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1. Le progrès technique
Il peut être défini comme l’ensemble des modifications qui affectent les procédés de production et la nature des biens
réalisés permettant ainsi :
• soit de desserrer des goulets d’étranglement limitant la production : au XIX° siècle, le développement des chemins
de fer a permis d’écouler une production en particulier agricole qui sans cela ne l’aurait pu.
• soit de produire des marchandises nouvelles ou de meilleure qualité (ex : le CD ou la photocopieuse)
• soit d’augmenter les gains de productivité des facteurs de production grâce à l’introduction de nouveaux procédés,
des machines plus performantes
Remarque : les trois objectifs peuvent être recherchés simultanément, ils ne sont distingués que pour mieux caractériser le terme
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les termes invention et innovation ne sont pas synonymes :
a. définition de l’invention
« L’invention, est la découverte d’un principe nouveau ou d’un produit nouveau qui ne sont pas toujours susceptibles
d’applications pratiques» .On considère généralement que l’invention se décompose en deux phases :
• la recherche fondamentale qui a pour objectif de dégager les lois qui régissent les phénomènes qu’étudie la
science : par exemple la théorie de la relativité d’Einstein
• la recherche appliquée : qui elle vise un but déterminé en s’appuyant sur les résultats de la recherche
fondamentale : les inventeurs cherchent alors à mettre au point des procédés de production ou des objets
nouveaux qui pourraient être introduits dans le processus productif.
b. l’innovation
L’innovation correspondrait à la mise en application d’un principe théorique ou d’une idée nouvelle » (cf. l’ex de la
photocopie ). L’innovation va donc permettre de rendre économiquement viable l’invention, ce qui nécessite de
développer , c’est-à-dire de perfectionner les prototypes initiaux , puis de les commercialiser dans le modèle définitif. On
se situe donc au niveau de la recherche et développement (R et D)
Schumpeter qui est le premier économiste à s’être réellement intéressé à l’innovation distingue 5 grandes
catégories d’innovation :
• la fabrication d’un bien nouveau : automobile , ordinateurs
• l’introduction d’une nouvelle méthode de production : l’usine mécanisée ,l’usine robotisée , le taylorisme , le
fordisme , le toyotisme
• de nouvelles formes d’organisation : la fusion des sociétés , création de joint-ventures
• de nouvelles sources d’approvisionnement : le pétrole dans le golfe persique , le gaz à Groningue
• l’ouverture d’un nouveau débouché pour un produit donné par la découverte de nouvelles routes
commerciales ou de nouveaux marchés pour les achats et les ventes
Remarque : En réalité , les innovations de produits et de process ne sont pas aussi contradictoires qu’on pourrait le penser . Ainsi
, par exemple :
- l’amélioration des techniques de production engendre généralement une amélioration de la qualité des produits et
peut rendre rentable le lancement de nouveaux biens qui ne l’aurait pas été sans cela .
- Ford a appliqué simultanément et en complémentarité l’introduction d’une nouvelle méthode de production et
l’apparition d’un nouveau bien : la Ford T . Sans le fordisme , la Ford T n’aurait pas été rentable ; sans la Ford T ,
le fordisme n’aurait eu que peu d’utilité ( les Ferrari sont produites à petite échelle)
On distingue aussi :
- les innovations incrémentales , mineures ou progressives visent à apporter des améliorations techniques
ou économiques dans la production de biens ou de techniques déjà existantes : le show-view ou le PDC
pour le magnétoscope . Par cette innovation , l’entreprise cherche à accroître sa part de marché , mais la
concurrence n’en sera pas bouleversée . Les entreprises vont donc , face à la multiplication de nouvelles
innovations , développaient une stratégie de veille technologique qui vise à acquérir des informations sur
l’évolution des techniques , des produits afin de ne pas être dépassé par la concurrence .
- les innovations radicales ou majeures provoquent une rupture , un saut qualitatif dans les techniques
permettant de lancer de nouveaux produits ou techniques , donc de nouveaux marchés qui auparavant
n’existaient pas : l’invention de l’automobile , de l’avion à réaction , de l’ordinateur qui permet de
bouleverser la concurrence , mais qui en contrepartie comporte un risque d’échec important pour
l’entreprise , qui peut conduire celle-ci à refuser cette innovation , IBM a refusé le brevet de la
photocopieuse , considérée comme a priori non rentable .
Pour allez plus loin , allez sur d’Arsonval article du 20 juin innovation de l’économie française (insee) : ici
1. Définition
Dé fin ition : La productivité se définit comme le rapport entre une production et les facteurs de production nécessaires
pour assurer sa réalisation. On cherche par cela à mesurer l’efficacité du ou des facteurs de production utilisés
Mais au cours du temps la durée de travail peut varier, ce qui va fausser les calculs. On va alors mettre en place un
indicateur plus précis :
- la productivité horaire du travail= : quantité produite
effectifs x durée moyenne du travail
Remarque : comme l’indique P Combemale et A Parienty : « l’approfondissement de la division du travail aboutit à une
telle interdépendance dans le temps et dans l’espace que la notion de productivité partielle ou apparente d’un facteur
de production perd beaucoup de sa signification . » En effet , les gains de productivité du travail observés dans
l’industrie automobile résultent-ils d’une efficacité plus grande des travailleurs ou bien de l’introduction de la
robotisation et de nouvelles méthodes de production ? Il faudrait alors calculer une productivité globale des facteurs ,
mais se pose de nombreuses difficultés quant à la mesure de cette notion . Comment rendre homogène le travail et le
capital ? Comment prendre en compte des éléments aussi divers que les rapports humains , la norme , la culture , ... ?
On peut malgré tout calculer une
productivité globale des facteurs = Valeur de la production
Valeur des facteurs de production utilisées
Les sources d’accroissement de la productivité (7 p 40) : Une fois résolus les problèmes de mesure de la productivité
, il nous faut étudier les mécanismes qui en sont à l’origine . Deux mécanismes peuvent jouer :
- les économies d’échelle : plus la quantité produite augmente, plus le coût moyen diminue. Pour réaliser des
économies d’échelle, l’entreprise cherche à augmenter les quantités produites pour bénéficier notamment
d’un meilleur étalement des coûts fixes.
- l’augmentation de la productivité peut , en revanche , être obtenue sans pour autant accroître l’échelle de
production , c’est-à-dire les quantités produites . Augmenter la productivité consiste ainsi à produire
davantage avec la même quantité de facteurs ou bien à produire autant avec une moindre quantité de
facteurs . On peut alors se demander quels sont alors les effets de la productivité sur l’emploi (8 p 41)
En effet , « on compte d’abord en millions d’années , puis en millénaires , enfin en décennies » . L’exemple de l’informatique est
particulièrement représentatif .
Une seconde façon de mesurer l’accélération de l’histoire est de prendre en compte les temps séparant l’invention de l’innovation
, c’est-à-dire l’application industrielle de l’invention : « 112 pour la photographie , 56 pour le téléphone , 10 ans pour la télé , 3
ans pour le transistor ,il tourne autour d’un an pour la majorité des innovations actuelles ». On constate ainsi que le nombre
d’ann »es nécessaire pour qu’une innovation touche 25% de la population US a été de :
- 46 ans pour l’électricité introduite en 1873
- 55 ans pour l’automobile introduite en 1896
- 26 ans pour la télé qui arrive sur le marché en 1926
- 16 ans pour le micro-ordinateur qui date de 1975
- et seulement 7 ans pour internet.
B - LA PRODUCTIVITE (5 p 43)
Constat Quand on étudie la productivité du travail, on constate que les travailleurs sont beaucoup plus efficaces qu’ils ne l’étaient
au XIX° siècle . En 160 ans , la productivité du travail a été multipliée par 13 , ce qui semble bien être le signe du passage d’un
mode de croissance extensif à un mode de croissance intensif . Mais ce chiffre à lui tout seul ne permet pas de mesurer l’évolution
de la productivité :
Remarque 1 : le rythme de productivité a énormément varié en fonction des périodes . On peut distinguer 5 périodes :
- 1830- 1890 : la productivité augmente faiblement : 1% par an , c’est le signe d’un mode de croissance encore
largement extensif .
- la première rupture s’opère dans les années 1890 , quand on passe à un mode de croissance réellement intensif :
entre 1890 et 1930 , les gains de productivité progressent deux fois plus vite que dans la période précédente .
- la deuxième cassure résulte de l’entrée en crise et de la guerre : pendant 20 ans , les gains de productivité vont se
rapprocher de ceux obtenus au XIX° siècle . Mais ceci ne semble pas principalement du à une moindre efficacité du
travail , la cause serait plutôt à chercher du côté de l’affaiblissement du rythme de croissance de la production , du à
l’effondrement des débouchés pendant la crise .
- la quatrième période se caractérise , au contraire , par une accélération sans précédent des gains de productivité ,
qui , pendant 30 ans (30 glorieuses) , vont augmenter au rythme de 5 % par an .
- la cinquième période s’ouvre-t-elle aussi par une cassure : l’entrée en crise (73 et le choc pétrolier) et
l’affaiblissement des rythmes de croissance font que les gains de productivité ne progressent plus qu’au rythme de
2% par an .
Remarque 2 : comme nous l’avons dit précédemment, il peut être très utile de calculer en plus de la productivité du travail , la
productivité horaire du travail . En effet , depuis 160 ans la durée du travail a énormément baissé . La productivité horaire du
travail ( multipliée par 25 ) progresse donc beaucoup plus vite que la productivité du travail ( x 13 )
Remarque 3 : la productivité apparente du travail est un indicateur insuffisant pour mesurer l’efficacité productive ; il paraît
alors intéressant de mesurer la productivité globale des facteurs . En effet , les innovations s’étant multipliées : « la reprise de la
croissance économique , à partir des années 1890 , et surtout celle des 30 Glorieuses se sont accompagnées - dérivent en fait-
d’une très forte accélération du rythme du progrès technique » . La rupture que l’on observe depuis 1973 semble moins due à une
diminution du progrès technique qu’à une réduction du rythme de croissance du PIB .
Remarque 4 : Selon P Morin l’économie française serait passée d’une économie en rattrapage à une économie de
frontière :8p335
1. Le rôle de l’offre
- comme les individus sont motivés par le profit , ils n’innoveront que si les fruits de l’innovation leur reviennent .
Un système de droits de propriété doit être alors mis en place pour protéger les innovations ( exemple : brevet )
- plus une société aura un système de droits de propriété élaboré , plus les innovations seront nombreuses , plus
la croissance économique sera forte
- l’Etat doit alors développer une politique ciblée :
• Réduire les prélèvements obligatoires des innovateurs pour accroître leur profit et les inciter à innover
• Mettre un place une protection des innovations
les explications :
- Il est alors amené à se demander pour quelles raisons, la France et l’Espagne, qui étaient
alors des puissances politiques de premier plan n’ont pas connu d’augmentation durable du
niveau de vie de leur population .
- A cela il répond : « les anciennes provinces espagnoles et la GB étaient alors les deux
nations européennes les plus en avance dans la définition d’un système d’institution et de
droit de propriété permettant d’exploiter de façon efficace les motivations individuelles
pour assurer l’orientation des capitaux et des énergies vers les activités socialement les
plus utiles . »
- En effet, « la croissance économique trouve fondamentalement sa source dans
l’abaissement de l’ensemble des coûts de fonctionnement de la société. Autrement dit il ne
suffit pas qu’un marché existe pour que de nouvelles possibilités de débouchés et
d’économies d’échelle apparaissent , ou encore qu’une invention vienne révolutionner la
technologie , pour que ces éléments se transforment en un surplus de croissance .
- De quoi dépend alors leur motivation ? De l’importance des gains que la saisie de ces
opportunités leur procurera par rapport à la situation qui était la leur avant de les exploiter.
Et de quoi dépendent ces gains ? De deux choses :
• des coûts que les agents économiques encourent dans leur processus de
réalisation des opportunités ouvertes ;
• mais aussi du système de droits de propriété qui détermine de quelle façon
s’effectue au sein du corps social, le partage des gains de productivité
dégagé par l’initiative des innovateurs ( ...)
Le rôle de l’Etat :
- selon les théoriciens du droit de propriété afin de favoriser l’innovation, l’Etat doit
intervenir, mais seulement: en créant des conditions favorables à l’innovation, par exemple
le droit des brevets.
- Par contre, l’augmentation des impôts et des prélèvements divers en réduisant le gain de
l’innovateur va freiner son incitation à innover et par-là, la croissance économique que
pourrait connaître le pays . H.Lepage traduit cela par : « plus la divergence est grande
entre le gain personnel de l’innovateur et son apport social, moins l’individu est motivé
pour courir les risques associés à l’effort d’innovation, la société se prive ainsi de gains dont
elle aurait pu bénéficier si elle s’était montrée plus généreuse dans le partage de la plus-
value ( en faveur des innovateurs ) » .
