois acides
aminés situés dans la partie C-terminale du premier des deux doigts de zinc
du domaine C (les doigts de zinc sont des structures peptidiques
particulières, présentes dans la plupart des facteurs de transcription et
permettant leur liaison à l’ADN). Néanmoins, cette interprétation de la
Yves Combarnous 16
Les HORMONES
spécificité de liaison récepteur-HRE ne peut pas être généralisée car les
séquences consensus des éléments de réponse de la progestérone (PRE), de
l’aldostérone (MRE) et de la testostérone (ARE) sont exactement identiques à
celle du cortisol (GRE). La spécificité d’interaction entre domaine C et HRE
joue donc seulement un rôle de premier filtre entre différents groupes de
récepteurs dont les HRE sont similaires ou identiques.
Puisque les récepteurs d’un même groupe se lient à un HRE identique,
la spécificité fine d’action de chaque hormone est déterminée à d’autres
niveaux. Bien entendu, l’expression ou non du récepteur d’une hormone
détermine la sensibilité cellulaire à cette hormone. Cependant, de nombreux
types cellulaires répondent, de manière différentielle, à plusieurs hormones
de chaque groupe indiquant qu’un autre mécanisme intervient, permettant
la stimulation spécifique des gènes sous le contrôle de chaque hormone. Les
travaux récents suggèrent que c’est la liaison d’autres facteurs de
transcription sur leurs sites spécifiques au voisinage de l’HRE qui stabilise la
liaison des récepteurs à l’ADN. En fonction de l’identité des facteurs capables
de se fixer au voisinage de l’HRE, c’est la fixation de l’un ou l’autre des
récepteurs reconnaissant cet HRE qui serait stabilisée. C’est donc le
«contexte» du promoteur autour de HRE et le «contexte cellulaire» en facteurs
de transcription (y compris les récepteurs nucléaires) qui détermine le
contrôle de la liaison récepteur-promoteur et donc l’expression d’un gène par
une hormone dans un type cellulaire particulier.

1.2.4.Activation de la transcription des gènes


Les dimères de récepteurs fixés au niveau des régions régulatrices
(HRE) des gènes sous leur contrôle, en modulent le niveau de transcription.

HRE

ADN dimère de
récepteurs

protéine
intermédiaire ARN polymérase

((
complexe de
pré-initiation
ARNm synthétisé
Fig. 11: Schéma du mécanisme d’activation de la transcription
par les récepteurs nucléaires.

Pour de nombreux récepteurs, la région A/B joue un rôle important


dans l’activation de la transcription. Dans certains récepteurs, d’autres
régions (du domaine E en particulier) sont également impliquées. Le
Yves Combarnous 17
Les HORMONES
mécanisme par lequel s’effectue la stimulation de la transcription fait
intervenir des protéines intermédiaires que l’on nomme co-activateurs ou co-
répresseurs selon que l’action de l’hormone augmente ou diminue la
transcription du gène considéré. On pense que c’est en stabilisant le
complexe de pré-initiation au niveau du site d’initiation de la transcription
sur le gène que le complexe récepteurs-coactivateur stimule la transcription.

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