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Paul Gautier

Le synode des Blachernes (fin 1094). Etude prosopographique


In: Revue des études byzantines, tome 29, 1971. pp. 213-284.

Résumé
REB 29 (1971)Francep. 213-284.
P. Gautier, Le synode des Blachernes (fin 1094). Etude prosopographique. — Le procès-verbal du synode mixte présidé par
l'empereur Alexis Ier pour mettre fin à la querelle soulevée par Léon de Chalcédoine au sujet des images comporte une longue
liste de présence. Après les juges sont nommés 48 membres du sénat, 24 métropolites et archevêques, 8 archontes
ecclésiastiques, 15 higoumènes. Une notice définit la carrière connue de chacun des participants. En conclusion, la date de cette
assemblée est fixée tout à la fin de l'année 1094, en rapport avec la date d'une attaque des Coumans qui prend place dans la
première moitié de 1095.

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Gautier Paul. Le synode des Blachernes (fin 1094). Etude prosopographique. In: Revue des études byzantines, tome 29, 1971.
pp. 213-284.

doi : 10.3406/rebyz.1971.1445

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1971_num_29_1_1445
LE SYNODE DES BLACHERNES (fin 1094)
ÉTUDE PROSOPOGRAPHIQUE

Paul GAUTIER

La première conséquence de l'invasion de l'Epire par Robert Guiscard


en 1081 fut d'assécher les réserves du trésor impérial que les prodigalités
de Nicéphore Botaniate avaient déjà sérieusement écornées1. Faute du
numéraire indispensable pour recruter de nouveaux soldats et surtout des
mercenaires, le basileus Alexis Comnène qui avait établi en octobre son
quartier général à Diavolis, au sud d'Achrida, écrivit à sa mère Anne
Dalassène et à son frère le sébastocrator Isaac, chargés en son absence du
gouvernement, de lui envoyer de toute urgence de l'argent sans trop regarder
aux moyens de se le procurer2. On s'y employa sans délai. La famille impér
iale et une partie de l'aristocratie payèrent d'exemple en envoyant quelques
bijoux d'or et d'argent à l'atelier de la monnaie, mais la somme qu'on en
retira se révéla nettement insuffisante et l'on se résolut à séculariser les
trésors des églises en s 'appuyant notamment, pour légitimer une mesure
aussi exceptionnelle, sur une novelle (VII, 8, ou XV, 2) de Justinien3. Anne
Comnène, dans son souci de défendre la mémoire de son père, prétend
qu'on n'aliéna qu'une « faible quantité d'objets sacrés, d'ailleurs inutilisés

1. Cf. Alexiade : Leib II, p. 9. Il faut cependant se garder de prendre à la lettre les
affirmations d'Anne Comnène qui est autant apologiste qu'historienne. Le trésor n'était
pas aussi vide qu'elle le prétend, puisque son père put verser dès son avènement 360 000
pièces d'or à Henri IV d'Allemagne (Alexiade : Leib I, p. 34) ; ce sont les expéditions de
1081 et 1082 contre Robert Guiscard, désastreuses pour les Byzantins, qui contribuèrent
le plus à ruiner l'Etat.
2. Cf. Alexiade : Leib II, p. 9-10.
3. Cf. Alexiade : Leib II, p. 10 ; V. Grumel, Les documents athonites concernant
l'affaire de Léon de Chalcédoine, Miscellanea Giovanni Mercati, III (= Studi e Testi
123), Cité du Vatican 1946, p. 130, n. 7.
214 P. GAUTIER

et mis au rebut depuis longtemps4 ». Mais des prélats contemporains des


événements attestent au contraire que l'aliénation connut une ampleur
considérable et ne fut même pas exempte de brimades (flagellations, incar
cérations) contre les récalcitrants5, et Alexis Comnène le reconnaît lui-
même dans son chrysobulle d'août 10826.
Le sébastocrator prit sur lui d'informer le synode et le clergé, réunis sur
son ordre à Sainte-Sophie, de la mesure à laquelle le gouvernement se
voyait acculé. Si la majorité de son auditoire et notamment le patriarche
Eustrate Garidas se rallièrent à ses arguments, il y eut des opposants :
au premier rang d'entre eux, le métropolite de Chalcédoine Léon qui s'en
prit d'abord au patriarche Eustrate, la créature des Comnènes, qu'il ne
reconnaissait pas et qu'il accusait d'avoir employé des biens sacrés à des
usages profanes, et qui ne cessera pas de protester contre le pillage des
églises, spécialement contre l'enlèvement des plaques d'argent de la fameuse
porte des Chalcoprateia7. La démission ou plutôt le renvoi du patriarche
Eustrate (juillet 1084) ne désarma pas le contestataire qui refusa de concélé
brer avec le nouveau patriarche Nicolas Grammatikos, et la querelle se
ralluma, plus violente, quand le basileus entreprit en 1086 ou 1087, malgré
ses serments antérieurs, de se procurer de l'argent par les mêmes moyens
pour subvenir aux dépenses de sa campagne contre les Petchénègues8.
Léon de Chalcédoine, soutenu par une forte faction et certainement par
les Doucas, reprit sa campagne d'opposition, proclamant illicite et impie
toute transformation de choses saintes qui ne se fait pas en d'autres choses
saintes. On crut briser ce trublion en le déposant9, mais le prélat n'en

4. Cf. Alexiade : Leib II, p. 11 et 45-48.


5. Voir par exemple les protestations de Jean d'Antioche (P. Gautier, Diatribes de
Jean l'Oxite contre Alexis Comnène, REB 28, 1970, p. 30-33) et celles de Léon de Chal
cédoine dans sa lettre au même basileus ; cf. V. Grumel, loc. cit. (n. 3), p. 125.
6. Cf. V. Grumel, L'affaire de Léon de Chalcédoine. Le chrysobulle d'Alexis Ier
sur les objets sacrés, EB 2, 1944, p. 127.
7. Cf. Alexiade : Leib II, p. 11-12, et surtout Grumel, Regestes, n° 935 ; Id., L'affaire
de Léon de Chalcédoine. Le décret ou « semeioma » d'Alexis Ier Comnène (1086), EO 39,
1941/2, p. 333-334.
8. Cf. Alexiade : Leib II, p. 12, et Dölger, Regesten, n° 1130. Sur l'apparent parjure
d'Alexis Comnène voir les réflexions et explications de V. Grumel, loc. cit., EB 2, 1944,
p. 130-133, et EO 39, 1941/2, p. 339. P. Stephanou, Le procès de Léon de Chalcédoine,
OCP 9, 1943, p. 26-27, situe cette nouvelle mesure de sécularisation dans la seconde
moitié de 1087 au lieu de 1086, date qui nous paraît aussi plus vraisemblable. Voir notre
note 15.
9. En février-mars 1086 selon Grumel, Regestes, n° 941, mais cette date nous paraît
douteuse.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 215

continua pas moins à tenir tête aux autorités et il fallut se résoudre, plu
sieurs années plus tard, à l'exiler à Sozopolis du Pont ou Mésemvria10.
Cette sécularisation des biens sacrés (principalement des vases et des
icônes) déclencha une petite querelle des images dont Nicétas Choniate
a conservé le souvenir, d'ailleurs déformé, dans son Thesaurus fidei ortho-
doxae11, mais sur laquelle nous sommes mieux renseignés par un recueil de
lettres publiées au début du siècle et minutieusement analysées par le P.
Grumel12. Dans l'une d'elles, la troisième de ce dossier, le prélat justifia
par des arguments dogmatiques son opposition irréductible à toute sécula
risation des objets sacrés. Ce factum adressé à son neveu et partisan Nicolas
Adrianoupolitès (voir p. 216, n. 2) tomba dans le public et causa une
vive émotion. Isaac Comnène, qui se piquait de théologie, s'employa
à le réfuter en constituant une petite somme d'autorités patristiques et
synodales, mais celle-ci n'eut sans doute pas le retentissement escompté,
car le basileus jugea nécessaire de réunir une grande assemblée pour
liquider cette querelle. Elle fut convoquée dans le grand triclinos des
Blachernes qui, détruit par un incendie en 1070, venait d'être entièr
ementrestauré13.
Le P. Grumel a, non d'ailleurs sans hésitation, daté ce synode du second
semestre de 1092 (Regestes, n° 967), mais cette date est suspecte. C'est
d'ailleurs toute la chronologie des événements postérieurs au semeioma de
janvier 1086 qui mériterait un réexamen14 : nous constatons par exemple
que Léon de Chalcédoine, censé déposé en février/mars 1086 (Regestes,
n° 941), était encore évêque lors de la campagne organisée contre les
Petchénègues en l'été 1087. Durant la déroute des Byzantins « le
proèdre de Chalcédoine Léon, revêtu de son costume episcopal »
(τον της Χαλκηδόνος πρόεδρον Λέοντα... την ίερατικήν στολήν
ήμφιεσμένον), donna son cheval à son ami le sébaste Georges Paléo-

10. Cf. Alexiade : Leib II, p. 13 et 102 (Sozopolis du Pont) et Nicétas : G. Tafel,
Supplementa Historicte Ecclesiasticae Graecorum saec. XI et XII, Tübingen Programm
1832, p. 7 (Mésemvria). Vers 1089, selon Grumel, Regestes, n° 955 ; date également peu
sûre. Voir aussi H.-G. Beck, Kirche und theologische Literatur im byzantinischen Reich,
Munich 1959, p. 339-340 et 611-612.
11. Ouvrage cité à la note précédente.
12. Article cité à la note 3 (p. 116-132). La position doctrinale de Léon a été étudiée
par P. Stephanou, La doctrine de Léon de Chalcédoine et de ses adversaires sur les images,
OCP 12, 1946, p. 177-199.
13. Cf. R. Janin, Constantinople byzantine*, Paris 1964, p. 125.
14. La chronologie générale de ces événements a été établie par P. Stephanou, Le
procès de Léon de Chalcédoine, OCP 9, 1943, p. 5-64.
216 P. GAUTIER

logue15. Mais notre propos immédiat est moins ambitieux : il se limi


tera à une étude prosopographique de la liste de présence que nous
éditons ci-après, d'où nous excluons les dignitaires qui ont fait ailleurs
l'objet d'une recherche similaire, et à un nouvel examen de la date de ce
synode.

Το σημείωμα τδ γεγονός επί τή προβάση ενώσει της συνόδου και


αυτού του άπο Χαλκηδόνος Λέοντος και εύσεβεί άποφάσει περί της
προσκυνήσεως των αγίων εΙκόνων παρά του κρατίστου και αγίου
ήμων βασιλέως κυρ Αλεξίου τοϋ Κομνηνού του και έπ'εύσεβεία
Θεοΰ χάριτι διαλάμψαντος1

Γραφή προς τον Άδριανουπολίτην2 Νικόλαον πεμφ&εΐσα παρά του


παρ'
χρηματίσαντος μητροπολίτου Χαλκηδόνος Λέοντος, προς τοις άλλοις
οσοις3
έγένετο, έ'φθασεν έλ&εΐν και προς τον κραταιόν και άγιον ημών
βασιλέα και άναγνωσ&εΐσα4 εύρέθ-η έχουσα περί της των άγιων εικόνων
προσκυνήσεως πολλά έναντιούμενα ταΐς των αγίων πατέρων διδασκαλίαις
καί, αμφιβολίας δια ταύτα έμπεσούσης, ή γαληνότης αύτου, μή άνεχομένη
τους ευρίσκοντας αυτήν καί άναγινώσκοντας σκανδαλίζεσ&αι καί του

15. Cf. Atexiade : Leib II, p. 101-102. Les réflexions d'Anne Comnène à propos de
cet épisode laisseraient croire qu'il s'agit d'un miracle ou d'une vision, mais il n'en reste
pas moins qu'elle écrit que Léon était encore métropolite de Chalcédoine. Si la nouvelle
aliénation des trésors des églises eut lieu non au début de 1086 pour parer à l'invasion
petchénègue imminente, mais durant la seconde moitié de 1087, après le désastre byzant
in de Dristra (Alexiade : Leib II, p. 93-105), il est possible que Léon ait été déposé seu
lement à la fin de 1087 ou même en 1088.
1. Ce semeioma d'Alexis Comnène est conservé dans le Coislin. (= C) 36 (XIVe
siècle), f. 307-311v, et le Sinaïticus (= S) 1117 (XIVe siècle), f. 231V-232V (recension brève,
sans la liste de présence). Il fut édité d'abord par B. De Montfaucon, Bibliotheca Cois-
liniana olim Segueriana, Paris 1715, p. 103-110 (sur la base du Coislin. 36), puis reproduit
dans Mansi 20, 1103-1114, et PG 127, 972B-984Ö.
2. Les arguments développés par N. Oikonomidès (REB 18, 1960, p. 66-67) pour
rayer ce Nicolas de la liste épiscopale d'Andrinople se trouvent à ce jour renforcés par
deux autres qui sont décisifs. La présente leçon Adrianoupolitès est bien celle des deux
manuscrits collationnés, ce qui confirme l'exactitude du lemme isolé figurant dans le
Vindob. hist. gr. 70, f. 90 (cf. REB 18, p. 78). D'autre part, nous avons maintenant la
certitude que les suscriptions des lettres échangées entre Nicolas et Léon de Chalcédoine
ont été mal lues par A. Lavriotès (EA 20, 1900, p. 413-414) ; dans les papiers laissés par
Mgr Petit qui a corrigé sur le manuscrit aujourd'hui perdu (Lavra 139) le texte imprimé
de Lavriotès on les trouve ainsi libellées, f. 35 : Νικολάου του Άδριανουπολιτοϋ Λέοντι.
τφ άπο Χαλκηδόνος ; f. 36 : Λέοντος... Νικολάφ τφ Άδριανουπολίτη.
3. Simple faute d'itacisme dans S qui a lu όσης.
4. S écrit par inadvertance άναγνωσθείς.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 217

εύ&έος έκτρέπεσ&αι, εύδόκησεν άθροϊσθήναι την συγκλητικήν βουλήν,


την άρχιερατικήν αγιότητα και την των μοναχών όμήγυριν, παρεΐναι δε
και τόν της γραφής αίτιον5 και οΰτω πασαν άμφιβολίαν λυθ-ήναι.
Κατά γοΰν ταύτα άθροϊσ&έντων άπα μεν της συγκλήτου βουλής,
του πρωτοσεβάστου και μεγάλου δομεστίκου <κΰρ> Άνδριάνου6,
του σεβαστού και πρωτοστράτορος κυρ Μιχαήλ του Δούκα,
του σεβαστού και μεγάλου δουκός κυρ 'Ιωάννου του Δούκα,
του σεβαστού κυρ Γεωργίου του Παλαιολόγου,
του σεβαστού κυρ 'Ιωάννου του Ταρωνίτου,
τοϋ σεβαστού και λογοθ-έτου κυρ Μιχαήλ7,
του σεβαστού κυρ Κωνσταντίνου του Μανιακή,
Μαρίνου σεβαστού του Νεαπολίτου,
Κωνσταντίνου σεβαστού του Ούμπέρτου,
Μανουήλ πρωτονωβελλισίμου και επί του κανικλείου του Φιλοκάλου,
Μιχαήλ < πρώτο >νωβελλισίμου μυστικού και έπαρχου,
'Ανδρόνικου πρωτονωβελλισίμου και λογοθ-έτου του δρόμου του
Σκληρού,
Ίσαακίου πρωτονωβελλισίμου του Κοντοστεφάνου,
Στεφάνου πρωτονωβελλισίμου του αύταδέλφου αύτοΰ,
Γεωργίου πρωτονωβελλισίμου του Παλαιολόγου,
Βάρδα νωβελλισίμου του Ίκανάτου,
Μιχαήλ νωβελλισίμου του Διαβατηνοΰ8,
'Ιωάννου πρωτοκουροπαλάτου και επί τών δεήσεων τοϋ Ταρωνίτου,
Μιχαήλ πρωτοκουροπαλάτου του Βαρέος,
Κωνσταντίνου πρωτοκουροπαλάτου του Κατακάλων,
Νικολάου πρωτοπροέδρου τής συγκλήτου και μεγάλου δρουγγαρίου
της βίγλας του Μερμεντόλου,
'Ρωμανού κουροπαλάτου του υίου του Παλαιολόγου,
'Ιωάννου κουροπαλάτου του Συναδηνοΰ,
Κωνσταντίνου κουροπαλάτου και μεγάλου έταιρειάρχου του Άντιόχου,

5. C'est-à-dire Léon de Chalcédoine : la lettre en question, qui est la 3e publiée par


Alexandre de Lavra (EA 20, 1900, p. 414-416, 445-447, 455-456), a été analysée par V.
Grumel, Les documents athonites concernant l'affaire de Léon de Chalcédoine, Miscel
laneaGiovanni Mercati, III, Cité du Vatican 1946, p. 122-123.
6. Le prénom Adrianos manque dans C ; le mot kyr absent dans CS a été suppléé.
On remarquera que kyr est réservé au basileus (lemme), aux patriarches Nicolas et Syméon
(plus bas), aux sept premiers sébastes qui sont tous, sauf peut-être Constantin Maniakès,
parents du basileus, et que les deux sébastes d'origine étrangère en sont privés.
7. S abandonne la liste après Michel et ajoute : Μιχαήλ] δεινός καΐ δεινός και δεινός ·
άπό τοϋ μοναχικού...
8. Le copiste a écrit Dabatènos, forme apparemment moins correcte que Diabatènos.
218 P. GAUTIER

του κουροπαλάτου Ευθυμίου καΐ κριτου,


Μιχαήλ κουροπαλάτου του Σκληρού,
Κωνσταντίνου κουροπαλάτου του Ίασίτου,
Κωνσταντίνου κουροπαλάτου του Χοιροσφάκτου,
Τατικίου πρωτοπροέδρου και μεγάλου πριμικηρίου των Ισω βεστιαριτών,
< > του υίοΰ του Ταρχανιώτου9,
Θεοδώρου πρωτοπροέδρου και υπάτου των φιλοσόφων του Σμυρναίου,
Γεωργίου πρωτοπροέδρου του Μαγγάνη,
Γεωργίου πρωτοπροέδρου του Βασιλάκη,
Κωνσταντίνου πρωτοπροέδρου του "Ωπου,
Νικήτα πρωτοπροέδρου του Κασταμονίτου,
'Ιωάννου προέδρου και γραμματικού,
Βασιλείου προέδρου του Μαύρου,
Μιχαήλ προέδρου και κριτου του ιπποδρόμου του Αύτωρειανου,
Γρηγορίου προέδρου του Άριστηνοΰ,
Γεωργίου προέδρου του Πυρρού,
Μιχαήλ προέδρου και πριμικηρίου τών έ'ξω βεστιαριτών του Άντιόχου,
Ευσταθίου προέδρου και χαρτουλαρίου του σταύλου του Καμύτζη,
Βασιλείου ραίκτωρος και παπίου τών Βλαχερνών,
'Ιωάννου ραίκτωρος του Σκουταριώτου,
Θεοδώρου ραίκτωρος του Πεπαγωμένου,
Λέοντος βεστάρχου και γραμματικού,
Μιχαήλ βεστάρχου και γραμματικού του Όφεωμάχου,
άπο δέ του αρχιερατικού καταλόγου θεοφιλέστατων μητροπολιτών.
Κοσμά Καισαρείας Καππαδοκίας του πρωτόθρονου,
Κωνσταντίνου Νικομηδείας,
'Ιωάννου Σίδης,
Κωνσταντίνου Τυάνων,
Νικηφόρου Γάγγρας,
Θεοδούλου Θεσσαλονίκης,
'Ιωάννου Κλαυδιουπόλεως,
Γρηγορίου Νεοκαισαρείας,
Μιχαήλ Λαοδικείας,
Ευσταθίου 'Ικονίου,
Νικήτα Συνάδων,
Σεργίου Κορίνθου,
Νικήτα 'Αθηνών,

9. Son prénom est absent, voir n° 30, p. 254.


LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 219

Πέτρου Πατρών,
Βασιλείου Λαρίσσης,
Νικήτα Μιτυλήνης,
Βασιλείου Εύχαΐτων,
Μιχαήλ Πομπηϊουπόλεως,
Μιχαήλ Αίνου,
Νικολάου Κερκύρας,
< > του αυτοκέφαλου αρχιεπισκόπου της Κυπρίων νήσου10,
και ετέρων αρχιεπισκόπων των υποκειμένων τφ θ-ρόνω του άγιωτάτου
και οικουμενικού πατριάρχου,
Λέοντος Βιζύης,
'Ιωάννου Καραβιζύης,
Θεοδώρου Χερσώνος,
και επισκόπων των ύπο τον θ-ρόνον τελούντων του κατά τήν Κύπρον
αρχιεπισκόπου,
και άπο του εκκλησιαστικού πληρώματος,
Νικηφόρου διακόνου του γεγονότος χαρτοφύλακος,
Πέτρου διακόνου και χαρτοφύλακος,
Νικήτα διακόνου και ραιφερενδαρίου,
Βασιλείου διακόνου και ύπομνηματογράφου,
Εύσταθ-ίου διακόνου και διδασκάλου,
'Ιωάννου του Μεταξά,
Εύφημιανοΰ του πριμικηρίου των πατριαρχικών νοταρίων,
Θεοφάνους,
Νικήτα,
Νικηφόρου,
Λέοντος,
καΐ Νικήτα τών πατριαρχικών νοταρίων,
άπο δε11 του μοναχικού συλλόγου,
'Ιωάννου μοναχού και καθ-ηγουμένου της μονής τών Στουδίου,
< > του ηγουμένου της μονής του αγίου Διομήδους Άθ·ανα-
σίου του Παναγιώτου,
'Ιωάννου του καθηγουμένου της του Πολυελέου μονής του έπι του
κανικλείου,
Γεωργίου καθ-ηγουμένου της μονής του 'Ακατάληπτου Σωτήρος της
κατά τήν Κάμαριν12,

10. Sur cet archevêque anonyme de Chypre, voir infra, p. 270.


11. Dans S on lit : νοταρίων καΐ άπο του...
12. Cet higoumène a été sauté par le copiste de S.
220 P. GAUTIER

'Ιωάννου του κα&ηγουμένου της μονής του τροπαιοφόρου των Μαγγ


άνων13,
< > του κα&ηγουμένου της μονής τοϋ Οικοπροτέρου14,
< > του κα&ηγουμένου της μονής του αγίου Λαζάρου,
Συμεών του εγκλείστου της μονής του κυρ Φιλοθ-έου,
Κυρίλλου του κα&ηγουμένου τής μονής των αγίων μαρτύρων Πρόβου,
Τάραχου και 'Ανδρόνικου,
< > του καθ-ηγουμένου τής μονής του Πρασιάνου,
Ίωαννικίου του κα&ηγουμένου τής μονής των Όδηγών,
< > του καθ-ηγουμένου τής μονής του αγίου Μωκίου,
Λουκά του κα&ηγουμένου τής μονής του αγίου Φωκά,
< > του κα&ηγουμένου τής μονής του Πτερυγίου,
< > του καθ-ηγουμένου τής μονής του Άτταλειάτου,
και πλήθους ετέρων μοναχών ικανού εκ διαφόρων μοναστηριών.
Τούτων οδν πάντων άθ-ροϊσθ-έντω ν εν τφ νεουργη&έντι μεγάλω τρικλίνω15
τών Βλαχερνών και τω κραταιώ και άγίω ημών βασιλεΐ προκαθ-ημένω
παρισταμένων, μόνων συνεδριαζόντων αύτω16 του τε πανευτυχεστάτου
σεβαστοκράτορος και τών άγιωτάτων πατριαρχών του τε Κωνσταντι
νουπόλεως κυρ Νικολάου και του Ιεροσολύμων κυρ Συμεών, ή γαλήνιος
και ειρηνικωτάτη αύτου βασιλεία, θ-εάρεστόν τε και βασιλικόν τω οντι
προδιασκεψαμένη17, είς Ιργον δή τούτο και ύπεξήγαγεν.

Dans cette liste de présence, dont on notera le tour inhabituel pour un


procès-verbal synodal, ne sont énumérés avec leurs nom, titre et fonction
qu'une centaine de synodiques, alors que les membres composant l'assem
blée approchaient vraisemblablement les deux cents. Celle-ci était présidée
par l'empereur Alexis Comnène, qui s'était associé comme juges (συνε
δριάζοντες) son frère le sébastocrator Isaac, le patriarche de Constantinople
Nicolas et celui de Jérusalem Syméon. Les membres qui y assistaient à
titre officiel (παριστάμενοι) forment quatre groupes représentatifs indiqués
par une division protocolaire : quarante-huit sénateurs, une trentaine au

13. Ici cesse la liste de S qui ajoute : τοϋ δεινός και δεινός και δεινός και πλήθους
ετέρων (ετέρου C) μοναχών...
14. Le nom de plusieurs higoumènes a été laissé en blanc.
15. C écrit τρικλινίω.
16. αύτω est omis par S. Sur la composition de ce tribunal mi-impérial et mi-synodal
et sur la distinction entre συνεδριάζοντες et παριστάμενοι voir J. Darrouzès, Recherches
sur les offikia de l'Eglise byzantine, Paris 1970, p. 146-147.
17. διασκεψαμένη dans S.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 221

moins de hiérarques (métropolites et archevêques), douze archontes


ecclésiastiques, seize higoumènes de la capitale et un nombre, qualifié
d'important, mais non précisé, de moines.