- Cette théorie peut permettre de justifier des inégalités de répartition très importantes, car
elle accroît l’efficacité économique et donc à terme le bien-être de toutes les classes de la
population.
- définition : l’entrepreneur de Schumpeter n’est pas l’entrepreneur néo-classique . Celui-ci se contente de reproduire les mêmes
comportements dans une économie de concurrence pure et parfaite . En revanche , chez Schumpeter , l’entrepreneur est un être
solitaire , à part , capable de bouleverser les structures de production
Pour en savoir plus sur la conception de l’entrepreneur de Schumpeter , cliquez ici :
Critique de l’analyse marxiste des classes : contrairement à ce que dit Marx, selon Schumpeter
les entrepreneurs ne constituent pas une classe sociale, ils sont au contraire isolés.
L’opposition entre l’entrepreneur et le gestionnaire :
- « le rôle de l’entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production
(... ) ; pour surmonter les résistances du milieu, des aptitudes sont nécessaires qui
n’existent que sur une faible fraction de la population et qui caractérise à la fois le type et
la fonction d’entrepreneur » ( Schumpeter ).
- En effet, on peut constater avec Schumpeter, que la majorité des entrepreneurs ne sont pas
des entrepreneurs mais des gestionnaires qui ont pour but de gérer leurs entreprises de
manière routinière dans une économie de concurrence pure et parfaite.
- Au contraire, dans l’analyse de Schumpeter, l’entrepreneur est l’individu qui va venir
bouleverser les conditions de concurrence, donc qui va remettre en cause des conditions
acquises. Il se heurte alors à une certaine hostilité des autres entrepreneurs. La position de
l’entrepreneur dans le système économique schumpétérien est donc ambigu :
+ il est à la fois la source de la croissance économique par ses innovations
+ mais en même temps c’est souvent un solitaire incompris de ses contemporains
: « les bouleversements techniques perturbent l’activité économique (…)A court terme, la
vague de progrès technique est surtout facteur d’instabilité ». Il arrive donc fréquemment que
les innovations soient dans un premier temps rejeter, comme le montre le doc.14 p 96 « avec
l’introduction de la machine, c’est tout l’équilibre du système corporatif qui s’écroule » . Ce qui
conduit les ouvriers à détruire les machines qui pensent-ils leur prennent leur emploi.
En réalité , comme l’indique D.Guellec , les modèles IBM et Silicon Valley ne sont pas contradictoires mais complémentaires .
En effet , : « il y aurait ainsi deux modèles d’entreprises innovatrices , jouant l’un sur la souplesse , l’autre sur les économies
d’échelle » .Il n’en reste pas moins vrai que « la proportion des entreprises innovantes croit avec la taille des entreprises : de
30,5 % pour les plus petites à 90,5 % pour celles employant plus de 2000 personnes ». En effet , dans certains secteurs comme
celui de l’automobile , une taille minimale ( dit taille critique ) est requise pour pouvoir lancer l’innovation , ce qui explique la
concentration croissante de ce secteur .
2. Le rôle de la demande
Dans l’analyse keynésienne , le progrès technique est largement déterminé par l’augmentation et les transformations de la
demande
- En effet, de nombreux exemples tendent à prouver qu’un ordre important d’innovations sont le résultat des
demandes préalables à laquelle les innovateurs tentent d’apporter une réponse. On sait ainsi que Pasteur a
commencé ses travaux sur les levures pour répondre à une demande de brasseurs de bière, que le premier
ordinateur a été conçu pour répondre aux besoins de l’armée américaine qui voulait gérer ses stocks.
- On sait, de plus, qu’il existe une relation entre l’investissement et l’innovation : plus l’investissement est élevé,
plus les innovations seront nombreuses . Or, c’est dans les périodes de forte croissance de la demande que les
investissements progressent plus vite ( modèle de l’accélérateur ) et que les entreprises vont être incitées à lancer de
nouveaux produits afin de répondre aux besoins des consommateurs .
3. Le rôle des facteurs socio-économiques
Schumpeter a trop insisté sur les caractéristiques individuelles de l’entrepreneur , n’a pas assez tenu compte du contexte socio-
économique , mais aussi culturel ( dans certaines sociétés , le système de valeurs est un frein à l’innovation ) qui influencent les
choix individuels. Ainsi l’exemple de la révolution MEIJI nous montre bien que celle ci ne s’est pas réalisée sur la base de
valeurs individualistes mais tout au contraire s’est opérée dans le cadre d’une structure féodale.
Pour un exemple comparant l’utilisation du charbon en France et enGrande-Bretagne au XIX° siècle , cliquez ici :
Les explications : Cela signifie-t-il qu’en France, il n’y ait pas eu d’entrepreneurs dynamiques capables d’innover? La réponse se
trouve ailleurs :
- En effet, l’adoption du coke en GB semble avoir résulter principalement de l’existence de goulets d’étranglement :
suite à l’épuisement des forêts , le prix du charbon de bois a fortement augmenté , incitant les entrepreneurs anglais
à trouver un produit de substitution , donc à innover .
- Dans le même temps en France, les conditions économiques étaient radicalement différentes : le charbon
d’extraction difficile était coûteux , son transport onéreux par manque de moyens de communication , alors que la
production de fonte était disséminée sur le territoire ; les producteurs étaient souvent de grands propriétaires
terriens qui disposaient de bois en grande quantité donc d’une matière première à faible coût ( d’autant plus que les
salaires étaient faibles ) .
- De ce fait , les entrepreneurs français n’ont pas été incités à remplacer le charbon de bois par du coke , bien qu’ils
ne soient pas moins performants . En effet, on constate que, dès que le besoin s’en est fait sentir, à partir de 1840,
l’utilisation du coke s’est généralisée.
-
1. Le progrès technique et les innovations : les grands absents des théories traditionnelles de la
croissance
Postulat de base : La tradition néo-classique se situe dans le cadre d’une économie de concurrence
pure et parfaite :
- C’est-à-dire que les hypothèses du modèle de cpp sont respectées
• en particulier l’hypothèse d’homogénéité des biens ( tous les biens sont
substituables )
• d’atomicité ( personne ne dispose d’une position suffisante pour pouvoir
influencer le marché et fixer les prix) .
- Dans ce contexte, grâce à la concurrence , l’économie de marché débouche sur une
situation optimale , c’est-à-dire qu’aucun producteur ne peut améliorer l’efficacité avec
laquelle il produit .
- Ce postulat posé, la croissance ne peut résulter que d’une augmentation des quantités de
facteur de production : capital et travail utilisés pour la réaliser. On parle alors de croissance
extensive. En effet, la loi des rendements décroissants indique bien que la productivité
marginale d’un facteur diminue à mesure que les quantités utilisées de ce facteur
augmentent. A terme, la croissance économique va se réduire et l’on débouchera
inéluctablement sur une économie stationnaire.
Les insuffisances du modèle néo-classique : On se rend bien compte que ce modèle n’est pas
conforme à ce que l’on observe dans la réalité :
- En effet, comme l’a indiqué Schumpeter, ce qui est à l’origine de la croissance c’est
l’innovation or l’innovation est la grande absente du modèle néo-classique qui est basé sur
un état des techniques de production données
- La théorie néo-classique semble d’autant moins utilisable qu’elle postule la concurrence
uniquement par les prix . Or, la stratégie des entrepreneurs est de se détacher de la
concurrence par les prix en différenciant leur produit , en les rendant non substituables . Un
moyen efficace pour y arriver est d’innover : l’entrepreneur dispose alors d’un brevet qui lui
garantit pour une certaine durée une position de monopole ( rejet de l’hypothèse
d’atomicité ) qui lui permet de fixer les prix .
Pour voir les statistiques montrant le rôle du progrès technique sur la croissance , cliquez ici :
Un constat : Les auteurs néo-classiques, en particulier Solow et Denison ont été amenés à prendre en
compte le rôle du progrès technique. En effet, comme l’indique l’exemple français décrit par Carre,
Dubois et Malinvaud :
• sur les 5,9 % de croissance annuelle moyenne qu’a connu le PIB français
entre 1951 et 1973, 0,3% résulte des quantités d’emplois ,1,6% du facteur
capital , reste un résidu inexpliqué de 3 % qui représente donc plus de la
moitié du total
• pour la période 1990-1998 le taux de croissance annuel réel est de 1.6% : la
contribution du travail représente 0 .69, celle du travail 0.14, le résidu 0.76
c'est-à-dire la moitié du total.
• La théorie traditionnelle est donc mise à mal.
La dynamique économique vue par Schumpeter est très tourmentée , à l’opposé du modèle néo-
classique d’équilibre de croissance et de concurrence impure et parfaite » .
En effet , Schumpeter a une vision cyclique de l’activité économique :il va reprendre l’apport de
Kondratieff qui avait mis en évidence l’existence de mouvements longs de cycles d’une durée
approximative de 50 ans . Schumpeter va être amené à distinguer 2 phases :
- la phase A ou phase d’expansion durant laquelle l’économie va s’écarter de l’équilibre initial . En effet
, les innovations vont remettre en cause la structure du marché : les entreprises qui ont innové , par le
lancement d’un nouveau produit ou d’un nouveau procédé , vont bénéficier d’une forte augmentation
de la demande , vont accroître leur production , faire des profits supplémentaires . Ceci va avoir deux
effets contradictoires mais complémentaires :
- la phase B : durant cette phase , il ne se produit plus que des innovations mineures ou incrémentales
, le progrès technique se généralisant peu à peu , le dynamisme économique diminue , la croissance
économique chute ,on rentre alors dans une phase de récession .
Néanmoins, si les analyses de Schumpeter sont séduisantes , elles sont difficiles à confirmer :
- en particulier l’hypothèse de régularité des cycles est très fragile . En effet , on ne constate
pas obligatoirement de cycle de progrès technique , en particulier de chute du progrès
technique durant les phases de récession .
- Au contraire , l’auteur en vient à inverser la relation de causalité : ce n’est plus la crise qui
favoriserait l’introduction du progrès technique , c’est au contraire le progrès technique qui
en s’accélérant dévaloriserait les secteurs anciens et bouleverserait donc la structure de
production .
- Aujourd’hui , la thèse de Schumpeter est considérée comme trop simpliste . En effet , si elle
a mis en évidence le rôle du progrès technique , elle est considérée comme faisant preuve
d’un déterminisme technologique moniste ( c’est-à-dire qu’elle fait appel à un seul facteur )
en particulier elle sous-estime les conditions qui vont permettre l’émergence du progrès
technique : le système de valeurs , les interventions publiques ( Schumpeter surestime le
rôle de l’entrepreneur)
La croissance endogène : une synthèse : « les théories nouvelles de la croissance ,dans un cadre
d’équilibre général néo-classique ont reprise certaines idées de Schumpeter. » :
- de Schumpeter , elles retiennent « à la fois le rôle considérable du progrès technique dans
la croissance de long terme et son caractère endogène » .
- des néo-classiques , elles retiennent les effets externes qui vont conduire à des
apprentissages non intentionnels qui vont faire bénéficier la collectivité de rendements
croissants et générer une croissance économique de long terme .
Selon Romer à long terme la croissance ne dépend pas du taux d’investissement, mais du progrès
technique qui est d’autant plus intense que le nombre de chercheurs est élevé et que le stock de
connaissances est important.
Le rôle des effets externes : Les effets externes passent par l’intermédiaire de plusieurs canaux :
- la R-D est la source de deux externalités essentielles :
• les chercheurs sont d’autant plus productifs que le stock des connaissances
accumulées est déjà important ; chaque entreprise bénéficie donc
gratuitement des efforts de recherche ayant débouché sur l’accumulation des
connaissances menée par les agents économiques du pays : Isaac Newton
disait « j’ai vu plus loin parce que j’étais assis sur les épaules de géant »
• le progrès technique représente un coût fixe . En effet , quelle que soit la
production vendue , les dépenses engagées par l’entreprise afin d’innover
seront identiques . Dès lors , plus l’entreprise bénéficie de débouchés
croissants , plus les économies d’échelle dont elle bénéficiera seront
importantes . L’entreprise en profitera certes pour augmenter ses profits ,
mais elle les répercutera aussi dans une baisse des prix . Les entreprises qui
acquièrent des machines bénéficient donc « de l’intégralité de la technologie
alors qu’ils n’en paient qu’une fraction du coût » ; Dans le cas d’un logiciel le
coût de reproduction est quasiment inexistant (un cd rom)
- la pratique : « c’est alors l’apprentissage qui est le mécanisme de la productivité ,
l’augmentation du savoir dépend de l’investissement cumulé » . Dans un pays , les
capacités d’innovation résultent non seulement de l’effort d’innovation réalisé par chaque
entreprise , de la diffusion de l’innovation et des effets d’apprentissage qui en résultent,
mais est aussi fonction des interactions qui existent entre les efforts de recherche menée
par les différentes entreprises ou par l’Etat qui bénéficie gratuitement à l’ensemble de la
collectivité.
