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La vie de

Notre Seigneur Jésus-Christ


par
Charles Dickens

Vie de Jésus écrite à l’intention de ses enfants.

Traduit de l’anglais par Rose Celli.

Mes chers enfants,

Je voudrais que vous connaissiez l’histoire de Jésus. Tout le monde devrait la connaître. Il n’y
eut jamais sur la terre quelqu’un de si sage, de si bon, de si tendre, et qui eût autant de chagrin
que Lui pour tous les gens qui faisaient du mal, ou qui étaient malades ou malheureux. Et
puisque, maintenant, Il est dans le Ciel, où nous espérons nous retrouver tous après notre
mort, pour y vivre toujours heureux, tous ensemble, vous ne pourriez pas imaginer comme il
fait bon dans le Ciel, si vous ne savez pas qui était Jésus et ce qu’il a fait.

Il naquit, il y a très longtemps, il y a presque deux mille années, dans un lieu appelé
Bethléem. Son père et sa mère habitaient la ville de Nazareth; mais ils furent obligés, pour
leurs affaires, de se rendre à Bethléem. Le nom de son père était Joseph, et le nom de sa mère,
Marie. La ville était pleine de gens qui, eux aussi, étaient venus là pour leurs affaires; et il n’y
avait pas de place pour Joseph et Marie, ni à l’auberge, ni dans les autres maisons; de sorte
qu’ils allèrent se loger dans une étable. C’est dans cette étable que Jésus naquit. Il n’y avait là,
bien entendu, ni berceau ni rien, et Marie dut coucher son joli petit garçon dans la crèche,
c’est-à-dire dans la mangeoire, où l’on met le foin pour les chevaux. Et Jésus s’endormit.

Pendant qu’il dormait, des bergers, qui gardaient leurs moutons dans les champs, virent un
Ange de Dieu, éblouissant de lumière, venir à eux, en effleurant à peine l’herbe. D’abord, ils
furent pris de peur, et se jetèrent sur le sol, en se cachant le visage. Mais l’Ange dit : « Tout
près d’ici, dans la cité de Bethléem, un Enfant vient de naître, qui deviendra si sage et si bon
que Dieu l’aimera comme son propre Fils; et Il apprendra aux hommes qu’il faut s’aimer les
uns les autres, et ne pas se disputer ni se faire du mal; et son nom sera Jésus. Et les hommes
mettront ce nom dans leurs prières, parce qu’ils sauront que Dieu l’aime, et qu’ils doivent
l’aimer aussi. » Puis l’Ange dit aux bergers d’aller jusqu’à cette étable, pour voir le petit
enfant dans la crèche; ce qu’ils firent. Ils se mirent à genoux auprès de Lui, pendant qu’il
dormait, et dirent

« Dieu bénisse cet Enfant ! »

La plus grande ville de tout le pays était Jérusalem – exactement comme Londres est la plus
grande ville d’Angleterre – et à Jérusalem vivait le roi, qui s’appelait le roi Hérode. Un jour,
des hommes très sages arrivèrent d’un lointain pays de l’Orient, et dirent au roi : « Nous
avons vu une étoile dans le ciel, et elle nous annonce qu’à Bethléem un Enfant est né, qui
deviendra un Homme que tous les hommes aimeront. » Quand le roi Hérode entendit cela, il
fut jaloux, car il était très méchant. Mais il ne fit semblant de rien, et dit aux sages : « Où donc
est cet Enfant ? » Et les sages dirent : « Nous ne le savons pas; mais nous espérons que
l’Étoile nous guidera, car elle a voyagé devant nous jusqu’ici, et elle se tient maintenant
immobile dans le ciel. » Alors Hérode leur ordonna de suivre encore l’Étoile, pour voir si elle
les mènerait vers l’Enfant; et, quand ils auraient trouvé cet Enfant, de revenir à Jérusalem
pour l’en informer. Ils sortirent donc du palais d’Hérode, et l’Étoile se mit en marche, dans le
ciel, les précédant un peu, jusqu’à ce qu’elle s’arrêtât au-dessus de l’étable où était l’Enfant.
C’est là une grande merveille, mais Dieu l’avait ainsi ordonné.

Quand l’Étoile s’arrêta, les sages entrèrent et virent l’Enfant, et Marie, Sa mère. Ils Le
saluèrent avec beaucoup d’amour et lui firent des présents. Puis ils partirent; mais ils ne
retournèrent pas vers Hérode, parce qu’ils avaient deviné qu’il était jaloux, bien qu’il ne l’eût
pas dit. Donc ils s’en furent, pendant la nuit, vers leur pays d’Orient. Et un Ange vint dire à
Joseph et à Marie de prendre l’Enfant et de l’emmener au royaume d’Égypte, de peur
qu’Hérode ne le tuât. Ils s’enfuirent, cette même nuit, le Père, la Mère et l’Enfant, et
arrivèrent sains et saufs en Égypte.

Mais quand ce cruel Hérode comprit que les sages ne reviendraient pas, et qu’il ne pourrait
pas savoir où se trouvait l’Enfant, il fit venir ses soldats et ses capitaines, et leur ordonna
d’aller par tout le pays et de tuer tous les enfants qui n’avaient pas encore deux ans d’âge. Et
les méchants soldats obéirent. Les mères couraient de tous côtés dans les rues, avec leurs
petits bébés dans les bras, en essayant de les sauver et de les cacher dans les caves. Mais les
soldats, avec leurs épées, tuèrent tous ceux qu’ils purent trouver. Ce terrible massacre fut
appelé le Massacre des Innocents, parce que les petits enfants étaient si innocents !

Le roi Hérode espérait que Jésus avait été, lui aussi, tué; mais non ! Il était sain et sauf en
Égypte. Et il y demeura avec son père et sa mère, jusqu’à la mort du roi Hérode.

II

Quand le roi Hérode fut mort, un ange apparut de nouveau à Joseph, et lui dit qu’il pouvait
désormais aller à Jérusalem, sans plus rien craindre pour le salut de l’Enfant. Alors Joseph et
Marie, et leur Fils Jésus (la Sainte Famille, comme on les appelle d’habitude) se mirent en
route pour Jérusalem. Mais, ayant appris en chemin que le fils d’Hérode régnait à son tour, et
craignant qu’il ne voulût aussi du mal à l’Enfant, ils n’allèrent pas à Jérusalem, mais à
Nazareth. Et ils y demeurèrent jusqu’à ce que Jésus eût douze ans.
À ce moment, Joseph et Marie se rendirent à Jérusalem, pour assister à une grande Fête
Religieuse, qui se célébrait alors dans le Temple, c’est-à-dire une sorte de grande église ou de
cathédrale. Ils emmenèrent avec eux Jésus; et, après la fête, ils reprirent le chemin de
Nazareth, en compagnie de nombreux amis et de voisins. En ce temps-là, les gens voyageaient
tous ensemble, par crainte des voleurs, parce que les routes n’étaient pas aussi sûres qu’elles
le sont aujourd’hui, et les voyages étaient beaucoup plus difficiles.

Ils voyagèrent donc, pendant toute une journée, sans s’apercevoir que Jésus n’était pas avec
eux. Ils ne l’avaient pas vu depuis le départ, mais ils ne s’en inquiétaient pas, le croyant parmi
cette grande troupe de voyageurs. Quand ils Le cherchèrent, sans Le trouver, ils craignirent
qu’Il ne se fût perdu, et retournèrent à Jérusalem, dans une grande angoisse. Ils Le trouvèrent
au Temple, assis au milieu de savants hommes qu’on appelait des Docteurs, parlant avec eux
de la sainteté de Dieu et des prières que nous devons Lui adresser. Ces docteurs n’étaient pas
ce que nous appelons aujourd’hui : docteurs, c’est-à-dire des gens qui soignent les malades;
non : c’était des hommes qui avaient beaucoup étudié et qui étaient très savants. Et Jésus
montrait tant de sagesse dans ce qu’Il leur disait, et dans les questions qu’Il leur posait, que
ces hommes en demeuraient tout émerveillés.

Quand Joseph et Marie l’eurent retrouvé, Il les suivit, et retourna avec eux à Nazareth, où il
vécut jusqu’à l’âge de trente ou trente-cinq ans.

En ce temps-là vivait un homme tout à fait sage et bon, nommé Jean, dont la mère, Élisabeth,
était cousine de Marie. Comme il voyait que les hommes étaient méchants, et cruels, et
s’entretuaient, et oubliaient Dieu, Jean s’en fut à travers tout le pays, prêchant les hommes et
les femmes, les suppliant de devenir meilleurs. Et parce qu’il les aimait plus que lui-même, et
ne se souciait pas du tout de lui dans son désir de leur faire du bien, il était vêtu très
pauvrement, d’une peau de chameau, et il ne mangeait que des sauterelles, qu’il trouvait sur
son chemin, et du miel sauvage que les abeilles abandonnent dans les arbres creux. Vous
n’avez jamais vu de sauterelles, parce qu’elles ne vivent que dans ces pays lointains, autour de
Jérusalem, comme les chameaux; mais je suppose que vous avez déjà vu un chameau ? En
tout cas, on en amène en Angleterre quelquefois; et, si vous voulez en voir, je vous en
montrerai.

Il y avait, non loin de Jérusalem, une rivière appelée le Jourdain, et Jean y baptisait tous ceux
qui venaient à lui et qui promettaient de devenir meilleurs. Il en venait de grandes foules, et
Jésus y alla aussi. Mais quand Jean vit Jésus, il dit : « Pourquoi te baptiserais-je, Toi qui es
tellement meilleur que moi ! » Jésus répondit : « Qu’il en soit cependant ainsi ! » Et Jean Le
baptisa. Et quand Jésus fut baptisé, le Ciel s’ouvrit; et un merveilleux oiseau, semblable à une
colombe, en descendit, et la voix de Dieu se fit entendre, du haut des cieux, disant : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances ! »

Puis Jésus se retira dans une contrée solitaire et sauvage, appelée le Désert, et Il y demeura
quarante jours et quarante nuits, demandant à Dieu la grâce de pouvoir aider les hommes et
les femmes, et de leur apprendre à devenir meilleurs, afin qu’après leur mort ils puissent être
heureux au Ciel.

Quand Il sortit du Désert, Il se mit à guérir les malades, rien qu’en étendant sa main sur eux;
car Dieu Lui avait donné le pouvoir de guérir, et de rendre la vue aux aveugles, et de faire
beaucoup de choses grandes et merveilleuses dont je vous parlerai plus loin, et qu’on appelle
les Miracles de Jésus. Retenez bien ce mot, parce que je m’en servirai encore, et rappelez-
vous qu’il signifie : quelque chose de merveilleux, qui ne peut se faire qu’avec la permission
et l’aide de Dieu.