I. — Les Juges

1. Le sébastocrator Isaac
Isaac Comnène était le deuxième fils du curopalate Jean Comnène et
d'Anne Dalassène1 ; il naquit sans doute vers 10502. Au début de
1072 il fut banni avec sa mère dans l'île de Prinkipo3.
Pour se concilier cette famille puissante, Michel VII Doukas la
rappela d'exil vers la fin de la même année4 et maria Isaac à une
cousine germaine de sa propre épouse, Irène, fille du prince d'Alanie5,
qui était aussi une cousine germaine de la seconde femme de Théodore
Gabras6.
Le couple eut quatre fils : Jean7, Alexis8, qui furent tous les deux ducs

1 . Cf. Bryennios : Bonn, p. 1 7 (sera désormais cité avec seulement la page de l'édition
de Bonn).
2. Il était plus âgé que son cadet Alexis, qui ayant 14 ans en 1071 (Alexiade : Leib I,
p. 9) était né vers 1057. Entre Alexis et Isaac ont pu s'intercaler quelques-unes de leurs
sœurs, Marie, Eudocie et Theodora, qui étaient toutes mariées en 1071.
3. Cf. Bryennios : p. 50. La date du procès d'Anne Dalassène n'est pas établie, mais
doit se situer à la fin de 1071 ou au début de 1072.
4. Sans doute après la capture (mi-mai 1072), voire après la mort de Romain Diogène
(4 août 1072). Cf. D. Polemis, BZ 53, 1965, p. 65-66 et 76.
5. Cf. Bryennios : p. 56 et Alexiade : Leib I, p. 64 et 70. Elle mourut à peine un an
après son mari (Zonaras : Dindorf IV, p. 2463) sous le nom monastique de Xénè. Sur
cette princesse voir L. Stiernon, Notes de titulature et de prosopographie byzantines,
REB 21, 1963, p. 180 ; A. Garzya, Niceforo Basilace. Encomio di Adriano Comneno,
Naples 1965, p. 34 ; P. Gautier, La curieuse ascendance de Jean Tzetzès, REB 28, 1970,
p. 212.
6. Cf. Alexiade : Leib II, p. 152.
7. Jean Comnène, encore tout jeune au début du règne d'Alexis Comnène (Alexiade :
Leib I, p. 135) remplaça Jean Doucas comme duc de Dyrrachium au printemps 1092
(Alexiade : Leib II, p. 147). Alexis Comnène fit son éloge à l'ambassadeur d'Henri
IV d'Allemagne (Alexiade : Leib I, p. 135). Il était encore duc de Dyrrachium lors de
l'arrivée dans cette ville du croisé Hugues de France en août 1096 (Alexiade : Leib II,
p. 213). Peut-être devint-il par la suite anagrapheus et grand domestique (en 1103/4) ;
cf. F. Dolger, Aus den Schatzkammern des Heiligen Berges, Munich 1948, p. 121. Théo-
phylacte de Bulgarie lui a adressé plusieurs lettres : PG 127, 513, 525, 529, 533.
8. Alexis Comnène fut nommé duc de Dyrrachium au printemps 1106 (Alexiade :
Leib III, p. 65), poste qu'il occupait encore en 1108 (ibid. : p. 121). Il avait épousé une
certaine Zoé ; cf. Grumel, Regestes, n° 1010.
222 P. GAUTIER

de Dyrrachium, Constantin9 et Adrien10, et au moins deux filles : Sophie


qui épousa un sébaste Dokeianos11, et une autre anonyme dont les fian
çailles avec Grégoire Gabras furent rompues pour empêchement cano
nique12.
En 1073, ce semble, Isaac fut nommé domestique des scholes d'orient
et envoyé combattre les Turcs en qualité de stratège autocrator13. Fait
prisonnier au premier engagement à proximité de Césarée de Cappadoce,
il parvint à se racheter rapidement et regagna Ancyre, puis Constantinople
en compagnie de son jeune frère Alexis14. L'année suivante, le basileus le
nomma duc d'Antioche, en remplacement du protoproèdre Joseph Tarcha-
niotès décédé, dont le fils, le magistros Katakalon, était impuissant à répr
imer les émeutes qui secouaient la ville15. Il avait pour mission secrète et
urgente de chasser d'Antioche le patriarche Emilien, partisan de l'arménien
Philarète Vrachamios et instigateur présumé de ces révoltes16. La ruse
aidant, il débarrassa rapidement la métropole syrienne de ce prélat turbul
ent,mais dut réprimer dans le sang l'émeute suscitée ensuite par les clients
du patriarche exilé1 7. Quelque temps plus tard, il se porta contre une armée
turque qui avait envahi la Syrie, mais fut de nouveau capturé. Les Antio-

9. Il fut en correspondance avec Théophylacte de Bulgarie. Cf. PG 127, 488e : Au


sébaste et duc de Verrhia kyr Constantin, le fils du sébastocrator.
10. Sur Adrien et Constantin voir L. Stiernon, Adrien (Jean) et Constantin Comnènes,
sébastes, REB 21, 1963, p. 179-198. Le sébaste Adrien, avant de devenir archevêque de
Bulgarie, eut une fille Theodora, qui épousa Andronic Kontostéphanos, mort sous le
nom monastique d'Antoine (cf. NE 8, 1911, p. 154) ; il fut correspondant de Michel
Italikos ; cf. J. A. Cramer, Anecdota graeca e codd. manuscriptis bibliothecarum Oxoni-
ertsium, III, Oxford 1836, p. 191, lettre XXIII (anépigraphe).
11. Cf. NE 8, 1911, p. 146 bis. Cette Sophie prit, à la mort de son mari, le nom mon
astique de Suzanne : ibid., p. 47.
12. Cf. Alexiade : Leib II, p. 151-152 ; la seconde femme de Théodore Gabras, père
de Grégoire Gabras, et la femme du sébastocrator Isaac, Irène d'Alanie, étaient cou
sines germaines.
13. Cf. Bryennios : p. 58 ; Alexiade : Leib I, p. 10 (qui ajoute qu'il reçut aussi le
commandement des troupes d'occident) ; Attaliate : Bonn, p. 183 ; Skylitzès Cont. :
Tsolakis, p. 157 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 220. On ne dispose d'aucun repère chrono
logique pour dater cette campagne et l'on est réduit à supposer qu'elle eut lieu en 1073.
Cf. C. Cahen, La première pénétration turque en Asie mineure (seconde moitié du onzième
siècle), Byz. 18, 1948, p. 33 ; D. Polemis, BZ 53, 1965, p. 67.
14. Cf. Bryennios : p. 60 et 64-72 ; Attaliate : Bonn, p. 184 ; Skylitzes Cont. :
Tsolakis, p. 157-158 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 221.
15. Cf. Bryennios : p. 96. Il fut duc d'Antioche de 1074 à 1078 ; cf. V. Laurent,
La chronologie des gouverneurs d'Antioche sous la seconde domination byzantine,
Mélanges de VUniversité Saint-Joseph 38/10, 1962, p. 249-250.
16. Cf. Bryennios : p. 96-98.
17. Cf. Bryennios : p. 98. Emilien fut probablement chassé d'Antioche dès 1074 :
son successeur Nicéphore le Noir est mentionné dès 1075. Cf. Sathas, MB 1, p. 5210.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 223

chiens le rachetèrent peu après pour 20 000 pièces d'or18. Il quitta Antioche
dans la première moitié de 1078 et revint dans la capitale ; il reçut de Bota-
niate, dont il sut flatter le goût pour les tissus syriens, le titre envié de sébaste
et une demeure permanente au palais19.
Isaac et Alexis semblent bien avoir abusé de la confiance que leur témoi
gnaitle basileus pour préparer le coup d'Etat qu'ils méditaient20, mais leurs
intentions furent percées par les deux familiers et conseillers bulgares de
Botaniate, Boni et Germain, dont Anne Comnène a laissé le plus noir
portrait. Pour se prémunir contre le guet-apens qui les menaçait, ils se
mirent sous la protection de la basilissa Marie d'Alanie qu'ils lanternèrent
de belles espérances : ils promirent à la basilissa qui tremblait pour son
jeune fils Constantin Doucas de l'assister en toutes occasions et de tout
faire pour que le porphyrogénète ne fût pas écarté du pouvoir21. La prise
de Cyzique par les Turcs à la fin de janvier 1081, qui occasionna une concent
ration de troupes en Thrace, leur parut propice à l'exécution de leurs
plans22. Le dimanche 14 février ils s'abouchèrent avec leurs partisans et le
matin du lundi 15 s'enfuirent en catimini de la capitale et gagnèrent Andri-
nople puis Tchorlou où l'armée fut rassemblée23. Les troupes firent ensuite
mouvement en direction de la capitale et bivouaquèrent à Skiza : partisans
d'Alexis et d'Isaac se disputèrent sur le choix du basileus, mais les premiers,
soutenus par le gros de l'armée, eurent le dessus et Isaac s'inclina24.
Après la prise de CP le 1er avril, Isaac s'installa avec tous les Comnènes
au palais du Boukoléon25. Son frère l'associa au pouvoir et créa à son

18. Cf. Bryennios : p. 99. Constantin Diogène, le mari de Theodora Comnène,


périt dans l'engagement (Alexiade : Leib II, p. 190/1 ; Bryennios : p. 99). Dans Sathas,
MB 1, p. 52, il est question d'une curopalatissa Comnène qui porte le nom monastique
de Xénè, avait pour mari un Constantin et pour mère une Anne. Il s'agit effectivement
de Theodora dont le sceau (Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, nos 1475-1476)
porte cette légende : Xénè Komnènè, moniale et curopalatissa.
19. Cf. Bryennios : p. 156-157.
20. Cf. Alexiade : Leib I, p. 63-64.
21. Ibid. : p. 65-68.
22. Ibid. : p. 69-72.
23. Ibid. : p. 73-75 et 80-81.
24. Ibid. : p. 84-87. La bourgade de Skiza a été identifiée avec Gjarim Bourgas, à
l'ouest de Davoud Pacha, par A. Paspatès, Τα Θρακικά προάστεια του Βυζαντίου,
Εκκλησιαστικός φιλόλογος Σύλλογος 12, 1878, ρ. 39. D'après Bryennios (p. 11), Zona-
naras (Dindorf IV, p. 232) et Ephrem (PG 143, 137), Alexis rejoignit l'armée à Andri-
nople, ce que laisse d'ailleurs vaguement entendre Anne Comnène qui parle (Alexiade :
Leib I, p. 83) de l'hostilité des habitants de l'Orestiade au soulèvement des Comnènes.
Selon un manuscrit inédit (Mosquensis 349, f. 203^) il fut couronné basileus à Andrinople
par l'Eglise : ταινιωθηναι βασιλικως παρά της εκκλησίας (renseignement aimablement
communiqué par A. Failler).
25. Cf. Alexiade : Leib I, p. 105-106
224 P. GAUTIER

intention la dignité de sébastocrator26, titre qu'il portait déjà quand il


fut chargé, vers mai-juin 1081, d'escorter l'ex-basilissa Marie d'Alanie au
monastère des Manganes où le parti des Doucas avait exigé sa réclusion27.
Le basileus semble lui avoir réservé le rôle de grand inquisiteur et de gardien
de l'ordre public : il disposait à cet effet d'un dikastèrion28. Quand, en
août 1081, Alexis partit combattre Robert Guiscard qui venait de débarquer
en Epire, c'est à son frère qu'il commit le soin de maintenir l'ordre dans
la capitale29. A la fin de la même année ou au début de l'année suivante,
ce dernier ordonna, à dessein de trouver l'argent indispensable pour conti
nuer la lutte contre les Normands, la sécularisation des trésors des églises30.
Dans les premiers mois de 1082, il fut chargé d'instruire le procès du consul
des philosophes Jean Italos31. En 1094, ce semble, il se rendit en toute
hâte à Philippopoli pour défendre devant Alexis son fils Jean, duc de Dyrra-
chium, que l'archevêque de Bulgarie avait par lettre accusé de préparer
une rébellion32. Entre 1094 et 1098 il reçut dans sa villa, sise au bord
de la Propontide, le duc de Trébizonde, Théodore Gabras, qui avait
manifesté son dépit d'être privé de son fils Grégoire retenu comme otage
à CP33. Au cours de la même décennie, et peut-être vers 1098, il in
strumenta d'abord contre les frères Anémas, instigateurs d'un complot
qui groupa des militaires, des sénateurs et de hauts fonctionnaires34, et

26. Cf. Alexiade : Leib I, p. 113 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 235 ; Glycas : Bonn,
p. 618 ; Pseudo-Kodinos : Verpeaux, p. 133.
27. Cf. Alexiade : Leib I, p. 116.
28. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 3526~7. Quand le basileus décida que même une décision
patriarcale pouvait être renvoyée devant son tribunal, il adressa à cet effet une hypomnèsis
(perdue) au sébastocrator Isaac. Cf. J. Darrouzès, Documents inédits d 'ecclésiologie
byzantine, Paris 1966, p. 336-337.
29. Cf. Alexiade : Leib I, p. 150.
30. Ibid. : II, p. 10-12 ; Grumel, Regestes, n° 921.
31. Ibid. : II, p. 39 ; Grumel, Regestes, nos 923-927 ; J. Gouillard, Le synodikon
de l'Orthodoxie. Edition et commentaire, TM 2, 1967, p. 56-60 et 188-202.
32. Cf. Alexiade : Leib II, p. 147-151.
33. Ibid. : p. 152-153.
34. Ibid. : III, p. 72. Dans le récit d'Anne cette conspiration paraît légèrement anté
rieure à l'invasion de Bohémond (1107/8) et c'est pourquoi on la date communément de
1106/7 (Dölger, Regesten, n° 1233), mais cette date est à notre avis trop basse, pour
trois raisons : — 1. La timidité témoignée par Anne Comnène pour demander à son père
la grâce de Michel Anémas ne correspond pas au comportement attendu d'une femme
qui avait alors 23 ans, mais à celui d'une fillette craintive (Alexiade : Leib III, p. 74). —
2. Cette conspiration est de plusieurs années antérieure à la révolte de Grégoire Taronite,
or ce dernier se rebella au cours de la 12e indiction (1103/4) et fut incarcéré au cours de la
14e indiction (1105/6) dans la tour dite Anémas où se trouvait précisément encore Michel
Anémas qui y avait passé de longues années (Alexiade : Leib III, p. 75) ; le récit d'Anne
Comnène ne respecte pas un ordre chronologique et c'est ce qu'avait déjà remarqué
Georgina Buckler, Anna Comnena, Londres 1929, p. 276, n. 4. — 3. Si Isaac est mort
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 225

ensuite contre le moine Basile, propagateur de l'hérésie bogomile35.


Un acte de Lavra mentionne «les intendants des biens du très noble
sébastocrator et frère très cher de notre majesté36 ». Ce sébastocrator est-il
Isaac ? Le document a été daté par les uns de 109237, par les autres de
1152 ou 116738. Signalons enfin qu 'Isaac est mentionné à titre de gracieux
donateur dans le typikon signé en décembre 1083 par le grand domestique
Grégoire Pakourianos39.
Isaac mourut sous le nom monastique de Jean40, un an et quelques mois
après sa mère Anne Dalassène41, vers 110242.
Anne Comnène vante le caractère de son oncle « qui était distingué dans
son langage et dans ses manières et ressemblait au plus haut point à son
père43 », mais reconnaît à l'occasion « qu'il ne savait pas dominer sa colère
et parfois, pour un simple mot, cédait à l'emportement44 ». Théophylacte
de Bulgarie a loué sa bonté45 et Nicéphore Basilakès a mis en relief sa

vers 1102 (cf. REB 21, 1963, p. 250-255), il est bien évident que la conjuration des Ané-
mas est antérieure à cette date. On remarquera d'ailleurs que chez Zonaras (Dindorf
IV, p. 244-245) elle est située juste avant la retraite d'Anne Dalassène, soit vers 1095/6.
35. Cf. Alexiade : Leib III, p. 220 ; Skoutariotès : Sathas, MB 7, p. 178-181 ;
Zonaras : Dindorf IV, p. 243. Anne prétend que l'extirpation du bogomilisme fut le
dernier exploit de son père, mais elle se contredit en précisant que Basile fut interrogé
du vivant du patriarche Nicolas Grammatikos qui mourut en 1111. V. Grumel (Regestes,
n° 988) a proposé la date de 1110, mais elle doit être écartée puisque Isaac est mort vers
1 102. Anne écrit d'autre part que son père était alors débarrassé de tout souci en orient
et en occident et Zonaras situe de son côté l'apparition de cette hérésie bogomile au mo
ment de la prise d'Antioche par les croisés (1098). La date proposée et examinée (entre
1109 et 1111) par O. Obolensky, The Bogomils. A Study in Balkan Neo-Manichaeism,
appendix III, Cambridge 1948, p. 275-276, est inadmissible. La condamnation de Basile
n'a pas été retenue dans le Synodikon de l'Orthodoxie. Cf. J. Gouillard, loc. cit., TM 2,
1967, p. 185.
36. Cf. Rouillard-Collomp, Actes de Lavra, I, Paris 1937, n° 46, p. 123 (octobre,
indiction 1 = 1092 ou 1107) = Lemerle-Guillou-Svoronos, Actes de Lavra, I, Paris
1971, p. 27114.
37. Denise Papachryssanthou, REB 21, 1963, p. 253, n. 21.
38. F. Dölger, Zur Textgestaltung der Lavra-Urkunden und zu ihrer geschicht
lichen Auswertung, BZ 39, 1939, p. 35.
39. Cf. L. Petit, Typikon de Grégoire Pacourianos pour le monastère de Pétritzos
(Backovo) en Bulgarie, W 11, 1904, appendice, p. 1422.
40. Cf. L. Stiernon, REB 21, 1963, p. 180.
41. Cf. Zonaras : Dindorf IV, p. 24530.
42. Cf. Denise Papachryssanthou, La date de la mort du sébastocrator Isaac
Comnène, frère d'Alexis Ier, et de quelques événements contemporains, REB 21, 1963,
p. 250-255 ; P. Gautier, L'obituaire du typikon du Pantocrator, REB 27, 1969, p. 249.
43. Cf. Alexiade : Leib I, p. 64.
44. Ibid. : ΙΠ, p. 150.
45. Cf. PG 127, 377 (lettre au césar).
226 P. GAUTIER

« Philadelphia46 ». Ses contemporains s'accordent à reconnaître sa vaste


culture : il était, selon Anne Comnène47, très érudit (philo logôtatos), selon
Jean d'Antioche, très compétent dans l'interprétation des Ecritures48, et
selon Basile d'Euchaïta, très versé dans la philosophie49. Mais, à en juger
par la tradition manuscrite, Isaac ne fut pas un écrivain fécond : on n'a
conservé de sa main qu'un recueil de textes patristiques et synodaux dirigé
contre Léon de Chalcédoine5 °, et trois traités de philosophie où il se borne
à démarquer Proclus51. Signalons enfin qu'il est mentionné dans le Syno-
dikon de l'Orthodoxie juste avant son frère cadet Alexis52.

2. Nicolas, patriarche de Constantinople

Avant son élévation au patriarcat en août 108453, Nicolas, un clerc


d'Antioche de Pisidie que l'avance seldjuqide avait contraint comme tant
d'autres de se replier sur la capitale54, était moine au couvent du Prodrome
du Lophadion, sis pi es de la Porte de Saint-Romain, couvent dont il était,
ce semble, Je fondateur et qui pour cette raison est parfois appelé couvent de
Kyr Nicolas55. De son patronyme, Nicolas s'appelait Kyrdiniatès5 6, mais
les sources le mentionnent couramment par son surnom de Grammatikos5 7

46. Ed. A. Garzya, Encomio di Adriano Comneno, Naples 1965, p. 31-35.


47. Cf. Alexiade : Leib II, p. 39.
48. Cf. P. Gautier, Diatribes de Jean l'Oxite contre Alexis Comnène, REB 28,
1970, p. 36-39.
49. Cf. EA 20, 1900, p. 412.
50. Cf. V. Grumel, Miscellanea G. Mercati, III, p. 123-124.
51. Ed. H. Boese, Prodi Diadochi tria opuscula (De providentia, libertate, malo),
Berlin 1960 ; sur l'auteur voir p. XXII-XXIII.
52. Ed. J. Gouillard, TM 2, 1967, p. 96.
53. Cf. Alexiade : Leib II, p. 192 ; Sathas, MB 7, p. 182 ; V. Laurent, La chronol
ogie des patriarches de Constantinople de 996 à 1111, EO 35, 1936, p. 80-81.
54. Voir J. Darrouzès, Documents inédits d'ecclésiologie byzantine, Paris 1966,
p. 40, n. 5, et Recherches sur les offikia de l'Eglise byzantine, Paris 1970, p. 70.
55. Cf. R. Janin, Constantinople byzantine2, Paris 1964, p. 382, et Eglises et mon
astères2, Paris 1969, p. 418 ; Leunclavius, JGR 2, 1596, p. 302 ; Sathas, MB 7, p.
182-183.
56. Son nom se lit par exemple dans la liste des métathèses du Vaticanus gr. 1 455, f. 3 1 6 :
Έπί των ήμερων τοϋ πατριάρχου Κωνσταντινουπόλεως τοϋ Κυρδινΐάτου τοΰ εκ της
σεβάσμιας μονής τοΰ τιμίου Προδρόμου της έν Κωνσταντινουπόλει επιλεγόμενης τοΰ
Λοφαδίου τοΰ έπικληθέντος Θεοπροβλήτου ό μοναχός ό Πεντακτένης ό και Πενταηλδς
άπό 'Ρωσιάνων πρότερον μετετέθη εις την άρχιεπισκοπήν Λήμνον, είτα εδόθη αύτφ ή
Μαρώνεια.
57. Cf. Zonaras : Dindorf IV, p. 237 ; Alexiade : Leib III, p. 221 ; la notice conservée
dans le Parisinus gr. 532 : Νικόλαος, μοναχός, ό γραμματικός, ό έν τφ Λοφαδέω
θεοπρόβλητος άρχιερεύς. Voir aussi PG 147, 461e.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 227

ou de Théoproblètos58, ce dernier faisant allusion à son élection par tirage


au sort de billets placés sur l'autel de Sainte-Sophie59.
A l'inverse de ses prédécesseurs immédiats qui furent tous inféodés à un
parti ou clients de familles aristocratiques, Nicolas semble avoir gardé ses
distances à l'égard du Palais et ne s'être préoccupé que des affaires ecclé
siastiques60. Son patriarcat, malgré les condamnations retentissantes de
quelques hérésiarques (Nil le Calabrais, Théodore de Trébizonde, appelé
aussi Blachernitès, et le moine bogomile Basile), fut assez terne, en raison
probablement de la forte personnalité de l'empereur du moment qui régent
ait tout, la religion comme la politique. Nicolas qui ne manquait pas de
culture, mais n'était pas un savant61, s'adonna surtout à l'ascèse dans un
siècle qui ne la prisait guère : sur son lit de mort, il se plaignit à Alexis
Comnène qui l'avait visité en compagnie de son gendre, le césar Nicéphore
Bryennios, de la négligence quasi générale de la pratique du jeûne qui lui
tenait tant à cœur62.
Il mourut dans les premiers mois (avant le 24 mai) de 1 1 1 1 et sa dépouille
fut déposée dans le couvent qu'il avait fondé sur la colline du Lopha-
dion63.

3. Syméon, patriarche de Jérusalem

La liste des patriarches de Jérusalem est depuis longtemps établie64,


mais la chronologie est pour beaucoup des plus flottantes65. Euthyme Ier

58. Voir les notes 4 et 5 et la liste des métathèses du Vaticanus gr. 1455, f. 315V :
« Quand le patriarche de Jérusalem vint à CP en 6615 (1107/8) εδέχθη παρά της μεγάλης
συνόδου καΐ συνελειτούργησε διαφόρως τη Ιερςί συνόδφ και τφ πατριάρχη κϋρ Νικολάφ τφ
Θεοπροβλήτφ, δς καΐ διηγεν εν τη μονή τοϋ αγίου Διομήδους». Voir aussi PG 119, 908s.
59. Ce renseignement figure dans le panégyrique inédit de Nicolas composé par
Mouzalon. Cf. J. Darrouzès, REB 22, 1964, p. 283. Ce procédé fut aussi adopté par
le basileus en d'autres circonstances ; cf. Alexiade : Leib H, p. 192. C'est aussi de cette
manière qu'on élisait des higoumènes, par exemple celui du monastère d'Attaliate (Sa-
thas, MB 1, p. 27-28 et 38) et la supérieure du monastère féminin de la Kécharitoménè
(PG 127, 1020e).
60. Cf. B. Leib, Rome, Kiev et Byzance à la fin du XIe siècle, Paris 1924, p. 8-9.
61. Cf. Zonaras : Dindorf IV, p. 237.
62. Cf. Diègèsis : Ph. Meyer, Die Haupturkunden für die Geschichte der Athosklöster,
Leipzig 1894, p. 177-181. Sur la valeur de ce document voir J. Darrouzès, Liste des
prôtes de PAthos, Le Millénaire du Mont Athos, I, Chevetogne 1963, p. 413-417.
63. Cf. Sathas, MB 7, p. 183.
64. Cf. A. Papadopoulos-Kérameus, AIS 1, Saint-Pétersbourg 1891, p. 142 ; V.
Grumel, La chronologie des patriarches de Jérusalem sous les Comnènes, Sbornik
Petàr Nikov, Sofia 1940, p. 109-114 ; V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, p. 392-393.
65. Cf. V. Grumel, La chronologie, Paris 1958, p. 451-452.
228 P. GAUTIER

fut très probablement le prédécesseur immédiat de Syméon66 : il assistait


le 11 avril 1082 au jugement synodal des disciples de Jean Italos67 et en
décembre 1083 il séjournait dans la propriété du grand domestique Grégoire
Pakourianos à Philippopoli68. On perd ensuite sa trace.
Syméon II lui a succédé à une date toujours débattue : vers 1085/6 selon
A. Michel69, et vers 1089 selon V. Grumel, qui croyait Syméon le destinat
aire d'une lettre, anépigraphe et non datée, censée écrite par le patriarche
de CP, Nicolas III Grammatikos70. Mais l'opinion de ces deux savants a été
contestée par J. Darrouzès : à son avis, le contenu même du document,
dont une partie est la première réfutation en règle de la primauté romaine,
oblige à le dater du XIIIe siècle, ce point de controverse n'ayant pas été
aussi nettement abordé au cours des conversations de la fin du XIe siècle71.
Des chroniqueurs occidentaux prétendent que Pierre l'Ermite, lors de son
premier séjour à Jérusalem vers 109472, eut une entrevue avec le patriarche
de la ville sainte qui lui remit des lettres pour le pape73. Au dire de ces chro
niqueurs, le sort de Syméon n'était pas enviable, car les Turcomans, qui
occupaient la ville depuis 1071 sous la suzeraineté des Seldjuqides de Da-

66. Le P. Grumel avait d'abord proposé {loc. cit., p. 112) de placer Sabas entre Eu-
thyme et Syméon, mais un nouveau document lui a fait ensuite abandonner cette opinion.
Cf. Regestes, n° 1004.
67. Cf. Th. Uspenskij, Dëloproizvodstvo po obvinenijou Ioanna Itala ν eresi, IRAIK
2, 1897, p. 627 ; Grumel, Regestes, n° 927.
68. Cf. L. Petit, Typikon de Grégoire Pacourianos, VV il, 1904, Supplément 1,
p. 5614 et 5715 ; M. Tarchnisvili, Typikon Pacuriani, Louvain 1954, p. 49. Euthyme
revenait alors de Thessalonique, où il avait, au nom du basileus, négocié un traité de
paix avec Bohémond {ibid., p. 56), séjour que Dölger {Regesten, n° 1087) situe à la fin
de 1082 ou au début de 1083.
69. Cf. A. Michel, Die byzantinische und römische Werbung um Symeon II. von
Jerusalem, Zeitschrift für Kirchengeschichte 62, 1943-1949, p. 164-169.
70. La lettre supposée de Nicolas III a été éditée par A. Pavlov, Kritiëeskie opyty,
Saint-Pétersbourg 1878, p. 158-168, et analysée par V. Grumel, Jérusalem entre Rome
et Byzance : une lettre inconnue du patriarche de Constantinople Nicolas III à son col
lègue de Jérusalem (vers 1089), EO 38, 1939, p. 104-117, qui émet l'avis que cette lettre
de Nicolas est une réponse à la lettre enthronistique du patriarche de Jérusalem qui ne
saurait être alors que Syméon.
71. Cf. J. Darrouzès, Une lettre de Nicolas III ou d'un patriarche du XIIIe siècle ?,
REB 23, 1965, p. 43-51. Voir aussi l'avis de Laurent, Regestes, p. 109, n° 5.
72. Cette date est incertaine. Cf. H. Hagenmeyer, Chronologie de la première croi
sade, Revue de V Orient latin 6, 1898, p. 217-218, avec les sources. Il n'y a aucune raison
valable de mettre en doute le fait même du pèlerinage de Pierre l'Ermite, mais il n'est
pas certain que le moine picard soit parvenu jusqu'à la ville sainte. Cf. H. Hagenmeyer,
Le vrai et le faux sur Pierre VHermite, Paris 1883, p. 64-101.
73. Cf. Albert d'Aix, Hierosolymitana expeditio, I, 2 (RHC, Occ. IV, p. 272 = PL
166, 390) qui ne nomme pas le patriarche, mais nous apprenons qu'il s'appelait Syméon
par Guillaume de Tyr, Historia, I, 11 {RHC, Occ. I, p. 33 = PL 201, 227°) : Erat
autem nomen patriarchae Symeon.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 229

mas74, ne lui ménageaient pas les mauvais traitements. Après son séjour
à CP au moment de notre synode, Syméon regagna son siège qu'il ne tarda
pas, ce semble, à abandonner. Des historiens des croisades assurent en effet
qu'au moment où les Francs investissaient Antioche, soit entre octobre
1097 et juin 1098, il se serait retiré en Chypre, d'où il envoyait des vivres aux
chefs de la croisade75. Si le renseignement est exact, Syméon n'a pas quitté
la Palestine avant janvier 1098, car, à la fin de 1097 et le 15 janvier 1098,
il adressait deux lettres aux occidentaux, la première rédigée de concert
avec le légat pontifical Adhémar de Monteil76 et la seconde signée par
Syméon et des clercs grecs et latins77.
Le désaccord entre les chroniqueurs ne permet pas de se faire une idée de
la manière dont se termina son patriarcat. Les uns prétendent que le patriar
che de Jérusalem assistait à la prise de la ville en juillet 1099 et les autres
qu'il décéda au cours du siège et fut remplacé par un métropolite de Tyr.
La première opinion est celle de Michel le Syrien78, de quelques chroni
queurs occidentaux79 et de Matthieu d'Edesse qui prétend qu'il vivait
encore en 1101/280. La seconde est soutenue par Albert d'Aix81 et moins