- Le capital humain comme l’a théorisé E Lucas le capital humain va être à l’origine
d’externalités positives.En effet les individus formés sont plus performants, font bénéficier
ceux qui travaillent avec eux de leur savoir et contribuent donc à accroître la productivité. Il
existe même un processus cumulatif de croissance : chacun est d’autant plus efficace , a
une productivité élevée et des connaissances plus développées que le milieu dans lequel il
évolue est lui-même d’un haut niveau en capital humain ,avec des personnes exigeantes.
Remarque 2 : Si la recherche fondamentale relève du secteur public afin que chacun puisse librement
accéder à ses résultats, le changement technique, selon P Romer sera d’autant plus intense que :
- les innovateurs en espèrent un profit élevé, le progrès technique ne tombe pas du ciel , il
est produit et son niveau de production dépend de la rémunération attendue sous forme de
droits de propriété, donc de rente de monopole ce qui implique une concurrence imparfaite.
Or selon Romer le marché ne rémunère pas suffisamment les externalités de connaissances
générées par le progrès technique.
Plus de détails , cliquez ici :
La rente privée que perçoit l’innovateur (les droits issus du brevet) est bien inférieure aux bénéfices
sociaux que la population en retire (ex : la découverte d’un nouveau vaccin) . Le marché qui ne
rémunère pas assez les innovateurs risque alors de freiner l’effort de R et D par rapport à ce qu’il
devrait être pour assurer une croissance économique plus forte.
- La responsabilité de l’Etat est alors selon Romer de veiller à une fiscalité compensatrice
(moindre taxation des bénéfices issus de l’innovation), de ne pas décourager les
innovateurs sous prétexte de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles et de mettre en
place des infrastructures (en particulier juridiques) qui encouragent la R et D.
conséquences : Dès lors , l’effort de R-D des PVD est faible , ce qui accroît l’écart entre les PDEM et
les PVDet donc le différentiel de croissance, et finalement creuse les inégalités .
Solutions : Certains auteurs sont alors favorables à un transfert de technologie des pays riches vers
les PVD afin de constituer un capital de connaissances au départ ; d’autres leur répondent qu’il faut
encore que ces technologies soient adaptées au pays(cf thèse des technologies appropriées : chapitre
mondialisation)
Le paradoxe Américain :
- En apparence les EU sont un modèle de pays libéral .En réalité , l’intervention de l’Etat , en particulier par le biais
de la recherche militaire , est considérable .L’Etat va donc orienter l’effort de recherche mené par les entreprises
( cf. le programme pour aller sur la lune de Kennedy , programme guerre des étoiles de Reagan, le rôle du
pentagone dans le lancement d’internet )
- Néanmoins , ceci n’empêche pas que les entreprises exercent un rôle important dans la recherche , en particulier
dans son orientation . Alors qu’en France , les chercheurs se consacrent principalement à la recherche
fondamentale qui ne comporte pas véritablement de débouchés économiques , aux EU , les chercheurs en
particulier dans les universités sont associés aux entreprises , créent des entreprises et font de la R-D qui débouche
sur la production de biens innovants .
2 - le modèle japonais
Dans les années 50 , les Japonais copient l’occident ; dans les années 60 , ils améliorent les produits occidentaux par des
innovations mineures ; à partir des années 70 , les innovations incrémentales se sont développées . La force du Japon repose donc
sur 4 points
- un effort de formation de la main-d’œuvre très important
- comme pour l’Allemagne , une des chances du Japon a été de se voir interdire après la guerre de 39-45 de mener
des recherches militaires qui , étant secrètes n’irriguent pas le tissu économique ( handicap de la France et des EU).
Le Japon a pu alors se concentrer sur la recherche civile et déposer des brevets profitant directement aux entreprises
- un effort de R-D résultant d’un taux d’épargne très élevé
- le MITI : le Ministère de l’Industrie va coordonner l’action de recherche des entreprises en orientant l’effort de
recherche vers les marchés qui sont les plus porteurs , c’est-à-dire que le MITI ne se substitue pas aux entreprises ,
mais qu’il vient en complément des entreprises en gouvernant par ce que l’on a appelé l’administration guidance
qui est basée sur des mesures incitatives .
3 - le modèle européen
La recherche européenne est relativement peu performante (cf. l’informatique française) . Ceci résulte essentiellement de 2
tendances :
- chaque pays européen a voulu développer sa propre recherche , ses propres normes technologiques afin de
bénéficier de champions nationaux qui pourraient être compétitifs sur le marché mondial . Ceci se traduit au niveau
européen par des déséconomies d’échelle : plusieurs pays menant la même recherche et arrivant séparément au
même résultat
- chaque pays a voulu être présent partout : les efforts de recherches ont donc été dilués . Or ,plus la taille est
restreinte , plus l’effort de recherche doit être concentré , ce qui nécessite une spécialisation sur des créneaux .
conséquences : Face à cette situation d’échec relatif , 2 tendances peuvent être anticipées :
- le modèle anglais à l’époque de Thatcher ultra libéral : qui conduit à une retraite pure et simple : l’Etat diminuant
son effort de recherche et le déléguant aux entreprises étrangères , ce qui à terme nuirait à la compétitivité du pays
- poursuivre les efforts de recherche , mais non plus au niveau national , au niveau européen , ce qui permettrait de
mobiliser des capitaux beaucoup plus importants ( d’où économies d’échelle ) , d’éviter une concurrence inefficace ,
permettrait de lutter à armes égales avec les Américains , mais nécessiterait de la part de chaque pays un effort de
spécialisation , c’est-à-dire l’abandon de certains créneaux , une division internationale de la recherche et de la
production s’opérant au niveau européen .L’égoïsme de chaque pays conduit au pessimisme ; par contre , l’exemple
d’Airbus ou le développement des accords entre firmes européennes, les mouvements de concentration permettent
d’être plus optimistes
- périodisation :
• première période : 70-79 : la part des dépenses de RD stagne au Japon et en France autour de 1,8
, se stabilise en Allemagne autour de 2,2 , chute aux USA de 2,8 à 2,3 %
• deuxième période : 79-85 : en France , il progresse de 1,8 à 2,3 ( +0,5 point), au Japon de 1,8 à
2,6 ( +0,8 point ) , en Allemagne de 2,2 à 2,8 ( +0,6) et aux EU la tendance inverse puisque la
part regagne 0,5 point .On observe donc dans tous les pays une forte augmentation de l’effort de
recherche qui traduit le développement de la concurrence par l’innovation .
• troisième période : 85-90 : l’effort se stabilise aux USA et en Allemagne autour de 2,8 , le Japon
après une pause durant l’année 85 poursuit ses efforts et dépasse les EU et l’Allemagne ( 2,9 ) .
Quant en France , elle poursuit ses efforts mais reste en retard : son effort est seulement de 2,4%
du PIB .
• quatrième période durant les années 90 : la France accroit son effort et rattrappe le japon (3 % du
PIB EN 98), l’effort de recherche aux USA se stabilise à 2.8 % , mais chute en Allemagne (à
2.3%) et au RU ( 1.8%)
• En 2001, le RU consacre 1.9% de son PIB à la R et D, la France2.2, l’Allemagne 2.5, les USA
2.8, le Japon 3.1, la suède 4.3.
- taille du pays :Il faut néanmoins tenir compte de la taille du pays :
- Entre 70 et aujourd’hui :
• la part des brevets déposée par les Américains s’effondre puisqu’elle passe des trois quarts à la
moitié ,
• la perte américaine ne profite pas à la France et à l’Allemagne dont les parts stagnent
(respectivement 3 et 8 %) .
• Par contre le Japon voit sa postions augmenter très fortement puisque sa part est multipliée par 5
en 20 ans , ce qui traduit bien la très forte augmentation de l’effort de recherche de ce pays .
• plus inquiétant encore en 2001 la France dépose moins de brevets sur le marché US que Taiwan
(4456 contre 6545) alors qu’en 1981 la France en déposait 2281 et Taiwan seulement 87.
Remarque :L’OCDE propose un indicateur alternatif, appelé le « nombre de familles triadiques », qui correspond à des brevets
déposés simultanément auprès des principaux offices de brevets : Office européen des brevets (OEB), Office de brevets japonais
(JPO) et USPTO. Ces brevets sont donc le plus souvent des brevets de grande valeur
- Ceci se traduit , si l’on établit un test de la puissance technologique des grandes entreprises par le fait que :
• les 4 premières sont japonaises ,
• les quatre suivantes américaines ,
• la première européenne est douzième ( Philips ) ,
• la première allemande vingtième ,
• la première française (Thomson ) quarante-huitième .
- Néanmoins :
• les USA conservent une suprématie dans la recherche qui se traduit par un taux de couverture de
la balance des paiements technologiques très élevé : 394 % ,
• c’est à dire plus de 3,5 fois plus fort que celui des japonais.
• Surtout au cours des années 90 le dynamisme de la recherche américaine a été telle que l’avance
technologique dont bénéficie ce pays s’est accrue.
Conclusion : La situation de l‘Europe est inquiétante puisque la France , l’Allemagne et L’Italie ont une balance des paiements
technologiques déficitaires (leur taux de couverture étant inférieur à 1OO %)
2 – le financement de la R et D
Le financement de la R et D est très différent de celui de la recherche fondamentale car on se situe au niveau des innovations de
marché, la part du financement opérée par les entreprises va donc augmenter . On peut opposer trois modèles :
- la part de la R et D financée par les entreprises est supérieure à 70 % : Japon et Finlande
- la part de la R et D financée par les entreprises est comprise entre 60 et 70 % : Allemagne, Suède , USA.
- La part financée de la R et D financée par les entreprises est inférieur à 52% : France et RU.
B - DES MODELES DIFFERENTS .
Le progrès technique modifie l’emploi quantitativement ( le volume de l’emploi) et qualitativement ( la nature des emplois ) : à
court terme l’emploi diminue , mais à moyen terme les créations d’emploi sont dominantes : c’est le processus de la destruction
créatrice de Schumpeter . Mais cette création d’emplois s’opère dans d’autres secteurs avec d’autres qualifications : c’est la
théorie du déversement d’A.Sauvy .
Selon Schumpeter , le progrès technique est à l’origine d’un processus de destruction créatrice : de nouvelles méthodes de
production , de nouvelles sources d’approvisionnement , de nouveaux débouchés rendent caduques les anciennes techniques , ce
qui à court terme détruit des emplois à court terme , mais en crée à long terme . L’effet final dépend du type d’innovations
dominant : produits ou procédés .
Au XVIII° siècle , le mouvement luddiste en Grande-Bretagne , au XIX° siècle les canuts à Lyon cassent les métiers à tisser qu’ils
accusent de détruire les emplois . Cette idée se retrouve de manière récurrente : l’informatique est pour certains suspectée d’être
responsable du chômage .
2) Explications
Certaines innovation , sous certaines conditions peuvent générer une destruction d’emplois .C’est le cas des innovations de
processus qui , en entraînant une augmentation de la productivité vont à court terme réduire le nombre d’emplois
En effet , le nombre d’emplois dans un pays dépend du rapport production / productivité . En effet , la productivité = production /
nombre d’emplois , ainsi le nombre d’emplois = production / productivité . Si on fait l’hypothèse que la production reste
constante , plus la productivité augmente rapidement , moins on a besoin d’emplois puisqu’on peut produire davantage avec
moins d’emplois
Ce mécanisme de règle de 3 est certes juste en mathématiques , mais en économie , il faut tenir compte d’autres facteurs :
• les innovations ne sont pas seulement de procédés , mais aussi de produits
• la hausse de la productivité n’est pas obligatoirement affectée à la réduction du nombre d’emplois
• la hausse de la productivité génère des effets indirects qui vont compenser les effets directs sur l’emploi : la production
augmente
Les innovations de produits se traduisent par une création nette d’emplois . En effet , les entreprises mettent sur le marché des
biens nouveaux , ce qui incitent les ménages à les acheter puisqu’ils permettent de répondre à un besoin jusque là inexistant . Les
entreprises améliorent aussi leur compétitivité-qualité , ce qui leur permet de gagner des parts de marché à l’export
.Conformément à l’analyse de Keynes , cette hausse de la consommation se traduit par une augmentation de la demande , donc de
la production .Les entreprises embauchent alors de nouveaux salariés .
Ainsi , dans une période où les innovations de produits sont dominantes par rapport aux innovations de procédés , il y une
création nette d’emplois . Cet effet sera d’autant plus fort que les innovations de procédé peuvent créer aussi des emplois : cela
dépend de la manière dont sont affectés les gains de productivité
2) L’effet des innovations de procédé à long terme dépend de l’affectation des gains de productivité
Car l’augmentation de la productivité peut générer à long terme une augmentation du nombre d’emplois si les gains de
productivité sont biens répartis . 3 destinations possibles peuvent être mises en évidence : l’augmentation des revenus , la baisse
des prix , la baisse de la durée du travail .