Le premier Miracle de Jésus eut lieu dans une ville appelée Cana, où Il s’était rendu pour
assister à un repas de noces, avec Marie, sa mère. Il n’y avait pas de vin; et Marie le lui dit. Il
n’y avait que six grosses cruches pleines d’eau. Mais Jésus changea cette eau en vin, rien
qu’en levant sa main; et tous ceux qui étaient là en burent.

Car Dieu avait donné à Jésus le pouvoir de faire de telles merveilles; et Il les faisait, pour
montrer aux hommes qu’Il n’était pas un homme comme les autres, et pour les engager à
croire ce qu’Il leur enseignait, et à comprendre qu’Il était envoyé par Dieu. Beaucoup, en
apprenant qu’Il faisait des Miracles, et qu’Il guérissait les malades, commencèrent à croire en
Lui; et de grandes foules Le suivaient dans les rues et sur les routes, partout où Il allait.

III

Pour l’aider à enseigner le bien, Jésus choisit Douze hommes pauvres, qui devaient être ses
compagnons. Ces Douze sont les apôtres ou les disciples; et Il les choisit parmi les pauvres
afin que les pauvres puissent savoir par là, à l’avenir, que le Ciel est fait pour eux aussi bien
que pour les riches, et que Dieu ne met pas de différence entre ceux qui sont bien habillés et
ceux qui vont pieds nus et en haillons. Les créatures les plus misérables, les plus affreuses, les
plus difformes, les plus abandonnées du monde, seront des anges de gloire dans le ciel si elles
ont été bonnes sur la terre. N’oubliez jamais cela quand vous serez grands ! Ne vous montrez
jamais orgueilleux ou durs, mes chéris, envers un homme, une femme ou un enfant pauvre. Si
un pauvre n’est pas gentil, dites-vous qu’il aurait pu être meilleur s’il avait eu des amis
tendres, une maison confortable et de bons maîtres. Aussi, essayez toujours de le ramener au
bien par des paroles d’amitié, et de l’instruire, et de le soulager si vous le pouvez. Et quand
vous entendrez dire du mal des Pauvres et des Misérables, pensez à Jésus, qui allait parmi
eux, et les instruisait, et les trouvait dignes de son amour. Vous-mêmes, soyez toujours pour
eux pleins de pitié et de bonté.

Les noms des douze Apôtres étaient : Simon-Pierre, André, Jacques (fils de Zébédée), Jean,
Philippe, Barthélémi, Thomas, Mathieu, Jacques (fils d’Alphée), Lebbée, Simon et Judas
Iscariote, qui devait trahir Jésus, comme vous le verrez plus loin.

Les quatre premiers étaient de pauvres pêcheurs, qui se trouvaient dans leurs barques, sur le
rivage, en train de raccommoder leurs filets, quand Jésus vint à passer près d’eux. Il s’arrêta,
monta dans la barque de Simon-Pierre, et lui demanda s’il avait pris beaucoup de poisson.
Pierre lui dit que non; ils avaient eu beau lancer leurs filets toute la nuit, ils n’avaient rien pris.
Jésus dit :

« Jetez le filet encore une fois. » Ils firent ainsi, et le filet fut, à l’instant même, si plein de
poissons, qu’il fallut appeler beaucoup d’hommes à l’aide pour le tirer de l’eau; et ils y
réussirent à grand’peine. Ce fut là un des miracles de Jésus.

Alors Jésus dit : « Venez avec moi. » Et ils le suivirent aussitôt. Et désormais les douze
disciples ou apôtres ne le quittèrent plus.

Comme une grande foule le suivait, pour entendre sa parole, Il monta sur une montagne, et là,
de sa propre bouche, Il leur apprit la prière qui commence par ces mots : « Notre Père qui es
dans les cieux... », celle que vous dites chaque soir. Nous l’appelons la Prière du Seigneur,
parce que ce fut Jésus qui la prononça le premier, et parce qu’Il recommanda à ses disciples
de prier ainsi.

Quand il redescendit de la montagne, il vit venir à lui un homme malade d’une terrible
maladie : la lèpre. C’était une maladie commune en ce temps, et ceux qui en étaient atteints
s’appelaient des lépreux. Ce lépreux tomba aux pieds de Jésus et dit : « Seigneur ! Si tu le
veux, tu peux me guérir ! » Jésus, toujours plein de compassion, étendit sa main et dit : « Je le
veux. Sois guéri ! » Et le mal disparut immédiatement, et l’homme fut guéri.

Étant toujours suivi, partout où il allait, par de grandes foules de gens, Jésus entra avec ses
disciples dans une maison, pour s’y reposer. Tandis qu’il était assis à l’intérieur, on apporta,
couché sur un lit, un homme malade d’une maladie qu’on appelle la paralysie. Cet homme
tremblait de la tête aux pieds, et ne pouvait ni se tenir debout ni bouger. Ceux qui le portaient,
ne pouvant arriver auprès de Jésus, à cause de la foule qui encombrait la porte et les fenêtres,
grimpèrent sur le toit de la maison, qui était basse, et, après avoir enlevé les tuiles, ils firent
descendre le lit et le malade dans la chambre où se tenait Jésus. Quand il le vit, Jésus, plein de
pitié, dit au paralytique : « Lève-toi; prends ton lit et retourne dans ta maison. » Et l’homme
se leva, et s’en alla tout à fait guéri, bénissant Jésus et rendant grâce à Dieu.

Il y eut aussi un Centurion, c’est-à-dire un officier de l’armée, qui vint lui dire : « Seigneur !
Mon serviteur est couché dans ma maison, très malade. » Jésus répondit : « J’irai et je le
guérirai. » Mais le Centurion dit : « Seigneur ! Je ne suis pas digne que tu entres dans ma
maison. Dis seulement un mot et je sais que mon serviteur sera guéri. » Alors Jésus, joyeux de
voir que ce Centurion avait une si grande foi en Lui, dit : « Qu’il en soit ainsi ! » Et à ce
moment même le serviteur fut guéri.

Mais, parmi ceux qui venaient à lui, le plus malheureux, le plus pitoyable, ce fut un magistrat,
c’est-à-dire un homme qui remplissait des fonctions importantes dans la ville : il se tordait les
mains, et pleurait en disant : « Oh ! Seigneur ! ma fille, ma belle, douce, innocente petite fille
est morte ! Oh viens ! et étends sur elle ta main bénie, et je sais qu’elle redeviendra vivante et
nous rendra le bonheur, à sa mère et à moi. Oh ! Seigneur ! nous l’aimons tant ! et elle est
morte ! »

Jésus sortit avec lui et ses disciples et alla vers la maison de ce malheureux père. Les amis et
les voisins pleuraient dans la chambre où reposait la pauvre petite fille morte; et les musiciens
faisaient entendre une douce musique, comme c’était la coutume alors, quand quelqu’un
mourait. Jésus, regardant la petite fille avec douleur, dit, pour consoler les pauvres parents :
« Elle n’est pas morte. Elle dort. » Puis il fit sortir tout le monde de la chambre et, allant
auprès de l’enfant morte, il la prit par la main; et elle se leva, tout à fait bien, comme si elle
n’avait été qu’endormie. Oh ! quelle joie ce dut être de voir ses parents la serrer dans leurs
bras, et lui donner des baisers, et remercier Dieu et Jésus son Fils, pour une si grande
miséricorde !

Toujours il se montra ainsi, plein de pitié et de tendresse. C’est parce qu’il fit tant de bien, et
parce qu’il apprit aux hommes à aimer Dieu, et à espérer le Paradis après leur mort, qu’il a été
appelé Notre Sauveur.

IV
Il y avait, dans le pays où Notre Sauveur accomplissait ses Miracles, certaines gens qu’on
appelait les Pharisiens. Ils étaient très orgueilleux, et croyaient que personne, excepté eux,
n’était juste. Et ils craignaient tous beaucoup Jésus, parce qu’il instruisait le peuple. Les Juifs,
en général, étaient ainsi. Et une grande partie des habitants de ce pays étaient juifs.

Notre sauveur se promenant avec ses disciples dans les champs, un dimanche (jour que les
Juifs appelaient, et appellent encore, le jour du Sabbat), ils cueillirent quelques épis de blé
pour les manger. Et les Pharisiens dirent que c’était très mal. Et de même, quand notre
Sauveur entra dans une de leurs églises, qu’ils appellent Synagogues, et y regarda avec
compassion un pauvre homme dont la main était toute desséchée et abîmée, ces Pharisiens
dirent : « Est-ce juste de guérir les gens le jour du Sabbat ? » Notre Sauveur leur répondit :
« Si l’un de vous a un mouton, et que le mouton tombe dans un précipice, ne l’en tirera-t-il
pas, même si c’est le jour du Sabbat ? Et un homme n’a-t-il pas beaucoup plus de prix qu’un
mouton ? » Puis il dit au pauvre homme : « Étends ta main ! » Et elle fut guérie
immédiatement, et aussi saine et solide que l’autre. Et Jésus dit : « Il est toujours permis de
faire du bien, quel que soit le jour de la semaine. »

Bientôt après, Notre Sauveur alla dans une ville appelée Naïm, suivi d’une grande quantité de
gens, surtout ceux qui avaient des parents, des amis ou des enfants malades. Ils amenaient les
malades dans les rues et sur les routes où Jésus passait, et le suppliaient de les toucher; et
quand il les avait touchés, les malades étaient guéris. Comme il avançait au milieu de cette
foule, Il rencontra, près de la porte de la ville, un enterrement. C’était un jeune homme que
l’on portait dans un cercueil ouvert, comme c’était alors la coutume en ce pays, et comme on
le fait encore dans quelques parties de l’Italie. La pauvre mère du jeune homme suivait le
cercueil, en pleurant beaucoup, car elle n’avait pas d’autre enfant. Quand Jésus la vit, il fut
touché au coeur par la douleur de cette femme, et lui dit : « Ne pleure pas ! » Alors les
porteurs s’arrêtèrent. Jésus s’approcha et toucha le cercueil, de sa main, et dit : « Jeune
homme, lève-toi ! » Et le mort, ressuscitant à la voix du Sauveur, se leva et se mit à parler. Et
Jésus s’en alla, le laissant avec sa mère. Imaginez leur joie à tous deux !

La foule qui le suivait était si grande que Jésus descendit au rivage de la mer et monta dans
une barque, afin de se rendre en un lieu plus solitaire. Dans la barque, il s’endormit, tandis
que ses disciples demeuraient assis sur le pont. Il dormait toujours quand une violente tempête
s’éleva. Les vagues inondaient la barque, et le vent hurlant la secouait et la roulait si fort que
les disciples crurent qu’ils allaient faire naufrage. Dans leur frayeur, ils réveillèrent Jésus :
« Seigneur ! Sauve-nous, ou nous sommes perdus ! » Il se dressa, et étendant le bras, il dit à la
mer déchaînée et au vent furieux : « Paix ! Soyez tranquilles. » Et, à l’instant, le temps
redevint calme et doux, et la barque poursuivit sa route sur les eaux sereines.