74. Cf. R. Grousset, Histoire des Croisades, I, Paris 1934, p. 143.


75. Cf. Guillaume de Tyr, loc. cit., VII, 23 : RHC, Occ. I, p. 314 = PL 201, 402 ;
Albert d'Aix, loc. cit., VI, 39 (RHC, Occ. IV, p. 489 = PL 166, 556) : Migravit enim
idem patriarcha ab Iherusalem et sepulchro Domini, audito adventu et sede christia-
norum circa moenia Antiochae, profectus ad insulam Cypri propter minas Turcorum
et importunitatem Sarracenorum. Il pouvait en effet redouter le sort que les Turcs réser
vèrent à son collègue d'Antioche. Cf. P. Gautier, Jean V l'Oxite, patriarche d'Antioche,
notice biographique, REB 22, 1964, p. 131-132.
76. Lettre éditée par H. Hagenmeyer, Die Kreuzzugsbriefe (1088-1100), Inspruck
1901, epist. VI, p. 141 ; elle a été traduite en français par B. Leib, Rome, Kiev et Byzance
à la fin du XIe siècle, Paris 1924, p. 260-261.
77. Voir H. Hagenmeyer, ibid., epist. IX, p. 146 ; B. Leib, op. cit., p. 262-263.
78. Le récit de Michel le Syrien (RHC, Arm. I, p. 329) est tendancieux et fantaisiste :
« Le patriarche suivit une rue et, massacrant sur son chemin les infidèles, il arriva à
l'église de la sainte Résurrection ».
79. Par exemple Monacus Anon. Scaphusensis, XI, 3 (RHC, Occ. V, p. 336-337),
prétend que le patriarche Syméon aurait caché un trésor durant le siège de la ville et
l'aurait ensuite remis aux Croisés victorieux.
80. Matthieu d'Edesse : RHC, Arm. I, p. 54-55. Un miracle des lampes se serait
produit au saint Sépulcre en l'an 550 (= février 1101-février 1102) sous les patriarcats
de Nicolas (de Constantinople : Nicolas Grammatikos et non pas Nicolas Muzalon
comme le croit l'éditeur, p. 55, note 4), de Jean (d'Antioche), de Syméon (de Jérusalem)
et d'Athanase (pour les Syriens).
81. Albert d'Aix, VI, 39 (RHC, Occ. IV, p. 489 = PL 166, 556) : Nam viduata
(urbs sancta) erat pastore suo, patriarcha viro sanctissimo, in insula Cypri tempore
obsidionis Iherusalem ex hac luce subtracto... Sed recuperata a fidelibus urbe Iherusalem
et sacra illius ecclesia renovata, christianissimus patriarcha vita decessit sicque ecclesia
suo pastore viduata remansit. Syméon serait donc mort avant le 15 juillet 1099, date de
la prise de la ville.
230 P. GAITTIER

nettement par Nicéphore Calliste82. Il serait aventuré de décider où loge


la vérité, encore que la seconde opinion paraisse mieux fondée. S'il s'avé
raitun jour exact que Syméon n'était pas mort en 1099, il se pourrait que
son traité sur les azymes83 ait été composé au début du XIIe siècle comme
d'aucuns l'ont prétendu84 ; son sceau a été conservé85.
Jean VII (ou VIII) fut le successeur immédiat de Syméon ; les circonstan
ces de son élection sont étranges. Jean, qui était auparavant métropolite
de Tyr, abandonna son siège quand il tomba aux mains des « Perses »
(il s'agit des Fatimides d'Egypte qui occupèrent Tyr en mai 1097 86) et se
réfugia à Jérusalem. Quand ce dernier siège fut vacant, les habitants de la
ville sainte demandèrent à l'archonte du lieu — soit le chef seldjuqide
Soqman, soit le vizir des Fatimides, Al-Afdal, qui avait enlevé Jérusalem
au premier le 26 août 1098 87 — l'autorisation de se choisir un nouveau
patriarche. Elle leur fut accordée et ils élurent Jean, le métropolite de Tyr88.
Comme Syméon quitta Jérusalem avant juin 1098 (prise d'Antioche) et

82. Cf. PG 146, 1196-°. Le siège était déjà vacant avant la chute de Jérusalem, mais
l'auteur n'indique pas que le patriarche était décédé.
83. Du très saint archevêque Syméon de Jérusalem sur les azymes : B. Leib, Deux
inédits byzantins sur les azymes au début du XIIe siècle, Orient. Christ. 2, 1924, p. 217-
239. Cet éditeur lui en déniait la paternité pour une raison chronologique : il considérait
que cet écrit était la réfutation d'un opuscule sur le même sujet composé par Bruno de
Segni entre 1107 et 1111 et qu'il ne pouvait donc être de la main de Syméon qui était
mort en 1099 (ibid., p. 177-190). Mais la découverte du factum d'un certain Laycus
d'Amalfi qui était l'opuscule visé par Syméon a dissipé définitivement l'incertitude
qui pesait sur son traité. Cf. A. Michel, Amalfi und Jerusalem im griechischen Kirchens
treit (1054-1090), OCA 121, 1939, p. 35-47 pour le texte latin. Le titre d'archevêque
donné dans la suscription à Syméon est régulier ; voir A. Michel, ibid., p. 29.
84. Notamment M. Jugie, Le traité sur les azymes attribué à Syméon II de Jérusalem,
EO 26, 1927, p. 421-425, qui rejetait la date de la mort de Syméon donnée par Albert
d'Aix et pensait que Syméon s'était réfugié à Constantinople où il aurait participé plus
tard aux controverses antilatines. Voir aussi H.-G. Beck, Kirche, p. 611 et 619.
85. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1564.
86. Cf. R. Grousset, Histoire des Croisades, I, p. 146.
87. Ibid., p. 148.
88. La recension du Vatic, gr. 1455, f. 315V est meilleure que celle de PG 146, 1 196D. La
voici : CO επίσκοπος Τύρου και Σιδώνος ευνούχος, άλούσης παρά των Τούρκων της πόλεως
καΐ της εκκλησίας αύτοΰ της Τύρου, ήλθεν είς τα 'Ιεροσόλυμα, της δέ των 'Ιεροσολύμων
εκκλησίας μή έχούσης αρχιερέα, παρεκάλεσαν οι Ίεροσολυμΐται τόν κρατούντα άρχοντα
της χώρας 'Ιεροσολύμων ίνα παραχώρηση τούτω άρχιερατεύειν αυτών καΐ ώρίσθη
οδτος λειτουργεΐν εν Ίεροσολύμοις ως πατριάρχης και είσελθών είς Κωνσταντινούπολιν
κατά τό ,ςχιε' έ*τος επί της βασιλείας κυροΰ 'Αλεξίου τοϋ Κομνηνού εδέχθη παρά της
μεγάλης συνόδου και συνελειτούργησε διαφόρως τη ιερά συνόδω και τω πατριάρχη κϋρ
Νικολάω τφ Θεοπροβλήτω, δς καΐ διηγεν έν τη μονή τοϋ αγίου Διομήδους. Sur les ou
vrages laissés par Jean de Jérusalem voir L. Petit, Jean de Jérusalem, DTC 8, col. 766-
767 ; V. Grumel, Catholicisme 6, 1964, col. 544 ; J. Darrouzès, Un traité inexistant de
Jean de Jérusalem, REB 22, 1964, p. 217 ; H.-G. Beck, Kirche, p. 611 et 618.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 231

qu'il décéda peut-être entre le 7 juin et le 15 juillet 1099 (siège de Jérusalem),


il s'ensuivrait que les habitants de cette dernière auraient élu Jean avant la
mort du patriarche légitime, Syméon, retiré en Chypre, du fait qu'ils est
imaient le siège vacant. Cette translation de siège et cette élection, canonique-
ment irrégulière, ont pu motiver le voyage que Jean fit à CP en 1 107/8, où il fut
reçu par le saint synode et le patriarche Nicolas89. Son sceau est également
conservé90.

Π. — Les membres du Sénat

1. Le protosébaste et grand domestique Adrien


Adrien, le quatrième fils1 du curopalate Jean Comnène et d'Anne
Dalassène, est avec le benjamin Nicéphore le membre le moins connu
du clan des Comnènes. Il naquit vraisemblablement entre 1060 et 10652.
Dans la nouvelle hiérarchie aulique créée par son frère en 1081 il occupa
le rang de protosébaste illustrissime* ', dignité qu'il partagea un moment
avec son beau-frère Michel Taronite4 et le doge de Venise5. Il participa
sans doute, dès le début, à la guerre contre les Normands, car nous le voyons
en 1083 aider son frère Alexis à berner Bohémond. Le basileus avait vite
renoncé aux batailles rangées qui se terminaient toujours à son désavantage
et préférait harceler l'ennemi par la guérilla et lui tendre des pièges, ce qu'il
fit après la reconquête de Kastoria. Il habilla son frère Adrien en basileus,
lui confia des troupes et lui commanda de marcher contre les Normands,
mais en lui recommandant de lâcher pied au premier engagement pour les
attirer loin de leur camp qu'il se proposait lui-même d'attaquer sur ces
entrefaites. Adrien respecta les ordres et le stratagème connut un plein
succès6. En août 1084, son frère lui attribua, était-ce pour le récompenser,

89. Cf. Grumel, Regestes, n° 986, et la note précédente.


90. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1565. Voir encore quelques poésies
d'un disciple et admirateur de Jean sur son maître dans NE 8, 1911, p. 184-185, nos 362-
365.
1. Cf. Bryennios : p. 19 et 25.
2. Adrien et Nicéphore étaient sans doute les deux derniers enfants du couple, car
deux de leurs sœurs, Marie et Eudocie, étaient déjà mariées en 1067, et la troisième,
Theodora, convola en 1069/70.
3. Cf. Alexiade : Leib I, p. 114 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 236 ; Glycas : Bonn, p.
618-619.
4. Cf. Alexiade : Leib I, p. 114 ; Michel Taronite fut ensuite nommé panhypersébaste.
5. Cf. Alexiade : Leib II, p. 54.
6. Cf. Zonaras : Dindorf IV, p. 238-239 = Alexiade : Leib II, p. 26 (apparat), et
Ephrem : PG 143, 137. Erreur sur le personnage dans F. Chalandon, Essai sur le règne
d'Alexis I" Comnène, Paris 1900, p. 90, qui a lu Mélissènos au lieu d'Adrien.
232 P. GAUTIER

les revenus des impôts de la presqu'île de Kassandra7. Adrien fut nommé


grand domestique d'occident au printemps 1087 8, à peu près un an après
le décès du titulaire de cette charge militaire, Grégoire Pakourianos, mort
en combattant les Petchénègues près de Béliatoba9. Durant la campagne
de 1087 contre les mêmes Petchénègues, il commandait le contingent des
Latins10 et participa à la fameuse bataille de Lébounion, le 29 avril 1091,
qui débarrassa l'empire de ces barbares pour trois décennies11. Au début
de l'expédition contre les Dalmates en 1094, il eut, à Philipoppoli, une
violente altercation avec son frère Isaac12. En juin de la même année, ce
semble, il se trouve dans la région de Serrés et on le charge d'amener à
résipiscence son beau-frère, Nicéphore Diogène, qui méditait d'assassiner
le basileus13. Il mourut le mercredi 19 avril 1105, probablement de maladie,
sous le nom monastique de Jean14.
Ce prince est rarement mentionné ailleurs que dans YAlexiade, mais
c'est très probablement de lui qu'il est question dans une lettre que Basile,
métropolite de Reggio, adressait au début de 1090 au patriarche de CP15.
Théophylacte de Bulgarie lui adressa cinq lettres16.
Adrien avait épousé, après 1081, la porphyrogénète Zoè Doukaina, fille
de Constantin X Doucas et d'Eudocie Makrembolitissa, et demi-sœur de
Nicéphore Diogène17. Le couple eut certainement des enfants, mais leurs
noms nous sont inconnus. Un des « gendres » d'Adrien, un sébaste, exerça

7. Cf. Rouillard-Collomp, Actes de Lavra, I, Paris 1937, p. 104-107 (chrysobulle


d'août 6592, indiction VII = 1084) = Lemerle-Guillou-Svoronos, Actes de Lavra,
I, Paris 1971, p. 25013.
8. Cf. Alexiade : Leib II, p. 88.
9. Ibid. : p. 83.
10. Ibid. : p. 97-98.
11. Ibid. : p. 137.
12. Ibid. : p. 150.
13. Ibid : p. 175-176.
14. Cf. Montfaucon, Paleographica graeca, p. 47, notice nécrologique extraite du
Parisinus graecus 1564, f. 41 ; P. Gautier, L'obituaire du typikon du Pantocrator, REB
27, 1969, p. 253.
15. Basile de Reggio, réduit à la dernière extrémité, reçut des subsides du «proto-
sébaste imitateur de Dieu ». Cf. W. Holtzmann, Die Unionsverhandlungen zwischen
Kaiser Alexios I. und Papst Urban II. im Jahre 1089, BZ 28, 1928, p. 6623. Le document
daté par l'éditeur de novembre/décembre 1089 a été daté de février 1090 par D. Stiernon,
Rome et les Eglises orientales, Euntes Docete 15, 1962, p. 342, n. 92 ; Basile de Reggio,
le dernier métropolite grec de Calabre, Rivista di Storia délia Chiesa in Italia 18, 1964,
p. 204, 225, n. 21.
16. Cf. PG 126, 404-408, 421, 433-436, 453-460, 505-509.
17. Cf. Alexiade : Leib II, p. 176 ; D. Polemis, The Doukai, p. 54-55.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 233

un commandement dans une région proche d'Achrida18, soit Dyrrachium,


soit Skopje, et une de ses filles a peut-être épousé un Grimaldo19. Sur les
deux sceaux conservés de ce prince se lisent sa dignité de protosébaste et sa
charge de grand domestique d'occident20.

2. Le sébaste et protostrator Michel Doucas


Voir D. Polemis, The Doukai, p. 63-66.

3. Le sébaste et grand duc Jean Doucas


Voir D. Polemis, The Doukai, p. 66-70.

4. Le sébaste Georges Paléologue


Georges Paléologue était le fils de Nicéphore Paléologue qui était peut-
être allié par mariage à la famille des Kourtikès21. En 1078, Georges et son
père, alors duc du thème de Mésopotamie, après avoir servi fidèlement
Michel Doucas22, se rangèrent au parti de Nicéphoie Botaniate dont ils
furent de dévoués partisans23. En compagnie de son cousin Basile Kourt
ikès, souvent appelé Joannikios, Georges combattit Nicéphore Mélissènos
qui s'était révolté contre Botaniate en 1080. Placé sous les ordres d'un
général vaniteux et incompétent, l'eunuque Jean, il déconseilla à ce dernier
d'assiéger Nicée. L'eunuque passa outre, mais ne tarda pas à se repentir
de son obstination. Mort de peur devant les attaques incessantes des Turcs,
il se résigna à confier le commandement de l'armée à son lieutenant qui
réussit à grand-peine à la sauver du désastre, mais les services du Paléo
logue ne furent pas récompensés : à son retour à CP il se vit interdire l'entrée
du Palais24.

18. Cf. PG 126, 405B. A dire vrai, ce « gamvros » n'est peut-être que le mari d'une
nièce d'Adrien, en l'occurrence Grégoire Pakourianos, le gendre aussi du grand drongaire
Nicéphore Comnène, qui a reçu trois lettres de Théophylacte (ibid., 333-336, 369-372,
409).
19. Cf. Ducange, Familiae byzantinae, p. 144. Voir aussi D. Polemis, The Doukai,
p. 55, n. 10.
20. Cf. G. Schlumberger, Sigillographie, p. 639.
21. D'après Bryennios (p. 160), Georges Paléologue et Basile Kourtikès étaient
cousins germains ; ce dernier était aussi un familier de Nicéphore Bryennios (id. : p. 154).
Sur la famille dont les origines sont encore obscures voir V. Laurent, La généalogie
des premiers Paléologues, Byz. 8, 1933, p. 130-143 ; A. Th. Papadopoulos, Versuch
einer Genealogie der Palaiologen 1259-1453, Amsterdam 1962, p. 1-2.
22. Cf. Bryennios : p. 83 et 118 ; Skylitzès Cont. : Tsolakis, p. 141.
23. Alexiade : Leib I, p. 80 et 98-99.
24. Cf. Bryennios : p. 160-166.
234 P. GAUTIER

En février 1081, il accepta, bien qu'à contrecœur, de participer à la révolte


des Comnènes dont il était le parent par alliance25. A la veille de quitter
la capitale le 15 février, il prit la précaution de retirer toute sa fortune qu'il
avait placée en dépôt au monastère des Blachernes, puis rejoignit les re
belles à Tchorlou et Skiza où il soutint avec ardeur la candidature au trône
de son beau-frère Alexis Comnène26. Le 31 mars, il réussit à soudoyer le
chef du contingent allemand, Gilpract, qui gardait la porte de Charisios et
permit ainsi aux Comnènes d'entrer dans CP sans coup férir le lendemain27.
Ce jour même, 1er avril, il s'opposa avec la dernière énergie à la traversée de
l'autre prétendant au trône, Nicéphore Mélissènos, qui campait à Damalis
et s'apprêtait à franchir le Détroit28. Quand les Comnènes victorieux se
proposèrent d'évincer les Doucas et de rompre le mariage d'Alexis et
d'Irène, Georges leur rappela en termes violents qu'il n'avait pris leur parti
que dans l'intérêt de sa belle-sœur Irène Doukaina et, de concert avec le
césar Jean, il poussa le patriarche Cosmas à refuser de démissionner avant
de l'avoir couronnée basilissa29.
Dès le mois de mai 1081, le nouveau basileus le chargea de défendre
Dyrrachium contre les entreprises de Robert Guiscard30. Il soutint vai
llamment le siège de cette place qui commença le 17 juin, mais fut contraint
de quitter la ville par mer le 15 octobre pour rejoindre Alexis Comnène
qui campait à proximité31. Le 18 du même mois il participa à la bataille
qui se termina par la déroute des Byzantins et la mort de son père Nicé
phore32 : il ne put de ce fait rentrer dans la place qui, privée de son secours,
ne tarda pas à se rendre aux Normands. Vers le mois d'octobre 1083 il
aida le basileus à reprendre la ville de Kastoria33. Durant l'été 1087 il
engagea le basileus à affronter les Petchénègues jusque dans le Paristrion et,
après le siège avorté de Dristra (août 1087), à s'enfermer dans la Grande
Preslav34. Mais Alexis eut la faiblesse d'écouter les conseils de jeunes offi-

25. Cf. Alexiade : Leib I, p. 80.


26. Ibid. : p. 81-84.
27. Ibid. : p. 93-94.
28. Ibid. : p. 95-97.
29. Ibid. :p. 106-110.
30. Ibid. : p. 132 et 138-139. Anne Comnène n'écrit nulle part que Georges fut duc
;

de Dyrrachium, mais il est possible qu'il ait succédé dans cette charge à Georges Mono-
machatos qui avait déserté chez les Serbes. Paléologue est mentionné comme défenseur
de Dyrrachium par Guillaume de Pouille : Marguerite Matthieu, La geste de Robert
Guiscard, Palerme 1961, p. 216.
31. Cf. Alexiade : Leib. I, p. 143-155.
32. Ibid. Ρ· 155-161.
33. Ibid. π, ρ. 42-43.
34. Ibid. Ρ· 89 et 95-96.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 235

ciers inexpérimentés et fut vaincu. Au cours de la déroute générale des


Byzantins, Georges perdit sa monture et il eût été capturé ou tué, si Léon
de Chalcédoine ne lui avait très opportunément prêté un cheval qui lui permit
d'échapper à ses poursuivants35. Le 17 février 1091, il sortit de la capitale
et se porta au secours du basileus qui combattait les Petchénègues près de
Chirovachi, mais il le rencontra, victorieux et déjà sur le chemin du retour,
dans la plaine de Dimylie36. Le 29 avril de la même année, il commandait
l'aile droite de l'armée byzantine qui écrasa les Petchénègues à la bataille
de Lébounion37. Dans la première moitié de 1095, il fut envoyé assurer la
défense de Bérhoè de Thrace menacée par une invasion des Comans38 . A la
fin de juillet 1097, après la prise de Nicée par les croisés, il eut à Pélékan une
violente altercation avec Tancrède, neveu de Bohémond, qui posait des
conditions insensées pour prêter serment au basileus39. Enfin, Georges
rendit visite à saint Cyrille le Philéote, dont il était un fervent admirateur,
peu avant, ce semble, que l'ermite ne rendît l'âme le 2 décembre 111040.
On ignore la date de sa mort : il décéda certainement après Alexis Comnène
(1118) car il n'est pas commémoré dans le typikon d'Irène, mais avant
1136, puisqu'il figure comme défunt dans celui de Jean Comnène41.
Georges Paléologue avait épousé, avant 1081, une sœur de la basilissa,
Anne Doukaina42. Le couple eut au moins deux fils : le sébaste Nicéphore
Paléologue qui se distingua en 1116/7 dans un combat contre les Turcs
près de Philomèlion43, et le sébaste Andronic Doucas dont le nom revient
dans plusieurs poèmes de Nicolas Kalliklès44.
Georges fut un des principaux informateurs d'Anne Comnène45 qui est
d'ailleurs presque la seule à nous renseigner sur les faits et gestes de son oncle.
Il fut un correspondant de Théophylacte de Bulgarie : vers 1100 l'arche
vêque s'adressa au sébaste par l'intermédiaire du secrétaire de ce dernier,
le hiéromoine Jean46

35. Ibid. p. 101-103.


36. Ibid. ρ. 130-132
37. Ibid. p. 141.
38. Ibid. p. 193.
39. Ibid. Ill, p. 17.
40. Cf. E. Sargologos, La Vie de saint Cyrille le Philéote, moine byzantin (f 1110),
Bruxelles 1964, p. 237.
41. Cf. P. Gautier, L'obituaire du typikon du Pantocrator, REB 27, 1969, p. 254.
42. Cf. D. Polemis, The Doukai, p. 74-75.
43. Alexiade : Leib III, p. 203 ; D. Polemis, The Doukai, p. 153-154.
44. Cf. L. Sternbach, Nicolai Calliclis carmina, Cracovie 1903, p. 9-10 du tirage-à-
part. La poésie VI est dédiée aux trois défunts : Georges, Anne et Andronic. Les poésies
VII, VIII et IX sont dédiées au sébaste Andronic.
45. Alexiade : Leib III, p. 175.
46. Cf. PC? 126, 432-433 et 489.
236 P. GAUTIER

5. Le sébaste Jean Taronite

Jean Taronite était le fils du protovestiaire Michel Taronite et de Marie


Comnène, la sœur aînée d'Alexis Comnène47. On se gardera de le confondre
avec son homonyme qui était protocuropalate et préposé aux requêtes lors
du présent synode48. A l'avènement d'Alexis Comnène en 1081, son père
Michel Taronite avait été nommé protosébaste et protovestiaire, puis
panhypersébaste49. Il fut compromis dans le complot de Nicéphore Dio-
gène, qui entre février et juin 1094, résolut d'assassiner le basileus50, et
exilé dans une région qu'Anne Comnène ne mentionne pas51. Mais la
carrière de son fils, Jean Taronite, ne fut pas contrariée par cette disgrâce.
A une date difficile à déterminer, mais que nous croyons voisine de 1092/3,
il fut duc de Skopje52. Dans la première moitié de 1095, il fut chargé avec
Nicéphore Mélissènos et Georges Paléologue de la défense de Bérhoè de

47. Cf. Alexiade : Leib III, p. 76. Il existe une abondante littérature sur la famille
des Taronites : N. Adontz, Les Taronites en Arménie et à Byzance, Byz. 9, 1934, p.
715-738 ; 10, 1935, p. 531-551 ; 11, 1936, p. 21-42 ; Id., Observations sur la généalogie
des Taronites, ibid. 14, 1939, p. 407-413 ; V. Laurent, Alliances et filiations des premiers
Taronites, princes arméniens médiatisés, EO 37, 1938, p. 127-135. La moniale Anna,
protovestiarissa, connue par un sceau (cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1462),
est à notre avis Marie Comnène qui aura pris en religion le prénom de sa mère Anne
Dalassène, mais on n'écartera pas l'épouse anonyme de Léon Diabatènos, protovest
iaire en 1098, ou celle du protovestiaire Jean Skylitzès.
48. Cf. Alice Leroy-Molinghen, Les deux Jean Taronite de l'Alexiade, Byz. 14,
1939, p. 147-153.
49. Cf. Alexiade : Leib I, p. 114 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 236.
50. Ibid. : II, p. 174.
51. Ibid. : II, p. 180.
52. Voir la lettre de Théophylacte « Au Taronitopoule, duc de Skopje » (JPG 126,
524). Une autre lettre de Théophylacte (« A Jean Serblias », col. 321), faussement datée,
a été la cause d'une confusion de personnes. Dans cette lettre l'archevêque demande à
son correspondant de solliciter de Grégoire Taronite un pittakion pour le gouverneur de
Verrhia. Or, comme on savait que Jean Taronite avait été envoyé à Bérhoè en 1095,
on a cru que Serblias était notaire impérial à cette date, mais on a confondu Verrhia
de Macédoine et Bérhoè de Thrace. En conséquence on se gardera de croire que Jean
Serblias était notaire impérial en 1094 comme l'écrit N. Adontz, L'archevêque Théo
phylacte et le Taronite, Byz. 11, 1936, p. 588. Mme Leroy-Molinghen, Les deux Jean
Taronite de l'Alexiade, ibid. 14, 1939, p. 152, propose même d'identifier le gouverneur
de Verrhia avec Jean Taronite, ce qui est impossible (il s'agit sans doute de Constantin
Comnène). En réalité ce Jean Serblias, qui fit peindre une icône de s. Théodore {NE 8,
1911, p. 172-173), est attesté, peut-être le 27 août de la 7e indiction (1099), car on lit
dans un texte (MM 6, p. 95) Jean Serb., et certainement en juin 1109 comme notaire
impérial du sékréton du génikon (Zachariae, JGR 3, p. 398). Selon N. Zlatarski, Les
lieutenants-gouverneurs, Byzantinoslavica 4, 1932, p. 153-158, et Istorija na bälgarskata
därzava, Π, 1934, p. 259-261, et N. Bänescu, Les duchés de Paristrion (Paradounavon)
et de Bulgarie, Bucarest 1946, p. 150-151, Jean Taronite fut duc de Skopje de 1101 à
1106, dates sujettes à caution.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 237

Thrace menacée par une invasion des Comans53. Il est ensuite mentionné
en août 1 102 comme préteur et anagrapheus de Thrace, Macédoine, Boléron,
Strymon et Thessalonique dans une praxis de Syméon Vlachernitès54.
Quand son cousin, Grégoire Taronite, nommé duc de Trébizonde se révolta
au cours de la 12e indiction (1103/4)55, Alexis Comnène, renonçant à
ramener le rebelle à résipiscence par des objurgations et des lettres, envoya
contre lui au cours de la 14e indiction (1 105/6) Jean Taronite qui ne tarda pas
à le faire prisonnier et à l'envoyer à CP où il fut incarcéré dans la prison
d'Anémas56. On perd sa trace après cette date, mais il n'y a aucune imposs
ibilité à ce qu'il soit ce pansébaste sébaste, dikaiodotès et éparque, Jean
Taronite, qui assista en 1147 au synode qui déposa le patriarche Cosmas
Atticos57, puisque Constantin Comnène, fils du sébastocrator Isaac, qui
fut gouverneur de Verrhia sous Alexis, participa aussi à ce synode ainsi
que son frère Adrien, archevêque de Bulgarie58.
Nous n'avons aucune information sur son épouse et ses enfants. Peut-être
est-il ce sébaste, neveu du basileus et gendre du protostrator, qui rendit
visite à s. Cyrille le Philéote59. Dans ce cas il aurait épousé une fille inconnue
du sébaste Michel Doucas60. Nous ignorons d'autre part s'il est ce sébaste
Taronite mentionné dans une lettre de Jean Tzetzès61.

