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Résumé
REB 47 1989 France p. 5-89
Wanda Wolska-Conus, Stephanos d'Athènes et Stephanos d'Alexandrie. Essai d'identification et de biographie. — Passant en
revue les écrits de divers Stephanos qui ont vécu à la charnière du 6e et du 7e siècle, ainsi que les documents grecs, arméniens
et syriaques qui distinguent plusieurs Stephanos, l'auteur propose d'y voir un seul personnage, Stephanos d'Athènes,
philosophe, sophiste, médecin et astronome.
Wolska-Conus Wanda. Stephanos d'Athènes et Stephanos d'Alexandrie : Essai d'identification et de biographie. In: Revue des
études byzantines, tome 47, 1989. pp. 5-89.
doi : 10.3406/rebyz.1989.1810
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1989_num_47_1_1810
STEPHANOS D'ATHÈNES
ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE.
ESSAI D'IDENTIFICATION
ET DE BIOGRAPHIE
Wanda WOLSKA-CONUS
13. Ce commentaire de Stephanos est également connu des Arabes ; cf. B. Dodge,
The Fihrist of al-Nadim. A tenth-century survey of Muslim culture, II, New York 1970,
p. 539; F. E. Peters, Aristoteles Arabus. The Oriental translations and commentaries on
the Aristotelian Corpus, Leiden 1968, p. 12.
14. Voir ce qu'en disent M. Hayduck {De int., p. vi), et A. Busse, l'éditeur du
commentaire d'Ammonios au De interpretatione (CIAG 4, 5, Berolini 1897, p. xxxiv),
ainsi que l'opinion plus nuancée de L. Tarân (op. cit., p. vm-ix). Réduit à l'extrême
par rapport au commentaire d'Ammonios (respectivement 272 et 78 pages), le
commentaire de Stephanos a un caractère beaucoup plus scolaire.
15. Voir au sujet de ces manuscrits M. Hayduck (De an., p. v).
16. Voir la préface de Hayduck à l'édition du De int., p. v.
17. M. de Corte, Le commentaire de Jean Philopon sur le troisième livre du « Traité de
l'âme» d'Aristote, Paris 1934; G. Verbeke, Jean Philopon. Commentaire sur le «De
anima d'Aristote». Traduction de Guillaume de Moerbeke, Paris-Louvain 1966.
18. Il en va ainsi, par exemple, du problème de l'éternité du monde (De an., p. 5407 ;
Stephanos précise toutefois : selon Aristote), de la cinquième essence (p. 448e"7 : comme
le disent certains ; 5971314 ; 6002223), de l'impassibilité des corps célestes doués de raison
(p. 59538-5983). Cependant, il semble bien qu'une étude plus poussée apporterait des
précisions importantes sur les points de vue personnels de Stephanos, ainsi que sur ses
relations avec ses prédécesseurs; cf. H.J. Blumenthal, Some observations on the
Greek commentaries on Aristotle's De anima, Actes du XIVe Congrès International des
Éludes Byzantines. Bucarest, 6-12 septembre 1971, III, Bucarest 1976, p. 591-598.
19. Stephanos (ou son élève qui prend les notes) atteste l'existence de ce
commentaire dans le De int., p. 21112, par la formule : ώς ήδη φθάσαντες έν ταΐς κατηγορίαις
μεμαθήκαμεν ; dans le De an., p. 57118 : ώς έν κατηγορίαις έγνωμεν. Ce commentaire est
également connu des Arabes : cf. Dodge, The Fihrist, p. 598 ; Peters, Aristoteles
Arabus, p. 7 (cités à la n. 13 ci-dessus).
20. Au moment où Stephanos fait son cours sur le De int., il a déjà expliqué les
Catégories, mais pas encore les Premiers Analytiques. Ainsi, on lit dans le De int.,
p. 3017 : ώς συν θεφ έν τοις άναλυτικοΐς μαθησόμεθα, ou encore p. 4523"24 : και έν τοις
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άναλυτικοΐς εΐπεν, ώς έχομεν συν θεώ μαθεΐν, et enfin ρ. 541"2 : ώς εν τοις άναλυτικοΐς
λεχθήσεται σύν θεφ. Les Seconds Analytiques ne sont pas mentionnés dans le De int. Par
contre, le De an. ne se réfère qu'aux Seconds Analytiques, régulièrement appelés
Apodeiktikos, p. 52712, 5431, 56829. La formule μεμαθήκαμεν ou μαθησόμεθα n'y apparaît
cependant pas. Il est en effet probable que Stephanos s'est contenté de reprendre des
références trouvées dans des commentaires antérieurs. — Un commentaire de
Stephanos au livre II des Premiers Analytiques est mentionné dans un des catalogues de
Janos Lascaris : cf. K. Müller, Neue Mittheilungen über Janos Laskaris und die
Mediceische Bibliothek, Centralblatt für Bibliothekwesen 1, 1884, p. 395 : Στεφάνου
φιλοσόφου 'Αλεξανδρείας εις τα β' των προτέρων αναλυτικών σχόλια " ατελές. Dans un autre de
ses catalogues, Janos Lascaris attribue à Stephanos un commentaire aux Seconds
Analytiques ; ce doit être une erreur d'inversion, l'œuvre revenant en réalité à
Domninos, un philosophe d'origine syrienne : cf. E. Piccolomini, Due documenti
relativi ad acquisti di codici greci, fatti da Giovanni Lascaris per conto di Lorenzo de'
Medici, Rivista di Filologia e d'Istruzione classica 2, 1874, p. 407.