Quand ils furent sur le rivage opposé, ils durent passer près d’un cimetière sauvage et
abandonné, situé hors de la ville où ils se rendaient. En ce temps-là, les cimetières étaient
toujours en dehors des villes. Il y avait là un fou horrible, qui vivait parmi les tombeaux, et
qui hurlait nuit et jour, de telle sorte qu’il épouvantait les voyageurs. On avait bien essayé de
l’enchaîner, mais il brisait ses chaînes, tant il était fort; et il se jetait sur les cailloux
tranchants, et se faisait des coupures affreuses, criant et hurlant sans arrêt. Quand ce misérable
aperçut Jésus, il s’écria, de très loin : « C’est le fils de Dieu ! Oh ! fils de Dieu ! ne me
tourmente pas ! » Jésus, s’approchant de lui, vit qu’il était la proie d’un mauvais esprit, d’un
démon; il ordonna à la folie de sortir de cet homme et d’entrer dans un troupeau de porcs qui
paissaient près de là et qui, aussitôt, se précipitèrent du haut d’un rocher dans la mer et furent
mis en pièces.
Pendant ce temps, Hérode, le fils de ce roi cruel qui avait massacré les innocents, régnait sur
le pays. Il apprit que Jésus accomplissait toutes ces merveilles, rendait la vue aux aveugles,
faisait entendre les sourds, parler les muets, marcher les boiteux, et qu’il était suivi par des
multitudes et des multitudes de gens. Et Hérode dit : « Cet homme est un compagnon et un
ami de Jean le Baptiste. Jean était cet homme juste, vous rappelez-vous ? qui portait un
vêtement en poil de chameau, et qui se nourrissait de miel sauvage. Hérode s’était emparé de
lui parce qu’il prêchait et instruisait le peuple; et il l’avait enfermé dans la prison du palais.

Le roi Hérode était donc très en colère contre Jean. Le jour de naissance du roi, sa fille
Hérodias, qui savait très bien danser, dansa devant lui, pour lui être agréable. Il en fut si
content qu’il jura par serment qu’il lui donnerait la chose qu’elle lui demanderait, quoi que ce
fût. « Alors, dit-elle, père, donnez-moi sur un plat la tête de Jean le Baptiste. » Car elle
détestait Jean, et elle était une méchante et cruelle femme.

Le roi en fut fâché, parce que, bien qu’il gardât Jean en prison, il ne désirait pas le tuer. Mais
il avait juré qu’il donnerait à Hérodias ce qu’elle lui demanderait, et il envoya ses soldats dans
la prison, avec l’ordre de couper la tête de Jean le Baptiste, et de l’apporter à sa fille. Ils
obéirent, et ils la lui apportèrent, comme elle le voulait, sur un plat. Quand Jésus eut appris
par ses apôtres cette action cruelle, il quitta la ville avec eux, après qu’ils eurent enseveli
secrètement, pendant la nuit, le corps de Jean.

L’un des Pharisiens vint supplier Notre Sauveur d’entrer dans sa maison pour y prendre un
repas. Et, tandis que Jésus était à table, une femme, qui avait mené une vie mauvaise et laide,
se glissa dans la salle. Elle avait honte à la pensée que le Fils de Dieu pourrait la voir.
Pourtant, elle avait tant de confiance dans la bonté de Jésus, dans sa compassion pour tous
ceux qui, ayant fait du mal, le regrettent de tout leur coeur, que, petit à petit, elle arriva
derrière le siège où il était assis. Elle se jeta à ses pieds, en les arrosant de ses larmes; puis elle
les baisa et les sécha avec ses longs cheveux, et les frotta avec une pâte odoriférante qu’elle
avait apportée dans une boîte. Son nom était Marie-Madeleine.

Quand le Pharisien vit que Jésus permettait à cette femme de le toucher, il se dit en lui-même
que Jésus ne savait pas combien cette femme avait été mauvaise. Mais Lui, qui voyait les
pensées de son hôte, lui dit : « Simon », – car c’était son nom – « si un homme a deux
débiteurs, un qui lui doit cinq cents francs, et un autre qui ne lui en doit que cinquante, et s’il
leur remet à tous les deux leur dette, lequel, selon toi, l’aimera le plus ? » Simon répondit :
« Il me semble que ce sera celui à qui il a remis la plus grosse dette. » Jésus lui dit qu’il avait
raison, et il ajouta : « Puisque Dieu pardonne à cette femme tant de péchés, elle ne l’en aimera
que plus, j’espère. » Et il dit à la femme : « Dieu te pardonne. » Ceux qui étaient présents
s’étonnèrent que Jésus eût le pouvoir de pardonner les péchés; mais Dieu le lui avait donné. Et
la femme, après lui avoir rendu grâces de sa miséricorde, s’en alla.

Rappelons-nous qu’il nous faut toujours pardonner à ceux qui nous ont fait quelque mal,
quand ils viennent nous dire qu’ils le regrettent de tout leur coeur. Et, même s’ils ne le disent
pas, nous devons encore leur pardonner, et ne jamais les haïr ou être durs avec eux, si nous
voulons espérer que Dieu nous pardonne à nous-mêmes.

Il y eut ensuite une grande fête des Juifs, et Jésus se rendit à Jérusalem. Il y avait dans cette
ville, à côté du marché aux moutons, une espèce de grand bassin, appelé Bethsaïda, fermé par
cinq portes. Pendant le temps de la fête, beaucoup de malades et d’infirmes venaient se
baigner dans ce bassin. Ils croyaient qu’un ange agitait l’eau, et que le premier malade qui se
baignait, après que l’ange avait agité l’eau, était guéri de sa maladie, quelle qu’elle fût. Parmi
ces pauvres gens, il y avait un homme malade depuis trente-huit ans; et Jésus eut pitié de lui,
en le voyant couché sur son lit, tout seul, sans personne qui l’aidât. Cet homme dit à Jésus
qu’il ne pourrait jamais se plonger dans le bassin, parce qu’il était si faible et si malade qu’il
ne pourrait pas marcher jusque là. Jésus lui dit : « Emporte ton lit et va-t-en. » Et il s’en alla,
tout à fait guéri.

Beaucoup de Juifs avaient vu ce miracle; et ils n’en eurent que plus de haine pour Jésus. Ils
savaient que le peuple, instruit et guéri par Jésus, ne voudrait plus croire les prêtres juifs, qui
lui enseignaient des mensonges et le trompaient. Aussi se dirent-ils les uns aux autres qu’il
fallait tuer Jésus, parce qu’il guérissait les malades le jour du Sabbat (ce qui était contraire à
leur Loi stricte) et parce qu’il se nommait lui-même Fils de Dieu. Et ils essayèrent de lui
susciter des ennemis, et de rassembler la foule dans les rues pour le massacrer.

Mais la foule Le suivait partout où il allait, en le bénissant et en le suppliant d’enseigner et de


guérir; car on savait qu’Il ne faisait que le bien. Jésus, étant allé avec ses disciples au bord
d’un lac appelé le Lac de Tibériade, et s’étant assis avec eux sur la pente d’une colline, vit un
grand nombre de ces pauvres gens qui attendaient au pied de la colline, et il dit à l’apôtre
Philippe : « Où achèterons-nous du pain, afin qu’ils puissent manger et se rassasier, après ce
long voyage ? » Philippe répondit : « Seigneur, deux cents francs de pain ne suffiraient pas
pour tant de gens, et nous n’en avons pas du tout ! »

« Nous avons seulement », dit un autre apôtre, André, frère de Simon Pierre, « cinq petits
pains d’orge et deux petits poissons, qui appartiennent à un garçon venu avec nous. Mais
qu’est-ce que cela pour une telle foule ! » Jésus dit : « Faites-les tous asseoir. » Ce qui fut fait.
Il y avait beaucoup de gazon en cet endroit. Quand ils furent tous assis, Jésus pris le pain et
leva les yeux vers le ciel; puis il bénit le pain et le rompit, et il tendit les morceaux à ses
apôtres, qui les donnèrent à la foule. Et, avec ces cinq petits pains, et ces deux poissons, cinq
mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, purent manger. Et quand ils furent
tous rassasiés, on remplit douze corbeilles avec ce qui restait. C’est là encore un des Miracles
de Jésus.

Notre Sauveur envoya ensuite ses disciples, dans une barque, de l’autre côté du lac, et il leur
dit qu’il les rejoindrait quand il aurait congédié toute cette multitude de gens. Après que tous
furent retournés vers la ville, Jésus demeura seul, à prier, si bien que la nuit vint; et les
disciples continuaient à ramer, sur le lac, se demandant quand il les rejoindrait. Tard dans la
nuit, alors que le vent s’était levé et que les eaux s’agitaient, ils Le virent venir à eux en
marchant sur les eaux, comme s’il eût marché sur la terre ferme. Pleins de terreur, ils se
mirent à crier. Mais Jésus leur dit : « C’est moi. Ne craignez rien. » Et Pierre, reprenant
courage, dit : « Seigneur, si c’est toi, ordonne-moi de venir à toi sur les eaux ! » Jésus dit :
« Viens. » Alors Pierre marcha vers lui; mais voyant les vagues furieuses, et entendant le vent
rugir, il eut peur et commença à s’enfoncer. Il se serait noyé si Jésus ne l’avait pris par la main
pour le conduire jusqu’à la barque. Aussitôt après, le vent tomba; et les disciples se dirent les
uns aux autres : « C’est vrai ! Il est le Fils de Dieu ! »

Jésus fit encore, dans la suite, de nombreux miracles : les boiteux marchaient, les muets
parlaient, les aveugles voyaient. Se trouvant entouré, encore une fois, par une grande foule de
gens fatigués et affamés, car ils étaient avec lui depuis trois jours sans presque rien manger, il
prit des mains de ses disciples sept pains et un peu de poisson; et il les partagea, comme il
avait fait la première fois, parmi ces pauvres gens, qui étaient au nombre de quatre mille. Tous
mangèrent et furent rassasiés, et de ce qui restait on emplit sept corbeilles.

Puis il dispersa les disciples, et les envoya par les villes et les villages, pour prêcher; et il leur
donna le pouvoir de guérir, au nom de Son Divin Père, tous ceux qui étaient malades. C’est à
ce moment qu’il commença à leur dire (car Il savait que cela arriverait) qu’il lui faudrait aller
un jour à Jérusalem, pour y souffrir de grandes souffrances et être mis à mort. Mais il leur dit
aussi que, le troisième jour après sa mort, il se lèverait de la tombe et monterait au ciel, où il
serait assis à la droite de Dieu, implorant le pardon des pécheurs.

VI

Six jours après le second Miracle des pains, Jésus monta sur une haute montagne, ne prenant
avec lui que trois disciples : Pierre, Jacques et Jean. Et là, tandis qu’Il leur parlait, ils virent
soudain son visage resplendir comme le soleil; et la robe qu’il portait brilla et étincela comme
de l’argent; et il se tenait debout devant eux, semblable à un ange. En même temps, une nuée
éclatante les enveloppa, et une voix en sortit qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en
qui j’ai mis toutes mes complaisances. Écoutez sa parole ! » Alors les trois disciples
tombèrent à genoux et se cachèrent la face, car ils avaient peur.