6. Le sébaste et logothète Michel


Voir sa notice biographique par P. Gautier, La curieuse ascendance de
Jean Tzetzès, REB 28, 1970, p. 216-217.
Michel, « le gamvros des Comnènes par leur nièce », fut logothète des
sékréta au moins de 1090 à 1 109. Deux cent sept ans après la rédaction du
nomocanon de 883, soit en 1090, le sébaste et logothète des sékréta Michel
chargea Théodore Vestes du soin de colliger sous sa direction les textes des
lois civiles citées dans chaque chapitre et de les transcrire littéralement dans

53. Cf. Alexiade : Leib II, p. 193.


54. Cf. Th. Uspenskij, Mnemija..., IRAIK 5, 1900, p. 312~4 et 41-42 ; A. Papado-
poulos-Kérameus, AIS 4, p. 107 ; Dölger, Regesten, n° 1217.
55. Cf. Alexiade : Leib III, p. 75.
56. Ibid. : p. 75-77.
57. Cf. L. Allatius, De ecclesiae occ. atque orient, perpétua consensione, II, Cologne
1648, p. 684.
58. Cf. L. Stiernon, Notes de titulature et de prosopographie byzantines, REB 21,
1963, p. 192-198.
59. Cf. E. Sargologos, La Vie de s. Cyrille le Philéote, moine byzantin (f MO),
Bruxelles 1964, p. 249.
60. Cf. D. Polemis, The Doukai, p. 77.
61. Joannis Tzetzae epistolae : Pressel, Tübingen 1851, p. 76.
238 P. GAUTIER

l'ordre du nomocanon62. Il exerçait encore la même charge en 1109 : il


est mentionné dans un acte de Lavra daté de mai 6617, indiction 2, comme
ayant procédé sur ordre impérial à l'arpentage de toute la région de Thessa-
lonique63. Nous ne connaissons pas d'autres mentions de ce haut fonction
naire qui conserva la même charge durant au moins une décennie. Les
titulaires connus de ce poste sous Alexis Ier Comnène sont les suivants :
1. Le protoproèdre Serge Hexamilitès, attesté en mars64 et juillet 1083 65.
2. En mai 1088 un anonyme ainsi appelé : le mégalépiphanestatos proto-
nobélissime et logothète des sékréta66.
3. En mars 1089, un logothète des sékréta anonyme enregistre un acte
d'août 1088 67.
4. De 1090 à 1109 (dates extrêmes) le sébaste Michel.
5. Un acte de Xénophon, daté de mars 6808 (= 1300) indiction 13,
mentionne Andronic Doucas, logothète des sékréta sous le basileus Alexis68.
Il est peu probable que ce dernier soit Alexis III69. Cet Andronic Doucas
pourrait être le fils de Georges Paléologue et d'Anne Doukaina, qui mourut
avant son père et sa mère et, semble-t-il, avant son épouse70. Mais dans
cette hypothèse on est quelque peu surpris de ne pas voir accolée à sa charge
la dignité de sébaste qui était la sienne.
6. Grégoire Kamatèros, nommé logothète des sékréta peu avant la mort
d'Alexis Comnène71.

62. Cf. J. Mortreuil, Histoire du droit byzantin, III, Paris 1846, p. 429-430 ; texte
extrait du Parisinus graecus 1319, f. 12V = J. B. Pitra, Juris ecclesiastici graecorum
historia et monumenta, II, Rome 1868, p. 450.
63. Cf. Rouillard-Collomp, Actes de Lavra, I, Paris 1937, p. 14724~26 = Lemerle-
Guillou-Svoronos, Actes de Lavra, I, Paris 1971, p. 30324~25.
64. Le 20 mars 1082. Cf. Uspenskij, Dëloproizvodstvo, IRAIK2, 1897, p. 425. Sur
cette famille dont les principaux membres servirent dans la chancellerie impériale voir
V. Laurent, Médaillier Vatican, p. 73.
65. Cf. J. Mortreuil, op. cit., p. 147 ; Zachariae, JGR 3, p. 349.
66. Cf. MM 6, p. 5334. F. Dölger, Byzantinische Diplomatik, Ettal 1956, p. 29,
n. 113, avait rejeté cette date sous prétexte qu'elle était libellée d'une façon anormale
pour l'époque ; une étude récente en confirme cependant le bien-fondé. Cf. Era Vra-
nousis, Σύμμεικτα 1, 1966, p. 102-103.
67. Cf. MM 6, p. 57. Cf. Era Vranousis, ibid., p. 106-107.
68. Cf. L. Petit, Actes de Xénophon, Saint-Pétersbourg 1903, p. 3015-17.
69. Cette époque a la préférence de D. Polemis, The Doukai, p.. 194, n° 233 (date
,

discutée).
70. Voir D. Polemis, The Doukai, p. 154, n° 136.
71. Cf. Choniate : Bonn, p. 12-13. Consulter aussi D. Polemis, The Doukai, p. 78,
n. 2, et J. Darrouzès, Georges et Dèmètrios Tornikès. Lettres et discours, Paris 1970,
p. 43-46.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 239

7. Le sébaste Constantin Maniakès


Le personnage n'est pas autrement connu : peut-être était-il un descen
dantdu fameux général Georges Maniakès, uni par mariage à la famille
impériale. Il n'y a en tout cas pas lieu de songer au chef coman Maniak,
allié aux Byzantins en 1091 pour écraser les Petchénègues (Alexiade : Leib II,
p. 136).

8. Le sébaste Marinos Néapolites


Cet étranger, qui appartenait au dire d'Anne Comnène72 à la famille
des Maïstromiles, c'est-à-dire des ducs de Naples73, aura reçu la dignité
de sébaste soit en raison de sa haute position sociale, comme le duc de
Venise, Domenico Silvio, soit pour avoir contracté mariage avec un membre
de la famille impériale ou rendu à l'Etat quelque service eminent. En avril
1093, un Marinos de Naples appose sa signature au bas d'un diplôme accor
dé par Roger, duc d'Apulie, de Calabre et de Sicile, à l'église de Cosenza
avec cette formule : Ego Marinus imperialis Magister et Stratigo74'. Il n'est
pas acquis qu'il s'agisse du même personnage, toutefois la similitude du
nom, le titre et la charge rendent l'identification plausible75. Dans ce cas
il s'ensuivrait que Marinos fut nommé sébaste après avril 1093. Il s'était,
à une date inconnue, lié par serment envers Alexis Comnène76. Au printemps
1108, ce dernier lui témoigna sa confiance en l'informant du stratagème
qu'il préparait pour compromettre les plus fidèles compagnons de Bohé-
mond qui assiégeait alors Dyrrachium77. Un peu avant septembre de cette
même année, il fut envoyé en compagnie du Franc Roger, de Constantin
Katakalon Euphorbènos et d'Adralestos persuader le Normand de ren
contrer l'empereur grec et retenu comme otage pour garantir la parole de
ce dernier78. En septembre 1108, il signa à Diavolis le traité qui sanctionnait

72. Alexiade : Leib ΠΙ, ρ. 101.


73. Le terme a été défini par Constantin Porphyrogénete, De adm. imperio : Mo-
ravcsik-Jenkins, p. 117, et Commentary, Londres 1962, p. 91. Voir aussi Ducange,
Glossarium, p. 845, et P. Fedele, II catalogo dei duchi di Napoli, Archiv, storico per la
Provincia Napolitana 38/3, 1903, p. 25.
74. Cf. F. Ughelli, Italia Sacra, IX, p. 191 ; F. Chalandon, Histoire de la dominat
ion normande en Italie et en Sicile, I, Paris 1907, p. 299, n. 8.
75. Ducange, In Alexiadem, Venise 1729, pars secunda, p. 100, émet un léger doute :
Marinus iste Annaeus ille idem est, ni fallor, tandis que le marquis De la Force, Les
conseillers latins du basileus Alexis Comnène, Byz. 11, 1936, p. 156, identifie sans hési
tation les deux personnages.
76. Alexiade : Leib III, p. 101.
77. Ibid.
78. Ibid. : p. 117 et 120.
240 P. GAUTIER

la fin de la guerre entre Normands et Byzantins79. C'est la dernière mention


connue de ce personnage.

9. Le sébaste Constantin Humpertos

Ce dignitaire était peut-être un neveu de Robert Guiscard, un fils de son


frère Humbert de Hauteville mentionné par Malaterra80. Il sera venu
chercher fortune à Byzance au temps de Michel Doucas ou de Bot.ani.ate,
car il s'y trouvait déjà au moment du soulèvement des Comnènes. Le
14 février 1081, Alexis Comnène visita (Constantin) Humpertopoulos dans
le but d'obtenir son appui et le Normand se rangea immédiatement à son
parti81. La même année, au cours de la guerre contre Robert Guiscard,
le basileus lui confia le commandement des troupes franques82. En 1086,
il fut rappelé de Cyzique et envoyé à Andrinople à la tête du contingent
celte83. Il dut donc participer au combat que Tatikios livra aux Petché-
nègues près de Philippopoli et hiverner avec ses troupes à Andrinople84. Le
mardi 29 avril 1091, il commandait encore les Celtes à la bataille de Lébou-
nion85. Peu après qu'Alexis fut revenu victorieux dans la capitale, dans le
courant de mai (?), Humpertopoulos et l'arménien Ariébès, convaincus de
comploter contre le souverain, furent condamnés à la confiscation de leurs
biens et à l'exil86. Ce dernier fut de courte durée, puisque Constantin Hump
ertopoulos combattait les Comans en 1095 87.
Plusieurs sceaux, que publiera le P. Laurent, nous renseignent sur la
progression de la carrière nobiliaire de ce militaire : protocuropalate,
nobélissime, piotonobélissime et sébaste88.

79. Alexiade : Leib ΠΙ, ρ. 138.


80. Cf. G. Malaterra, Historia Sicula, I, 4 : PL 149, 1103 ; Marquis De la Force,
Les conseillers latins d'Alexis Comnène, Byz. 11, 1936, p. 164-165.
81. Cf. Alexiade : Leib I, p. 74
82. Ibid. p. 152.
83. Ibid. Π, p. 83.
84. Ibid. ■p. 84 et 86.
85. Ibid. p. 141.
86. Ibid. p. 146-147 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 242.
87. Ibid. p. 193.
88. L'un d'eux, trouvé à Sirmium (Srem), a été publié par Fr. Barisio, De sigillo
plumbeo byzantino Sirmii nuper invento, Zbornik philos. Fakult. 8, 1964, p. 183-190 :
Κύριε, βοήθει τφ σφ δούλω Κωνσταντίνω πρωτονωβελισσίμω και δουκί τών Θρακησίων.
La fin de la légende a été mal lue et il faut corriger, d'après le P. Laurent, en δουκί τφ
Ούμπέρτω.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 241

10. Le protonobélissime et préposé au caniclee Manuel Philocalès


Ce haut fonctionnaire, dont on ne connaît pas le rapport de parenté avec
les autres membres de cette famille très bien représentée aux XIe et XIIe
siècles, accompagnait le basileus Alexis au cours de sa campagne contre les
Dalmates en 1094. Entre le 8 et le 29 juin, il se trouvait dans la région de
Serrés aux côtés du souverain et le prévenait sans succès de l'attentat que
méditait contre sa personne Nicéphore Diogène89. Il exerçait probablement
à cette date la charge qui était la sienne au moment du synode90. Le seul
autre préposé au caniclee que nous connaissions sous Alexis Comnène est
l'eunuque Eustathe Kymineianos : il le fut au tout début du règne avant
d'être promu grand drongaire de la flotte, charge qu'il exerçait dès 108591
et encore en 109592 et vers 110393.

11. Le protonobélissime, mystique et éparque Michel (Philocalès)


Le patronyme du personnage a été omis soit accidentellement, comme celui
d'Adrien Comnène dans le Coislin, soit intentionnellement parce qu'il était,
nous le verrons, le parent, voire le frère du précédent. Avant de proposer
une identification, dressons la liste des éparques de CP sous Alexis Comnène.
1. En avril 1081, Rhadènos : le 1er de ce mois il part avec Michel, le
gamvros des Comnènes, accompagner l'ex-basileus Botaniate au monastère
de la Péribleptos1.
2. Entre mai et juillet 1084, le protospathaire et éparque Pierre qui siège
aux côtés du patriarche Eustrate2.
3. En juin 1090, le proèdre Jean (Thrakèsios, alias Skylitzès), qui cumul
ait les fonctions de grand dongaire de la Veille et de préfet de CP3.

89. Cf. Alexiade : Leib II, p. 170.


90. Sur la charge de préposé au caniclee voir F. Dölger, Der Kodikellos, Byzant
inische Diplomatik, p. 50-61, et Dölger-Karayannopoulos, Byzantinische Urkundenl
ehre, p. 62.
91. α. Alexiade : Leib II, p. 71. 92. Ibid. : p. 201. 93. Ibid. : III, p. 46.
1. Cf. Alexiade : Leib I, p. 103. Sur le patronyme voir Κ. Amantos, Ελληνικά 3,
1930, p. 538-539.
2. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 57. Pour la date voir Grumel, Regestes, n° 933,
et V. Laurent, Médaillier Vatican, n° 87, avec bibliographie sur la charge d'éparque.
3. Cf. K. Rhalli, Zwei unedierte Novellen des Kaisers Alexios Komnenos, Athènes
1898, p. 9. Ce document porte dans l'édition susmentionnée l'indiction 16 (sic) et c'est
pourquoi Dölger, Regesten, n° 1091, hésite entre juin 1083, 1098 et 1113. Mais dans le
ms d'Andros Haghias 88, f. 387, nous trouvons indiction 13, d'où la date que nous pro
posons : 1090 ou 1105. Ce Jean doit être le grand drongaire Jean Thrakèsios mentionné
en 1092. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 376, 382-383 (curopalate et grand drongaire de la
Veille) ; Rhalli-Potli, Syntagma 5, 1855, p. 58 ; R. Guilland, BZ 43, 1950, p. 352.
242 P. GAUTIER

4. Avant 1 101/2, à une date incertaine, Bardas Xèros ; il sera compromis


dans la conjuration des Anémas4. Il est signalé comme protoproèdre et
hétériarque en 10925.
5. Avant ou après 1105, Epiphane Kamatèros, mentionné comme épar-
que sur un sceau6 : il était anthypatos de toute PHellade et du Péloponnèse
quand il rendit visite à s. Mélétios le Jeune mort le 1er septembre 11057.
6. Au début de 1106, un certain Basile, réputé pour ses connaissances
astrologiques, venait d'être nommé éparque de CP8.
7. En novembre 1107, le basileus, séjournant à Chirovachi, nomme Jean
Taronite éparque de CP9.
8. A une date incertaine, Nicolas Mermentoulos, nobélissime et éparque,
connu par un sceau10 : il est sans doute ce juriste à qui Théophylacte de
Bulgarie envoya trois lettres.
9. A une date indéterminée, le proèdre Jean Bèriotès, juge du Velum
et éparque11.
Parmi les éparques des XIe-XIIe siècles prénommés Michel nous relevons
Michel Syrakousios12, Michel Machètarios13 et un Michel anonyme14.
Celui en faveur duquel la présomption est la plus forte est Michel Philo-
calès, connu comme proèdre et mystique par un sceau15. Dans cette hypo
thèse Michel aura gravi, depuis la frappe de ce document, plusieurs éche
lons de la hiérarchie nobiliaire.

4. C'est à cette occasion qu'Anne Comnène (Leib III, p. 70) signale sa charge d'épar-
que. Nous choisissons une période antérieure à 1101/2, puisque la révolte des Anémas
est antérieure à cette date : le sébastocrator Isaac qui interrogea les conjurés mourut
en effet vers 1102. Cf. REB 21, 1963, p. 250-255.
5. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 412-413 ; Rhalli-Potli, Syntagma 4, p. 559, et 5, p.
58. Pour la date voir Grumel, Regestes, n° 961.
6. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 130.
7. Cf. Chr. Papadopoulos, Travaux pour Vhistoire de la vie monastique en Grèce
(en grec), II, Athènes 1935, p. 78.
8. Cf. Alexiade : Leib III, p. 64-65.
9. Ibid. : p. 88.
10. Cf. V. Laurent, EO 31, 1932, p. 437-438.
11. Cf. H. Hunger, Zehn unedierte byzantinische Beamten-Siegel, JÖBG 17, 1968,
p. 185-186. Toutefois il n'est pas exclu qu'il soit l'éparque Jean signalé dans la note 3.
12. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 731.
13. Connu comme vestarque en juin 1087 (MM 6, p. 33) et préfet de CP par un sceau
inédit (V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1360).
14. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 307 ; ce dernier pourrait être Michel
Philocalès.
n° 15.
547. Cf.
Sur la
V. charge
Laurent,
de mystique
ibid., n°voir
78,R.etGuilland,
peut-être Le
G. mystique,
Schlumberger,
REB 26,Sigillographie,
1968, p. 279-
289.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 243

12. Le protonobélissime et logothète du drome Andronic Sklèros

Ce dignitaire, parent probable des Constantin, Michel et Nicolas, attestés


à l'époque, est très peu connu. On ne saurait dire s'il est ce Sklèros ment
ionné dans le lemme d'une novelle de 1082, dont le prénom n'a pas été
déchiffré par l'éditeur16. La charge qui était la sienne lors du synode était
exercée en mai 1086 par le protoproèdre Jean17. Il n'est pas impossible
qu 'Andronic fut ce Sklèros compromis dans la conjuration des Anémas
avec l'eparque Bardas Xèros et Jean Salomon18. Dans cette éventualité, il
rentra en grâce par la suite, car il est signalé comme sébaste en juillet 1 104
avec la charge de gouverneur de la Thrace et de la Macédoine19. Un sceau
du personnage ne porte ni titre ni charge20.

13. Le protonobélissime Isaac Contostéphane

Isaac Contostéphane, membre peu connu d'une famille qui ne tardera


pas à contracter des alliances avec les Comnènes21, fit toute sa carrière
dans l'armée. A la fin de 1080, il participa, jeune encore, à l'expédition
dirigée par l'incapable eunuque Jean contre le rebelle Nicéphore Mélissè-
nos : tombé de cheval, il eût été capturé par les Turcs sans l'intervention
de Georges Paléologue22. On ne sait rien à son sujet pendant la plus grande
partie du règne d'Alexis Comnène. En 1 107, ce dernier le nomme mégaduc23
et l'envoie à Dyrrachium avec mission d'empêcher Bohémond de passer en
Epire. Mais l'amiral, enfreignant les ordres reçus, prend l'initiative d'assiéger
Otrante : la tentative tourne court et il se replie sur Avlona. Ce marin
inexpérimenté se montre incapable d'empêcher le débarquement des Nor
mands en octobre de la même année24. Alexis l'encourage par lettres à

16. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 348.


17. Cf. Rouillard-Collomp, Actes de Lavra, I, p. Ill [en 1089, ce Jean, devenu
protoproèdre, n'était plus logothète du drome (ibid., p. 114)] = Lemerle-Guillou-
Svoronos, Actes de Lavra, I, Paris 1971, p. 25818.
18. Cf. Alexiade : Leib III, p. 70.
19. Cf. Rouillard-Collomp, Actes de Lavra, I, p. 139 et 143 = Lemerle-Guillou-
Svoronos, Actes de Lavra, I, p. 290 et 291.
20. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 517.
21. Sur la famille voir H. Grégoire, La famille des Kontostéphanoi et le monastère
d'Elegmoi, Revue Inst. Publ en Belgique 52, 1909, p. 152-161, et J. Darrouzès, Geor
geset Dèmètrios Tornikès. Lettres et discours, Paris 1970, p. 57-58.
22. Cf. Bryennios : p. 165.
23. Sur la charge voir Hélène Ahrweiler Byzance et la mer, Paris 1966, p. 209-211,
et R. Guilland, Recherches sur les institutions byzantines, I, p. 542-543.
24. Cf. Alexiade : Leib III, p. 77-82.
244 P. GAUTIER

attaquer les convois ennemis de troupes et de ravitaillement25, mais la


bonne volonté de l'officier ne peut suppléer à son incompétence : il est
relevé de son commandement dans le courant de l'été 1108 et remplacé
par Marianos Mavrokatakalon26. On perd sa trace après cette date.

14. Le protonobélissime Etienne Contostéphane

Etienne fut un temps, comme son frère Isaac, officier de marine, mais
son grade ne nous est pas connu : dans une lettre expédiée à l'empereur
en 1108, le chef de la flotte, Landulphe, accusait Etienne, Isaac et leur
collègue Alexandre Euphorbènos de surveiller avec insouciance la route
maritime empruntée par les convois normands27. C'est la seule mention
connue de ce militaire qu'on se gardera de confondre avec le panhypersé-
baste et mégaduc homonyme qui épousa Anne, fille cadette de Jean II
Comnène, et mourut sous Manuel au siège de Corfou en 114928.

15. Le protonobélissime Georges Paléologue


Ce dignitaire n'est pas autrement connu : il ne saurait être le fils du sébaste
Georges Paléologue, puisqu'il porte le même prénom.

16. Le nobélissime Bardas Hikanatos


Bardas Hikanatos29 figure pour la première fois, sans mention de titre
ni de fonction, parmi les membres de la séance synodale du 21 mars 1082
qui examina la doctrine de Jean Italos30. Il est attesté comme curopalate
et préteur du Péloponnèse et de l'Hellade en 1094, dans les circonstances
suivantes. Christodule de Patmos, qui mourut le mercredi 16 mars 109331,
avait, la veille de sa mort32, nommé comme successeur à la tête du monast
ère Saint- Jean de Patmos Théodose Canstrisios33. Après la mort du saint,

25. Alexiade : Leib III, p. 88.


26. Ibid. :p. 111-113.
27. Ibid. : p. 111-112.
28. Cf. F. Chalandon, Jean II Comnène et Manuel I Comnène, Paris 1912 (voir
index), et J. Darrouzès, Georges et Dèmètrios Tornikès. Lettres et discours, Paris 1970,
p. 62.
29. Sur ce patronyme voir V. Laurent, Médaillier Vatican, n° 179, p. 190-191.
30. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1897, p. 42.
31. Cf. P. Gautier, La date de la mort de Christodule de Patmos, REB 25, 1967,
p. 235-238.
32. Théodose Canstrisios écrit que Christodule était à l'agonie quand il rédigea
son testament ; cf. MM 6, p. 9018.
33. Ibid., p. 9μ-3.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 245

Théodose refusa d'exécuter les volontés de Christodule et exposa ses rai


sons dans une lettre de renonciation qui se termine de la façon suivante :
« Je vous ai envoyé à vous les moines les documents que je possédais,
savoir : l'original du testament mystique du moine Christodule de Latros
(10 mars 1093), l'original de son codicille (15 mars 1093) et leurs copies
conformes authentifiées par V illustrissime curopalate et préteur du Pélo
ponnèse et d'Hellade, kyr Bardas Hikanatos. Pour vous en certifier l'authentic
ité, j'ai signé de ma propre main le texte écrit par Jean Péramatas, notaire
et taboullarios, le 5 mars, indiction 2, année 6602 (1094), en présence des
témoins soussignés34 ». Il appert de ce texte et de la signature subséquente
de Théodose35 que Bardas Hikanatos était curopalate et préteur entre le
15 mars 1093 (date du codicille de Christodule) et le 5 mars 1094 (date de la
lettre de renonciation de Théodose) et qu'il l'était encore à l'époque où
Théodose Canstrisios rédigeait sa lettre, sans quoi il eût mentionné de
quelque manière le départ du préteur ou sa nouvelle dignité. Il s'ensuit que
Bardas Hikanatos n'était pas encore nobélissime en mars 1094 et que le
synode des Blachernes où il porte cette dignité, supérieure à celle de curo
palate, est postérieure à cette date.
Théodore Prodrome, biographe de saint Mélétios le jeune, nous apprend
que Bardas Hikanatos fut trois fois anthypatos de toute l'Hellade et du
Péloponnèse : après l'avoir été deux fois du vivant du saint, il reçut son
troisième commandement au moment où le saint décéda, si bien qu'il assista
à sa sépulture en septembre 110536. C'est la dernière mention connue de
ce haut fonctionnaire byzantin37.

17. Le nobélissime Michel Diabatènos

La personnalité de ce Michel Dabatènos ou Diabatènos — on rencontre


les deux orthographes, la première dans VAlexiade, la seconde, apparemment
la plus correcte, dans Bryennios et plusieurs documents de la fin du XIe
siècle — nous échappe. On l'identifiera sous réserve avec un officier d'Alexis
Comnène dont le prénom est toujours omis dans YAlexiade. En 1081, ce

34. Ibid., p. 937~15.


35. Ibid., p. 93ie~28.
36. Cf. Chr. Papadopoulos, Travaux pour Vhistoire de la vie monastique en Grèce
(en grec), II, Athènes 1935, p. 83. Sur la fonction de préteur et d'anthypatos voir N.
Bànescu, La signification des titres de préteur et de pronoètès à Byzance aux XIe et
XIIe siècles, Miscellanea G. Mercati, III, Cité du Vatican 1956, p. 393-394.
37. Un sceau du préteur d'Hellade et du Péloponnèse Bardas Hikanatos a été publié
par N. Bées, VV 22/3, 1914, n° 31, p. 215-217 ; la date de notre synode est discutée à
cette occasion. Voir aussi A. Bon, Le Péloponnèse byzantin, Paris 1951, p. 95 et 194.
246 P. GAUTIER

Diabatènos était topotérète d'Héraclée du Pont et de Paphlagonie38. En


1095, il participait à la campagne contre les Comans et se voyait confier
la garde des défilés du Zygum39. Il fut ultérieurement promu duc de Trébi-
zonde ; Grégoire Taronite, qui le remplaça au cours de la 12e indiction
(1103/4), l'incarcéra à Tébenna dès le début de sa révolte, mais Diabatènos
et ses compagnons parvinrent par la force à recouvrer leur liberté40.
Michel appartenait certainement à la famille homonyme dont une fille,
Kalè, épousa le curopalate Symbatios Pakourianos. Dans son testament,
daté de 1098, Kalè, en religion Marie, se dit fille de Zoè Diabatènè et du
curopalate Basilakès41 et elle énumère parmi ses légataires son cousin le
protovestiaire Léon Diabatènos42, attesté comme vestarque en 107143 et
gouverneur de Mésemvria en 109844.