Les différents effets du progrès technique sur l’emploi peuvent être résumés dans ce graphique :
Ces mécanismes ont été mis en œuvre lors des 30 Glorieuses qui est une période caractérisée par un fort progrès technique , mais
aussi par une situation de plein emploi ( taux de chômage autour de 2% ) : le progrès technique est certes à court terme
destructeur d’emplois mais aussi à long terme créateur .
Schumpeter a mis en évidence que dans le processus de destruction créatrice les emplois créés sont différents des emplois
détruits : ces emplois sont créés dans de nouvelles branches , avec de nouvelles qualifications .
Cette transformation structurelle s’explique d’après Fourastié-Clarke par les effets différenciés du progrès
technique selon les secteurs . En effet , le nombre d’emplois dans un secteur dépend de l’évolution comparée de
la production et de la productivité : si la demande et donc la production augmentent plus vite que la productivité ,
il y a création d’emplois ; dans le cas contraire , le nombre d’emplois dans la branche diminue .( cf fiche 2 ,
chapitre croissance-développement )
• Ainsi , dans l’industrie et l’agriculture , de nombreux progrès techniques ont été mis en place , ce qui a
permis une augmentation de la productivité dans l’agriculture . En revanche , la demande de produits
agricoles et industriels augmente très lentement , comme l’affirment les lois d’Engel : quand le revenu des
ménages augmente , ils améliorent certes leur consommation alimentaire et de biens , mais ils n’en
consomment guère plus .
• Avec le surplus de revenus , ils préfèrent acheter des services qui comblent des besoins jusque là
insatisfaits . La demande de services augmente donc rapidement , alors que la productivité augmente très
lentement .Car une grande partie des services ne peut connaître réellement du progrès technique : ce
sont les services dont la qualité repose sur une relation humaine . Augmenter la productivité conduirait à
diminuer le temps passé avec chaque personne et donc à détériorer la qualité du service.
Il y a donc déversement , comme l’affirmait A.Sauvy : le progrès technique détruit des emploi dans certains
secteurs , mais en crée dans d’autres . Parallèlement , ces emplois exigent une plus grand qualification .
B – Avec d’autres qualifications
L’influence du progrès technique sur la qualification des emplois est double : le progrès technique crée des emplois de plus en
plus qualifiés , mais d’un autre côté les qualifications pour les emplois traditionnels augmentent .
Le progrès technique détruit des emplois peu qualifiés , car la mécanisation et la robotisation visent à remplacer ces emplois .
Mais , de nouveaux emplois sont créés d’après A.Sauvy : il faut du personnel qualifié pour réparer et créer ces
machines . Il y a donc une translation vers le haut des qualification : des emplois peu qualifiés sont remplacés par
des emplois qualifiés .
En effet , on remarque tout au long du XX° siècle une accélération du progrès technique : le nombre d’innovations augmente très
rapidement et surtout le temps entre l’invention et l’innovation diminue . Ainsi ,la rapidité des changement suppose davantage
d’adaptabilité . Quel que soit le poste , même non qualifié , les individus doivent être capables de flexibilité , c’est-à-dire
s’adapter à des changements techniques : les machines sur lesquelles ils travailleront vont changer rapidement tout au long de
leur vie active . Plus ils disposeront de qualification générales , plus cette flexibilité sera possible .
Un article de A.Parienty et P.Combemale sur les conséquences actuelles du progrès technique sur l’emploi :
L'horreur technologique ?
Sommaire
Le rôle de la productivité
Une nouvelle révolution industrielle ?
par Arnaud Parienty, Pascal Combemale.
Le rôle de la productivité
(...) Il est évident que le progrès technique peut se traduire par des suppressions d'emplois, localement et à court terme : l'une de
ses fonctions n'est-elle pas d'économiser du travail ? Ainsi y a-t-il moins de conducteurs de diligences aujourd'hui que du temps
de Lucky Luke, mais probablement un peu plus de conducteurs de trains et de chauffeurs routiers.
Depuis les analyses de Schumpeter (2), la croissance apparaît en effet comme un processus de " destruction créatrice ". Engagée
dans un cycle de déstructuration-restructuration continuel, mais plus ou moins rapide, l'économie détruit et crée sans cesse des
entreprises, des activités, des emplois : ainsi, quatre millions d'emplois sont créés et détruits chaque année en France. Le progrès
technique est la principale source de la croissance (qui crée des emplois), en même temps que l'origine des gains de
productivité(3) (qui en suppriment). La bonne question est donc celle du solde de ce processus : les destructions l'emportent-elles
sur les créations ?
Pour les économistes, le progrès technique se manifeste par des innovations (purement techniques, mais aussi organisationnelles,
commerciales, financières, etc.) dont les conséquences, de façon très schématique, se résument ainsi :
• soit l'on produit la même chose qu'auparavant, mais plus efficacement (on économise du temps de travail, du temps de
machine, des matières premières, de l'énergie, etc., par unité produite) ;
• soit l'on produit quelque chose de nouveau, qui satisfait autrement un ancien besoin (télévision en couleur) ou crée un
nouveau besoin (baladeur). L'augmentation de la qualité, et donc de la valeur, pour une même dépense en travail, accroît
aussi la productivité.
Le problème est de savoir si les gains de productivité résultant de ces deux formes d'innovation vont se traduire par une
croissance suffisamment rapide de la production pour préserver l'emploi, ce qui n'a rien d'automatique. Pour le comprendre,
inspirons-nous d'un conte de fées d'Anton Brender (4). Soit une économie uniquement peuplée d'agriculteurs. Cinq exploitants
agricoles produisent avec cinq ouvriers agricoles de quoi nourrir leurs dix familles. La valeur de cette production est de 1 000
euros. Par un coup de baguette magique, la bonne fée accroît la fertilité de la terre, de sorte que le travail des cinq exploitants
suffit désormais à obtenir la même production. Si les exploitants refusent le partage du travail, les cinq ouvriers sont licenciés, les
cinq exploitants ont une production excédentaire que les ouvriers n'ont pas les moyens d'acheter, et tous maudissent la fée. Celle-
ci, vexée de ne pas avoir anticipé cet effet pervers, procure alors aux ouvriers agricoles des métiers et du fil leur permettant de
produire du tissu en quantité suffisante pour s'habiller et échanger le surplus contre les 500 euros de produits agricoles qu'ils
doivent maintenant acheter. Morale : les gains de productivité dans l'agriculture libèrent de la main-d'oeuvre pour le textile.
Si ce " déversement " de main-d'oeuvre d'une branche dans l'autre (selon l'expression d'Alfred Sauvy) s'effectue correctement, les
emplois créés compensent les emplois détruits et le niveau de vie de tous augmente. Mais il faut pour cela une fée qui fournisse du
capital aux ouvriers licenciés, leur donne l'idée d'un produit qui suscitera une demande et leur montre comment le produire (soit
de l'investissement, de l'innovation, de la demande et de la formation...).
Prolongeons le raisonnement. Le gain de productivité permet d'augmenter les revenus (salaires et/ou profits) ou de réduire les
prix de vente : dans les deux cas, il y a une création de pouvoir d'achat (des titulaires de ces revenus ou des consommateurs de ces
produits) qui stimule la demande, soit dans la branche d'où provient le gain, soit dans une autre (tout dépendant des élasticités
prix et revenus), donc aussi la production et l'emploi. Ce processus peut prendre du temps mais, jusqu'ici, le " déversement " des
emplois agricoles puis industriels vers l'industrie, puis les services, a permis de maintenir l'emploi. D'où une première
conclusion : toutes choses égales par ailleurs, trois conditions au moins doivent être réunies pour que l'emploi soit préservé quand
il y a progrès technique :
• que la croissance de la production compense les gains de productivité ;
• qu'une demande solvable impulse le déversement ;
• que la main-d'oeuvre licenciée dans les branches qui détruisent des emplois ait la qualification requise pour occuper les
emplois offerts dans les branches en expansion.
La théorie économique ne démontre pas qu'il y aura compensation, elle montre qu'il peut y avoir compensation (un modèle
présenté récemment conclut même que la quantité de travail a toutes les chances de baisser après une vague de progrès
technique(5).
L'histoire économique vient à première vue appuyer les thèses optimistes : en longue période, le nombre d'emplois augmente. A
première vue, car si l'emploi augmente (les effectifs), la quantité totale de travail (effectifs x durée moyenne annuelle du travail)
diminue dans certains pays, par exemple en France où elle baisse depuis un siècle. Autrement dit, la hausse de l'emploi n'a
souvent été possible que grâce à la réduction de la durée du travail.
Reprenons la question à la base : ce qui était vrai hier l'est-il encore aujourd'hui ? Y a-t-il une ou plusieurs spécificités de la
situation actuelle qui justifieraient que l'on accorde de nouveau du crédit aux théories pessimistes ? Vivons-nous une période
d'adaptation, de transition entre deux équilibres, ou bien la révolution technologique contemporaine nous fait-elle basculer dans
un monde nouveau ?
Pour les partisans de la thèse de la fin du travail, la vague de progrès technique actuelle, parfois qualifiée de " troisième
révolution industrielle ", présente des caractères originaux, qui remettent en cause les modestes certitudes accumulées jusqu'ici.
Quels sont-ils ?
1. Très schématiquement, les précédentes révolutions industrielles concernaient l'utilisation de l'énergie pour actionner des
moteurs. Elles ont donc eu peu d'impact sur le secteur des services. Le bouleversement actuel touche à la circulation et au
stockage de l'information, ce qui est plus général : aucune activité n'est épargnée. Les destructions d'emplois agricoles ou
industriels ont été compensées pendant longtemps par des créations d'emplois tertiaires. En vingt ans, en France, les effectifs ont
augmenté de 40 % dans le tertiaire, et baissé de 20 % dans l'industrie, de 50 % dans l'agriculture. Mais aujourd'hui, 40 000
emplois de secrétaires ou d'employés administratifs disparaissent chaque année. Et demain ? En dehors de ce que le philosophe
français André Gorz appelle une " nouvelle domesticité "(6) guère enthousiasmante (promeneurs de chiens ou livreurs de pizzas),
où sont les gisements d'emplois ? Quelles seront ces nouvelles branches qui absorberont le déversement ?
2. Le rythme du progrès technique donne l'impression de s'accélérer. La loi de Moore, prédiction à moitié sérieuse d'un des
fondateurs d'Intel selon laquelle la puissance des microprocesseurs doublerait tous les deux ans environ, s'est vérifiée : en 1971, le
4004 d'Intel contenait 2 300 transistors et réalisait 0,06 MIPS (million d'instructions par seconde). Le Pentium Pro contient 5,5
millions de transistors ; il peut exécuter 300 MIPS. Dans tous les domaines, multimédia, téléphone cellulaire, internet,
microbiologie ou génie génétique, les annonces de nouveaux produits ou de percées scientifiques se succèdent à un rythme
infernal. Comment un tel emballement des performances des machines pourrait-il ne pas dévaloriser le travail humain ? Des
métros roulent sans conducteur, des usines tournent sans ouvrier ; dans les supermarchés, le client se sert, pèse et emballe lui-
même ; les distributeurs automatiques de billets de banque ou de cassettes vidéo laminent l'emploi tertiaire.
3. Selon les partisans de cette thèse, les effets de l'innovation sont d'autant plus implacables que la mondialisation des marchés
n'offre guère de choix aux entreprises : la pression concurrentielle, bien que difficile à mesurer, semble augmenter, les
actionnaires sont en position d'exiger des taux de rentabilité plus élevés, il y a de moins en moins de secteurs protégés. Les
nouvelles techniques permettent de faire de la saisie de données à l'autre bout du monde, les accords du commerce international
ouvrent les marchés des services financiers, et se prépare l'onde de choc de l'entrée en scène de toute une série de " pays à bas
salaires et à capacité technologique " (Chine, Inde, pays de l'Est)(7). Dans ce contexte, les effets du progrès technique ne peuvent
être amortis par leur étalement dans le temps. L. Earnshaw pouvait briser la machine à filer le coton qu'il venait d'inventer " pour
ne pas priver les pauvres de leur gagne-pain ". Désormais, à la règle de Gabord(8), selon laquelle " Tout ce qui est techniquement
réalisable sera réalisé ", il faut ajouter : " Et très vite ".