C’est ce qu’on a appelé la Transfiguration de Notre Sauveur.

Quand ils redescendirent de la montagne et se retrouvèrent parmi le peuple, un homme vint


s’agenouiller aux pieds de Jésus et dit : « Seigneur, aie pitié de mon fils, car il est fou et ne
sait pas ce qu’il fait. Quelquefois il tombe dans le feu, et quelquefois dans l’eau, et il est tout
couvert de cicatrices et de blessures. Quelques-uns de tes disciples ont essayé de le guérir,
mais ne l’ont pas pu. » Jésus, à l’instant, guérit l’enfant; et, se tournant vers ses disciples, il
leur dit qu’ils n’avaient pas pu le guérir eux-mêmes parce qu’ils ne croyaient pas en lui, Jésus,
aussi sincèrement qu’Il l’avait espéré.

Les Disciples lui demandèrent un jour : « Maître, qui est le plus grand dans le royaume du
Ciel ? » Jésus appela un petit enfant, et le prit dans ses bras, et le leur montra en disant : « Un
petit enfant pareil à celui-ci. Je vous le dis, nul, s’il n’est aussi humble que ce petit enfant,
n’entrera dans le royaume du Ciel. Quiconque reçoit en mon nom un petit enfant me reçoit.
Mais quiconque fait du mal à l’un d’eux, il vaudrait mieux pour lui qu’il s’attache au cou une
meule de moulin et se noie dans les abîmes de la mer. Les anges sont tous des enfants. » Notre
Sauveur était plein d’amour pour ce petit enfant qu’il tenait dans ses bras, et pour tous les
enfants, oui, et pour tout le monde. Personne, jamais, n’a aimé ainsi tout le monde, si
profondément, et si tendrement.

Pierre lui dit : « Seigneur, combien de fois dois-je pardonner à ceux qui m’offensent ? Sept
fois ? » Jésus répondit : « Sept fois sept fois, et encore plus. Comment pourrais-tu espérer que
Dieu te pardonne quand tu fais du mal, si tu ne pardonnes pas aux autres ? »

Et il se mit à raconter cette histoire à ses disciples : Il y avait une fois un serviteur qui devait à
son maître une grosse somme d’argent, et ne pouvait pas la payer. Le maître, très en colère,
voulut faire vendre son serviteur comme esclave; mais le serviteur, se jetant à genoux implora
son pardon avec tant de chagrin que le maître lui fit grâce. Or, ce même serviteur avait un
camarade qui lui devait cent sous; et, au lieu de se montrer généreux et de remettre sa dette à
ce pauvre homme comme son maître avait fait pour lui-même, il le fit mettre en prison. Le
maître, l’ayant appris, s’en vint lui dire : « Oh ! mauvais serviteur, je t’ai pardonné; pourquoi
n’as-tu pas pardonné de même à ton camarade ? » Et il le chassa honteusement. « Ainsi donc,
ajouta Jésus, comment pourriez-vous espérer que Dieu vous pardonne, si vous ne pardonnez
pas ? » C’est ce que signifient ces mots de la prière : « Pardonnez-nous nos offenses comme
nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »

Et Il leur raconta une autre histoire : « Il y avait une fois, dit-il, un fermier qui possédait une
vigne. Un matin, de bonne heure, il sortit et s’entendit avec des ouvriers afin qu’ils aillent
travailler dans la vigne, tout le jour, pour un franc. Un peu plus tard, il sortit de nouveau et
engagea d’autres ouvriers aux mêmes conditions. Et, un peu plus tard, il sortit encore et fit de
même; et, comme cela, plusieurs fois, jusqu’à l’après-midi. Quand la journée fut finie et que
les ouvriers vinrent se faire payer, ceux qui avaient travaillé depuis le matin se plaignirent de
ce que leurs compagnons, qui avaient commencé beaucoup plus tard, fussent payés autant
qu’eux; et ils disaient que ce n’était pas juste. Mais le maître leur dit : « Mes amis, je vous ai
engagés pour un franc; avez-vous reçu moins d’un franc parce que j’en ai donné autant à vos
compagnons ? »

Jésus voulait leur montrer par là que ceux qui ont fait le bien tout le long de leur vie iront au
ciel après leur mort; mais ceux qui ont fait le mal parce qu’ils ont été malheureux dans leur
jeunesse, sans parents, sans amis pour veiller sur eux, et qui s’en sont repentis de tout leur
coeur, si tard que ce fût, et qui ont prié Dieu de les pardonner, seront pardonnés et iront au
ciel, eux aussi. Jésus instruisait ses disciples en leur racontant ces histoires, parce qu’il savait
qu’on aime beaucoup entendre des histoires, et que, par ce moyen, on se rappellerait beaucoup
mieux ce qu’il disait. Ce sont là les paraboles, les Paraboles de Notre Sauveur. Retenez bien
ce mot, parce que j’aurai bientôt d’autres paraboles à vous raconter.

Les gens écoutaient tout ce que Jésus leur disait; mais ils n’étaient pas d’accord entre eux à
son sujet. Les Pharisiens et les Juifs avaient parlé contre lui à quelques-uns; et ceux-là étaient
disposés à lui faire du mal, et même à le tuer. Mais ils avaient peur cependant de lui faire du
mal, à cause de sa bonté, et aussi parce qu’il avait l’air si divin, si majestueux (bien qu’il fût
habillé simplement, presque comme un pauvre) que ses ennemis pouvaient à peine supporter
de rencontrer son regard.

Un matin, Il était assis en un lieu appelé le Mont des Oliviers, et Il prêchait au peuple
assemblé autour de Lui, et qui l’écoutait attentivement, quand un grand bruit se fit entendre, et
une troupe de Pharisiens et quelques autres hommes semblables à eux, appelés des Scribes,
arrivèrent en courant, avec des cris et des clameurs, traînant parmi eux une femme qui avait
commis une faute. Et ils criaient tous ensemble : « Maître, vois cette femme. La loi dit qu’elle
doit être frappée avec des pierres jusqu’à ce qu’elle en meure. Mais toi, que dis-tu ? Que dis-
tu ? »

Jésus regardait attentivement cette troupe bruyante, et il voyait bien qu’ils étaient venus pour
lui faire dire que la loi était injuste et cruelle; et s’il parlait ainsi, on lui en ferait un crime et
on le tuerait. Tandis que Jésus les regardait en face, ils avaient honte et peur, mais ils
continuaient à crier : « Eh bien ! Toi, Maître, que dis-tu ? »

Jésus se pencha vers le sol et il écrivit avec son doigt sur le sable : « Que celui d’entre vous
qui est sans péché lui jette la première pierre. » Ils lurent, en regardant par-dessus l’épaule les
uns des autres. Et, comme Jésus écrivait toujours, ils s’en allèrent, honteux, l’un après l’autre,
jusqu’à ce qu’il ne restât plus personne. Jésus et la femme, qui se cachait le visage entre ses
mains, demeurèrent seuls. Alors Jésus se redressa et dit : « Femme, où sont ceux qui
t’accusaient ? Quelqu’un t’a-t-il condamnée ? » Elle répondit en tremblant : « Non,
Seigneur. » Et Jésus dit : « Ce n’est pas moi alors, qui te condamnerai. Va, et ne pêche
plus ! »

VII

Un jour que Notre Sauveur était au milieu du peuple, prêchant et répondant aux questions
qu’on lui posait, un Scribe, c’est-à-dire un homme de loi, se leva et dit : « Maître, que dois-je
faire pour aller au ciel après ma mort ? » Jésus lui dit : « Le premier de tous les
commandements est : Le Seigneur notre Dieu est unique; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton coeur, et de toute ton âme, et de toute ton intelligence, et de toute ta force. Et le
second commandement est le même que le premier : Tu aimeras ton prochain comme toi-
même. Il n’y a pas de commandements plus grands que ceux-là. »

Alors le Scribe dit : « Mais qui est mon prochain ? Dis-le moi, que je le sache. » Et Jésus
répondit par cette parabole :

« Un jour, un voyageur, qui allait de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué par des voleurs; ils lui
dérobèrent ses vêtements, et le frappèrent, puis ils s’enfuirent, en le laissant à moitié mort sur
la route. Un prêtre qui passait par là vit le pauvre homme gisant à terre, mais il ne s’en
inquiéta pas et continua son chemin. Un autre, un Lévite, passa à son tour, et vit l’homme
blessé; mais il ne le regarda qu’un instant et s’en alla aussi. Mais un Samaritain, qui voyageait
sur cette route, aussitôt qu’il eut aperçu le malheureux, en eut pitié. Il soigna ses blessures
avec de l’huile et du vin, le fit monter sur sa propre mule, et le mena dans une auberge. Le
lendemain matin, il prit dans sa poche deux pièces d’argent et les donna à l’aubergiste en lui
disant : « Ayez bien soin de cet homme et, si ce que je vous donne ne suffisait pas pour le
soigner, je vous paierais le surplus quand je repasserai par ici. » Dis-moi maintenant, demanda
Jésus au Scribe, lequel de ces trois hommes qui ont passé sur la route peut, à ton avis, être
appelé le prochain, c’est-à-dire le voisin de celui qui était tombé aux mains des voleurs ? » Le
Scribe répondit : « Celui qui lui a montré de la pitié. » Et Jésus dit : « C’est vrai. Va et fais
comme lui ! Montre-toi compatissant pour tous les hommes, car tous sont nos voisins et nos
frères. »

Afin d’enseigner que nous ne devons jamais être orgueilleux, et nous croire supérieurs aux
autres devant Dieu, mais que nous devons être, au contraire, toujours humbles, Jésus leur dit
encore cette parabole :

« Quand on vous invite à un repas de noces, ne vous asseyez pas à la meilleure place, de peur
qu’une autre personne, que vos hôtes voudraient honorer plus que vous, ne vienne réclamer
votre siège. Mais asseyez-vous à la place la plus modeste, et l’on vous en offrira une
meilleure, si vous en êtes digne. Car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera
élevé. »

Et Il leur dit aussi :

« Un jour, un homme prépara un grand souper, et y invita beaucoup d’amis. Quand le souper
fut prêt, Il envoya son serviteur dire à tous les invités que le maître les attendait. Mais les
invités s’excusèrent : l’un dit qu’il avait acheté un champ et qu’il était obligé d’aller voir ce
champ; un autre, qu’il venait d’acheter cinq paires de boeufs et qu’il devait les essayer au
labour; un autre, qu’il était nouvellement marié et qu’il ne pouvait venir. Quand le maître
entendit cela, il fut très fâché et il ordonna à son serviteur d’aller dans les rues, et sur la
grande route, et aux carrefours, et d’inviter tous les pauvres, les boiteux, les infirmes, les
aveugles qu’il trouverait. »

Jésus voulait montrer ainsi que ceux qui sont trop occupés par leurs affaires et leurs plaisirs
pour penser à Dieu et pour faire le bien, seront moins bien traités par Lui que les malheureux
et les pauvres.