18. Le protocuropalate et préposé aux requêtes Jean Taronite


Ce Jean Taronite, qu'on se gardera de confondre avec le sébaste homo
nyme (supra)45, est pratiquement inconnu. Vers le 5 ou 6 novembre 1 107,
Alexis Comnène, en route pour Thessalonique, le nomma éparque de la
capitale, une fois parvenu à Chirovachi. C'était, au dire d'Anne Comnène,
qui vante ses qualités de juriste, un homme de noble extraction, que le
basileus avait, tout jeune, pris à son service et qui avait été longtemps son
secrétaire (ύπογραμματεύων)46. On ne connaît pas son lien de parenté
avec la famille des Taronites et il serait d'autre part aventuré, vu l'écart
chronologique, de l'identifier avec son homonyme, sébaste, dikaiodotès
et éparque de CP, qui assista en 1147 à la déposition du patriarche Cos-
mas47. Le sceau de ce protocuropalate a été conservé48.

38. Cf. Alexiade : Leib I, p. 131.


39. Ibid. : II, p. 193.
40. Ibid. : III, p. 75.
41. Cf. I. Ibèritès, Extrait des archives du monastère athonite d'Iviron (en grec),
'Ορθοδοξία 6, 1931, p. 364-371 ; ce document a été exploité par P. Tivöev et G. Cankova-
Petkova, Au sujet des relations féodales dans les territoires bulgares sous la domination
byzantine à la fin du XIe et pendant la première moitié du XIIe siècle, Byzantine- Bul-
garica 2, 1966, p. 107-125.
42. Cf. Ibèritès, loc. cit., p. 36633, 36814 et 3706 ; il est absent de la liste dressée par
R. Guilland, Recherches sur les institutions byzantines, I, p. 222.
43. Cf. Bryennios : p. 37.
44. Cf. Skylitzès : Bonn, p. 743. Signalons encore un Jean Diabatènos, prêtre en
1092 ; cf. Grumel, Regestes, n° 966.
45. Cf. Alice Leroy-Molinghen, Les deux Jean Taronite de l'Alexiade, Byz. 14,
1939, p. 147-153.
46. Cf. Alexiade : Leib III, p. 87-88.
47. Cf. Alice Leroy-Molinghen, loc. cit., p. 152-153.
48. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 518.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 247

Les préposés aux requêtes attestés sous Alexis Comnène sont : le spatha-
rocandidat Basile, signalé entre mai 1081 et juillet 108449, et le protoproèdre
Constantin Choirosphaktès mentionné en avril 108850. Ceux qui figurent
(anonymes) dans la correspondance de Théophylacte de Bulgarie sont des
officiers ecclésiastiques51.

19. Le protocuropalate Michel Barys


Ce dignitaire n'émerge qu'une autre fois dans l'histoire : en mars 1078,
les partisans du rebelle Nicéphore Botaniate l'envoyèrent à CP avec mission
de gagner à leur conjuration le césar Jean Doucas, mais la tentative n'eut
aucun succès52. Des sceaux de ce personnage ont été conservés, qui lui
donnent les titres de protoproèdre53 et de curopalate54. Deux autres memb
res de cette famille ont porté le prénom de Michel : l'un au début du
Xe siècle, père de Constantin Barys, chef des Hikanatoi55, l'autre, un métrop
olite du XIe siècle56. Signalons encore le protovestès et protonotaire
Constantin Barys attesté en mai 108857 et un Barys, pris à parti par Pro
drome58.

20. Le protocuropalate Constantin Katakalon


Ce militaire figure dans la liste synodale sous son surnom courant :
son patronyme était Euphorbènos59. Son fils Nicéphore Euphorbènos
épousa Marie Comnène, sœur cadette d'Anne Comnène60. Constantin
apparaît pour la première fois durant l'été 1078 : lors de la bataille livrée
par Alexis Comnène au rebelle Nicéphore Bryennios, Katakalon comman-

49. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 57.


50. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 371-372 ; MM 6, p. 45.
51. Cf. PG 126, 352^"B, 469D, 509B. Sur cet officier voir J. Darrouzès, Recherches
sur les offikia de VEglise byzantine, Paris 1970, p. 378-379.
52. Cf. Bryennios : p. 121.
53. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 156 ; Pancenko avait lu Jean Barys, mais le
P. Laurent, soupçonnant une erreur de lecture, préférerait lire Michel.
54. Cf. K. Konstantopoulos, Βυζαντιακα Μολυβδόβουλλα, Athènes 1917, p. 106,
n° 384 ; N. P. Lichacev, Istoriceskoe znacenie italogreceskoj ikonopisi izobrazenija Bogo-
materi, Saint-Pétersbourg 1911, appendice VIII, p. 33, n° 8.
55. Cf. Théophane Cont. : Bonn, p. 395 ; Cedrenus : Bonn II, p. 294.
56. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 692.
57. Cf. MM 6, p. 54.
58. Cf. PG 133, 1079-1080.
59. Anne Comnène (Leib III, p. 141) dit expressément que Katakalon était son su
rnom. Sur ce personnage voir la notice de G. Buckler, Archaeologia 83, 1934, p. 346-348.
60. Cf. Alexiade : Leib II, p. 197. Il était panhypersébaste ; voir le typikon d'Irène
Doukaina (PG 127, 1092e) et P. Gautier, L'obituaire du typikon du Pantocrator, REB 27,
1969, p. 252-253.
248 P. GAUTIER

dait le corps des Chomatènes et des Turcs61. Au cours de la campagne


contre les Comans en 1095, le basileus lui enjoignit d'attaquer les barbares
à la sortie des défilés du Zygum avec le concours de Monastras et de Michel
Anémas62. L'exploit qu'il accomplit à cette occasion lui valut d'être promu
sur le champ de bataille à la dignité de nobélissime63. Peu de temps après,
il fut surpris par une troupe de Comans et faillit périr dans la rencontre64.
Quand le rebelle Diogène entra dans la place forte de Poutza, près d'Andri-
nople, Katakalon établit son camp dans les environs65.
En octobre 1096, Katakalon fut chargé de ramener à CP les croisés rescapés
du massacre du Drakon66. Au moment où le neveu de Bohémond, Tancrède,
prit Laodicée aux Byzantins67, Constantin est mentionné par Anne Comnène
comme duc de Chypre68. En septembre 1108, il joua un rôle de premier plan
dans la campagne contre Bohémond autour de Dyrrachium ; il fit notamment
partie de la délégation byzantine chargée de persuader le Normand de
faire la paix69.
Plusieurs sceaux du personnage ont été conservés. Deux d'entre eux ne ment
ionnent ni charge ni dignité 7 °. Un troisième lui donne le titre de nobélissime 7 1
qu'il reçut en 1095. Un quatrième, qui lui attribue la charge de duc de Chypre
et la dignité de curopalate, fait difficulté72. Si la lecture de cette dignité est
correcte, il faudrait admettre que Constantin fut duc de Chypre une première
fois avant 1095 et une seconde fois, au moins comme nobélissime, en 1 102/3.

21. Le protoproèdre du sénat et grand drongaire de la Veille,


Nicolas Mermentoulos
Ce haut fonctionnaire est probablement ce Mermentoulos à qui Théo-
phylacte de Bulgarie adressa trois lettres : l'archevêque écrit que son corres-

61. Cf. Bryennios : p. 137 et 139 ; Aîexiade : Leib I, p. 21 et 22.


62. Cf. Aîexiade : Leib II, p. 194.
63. Ibid. p. 195.
64. Ibid. p. 197.
65. Ibid. p. 201.
66. Ibid. p. 212. Pour la date voir R. Grousset, Histoire des croisades, I, p. 8-9.
67. Dans la seconde moitié de 1102 selon R. Grousset, ibid., p. 385, mais en février/
avril 1103 selon H. Hagenmeyer, Revue de Γ Orient latin 11, 1908, p. 484-485.
68. Cf. Aîexiade : Leib III, p. 41.
69. Ibid. : p. 117, 120-122 et 141.
70. Cf. G. Schlumberger, Sigillographie, p. 633, nos 1-2. Il n'y a aucune raison de
lui attribuer le sceau d'un Katakalon duc de Paradounavon, anthypatos et patrice,
publié par N. Banescu, Sceau inédit de Katakalon, katépano de Paradounavon, EO 35,
1936, p. 405-408.
71. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 92.
72. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 205, et Médaillier Vatican, p. 57, n. 4.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 249

pondant préside aux décisions de Thémis73, qu'il est le gardien de Thémis74,


expressions qui désignent adéquatement la fonction de président du tribunal
impérial exercée depuis Michel Doucas par le grand drongaire de la Veille75.
La date à laquelle Nicolas MermentouJos occupait cette fonction dépend
de celle que nous proposons pour l'actuel synode, où il était — son titre
est omis — protocuropalate ou curopalate. A une époque postérieure et
indéterminée, il fut nobélissime et éparque de CP76. Comme drongaire
de la Veille il a pu succéder à Jean Thrakèsios, alias Skylitzès, attesté à ce
poste avec la dignité de proèdre en juin 109077 et celle de curopalate en
mars78 et en mai 109279.
Les autres titulaires de cette charge sous Alexis Comnène, signalés ou
non par R. Guilland80, furent : en mai 1082 le protocuropalate Michel81,
qui n'est autre que le sébaste et logothète homonyme présent à ce synode ;
Nicolas Sklèros en janvier, indiction 7, soit 1084 ou 1099 ou 111482, et le
chroniqueur Jean Zonaras83.

22. Le curopalate Romain, fils de Paléologue


Le personnage est inconnu d'autre part et il n'y a même pas lieu de lui
attribuei un sceau ayant appartenu à un curopalate Romain84. Le père

73. Cf. PG 126, 389e. 74. Ibid., 393°.


75. Cf. R. Guilland, Le grand drongaire de la Veille, Recherches sur les institutions
byzantines, I, p. 573-575.
76. Cf. V. Laurent, Mélanges d'épigraphie grecque et de sigillographie byzantine,
EO 31, 1932, p. 437-438. Parmi les autres porteurs de ce patronyme signalons Michel,
higoumène du Stoudios au milieu du XIe siècle (Cedrenus : Bonn II, p. 555, in apparatù)
et un patrice et préteur anonyme de Thrace et de Macédoine (REG 13, 1900, p. 467).
77. Cf. K. Rhalli, Zwei unedierte Novellen des Kaisers Alexios Komnenos, Athènes

1898,
1091,
p. 9.enLaindiction
novelle est
6, datée
soit 1083
de juin,
ou indiction
1098 ou 16
1113.
! date
Mais
corrigée
le mspar
Haghias
Dölger,
88 d'Andros
Regesten,
donne en réalité indiction 13, soit 1090 ou 1105. Or, comme il est quasi certain que le
proèdre et grand drongaire Jean de cette novelle n'est autre que Jean Thrakèsios qui est
curopalate et grand drongaire de la Veille en 1092, il s'ensuit que cette novelle d'Alexis
est de juin 1090. Ce Jean Thrakèsios, attesté ailleurs comme protovestiaire (Cf. Cedrenus :
Bonn I, p. 54), n'est autre que le chroniqueur Jean Skylitzès. Cf. E. Tsolakis, Le problème
du continuateur de Jean Skylitzès (en grec), Ελληνικά 18, 1964, p. 79-83.
78. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 376 et n. 1 ; Dölger, Regesten, n° 1167.
79. Cf. PG 119, 761 B~c ; Grumel, Regestes, n° 963.
80. Cf. R. Guilland, Recherches sur les institutions byzantines, I, p. 574-575 : il faut
écarter Etienne, alias Syméon le sanctifié, qui fut grand drongaire sous Botaniate.
81. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 343 ; Dölger, Regesten, n° 1283 (non identifié par
l'auteur).
82. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 410 ; Dölger, Regesten, n° 1113 ; V. Laurent, Corpus
des sceaux, V/2, n° 1202.
83. Cf. art. Zonaras Jean (Amann) dans DTC 152, 1950, col. 3705-3708.
84. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 295.
250 P. GAUTIER

de ce Paléologue est vraisemblablement le protonobélissime Georges


Paléologue mentionné plus haut (n° 15).

23. Le curopalate Jean Synadènos


Ce membre d'une famille bien représentée85 à l'époque est un inconnu ;
un sceau lui attribue aussi la dignité de curopalate 86

24. Le curopalate et grand hétériarque Constantin Antiochos

Ce militaire est quasi inconnu : VAlexiade mentionne à deux reprises un


Antiochos87, mais comme Constantin et Michel étaient l'un et l'autre
officiers, on ne saurait décider duquel des deux il est fait état. Les Antiochoi
trempèrent dans la conjuration ourdie par les Anémas88 approximative
ment entre 1095 et 110289. Deux sceaux de Constantin Antiochos ont été
conservés90.
Son prédécesseur dans la charge de grand hétériarque fut sans doute
Argyros Karatzas, un officier d'origine petchénègue, qui commandait
déjà des ethnikoi en 1087 avec son compatriote Ouzas91. Quand Jean
Comnène, fils du sébastocrator Isaac, fut soupçonné, en 1094 ce semble, de
préparer une révolte, le basileus ordonna au grand hétériarque Argyros
Karatzas de prendre le gouvernement de Dyrrachium au cas où l'accusé
passerait à l'action92. Pendant la campagne contre les Comans en 1095,
Karatzas commandait encore les ethnikoi, mais Anne Comnène ne mentionne
pas alors sa charge93. Le prédécesseur de Karatzas a pu être Bardas Xèros,
attesté en mars 1092 comme protoproèdre et hétériarque94. Signalons

85. On trouvera quelques indications dans D. Polemis, The Doukai, p. 178-179.


86. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 729.
87. A la fin de 1081, un Antiochos commande le corps des Macédoniens (Leib I,
p. 151) et en avril 1091 un Antiochos est chargé de construire un pont de bateaux sur
la Marica (Leib II, p. 137).
88. Cf. Alexiade : Leib III, p. 69 et 71.
89. Le chef de la conjuration, Michel Anémas, combat les Comans en 1095 (Alexiade :
Leib II, p. 194) et le sébastocrator Isaac qui instruisit le procès mourut vers 1102 (REB
21, 1963, p. 253-255).
90. Cf. V. Laurent, EO 27, 1928, p. 433-434 (ni titre ni fonction), et Collection Orghi-
dan, n° 414 (ni titre ni fonction).
91. Cf. Alexiade : Leib II, p. 97.
92. Ibid. : p. 147-149.
93. Ibid. : p. 204.
94. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 413 ; Grumel, Regestes, n° 961 ; Dölger, Regesten,
n° 1168. Dans d'autres documents contemporains (cf. PG 104, 1177^ ; 119, 761e) il est
appelé proèdre, sans doute par erreur.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 251

encore un autre grand hétériarque du règne d'Alexis Comnène (entre 1 108


et 1118) : le protonobélissime Manuel Straboromanos95.

25. Le curopalate et juge Euthyme


Ce personnage, inconnu d'autre part, a chance d'être identique à cet
Euthyme qui se prévaut à cette époque de sa fonction de juge sur deux
sceaux96.

26. Le curopalate Michel Sklèros

Dignitaire inconnu.

27. Le curopalate Constantin Iasitès

Ce Constantin Iasitès fut peut-être un disciple de Jean Italos, car Anne


Comnène stigmatise parmi ses épigones des Iasitès et des Serblias1. Son
fils épousa Eudocie, troisième fille d'Alexis Comnène2, mais l'arrogance
dont cet écervelé fit preuve envers la basilissa Irène Doukaina le fit chasser
du palais et son épouse, tombée malade, entra dans un couvent3. Les deux
époux eurent des enfants dont nous ignorons le nombre et les noms4. Leur
mariage fut dissous avant 1118, date extrême du typikon d'Irène, puisque
Eudocie y est mentionnée comme moniale5. Le praktor Iasitès dont Théo-
phylacte de Bulgarie se plaint en termes amers6 est peut-être un membre de
la même famille.

28. Le curopalate Constantin Choirosphaktès

En avril 1078, le proèdre Constantin Choirosphaktès, « homme intell


igentet avisé, doué de toutes les qualités d'un sage politique », fut envoyé
par le nouveau basileus Nicéphore Botaniate auprès du rebelle Nicéphore
Bryennios qui marchait sur CP7. Vers le mois de juin 1081, Alexis Comnène

95. Cf. P. Gautier, REB 23, 1965, p. 195.


96. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n°s 66 et 679.
1. Cf. Alexiade : Leib II, p. 37. Sur le personnage voir P. Gautier, La curieuse ascen
dance de Jean Tzetzès, REB 28, 1970, p. 217-218.
2. Cf. Alexiade : Leib HI, p. 237.
3. Cf. Zonaras : Dindorf IV, p. 241.
4. Dans la première poésie de Nicolas Kalliklès, Eudocie fait mention de son époux
et de ses enfants. Cf. L. Sternbach, Nicolai Calliclis carmina, Cracovie 1903, p. 7.
5. Cf. PG 127, 1005e et 1O93B.
6. Cf. PG 126, 423e et 516*.
7. Cf. Bryennios : p. 130.
252 P. GAUTIER

l'envoyait à son tour auprès d'Henri IV d'Allemagne : dans la lettre qu'il


devait remettre au souverain germanique, il était qualifié de protoproèdre
et de catépan des titres8. Il participa à la réunion synodale du 21 mars 1082
qui examina la doctrine de Jean Italos en qualité de protoproèdre et de
protonotaire du drome9. En avril 1088, il est mentionné comme proto
proèdre et préposé aux requêtes dans des documents qui garantissent la
donation de l'île de Patmos à Christodule de Latros10. Le 23 mai de la
même année il porte la même charge et la même dignité dans un autre
chrysobulle11. Il exerça ensuite une fonction inconnue en Macédoine ou
dans une autre région limitrophe12. Peut-être était-ce celle de préteur d'Hel-
lade et du Péloponnèse que lui attribue un sceau13. C'est en cette qualité
qu'il rendit visite à s. Mélétios le Jeune14, ce qui permet de constater qu'il
fut préteur avant 1 105, date de la mort du saint. A une date indéterminée,
mais antérieure à 1110, il rendit également visite à un autre moine illustre,
s. Cyrille le Philéote, à qui il fit don de la propriété qu'il possédait près de
l'ermitage du saint15. Le P. Laurent nous signale qu'il existe un sceau
inédit de ce personnage.

29. Le protoproèdre et primicier des vestiarites intérieurs Tatikios

Ce militaire16 apparaît pour la première fois en 1078 aux côtés d'Alexis


Comnène occupé à réduire la révolte de Nicéphore Basilakès. Bryennios
écrit à son sujet que c'était un familier d'Alexis, un homme de sa maison,
du même âge que lui et qui avait été élevé avec lui17. Le renseignement est
corroboré par Anne Comnène qui le dépeint en ces termes : « C'était un
homme très vaillant et intrépide au combat, mais qui n'était pas d'ascen
dancelibre. Son père en effet qui était Sarrazin tomba dans une expédition
de fourrageurs entre les mains de mon aïeul maternel Jean Comnène18 »,

8. Cf. Alexiade : Leib I, p. 133 et 134.


9. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1897, p. 42.
10. Cf. MM 6, p. 45 et 49 ; il faut y corriger CP en Constantin.
11. Cf. MM 6, p. 53.
12. Cf. Théophylacte : PG 126, 541 B.
13. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, nos 129 et 738.
14. Cf. Chr. Papadopoulos, Travaux pour V histoire de la vie monastique en Grèce
(en grec), II, Athènes 1935, p. 62.
15. Cf. E. Sargologos, La Vie de s. Cyrille le Philéote, moine byzantin (j 1100),
Bruxelles 1964, p. 143.
16. Sa carrière a été esquissée par R. Guilland, Recherches sur les institutions byzant
ines, I, p. 313-314.
17. Cf. Bryennios : p. 150.
18. Alexiade : Leib I, p. 151.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 253

et qui ajoute que le mal dont son père souffrait au genou avait été causé
involontairement par Tatikios quand tous les deux jouaient au polo19.
Les chroniqueurs occidentaux précisent qu'il avait le nez coupé et portait
un appendice nasal en or20.
A la fin de 1081, lors de la campagne contre Robert Guiscard, Tatikios
commandait les Turcs des environs d'Achrida et était déjà grand primi-
cier21. Vers 1086, il fut envoyé combattre l'émir de Nicée, Aboul Kasim22.
Après la défaite byzantine du printemps 1086 contre les Petchénègues,
Alexis rappela Tatikios d'Asie mineure et l'envoya à Andrinople préparer
une nouvelle armée. Le général rencontra les barbares près de Philippopoli,
fut vainqueur et revint à CP23. L'année suivante, il commandait l'aile
droite des forces byzantines qui furent défaites près de Dristra24. Vers
1089/90, il combattait encore les Petchénègues25. En juin 1094, il fait partie
de l'expédition organisée contre les Dalmates et déjoue les tentatives d'assas
sinat de Nicéphore Diogène sur la personne du basileus26. En 1095, il
prend part à la campagne contre les Comans27. En décembre 1096, il est
chargé de ravitailler l'armée des croisés qui campe devant CP28 et en
juin 1097 il commande les troupes byzantines qui assiègent Nicée avec le
concours des Francs29. Aussitôt après la reddition de la ville, Alexis charge
le grand primicier Tatikios d'accompagner les croisés vers Antioche30
et c'est au nom du basileus qu'il se fait remettre le château de Plakentia31.
Lors du siège d'Antioche, il conseille aux croisés éprouvés par la famine
d'occuper les places fortes avoisinantes32. Vers la fin de 1097 ou le début
de 1098, au cours du siège d'Antioche, les intrigues de Bohémond l'obligent

19. Ibid. : p. 160.


20. Tatic naribus truncus : cf. Raymond d'Aguilers : RHC, Occ. III, p. 245-246 ;
Tatinus truncatae naris,familiaris împeratoris : cf. Albert d'Adî, ibid. IV, p. 327 ; Tetigus...
vir siquidem gravis aevo, sed naso, qua nesdo occasione, deciso, et id utens aureo : cf.
Guibert, ibid. IV, p. 175.
21. Cf. Alexiade : Leib I, p. 151.
22. Ibid. : II, p. 67-70.
23. Ibid. p. 83-86.
24. Ibid. p. 97.
25. Ibid. p. 109.
26. Ibid. p. 171, 175 et 182.
27. Ibid. : p. 193.
28. Cf. G. Paris, La chanson d'Antioche, Paris 1848, I, p. 77.
29. Cf. Alexiade : Leib III, p. 12-13 ; Albert d'Aix : RHC, Occ. IV, p. 315 et 327.
30. Cf. Alexiade : Leib III, p. 17-18 ; Raymond d'Aguilers : RHC, Occ. III, p. 245 ;
Pierre Tudebod : ibid., p. 41 et 189.
31. Cf. Chalandon, Essai sur le règne d'Alexis Comnène, p. 199.
32. Cf. Raymond d'Aguilers : RHC, Occ. III, p. 245.
254 P. GAUTIER

à abandonner les croisés à leur sort ; il se rend en Chypre, puis rejoint CP33.
Peu après son arrivée dans la capitale, vers le début de 1099, le basileus lui
confie un commandement naval sous les ordres du mégaduc Landulfe
avec le titre de « képhalè périphanestatè34 ». Il participe alors à une expé
dition contre une flotte pisane qui ravageait des possessions byzantines et
ramène sa flotte intacte à CP35.
Un Michel qui se dit Tatikios par son père et Comnène par sa mère était
peut-être son fils3 6. Signalons enfin un Constantin, curopalate et anagrapheus,
qui est appelé, dans un acte de 1104, « neveu du grand primicier37 ».

30. Le fils de Tarchaniotès

Le prénom de ce dignitaire omis par le copiste a chance d'être Katakalon,


le fils de Joseph Tarchaniotès38. Le magistros Joseph Tarchaniotès parti
cipa à la bataille de Mantzikert et, en refusant de se porter au secours
du basileus Diogène en difficulté, fut en partie responsable du désastre39.
Michel Doucas le nomma par la suite protoproèdre et duc d'Antioche ;
il mourut à ce poste probablement en 107440. Son fils, le magistros Kata
kalon Tarchaniotès, se révélant impuissant à réprimer les émeutes qui
secouaient alors cette ville, on confia la charge de duc à Isaac Comnène41.
Lors de la révolte de Nicéphore Bryennios, le katépano d'Andrinople
Katakalon Tarchaniotès, qui était «jeune encore, mais très prudent et
très sensé », resta fidèle au basileus Michel Doucas, mais les rebelles réus
sirent à le gagner à leur cause au moyen d'une alliance matrimoniale :
Katakalon maria en effet sa sœur Hélène au fils de Jean Bryennios, frère de
Nicéphore42, et la même année, près de Kalovryè, Katakalon commandait

33. Cf. Alexiade : Leib III, p. 20-21. Les chroniqueurs occidentaux attribuent son
départ à la peur : Baudric de Dole : RHC, Occ. IV, p. 44-45 ; Albert d'Aix : ibid.,
p. 417 ; Guibert : ibid., p. 175-176 ; Pierre Tudebod : ibid. Ill, p. 41-42 ; L. Bréhier,
Gesta Francorum, p. 79.
34. Cf. Alexiade : Leib III, p. 42.
35. Ibid. : p. 45.
36. Cf. NE 8, 1911, p. 56-57.
37. Cf. Rouillard-Collomp, Actes de Lavra, I, p. 13922 = Lemerle-Guillou-
Svoronos, Actes de Lavra, I, p. 29324.
38. Sur cette famille voir K. Amantos, Ελληνικά 2, 1929, p. 435-436, et D. Polemis,
The Doukai, p. 183.
39. Cf. Bryennios : p. 36-37.
40. Ibid. ; V. Laurent, La chronologie des gouverneurs d'Antioche sous la seconde
domination byzantine, Mélanges Monterde, II, 1962, p. 249.
41. Cf. Bryennios : p. 37 ; V. Laurent, ibid.
42. Cf. Bryennios : p. 108-109 ; Attaliate : Bonn, p. 242 (anonyme) ; Skylitzès
Cont. : Tsolakis, p. 173 (anonyme).
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 255

l'aile gauche de l'armée rebelle qui fut vaincue par Alexis Comnène43.
On le trouve ensuite, mais seulement en 1095, à Andrinople : le basileus
l'exhorte par lettre à défendre la ville contre les Comans44.
Les autres Tarchaniotès attestés à la même époque sont : Constantin45,
le patrice, anthypatos et stratège Michel46, et un correspondant, sans pr
énom et passablement âgé, de Théophylacte de Bulgarie47.

31 . Le protoproèdre et hypatos des philosophes Théodore Smyrnaios


La première mention du personnage remonte à 1082 : une semeiosis
impériale en date du vendredi 16 juillet 1082 le qualifie de magistros et de
juge48. Il fut nommé proèdre à une date inconnue, mais il portait cette
dignité entre la nomination du rhéteur Théophylacte à l'archevêché d'Achri-
da (vers 1088/9) et notre synode, puisque ce titre lui est donné par ce prélat
qui lui adressa plusieurs lettres49. Le lemme de l'une d'elles rappelle sa
charge d 'hypatos des philosophes50, qu'il aura sans doute obtenue après
que Jean Italos eut été condamné et relégué dans un couvent (1082)51.
Protoproèdre et hypatos des philosophes au moment du synode, i\ fut
auparavant ou plus tard questeur52. Il sera ultérieurement promu curopa-
late53.
De son activité littéraire qui fut probablement féconde ne subsistent que
des vestiges :
1. L'éloge funèbre d'un fils du protostrator Michel Doucas54.
2. Un traité sur les azymes et la procession du Saint-Esprit55, appelé
aussi discours à l'adresse des fidèles soumis au pape (1112)56.