21. De int., p. 2382 : ους τέθεικεν έν τοις καλουμένοις σοφιστικοΐς έλέγχοις. Les Réfutations
sophistiques ne sont pas citées dans le livre III du De an. Voir cependant C. Graux,
Essai sur les origines du fonds grec de l'Escorial, Paris 1880, p. 376, qui signale (n° 215) la
présence, dans le catalogue de la bibliothèque de Hurtado de Mendoza (Brit. Mus.
Egerton 602), des commentaires de Stephanos aux Analytiques et aux Réfutations. Le
même renseignement est donné par J.A. Fabricius, Bibliotheca Graeca, editio quarta
curante G. C. Harles, III, Hamburgi 1793, p. 503; cf. la préface de Hayduck au De
int., p. vi. Il est possible qu'un jour on retrouve l'un ou l'autre ouvrage de Stephanos
dans la masse anonyme des commentaires à ces deux traités d'Aristote.
22. Ni le De int. ni le De an. ne se réfèrent au Traité du ciel. Cependant,
C. A. Brandis, Scholia in Aristotelem (Aristotelis Opera ex recensione I. Bekkeri,
vol. IV), Berolini 1836, p. 4673e-48(col. 2), cite, d'après le Val. Ottobon. gr. 45, une aporie
de Stephanos d'Alexandrie : δ 8è Άλεξανδρεύς Στέφανος έξηγούμενος τήν περί ούρανοϋ
πραγματείαν. Le même texte est repris par Syméon Seth, Σύνοφίζ των φυσικών :
A. Delatte, Anecdota Atheniensia et alia, II. Textes relatifs à l'histoire des sciences,
Liège-Paris 1939, p. 65BUS- (περί τόπου); cf. Usener, De Stephane, p. 7 (= p. 253).
23. Voir plus loin, p. 69 et 80.
24. Ainsi, lorsqu'on lit (De an., p. 543e) : ώς έν τω περί ερμηνείας έμάθομεν, et
(ρ. 54423"24) : έγνωμεν γαρ έν τω περί ερμηνείας, il est clair qu'au moment où Stephanos
commentait le De an., ses élèves connaissaient déjà son commentaire au De int. ; mais
dans d'autres passages (p. 481 27, 58029), ces indications manquent.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 11
25. Le De int. (p. 3137) une seule fois, le De an. à plusieurs reprises (p. 46930, 47331,
528s4, 53816, 5898) se réfèrent à la Physique ; une seule fois (De an., p. 53815), on trouve la
formule : ώς έν τη φυσική Ιγνωμεν.
26. Le De int. (p. 1925) aussi bien que le De an. (p. 544261"·29-30, 5632«-29) donnent des
références à la Métaphysique. Dans le De an., on trouve des renvois à plusieurs autres
traités d'Aristote (voir l'index de l'édition), mais il est probable que Stephanos ne fait
que suivre ses sources.
27. De an., p. 4572426.
28. Ainsi, Stephanos utilise les tables faites pour le climat de Byzance, recourt aux
mois juliens et donne une méthode de calcul de la date de Pâques : Anne Tihon,
L'astronomie byzantine (du Ve au xve siècle), Byz. 51, 1981, p. 608.
29. Sur ce manuscrit (U), voir Usener, De Stephano, p. 37 (= 3, p. 294); Anne
Tihon, Le «Petit commentaire» de Théon d'Alexandrie aux Tables Faciles de Ptolémée,
Città del Vaticano 1978, p. 126-127 : manuscrit factice des 14e-15e s. ; il fut copié par
Chortasménos : cf. H. Hunger, Johannes Chortasmenos. Briefe, Gedichte und kleine
Schriften. Einleitung, Regesten, Prosopographie, Text, Wien-Köln 1969, p. 24 et 51. —
Le traité est partiellement édité par Usener, De Stephano ; compléter la liste et la
description des manuscrits utilisés par Usener par celle d'Anne Tihon, L'astronomie
byzantine, p. 607 n. 18, et Le «Petit commentaire», p. 378, index s.v. Stéphane
d'Alexandrie. L'édition d'Usener a été reprise, avec l'addition des chapitres-4 à 8,
d'après le Paris, gr. 2161 du 15e ou du 16e siècle (texte grec, traduction, commentaire)
par J.-F. Godet, Le commentaire des Tables Faciles de Théon par Stephanos d'Alexandrie
(Mémoire dactylographié présenté à la Fac. de Philos, et Lettres à l'Univ. Catholique
de Louvain, en 1967). Un chapitre supplémentaire «Sur le calcul de la longitude des
cinq planètes» (correspondant au § 19 de la «Table des matières» d'Usener, p. 38)
d'après le Marc. gr. 325, f. 62r-64v, est édité (texte grec, traduction et commentaire) par
Elisabeth Chauvon, Étude sur le commentaire astronomique de Stephanos d'Alexandrie
(Mémoire dactylographié présenté à la Fac. de Philos, et Lettres à l'Univ. Catholique
de Louvain, en 1979-1980).