Notre Sauveur, étant dans la ville de Jéricho, vit un jour un homme qui, pour mieux Le voir,
au-dessus de la foule, avait grimpé dans les branches d’un arbre. Cet homme se nommait
Zachée, et on le méprisait à cause de sa mauvaise vie. Mais Jésus, passant près de lui, l’appela
et l’invita à venir dîner avec lui ce même jour. Les Pharisiens et les Scribes, ces orgueilleux,
murmurèrent et dirent : « Il mange avec les pécheurs. » Et Jésus leur répondit par cette
parabole, qu’on appelle la parabole de l’Enfant prodigue.

« Il y avait une fois, leur dit-il, un homme qui avait deux fils. Le plus jeune des deux dit un
jour : « Père, donnez-moi la part qui me revient de vos richesses, et laissez-moi en faire ce
qu’il me plaira. » Le père lui ayant accordé ce qu’il demandait, le jeune homme s’en fut, avec
son argent, dans un pays lointain, et il eut bientôt tout dépensé, en menant une vie de plaisir et
de désordre. À ce moment survint, dans ce pays, une grande famine. On ne pouvait plus avoir
de pain; et le blé, l’herbe, et toutes les plantes se desséchaient et mouraient. Le fils prodigue
tomba dans une telle misère qu’il dut se louer dans une ferme pour garder les pourceaux; et il
aurait mangé, avec joie, même les dégoûtantes épluchures dont on nourrissait les porcs, mais
son maître ne lui en donnait pas. Il se dit dans sa détresse : « Il y a dans la maison de mon
père tant de serviteurs qui ont du pain à leur suffisance, et même à gaspiller ! tandis que moi,
je meurs de faim ici ! Je veux partir et aller chez mon père et lui dire : Père, j’ai péché contre
le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ! »

Il s’en retourna donc, avec beaucoup de peine, et de fatigue, et de souffrance, à la maison de


son père. De très loin, son père le vit, et le reconnut sous ses misérables haillons. Il courut à
lui, en pleurant et, lui jetant les bras autour du cou, il le baisa. Puis il ordonna à ses serviteurs
de revêtir son pauvre fils repentant avec de beaux habits, et de préparer un grand festin pour
célébrer son retour. On lui obéit. Et ce fut fête dans la maison.

Mais le fils aîné, qui était aux champs, et qui ignorait le retour de son frère, lorsqu’il revint du
travail, entendit de la musique et des danses. Il appela un serviteur pour savoir ce que cela
signifiait. Le serviteur répondit que le fils cadet était revenu et que le père fêtait joyeusement
son retour. Le frère aîné en fut très fâché, et ne voulut pas entrer dans la maison; si bien que le
père vint à la porte pour l’engager à entrer. « Père, dit le fils aîné, vous ne me traitez pas avec
justice en montrant tant de joie pour le retour de mon frère. Pendant de nombreuses années, je
ne vous ai pas quitté, et je vous ai été fidèle; et pourtant, vous n’avez jamais ordonné un festin
en mon honneur. Mais quand mon jeune frère revient, après avoir été prodigue et débauché,
après avoir dépensé tout son argent en folies, vous êtes ravi, et toute la maison se réjouit ! »
« Fils, dit le père, tu m’es toujours demeuré fidèle, et tout ce que je possède est à toi, mais
nous avons cru ton frère mort, et voici qu’il est vivant. Il était perdu, et le voici retrouvé. Il est
naturel et juste que nous nous réjouissions pour son retour inespéré dans la maison de son
enfance. »
Jésus voulait montrer par là que ceux qui ont fait du mal, et qui ont oublié Dieu, seront
toujours accueillis avec joie, pourvu seulement qu’ils reviennent à Lui, pleins de chagrin à la
pensée du mal qu’ils ont commis.

Mais les Pharisiens écoutaient toutes ces leçons avec mépris, parce qu’ils étaient riches et
envieux, et se croyaient supérieurs au reste des hommes. Et Jésus, pour les faire réfléchir sur
leur égoïsme, raconta la parabole du Riche et de Lazare.

« Il y avait une fois un homme riche, toujours vêtu de pourpre et de fin lin, et qui s’attablait
tous les jours devant de magnifiques repas. Et il y avait, au seuil de la maison du riche, un
mendiant nommé Lazare, tout couvert d’ulcères, et qui désirait se rassasier des miettes
tombées de la table du riche; et même, les chiens venaient lécher ses ulcères. Le mendiant vint
à mourir et fut porté par les anges auprès d’Abraham. Abraham avait été un homme très bon,
qui avait vécu sur la terre jadis, et qui, maintenant, était au ciel. L’homme riche mourut aussi,
et on l’ensevelit. De l’enfer, où il fut jeté, au milieu des tourments, il leva les yeux vers le ciel
et il vit là-haut Abraham et Lazare. Alors il se mit à crier : « Mon père Abraham ! Aie pitié de
moi ! Envoie vers moi Lazare, afin qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau, pour me
rafraîchir la langue, car ces flammes me torturent. » Mais Abraham répondit : « Mon fils,
rappelle-toi que tu as eu beaucoup de plaisir pendant ta vie, et Lazare beaucoup de
souffrances. Maintenant, Lazare est dans la joie, et toi, dans les tourments. »

Parmi d’autres paraboles, Jésus raconta encore celle-ci, à ces Pharisiens orgueilleux : « Un
jour, deux hommes entrèrent dans le Temple pour prier; l’un était un Pharisien, l’autre, un
Publicain. Le Pharisien dit : « Mon Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas injuste
comme le reste des hommes, ni pêcheur comme ce Publicain. » Le Publicain se tenait à l’écart
et n’osait pas lever les yeux vers le Ciel, mais se frappait la poitrine, en disant seulement :
« Mon Dieu, aie pitié de moi, pauvre pécheur ! » Et Dieu, dit Jésus, reçut avec plus de
miséricorde la prière de cet homme, que celle de l’autre, et en eut plus de joie, parce qu’elle
était faite d’un coeur humble et soumis. »

Les Pharisiens entendaient ces leçons avec une grande colère, aussi employèrent-ils des
espions, qui posaient des questions à Jésus, et essayaient de le prendre au piège en lui faisant
dire quelque chose contre la Loi. L’Empereur de ce pays, qu’on appelait César, avait ordonné
au peuple de payer l’impôt régulièrement, et il se montrait très cruel envers ceux qui ne lui
reconnaissaient pas ce droit. Les espions pensèrent qu’ils pourraient peut-être amener Jésus à
dire que l’impôt était injuste, et à lui faire encourir ainsi la colère de l’Empereur. C’est
pourquoi, prenant un air très humble, ils vinrent à Lui, et dirent : « Maître, tu enseignes la
Parole de Dieu, avec un coeur pur, et tu n’estimes pas les gens pour leur richesse ou leur haute
situation. Dis-nous : est-ce légitime de payer l’impôt à César ? » Jésus, connaissant leurs
pensées, répondit : « Pourquoi me demandez-vous cela ? Montrez-moi une pièce de
monnaie. » Il la lui montrèrent. « Quelle est cette image et quel est ce nom ? » leur dit-il. Et
ils répondirent : « César ». « Alors, dit Jésus, rendez à César ce qui est à César. »

Et les espions le laissèrent, bien ennuyés et découragés, parce qu’il ne tombait pas dans leurs
pièges. Mais notre Sauveur connaissait leurs coeurs et leurs pensées, comme il savait aussi
que d’autres conspiraient contre lui et qu’il serait bientôt mis à mort.

Tandis qu’il les instruisait ainsi, il s’assit un jour auprès du Trésor Public, où les gens, en
passant dans la rue, avaient coutume de mettre un peu de monnaie dans une boîte, pour les
pauvres. Beaucoup de riches personnages passèrent et mirent dans la boîte une grande
quantité d’argent. À la fin vint une pauvre veuve; elle mit deux petites pièces valant chacune
un centime, et elle s’éloigna doucement. Jésus, en se levant pour quitter la place, la vit. Il
appela ses disciples tout près de lui et leur dit que la pauvre veuve avait été plus charitable
que tous ceux qui avaient déposé leur aumône ce jour-là; car les autres étaient riches, et ce
qu’ils avaient donné ne leur manquerait pas; mais elle était très pauvre et elle avait donné ces
deux centimes, qui auraient pu lui servir à acheter du pain.

Quand nous nous croyons charitables, n’oublions jamais ce que fit la pauvre veuve.

VIII

Un homme, nommé Lazare de Béthanie, tomba très malade. Il était frère de cette Marie qui
avait oint Jésus avec du parfum, et qui lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux. Elle et sa
soeur Marthe, pleines d’angoisse, envoyèrent chercher Jésus, avec ce message : « Seigneur,
Lazare, que tu aimes, est malade et va mourir. »

Jésus reçut le message, mais, pendant deux jours, il ne se rendit pas auprès de Lazare. Quand
deux jours furent passés, il dit à ses disciples : « Lazare est mort. Allons à Béthanie. » Quand
ils y arrivèrent (c’était tout à côté de Jérusalem), ils apprirent, comme Jésus le leur avait
annoncé, que Lazare était mort, et enseveli depuis quatre jours.

Quand Marthe sut que Jésus venait, elle quitta les visiteurs qui essayaient de la consoler de la
mort de son pauvre frère, et elle courut vers Jésus, laissant dans la maison sa soeur Marie, qui
pleurait. Marthe éclata en sanglots et elle dit : « Oh ! Seigneur ! si tu avais été ici, mon frère
ne serait pas mort ! »

« Ton frère ressuscitera », dit notre Sauveur.

« Je sais qu’il ressuscitera, Seigneur, je suis sûre qu’il ressuscitera au jour du Jugement
Dernier, au jour de la Résurrection », dit Marthe.