43. Cf. Bryennios : p. 136 ; Alexiade : Leib I, p. 20.


44. Cf. Alexiade : Leib II, p. 194.
45. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 469.
46. Cf. V. Laurent, Bulles métriques, n° 577.
47. Cf. PG 126, 520° et 525Ö.
48. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 351 ; Dölger, Regesten, n° 1084.
49. Cf. PG 126, 385 (= 536) et 441. Il faut également ajouter une lettre anonyme,
ibid., 308-309 ; cf. Alice Leroy-Molinghen, Du destinataire de la lettre Finetti 1 de
Théophylacte de Bulgarie, Byz. 36, 1966, p. 431-437.
50. Cf. PG 126, 441.
51. Cf. Grumel, Regestes, n08 926 et 927.
52. Cf. V. Laurent, EO 31, 1932, p. 331-335.
53. Ce titre figure dans le lemme de son traité sur les azymes de 1112.
54. Cf. L. Sternbach, Nicolai Calliclis carmina, Cracovie 1903, p. 35-36 (cet éloge
funèbre est perdu) ; NE 8, 1911, p. 140. Voir aussi D. Polemis, The Doukai, p. 66.
55. Conservé dans les Vatic.gr. 680, f. 433-438 ; Baroccianus 101, f. 89V-93V ; Vatoped.
229,f. 187-201 ; Vindob. theol. 324, f. 244-275 ; Coislin. 192,f. 52-57v.
56. Conservé dans les Mosq. synod. 239 (VI. 366), f. 40-48 ; 240 (VI. 368), f. 115-127 ;
250 (VI. 207), f. 452-461.
256 P. GAUTIER

3. Un éloge du martyr s. Georges57.


4. Un éloge de s. Paul58.
5. Des commentaires d'Aristote59.
Le traité contre les Arméniens que lui attribue le Vatoped. 229 est un faux60.
L'auteur anonyme du Timarion a fait l'éloge de sa science et de sa probit
é61. Un poème de Nicolas Kalliklès lui est dédié62.

32. Le protoproèdre Georges Manganès


Personnage peu connu, il est en mars 1081 dans le camp des Comnènes
qui assiègent CP et on lui confie les ambassadeurs envoyés par Nicéphore
Mélissènos63. En sa qualité de secrétaire d'Alexis Comnène, il rédige,
avec une lenteur calculée, le chrysobulle qui accordait au compétiteur
de la rive asiatique le titre de césar et d'autres privilèges64. Dans un acte de
1082 est nommé un Georges proèdre ou protoproèdre, dikaiophylax et
questeur, qui pourrait être Georges Manganès65 ; le 15 mai 1092, ce dernier
assistait à une réunion synodale avec la dignité de protoproèdre66.

33. Le protoproèdre Georges Basilakès


On ne sait rien d'autre à son sujet sinon qu'il sera compromis ultérieur
ement (entre 1095 et 1102) dans la conjuration des Anémas67. Ses liens de
parenté avec la famille homonyme, très bien représentée aux XIe-XIP
siècles, nous échappent.

34. Le protoproèdre Constantin Opos


Constantin Opos, petit-fils possible du général homonyme, catépan
d'Italie en 1033/4, fut un militaire. En 1081, lors de la campagne contre

57. Edité par K. Krumbacher, Der heilig Georg in der griech. Überlieferung,
Abhand d. Kön. Bayer. Akad. d. Wissens. Philos. Philol. und Hist. Klasse, XXV B, 3
Abh., Munich 1911, p. 214-225 (attribution incertaine, mais probable). Ce texte est attr
ibué au questeur Théodore par tous les manuscrits.
58. Edité dans PG 63, 787-802. Les manuscrits attribuent ce factum au magistros
Théodore.
59. Conservés dans le Vindob. theol. 1 34, f. 238-262v.
60. Cf. J. Darrouzès, REB 25, 1967, p. 291.
61. Cf. A. Ellissen, Timarion' s und Mazaris* Fahrten in den Hades, Leipzig 1860,
p. 66, et passim et Alice Leroy-Molinghen, loc. cit. (note 49), p. 435-436.
62. Cf. L. Sternbach, op. cit., p. 61-64.
63. Cf. Alexiade : Leib I, p. 89-90.
64. Ibid. : p. 92-93.
65. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 350 (protoproèdre) et 354 (proèdre).
66. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 58.
67. Alexiade : Leib III, p. 69 et 72.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 257

Robert Guiscard, il commandait le corps des Excubites68. Vers 1085/6,


il enlevait aux Turcs Cyzique, Poimanénon et Appoloniade69. Au printemps
1092, il combattait à Chio l'émir de Smyrne Tzachas, sous les ordres de
Constantin Dalassène70. En 1097, il dut recourir aux armes pour contrain
dre un certain comte Raoul à franchir le Bosphore avec ses croisés11. Pro-
toproèdre au moment du synode, il devint par la suite protonobélissime72.
Un sceau lui attribue la fonction de duc73 et une note marginale d'un man
uscrit du XIIe siècle celle de mégaduc74.

35. Le protoproèdre Nicétas Kastamonitès


Cet officier d'une famille bien fournie à l'époque et peut-être apparentée
à celle des Comnènes75, participa en 1087 à la bataille de Dristra au cours
de laquelle les Petchénègues écrasèrent l'armée byzantine76. Quand l'émir
de Smyrne Tzachas se fut emparé de Mytilène et de Chio en 1090 ou au
tout début de 1091, Nicétas Kastamonitès reçut l'ordre de l'en chasser,
mais il fut vaincu à la première rencontre et une bonne partie de ses vais
seaux tomba aux mains de l'ennemi77. Il sera ultérieurement compromis
dans la conjuration des Anémas (entre 1095 et 1102)78. Un sceau inédit lui
attribue la dignité de vestarque79, qu'il a évidemment portée longtemps
avant l'actuel synode.

36. Le proèdre et grammatikos Jean


Fonctionnaire impossible à identifier.

37. Le proèdre Basile Mavros


Personnage inconnu.

68. Ibid. : I, p. 151.


69. Ibid. : II, p. 80-82.
70. Ibid. : p. 111-112. Pour la date de cette campagne voir P. Gautier, Diatribes
de Jean l'Oxite contre Alexis Comnène, REB 28, 1970, p. 10-15.
71. Cf. Alexiade : Leib II, p. 226-227.
72. Dignité attestée par un sceau ; cf. Laurent, EO 31, 1932, p. 335-337.
73. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 287.
74. Cf. A. Mingarelli, Gmeci codices manuscripti apud Nanios asservati, Bologne
1784, p. 33 ; le distique est cité et corrigé par V. Laurent, EO 31, 1932, p. 337, n. 1.
75. Un Kastamonitès est dit parent d'Alexis Comnène. Cf. Ph. Meyer, Haupturkunden,
p. 165 et 177.
76. Cf. Alexiade : Leib Π, ρ. 97.
77. Ibid. :p. 111.
78. Ibid. : ΠΙ, ρ. 69.
79. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 440.
258 P. GAUTIER

38. Le proèdre et juge de l'hippodrome Michel Autoreianos

Ce dignitaire, l'un des douze juges du tribunal de l'hippodrome (PG 119,


1192^), doit être ce proèdre et juge Autoreianos qui figure à deux reprises
dans une semeiosis impériale du vendredi 16 juillet 108280, mais on hésite
à l'identifier avec le spatharocandidat Michel Autoreianos connu par
un sceau81.

39. Le proèdre Grégoire Aristènos

II assistait à la séance synodale du 21 mars 1082 qui examina la doctrine


de Jean Italos82.

40. Le proèdre Georges Pyrrhos

Ce dignitaire pourrait être un militaire : un Georges Pyrrhos, réputé


pour ses qualités d'archer, combattait Robert Guiscard près de Larissa
en 1083 83 et les Petchénègues près de Rhousion vers 1089/9084. Théophane
Pyrrhos, anthypatos en 109085, était peut-être son parent.

41. Le proèdre et primicier des vestiarites extérieurs Michel


Antiochos

Le personnage est quasi inconnu. C'était à coup sûr, vu sa charge, un


militaire, mais on ne saurait dire si c'était lui ou Constantin Antiochos
qui commandait le corps des Macédoniens en 1081 86 et construisait un
pont de bateaux sur la Marica en 109187. Il fera sans doute partie de ces
Antiochoi compromis dans la conspiration des Anémas88, entre 1095 et
1102. Il était particulièrement détesté de Théophylacte de Bulgarie, qui
supplie un moine Nil très influent à CP, peut-être le futur hérésiarque,
d'intervenir en haut lieu pour que Michel Antiochos ne reçoive pas de

80. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 351 et 352.


81. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 156, qui écarte cette identification en
raison du motif iconographique.
82. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1897, p. 42.
83. Cf. Alexiade : Leib Π, ρ. 28.
84. Ibid. : p. 119.
85. Cf. K. Rhalli, Zwei unedierte Novellen des Kaisers Alexios Komnenos, Athènes
1898, p. 9.
86. Cf. Alexiade : Leib I, p. 151.
87. Ibid. : Π, ρ. 137.
88. Ibid. : III, ρ. 69 et 71.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 259

commandement dans son diocèse89. Comme primicier des vestiarites


(extérieurs) signalons en 1082 le vestarque Léon Képhalas90.

42. Le proèdre et chartulaire de l'étable, Eustathe Kamytzès


Cet officier était apparemment le fils ou le neveu1 de ce chef turc nommé
Kamyrès ou plutôt Kamytzès2, que le sultan de Nicée, Soliman, plaça à
la tête d'une partie des sept mille mercenaires qu'il envoyait à Alexis
Comnène au printemps 10833. Eustathe Kamytzès fut impliqué dans la
tentative d'évasion du fils du sébaste Théodore Gabras, Grégoire, que le
basileus destinait à sa fille puînée, Marie Comnène4. Grégoire qui aspirait
à rejoindre son père à Trébizonde avait associé à son projet d'évasion
plusieurs complices dont Georges Dékanos, Eustathe Kamytzès et réchan
son Michel. Ce dernier en informa le basileus qui prit des sanctions :
Grégoire fut remis à Georges Mésopotamitès, duc de Philippopoli, et Geor
gesDékanos au duc de Paristrion, Léon Nikéritès ; Eustathe Kamytzès
fut exilé et incarcéré avec d'autres complices anonymes5. Cette affaire aurait
eu heu en 1091 selon Dölger6, mais cette date est sujette à caution. Marie
Comnène, née le 19 septembre 1085, n'avait en effet que six ans à cette
époque. D'autre part, l'affaire est antérieure à la mort de Théodore Gabras
survenue le 2 octobre 10987. Faute de renseignements précis, on la fixera
entre 1091 et 1095 ou entre 1095 et 1098 8. De toute manière, la disgrâce

89. S. G. Mercati, Poesie di Teofilatto di Bulgaria, Studi Bizantini 1, 1924, p. 191-192.


90. Cf. Rouillard-Collomp, Actes de Lavra, I, p. 99 : « primicier des asècrètis »
est à corriger en «primicier des vestiarites ». Cf. R. Guhxand, REB 14, 1956, p. 134.
Voir Lemerle-Guillou-Svoronos, Actes de Lavra, I, p. 243 7.
1 . Nous hésitons en effet à l 'identifier avec le chef (turc ?) homonyme qu'Anne Comnène
(Leib II, p. 23) dit déjà âgé en 1083. D'autre part, quand Eustathe Kamytzès fut banni par
Alexis Comnène, Anne l'appelle Eustathe ton toit Kamytzou (Leib II, p. 1 55). Toutefois, il ne
naquit pas à Byzance, car Anne précise qu'en 1113, quand il tomba aux mains des Turcs,
le sultan Mohammed le reconnut, parce qu'il l'avait connu autrefois (Leib III, p. 168).
2. Β. Leib (Alexiade II, p. 23) a choisi la leçon Kamyrès, mais le Vatican, gr. 981,
reconnu le meilleur manuscrit, porte la leçon Kamytzès qu'on lit dans l'apparat.
3. Cf. Alexiade : Leib II, p. 23.
4. Ibid. : p. 152 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 240.
5. Ibid. : p. 153-155.
6. Cf. Dölger, Regesten, n° 1162 : il situe l'affaire après mai 1091, parce que dans
Γ Alexiade elle paraît suivre immédiatement la bataille de Lébounion du 29 avril de la
même année, mais la présentation des faits chez Anne Comnène est souvent trompeuse.
7. Cf. A. Papadopoulos-Kérameus, W 12, 1905, p. 137.
8. On pourrait la fixer avec plus de précision si on savait à quelle époque Léon Nikér
itèsfut duc de Paristrion, mais l'époque de son commandement donnée par N. Bänescu,
Les duchés de Paristrion (Paradounavon) et de Bulgarie, Bucarest 1946, p. 95-97, est basée
aussi sur l'argument présenté dans la note 6.
260 P. GAUTIER

de Kamytzès fut de courte durée, car en 1098 le mégaduc Jean Doucas


le nomma stratège de Lampe9. Dix ans plus tard, au cours de la campagne
contre Bohémond en Epire (1107/8), on lui confia la garde des clisures
d'Arbanon, mais il fut battu par Guy, frère de Bohémond10. Au printemps
1113, nous le retrouvons duc de Nicée11. Peu après, au cours d'un engage
mentavec les Turcs, il fut fait prisonnier12, mais il ne tarda pas à fausser
compagnie à ses gardiens et à rejoindre le basileus qui le renvoya incontinent
dans la capitale où il informa la basilissa de son aventure et des succès de
l'autocrator13. Il combattait encore les Turcs en 111614.
Proèdre au moment du synode, il devint par la suite nobélissime15, puis
protonobélissime16. Il acheva sa carrière comme sébaste sous Jean Comnè-
ne17. Il avait un neveu qui portait le nom ou le surnom de Katarhodôn18.

43. Le recteur et papias des Blachernes Basile


Personnage inconnu19.

44. Le recteur Jean Skoutariotès


Personnage inconnu.

45. Le recteur Théodore Pépagoménos


Ce dignitaire est inconnu, mais sont attestés à la même époque le sébas-
tophore Jean Pépagoménos20 et Constantin Pépagoménos21.

46. Le vestarque et grammatikos Léon


Le personnage est inconnu ; un magistros et vestarque Léon, préteur de
CP, est attesté par un sceau22.

9. Cf. Alexiade : Leib III, p. 27.


10. Ibid. : p. 104-105 et 111.
11. Ibid. : p. 164 et 166.
12. Ibid. : p. 167-168 ; Glycas : Bonn, p. 624 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 252-253.
13. Cf. Alexiade : Leib III, p. 170-172 et 176.
14. Ibid. : p. 199.
15. Cf. G. Schlumberger, Sigillographie, p. 548.
16. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 97.
17. Cf. P. Gautier, L'obituaire du typikon du Pantocrator, REB 27, 1969, p. 256-257.
18. Cf. Alexiade : Leib III, p. 167.
19. Sur la dignité de recteur et la charge de papias consulter R. Guilland, Recherches
sur les institutions byzantines, I, p. 251-265, et II, p. 212-219. Sur le terme papias voir aussi
S. G. Mercati, Intorno al titolo dei lessici di Suida-Suda, Byz. 25-27, 1955-57, p. 181-185.
20. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1 897, p. 37 ; Grumel, Regestes, n° 926 (en mars 1082).
21. Cf. G. Schlumberger, Sigillographie, p. 487.
22. Cf. V. Laurent, Collection Orghidan, n° 188.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 261

47. Le vestarque et grammatikos Michel Ophéomachos


Personnage inconnu ; un correspondant de Théophylacte de Bulgarie
s'appelait Jean Ophéomachos23.

ΙΠ. — La hiérarchie episcopate

1. COSMAS DE CÉSARÉE DE CAPPADOCE

Césarée (Kaiseri), métropole de l'immense diocèse du Pont et premier


siège de l'Eglise byzantine depuis le concile d'Ephèse1, était tombé aux
mains des Danishmendites depuis 1085 selon Michel le Syrien2, mais cette
assertion est à juste titre contestée3. La liste épiscopale comprend pour
notre période4 les titulaires suivants : Eugène, présent au synode du 9 no
vembre 10715 ; Nicolas, mentionné en décembre 1079 dans un chrysobulle
de Nicéphore Botaniste6 ; Etienne, dont l'épiscopat aura été très court, puis
qu'il figure comme défunt dans un acte du 16 juillet 10827 ; Cosmas présent
à ce synode8 ; Constantin qui participait au synode du 19 novembre 11459.

2. Constantin de Nicomédie
Les titulaires de la métropole de la Bithynie10 à la fin du XIe siècle sont
peu connus : Etienne, connu par un sceau et dont l'épiscopat est malaisé à

23. Cf. PG 126, 372 et 373.

1. Voir les notices de V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 171 et R. Janin, DHGE
12, 1933, col. 199-203.
2. Michel le Syrien, Chronique : Chabot ΙΠ, p. 173.
3. Cf. C. Cahen, La première pénétration turque en Asie mineure (seconde moitié
du XIe siècle), Byz. 18, 1948, p. 58-60.
4. Nous nous limiterons aux noms des prédécesseurs et successeurs immédiats des
prélats membres de ce synode.
5. Cf. S. Kougéas, Lettre de l'autocrator de Byzance Romain Diogène (en grec),
A la mémoire de Sp. Lambros, Athènes 1935, p. 574 ; Grumel, Regestes, n° 900.
6. Cf. J. Gouillard, Un chrysobulle de Nicéphore Botaniate à souscription synodale,
Byz. 29-30, 1959-60, p. 30.
7. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 350.
8. Il participa sans doute aussi (anonyme) au jugement de Léon de Chalcédoine en
janvier 1086. Cf. I. Sakkélion, BCH2, 1878, p. 127.
9. Cf. Grumel, Regestes, n° 1019.
10. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 268-269.
262 P. GAUTIER

situer11
; Basile, attesté en novembre 107112 et le 14 mars 107213 ; Michel,
qui assistait aux synodes des 20 et 21 mars 108214 ; Constantin présent à
notre synode15 ; Nicétas, qui s'entretint en 1136 avec Anselme de Havel-
berg16 ; Constantin, attesté en octobre 113617.

3. Jean de Sidè
Sidè (Eski-Antaliya) était la métropole18 de la Pamphylie lre. Le métrop
olite Jean, doni les prédécesseurs immédiats sont inconnus, est attesté en
décembre 1079 avec le titre d'hypertime19 et le 21 mars 1082 avec la qualité
de protosyncelle20. Le titre d'hypertime a permis au P. Laurent de lui attr
ibuer deux sceaux dont le propriétaire s'intitule protoproèdre et proèdre
de Sidè, hypertime21. Ce métropolite eut quelque renom : il fut en effet
premier ministre de Michel VII Doucas et porta le titre de protoproèdre
des protosyncelles ; il était eunuque22. Evincé vers 1073 par l'intrigant
Niképhoritzès23, il retrouva sa haute situation sous Nicéphore Botaniate24.
Il assiste (anonyme) en janvier 1086 au procès de Léon de Chalcédoine25.
Un métropolite de Sidè, qui est peut-être Jean, est mentionné dans la corre
spondance de Théophylacte de Bulgarie26 et dans celle de Psellos27. Ses
successeurs immédiats sont inconnus : avant 1166 est attesté Nicétas dont
le prédécesseur s'appelait Théodose2*.

11. Cf. V. Laurent, ibid., n° 379, qui hésite à le placer avant ou après Basile.
12. Cf. S. Kougéas, A la mémoire de Sp. Lambros, p. 574.
13. Cf. N. Oikonomidès, REB 18, 1960, p. 57 et 64 ; il mourut avant le 16 juillet 1082.
Cf. Zachariae, JGR 3, p. 350. Voir aussi Psellos : Kurtz-Drexl, Scripta minora, II,
p. 132-133.
14. Cf. Th. Uspenskij, 1RAIK 2, 1897, p. 35 et 62.
15. On ignore s'il fut ce métropolite de Nicomédie qui assista en 1 1 17 au procès d'Eus-
trate de Nicée. Cf. P. Joannou, REB 11, 1952, p. 30.
16. Cf. J. Darrouzès, REB 23, 1965, p. 59-65 ; P. Gautier, REB 27, 1969, p. 243.
17. Cf. P. Gautier, ibid., p. 243.
18. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 293-294.
19. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 30.
20. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1897, p. 35.
21. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, nos 407-408.
22. Cf. Attaliate : Bonn, p. 180 ; Cedrenus : Bonn II, p. 705 ; Zonaras : Dindorf
IV, p. 219. Voir aussi V. Grumel, Les métropolites syncelles, REB 3, 1945, p. 104-105.
23. Cf. Attaliate : Bonn, p. 182 ; Cedrenus : Bonn II, p. 706 ; P. Gautier, REB
29, 1970, p. 215.
24. Cf. Zonaras : Dindorf IV, p. 231.
25. Cf. I. Sakkélion, BCH2, 1878, p. 127.
26. Cf. PG 126, 465e.
27. Cf. Sathas, MB 5, p. 321 ; P. Gautier, La curieuse ascendance de Jean Tzetzès,
REB 28, 1970, p. 215-216.
28. Cf. Grumel, Regestes, n° 1058.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 263

4. Constantin de Tyanes
Tyanes (Kilise-Hisar) fut aussi appelé Christoupolis29. Constantin,
présent à ce synode, est attesté en décembre 107930, en janvier 108631 et
en septembre 1089 (anonyme)32. Son successeur a pu être Jacques, accusé
après sa mort d'avoir consacré illégalement deux évêques. Ce Jacques
mourut avant 1143, puisque son successeur Basile assistait au synode
du 20 août 1143 qui jugeait cette affaire33.

5. NlCÉPHORE DE GANGRES
Gangres (Çankiri) était la métropole civile et religieuse de la Paphla-
gonie34. Nicêphore est attesté en décembre 107935 ; il assista (anonyme)
au jugement de Léon de Chalcédoine en janvier 108636 et à la réunion
synodale de septembre 108937. Vers la fin, ce semble, du patriarcat de
Nicolas Grammatikos, il fut transféré à la métropole d'Amastris ; il devint
ultérieurement higoumène du Kosmidion où il succéda peut-être à Nicolas
Mouzalon3 8.

6. Théodule de Thessalonique
Dans le synodikon de Thessalonique39 figurent pour notre époque les
titulaires suivants : Michel, Théodule, Euphémien, Michel, Manuel, Nicé-
tas40. Michel est attesté le 9 novembre 107141, le 14 mars 107242 et en décemb
re 107943. On a vu en lui Michel Mityleianos, connu par un sceau44, qui

29. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 316.


30. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 31.
31. Cf. I. Sakkélion, BCH2, 1878, p. 127.
32. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 61.
33. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 83-84 ; Grumel, Regestes, nos 1011 et 1012.
34. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 318-319.
35. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 31.
36. Cf. I. Sakkélion, BCH2, 1878, p. 127.
37. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 61.
38. Cf. N. Calliste : PG 146, 1116° et Vatican, gr. 1455, f. 316 : Νικηφόρος δ
μητροπολίτης Γάγγρας ώς σχολάζων καΐ την μητρόπολιν "Αμαστριν · ύστερον δέ γέγονεν
ηγούμενος της σεβασμίας μονής των αγίων 'Αναργύρων των èv τφ Κοσμιδίω.
39. La liste des pasteurs de Thessalonique a fait l'objet de plusieurs travaux dont on
trouvera mention dans V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 325 et J. Gouillard, Le
Synodikon de l'orthodoxie, TM 2, 1967, p. 279-280.
40. Cf. V. Laurent, La liste episcopate du synodicon de Thessalonique, EO 32, 1933,
p. 301.
41. Cf. S. Kougéas, A la mémoire de Sp. Lambros, p. 574-575.
42. Cf. N. Oikonomidès, REB 18, 1960, p. 57 et 64-65.
43. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 31.
44. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 456.
264 P. GAUTIER

fut auparavant référendaire et maître des rhéteurs ; des lettres à lui adressées
ont été attribuées à tort à Michel Psellos45. Théodule, présent à ce synode,
reçut en mars 1095 du basileus Alexis un rescrit sur le mariage des esclaves46.
En septembre 1096, il authentifiait de sa signature une copie du typikon de
Monomaque47, et à une date indéterminée, il recevait une lettre de Théo-
phylacte de Bulgarie48. Son sceau a été conservé49. Euphémien, son succes
seur,pourrait être ce diacre et primicier des notaires patriarcaux qui assis
taità notre synode ; son épiscopat aura été court, puisque nous lui connais
sons un remplaçant dès 1 122; il est l'auteur de douze solutions canoniques50.
Michel (Choumnos), son successeur, composa en 1122 un traité sur les
jeûnes51 et à une date indéterminée un traité sur les degrés de parenté52 ;
Manuel, qui le remplaça, fut évêque avant 1 1 33, date à laquelle est mention
né Nicétas Mityleianos53.

7. Jean de Claudioupolis

Les titulaires de la métropole de l'Honoriade54 connus à notre époque


sont les suivants. Constantin est attesté comme protosyncelle le 14 mars
107255 et en décembre 107956. Un métropolite anonyme assiste à la réunion
synodale de septembre 108957, mais on ignore s'il s'agit de Constantin
ou de son successeur. Jean, mentionné le 14 juin 109258, assista probable
ment aux synodes des mois précédents59. Ce Jean est l'auteur d'un traité
sur les azymes60 qui a pu être composé vers 1 1 1261 et dans cette éventualité

45. Cf. PG 122, 1161-1168.


46. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 404. C'est sans doute lui qui assistait en janvier 1086
au jugement de Léon de Chalcédoine. Cf. I. Sakkélion, BCH2, 1878, p. 127.
47. Cf. Th. Uspenskij, Istorija Athona, II, Kiev 1877, p. 290-291.
48. Cf. PG 126, 376-377.
49. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 457.
50. Cf. L. Petit, EO 18, 1916/19, p. 243-244.
51 . Conservé dans le Berol. Philip. \4ΤΠ, f. 299V ; cf. EO 5, 1 901 /2, p. 27-28.
52. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 397-398 ; PG 119, 1197-1300.
53. Cf. L. Petit, EO 18, 1916/19, p. 244-245.
54. Sur cette métropole voir V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 348.
55. Cf. N. Oikonomidès, REB 18, 1960, p. 57.
56. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 31.
57. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 61 ; Grumel, Regestes, n° 952.
58. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 59 ; Grumel, Regestes, n° 965.
59. Cf. Grumel, Regestes, nos 961-964.
60. Un extrait en a été édité par A. Pavlov, Kriticeskie opyty, Saint-Pétersbourg
1878, p. 189-191.
61. Cf. J. Darrouzès, Le mémoire de Constantin Stilbès contre les Latins, REB 21,
1963, p. 53-54. Selon H.-G. Beck, Kirche, p. 627-628, l'auteur du traité aurait vécu dans
la seconde moitié du siècle.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 265

il fut ce métropolite de Claudioupolis qui assista au synode du 15 novembre


110162. On possède son sceau63. Son successeur immédiat est inconnu.
Grégoire de Claudioupolis participa à la déposition du patriarche Cosmas
le 26 février 114764.