Ces arguments bousculent quelques certitudes, mais n'emportent pas l'adhésion. Il est vrai que la vague de progrès techniques
actuelle concerne tous les secteurs, y compris les services. Peut-on en conclure qu'il n'y a plus de déversement possible, plus de
refuge pour l'emploi ? Le problème est mal posé si l'on persiste à se baser sur la vieille division de l'économie en trois secteurs
(qui date, rappelons-le, des années trente). Divisons plutôt le travail en trois catégories : manuel, intellectuel, relationnel. Le
travail manuel a été touché par les premières révolutions industrielles ; le travail intellectuel l'est par l'actuelle révolution (ce qui
ne veut pas dire qu'il va disparaître complètement). Restent les métiers relationnels, par définition protégés contre le progrès
technique : un psychanalyste ne peut pas produire plus en un temps donné, puisque c'est justement son temps que le patient
achète ; une infirmière ou un professeur sont appréciés en fonction de la qualité du rapport humain qu'ils réussissent à établir ; la
fonction commerciale échappe à la crise. La bonne question serait donc plutôt : ce type d'emplois deviendra-t-il la norme ?
Dans une période caractérisée par un accroissement de l'inégalité des revenus (9), il est justifié de craindre que cette évolution se
traduise concrètement par la montée de la " nouvelle domesticité " évoquée plus haut (le nombre d'employés redevenant un critère
de statut social pour les plus riches). Il y a effectivement un enjeu autour de la qualification des emplois créés. Nous pouvons faire
en sorte qu'ils soient qualifiés et rémunérés en conséquence, d'autant qu'une demande potentielle existe à l'évidence pour la santé,
l'éducation ou les loisirs. Mais le prix élevé de services de qualité produits par des personnes qualifiées risque d'en limiter la
demande. La rendre solvable tout en élargissant l'accès à ces services implique une intervention redistributrice supplémentaire de
l'Etat, qui sera grandement facilitée s'il y a de la croissance, et donc... du progrès technique.
En tout état de cause, le principal fondement des thèses sur la fin du travail, à savoir le rythme très élevé du progrès technique, est
en même temps son talon d'Achille. Démentant une impression de progrès technique rapide, les statistiques montrent en effet
depuis vingt ans, contrairement à ce qu'on pourrait croire, un ralentissement de la productivité. Le " paradoxe de Solow " (10),
selon lequel " les ordinateurs sont aujourd'hui présents partout, sauf dans les statistiques de productivité ", résume bien la
perplexité des économistes. Il y a deux manières d'en rendre compte : soit la productivité est mal mesurée (sous-estimation), soit
le progrès technique n'est pas si rapide qu'il semble ou bien n'a pas encore eu l'effet attendu sur la productivité. (...)
Source :Problèmes économiques, n° 2565 , Auteurs : Arnaud Parienty, Pascal Combemale.Source : " Technologie et chômage, un
couple à histoires ", La Recherche
Pour une définition plus complète du capital ( rappel première) , cliquez ici :
DEFINITION ET MESURE DU CAPITAL.
Les limites du PIB ont conduit des économistes et des organismes nationaux et internationaux à proposer d'autres
indicateurs. La Banque mondiale a récemment présenté une évaluation de la richesse des nations en s'inspirant de la
distinction entre flux et stock et des travaux sur la notion de développement soutenable. Elle propose un classement des
pays selon leur stock de capitaux et non selon leur PIB. L'idée est que le capital physique ne constitue pas la seule
composante de la richesse productive d'un pays. L'évaluation doit être complétée par la prise en compte de la richesse
humaine et de la richesse naturelle. Pour évaluer ainsi la richesse d'une nation, on calcule la valeur de trois types de
capitaux :
• les actifs naturels, soit la valeur de la terre, de l'eau, du bois, de l'or et d'autres matières
premières ;
• les capitaux produits, soit la valeur des machines, des usines, des routes et des chemins de
fer ;
• les ressources humaines, soit la valeur représentée par " la capacité productive des
individus, appréhendée par les niveaux d'éducation et de nutrition ".
Selon l'évaluation de la Banque mondiale pour 192 pays, le capital physique représente seulement 16 % de la richesse
totale, le capital naturel est plus important avec 20 % des richesses. Et le capital humain compte encore davantage
puisqu'il représente jusqu'à 64 %. Toutefois, comme le montre le tableau, la composition varie selon les régions du
monde.
Sources de richesse par région Ressources humaines Capitaux produits Capital naturel
Monde 64 16 20
Pays à haut revenu 67 16 17
Pays en développement
Afrique Sub-saharienne 31 17 52
Afrique de l'Est et du Sud 33 14 52
Afrique de l'Ouest 25 25 50
Inde et Chine 73 18 9
Autre Asie 75 13 12
Asie de l'Est et Pacifique 75 13 12
Asie du Sud 76 16 9
Amérique latine et Caraïbes 50 15 35
Moyen Orient et Afrique du Nord 39 29 32
Europe de l'Est 41 16 43
Source : The World Bank (1995), Monitoring environmental progress - A report on work in progress, septembre.
La domination du capital humain est particulièrement marquée dans les pays à revenu élevé. Dans certains d'entre eux
tels que le Japon, l'Allemagne ou bien encore la Suisse, il représente jusqu'à 80 % du capital total. A l'inverse en Afrique
sub-saharienne, plus de la moitié de la richesse réside toujours dans les ressources naturelles.
Pour mesurer l'évolution de la richesse au cours du temps, la Banque mondiale utilise en outre un taux d'" épargne
globale ". Les pays qui enregistrent les meilleurs résultats sont Hong-Kong, le Japon, la République de Corée et
Singapour. A l'inverse, l'Afrique sub-saharienne tend à " désépargner " depuis la fin des années 70.
Le capital est un terme difficile à définir parce qu’il est polysémique, c’est-à-dire que l’on
désigne sous un même nom des réalités différentes :
Le capital peut avoir un sens comptable : on retiendra ici l’apport réalisé par différentes
personnes sous la forme d’argent ou en nature ( brevets , terrains , immeubles ) qui serviront
de capital de départ à l’entreprise . On parle alors de capital social : il est divisé en actions
(société anonyme ) ou en parts sociales ( SARL , .... ) qui représentent chacune l’apport des
propriétaires au capital de l’entreprise et qui sont donc un signe de propriété d’une partie de
l’entreprise .
On constate à partir de ce graphique que suite au krach boursier de 1929, le financement par l’émission d’action a fortement
diminué.
On a assisté à un développement de la finance intermédiée , c’est à dire que les banques servent d’intermédiaire entre les
ménages qui épargnent et les entreprises qui s’endettent pour investir (cf cours de première)
IV - LE CAPITAL HUMAIN .
Aujourd’hui, on considère que le capital accumulé par une nation ou une entreprise ne se
limite plus à l’acquisition de biens de production . En effet , la compétitivité de l’entreprise
repose en partie sur le stock de qualifications et de connaissances , c’est-à-dire sur le niveau
d’éducation et d’expérience permettant aux travailleurs d’accroître l’efficacité du capital
physique . On appelle ce stock de capital le capital humain ( cf. chapitre marché du travail ) .
CONCLUSION :
Le capital est donc une notion recouvrant sous un même nom des réalités très différentes . Pourtant elles semblent avoir , au
moins , un point commun : « c’est que chaque fois , le capital engendre un plus : plus de production avec le capital technique ,
des bénéfices espérés avec le capital comptable , un intérêt ou un loyer avec le capital financier » (D.Clerc ) . Toute la question est
alors de savoir si ce plus apporté par le capital résulte directement de la contribution du capital à la production ou bien s’il ne
résulte que de la vertu que possède le capital de rendre le travail plus productif . On oppose ici 2 courants de pensée :
On peut distinguer trois types d’agent qui réaliseront des investissements différents :
Le type d’agent joue donc un rôle essentiel dans la classification de l’investissement réalisé : ainsi
• Si une entreprise construit un immeuble , il sera comptabilisé dans l’investissement productif.
• Si c’est une administration , dans l’investissement collectif .
• Mais aussi , si une entreprise individuelle achète une voiture pour son activité ( ex : un boulanger
pour livrer son pain ) , cela sera comptabilisé dans l’investissement productif .
• Au contraire , si le boulanger acquiert une voiture pour ses déplacements privés , cet achat sera
comptabilisé comme une consommation durable .
Remarque : La distinction entre ces différents types d’investissement est en partie factice . Un investissement combine
généralement 2 caractéristiques :
• il vise à augmenter le potentiel productif de l’entreprise
• tout en introduisant des machines plus productives .
- Le Conseil National de l’Information Statistique définit donc « un investissement immatériel comme une dépense qui ,
bien qu’inscrite en charge d’exploitation, développe la capacité de production et valorise l’entreprise en s’accumulant
sous la forme d’un capital amortissable sur une production future et en constituant une valeur patrimoniale cessible sur
le marché » .
- Pour l’OCDE « l’investissement immatériel recouvre toutes les dépenses de long terme autres que l’achat d’actifs fixes
que les entreprises consentent dans le but d’améliorer leurs résultats . » . On distingue 4 types d’investissement
immatériel :
- la Recherche et le Développement ( R-D ) .
- les dépenses de formation de la main d’œuvre
- la publicité
- les dépenses de logiciel
Constat : Aujourd’hui encore , les investissements immatériels ne sont pas comptabilisés dans la FBCF ( sauf les logiciels, les
dépenses de prospection minière, les œuvres littéraires et artistiques , ainsi que les dépenses militaires pouvant servir à des fins
civils : cf. 2 p 56 ) qui prend essentiellement en compte les biens physiques . Ils sont considérés comme étant une dépense
courante .
Pour voir l’évolution de l’investissement immatériel , cliquz ici :
Evolution prévisible : Mais , une tendance récente conduit à les assimiler à des investissements , car ils sont considérés comme
des dépenses consenties pour améliorer à terme les résultats de l’entreprise .
Raisons expliquant l’évolution : La prise en compte de l’investissement immatériel est d’autant plus nécessaire que :
• il influe sur l’efficacité de la production , sur le rythme de renouvellement des produits ou sur les
ventes .
• Il apparaît donc comme un des éléments déterminants de la compétitivité-prix et hors-prix des
entreprises.
• son taux de croissance a été beaucoup plus rapide que celui de la FBCF) : entre 74 et 99 , la
valeur de l’investissement matériel a été multipliée par 5 , alors que celle de l’investissement
immatériel l’a été par 13 . La part de l’investissement immatériel représente donc 50 % de
l’investissement matériel , il n’en représentait que 21,2 % en 74 . De plus , dans l’industrie ,
l’immatériel représente 143% de l’investissement matériel , et jusqu’à 6 ou 7 fois plus dans
certaines branches .
• on observe depuis plusieurs années une faible croissance , voire une diminution du taux
d’investissement qui est basé sur la FBCF ( FBCF / PIB x 100 ) . Ceci ne signifie pas forcément
que l’effort d’investissement des entreprises diminue . On peut en effet penser que les entreprises
substituent en partie désormais à des investissements matériels des investissements immatériels .
• la part de linvestissement immatériel dans la VA progresse de 4 à 8 % alors que celle de
l’investissement matériel perd 2 points ; En 1974 linvestissement immatériel représents 21% de
l’investissement matériel en 2002 la part est de 48.1 (x2).
Conclusion : Dès lors , l’inquiétante faiblesse de l’effort d’accumulation des pays développés depuis quelques années serait en
partie fictif , puisqu’il résulterait principalement du développement de l’investissement immatériel .
- L’investissement induit est généralement un investissement de capacité . En effet , c’est un investissement qui est
motivé par l’accroissement constaté ou anticipé de la demande que reçoivent les entreprises . Cet investissement est
donc largement déterminé par l’évolution de la croissance économique . Dans les périodes d’expansion , il est fort ; dans
celles de récession , il est faible .
- L’investissement autonome : pour compenser les fluctuations d’investissement induits, sont lancés généralement par
l’Etat des investissements autonomes qui eux sont indépendants des variations de la demande. Ils consistent
généralement en des programmes d’investissements publics contracycliques , c’est-à-dire qui visent à aller à l’encontre
des tendances naturelles de l’économie .On constate ainsi , que dans les années 70 les grandes entreprises nationales
ont lancé des campagnes d’investissement afin de compenser la chute du taux d’investissement privé résultant de
l’entrée en crise . L’investissement autonome répond généralement à des préoccupations de long terme ou structurelles
; ils visent ainsi à améliorer l’efficacité et la compétitivité de l’économie( investissement stratégique) , l’innovation ou à
mettre en oeuvre des infrastructures ( politique de grands travaux ) .