Jésus lui dit : « Je suis la Résurrection et la Vie. Le crois-tu ? » Elle répondit : « Oui,
Seigneur. » Et elle courut auprès de sa soeur Marie, pour lui dire que Jésus était arrivé. À cette
nouvelle, Marie s’élança hors de la maison, suivie par tous ceux qui se lamentaient avec elle,
et elle alla se jeter aux pieds du Seigneur en pleurant; et tous ceux qui étaient avec elle firent
de même. Jésus fut si ému de pitié devant leur douleur que Lui aussi pleura, et dit : « Où
l’avez-vous mis ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. »

Il était enseveli dans une caverne, et une grande pierre fermait le tombeau. Jésus ordonna
d’ôter la pierre. Ce qui fut fait. Alors, après avoir levé les yeux vers le ciel et rendu grâces à
Dieu, il dit, à voix haute et solennelle : « Lazare, lève-toi ! » Et l’homme mort, Lazare, revint
à la vie, sortit du tombeau et retourna à la maison avec ses soeurs. À ce spectacle, si terrible et
si touchant, beaucoup de ceux qui étaient là crurent en Jésus, et se dirent qu’Il était vraiment
le Fils de Dieu, venu pour instruire les hommes et pour les sauver. Mais d’autres coururent
raconter la nouvelle aux Pharisiens; et, à partir de ce jour, les Pharisiens, pour empêcher
qu’une plus grande quantité de gens ne crussent en Jésus, résolurent entre eux de le faire
mourir. Et ils se mirent d’accord, dans une réunion qu’ils eurent au Temple à ce sujet, pour
s’emparer de Lui, s’Il venait à Jérusalem avant la fête de la Pâque, qui était proche.
C’était six jours avant la fête que Jésus avait ressuscité Lazare d’entre les morts. Le soir,
comme ils étaient tous assis, en train de souper, avec Lazare au milieu d’eux, Marie se leva et
prit une livre d’un parfum très précieux, très cher, qu’on appelait de l’huile de nard. Elle le
répandit sur les pieds de Jésus; et, une fois encore, elle les essuya avec ses cheveux; et toute la
maison fut emplie de l’agréable odeur de cette huile. Mais Judas Iscariote, l’un des disciples,
fit semblant d’en être très fâché. Il dit qu’on aurait pu vendre cette huile au moins trois cents
francs et en donner l’argent aux pauvres. En réalité, il parlait ainsi parce qu’il était chargé de
garder la bourse commune, et parce que (personne ne le savait alors) il était voleur et avare. Il
eut dès lors la pensée de livrer Jésus aux prêtres des Juifs.

La fête de Pâques approchant, Jésus et ses disciples se mirent en route pour Jérusalem. Quand
ils furent aux environs de la ville, Jésus pria deux de ses disciples d’aller jusqu’à un village,
qu’il leur montra, en leur disant qu’ils y trouveraient, attachée à un arbre, une ânesse avec son
ânon, et qu’ils devaient les Lui amener. Les ayant trouvés, tels que Jésus les leur avait décrits,
ils les lui amenèrent. Jésus monta sur l’ânesse, et entra ainsi dans Jérusalem. Une foule
immense de peuple se pressait sur son passage. Ils étendaient leurs manteaux sur le sol,
coupaient des branches vertes dont ils jonchaient le chemin; ils l’acclamaient et criaient :
« Hosanna au Fils de David ! » (David avait été un grand roi de ce pays). « Il vient au nom du
Seigneur ! Celui-ci est Jésus, le prophète de Nazareth ! »

Jésus entra dans le Temple, et, voyant que les changeurs d’argent s’y étaient installés
impudemment, avec les vendeurs de colombes, il renversa leurs tables et dit : « La maison de
mon Père est une maison de prière, et vous en avez fait un repaire de voleurs. » Et comme le
peuple et les petits enfants criaient : « Celui-ci est Jésus, le Prophète de Nazareth ! » sans
qu’on puisse les faire taire; et comme les aveugles et les infirmes se pressaient en foule pour
être guéris par ses mains, les principaux des prêtres, et les Scribes, et les Pharisiens furent
emplis de peur et de haine contre Lui. Mais Jésus continua à guérir les malades et à faire du
bien; puis il sortit de la ville et s’en alla loger à Béthanie, qui était tout près de Jérusalem,
mais en dehors des murs.

Un soir, à Béthanie, comme il était assis au souper avec ses disciples, il se leva, prit un bassin
d’eau et un linge, et se mit à leur laver les pieds. Simon Pierre, l’un des disciples, voulut
empêcher notre Sauveur de lui laver les pieds, mais Jésus lui dit qu’Il voulait leur rappeler
ainsi, afin qu’ils ne l’oublient jamais, qu’ils devaient toujours être bons et doux les uns pour
les autres et ne jamais se traiter avec orgueil ou dureté.

Puis il devint triste, et dit, en regardant avec douleur autour de Lui : l’un de vous me trahira. »
Ils s’écrièrent tous, l’un après l’autre : « Est-ce moi, Seigneur ? Est-ce moi ? » Mais il
répondit : « C’est un des douze qui mangent au même plat que moi. » L’un des disciples, que
Jésus aimait, étant à ce moment appuyé sur le coeur du Seigneur, Simon Pierre le pria de
demander le nom de ce traître. Jésus répondit : « C’est celui à qui je donnerai une bouchée de
pain que j’aurai trempée dans le plat. » L’ayant trempée, Il la donna à Judas Iscariote, en lui
disant : « Ce que tu dois faire, fais-le bien vite ! » Les autres disciples ne comprirent pas ces
mots, mais Judas connut par là que Jésus avait lu dans son mauvais coeur.

Judas prit donc la bouchée de pain, et il sortit aussitôt. Il faisait nuit. Il alla droit aux prêtres et
leur dit : « Que me donnerez-vous si je vous le livre ? » Ils convinrent de lui donner trente
pièces d’argent; et pour cette somme, il décida de trahir son Seigneur et son Maître, Jésus-
Christ.
IX

La fête de Pâque étant maintenant toute proche, Jésus dit à deux de ses disciples, Pierre et
Jean : « Entrez dans Jérusalem. Vous y rencontrerez un homme porteur d’une cruche d’eau.
Suivez-le jusqu’à sa maison, et dites-lui : « Le Maître te demande où est la chambre des hôtes,
afin qu’il puisse venir y manger la Pâque avec ses disciples. » Et il vous montrera une vaste
chambre haute, toute meublée. Là, préparez le souper. »

Les choses se passèrent comme Jésus l’avait dit : les deux disciples, ayant rencontré l’homme
qui portait une cruche d’eau, le suivirent jusqu’à sa maison, et l’homme leur ayant montré la
chambre, ils préparèrent le souper. Jésus et les dix autres apôtres vinrent à l’heure
accoutumée, et tous s’assirent pour partager le repas.

Ce repas est toujours appelé « le Dernier Repas », parce que ce fut la dernière fois que Notre
Sauveur mangea et but avec ses disciples.

Il prit sur la table du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples. Puis il prit la coupe de
vin, et la bénit, et but, et la leur donna, en disant : « Faites ceci en mémoire de moi ! » Et
quand ils eurent fini de souper, ils chantèrent un hymne et s’en allèrent au mont des Oliviers.

Là, Jésus leur dit qu’on allait s’emparer de lui, cette nuit même, et qu’ils le laisseraient tout
seul et ne songeraient qu’à leur propre sûreté. Mais Pierre s’écria, avec feu, qu’il ne le ferait
pour rien au monde. Et Jésus lui dit : « Avant que le coq ait chanté, tu m’auras renié trois
fois ! » Pierre répondit : « Non, Seigneur ! Je mourrai avec toi plutôt que de te renier ! » Et
tous les autres disciples en dirent autant.

Jésus s’en alla ensuite, au-delà du torrent du Cédron, dans un jardin qu’on appelait
Gethsémani; et il se retira, avec trois de ses disciples, dans une partie solitaire du jardin. Il les
laissa, comme il avait laissé les autres, en leur disant : « Attendez ici, et veillez ! » Il s’en alla
un peu plus loin et pria; mais eux, fatigués, s’endormirent.

Et Christ, pendant qu’il priait dans ce jardin, souffrit cruellement, dans son coeur, à cause de
la méchanceté de ces gens de Jérusalem qui allaient venir pour Le tuer. Et Il répandit des
larmes devant Dieu, et Il fut plongé dans une amère et profonde douleur.

Quand Il eut fini de prier et qu’Il se sentit consolé, Il retourna vers ses disciples et leur dit :
« Levez-vous, car il est tout près, maintenant, celui qui me trahira. »

Or Judas connaissait très bien le jardin, car Notre Sauveur s’y était souvent promené avec ses
disciples. Il y vint, accompagné d’une forte troupe de soldats et d’officiers, envoyée par les
prêtres et les Pharisiens. Comme il faisait sombre, ils portaient des lanternes et des torches. Ils
étaient armés d’épées et de bâtons, car ils ne savaient pas si le peuple ne se soulèverait pas
pour défendre Jésus; c’est pourquoi ils avaient craint de se saisir de lui hardiment, pendant le
jour, tandis qu’il prêchait.

Comme les chefs des gardes n’avaient jamais vu Jésus et ne le distinguaient pas parmi les
apôtres, Judas leur avait dit : « L’homme que j’embrasserai, ce sera lui. » Comme il s’avançait
pour lui donner cet horrible baiser, Jésus dit aux gardes : « Qui cherchez-vous ? » Et ils
répondirent : « Jésus de Nazareth. » Et Jésus dit alors : « Je suis Celui-là. Laissez mes
disciples s’en aller librement. Je suis Celui-là. » Et Judas confirma ces paroles en lui disant :
« Salut Maître ! » et en l’embrassant. Et Jésus lui dit : « Judas, tu m’as trahi avec un baiser ! »
Les gardes, alors, s’élancèrent pour le saisir. Personne n’essaya de le protéger, excepté Pierre,
qui, ayant une épée, la tira et coupa l’oreille droite à un serviteur du Grand Prêtre, nommé
Malchus, qui se trouvait là. Mais Jésus lui fit remettre l’épée au fourreau, et il se livra aux
gardes. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent. Il n’en demeura pas un seul,
pas un ! pour lui tenir compagnie !

Au bout d’un moment, Pierre et un autre disciple reprirent courage, et ils suivirent en secret
les gardes jusqu’à la maison de Caïphe, le Grand Prêtre, où l’on menait Jésus, et où les scribes
et d’autres magistrats étaient assemblés pour l’interroger. Pierre se tint à la porte, mais l’autre
disciple, qui était connu du Grand Prêtre, entra. Il revint sur ses pas pour demander à la
femme qui gardait la porte de laisser entrer aussi Pierre. Elle dit, en regardant Pierre : « N’es-
tu pas l’un des disciples ? » Il dit : « Non. » Elle le laissa donc entrer; et il se tint debout
auprès du feu où se chauffaient les serviteurs et les officiers, car il faisait très froid.

Quelques-uns de ces hommes lui demandèrent, comme avait fait la femme : « N’es-tu pas un
des disciples ? » Il nia encore et dit : « Il n’en est rien. » Mais un homme, qui était parent du
serviteur à qui Pierre avait coupé une oreille avec son épée, lui demanda : « Ne t’ai-je pas vu
avec lui dans le jardin ? » Pierre nia encore avec serment et dit : « Je ne connais pas cet
homme. » A ce moment, le coq chanta; et Jésus, se retournant, regarda fixement Pierre. Alors
Pierre se rappela ce que Jésus avait dit, qu’avant que le coq eût chanté, il l’aurait renié trois
fois. Et il sortit et pleura amèrement.