8. Grégoire de Néocésarée

Les pasteurs de cette métropole65 à la fin du XIe siècle furent : Michel,


proèdre des protosyncelles, attesté le 14 mars 1072 66 ; Grégoire, mentionné
en décembre 107967, et comme protosyncelle le 21 mars 108268 ; on ignore
si c'est lui qui assista en janvier 1086 au jugement de Léon de Chalcédoine69
et en 1117 au procès d'Eustrate de Nicée70. Son plus proche successeur
connu est Basile, mentionné le 26 février 114771.

9. Michel de Laodicée

Les titulaires connus de la métropole de Phrygie Pacatienne72 à la fin


du XIe siècle sont : probablement le syncelle Basile connu par un sceau73 ;
le syncelle Michel, attesté en novembre 1071 74, le 14 mars 107275, le 21
mars 108276, le 11 avril 1082 (anonyme)77, en janvier 1086 (anonyme)78 et
en septembre 1089 (anonyme)79. Son sceau a été conservé80. Son succes
seur immédiat est inconnu. On rencontre plus tard Basile en février 114781
et sans doute dès février 1144 (anonyme)82.

62. Cf. Grumel, Regestes, n° 942.


63. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 475.
64. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 310.
65. Sur cette métropole voir V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 356.
66. Cf. N. Oikonomidès, REB 18, 1960, p. 57.
67. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 31.
68. Cf. Th. Uspensku, IRAIK 2, 1897, p. 35.
69. Cf. I. Sakkélion, BCH 2, 1878, p. 127.
70. Cf. P. Joannou, Eustrate de Nicée, REB 11, 1952, p. 30.
71. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 310.
72. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 387.
73. Ibid., n° 530.
74. Cf. S. Kougéas, A la mémoire de Sp. Lambros, p. 575.
75. Cf. N. Oikonomidès, REB 18, 1960, p. 57.
76. Cf. Th. Uspensku, IRAIK 2, 1897, p. 35.
77. Ibid., p. 62.
78. Cf. I. Sakkélion, BCH 2, 1878, p. 127.
79. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 61.
80. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 531.
81. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 310.
82. Cf. Grumel, Regestes, n° 1015.
266 P. GAUTIER

10. EUSTATHE D'ICONIUM


Les titulaires connus de ce siège83 sont rares ; Isaïe est attesté le 21 mars
108284 et ce fut probablement lui qui, avec le patriarche d'Antioche Emilien,
favorisa de tout son pouvoir l'avènement de Nicéphore Botaniate en mars
1078 85 ; les successeurs d'Eustathe présents au synode sont inconnus. C'est
à tort que Lequien (Oriens christianus 1, col. 1072) a fait de Nicétas Séïdès un
métropolite d'Iconium, car ce dernier était un laïc86.

11. Nicétas de Synades


Les seuls titulaires connus à notre époque de la métropole de Phrygie
Salutaire87 sont : Michel attesté le 14 mars 107288, en décembre 107989 et
comme protosyncelle le 21 mars 108290, et Nicétas, présent à ce synode.

12. Serge de Corinthe


La liste des pasteurs de cette métropole91 en pleine décadence se réduit à
quelques noms dont la chronologie est incertaine : Jean et Georges, connus par
des sceaux que l'on date de la seconde moitié du XIe siècle92 ; Serge, pré
sent à notre synode et à qui sont attribués deux sceaux93 ; Grégoire, connu
aussi par un sceau, qui a pu succéder à Serge94, mais l'on ignore qui était ce
métropolite de Corinthe qui assistait en 1 1 17 au procès d'Eustrate de Nicée95.

13. Nicétas d'Athènes


La liste des titulaires de cette métropole est fournie par le synodikon d'une
de ses églises suffiragantes1 : Jean, mort en novembre 1086, dont le sceau

83. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 399.


84. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK2, 1897, p. 35 (protoproèdre).
85. Cf. Attaliate : Bonn, p. 270 ; Zonaras : Dindorf IV, p. 227 ; Skylitzès Cont. :
Tsolakis, p. 177-178.
86. Cf. J. Darrouzès, REB 23, 1965, p. 54.
87. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 397 (notice omise).
88. Cf. N. Oikonomidès, REB 18, 1960, p. 57 et 65.
89. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 31.
90. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1897, p. 35.
91. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 411-412.
92. Ibid., nos 562-563.
93. Ibid., nos 564-565.
94. Ibid., n° 566.
95. Cf. P. Joannou, Eustrate de Nicée, REB 10, 1952, p. 30.
1. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 437, et La liste épiscopale de la métropol
e d'Athènes d'après le synodicon d'une de ses églises suffragantes, Mémorial Louis Petit,
Bucarest 1948, p. 272-289 ; J. Gouillard, TM 2, 1967, p. 271-272.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 267

est conservé2 ; Nicétas, attesté le 20 avril 10893 et (anonyme) en septembre


de la même année4, mort le 28 avril 11035 ; Epiphane, son successeur, connu
seulement par le synodikon6 ; Nicéphore, décédé le 19 février 1 1 12 ou 1 121 7.

14. Pierre de Patras


Les titulaires de ce siège érigé en métropole au tout début du IXe siècle8
furent à notre époque : Georges, attesté en novembre 1071 9 et dont il reste
peut-être un sceau10 ; Pierre, qui figure dans notre liste et peut être ce
métropolite de Patras qui en 1084 défendait les droits de son Eglise11 et
jugeait Léon de Chalcédoine en janvier 108612 ; Philippe, qu'il est difficile
de situer13 ; Constantin, présent au synode du 12 mai 115714.

15. Basile de Larissa


Les titulaires connus de cette métropole15 sont rarissimes : Basile, présent
à ce synode, assistait peut-être en 1117 au procès d'Eustrate de Nicée16;
Georges participa aux synodes du 26 février 114717 et du 12 mai 115718.

16. Nicétas de Mytilène


Les titulaires de cette métropole19 reprise aux Turcs en 1092 sont :
Jean, connu par un sceau20 ; Nicétas, mentionné en avril 108921 et (ano
nyme) en septembre de la même année22.

2. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 600.


3. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 5, 1900, p. 36.
4. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 61 .
5. Voir son sceau : V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 601.
6. Cf. V. Laurent, Mémorial Louis Petit, p. 285.
7. Cf. V. Laurent, ibid., p. 285-286.
8. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 471.
9. Cf. S. Kougéas, A la mémoire de Sp. Lambros, p. 575 ; Grumel, Regestes, n° 900.
10. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 634.
11. Cf. Grumel, Regestes, n° 938 ; P. Lemerle, REB 21, 1963, p. 41-42.
12. Cf. I. Sakkêlion, BCH 2, 1878, p. 127.
13. Cf. J. Pargoire, Sur une liste episcopate de Patras, EO 7, 1904, p. 106.
14. Cf. Grumel, Regestes, n° 1041 ; V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 635.
15. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 508.
16. Cf. P. Joannou, REB 10, 1952, p. 30.
17. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 310.
18. Cf. Grumel, Regestes, n° 1041.
19. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 573-574.
20. Ibid., n° 753.
21. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 5, 1900, p. 40 ; Grumel, Regestes, nos 951-952.
22. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 61.
268 P. GAUTIER

17. Basile d'Euchaïta

Les titulaires de cette métropole23 sont : Jean Mauropous promu en


104724 ; Théodore, connu par un sceau25 ; Basile, attesté comme proto-
syncelle le 21 mars 108226, en 1085 et 1086 (anonyme)27 et (anonyme) en
septembre 108928 ; un métropolite anonyme d'Euchaïta est aussi attesté
en décembre 111629.

18. Michel de Pompeïoupolis

Le seul titulaire connu à notre époque de cette métropole de Paphlagonie30


est Michel, attesté déjà en décembre 107931, en janvier 1086 (anonyme)32 et
en avril 1089 (anonyme)33.

19. Michel d'Ainos

Michel, présent à ce synode, est le seul titulaire connu de cette métro


pole34 à la fin du XIe siècle. Le prétendu Parthenius de 1096, que l'on
relève dans la liste éditée dans Θρακικά 14, 1940, p. 79, est le résultat d'une
bévue : l'auteur a pris le chiffre de 1096 pour la date de l'épiscopat de
Parthenius, alors qu'il désigne le numéro d'ordre d'un manuscrit d'Andri-
nople (cf. BZ 14, 1905, p. 589, n° 8).

20. Nicolas de Corfou

Les titulaires de cette Eglise, érigée en métropole au milieu du XIe siècle35,


sont : Basile, connu par un sceau36, et Nicolas, qui fut promu à ce siège à
une date inconnue. C'est celui-ci ou son prédécesseur qui, vers septembre
1089, refusa d'octroyer une subvention au métropolite grec de Reggio,

23. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 585.


24. Cf. Grumel, Regestes, n° 857 ; H.-G. Beck, Kirche, p. 555-557.
25. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 770.
26. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1897, p. 35.
27. Cf. I. Sakkélion, BCH 2, 1878, p. 127.
28. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 61.
29. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 5, 1900, p. 15.
30. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 598.
31. Cf. J. Gouillard, Byz. 29-30, 1959-60, p. 31.
32. Cf. I. Sakkélion, BCH 2, 1878, p. 127.
33. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 5, 1900, p. 32.
34. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 614-615.
35. Cf. Ibid., V/l, p. 618.
36. Ibid., n° 802.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 269

Basile37. Entre 1089/90, début probable de l'épiscopat de Théophylacte,


et notre synode, Nicolas envoyait à ce dernier une lettre de réconfort et le
prélat de Bulgarie le remerciait de ses encouragements38. Le métropolite
lui adressa peu après une seconde lettre où il lui faisait part de ses difficultés
et Théophylacte lui répondait en l'informant de ses propres soucis et notam
mentde la nécessité où il se trouvait d'aller visiter le basileus dans un camp
militaire39. Comme l'archevêque de Bulgarie entretient de ce même voyage
le chartophylax Nicéphore40, ces deux lettres sont antérieures à notre synode
où Nicéphore est dit ancien chartophylax. Nicolas qui y assistait y rendit
publique, ce semble, sa démission. Il lut en effet en présence d'un synode
(non daté) 305 vers iambiques où il exposait à ses collègues les motifs de sa
décision. Lambros qui a édité cette poésie41 publie, à la suite, des vers qui
la concernent : « Après la lecture de ces vers devant le vénérable synode,
le bavardage haineux cessa, refroidi qu'il fut par les vers du métropolite
de Corfou ; la satisfaction fut générale ; seul le prince des ténèbres gémit »42.
Or, ceux-ci sont attribués par le Marcianus 524, f. lv, à (Nicolas) Adria-
noupolitès43 et c'est le nom de cet auteur qui nous suggère qu'il s'agit
du synode en question. Cette démission fut-elle effective ? Peut-être pas,
car Nicolas a laissé une poésie de 6 vers sur les hymnes de Syméon le nou
veau théologien qui aurait été composée, d'après le lemme, en 1125/6 :
« Autres vers de Nicolas de Corfou composés en 663444 ». Dans cette
éventualité il serait ce métropolite de Corfou qui participa en 1 1 17 au procès
d'Eustrate de Nicée45. L'activité littéraire de Nicolas ne fut pas négligeable,
mais elle est mal connue46. Outre les deux poésies précitées, on a encore
conservé de sa main une poésie de 43 vers politiques, qui servait de
dédicace à son commentaire sur les chapitres ascétiques de Maxime
le Confesseur47 ; un quatrain sur la croix et un autre sur saint Jean

37. Cf. W. Holtzmann, BZ 28, 1928, p. 67 ; Grumel, Regestes, n° 950. Pour la date
voir D. Stiernon, Rome et les Eglises orientales, Euntes docete 15, 1962, p. 343, n. 95.
38. Cf. PG 126, 388-389.
39. Ibid., 396-401.
40. Ibid., 536-537.
41. Cf. Sp. Lambros, Κερκυραϊκά ανέκδοτα, Athènes 1882, p. 30-41. Elle avait déjà
été éditée, mais de façon peu satisfaisante, par A. Moustoxidi, Illustrazioni corciresi, II,
Milan 1814, appendice V, p. xx-xxx.
42. Cf. Sp. Lambros, ibid., p. 41.
43. Cf. NE 8, 1911, p. 7, n° 12.
44. Edités par B. Georgiadès, EA 5, 1884, p. 13.
45. Cf. P. Joannou, REB 10, 1952, p. 31.
46. Cf. K. Krumbacher, Geschichte der byz. Litteratur, p. 745-746 ; H.-G. Beck,
Kirche, p. 643.
47. Cf. Sp. Lambros, op. cit., p. 27-28.
270 P. GAUTIER

Chrysostome48. On a fait de Théophane le successeur de Nicolas49,


mais sans preuve à l'appui.

21. N., ARCHEVÊQUE AUTOCÉPHALE DE CHYPRE


Le copiste a laissé son nom en blanc. Cet archevêque anonyme fut soit
Basile, attesté par quelques documents50, soit Nicolas Mouzalon, le futur
patriarche de CP. La carrière du premier étant inconnue, reste à examiner
celle du second pour savoir si ce dernier a pu être cet archevêque anonyme.
Nicolas nous informe qu'avant d'être nommé au siège de Chypre par
Alexis Comnène, il était clerc51, qu'il vivait au milieu des livres et était
chargé d'enseignement52. Il fut proximos de l'école Saint-Pierre53 et l'on
vantait sa science philosophique et philologique54. Peu après l'avènement
de Nicolas Grammatikos (août 1084), il prononça l'éloge du nouveau
patriarche55. Quand le titulaire du siège de Chypre (anonyme) décéda56,
le basileus le remplaça par Nicolas Mouzalon, mais l'élu, qui prisait la
tranquillité, crut se soustraire à la volonté impériale en se retirant au mon
astère de Pétra où il se fit moine57. Mais il dut finalement obtempérer et
voguer vers Chypre où il aborda après une paisible navigation de dix jours58.
Il y connut deux fonctionnaires impériaux dont il a stigmatisé le comporte
ment : l'un, dont il suggère le nom par un jeu de mots, est Eumathios
Philocalès59 ; l'autre, un dioecète, reste anonyme60. Au cours de son épis-
copat, Nicolas fut scandalisé par la mauvaise conduite de deux de ses sufEra-

48. Cf. A. Moustoxidi, op. cit., p. xxx.


49. Cf. S. Papageorgiou, Histoire de Vile de Corfou, Corfou 1920, p. 21-22.
50. Cf. V. Laurent, Les fastes épiscopaux de l'Eglise de Chypre, REB 6, 1948, p.
156 et 162, et du même, Corpus des sceaux, V /2, n° 1484.
51. Cf. Sophia Doanidou, L'abdication de Nicolas Mouzalon de l'archevêché de
Chypre (en grec), Ελληνικά 7, 1934, p. 116155.
52. Ibid., p. 116155-1β2.
53. Nicolas l'atteste lui-même dans son éloge du patriarche Nicolas Grammatikos
(Scorial. gr. Y II 10, f. 287V).
54. Voir l'éloge de Mouzalon par Nicéphore Basilakès, prononcé sans doute aux
Rameaux 1148. Cf. E. Korbeti, Eloge du patriarche Nicolas Mouzalon (en grec), Ελληνικά
7, 1934, p. 304-305.
55. Eloge inédit conservé dans le Scorial. gr. Y II 10, f. 285-292v.
56. Cf. Sophia Doanidou, art. cit., p. 116.
57. Ibid. Nicéphore Calliste parle pour cette raison du moine Nicolas Mouzalon qui
devint archevêque de Chypre (cf. PG 147, 46lA). Voir aussi F. Dölger, Zu dem Abdank
ungsgedicht des Nikolaos Muzalon, BZ 35, 1935, p. 9.
58. Cf. Sophia Doanidou, art. cit., p. 119266.
59. Ibid., p. 1 1241-1 1342. Sur sa carrière voir V. Laurent, Médaillier Vatican, n° 68.
60. Ibid., p. 11348-53 ; il s'appelait peut-être Léon.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 271

gants et de quelques autres membres du clergé61 et écœuré par l'attitude des


autorités administratives et fiscales à son égard et à l'égard de ses ouailles62.
Vers 111063, il se démit de ses fonctions épiscopales et regagna CP ; il
entra au monastère du Kosmidion dont il devint l'higoumène64. Vers
1112, durant le séjour à CP de Pierre Grossolano, archevêque de Milan,
il participa aux discussions dogmatiques et adressa au basileus un traité
sur la procession du Saint-Esprit65. Il vécut comme moine66 au Kosmidion
pendant 37 ans67. En décembre 1147, le basileus Manuel lui confia le
patriarcat de CP, charge qu'il abdiqua en mars/avril 1 151, à cause de l'oppos
ition d'une partie de l'épiscopat qui considérait sa promotion comme
illégale, du fait qu'en renonçant antérieurement au siège de Chypre il
avait renoncé à l'épiscopat68.
Le fait que Mouzalon ait connu Eumathios Philocalès en Chypre ne
permet pas de déterminer la durée de son épiscopat dans cette île, parce
qu'il est certain que ce haut fonctionnaire y exerça un commandement à
plusieurs reprises. En mai 1092, Eumathios accueillait en Eubée Christodule
de Patmos et le biographe du saint écrit qu'il commandait alors les régions
occidentales69. Il fut nommé stratopédarque de Chypre après la reconquête
de l'île par le mégaduc Jean Doucas vers la fin de 1092 ou le début de 1093 70.
On le retrouve comme duc de Chypre en février 109971 et en septembre de la
même année72. Mais en 1 102/3, le duc en était Constantin Katakalon Euphor-
bènos73, et le duc anonyme mentionné en 110374 et après février 110575

61. Ibid., p. 120-128.


62. Ibid., p. 129-133.
63. La date est calculée en fonction de la durée de son séjour au Kosmidion.
64. Cf. Leunclavius, JGR 1, p. 295.
65. Cf. V. Grumel, Autour du voyage de Pierre Grossolano, archevêque de Milan,
à Constantinople, en 1112, EO 32, 1933, p. 30-31.
66. Le fait paraît sûr en dépit du bruit rapporté par Nicéphore Calliste selon lequel
Nicolas n'aurait abdiqué que l'administration des affaires et nullement l'épiscopat. Cf.
PG 147, A6\D.
67. Ibid.
68. Sur cette affaire assez obscure voir l'exposé de J. Darrouzès, Documents inédits
d'ecclésiologie byzantine, Paris 1966, p. 66-74 et 310-331.
69. Cf. C. Voinès, Acolouthie de saint Christodule (en grec), Athènes 1884, p. 151 ;
P. Gautier, REB 25, 1967, p. 237-238.
70. Cf. Alexiade : Leib Π, ρ. 164.
71. Ibid. : III, p. 34. Pour la date voir F. Chalandon, Essai sur le règne d'Alexis
Comnène, p. 208-212 ; R. Grousset, Histoire des Croisades, I, p. 319 et 378 ; Dölger,
Regesten, n° 1211.
72. Alexiade : Leib III, p. 44.
73. Ibid. : p. 41.
74. Ibid. : p. 35.
75. Ibid. : p. 39.
272 P. GAUTIER

peut être Constantin, Eumathios ou un autre. Toujours est-il que vers


1109/10, Eumathios obtint de commander la région d'Attalia76, si bien
qu'il semble avoir été absent de Chypre au moment de la démission de
Nicolas. Par contre, en 1111/2, Eumathios est de nouveau signalé à ce
poste77.
En conclusion, l'état par trop lacuneux de notre information ne nous per
met ni d'évaluer la durée de l'épiscopat de Mouzalon en Chypre, indû
ment réduite à deux ou trois ans par quelques-uns7 8, ni par conséquent de
décider si l'archevêque anonyme du synode est Basile ou Nicolas. On écar
tera pour ce dernier l'éventualité d'une damnatio memoriae, même si son
nom est omis dans le synodikon79, puisqu'il ne fut pas déposé, mais prié
de donner sa démission.

22. Léon de Bizyè


Le seul titulaire connu de cet archevêché80 à la fin du XIe siècle est ce
Léon ; il est d'autre part attesté en mars 107281 et il assista peut-être au
procès d'Eustrate de Nicée en 111782.

23. Jean de Karabizyè


Cet archevêché thrace dont le site est inconnu83 a pour unique représen
tant à notre époque ce Jean dont le sceau paraît avoir été conservé84. Un
de ses successeurs, Grégoire Gamalas, participa au synode de 1 147 qui déposa
le patriarche Cosmas85.

24. Théophane de Cherson


Nul autre représentant de cet archevêché86 n'apparaît au cours du XIe
siècle ; Théophane assistera à la déposition du patriarche Cosmas en 1 14787.

76. Alexiade : Leib III, p. 142.


77. Ibid. : p. 148.
78. Par exemple Sophia Doanidou, loc. cit., p. 142 ; G. Hill, A History of Cyprus, I,
Cambridge 1940, p. 300.
79. Cf. J. Gouillard, Le synodikon de l'Orthodoxie, TM 2, 1967, p. 102, η. 352.
80. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 635.
81. Cf. N. Oikonomidès, REB 18, 1960, p. 57.
82. Cf. P. Joannou, REB 10, 1952, p. 36.
83. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, p. 655.
84. Ibid., n° 845.
85. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 310 ; la leçon Gamalas pourrait être une erreur
de lecture pour Gabalas, un patronyme bien représenté du XIe au XIVe siècle.
86. Cf. R. Janin, DHGE 12, 1950, col. 636-637.
87. Cf. Rhalli-Potli, Syntagma 5, p. 311.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 273

IV. — Le corps des archontes

1. Le diacre et ex-chartophylax Nicéphore


Sur cet ecclésiastique voir P. Gautier, Le chartophylax Nicéphore.
Oeuvre canonique et notice biographique, REB 27, 1969, p. 159-195, et
sur la charge J. Darrouzès, Recherches sur les offikia de l'Eglise byzantine,
Paris 1970, p. 334-353.

2. Le diacre et chartophylax Pierre


Cette liste de présence est apparemment le document le plus ancien
concernant le successeur de Nicéphore, entré vraisemblablement en charge
en 10941. On a cru sur la foi de quelques manuscrits que ses réponses cano
niques furent rédigées en 1092, mais Beneseviö, qui les a rééditées, a pert
inemment démontré qu'elles sont de 1096/72, date d'ailleurs corroborée
par la mention dans la dernière lysis de la néara impériale de 10953. A une
date indéterminée, Théophylacte de Bulgarie protestera auprès du charto
phylax Pierre (lettre perdue)4 contre l'immixtion du patriarcat de CP dans
les affaires de son Eglise. Le chartophylax anonyme auquel le même prélat
adresse une seconde lettre5 a chance, vu les faits qui y sont évoqués, d'être
encore Pierre. En mai 1102, ce dernier validait un extrait d'une déclaration
synodale touchant les canonica6. La dernière mention de cet officier ecclé
siastique remonte à octobre 1106 : à cette date il authentifiait une copie
conforme des décisions synodales concernant les intérêts de l'Eglise
d'Athènes7. Deux exemplaires de son sceau ont été conservés8. Il
n'est pas exclu qu'à sa sortie de charge il ait été promu grand économe9,
remplaçant à ce poste le frère d'un patriarche à qui le rhéteur Théophylacte
réclame dans une lettre inédite ses émoluments qu'on tarde à lui verser.

1. Cf. P. Gautier, REB 27, 1969, p. 162.


2. Cf. V. Bene§evic, Otvety Petra chartophylaksa (konca XI veka), Zapiski imper.
Akad. Nauk, 8e série, t. VIII, n° 14, 1909, p. 3.
3. Ibid., p. 9.
4. Elle est mentionnée dans une lettre à Michel, neveu du métropolite de Chalcédoine,
PG 126, ΑΠΛ.
5. Ibid., 436B.
6. Cf. Grumel, Regestes, n° 942. Les manuscrits vérifiés portent bien l'indiction 10
(Leunclavius, JGR 1, p. 270 = PG 119, 864 B), mais indiction 15 par erreur dans Rhalli-
Potli, Syntagma 5, p. 62, et Grumel ; il faut écarter l'année 1087, puisque le chartophyl
ax était alors Nicéphore.
7. Cf. Th. Uspensku, IRAIK 5, 1900, p. 41 ; Grumel, Regestes, n° 952.
8. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, nos 95-96.
9. Ibid., n° 57.
274 P. GAUTIER

Les successeurs immédiats de Pierre furent Syméon, attesté à la veille de


la mort de Nicolas Grammatikos en 1 11 110 ; Michel Aulopatès qui valide
un acte en décembre 111611 ; Michel Choumnos qui authentifie le même
document en 112112. Cette liste serait-elle lacuneuse ? La correspondance
de Théophylacte le laisserait croire, qui nous fait connaître, dans un lemme,
un chartophylax Nicétas13, mais l'existence de cet archonte fait difficulté.
Ecarté le chartophylax homonyme de la fin du XIe siècle14, il ne reste que
Nicétas de Maronée, futur métropolite de Thessalonique, promu à ce dernier
poste peu avant 1132/3315. Devrait-on admettre que l'épiscopat de Théo
phylacte s'est prolongé au moins jusqu'en 1125/616, on ne peut écarter
la possibilité d'une bévue commise par le copiste qui aura écrit Nicétas
au lieu de Nicéphore. Dans le cas contraire, il faut placer ce Nicétas entre
Pierre et Syméon, soit entre 1106 et 1111.

3. Le diacre et référendaire Nicétas


Le référendaire17 Nicétas n'est pas autrement connu. S'il y eut, posté
rieurement à ce synode, promotion dans la chancellerie patriarcale, il se
peut que le chartophylax Nicétas, ce correspondant &e Théophylacte dont
on ne sait que penser (voir supra n° 2), ait remplacé le chartophylax Pierre
entre 1106 et 1111. On a en effet l'impression que certains grands officiers
ecclésiastiques ont fait l'objet à l'époque d'un avancement assez régulier.
Le chartophylax Nicétas, prédécesseur de Nicéphore, serait devenu grand
économe18, remplaçant peut-être le moine Joannikios19 attesté en août
1071, indiction 9 : un Nicétas grand économe assistait en effet au procès

10. Cf. Ph. Meyer, Die Haupturkunden für die Geschichte des Athosklöster, Leipzig
1894, p. 180.
11. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 5, 1900, p. 29 ; Grumel, Regestes, n° 1001 ; V. Laurent,
Corpus des sceaux, V/l, nos 97-98.
12. Cf. Grumel, Regestes, n° 1001 ; MM 4, p. 317, et Studi biz. e neoellenici 2, 1927,
p. 184-185. Il est aussi signalé comme nomophylax (Leunclavius, JGR 1, p. 519).
13. Cf. PG 126, 417s.
14. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 93.
15. Ibid. Il est peut-être ce chartophylax mentionné dans Grumel, Regestes, n° 942.
16. Cf. P. Gautier, REB 21, 1963, p. 159-160.
17. Sur la charge voir J. Darrouzès, Recherches sur les offikia de V Eglise byzantine,
p. 373-374.
18. Voir son sceau dans V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 56.
19. Ce grand économe confirme à cette date un document d'Iviron en compagnie
de Théophile d'Héraclée et de Jean de Sardes (Hellénika 2, 1929, p. 472-473). Il faut
rayer le protospathaire Pothos, un civil, de la liste des grands économes de la fin du
XIe siècle, car la session synodale à laquelle il participa n'eut pas lieu sous le patriarcat
d'Eustrate Garidas (Rhalli-Potli, Syntagma S, p. 57 ; Grumel, Regestes, n° 933), mais
sous celui d'Eustathe (voir V. Laurent, ibid., nos 56, 58 et 1056).
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 275

de Jean Italos en mars 108220. D'autre part, Pierre, successeur de Nicé-


phore au chartophylacat, aurait été à son tour promu au grand économat21.

