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Beševliev Veselin. Deux corrections au « Breviarium » du patriarche Nicéphore. In: Revue des études byzantines, tome 28,
1970. pp. 153-159.
doi : 10.3406/rebyz.1970.1433
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1970_num_28_1_1433
DEUX CORRECTIONS AU « BREVIARIUM »
DU PATRIARCHE NICÉPHORE
V. BESEVLIEV
Que les Unnogoundours étaient une tribu des Bulgares ou leur étaient
identiques, c'est ce que confirme aussi Constantin Prophyrogénète {De them.
85, 29-32) : Έγένετο δε ή των βαρβάρων περαίωσις επί τον "Ιστρον
ποταμόν εις τα τέλη της βασιλείας Κωνσταντίνου του Πωγωνάτου, δτε και
το όνομα αυτών (= των Βουλγάρων) φανερον έγένετο · πρότερον γαρ Όνο-
γουνδούρους αυτούς έκάλουν.
Une autre source appelle la tribu non pas « Unnogoundouroi » mais
« Unnogouroi », cf. Agathon, Mansi XII, 193 b : των Ούννογούρων Βουλ
γάρων. L'identité des deux dénominations ne fait pas de doute ; toutefois
l'on ne voit pas bien quel est le rapport entre les deux noms. Gy. Morav-
csik11 est d'avis que « Onogoundour » représente soit une forme bulgaro-
turque, soit une déformation de « Onougour », consécutive à une contami
nationlinguistique. Mais si l'on considère que les Onogoundours appar
aissent dans trois textes distincts on pourrait aussi supposer que « Ounno-
gourôn » est une fausse lecture de « Ounnogoundourôn ».
Les corrections proposées du texte du patriarche Nicéphore peuvent
aussi se justifier par des sources littéraires. Aucune des sources grecques ou
latines qui mentionnent les Bulgares avant la fondation de leur Etat dans la
péninsule balkanique ne les présente comme des Huns ou comme une de
leurs tribus. Seules les deux informations suivantes sur les Bulgares ont
incité plusieurs savants à soutenir que les Bulgares étaient identiques
aux Huns. Jean d'Antioche12 rapporte : a) Και ή των Θεοδωρίχων
συζυγία αύθις τα 'Ρωμαίων έτάραττε και τας περί την Θράκην πόλεις
έξεπόρθει, ως άναγκασθήναι τον Ζήνωνα τότε πρώτον τους καλουμένους
Βουλγάρους εις συμμαχίαν προτρέψασθαι. b) 'Επειδή δέ Θεοδώριχος
ό Τριαρίου επιτυχών προς τους Οΰννους έπραξε πολέμω και έπ'αύτήν
τήν Κωνσταντίνου πόλιν ώρμησεν. On a identifié les Bulgares du premier
texte avec les Huns du second sans preuve particulière, puisqu'on partait de
l'hypothèse que le terme « Bulgares » doit être synonyme de « Huns ».
Selon une information de Théophane13, les Huns firent une irruption
dévastatrice en Thrace au temps de l'empereur Zenon. Les Huns étaient
donc à cette époque des ennemis des Byzantins et entreprirent des razzias
sur le territoire de leur empire. C'est pourquoi l'on présume que Théodoric,
le fils de Triarius, a lutté contre ces Huns qui avaient pénétré en Thrace.
Les Bulgares étaient au contraire des alliés des Byzantins. De plus, on ne
trouve dans les sources aucun indice direct ou indirect qui permettrait
11. Pour l'histoire des Onogoures voir Ungarische Jahrbücher 10, 1930, p. 73 =
Studia Byzantina, Budapest 1967, p. 102.
12. Excerpta de insidiis : de Boor, Berlin 1905, p. 13513"18.
13. Theophanes, Chronographia : de Boor I, p. 1209~12.
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de conclure que le susdit Théodoric ait jamais lutté contre les Bulgares.
Cependant Ennodius, parlant de Théodoric, le fils de Théodemir, raconte
dans le panégyrique de ce roi qu'il a blessé le chef des Bulgares dans un
combat : « Stat ante oculos meos Vulgarum ductor libertatem dextera
tua adserente prostratus, nee extinctus, etc14 ». En 479-480, ce Théodoric
livrait en Macédoine et en Albanie des combats sans merci (cf. libertatem
dextera tua adserente) contre l'armée byzantine que commandait le général
Sabinianus Magnus15. Sabinianus était, comme le sera plus tard son fils
homonyme, magister militum per Illyricum. Les Bulgares, enrôlés comme
alliés au dire de Jean d'Antioche, étaient probablement aussi placés sous
son commandement ; de même plus tard ces mêmes Bulgares furent enrôlés
comme fédérés dans l'armée de son fils et prirent part à ce titre au combat
contre les Ostrogoths en 505. La bataille mentionnée par Ennodius se
déroula par conséquent en Macédoine. Les divers personnages qui ont
livré combat et les divers théâtres d'opérations ne permettent donc pas
d'identifier les Bulgares avec les Huns. Quoi qu'il en soit, l'identification
des deux noms de peuples dans les passages suscités de Jean d'Antioche
ne peut en aucune manière être tenue pour sûre.
La seconde information se trouve chez le sénateur Cassiodore. Il écrit en
effet que le général ostrogoth Toluin fut élevé au patriciat, car entre autres
« egit de Hunnis inter alios triumphum et emeritam laudem primis congres-
sibus suspicatus neci dédit Bulgares toto orbe terribiles »16. La mention
conjointe des Huns et des Bulgares est considérée comme une preuve de
l'identité des deux noms17. De l'avis de M. Kiessling18 les Huns et les Bul
gares sont ici au contraire nettement distingués. A. Burmov19 admet, à la
suite de M. Mommsen20, qu'il s'agit de deux combats différents et par
conséquent de deux peuples différents. Nous ne prétendons pas contester
cette possibilité, mais une autre explication nous semble plus vraisemblable.
Les deux noms pourraient être éventuellement synonymes, mais il ne s'ensuit
pas pour autant que Bulgares et Huns fussent identiques. L'appellation
« Huns » a ici une signification plus politique qu'ethnique. Si les Bulgares
sont appelés Huns, c'est parce qu'ils appartenaient antérieurement au
royaume des Huns. En mentionnant les Huns, qui étaient alors redoutés