Parmi d’autres questions qu’il posa à Jésus, le Grand Prêtre lui demanda ce qu’Il avait
enseigné au peuple. Il répondit qu’Il avait parlé au grand jour, et sur la place publique, et que
les prêtres n’avaient qu’à demander au peuple ce qu’Il lui avait enseigné. En entendant cette
réponse, un des officiers frappa Jésus de sa main. Deux faux témoins vinrent ensuite affirmer
qu’ils L’avaient entendu dire qu’Il pouvait détruire le Temple de Dieu et le rebâtir en trois
jours. Jésus répondait à peine. Les scribes et les prêtres décidèrent qu’Il était coupable de
blasphème, et qu’Il devait être mis à mort; et ils crachèrent sur Lui et Le battirent.

Quand Judas Iscariote vit que son Maître était vraiment condamné, il fut si rempli d’horreur
pour ce qu’il avait fait, qu’il prit les trente pièces d’argent et les rapporta aux prêtres en
disant : « J’ai trahi le sang innocent. Je ne peux pas le supporter ! » Il jeta l’argent à terre,
s’enfuit, fou de désespoir, et se pendit. La corde, trop faible, se rompit sous le poids du corps,
et il tomba sur le sol, une fois mort, les membres tout écrasés et rompus, quelque chose
d’horrible à voir ! Les prêtres, ne sachant que faire des trente pièces d’argent, en achetèrent un
champ pour y enterrer les étrangers. Ce champ s’appelait le Champ du Potier, mais le peuple
l’appela désormais le Champ du Sang.

Jésus fut ensuite conduit au Tribunal, où le Gouverneur, Ponce Pilate, rendait la justice. Pilate,
qui n’était pas Juif, lui dit : « Ta propre nation, les Juifs, et tes prêtres, t’ont fait comparaître
devant moi. Qu’as-tu fait ? » Voyant bien qu’il n’avait fait aucun mal, Pilate sortit et le dit
aux Juifs. Mais ils lui répondirent : « Il a prêché au peuple, en le trompant, et voilà longtemps
qu’il a commencé sa prédication en Gaulée. » Comme le roi Hérode avait le droit de punir
ceux qui enfreignaient la loi en Galilée, Pilate dit : « Je ne trouve aucun mal en lui. Menez-le
devant Hérode. »
Ils Le menèrent donc devant Hérode, qui se tenait environné de ses gardes et de ses hommes
d’armes. Et ceux-ci se moquèrent de Jésus, le revêtirent par dérision d’une belle robe, et le
renvoyèrent à Pilate. Pilate réunit de nouveau les prêtres et le peuple, et dit : « Je ne trouve
aucun mal en cet homme. Il n’a rien fait qui mérite la mort. » Mais ils crièrent tous : « Oui !
Oui ! Il mérite la mort ! Qu’il meure ! » Pilate fut très troublé en entendant ces grandes
clameurs contre Jésus. De plus, sa femme, toute la nuit, avait rêvé de Jésus, et elle envoya
quelqu’un au Tribunal dire à Pilate : « Ne décide rien toi-même contre cet homme juste ! »
Comme c’était la coutume, pour la Fête de Pâque, de rendre la liberté à un prisonnier, Pilate
essaya de persuader au peuple de réclamer la délivrance de Jésus. Mais, parce que le peuple
était très ignorant, et plein de passion et, de plus, conseillé par les prêtres, il s’écria : « Non !
Non ! nous ne voulons pas qu’il soit relâché ! Relâche Barabas ! et lui, qu’il soit crucifié ! »

Barabas était un dangereux criminel, alors en prison, et qui allait être condamné à mort. Pilate,
voyant que le peuple était décidément contre Jésus, le livra aux soldats pour être fouetté. Ils
tressèrent une couronne d’épines et la lui mirent sur la tête; et ils le vêtirent d’une robe de
pourpre; et ils crachaient sur lui et le frappaient en disant : « Salut ! Roi des Juifs ! » car ils se
rappelaient que la foule, à son entrée dans Jérusalem, l’avait appelé Fils de David. Ils le
maltraitèrent cruellement; mais Jésus supportait tout avec patience, en disant seulement :
« Père ! Pardonne-leur ! Ils ne savent pas ce qu’ils font ! »

Une fois encore, Pilate le fit paraître devant le peuple, habillé de pourpre et couronné
d’épines, et dit : « Voilà l’homme ! » Ils crièrent sauvagement : « Qu’il soit crucifié ! Qu’il
soit crucifié ! » Et les prêtres et les officiers criaient aussi. « Prenez-le et crucifiez-le vous-
mêmes », dit Pilate. « Je ne vois aucun mal en lui. » Mais ils crièrent encore : « Il s’est appelé
lui-même le Fils de Dieu; et cela, dans la loi des Juifs, mérite la mort ! Et il s’est appelé aussi
roi des Juifs; et c’est contre la loi romaine, car nous n’avons pas de roi, mais l’Empereur de
Rome, César. Si tu le laisses aller, tu n’est pas l’ami de César. Crucifie-le ! Crucifie-le ! »

Quand Pilate vit que, malgré tous ses efforts, il ne pouvait les convaincre, il fit apporter de
l’eau et, se lavant les mains devant la foule, il dit : « Je suis innocent du sang de ce juste ! »
Puis il Le leur livra pour être crucifié. Ils L’entourèrent avec des cris et, L’accablant, Lui qui
priait encore Dieu pour eux, de coups et d’insultes, ils L’entraînèrent.

XI

Afin que vous sachiez ce que voulait le peuple en criant : « Crucifie-le ! » je dois vous dire
qu’en ce temps-là, qui était un temps très cruel (rendons grâces à Dieu et à Jésus qu’il soit
passé !) on avait coutume d’exécuter les condamnés à mort en les clouant tout vifs sur une
grande croix de bois, plantée droit dans le sol, et de les laisser là, exposés au soleil et au vent,
jour et nuit, jusqu’à ce qu’ils meurent de souffrance et de soif. C’était la coutume aussi de les
faire aller jusqu’au lieu de l’exécution en portant la lourde croix de bois sur laquelle leurs
mains allaient être clouées, afin d’augmenter leur honte et leur souffrance.

Portant sa croix sur son épaule, comme le plus vulgaire et le plus misérable des criminels,
notre Sauveur béni, Jésus-Christ, entouré par la foule haineuse, sortit de Jérusalem pour aller
en un lieu appelé, dans le langage des Hébreux, Golgotha, c’est-à-dire la place du Crâne. Une
fois arrivés là, sur la colline du Calvaire, on lui enfonça de grands clous dans les mains et
dans les pieds, et on le cloua sur la croix, entre deux autres croix sur lesquelles agonisaient
deux voleurs. Au-dessus de la tête de Jésus, on attacha cet écriteau : « Jésus de Nazareth, le
roi des Juifs », en trois langues : en hébreu, en grec et en latin.
Cependant quatre soldats, assis à terre, se partageaient ses habits, qu’on lui avait ôtés. Ils en
firent quatre paquets et ils tirèrent au sort son manteau; et ils restèrent à bavarder et à rire
pendant qu’il souffrait. Il lui offrirent à boire du vinaigre mêlé de fiel et du vin mêlé de
myrrhe; mais il n’en voulut point prendre. Les méchants qui passaient près de lui se
moquaient, disant : « Si tu es le fils de Dieu, descends de la Croix ! » Les prêtres aussi le
raillaient et disaient : « Il est venu pour sauver les pêcheurs; qu’il se sauve lui-même ! » Et
même l’un des deux voleurs, malgré ses tortures, se moquait de lui : « Si tu es le Christ, lui
disait-il, sauve-toi et sauve-nous ! » Mais l’autre voleur, qui se repentait, dit : « Seigneur,
souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume ! » Et Jésus répondit : « Aujourd’hui,
tu seras avec moi au Paradis. »

Il n’y avait là, pour avoir pitié de lui, qu’un seul disciple et quatre femmes. Et Dieu bénit ces
femmes pour leur coeur fidèle et tendre. C’était Marie, mère de Jésus, et la soeur de Marie;
puis Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine, celle qui avait, par deux fois, essuyé les
pieds de Jésus avec ses cheveux. Le disciple était celui que Jésus aimait, Jean, qui s’appuyait
sur le coeur de Jésus, pendant le Dernier Repas, et lui avait demandé qui était le traître. Quand
Jésus les vit debout au pied de la croix, il dit à sa mère que, désormais, Jean serait son fils,
pour la consoler quand Lui serait mort. Et, à partir de ce moment, Jean lui fut en effet comme
un fils, et la chérit.

Vers la sixième heure, des ténèbres profondes et terribles couvrirent tout le pays et durèrent
jusqu’à la neuvième heure. Alors Jésus cria, d’une voix haute : « Mon Dieu ! Mon Dieu !
Pourquoi m’as-tu abandonné ! » Puis Il dit : « J’ai soif ». Les soldats, entendant ces mots,
trempèrent une éponge dans du vinaigre, l’attachèrent à un long roseau et la portèrent à sa
bouche. Quand Il eut pris le vinaigre, Il dit : « C’est fini ! » Puis Il s’écria : « Mon Père, je
remets mon âme entre tes mains ! » Et Il mourut.

Alors il y eut un terrible tremblement de terre; et le grand mur du Temple chancela; et les
rochers se fendirent. Les soldats, terrifiés, se dirent les uns aux autres : « Sûrement, cet
homme était le fils de Dieu ! » Et la foule de gens qui, de loin, regardaient la croix – il y avait
beaucoup de femmes – se frappèrent la poitrine et s’en retournèrent chez eux, pleins de
tristesse et de frayeur.

Le jour suivant étant le jour du Sabbat, les Juifs désiraient que les corps fussent ôtés de dessus
les croix; et ils en firent la demande à Pilate. Quelques soldats vinrent donc briser les jambes
des deux voleurs, pour achever de les tuer; mais, voyant que Jésus était déjà mort, ils se
contentèrent de lui percer le côté avec une lance. Il sortit de la blessure du sang et de l’eau.

Il y avait un homme juste appelé Joseph; il était d’Arimathie, une ville juive; et il croyait en
Christ. Il s’en vint trouver Pilate en secret, par peur des Juifs, et lui demanda la permission
d’emporter le corps de Jésus. Pilate y consentit. Joseph et un de ses amis, nommé Nicodème,
enveloppèrent le corps dans une toile avec des baumes, comme c’était la coutume en ce pays,
et ils l’ensevelirent dans un sépulcre, c’est-à-dire un tombeau, tout neuf. On avait creusé ce
sépulcre dans le roc, dans un jardin situé auprès du lieu de la Crucifixion, et personne n’y
avait encore été enseveli. Ils roulèrent une grosse pierre à l’entrée, et ils laissèrent là, pour y
veiller, Marie-Madeleine et l’autre Marie.