4. Le diacre et hypomnèmatographe Basile


Cet hypomnèmatographe22 est inconnu d'autre part et il serait aventuré
de l'identifier avec l'un des nombreux homonymes contemporains. Parmi
ses successeurs dans la charge nous relevons Constantin, neveu de feu le
patriarche Cosmas, attesté en juillet 112123 ; un Léon, connu par un sceau,
ayant vécu aux XIe-XIIe siècles24.

5. Le diacre et didascale Eustathe


Sous ce titre trop peu explicite se dissimule peut-être un didascale œcumén
ique25. Le cas n'est pas exceptionnel : Nicétas, neveu de l'évêque de Ser
rés, n'est appelé que didascale par Théophylacte de Bulgarie26, alors qu'il
était, des manuscrits nous l'apprennent, didascale œcuménique27. Pour le
reste, cet Eustathe est un inconnu et l'on ne saurait l'identifier d'emblée
avec ce proximos de la Parthènos, soit vraisemblablement l'école de la Théo-
tokos des Chalkoprateia, qui copia le Vaticanus graecus 35828, ou avec le
copiste homonyme, clerc de la Grande Eglise, du Vindob. theol. gr. 29729.

6. Jean Métaxas

Jean Métaxas, probablement diacre de Sainte-Sophie comme ses colis


tiers, a chance d'être cet ecclésiastique qui fit un éclat une décennie plus tôt,
à l'occasion de la confiscation des biens sacrés. Parmi les clercs qu'il avait
convoqués à Sainte-Sophie en 1082, à dessein de leur prouver le bien-fondé
des mesures de réquisitions, le sébastocrator Isaac Comnène trouva un

20. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 2, 1897, p. 41-42.


21. Voir son sceau : Pierre moine et grand économe ; cf. V. Laurent, Corpus des
sceaux, V/l, n° 57.
22. Sur la charge consulter J. Darrouzès, Recherches sur les offikia de VEglhe byzant
ine,p. 362-368.
23. Cf. V. BeneSeviö, Catalogus codicum qui... in monte Sina asservantur, I, Saint-
Pétersbourg 1911, p. 271 ; Grumel, Regestes, n° 1001.
24. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/l, n° 131.
25. Sur la charge voir J. Darrouzès, op. cit., p. 66-79.
26. Cf. PG 126, 373.
27. Cf. R. Browning, Byz. 33, 1963, p. 15-17 ; J. Darrouzès, op. cit., p. 71.
28. Cf. R. Devreesse, Codices vaticani graeci, II, Cité du Vatican 1937, p. 44 ; R.
Browning, Byz. 32, 1962, p. 194.
29. Cf. Vogel-Gardthausen, Die griechischen Schreiber des Mittelalters und der
Renaissance, Leipzig 1909, p. 122.
276 P. GAUTIER

contradicteur en la personne de Métaxas : « II faisait opposition, s'indigne


Anne Comnène, et présentait des arguments spécieux tout en se moquant
d'Isaac30 ». Ce trublion est-il encore ce Jean Métaxas, diacre de la Grande
Eglise, chartulaire et notaire patriarcal qui figure dans une liste de présence
non datée31, qu'on estimait du dernier tiers du XIIe siècle32, mais qui serait
en fait antérieure à 114533 ? Apparemment non, si l'on tient compte de
l'écart chronologique et de la rétrogradation de cet officier ecclésiastique, à
moins qu'il n'ait, hypothèse peurecevable, payé de celle-ci son impair de 1082.

7. Le primicier des notaires patriarcaux, Euphèmianos


Ce primicier des notaires, distinct au moins à l'époque du protonotaire34,
est un inconnu. En décembre 1116, la fonction sera exercée par Jean Kalan-
dôn35, et un peu plus tard (avant 1145, ce semble) par Basile, neveu du
chartophylax36. Cet officier ecclésiastique a peu de chance d'être identique
à cet Euphèmianos que le basileus Nicéphore Botaniate délégua auprès de la
parentèle des Comnènes réfugiée à Sainte-Sophie, à la mi-février 108 137.

8. Les notaires patriarcaux Théophane, Nicétas, Nicéphore, Léon


et Nicétas

II est hors de question d'identifier ces scribes, subordonnés du charto


phylax38, dont les prénoms sont, à l'exception du premier, des plus commun
ément portés.

V. — Le corps monastique

1. Jean, moine et cathigoumène du monastère de Stoudios


La liste des higoumènes de ce célèbre monastère de la capitale est très
lacuneuse, mais la dernière en date39, par nous complétée, fournit pour le

30. Cf. Alexiade : Leib II, p. 11. Un Métaxas est aussi mentionné dans le brébion
du monastère d'Attaliate. Cf. Sathas, MB 1, p. 19, 52, 66.
31. Cf. V. BeneSeviC, Catalogus codicum... qui in monte Sina asservantur, I, Saint-
Pétersbourg 1911, p. 272.
32. Cf. Grumel, Regestes, n° 1001.
33. Cf. J. Darrouzès, Recherches sur les offikia de VEglise byzantine, p. 380, n. 6.
34. Sur la distinction entre les deux charges voir J. Darrouzès, ibid., p. 355-359.
35. Cf. Th. Uspenskij, IRAIK 5, 1900, p. 29.
36. Cf. V. BeneSeviô, op. cit., p. 271.
37. Cf. Alexiade : Leib I, p. 77.
38. Cf. J. Darrouzès, op. cit., p. 379-385.
39. Cf. R. Janin, Eglises et monastères2, Paris 1969, p. 433.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 277

XIe siècle les noms suivants : Nicolas, attesté en mars 1010 et en mars
101 840 ; Eustrate, connu par un sceau41 ; Alexis, qui devint patriarche
de CP le 12 décembre 102542 ; Michel en juillet 104843 et en 106644 ; ce
dernier a chance d'être ce Michel Mermentoulos, qui protesta contre la
suppression, initiative du patriarche Cérulaire, du nom de Théodore le
Studite dans le synodikon et en obtint le rétablissement par une prostaxis
impériale (ignorée de Dölger), satisfaction qui lui fut donnée le 5 mai
1045, dimanche de la Samaritaine45 ; Sabas, signataire des Nanian. gr. 92
et 168, ce dernier de 1069, connu d'autre part par un sceau46 ; Cosmos, à qui
sont dédiées des catéchèses de s. Cyrille copiées en 1075, connu aussi par
un sceau47 ; Nicétas Stéthatos, entré tout jeune au Stoudios, dont il devint
probablement l'higoumène avant sa mort survenue, ce semble, au cours des
deux dernières décennies du siècle48 ; Jean, présent à ce synode. Ecarté
Théodore, dont le sceau assigné aux XIe-XIP siècles, est en réalité du IXe
(s. Théodore le Studite)49, il faut descendre au milieu du XIIe siècle pour
trouver un successeur au précédent : Théophylacte, témoin en 1164 de l'e
nregistrement du typikon de Saint-Mamas50.

2. Athanase Panagiotès, higoumène du monastère de Saint-Diomède

Ce petit monastère, sis à proximité de la Porte Dorée, est aussi connu


sous le nom de Jérusalem ou de Nouvelle Jérusalem51. Etait-ce un méto-
chion du patriarcat homonyme ? On le supposerait à voir le patriarche

40. Cf. C. Giannelu, Codices vaticani graeci, Cité du Vatican 1950, p. 440.
41. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1195.
42. Cf. Cedrenus : Bonn II, p. 479-480.
43. Dans le colophon du Sinaïticus 356 (319) : « Ce livre de notre saint père Denys a
été achevé le 3 juillet, dimanche, année 6556, indiction 1, et copié par l'humble et indigne
diacre Christophore, au temps de Michel, très pieux higoumène de Stoudios ». Cf. V.
BeneSevic, Catalogus codicum... qui in monte Sina asservantur, I, Saint-Pétersbourg 1911,
p. 199-200.
44. Cf. Londinensis 19352, anno 1066 : Psautier écrit par le prêtre Théodore de Césarée,
moine au couvent de Stoudios pour le syncelie et higoumène Michel. Cf. M. Richard,
Inventaire des manuscrits grecs du British Museum, I, Paris 1952, p. 32.
45. Cf. Cedrenus : Bonn II, p. 555 (apparat).
46. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1223.
47. Ibid., n°\\96.
48. Cf. J. Darrouzès, Nicétas Stéthatos. Opuscules et lettres, Paris 1961, p. 10.
49. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1194.
50. Le 5 janvier, dimanche, indiction 12, année 6672 =1164. Par erreur 1159 dans
R. Janin, Eglises et monastères*, p. 433. Cf. A. Dmitrievsku, Typika, I, Kiev 1895,
p. 71022"23 ; S. EusTRATiADÈs, Typikon du monastère de Saint-Mamas, 'Ελληνικά Ι,
1928, p. 305.
51. Cf. R. Janin, Eglises et monastères*, p. 95-97.
278 P. GAUTIER

Jean VII en faire momentanément sa résidence en 1 107/852, mais à vrai dire


ce prélat a pu y descendre pour la simple raison, ignorée du P. Janin, qu'il
en avait été l'higoumène53. Métropolite de Tyr avant d'accéder fortuitement
au siège hiérosolymitain, il ne fut pas forcément le prédécesseur immédiat
d'Athanase, dont le sceau est peut-être conservé54.

3. Jean, cathigoumène du Polyéléou du Caniclée


Higoumène inconnu d'autre part. Ecarté le couvent féminin du Canic
lée55, le monastère que Jean représentait est impossible à identifier, d'au
tant plus qu'on hésitera entre Polyélaiou et (Christou) Polyéléou56.

4. Georges, cathigoumène du Sauveur Akataleptos sis a Kamaris


Un document récemment édité signale dès le Xe siècle57 ce monastère
jusqu'ici attesté pour la première fois par notre liste de présence synodale58.
Georges en est l'unique supérieur connu.

5. Jean, cathigoumène du Tropéophore des Manganes


II s'agit du monastère de Saint-Georges construit par Constantin Mono-
maque59. Jean en est le premier higoumène connu. On ne saurait, sans preuv
e,lui attribuer la lettre, curieuse mais absconse, qu'un supérieur de ce
couvent adressa à la basilissa Irène Doukaina60.

6. N., CATHIGOUMÈNE D'OlKOPROTÉROS


Monastère inconnu.

7. N., CATHIGOUMÈNE DE SAINT-LAZARE


Monastère dont la fondation est attribuée à Léon VI le Sage61.

52. Voir supra, p. 230, n. 88.


53. Cf. NE 8, 1911, p. 151, n° 229 : Vers écrits... par le très saint patriarche de Jéru
salem, kyr Jean, ancien higoumène du monastère de Saint-Diomède, appelé aussi Nouv
elle Jérusalem.
54. Cf. V. Laurent, Corpus des sceaux, V/2, n° 1352 : moine Athanase Panagiotès,
assigné par l'éditeur au XIIe, sans référence à l'higoumène homonyme.
55. Cf. R. Janin, Eglises et monastères*, p. 277.
56. Indûment dédoublé par R. Janin, ibid., p. 405 et 524, n° 21.
57. Cf. Analecta Bollandiana 88, 1970, p. 27-28.
58. Cf. R. Janin, Eglises et monastères12, p. 504-506.
59. Cf. R. Janin, ibid., p. 70-76.
60. Cf. G. Mercati, Gli aneddoti d'uncodice bolognese, BZ6, 1897, p. 131 et 138-140.
61. Cf. R. Janin, ibid., p. 298-300.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 279

8. Syméon, reclus du monastère de Philothéou

Ce Syméon aurait chance d'être le correspondant de Théophylacte de


Bulgarie62, higoumène du monastère d'Anaplous, si ce couvent était celui
de Philothéou, mais l'identification des deux maisons n'est que probable63.

9. Cyrille, cathigoumène des saints Probos, Tarachos et Andro-


NIKOS
Monastère sis dans les parages du Forum de Constantin64.

10. N., CATHIGOUMÈNE DE PRASIANOS


Monastère inconnu.

11. JOANNIKIOS, CATHIGOUMÈNE DES HODÈGES


Un des monastères les plus fameux de la capitale. Ce ne fut pas Andronic
II, comme l'écrit le P. Janin65, mais Jean Tzimiscès, qui, d'après un extrait
de la Vie d'Athanase II Manassès, l'attribua comme métochion aux pa
triarches d'Antioche66. C'est évidemment pour cette raison qu'on y trouve
Jean l'Oxite (démissionnaire) en 110067 et Sotèrichos Panteugénos un peu
plus tard68. Un certain Athanase, mentionné par Jean l'Oxite, a pu en être
l'higoumène au début du XIIe siècle69.

12. N., CATHIGOUMÈNE DE SaINT-MoKIOS


Monastère très ancien, mais peu connu70.

13. LUC, CATHIGOUMÈNE DE SaINT-PhOCAS

Monastère situé sur la rive européenne du Bosphore71.

62. Cf. PG 126, 548-549.


63. Cf. R. Janin, ibid., p. 494.
64. Cf. R. Janin, ibid., p. 408-409.
65. Cf. R. Janin, ibid., p. 202.
66. Cf. Sinaiticus gr. 482 (1117), f. 243. Voir V. BeneSeviö, Catalogus codicum... qui
in monte Sina asservantur, I, Saint-Pétersbourg 1911, p. 582.
67. Cf. P. Gautier, Jean V l'Oxite, patriarche d'Antioche. Notice biographique,
REB 22, 1964, p. 132-133.
68. Cf. J. Gouillard, Le Synodikon de l'Orthodoxie, TM 2, 1967, p. 212, n. 243.
69. Cf. P. Gautier, loc. cit., p. 154.
70. Cf. R. Janin, ibid., p. 354-358.
71. Cf. R. Janin, ibid., p. 499.
280 P. GAUTIER

14. Ν., CATHIGOUMÈNE DE PtÉRYGION


Monastère inconnu.

15. N., CATHIGOUMÈNE DU MONASTÈRE D'AtTALIATE


On a quelques raisons de penser que le représentant de ce monastère
de fondation récente (c. 1075) fut ce Michel, indûment identifié par le P.
Janin avec le fondateur Michel Attaliate72, qui en juillet 1081 copia comme
moine YOxonîen. Christ Church Wake 6 et en 1087/8 comme higoumène
le Vaticanus gr. 342, et qui de surcroît approuva, semble-t-il, par un docu
ment écrit de sa main la doctrine iconodoule confirmée par ce synode des
Blachernes73. Attesté comme économe du monastère d 'Attaliate en 107774,
il figure au titre d'higoumène en mars, indiction 8, soit 1085 (ou 1 100), dans
le brébion annexé à la Diataxis75. Quitte à lui attribuer un supériorat de
longue durée, on est enclin à l'identifier avec l'higoumène Michel dont le
nom réapparaît au bas d'une liste d'ouvrages ultérieurement acquis par la
même maison religieuse, au nombre desquels les commentaires des quatre
évangiles de l'archevêque de Bulgarie, Théophylacte, qui ne sauraient être,
au mieux, antérieurs à la première décennie du XIIe siècle76.

VI. — La date du synode

Ce synode, le premier tenu au palais des Blachernes1 devenu la résidence


habituelle des Comnènes, dont l'affluence insolite illustrerait l'intérêt
attaché par le pouvoir au culte des images si l'enjeu de la réunion n'avait

72. Cf. R. Janin, ibid., p. 512-513. Sur l'historien consulter E. Tsolakis, Aus dem
Leben des Michael Attaleiates, BZ 58, 1965, p. 3-10.
73. Cf. S. G. Mercati, Confessione di fede di Michèle categumeno del Monastero
fondato da Michèle Attaliate, OCP 21, 1955, p. 265-273.
74. Cf. Sathas, MB 1, p. 4L
75. Ibid., p. 50.
76. Ibid., p. 67.
1. Anne Comnène fait état (Leib II, p. 45-46) d'une grande assemblée réunie par son
père au palais des Blachernes, à laquelle participèrent le sénat, l'armée, le clergé et les
supérieurs des monastères. Un lecteur non prévenu, constatant que cette réunion est
mentionnée après la reconquête de Larissa (avril 1083) et de Castoria (octobre/novembre
1083) sur les Normands et le retour du basileus à CP (1er décembre 1083), la daterait
de la fin de 1083 ou du début de 1084, mais ce serait se laisser leurrer par les procédés de
composition de la princesse. Le discours qu'elle met dans la bouche de son père prouve
que cette assemblée, convoquée pour réparer les dommages causés aux églises et monast
ères,est postérieure à 1091, car le basileus signale qu'il a affronté les Normands (1081-5),
les Scythes (1086-91) et que CP elle-même a failli être prise (début de 1091).
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 281

été plus politique que théologique, fut d'abord fixé en 1086, puis en mai/
juin 1091 2, mais ces dates furent abandonnées quand le P. Grumel eut
proposé dans ses Regestes, n° 967, comme probable, le second semestre de
1092. De l'étude prosopographique qui précède il ressort que cette date est
aussi légèrement trop haute. Les raisons qui obligent à la reculer sont les
suivantes.
Le sébaste Marinos Néapolitès (n° 8, p. 239) n'était que magistros en
avril 1093, mais cet argument n'aurait, à vrai dire, tout son poids que si
nous avions la certitude que les deux dignitaires ne sont qu'un seul et même
personnage, ce qui n'est pas. Voici par contre un argument décisif : Bardas
Hikanatos (n° 16, p. 244), nobélissime lors de ce synode, n'était encore que
curopalate le 5 mars 1094. D'autre part, le drongaire de la Veille présent
au synode s'appelle Nicolas Mermentoulos, or en mai 1092 cette fonction
était exercée par Jean Skylitzès (n° 21, p. 248). Enfin, dans la première
moitié de 10943, le grand hétériarque n'était pas Constantin Antiochos
(n° 24, p. 250), présent à cette assemblée, mais Argyros Karatzas.
En revanche, ce synode n'est pas postérieur à la guerre contre les Comans :
Constantin Katakalon Euphorbènos qui y assiste avec le titre de protocuro-
palate reçut celui de nobélissime à même le champ de bataille, quand il eut
capturé une centaine de ces barbares (n° 20, p. 247).
Disposant ainsi d'un terminus post quern indiscutable (mars 1094), reste à
préciser le terminus ante quern (guerre contre les Comans). Il y a fort à parier
que cette guerre est celle à laquelle le basileus fait lui-même allusion devant
le synode : « Mes seigneurs et pères, doctes sénateurs, moi qui, vous le
savez bien, étais auparavant absorbé sans relâche par les soucis militaires,
financiers et administratifs, continuellement sur pied pour affronter les
armées de nos ennemis et qui suis maintenant prêt à partir en campagne

2. Cf. P. Stephanou, Le procès de Léon de Chalcédoine, Rome 1943, p. 57-64.


3. Cette date est probable. Le prétendu complot du sébaste Jean Comnène est raconté
par Anne Comnène à la suite de celui d'Humpertopoulos et d'Ariébès, qui remonte
apparemment à la seconde moitié de 1091, mais il s'en faut qu'il soit contemporain de ce
dernier. On doit en effet remarquer qu'Anne en commence le récit (Leib II, p. 147) par
l'évocation d'une invasion attendue des Comans, or celle-ci sera bien postérieure à
1091. D'autre part, compte tenu que la princesse a coutume de grouper, sans respect pour
la chronologie, des faits de nature semblable, il y aurait lieu à notre avis de relier le passage
de YAlexiade qui relate la conjuration de Jean Comnène (Leib II, p. 147-151), où Bodin
est d'ailleurs un lapsus manifeste pour Bolkan, à celui où est mentionnée (Leib II, p. 184)
la rapide soumission du prince de la Rascie. Ce sont apparemment deux épisodes de la
même campagne. Le basileus était peut-être de retour en août, si tant est qu'il signa à CP
la fameuse prostaxis d'août 1094. Cf. J. Nicole, Une ordonnance inédite de l'empereur
Alexis Comnène sur les privilèges du chartophylax, BZ 3, 1894, p. 18-20.
282 P. GAUTIER

parce que l'occasion (ou la saison) en est déjà arrivée et que je ne puis me
consacrer à rien d'autre... » (PG 127, 976e). De l'invasion des Comans font
état quatre auteurs byzantins, mais aucun d'eux ne fournit de repère chrono
logique précis ; ils divergent même considérablement quant à la date.
Anne Comnène, qui lui réserve un long chapitre, la situe après la conjura
tion de Nicéphore Diogène (juin 1094) et au moins un an avant l'arrivée
des premiers croisés à CP (milieu de 1096)4. Nicolas de Méthone, biographe
de s. Mélétios le jeune (f 1105), qui enchaîne les épisodes de la vie de son
héros sans le moindre souci chronologique, place l'invasion comane avant
l'expédition du mégaduc Jean Doucas contre la Crète (printemps 1092)5.
Enfin Jean Zonaras6 et Michel Glycas7 évoquent sommairement la révolte
du pseudo-Diogène après la conquête d'Antioche (1098) et de Jérusalem
(1099) par les croisés et le procès du moine bogomile Basile. Si nous ne
disposions que de ces renseignements chronologiquement contradictoires,
nous serions bien en peine de situer cette guerre à l'intérieur de la seconde
décennie du règne d'Alexis Comnène.
Cette lacune est par bonheur comblée par des chroniques russes (Gustin-
skaja letopiSy Lavrentijskaja letopis). Nous y lisons sous l'année 6603 (1095) :
« Les Polovci entrèrent en territoire grec avec Devgenevic (le fils de Dio
gène)8 et combattirent sur la terre grecque ; l'empereur captura Devgeneviö
et ordonna de l'aveugler9 ». Faisant fi de cette date, maints historiens ont
situé la campagne en 1092 ou 1094, mais sans jamais se donner la peine de
justifier leur point de vue10. Seul Chalandon a fait confiance aux chroniques
russes11. Avec raison à notre avis, car la date de 1095 s'accorde bien avec
l'exposé général d'Anne Comnène sur les campagnes de son père posté-

4. Cf. Alexîade : Leib II, p. 189-204. Sur le pseudo-Diogène consulter Marguerite


Mathieu, Les faux Diogenes, Byz. 22, 1952, p. 133-150.
5. Cf. Chr. Papadopoulos, Travaux pour Vhistoire de la vie monastique en Grèce
(en grec), II, Athènes 1935, p. 21-23 et 55-56.
6. Cf. Zonaras : Dindorf IV, p. 244.
7. Cf. Glycas : Bonn, p. 621.
8. Sur la formation et le sens de ce patronyme voir A. Soloviev, La date de la version
russe de Digénis Akritas, Byz. 22, 1952, p. 129-132 ; H. Grégoire, Devgenij ou Digenij,
ibid., p. 148-150.
9. Cf. Povesti vremennych let : D. Lichaèev, Moscou 1950, 1, p. 148 (texte) et II, p. 421
(commentaire).
10. Par exemple V. G. Vasil'evskij, Trudy 1, Saint-Pétersbourg 1908, p. 109-115
(en 1092) ; N. Zlatarski, Istorija na bälgarskata därzava, II, Sofia 1934, p. 211-219
(après 1091, sans autre précision) ; D. A. Rasovskij, Polovcy. IV. Voennaja istorija
Polovcev, Seminarium Kondakovianum 11, 1940, p. 107 (en 1092-1095) ; A. Soloviev,
Byz. 22, 1952, p. 130 (en 1094) ; Gy. Moravcsik, Byzantinoturcica 1, Budapest 1942,
p. 47 (en 1094).
11. Cf. F. Chalandon, Essai sur le règne d'Alexis Comnène, p. 151-154.
LE SYNODE DES BLACHERNES (FIN 1094) 283

rieures à l'écrasement des Petchénègues à Lébounion le 29 avril 1091 :


campagne contre Bolkan, prince de Rascie, durant le printemps et l'été
1093 ; expédition malheureuse de Jean Comnène contre le même trublion
à la fin de 1093 ; nouvelle campagne du basileus contre Bolkan en été
1094 — en juin Alexis Comnène séjourne dans les environs de Serrés — ,
traité de paix signé avec Bolkan et retour à CP12. Anne nous prévient d'aut
repart qu'à la veille de partir contre les Serbes vers mai 1094, son père
s'attendait à une invasion des Comans, mais qu'il décida de parer au plus
pressé et de se porter d'abord à l'ouest13. Il n'y a donc pas place pour la
guerre contre les Comans entre 1091 et la seconde moitié de 1094.
La date de 1095 s'avérant ainsi plausible, c'est dans la première moitié
de cette même année qu'on placera l'attaque des Comans. Pour deux raisons.
Durant l'été 1095, en pleine canicule, le basileus est occupé à construire de
puissantes fortifications destinées à protéger Nicomédie contre les razzias
turques14. D'autre part, contrairement aux Petchénègues qui étaient des
sédentaires15 et faisaient la guerre sans tenir compte des saisons16, les
Comans, qui étaient essentiellement des nomades, tributaires de pâturages
indispensables à leur bétail17, ne faisaient la guerre que durant la saison
froide, ainsi durant l'hiver 1087/8 18, en avril 1091 19, dans les premiers
mois de 114820. Cette constatation se trouve corroborée par les réflexions
de deux historiens des croisades, avertis de leurs mœurs. Robert de Clari
écrit : « Ils n'osent issir de leurs tentes waire preu devant en hiver. En yver
si issent hors de leur tentes et de leur pais, quant il vœllent faire leur che-
vauchie21 ». Villehardouin est encore plus précis. Traitant de la guerre
faite aux croisés en mai 1205 par le roi bulgare Kaloian, il fait cette remarque
intéressante : « Johanisse, le roi de Vlaquie et de Bougrie... ne put plus
retenir ses Comains dans le pays, car ils ne pouvaient plus faire la guerre
à cause de la chaleur, mais ils retournèrent dans leur contrée22 ». Nous les

12. Cf. Alexiade : Leib II, p. 166-184.


13. Ibid. p. 147.
14. Ibid. Ρ· 206.
15. Ibid. Ρ· 82.
16. Ibid. ρ. 89.
17. Cf. D. A. Rasovskij, Polovcy. III. Predely polja Polovecskago, Seminarium
Kondakovianum 10, 1938, p. 155-177.
18. Cf. Alexiade : Leib II, p. 105-106.
19. Ibid. : p. 136-137.
20. Cf. F. Chalandon, Les Comnènes, II, p. 323-325 ; P. Nasturel, Valaques, Cou-
mans et Byzantins sous le règne de Manuel Comnène, Byzantina 1, 1969, p. 169-170.
21. Ed. Ch. Hopf, Chroniques gréco-romanes, inédites ou peu connues, Berlin 1873,
p. 52.
22. Ed. E. Faral, II, Paris 1939, p. 199.
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voyons encore faire campagne en janvier 120623, en mars 1207 et se retirer


en mai de la même année24. Ces faits et ces textes donnent quelque poids
à notre hypothèse : les quelque deux ou trois mois que dura la guerre
contre les Comans — ils campèrent 48 jours sous les remparts d'Andri-
nople25 — sont à prendre sur la première moitié et sans doute le début26 de
1095. Dans ces conditions, le synode des Blachernes qu'Alexis Comnène
avait tenu à présider à la veille de son départ en campagne aura eu lieu,
sinon au tout début de 1095, du moins à l'extrême fin de 1094.

23. Ed. E. Faral, II, p. 217.


24. Ibid., p. 275-289.
25. Cf. Alexiade : Leib II, p. 196.
26. A noter que la néara impériale sur le mariage des esclaves, adressée à Théodule
de Thessalonique et datée de mars 1095, fut signée à CP, d'où Alexis Comnène fut absent
durant toute la campagne contre les Comans. Cf. Zachariae, JGR 3, p. 407 ; Dölger,
Regesten, n° 1178.

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