Il vise à mesurer l’effort d’investissement d’un pays, en particulier sa capacité à accroitre sa compétitivité et à
répondre aux variations des commandes
Le taux d’investissement brut est le rapport entre l’investissement brut (la FBCF) et la valeur ajoutée :
FBCF x 100
PIB
Les différents marchés ( travail , bien , monnaie , • L’économie n’est pas constituée d’un ensemble
capital ) sont interdépendants et assurent un retour à de marchés interdépendants disposant de
l’équilibre de plein emploi qui est stable dans le long capacités d’autorégulation (rigidité des prix à
terme , grâce à des capacités d’autorégulation ( les court terme)
mouvements de prix )
Cadre du Microéconomique : l’équilibre résulte de l’agrégation Macroéconomique : les grandes fonctions ou agrégats
raisonnement des comportements individuels ( cf A.Smith : la main économiques s’imposent aux agents économiques
invisible )
conception de l’avenir est connu avec certitude car les individus le monde est dominé par l’incertitude face à l’avenir
l’avenir rationnels (HO) disposent de toutes les informations
possibles leur permettant d’agir sur le marché
conséquences les individus qui sont des homo oeconomicus rationnels les individus vont alors essayer de recourir à diverses
sur l’action des et égoïstes n’ont alors qu’à optimiser leurs actions en techniques de réduction de l’incertain qui doivent leur
individus fonction du cadre dans lequel il se situe permettre de réduire les risques d’erreurs quant aux
décisions telles l’investissement qui engage l’avenir
.Mais la rationalité des individus est limitée ; ils vont
alors adopter des comportements moutonniers qui les
conduisent à se conformer à l’opinion dominante ou à
supposer que l’avenir est une simple répétition du
présent . Il n’en demeure pas moins que le risque
d’erreur est important .
Raisons de la Dès lors , la monnaie ne se présente que comme une la détention de la monnaie va être déterminée par
détention de technique qui permet de faciliter les échanges par cette incertitude vis-à-vis de la monnaie . En effet , la
monnaie rapport au troc ( motif d’encaisses- transactions ) .La monnaie présentant l’intérêt , par définition , d’être
monnaie n’est donc qu’un voile . totalement liquide , l’individu va la détenir pour des
raisons psychologiques :elle lui permet de se rassurer .
Plus le risque d’erreur dans les calculs de l’individu
sera fort , plus la détention de monnaie sera
importante
Définition et le taux d’intérêt dépend de la sphère réelle ; il a pour contrairement aux néo-classiques , la monnaie n’est
rôle du taux rôle d’inciter à la renonciation à la consommation en pas seulement un voile, du fait de la préférence pour
d’intérêt rémunérant l’épargne . Dans la logique néo-classique , la liquidité les individus vont détenir de la monnaie
il n’y a pas de thésaurisation car les individus n’y pour elle-même, le rôle du taux d’intérêt est alors de
auraient aucun intérêt , étant donné que la monnaie compenser le coût psychologique que l’individu subit
n’est qu’un intermédiaire des échanges et n’est pas quand il renonce à la liquidité en opérant un
recherchée pour elle-même placement . Keynes considère donc que ,
contrairement aux classiques , le taux d’intérêt n’agit
pas dans la sphère réelle ( il n’opère pas la répartition
du revenu entre consommation et épargne ) mais dans
la sphère monétaire ( il répartit ce qui est détenu sous
forme liquide et sous forme de placement )
Chapitre : investissement , progrès Notions du référentiel :
technique , ,innovations
L’opposition entre les néo-classiques et les keynésiens repose sur la possibilité ou non d’un équilibre entre offre et demande qui
est basée sur une conception de la monnaie particulière
Conclusion : La monnaie n’est donc qu’un voile , qui n’influence pas l’activité économique . Cela s’explique par la
théorie quantitative de la monnaie
Postulat de base : La théorie quantitative de la monnaie considère que la monnaie est un voile qui n’a aucune
influence sur le volume de la production , ni sur les taux d’intérêt réels qui sont déterminés par les facteurs réels
de l’économie . En effet , si l’on pose :
MV=PT
sachant que :
• M représente la masse monétaire en circulation ,
• V la vitesse de circulation de la monnaie , c’est-à-dire le nombre de fois où M est
utilisé dans les échanges ( V supposé constante à court terme ) ,
• P le niveau général des prix
• T le niveau des transactions ( qui dépend du niveau de production ) .
Dans une perspective néo-classique , la seule chose que les autorités publiques ont à faire afin de favoriser
l’accumulation du capital est d’intervenir le moins possible . En effet , le système s’autorégule : les entreprises
n’ont aucune difficulté à trouver des débouchés ( loi de Say ) . Si elles veulent accroître le niveau de leur
investissement , il leur suffit d’accepter une augmentation du taux d’intérêt réel qui engendrera une augmentation
du niveau d’épargne qui assurera l’équilibre du marché du capital.
Selon Keynes , l’offre ne crée pas obligatoirement sa propre demande . En effet , le revenu se partage en 2
parties :
- la consommation qui va être un débouché pour la production
- l’épargne : selon Keynes toute l’épargne n’est pas investie car , celle-ci est décomposée en 2 parties :
• une partie est bien investie
• une autre est thésaurisée , c’est-à-dire qu’elle est conservée sous forme monétaire
Ainsi , le montant de la production est supérieur aux débouchés . Cela tient à la conception de la monnaie de
Keynes qui s’oppose à celle des néo-classiques
- Selon les néo-classiques , les individus sont rationnels et ne sont pas victimes d’illusion monétaire : la
demande de monnaie ne résulte que d’un seul motif :le motif de transaction : le besoin de monnaie
pour la réalisation des échanges personnels et professionnels .L’individu est obligé de conserver une
partie de son revenu sous forme monétaire entre le moment où il l’encaisse et celui où il le décaisse
( en réalisant un achat )
- Keynes en ajoute 2 autres :
• le motif de précaution qui résulte d’un besoin de sécurité : l’individu va conserver une partie de ses
ressources sous forme liquide , par exemple pour parer aux éventualités qui exigeraient une dépense
imprévue .
Selon Keynes , ces deux premiers motifs sont peu sensibles au taux d’intérêt . Par contre , leur montant varie en
fonction du revenu des ménages
M1= L1 ( Y )
où :
M1: sommes détenues pour les motifs de transaction et de précaution
Y = revenu national
• le motif de spéculation qui résulte directement de l’incertitude quant à l’avenir : selon Keynes , l’évolution
future de la gamme des taux d’intérêt n’est pas connue aujourd’hui , elle n’est pas probabilisable . Chaque
individu va alors essayer de profiter de ce qu’il considère être comme une meilleure connaissance du marché
que celle dont fait preuve l’opinion générale .L’individu spécule .Le motif de spéculation , contrairement aux
deux précédents va , lui être directement déterminé par le taux d’intérêt . Keynes établit dons une seconde
fonction de liquidité :
Remarque : La détention de monnaie en raison du motif de spéculation sera d’autant plus forte que le taux
d’intérêt sera faible .
Conclusion : Dès lors , le taux d’intérêt n’est plus une récompense de l’abstention de consommation opérant le
partage du revenu entre consommation et épargne ; il sert à récompenser la non-thésaurisation , c’est-à-dire qu’à
partir d’un niveau d’épargne déterminé par le niveau de revenu , le taux d’intérêt assure la répartition de
l’épargne entre les placements en titres ( faible liquidité compensée par une rémunération : le taux d’intérêt ) et
la conservation d’encaisses monétaires oisives ( forte liquidité , pas de rémunération )
• le financement dir ect (5 p 75) : consiste en une mise en rapport direct de l’emprunteur ayant une
capacité de financement et du prêteur ayant un besoin de financement . Leur relation s’opère sur un
marché régulé par le taux d’intérêt : l’agent économique ayant un besoin de financement émet un titre
( action , obligation , bons du Trésor ) qui est acquis par un agent disposant d’une capacité de financement .
C’est un financement direct , car la créance détenue par l’agent qui épargne est la contrepartie de la dette de
celui qui emprunte .
• au cont r ai r e , le financement ind i r ec t (6 p 75) : correspond à l’intermédiation qui est la
situation dans laquelle une institution financière collecte des ressources auprès de ceux qui ont des
excédents au profit de ceux qui ont des déficits
On dit qu’il y a intermédiation dans la mesure où la créance détenue par les agents ( comptes bancaires , livrets ) est
différente de la dette des agents à déficit , et ce d’autant plus , qu’une partie de l’intermédiation correspond à la capacité des
banques à c réer de la monnaie , en accordant des crédits aux agents économiques sans collecte d’épargne préalable .
Pour cette partie ,on s’appuiera sur les connaissances issues des cours de première sur la monnaie et sur la régulation par le
marché (loi de l’offre et de la demande) , ainsi que sur la fiche du chapitre marché du travail .
Postulat de base :
• L’offre de capital correspond à l’épargne : à revenu constant , une augmentation de
l’effort d’épargne de la part des ménages nécessaire pour assurer l’accroissement des
capacités de production requiert une réduction des dépenses de consommation .
• Or selon , les néo-classiques , les ménages sont caractérisés par la préférence pour le
présent ( time preference ) qui les conduit à déprécier le futur : un ménage préférera
toujours consommer aujourd’hui plutôt que de reporter sa consommation dans le futur
.
• Pour que le ménage épargne , il faut qu’en contrepartie du coût psychologique que
génère la renonciation à consommer aujourd’hui , ils reçoivent une rémunération qui
leur permettra de consommer davantage demain .
• Cette rémunération est le taux d’intérêt réel ( les ménages n’étant pas victimes
d’illusion monétaire ) .
Conclusion : Ainsi , l’épargne est une fonction croissante du taux d’intérêt réel car pour que le ménage
accepte de sacrifier une partie croissante de sa consommation d’aujourd’hui , il faut qu’il reçoive en
dédommagement une rémunération croissante qui compense le coût psychologique de l’effort d’abstinence qu’il
réalise .
Postulat de base : Les entreprises fixent la demande de capital en fonction d’une analyse coût-bénéfice ( elles
sont rationnelles ) .Elles comparent donc:
• ce que leur coûte une unité supplémentaire de capital , c’est-à-dire le taux d’intérêt
réel , qu’elles doivent rembourser si elles empruntent , qu’elles perdent ( coût
d’opportunité ) si elles ne placent pas leur capital sur le marché financier .
• à ce que leur rapporte une unité supplémentaire de capital , c’est-à-dire la
productivité marginale du capital . Sachant que les néo-classiques postulent
l’existence de la loi des rendements décroissants , les entreprises ont une productivité
marginale du capital décroissante quand le capital augmente .
Conclusion : P.Delfaud peut en conclure : les entrepreneurs ne vont accroître leur investissement que si la
rémunération du capital s’abaisse , la demande de biens capitaux est donc une fonction décroissante du
taux d’intérêt réel .
c. l’équilibre.
Détermination de l’équilibre :
• L’offre et la demande de capital sont déterminés par le taux d’intérêt réel .
• Offreurs et demandeurs de capitaux vont donc se rencontrer sur le marché
des capitaux ; il en résultera un équilibre du marché du capital qui égalise
l’offre et la demande de capital pour un taux d’intérêt réel d’équilibre .
• Ce taux d’intérêt réel d’équilibre présente la caractéristique d’égaliser le
taux de préférence pour le présent des ménages et la productivité
marginale du capital des entreprises . :
Remarque :
• Une fois que les ménages ont déterminé en fonction du taux d’intérêt réel leur niveau
d’épargne , ils fixeront le niveau de consommation qui est un reliquat : la
consommation = Revenu - Epargne .
• les entreprises prennent leurs décisions d’investissement en fonction du seul taux
d’intérêt réel car les néo-classiques postulent qu’elles n’éprouvent aucune difficulté à
écouler leur production . Ceci résulte de la loi de Say..
II. La nécessaire prise en compte des déterminants financiers de l’investissement ( 9 p 60)
1. Le théorème de Schmidt
Dans les années 80 , H.Schmidt , chancelier allemand met en évidence le rôle central du profit dans la décision d’investir : « Les
profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain » . Le profit joue sur l’investissement de 2
manières complémentaires :
- il finance l’investissement : l’autofinancement est la forme de financement la moins coûteuse
- il motive l’investissement : puisque investir assure du profit , investir davantage génère davantage de profit
Malinvaud écrit : « Toutes les études économétriques sur l’investissement ont montré que le facteur le plus
manifeste était celui connu sous le nom d’accélérateur : quand la production a eu tendance à augmenter
rapidement , les investissements se sont élevés . Cette influence est si bien établie aujourd’hui que l’identifier
dans chaque étude économétrique nouvelle apparaît comme une indispensable première étape nécessaire à
déblayer le terrain en vue de dégager le rôle des autres facteurs qui sont moins aisément apparents (...)