Les prêtres et les Pharisiens, se rappelant que Jésus avait dit à ses disciples qu’il ressusciterait
le troisième jour après sa mort, allèrent trouver Pilate et le prièrent de faire bien garder le
sépulcre jusqu’à ce jour, de peur, dirent-ils, que les disciples ne dérobent le corps et ne fassent
croire ensuite au peuple que Christ était ressuscité d’entre les morts. Pilate le leur accorda, et
on plaça une garde de soldats, pour surveiller le sépulcre, dont la pierre, pour plus de
précaution, fut scellée. Le sépulcre demeura donc bien gardé et scellé, jusqu’au troisième jour,
qui était le premier de la semaine.

Le matin de ce jour, à l’aube, Marie-Madeleine et l’autre Marie, et quelques autres femmes, se


rendaient au sépulcre, apportant des baumes qu’elles avaient préparés. Et elles se disaient
entre elles : « Comment pourrons-nous rouler la pierre ? » Pendant qu’elles étaient en chemin,
la terre trembla, et un ange, descendant du ciel, roula la pierre et s’y assit. L’ange brillait,
semblable à l’éclair, et son vêtement était blanc comme la neige. À sa vue, les soldats de
garde s’évanouirent de frayeur et tombèrent comme morts.

Marie-Madeleine vit que la pierre avait été roulée et, sans regarder davantage, elle courut vers
Pierre et Jean, qui arrivaient aussi et leur dit : « On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas
où on l’a mis ! » Ils coururent aussitôt au tombeau; mais Jean, qui était plus rapide, dépassa
les autres et y fut le premier. Il se courba et regarda à l’intérieur. Il vit que la toile, dans
laquelle le corps avait été enveloppé, gisait à terre, mais il n’entra pas dans le sépulcre. Quand
Pierre arriva, il entra et il vit, d’un côté, cette toile, et de l’autre, une serviette qui avait été
nouée autour de la tête. Jean entra aussi, et il vit la même chose; alors ils s’en retournèrent
chez eux, pour annoncer la nouvelle aux autres disciples.

Mais Marie-Madeleine resta au seuil du sépulcre en pleurant. Au bout d’un moment, elle se
courba et regarda à l’intérieur, et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à l’endroit où avait
reposé le corps du Christ. Ils lui dirent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle répondit
« Parce qu’on a emporté mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. » En parlant ainsi, elle
se retourna et vit Jésus debout derrière elle; mais, tout d’abord, elle ne le reconnut pas.
« Femme, lui dit-il, pourquoi pleures-tu ? Que cherches-tu ? » Elle, croyant que c’était le
jardinier, dit : « Monsieur, si c’est vous qui avez enlevé d’ici mon Seigneur, dites-moi où vous
l’avez mis, que je le reprenne. » Jésus prononça son nom : « Marie ! » Alors elle le reconnut
et s’écria, en s’élançant vers Lui : « Maître ! »

« Ne me touche pas, dit le Christ, car je ne suis pas encore monté vers mon Père et ton Père,
vers mon Dieu et ton Dieu. »

Marie-Madeleine alla raconter aux disciples qu’elle avait vu le Christ, et ce qu’Il lui avait dit.
Elle trouva parmi eux les femmes qu’elle avait laissées près du tombeau quand elle avait
couru vers Pierre et Jean. Ces femmes dirent qu’elles avaient vu au sépulcre deux hommes
aux habits resplendissants, devant qui, saisies de peur, elles s’étaient prosternées; mais ils leur
avaient annoncé que le Seigneur était ressuscité. Et, comme elles s’en retournaient pour le
dire aux autres disciples, elles avaient vu le Christ, sur le chemin, et lui avaient touché les
pieds, en l’adorant. Mais les apôtres n’ajoutèrent aucune foi à ces récits, et n’y virent que du
bavardage.

Quant aux soldats de garde, après être revenus de leur évanouissement, ils allèrent trouver les
prêtres pour raconter ce qu’ils avaient vu; mais on les fit taire en leur donnant beaucoup
d’argent, et on leur ordonna de dire que les disciples avaient profité de leur sommeil pour
dérober le corps.

Mais il advint que, ce même jour, Simon et Cléopas, – Simon, l’un des douze apôtres, et
Cléopas, l’un de ceux qui suivaient Jésus – étaient en route vers un village appelé Emmaüs, à
une petite distance de Jérusalem. Ils s’entretenaient de la mort de Jésus et de sa résurrection,
quand ils furent rejoints par un étranger qui se mit à leur expliquer les Écritures et à leur
parler de Dieu, de telle sorte qu’ils furent émerveillés par sa science. Comme il faisait nuit
noire quand ils arrivèrent au village, ils prièrent cet étranger de demeurer avec eux; et il y
consentit. Quand ils furent assis tous les trois à souper, l’étranger prit du pain, le bénit et le
rompit, comme avait fait Christ au Dernier Repas. Pleins d’étonnement, ils le regardèrent, et
virent que son visage s’était transformé et que c’était Christ lui-même. Tandis qu’ils Le
regardaient, Il disparut.

Aussitôt, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent les disciples assemblés, et
leur dirent ce qu’ils avaient vu. Pendant qu’ils parlaient, Jésus apparut soudain au milieu des
disciples et dit : « La paix soit avec vous ! » Voyant leur grande frayeur, Il leur montra ses
mains et ses pieds, et les invita à le toucher. Pour les encourager et leur donner le temps de se
calmer, Il mangea devant eux un peu de poisson bouilli et un petit morceau d’un rayon de
miel.

Mais Thomas, l’un des douze apôtres, n’était pas alors parmi eux; et quand les autres, un peu
plus tard, lui dirent : « Nous avons vu le Seigneur ! » il répondit : « A moins de voir les trous
des clous dans ses mains et de mettre ma propre main dans son côté, je n’y croirai pas ! » A ce
moment, bien que toutes les portes fussent fermées, Jésus apparut de nouveau, debout au
milieu d’eux, et dit : « La paix soit avec vous ! » Puis Il dit à Thomas : « Approche ici ton
doigt et touche mes mains; et approche ici ta main, et mets-la dans mon côté; et ne doute plus,
mais crois ! » Et Thomas répondit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Alors Jésus dit :
« Thomas, parce que tu m’as vu, tu as cru. Bienheureux soient ceux qui ont cru sans voir ! »

Un autre jour, Jésus se fit voir à cinq cents de ceux qui le suivaient avant sa mort; et il
demeura avec d’autres quarante jours, les instruisant afin qu’ils pussent aller à travers le
monde prêcher son évangile et sa religion, sans s’inquiéter du mal qu’on pourrait leur faire.

À la fin, emmenant ses disciples hors de Jérusalem, jusqu’à Béthanie, Il les bénit et monta au
ciel sur une nuée, et Il prit sa place à la droite de Dieu. Tandis que les disciples regardaient
encore l’azur brillant où Il avait disparu, ils virent deux anges vêtus de blanc qui leur dirent :
« De même que vous avez vu Christ monter au Ciel, de même Il en descendra un jour pour
juger les hommes. »

Quand Jésus eut cessé de leur apparaître, les apôtres commencèrent à instruire le peuple,
comme Il le leur avait commandé. Ayant choisi un nouvel apôtre, Matthias, pour remplacer
Judas le mauvais, ils errèrent à travers toutes les contrées, racontant la vie et la mort de Jésus,
sa crucifixion et sa résurrection, et ce qu’Il avait enseigné, et baptisant en son nom. Par le
pouvoir qu’Il leur avait donné, ils guérissaient les malades, rendaient la vue aux aveugles, la
parole aux muets et l’ouïe aux sourds, comme Lui-même avait fait. Pierre, ayant été jeté dans
une prison, en fut délivré, au milieu de la nuit, par un ange; et, une autre fois, Pierre ayant
attesté devant Dieu qu’un homme, nommé Ananias, et sa femme, Séphira, avaient menti, cet
homme et cette femme tombèrent, frappés de mort.

Partout où ils allaient, ils étaient persécutés et traités cruellement. Il y avait un homme nommé
Saul, entre les mains de qui des cruels, un jour qu’ils lapidaient le Chrétien Etienne, avaient
déposé leurs habits. Ce Saul se montrait acharné contre les chrétiens; mais Dieu changea son
coeur. Comme il était sur la route de Damas, où il allait emprisonner des chrétiens, une
lumière éclatante lui apparut dans le ciel et une voix s’écria : « Saul ! Saul ! Pourquoi me
persécutes-tu ? » Une main invisible le jeta à bas de son cheval, en présence des gardes et des
soldats qui voyageaient avec lui. Quand ils le relevèrent, ils virent qu’il était devenu aveugle;
et il resta ainsi trois jours, sans boire ni manger, jusqu’à ce qu’un chrétien, envoyé par un
ange, vînt et lui rendit la vue au nom de Jésus-Christ. Dès lors, il se fit chrétien, prêcha et
enseigna avec les apôtres, plein de foi, et faisant beaucoup de bien.

Ils prirent le nom de Chrétiens, du nom de Christ, notre Sauveur; et ils portèrent comme signe
de leur foi une croix, parce que, sur une croix, Christ avait souffert la mort. Les religions, en
ces temps-là, étaient fausses et brutales, et encourageaient les hommes à la violence. On tuait,
dans les temples, des bêtes et même des hommes, en espérant que l’odeur de leur sang était
agréable aux dieux – car on croyait qu’il y avait un grand nombre de dieux – et l’on célébrait
beaucoup de cérémonies cruelles et répugnantes. Malgré cela, et bien que la religion
chrétienne fût si vraie, si douce et si belle, les prêtres des anciennes religions persuadaient à
leurs fidèles de faire le plus de mal possible aux chrétiens. Et les chrétiens, pendant de
nombreuses années, furent pendus, décapités, brûlés, enterrés vifs, dévorés dans les cirques
par des bêtes féroces, pour l’amusement du public. Mais rien ne pouvait les faire taire ou les
épouvanter; ils savaient que, s’ils faisaient leur devoir, ils iraient au ciel. Ainsi des milliers et
des milliers de chrétiens se répandirent partout et prêchèrent, et moururent cruellement, suivis
par d’autres chrétiens, jusqu’à ce que, petit à petit, leur religion devînt la grande religion du
monde.

Souvenez-vous ! c’est être chrétien que de faire toujours du bien, même à ceux qui vous font
du mal. C’est être chrétien que d’aimer notre prochain comme nous-même, et de faire à tous
les hommes ce que nous voudrions qu’ils nous fassent. C’est être chrétien que d’être doux,
compatissant et miséricordieux, et de garder ces vertus bien paisiblement, au fond du coeur,
sans jamais en faire parade, pas plus que de nos prières ni de notre amour de Dieu : Montrons
que nous l’aimons, en essayant humblement de bien agir en toute chose. Si nous faisons ainsi,
et si nous nous rappelons la vie et les leçons de Notre Seigneur Jésus-Christ, en tâchant de
suivre son exemple, nous pouvons espérer de tout notre coeur que Dieu nous pardonnera nos
péchés et nos erreurs, et nous aidera à vivre et à mourir en paix.

FIN

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