Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Résumé
REB 43 1985 France p. 197-208
J. Declerck, "Un colophon métrique d'Athanase le Galésiote (13e s.)". — Le codex Paris, gr. 857, écrit en 1261 par le moine
Athanase au mont Galésion, contient un long colophon métrique, composé par le copiste lui-même. Cette pièce est publiée
intégralement avec traduction. Après avoir fait quelques observations sur le contenu, le vocabulaire, la grammaire et le mètre,
l'auteur réexamine les problèmes que pose l'identification du copiste. Il est hautement probable qu'il s'agit du futur patriarche de
Constantinople, Athanase Ier (1289-1293, 1303-1309), lequel était moine au Galésion à l'époque où le codex y fut achevé.
Declerck José. Un colophon métrique d'Athanase le Galésiote (13e s.). In: Revue des études byzantines, tome 43, 1985. pp.
197-208.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1985_num_43_1_2172
Un colophon métrique d'Athanase le Galésiote (13e s.)
José DECLERCK*
4. Une première liste de manuscrits contenant (des parties de) Γ Évergétinon a été
dressée par J. Pargoire, Constantinople. Le monastère de l'Evergétis, EO 10, 1907,
p. 259-260 ; une deuxième liste, beaucoup plus riche, mais toujours incomplète, se trouve
chez M. Richard, art. cit. (n. 1), col. 503.
5. Cf. H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale
et des autres bibliothèques de Paris et des Départements, I, Paris 1886, p. 161 ; le f. 149V
de ce codex est reproduit chez H. Omont, Fac-similés des manuscrits grecs datés de la
Bibliothèque nationale du IXe au XIV siècle, Paris 1891, planche LVI.
6. Le « pinax » latin ajouté postérieurement au codex, signale cependant cette pièce :
« N. Versus politici exscriptoris huius operis... ».
7. Cf. N. Wilson, Notes on Greek Manuscripts. 4. Some Scribes Called Athanasius,
Scriptorium 15, 1961, p. 318-319.
8. On en trouvera une reproduction chez B. de Montfaucon {Palœographia grœca...,
Parisiis 1708, p. 350 [I]), V. Gardthausen (Griechische Paläographie, II2, Leipzig 1913,
p. 51) et F. Halkin (Manuscrits galésiotes, Scriptorium 15, 1961, planche 18).
9. Sur le Galésion, voir R. Janin, Églises et monastères des grands centres, p. 241-250.
UN COLOPHON MÉTRIQUE D'ATHANASE LE GALÉSIOTE (13e S.) 199
1261 10. Le nom de l'higoumène fourni par le vers 99 concorde très bien avec
cette date. Le Joseph dont il est question doit en effet être celui qui en 1266
fut choisi comme patriarche de Constantinople {PLP, n° 9072), et dont
l'historien Georges Pachymère signale qu'avant son élection, il fut higou-
mène du Galésion".
Voici d'abord le texte et la traduction du colophon.
1 0. L'année 1216, donnée par R. Devreesse ( Introduction à l'étude des manuscrits grecs,
Paris 1954, p. 309), est exclue, car, cette année étant bissextile, le 17 février tombe non
un jeudi, mais un mercredi ; cf. L. de Mas Latrie, Trésor de chronologie, d'histoire et de
géographie pour l'étude et l'emploi des documents du moyen-âge, Paris 1889.
11. Cf. Georgius Pachymeres, De Michaele Palaeologo, IV, 2 Bonn, p. 256:\
:
200 J. DECLERCK
78 in mg. αντιστροφή
Traduction
12. Sur le mot σωματώον, voir B. Atsalos, Ή ορολογία των χειρογράφων κατά τη
βυζαντινή εποχή, II, 'Ελληνικά 25, 1972, ρ. 86-87.
13. Jeu de mots, très apprécié par les Byzantins, sur la signification des noms
Athanase et Macaire.
14. Allusion à Matth. 7, 8 et 21, 22 (et loci paralleli).
UN COLOPHON MÉTRIQUE D'ATHANASE LE GALÉSIOTE (13e S.) 203
1 5. Notre traduction de γνησίως a été suggérée par le sens « οίκείως, μετ' οίκειότητος »,
que le mot pouvait avoir au moyen-âge ; cf. A. Dèmètrakos, Μέγα Αεξικον της 'Ελληνικής
γλώσσης, II, ΆΟηναι 1949, ρ. 1662.