Cependant les non-économistes , qu’ils s’agissent d’hommes d’affaires ou de spécialistes de la gestion financière
ont tendance , au contraire , à attribuer spontanément un grand rôle à la profitabilité. »
L’ entreprise , dont la motivation essentielle est l’appât du gain et qui est rationnelle , va prendre en compte la
rentabilité de l’investissement avant de le réaliser . Elle va pour cela étudier la RE qui s’obtient de la façon
suivante : VAB = EBE + MS +T
La rentabilité économique brute va rapporter le EBE au stock de capital fixe détenu par l’entreprise ( K ) :
REB = EBE
K
La REB sera donc d’autant plus importante que la productivité du capital ( VAB / K ) sera forte , et que la répartition de
la VA sera favorable à l’entreprise , c’est-à-dire que le taux de marge sera élevé :
VA = VVA x PVA
Donc EBE = 1- wN = 1 - (w x N )
VA VVAx PVA PVA VVA
Où w correspond au salaire réel
PVA
Et N à l’inverse de la productivité du travail
vva
donc on peut en conclure que l’amélioration du taux de marge peut résulter de :
- la baisse du coût salarial réel unitaire
- d’une hausse de la productivité du travail
Constat :
Le taux de marge qui se maintient à un niveau élevé jusqu’en 1975 au dessus de 27%,se traduit par un taux d’autofinancement élevé
(supérieur à 60%) et un taux d’investissement élevé (supérieur à 23%)
Mais le taux de marge connaît une forte chute entre 1975 et 1982 (- 5 points) , qui se traduit par une forte chute du taux
d’autofinancement ( de 60 à 35 %), donc du taux d’investissement(de 23 à 18 %)
A partir de 83 le taux de marge augmente de 25 à 33 % entre 1983 et 1988 , le taux d’autofinancement passe de 35 à 90 % et le taux
d’autofinancement connaît une petite hausse.
Entre 1987 et 2006 le taux de marge reste à un niveau élevé (supérieur à 30 %), le taux d’autofinancement se stabilise jusqu’en 1983
à un taux supérieur à 85%, par contre le taux d’investissement par contre ne repart pas à la hausse, passant même entre 1992 et 1997
à un taux inférieur à celui de 1983.
Evolutions des taux de marge et taux d’épargne des SNF entre 1978 et 2005
On peut aussi calculer une Rentabilité Economique Nette :
Celle-ci est l’indicateur le plus approprié , puisqu’elle calcule ce qu’on peut appeler le taux de profit net , c’est-à-
dire la part de la VA qui reste à l’entreprise une fois qu’elle a payé les salaires , les taxes et l’amortissement du
capital .
Néanmoins la RE brute ou nette se révèle un indicateur insuffisant pour expliciter la prise de décision de
l’entreprise . En effet , l’entreprise rapporte toujours le rendement de l’investissement ( RE ) à son coût ( le taux
d’intérêt ) .
La RE intéresse l’entrepreneur , par contre ce qui motive l’actionnaire est la rentabilité de son apport mesuré par
la Rentabilité Financière .
b. La rentabilité financière ( RF ) ( 3 p 69 )
L’entreprise calcule alors une rentabilité financière qui prend en compte les facteurs financiers .
RFB = EBE - iD RFN = ENE - iD
K-D K-D
où :
• i : taux d’intérêt réel
• D : dettes accumulées par l’entreprise,
• K-D : fonds propres ( FP ) , c’est-à-dire le capital détenu en propriété par l’entreprise , résultant des apports
successifs des actionnaires .
c. La profitabilité ( 3 p 70 )
Les entreprises s’intéressent , de plus en plus , à un indicateur qui leur permet de prendre en compte la dimension
financière de leur investissement . C’est la profitabilité :
RF – i
La profitabilité correspond à l’écart existant entre le rendement du capital dans l’entreprise et le rendement
moyen d’un placement financier .
- si la profitabilité est négative , il est plus intéressant d’opérer des placements sur le marché financier que
d’investir en capital fixe dans l’entreprise .
L’entreprise, afin de déterminer son niveau d’investissement , va prendre en compte le taux d’intérêt et son taux
de profit . On peut distinguer plusieurs cas :
- si l’entreprise ne fait pas de profit ou a accumulé des profits insuffisants pour
autofinancer ses investissements , elle va être obligée d’emprunter auprès des banques ou sur le
marché obligataire ( sachant qu’une entreprise dont la rentabilité est faible aura du mal à augmenter
son capital social par émission d’actions sur le marché financier afin d’obtenir des fonds
supplémentaires ) . Le taux d’intérêt réel ( taux d’intérêt nominal - taux d’inflation ) représente le coût
de cet investissement que l’entreprise va comparer à ce que lui rapporte cet investissement ( la RE )
- si l’entreprise réalise des profits suffisants pour autofinancer ses investissements , encore
faut-il que ce projet dégage le rendement le plus élevé , puisque l’entreprise peut soit investir en
capital fixe , soit placer ses réserves sur le marché financier . Dès lors , l’entreprise va prendre en
compte le taux d’intérêt réel qui représente le coût d’opportunité de l’investissement en capital fixe ,
c’est-à-dire ce que l’entreprise aurait gagné si elle avait placé ses capitaux sur le marché financier .
Pour voir l’évolution du taux d’intérêt , de la RE , et de la profitabilité
Dans l’analyse keynésienne , demande et investissement sont reliés par le biais de 2 canaux :
• la demande détermine l’investissement : c’est le modèle de l’accélérateur
• l’investissement détermine la demande : c’est le modèle du multiplicateur
a. Présentation du modèle
Keynes, dans la théorie générale fait dépendre la décision d’investissement du rendement futur du capital investi ,
c’est-à-dire de son efficacité marginale . Harrod , qui est un de ses proches collaborateurs va s’efforcer de montrer
dans une perspective keynésienne que la demande solvable anticipée par les entreprises ( la demande effective )
va , à court terme , déterminer la mise en oeuvre d’un volume de production et d’emploi , à capital constant . Dans
le long terme la demande effective va influencer l’efficacité marginale du capital ( elle sera d’autant plus
importante que la demande anticipée sera forte car les machines ne demeureront pas inutilisées ) . Dès lors , la
décision d’investissement de l’entreprise résulte à la fois :
• de la comparaison entre l’efficacité marginale et le taux d’intérêt
• des prévisions des entreprises sur l’évolution de la demande effective
hypothèse :Ce second déterminant s’inscrit dans le cadre du modèle de l’accélérateur . Ce modèle repose sur les
hypothèses suivantes :
- plein emploi du capital installé , c’est-à-dire que le taux d’utilisation des capacités de production ( capital
utilisé / capital total x 100 ) est très élevé . Pour augmenter la production , les entreprises doivent donc
investir .
- quand la demande augmente , les entreprises préfèrent produire plus plutôt que d’augmenter leur prix , en
particulier pour ne pas perdre des parts de marché .
- on suppose que la productivité du capital Capital/Production est constante à court terme , ce qui exclue le
progrès technique et la substitution du capital au travail ( hypothèse justifiée dans le court terme )
- les prévisions de l’entreprise quant à l’évolution de la demande sont toujours vérifiées : la demande
anticipée = la demande effectivement observée .
Critique des hypothèses : les hypothèses sur lesquelles est basé le modèle de l’accélérateur sont très ,fortes et remettent
en partie son intérêt , comme le montrent les deux analyses suivantes :
- « une entreprise ne cherche pas à accroître ses capacités de production , si celles dont elle dispose déjà
suffisent à satisfaire les commandes qu’elle reçoit » . Or , entre 90 et 97 , l’atonie de la croissance française
a fait chuter :
qui a atteint un niveau moyen de 84 % . On peut donc penser que même si la demande anticipée des entreprises augmente ,
celles-ci ne lanceraient pas immédiatement des projets d’investissement , puisqu’elles disposent d’un volant de stock de capital
inutilisé . Seule une reprise forte et durable de la demande serait donc capable de relancer le modèle de l’accélérateur .
- contrairement aux hypothèses du modèle de l’accélérateur et conformément aux affirmations de Keynes , les
incertitudes sont nombreuses , d’autant plus que l’on se situe dans une période de crise . Or , tout investissement
comporte une grande part d’irrerversibilté : une fois que l’investissement est effectué , il sera très difficile de
revenir en arrière. Dès lors , dans le contexte économique actuel , une augmentation de la demande anticipée ne se
traduira par une augmentation de l’investissement que si elle est considérée par les entreprises comme étant
réellement durable . En cas d’augmentation de la demande provisoire les entreprises préfèrent accroitre leurs prix
plutôt que d’investir.
- dans le long terme le progrès technique génère une forte croissance de la productivité du capital (les nouvelles
machines sont plus performantes), l’hypothèse de la constance de la productivité du capital valables dans le court
terme n’est donc pas réaliste (Keynes ne s’intéresse qu’au court terme)
Ces remarques faites, nous allons considérer que les hypothèses sont vérifiées.
Présentation du modèle : Sur la base de ces hypothèses , on peut alors poser le modèle suivant :
K∗ t-1 = v . Y anticipé t-1
où
v : coefficient de capital , l’inverse de la productivité marginale du capital
K*t-1 : stock de capital nécessaire en t-1 afin de répondre à la demande anticipée par les
entreprises en t-1.
Y anticipée t-1 : demande solvable anticipée par les entreprises en fonction des prévisions
qu’elles ont établi
De même :
K∗t = v . Y anticipée t
Donc :
It∗ = Kt -Kt-1 = v.Y ant t – v.Yant t-1
Ainsi :
It∗= v .( Yant t - Y ant t-1 )
Finalement :
It = v.( Yt - Yt-1 )
It = v ∆Yt
Conclusion :
- le modèle de l’accélérateur démontre donc que le niveau d’investissement des entreprises dépend ,
non pas du montant anticipé de la demande mais du montant des variations de la demande anticipée.
- L’investissement s’élèvera donc tant que la demande augmentera : c’est à dire que la variation de la
demande anticipée sera positive. .
- A partir du moment où l’accroissement de la demande diminue ( c’est-à-dire que la demande
augmente moins vite , non pas qu’elle baisse ) alors l’investissement chutera .
- Ce modèle montre aussi que le coefficient de capital étant supérieur à 1 , les fluctuations de
l’investissement sont supérieures aux fluctuations de la demande
Pour voir la relation entre taux de croissance du PIB et taux de croissance de l’investissement
Croissance du PIB et de la FBCF des sociétés non financières 1978 - 2006 en France
source : Rapport économique social et financier 2005 (annexe au projet de loi de finances, septembre 2004)
- Une des raisons pouvant ainsi expliquer la forte chute du taux de croissance de la FBCF au début des
années 90 est la forte chute de la part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée.
- Mais, la demande est aussi influencée par la répartition du revenu des ménages entre consommation
et épargne des ménages
Pour une comparaison des conceptions de l’épargne chez Keynes et les néo-classiques
. Dans une perspective néo-classique :
• la consommation est vue comme une destruction de richesses qui n’exerce aucune
influence sur la production et sur l’investissement , puisque c’est l’offre qui crée la
demande ( loi de Say ) .
• Au contraire , il faut favoriser l’épargne ; en effet , plus le niveau d’épargne des
ménages sera important , plus l’offre de capital sera forte , moins le taux d’intérêt
sera élevé , ce qui favorisera l’investissement .
- Or , ce sont les plus pauvres qui ont la propension à consommer la plus forte : il faut donc privilégier
les plus pauvres . Quand le revenu des plus pauvres augmente , comme leur propension à consommer
est forte , leur consommation augmente rapidement . La croissance de la demande effective génère
alors une augmentation de l’investissement , d’après le modèle de l’accélérateur .
Pour voir la démonstration de Keynes ,
Rappel : Il nous faut alors nous interroger sur les variables qui déterminent la répartition entre consommation et
épargne :
- dans une perspective néo-classique , à revenu donné , les ménages vont déterminer le niveau
d’épargne en fonction du taux d’intérêt réel , ce qui n’est pas épargné est consommé ; la
consommation est donc un reliquat .
- au contraire , dans une perspective keynésienne , l’épargne n’est pas déterminée par le taux d’intérêt
réel . En effet , le taux d’intérêt permet seulement d’assurer la répartition d’un niveau d’épargne
donné entre les placements et la détention de monnaie . Keynes considère donc que la consommation
et l’épargne sont fonction du revenu . En effet , selon Keynes , le niveau de consommation est une
fonction croissante du niveau de revenu ; le ménage déterminant sa consommation en fonction de sa
propension moyenne à consommer , qui est constante à court terme :
C= c.R donc c = C/R.
Où :
C= niveau de consommation ,
R = niveau de revenu ,
c=propension moyenne à consommer :
Une fois que le ménage a déterminé son niveau de consommation , par soustraction il fixera son niveau d’épargne
:
Conclusion : Dans la perspective keynésienne , ce n’est plus la consommation qui est un reliquat , c’est l’épargne
.
Politiques économiques préconisées par Keynes : Keynes souhaite donc , pour favoriser l’investissement ,
que la demande anticipée croisse à un rythme élevé , ce qui nécessite une augmentation de plus en plus rapide de
la consommation .
- Or Keynes établit une seconde loi de consommation : quand le revenu augmente , les dépenses de
consommation augmentent mais à un rythme moins rapide que le revenu : la propension marginale à
consommer :
∆C/∆R < 1
Conclusion : la propension moyenne à consommer c diminue donc quand le revenu augmente.