16. Allusion à I Cor. 15, 8.
17. Nouveau jeu de mots, cette fois-ci par antiphrase.
18. L'épithète ό μνήστωρ est reliée au nom de Joseph, époux de Marie (cf. Syn. CP,
p. 3442223 et p. 756 ). Le parallélisme recherché par Athanase est donc le suivant :
l'higoumène Joseph a pour son monastère la même affection que jadis Fautre Joseph
avait pour Marie.
19. Dans le manuscrit, les deux derniers vers sont disposés en forme de croix grecque.
20. Ce nom est répertorié dans le PLP, n° 7329 ; sur une identification possible, voir
plus bas, n. 42.
204 J. DECLERCK
que c'est également lui qui les avait copiés. Pas plus que M. Wilson21, nous
n'avons pu retrouver la trace, ni des deux volumes de Théodoritos, ni de
l'autre volume d'Athanase22
Le mot ή διπλενάς (vers 8) n'est répertorié dans aucun lexique, mais son
sens est assez net : « paire, groupe de deux ». À part cet hapax legomenon,
le vocabulaire ne pose guère de problèmes. Signalons toutefois les mots
πνευματεμφόρως (vers 50), βροτουργω (vers 83) et άρρητοτρόπων (vers 86),
formés artificiellement, comme on en trouve dans beaucoup de pièces en
vers ; remarquons d'ailleurs que dans les quatre mots que nous venons de
citer, un hyphen relie les deux éléments. Pour ce qui est de la grammaire,
il est très rare qu'un participe au pluriel (μαθόντες [vers 19]) détermine un
singulier (άπας έντυγχάνων), mais il s'agit évidemment d'un accord κατά
σύνεσιν. L'usage de εί avec le subjonctif sans αν (έμπέση [vers 38]), et du
subjonctif aoriste avec valeur de futur (άναδράμης [vers 77], κατίδης
[vers 79], έξαναστης [vers 87] et μεταβης [vers 89]) sont bien connus à
l'époque byzantine. Quant à la métrique, on notera qu'au vers 40 l'accent
tombe sur la dernière syllabe, ce qui est exceptionnel. Au vers 99, le iota
dans le nom de Joseph doit être prononcé séparément comme voyelle,
sinon le vers ne comptera que 1 1 syllabes ; le poète l'a clairement voulu
ainsi, puisqu'il a mis le tréma sur la lettre en question.
21. Cf. N. Wilson, art. cit. (n. 7), p. 318. Quoique nous ne disposions d'aucun
renseignement précis sur la fin des monastères du Galésion, il est certain que leur déclin
est lié à l'invasion turque du début du 14e s. ; la dispersion des livres a dû se produire
sous le coup des mêmes événements. En ce qui regarde l'histoire du Paris, gr. 857, le
manuscrit était en Occident dès la première moitié du 16e s., puisqu'il a fait partie de la
bibliothèque qu'avait réunie le cardinal florentin Nicolas Ridolfi, neveu du pape
Léon X. Un catalogue de ses livres, rédigé en grec, est conservé dans le Paris, gr. 3074
(« Index Librorum Rmi Dm Nicolai Cardinalis Rodulphi ») ; notre manuscrit y figure
sous le n° 96 de la rubrique « Libri Greçi Theologici » : Παύλου (μον) αχ(οϋ), συλλογή
ασκητικών διηγήσεων, έν, κε (φαλαί) οις, ν : — (f. 53) ; cf. également Β. de Montfaucon,
Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova, II, Parisiis 1739, p. 776. Le cardinal
étant mort en 1550, c'est le maréchal Pierre Strozzi qui acheta sa bibliothèque ; quelques
années plus tard, en 1558, après la mort de ce dernier, les livres de Ridolfi passèrent à
Catherine de Médicis, pour aboutir, enfin, en 1599, dans la bibliothèque du roi de
France ; cf. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale, I, Paris
1868, p. 209-211.
22. Notons que A. Turyn a reconnu la main d'Athanase le Galésiote dans les f. 3Γ-32
du codex Vatican, reg. gr. 63, un ménologe pour novembre, dont les autres folios furent
copiés par le moine Barlaam, sur l'ordre du même higoumène Joseph ; cf. A. Turyn,
Codices graeci Vaticani saeculis XIII et XIV scripti annorumque notis instructi, Codices
e Vaticanis selecti..., XXVIII, In civitate Vaticana 1964, p. 46 (avec spécimen à la
planche 20). Apparemment, Joseph a encouragé les activités intellectuelles dans son
monastère.
UN COLOPHON MÉTRIQUE D'ATHANASE LE GALÉSIOTE (13e S.) 205
23. Pour le 13e s. le PLP mentionne trois autres copistes (nos 369, 371, 372) qui
s'appelaient Athanase et qui étaient moines. Dans la diatypôsis du Galésion, rédigée en
1054, le nombre de moines admis dans les différentes fondations du monastère est fixé
à 64 ; cf. Gregorius monachus, Vita Lazari(BHG 979), 246 : H. Delehaye, AASS. Nov.,
Ill, 1910, p. 585.
24. Par là il était tout à fait dans la ligne politique du patriarche Joseph. Le Galésion
a d'ailleurs été un des foyers de la résistance anti-latine ; cf. R. Janin, op. cit. (n. 9), p. 248.
25. Cette collection a été éditée et traduite en anglais par Alice-Mary Maffry Talbot,
The Correspondence of Athanasius I Patriarch of Constantinople, Washington 1975.
26. Voir V. Laurent-J. Darrouzès, Dossier grec de l'Union de Lyon (1273-1277), Paris
1976, p. 93, et J. Darrouzès, Conférence sur la primauté du pape à Constantinople en
1357, REB 19, 1961, p. 77.
27. Cf. Henrica Follieri, Initia hymnorum Ecclesiae graecae, vol. V, pars prior, Città
del Vaticano 1966, p. 251. Une prière du patriarche, prononcée à l'occasion du début de
la nouvelle année ecclésiastique, a été publiée par S. Eustratiadès, Ή τελετή της
Ίνδίκτου, 'Ρωμανός ό Μελωδός, Παράρτημα 'Αγιορείτικης Βιβλιοθήκης 1, 1932, ρ. 99-102.
28. V. Gardthausen {op. cit. [n. 8], p. 480-481) croyait que Γ Athanase du Paris, gr. 857
était également le copiste du codex Monac. gr. 201 et des Paris, gr. 2292, 2408 et 2654.
Plus tard O. Volk a sans hésiter identifié cet Athanase avec le futur patriarche de
Constantinople ; cf. O. Volk, Die byzantinischen Klosterbibliotheken von Konstantinopel,
Thessalonike und Kleinasien, München 1954 (thèse de doctorat à l'état dactylographié),
p. 151 : « Dieser bisher unbekannte Schreibermönch Athanasios ist m. E. ohne der
Zweifel der spätere Patriarch Athanasios I. von Konstantinopel... ». Les identifications
de Gardthausen n'ont cependant pas résisté à l'examen des écritures : il s'agit en effet
de copistes différents : cf. N. Wilson, art. cit. (n. 7), p. 317-318.
29. Cf. R. Janin, op. cit. (n. 9), p. 248 n. 7.
206 J. DECLERCK
(14e30.s. La
; PLP,
première
n° 7498)Vie; nous
(BHGnous
194)référerons
a été composée
à l'édition
pardeleA.moine
Papadopoulos-Keramkus,
studite Théoktistos
Zitija dvuch Vselenskich patriarchov XIV. V., Svv. Afanasija i Isidora I, Zapiski istoriko-
filologiceskago fakulteta imperatorskago S.-Peterburgskago universiteta 76, 1905, p. 1-51
(sur l'édition partielle de H. Delehaye, voir Alice-Mary Maffry Talbot, op. cit. [n. 25],
p. xv n. 2). Le moine athonite Joseph Kalothétos, originaire de Chio (14e s.), est l'auteur
de la deuxième Vie (BHG 194c) ; sur ce personnage et ses œuvres, on pourra consulter
N.L. Foropoulos, 'Ιωσήφ ό ΚαλόΟετος, ThEE 7, 1965, col. 1 16 ; sa Vie d'Athanase Ier a
été publiée par l'archimandrite Athanase (Παντοκρατορινός), Βίος και πολιτεία 'Αθανα
σίου Α'..., Θρακικά 13, 1940, ρ. 59-107 (l'ouvrage de D.G. Tsamès [Thessalonique 1980]
nous a été inaccessible). C'est sans aucun doute la Vie rédigée par Théoktistos qui mérite
le plus de confiance : l'auteur a connu personnellement certains disciples du patriarche,
et ce sont ceux-ci qui lui ont fourni la plupart des renseignements dont il dispose.