Conséquences :.Dans la logique keynésienne , ceci est inquiétant ; car plus le pays est aisé , plus le taux
d’épargne des ménages va augmenter , ce qui va peser sur les perspectives de demande des entreprises et risque
de réduire leur incitation à investir . Il apparaît alors souhaitable que les autorités publiques interviennent afin de
soutenir la demande rendue défaillante par l’évolution de la consommation .Cette intervention est d’autant plus
souhaitable qu’une augmentation de l’investissement va générer , pas le biais du multiplicateur une augmentation
de la demande finale .
Le modèle de l’accélérateur repose sur des hypothèses très contraignantes et qui ne sont absolument pas
réalistes :
- Face à une augmentation de la demande, les entreprise peuvent préférer augmenter les prix pour avoir
plus de profit plutôt qu’investir pour produire davantage
- Car ,contrairement aux hypothèses du modèle de l’accélérateur (et paradoxalement conformément aux
affirmations de Keynes) , les incertitudes sont nombreuses , d’autant plus que l’on se situe dans une
période de crise . Or , tout investissement comporte une grande part d’irrerversibilté : une fois que
l’investissement est effectué , il sera très difficile de revenir en arrière. Dès lors , dans le contexte
économique actuel , une augmentation de la demande anticipée ne se traduira par une augmentation de
l’investissement que si elle est considérée par les entreprises comme étant réellement durable . En cas
d’augmentation de la demande provisoire les entreprises préfèrent accroitre leurs prix plutôt que
d’investir.
- dans le long terme le progrès technique génère une forte croissance de la productivité du capital (les
nouvelles machines sont plus performantes), l’hypothèse de la constance de la productivité du capital
valables dans le court terme n’est donc pas réaliste (Keynes ne s’intéresse qu’au court terme)
Dans l’analyse néo-classique , l’épargne est un préalable qui détermine l’investissement . Ceci permet , en
particulier , de justifier une répartition inégale des revenus . Les ménages aisés , pour pouvoir épargner , doivent
disposer d’un revenu suffisant . Une redistribution en faveur des plus pauvres aurait pour effet de réduire
l’incitation et la capacité d’épargne des ménages et donc les capacités de financement des investissements .
b. La conception keynésienne
Dans l’analyse keynésienne , la relation existant entre l’épargne et l’investissement est inversée par rapport à
celle des néo-classiques :c’est l’investissement qui engendre l’épargne en accroissant le revenu par le phénomène
du multiplicateur . En effet , comme l’écrit D.Clerc : « si ,d’une période à l’autre , le montant de l’investissement
augmente , les revenus supplémentaires sont distribués , lesquels engendrent une demande nouvelle , laquelle ,à
son tour , engendre des revenus aux bénéfices du producteur qui satisfont cette demande nouvelle , etc. . En
d’autres termes , la circulation du revenu supplémentaire fait que la somme initialement mise dans le circuit au
titre de l’investissement provoque une augmentation totale de la demande nettement plus élevée : c’est le
mécanisme du multiplicateur d’investissement »
L'épargne, vice ou vertu, le débat n'est pas nouveau. Depuis plus de deux siècles, en effet, il oppose les économistes entre eux.
D'un côté, on trouve ceux pour qui l'épargne permet de financer des moyens de production supplémentaires, eux-mêmes créateurs
de revenus supplémentaires : l'épargne est donc le moteur de la croissance économique. De l'autre, on trouve ceux pour qui
l'épargne engendre une réduction des dépenses des épargnants, ce qui provoque un amoindrissement des débouchés : l'épargne est
donc un frein, non un moteur.
Mais tous ne suivirent pas ce raisonnement. Malthus, un pessimiste-né (3), émettait quelques doutes. Dans ses Principes
d'économie politique, il écrivait : " M. Say, dans son bel ouvrage sur l'économie politique, (...) assure que la consommation d'une
denrée, en l'enlevant du marché, diminue la demande, et que la production d'une denrée augmente la demande dans la même
proportion. Cependant, cette doctrine, avec toute l'extension qu'on lui a donnée, me semble tout à fait fausse " (4).
D'où vient ce scepticisme ? Malthus avance deux arguments. Le premier annonce Marx, le second Keynes. Cette production
nouvelle, estime-t-il, risque fort d'engendrer des profits décroissants, parce que, pour l'écouler, il faut comprimer les prix, donc les
profits. En outre, et c'est l'argument pré-keynésien, " aucune nation ne peut jamais devenir riche par l'accumulation d'un capital
provenant d'une diminution permanente de consommation, parce qu'une telle accumulation, dépassant de beaucoup ce qui est
nécessaire pour satisfaire à la demande effective des produits, perdrait bientôt en partie son utilité et sa valeur, et, par suite, le
caractère de richesse " (p. 265). En d'autres termes, parce qu'elle réduit la consommation, l'épargne empêche que la demande soit
au rendez-vous.
Un peu plus d'un siècle après, en 1931, alors que la " Grande crise " développe ses ravages, Keynes reprend le raisonnement de
Malthus : " Il y a aujourd'hui, déclare-t-il dans une allocution radiodiffusée (5), beaucoup de gens qui, voulant du bien à leur pays,
s'imaginent qu'épargner plus qu'à l'ordinaire est la meilleure chose que leur prochain et eux-mêmes puissent faire pour améliorer
la situation générale. (...) Rien ne peut être plus nuisible ni malavisé. En effet, la fonction de l'épargne est de rendre une certaine
quantité de travail disponible pour la reproduction de biens d'équipement, tels que maisons, usines, routes, machines, etc. Mais si
un surplus important de chômeurs est déjà disponible pour des emplois de ce genre, le fait d'épargner aura seulement pour
conséquence d'ajouter à ce surplus et donc d'accroître le nombre des chômeurs ". Dans la théorie générale de l'emploi, de l'intérêt
et de la monnaie (son maître livre paru en 1936), il affine l'analyse. Certes, l'épargne déprime la demande effective, mais là n'est
pas le coeur du raisonnement keynésien.
Chez Keynes, en effet, l'investissement joue un rôle crucial. Si son montant augmente d'une période à l'autre, des revenus
supplémentaires sont distribués, lesquels engendrent une demande nouvelle, laquelle engendre à son tour des revenus au bénéfice
des producteurs qui satisfont cette demande nouvelle, etc. En d'autres termes, la circulation du revenu supplémentaire fait que la
somme initialement mise dans le circuit au titre de l'investissement provoque une augmentation totale de la demande nettement
plus élevée. C'est le mécanisme du multiplicateur d'investissement (6).
Mais l'augmentation n'est pas pour autant infinie : chaque fois qu'une dépense se transforme en revenu, une partie de ce revenu
est épargnée, ce qui réduit d'autant la dépense suivante. Jusqu'à ce que, finalement, le montant cumulé de l'épargne issue de ces
flux successifs de revenu soit égale au montant de l'investissement initial. Les fuites successives d'épargne compensent alors
l'injection initiale et le circuit économique revient à l'équilibre. Un peu comme une pierre jetée dans l'eau provoque des ondes
successives qui s'atténuent progressivement. C'est donc l'investissement qui engendre l'épargne, en élevant le revenu. A l'inverse,
si l'investissement diminue d'une période à l'autre, le revenu distribué se contracte, provoquant une réduction de l'épargne.
Par rapport aux classiques, il y a donc une inversion complète : ce n'est pas l'épargne qui détermine l'investissement, mais
l'inverse. Le niveau final d'activité, donc l'emploi, ne dépend pas de l'épargne, mais de l'investissement. Même si, en apparence,
certains types d'investissements suppriment des emplois (aspect microéconomique), les flux successifs de revenus qu'ils
engendrent provoquent inévitablement une élévation du niveau d'activité, donc une création d'emplois (aspect macroéconomique).
Le problème, c'est que, dans une économie de marché, la décision d'investir relève de chaque entreprise. Certes, on peut
l'influencer en réduisant le niveau des taux d'intérêt, de sorte que la rentabilité espérée de l'investissement s'accroisse (du fait de
la réduction du coût du capital financier qui sert à financer l'investissement). Mais il n'est pas certain que cela suffise à
déclencher la reprise de l'investissement (on le voit bien actuellement). Aussi Keynes, ce libéral éclairé, finit-il, avec un regret
perceptible, par aboutir à l'idée qu'à l'avenir " une assez large socialisation de l'investissement s'avérera le seul moyen d'assurer
approximativement le plein emploi " (7). Les trente ans de croissance fordiste qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale lui
avaient donné tort : l'investissement privé s'était révélé suffisamment dynamique. Ce n'est plus vrai depuis vingt ans : l'heure de
Keynes serait-elle revenue ?
Source : Problèmes économiques, n° 2565 ,Auteur : Denis Clerc.: " L'épargne est-elle un vice ou une vertu ?
alors la production
∆pY = pY1 - pY0 = ∆pI . ( 1 )
1-c
est appelé le multiplicateur Keynésien
1
1-c
donc :
∆pY>∆pI
Néanmoins si l’investissement supplémentaire est unique alors ∆pY diminue de période en période . En effet
comme l’écrit D Clerc : « chaque fois qu’une dépense se transforme en revenu, une partie de ce revenu est
épargnée (s∆pY) ce qui réduit d’autant la dépense suivante. Jusqu’à ce que finalement le montant cumulé de
l’épargne issu de ces flux successifs de revenu soit égal au montant de l’investissement initial : alors les fuites
successives d’épargne compensent l’injection initiale et le circuit économique revient à l’équilibre »
Ceci montre bien que dans une perspective keynésienne c’est l’investissement qui crée l’épargne et l’amène à son
niveau (pour paraphraser JB Say).
Toute la question est alors de savoir si dans une économie de marché , dans laquelle les décisions
d’investissement relèvent des entreprises , il se trouvera toujours suffisamment d’entreprises pour renouveler
l’apport initial d’investissement de période en période.
On peut en douter , même dans le cas où l’es autorités monétaires mèneraient une politique monétaire expansive
visant à diminuer le taux d’intérêt réel. Ceci conduit « Keynes , ce libéral éclairé , à aboutir à l’idée que , à l’avenir
une assez large socialisation de l’investissement s’avérera le seul moyen d’assurer approximativement le plein
emploi ». Keynes ,,justifie ainsi le développement de l’intervention étatique , en démontrant que les capacités
d’autorégulation du marché sont illusoires , et donc que seul l’Etat est capable d’assurer un équilibre de plein-
emploi .
Le modèle du multiplicateur n’est pas , comme Keynes le reconnaissait lui-même , adopté à toutes les situations
- le modèle du multiplicateur ne semble pas adapté à la situation des PVD
Pour l’explication : : son application générerait de nombreux effets pervers . En effet dans les PVD les capacités de
production du pays sont réduites et s’avèrent incapables de répondre à une forte augmentation de la demande .
Toute politique de relance générerait des fuites . En particulier les ménages (surtout les plus aisés ) se
tourneraient vers les pays étrangers (les PDEM) ce qui entraînerait un accroissement du déficit extérieur. A cela ,
on peut rétorquer que Keynes ne s’était pas intéressé à la situation des PVD .
- Mais même dans les PDEM le modèle du multiplicateur semble provoquer des effets pervers et ne
semble plus adapté au contexte actuel . En effet, à l’époque à laquelle Keynes écrit son célèbre
ouvrage : la théorie générale,
• le taux d’ouverture des économies est réduit, généralement inférieur à 10 % . Les
pays ne subissent donc pas de contraintes extérieures.
• Au contraire depuis le début des années 50 mais surtout depuis le début des années
80, avec la libéralisation des échanges internationaux les taux d’ouverture
progressent rapidement et la contrainte extérieure « finit par jouer pleinement à
partir des années 70 au moment précis où les pouvoirs publics auraient souhaité
disposer de marges de manœuvre étendues pour faire face à l’augmentation
simultanée de l’inflation et du chômage . (..)
A cet égard l’exemple français de 1981-82 reste exemplaire : un gouvernement élu sur un programme de relance
et donnant la priorité à la lutte contre le chômage, s’est trouvé dans l’impossibilité de poursuivre une politique
expansionniste plus d’un an , en raison du déficit extérieur massif qu’elle engendrait » (J Genereux) .
• Keynes ne niait pas ce fait puisqu’il écrivait dés l’entre deux guerres : « dans un
système ouvert en relations commerciales avec l’étranger, le multiplicateur de
l’investissement supplémentaire contribuera en partie à relever l’emploi dans les pays
étrangers, puisqu’une partie de la consommation additionnelle réduira l’excédent de
notre balance extérieure; aussi bien lorsqu’on considère l’effet d’un accroissement de
l’investissement sur le seul emploi intérieur, en tant que distinct de l’emploi mondial,
il faut réduire la pleine valeur du multiplicateur ».
• Il n’en reste pas moins que nombre d’économistes et de gouvernements considèrent
aujourd’hui que le multiplicateur n’est plus d’actualité . Ceci traduit le retour d’une
logique de l’offre qui se substituerait à la logique de la demande qui avait été
dominante durant les trente glorieuses . Le succès des modèles de la rentabilité
économique, financière et de l’effet de levier en sont le meilleur signe .