31. Cf. R. Janin, op. cit. (n. 9), p. 217-240.
32. Ibidem, p. 43-45.
33. Comme d'habitude Théoktistos indique sa source pour cette période : cette fois-ci
il s'agit du moine Hilarion ό κλινήρης (PLP, n° 8172), lequel a passé de longues années
au monastère de l'Anastasis, un des trois monastères du Galésion ; cf. Théoktistos, Vie
d'Athanase, 7 : A. Papadopoulos-Kerameus, p. 91|-10'.
34. C'est ce que nous croyons pouvoir déduire des mots της εκκλησίας άρχειν ύπό
πάντων προκρίνεται de la Vie composée par Théoktistos (chap. 7) : A. Papadopoulos-
Kerameus, p. 1O78. Dans la deuxième Vie, on lit : είτα και τήν Έκκλησίαν ίΟύνειν και
UN COLOPHON MÉTRIQUE D'ATHANASE LE GALÉSIOTE (13e S.) 207
Galésion semble donc avoir duré au moins 18 ans35. Ses compagnons ont
été particulièrement frappés par l'effort intellectuel dont Athanase faisait
preuve à cette époque. À ce propos les Vies nous racontent qu'il a lu et relu,
parfois même jusqu'à quatre fois, tous les volumes que possédait la
bibliothèque du monastère36 ; elles ne signalent pas qu'il a lui-même copié
des manuscrits, mais sa familiarité avec les livres permet de le supposer.
Attiré par la vie érémitique, il abandonna finalement le Galésion pour
s'établir à nouveau sur l'Athos, probablement près du monastère d'Iviron37.
Cette deuxième période athonite fut brutalement interrompue par les
persécutions des Λατινόφρονες, qui visaient à briser l'opposition des
moines de la « Sainte Montagne » à l'union avec Rome. Les hostilités
commencèrent dès que Jean Bekkos eut été élevé sur le trône patriarcal de
Constantinople. Athanase retourna alors au monastère du Galésion, où il
prépara la lutte contre les uniates. Il semble que peu de temps après, il ait
fondé son propre monastère sur le mont Ganos en Thrace38 ; c'est de là
qu'en 1289 il fut appelé à Constantinople pour y succéder à Grégoire de
Chypre.
Ce qui nous manque le plus dans ce récit, ce sont les dates. Le patriarche
a atteint un âge avancé, mais ni l'année de sa naissance, ni celle de sa mort
ne sont données39 ; il en va de même pour les différentes étapes de sa vie
monacale : quelquefois les biographes indiquent combien de temps il est
resté en tel ou tel endroit, mais ils ne précisent ni le début, ni la fin de ces
40. Nous comprenons mal pourquoi Alice-Mary Maffry Talbot (op. cit. [n. 25],
p. xvn) place le début du second séjour athonite vers 1278, alors que les Vies laissent
nettement entendre qu'Athanase se trouvait déjà sur le mont Athos quand Bekkos fut
intronisé. De plus, il est dit explicitement qu'Athanase a quitté la Sainte Montagne au
moment de la persécution policière, c'est-à-dire en février/mars 1276 ; sur cette date,
voir V. Laurent - J. Darrouzès, op. cit. (n. 26), p. xvi et 84.
41. Il s'agit des lettres 2, 1. 7 et 1 15, 1. 132 : Alice-Mary Maffry Talbot, p. 6 et 302.
42. Si l'on identifie le futur patriarche Athanase Ier avec le copiste du Paris, gr. 857,
on en vient à se demander si le Théodoritos mentionné au vers 6 n'est pas le Théodoritos
qui a rejoint Athanase sur le mont Ganos ; ce personnage allait par ses prédictions
devenir célèbre, non seulement parmi ses confrères, mais même à la cour ; Théoktistos,
Vie d'Athanase, 10 : A. Papadopoulos-Kerameus, p. 141025. Si l'on accepte cette identifi
cation, il faut ramener à une seule les deux notices n"s 7329 et 7342 du PLP. Notons
toutefois que l'emploi de l'aoriste au vers 7 peut impliquer que le Théodoritos du
colophon n'était plus en vie en 1 261 ; dans ce cas, notre hypothèse n'est évidemment plus
valable.