12 WANDA WOLSKA-CONUS
30. Par exemple dans le Paris, gr. 2492, du 13e siècle, dans d'autres manuscrits
relevés par Usener (p. 34-36 = p. 290-293) et enfin dans une scholie écrite vers 1030
dans le Vat. gr. 1594; cf. J. Mogenet, Sur quelques scolies de VAlmageste, Le monde
grec. Hommage à Claire Préaux, Bruxelles 1975, p. 305-308 : Περί τούτων 8έ σαφέστερον ό
Θέων διέξεισιν έν τφ πρώτω τφ περί συμφωνίας έ βιβλίω έξ ού και 'Ηράκλειος λαβών σαφώς τα
περί τούτων έκτίθησιν. L'œuvre de Théon appelé ici Symphonia désigne le Grand
commentaire de Théon aux Tables Faciles de Ptolémée.
31. Usener, De Stephane, p. 40b3~5 (= p. 298222e). La «septième indiction» toute
seule apparaît plusieurs fois : p. 43b22-23 (= p. 3032122), p. 44a" (= p. 3043), p. 45b4"5
(= p. 3065e).
32. Ibidem, p. 48-54 ; ces paragraphes sont reproduits parmi les appendices de la
Chronique Pascale (Bonn, II, p. 210-218, ou PG 92, 1124-1132); le paragraphe 30 y
représente une méthode de comput pascal ; cf. V. Grumel, La Chronologie, Paris 1958,
p. 101. Pour la question de la date de Pâques très débattue au cours du 7e siècle à
Constantinople, cf. Joëlle Beaucamp, R. Bondoux, J. Lefort, Marie-France Rouan,
Irène Sorlin, Temps et histoire I : Le prologue de la Chronique Pascale, TM 7, 1979,
p. 223-301.
33. Usener, De Stephano, p. 49a911·24-28 (= p. 31 11112·2528), p. 51bu-13 (= p. 31535).
C'est cette confusion constante entre Stephanos et Héraclius qui explique l'absence
dans la plupart des manuscrits aussi bien du titre du traité que du nom de l'auteur ; cf.
R. Browning, Tzetzes Commentary on Ptolemy : a ghost laid, The Classical Review
(Ν. S.) 15, 1965, p. 262-263; en réalité, il s'agit du commentaire de Stephanos, publié
par Usener.
34. Usener, De Stephano, p. 36, qui dit au sujet de l'empereur : quasi cuculus alieno
nido abusus nobilitare praeceptoris sui fetum voluit.
35. Comme l'indiqueraient quelques scholies attribuées à Héraclius dans le célèbre
Vat. gr. 1291, contenant les Tables Faciles de Ptolémée; cf. J.L. Heiberg, Claudii
Ptolemaei opera quae extant omnia, II. Opera minora, Leipzig 1907, p. cxci, n. 1 : Σχόλια
σύν θεω εις τους προχείρους κανόνας τοϋ Πτολεμαίου άπό φωνής Ηρακλείου τοϋ της εύσεβοϋς
λήξεως γεγονότος ημών βασιλέως. Les scholies qui suivent correspondent au texte publié
par Usener, De Stephano, p. 39-40; cf. J. Mogenet, Les scolies astronomiques du
Vat. gr. 1291, Bulletin de l'Institut Historique Belge de Borne 40, 1969, p. 69-91.
36. O. Neugebauer, A History of ancient mathematical astronomy, II, Berlin -
Heidelberg -New York 1975, p. 1045-1050.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 13
37. Anne Tihon, Le Petit commentaire, p. 190-192. Il est intéressant d'ajouter qu'à
l'avis de l'auteur quelques éléments du Leidensis BPG 78 (9e-10" siècle) impliquent un
modèle copié sous le règne d'Héraclius, donc un exemplaire qui, selon toute
vraisemblance, a appartenu à Stephanos ou a été utilisé par lui.
38. Usener, De Stephano, p. 17 (= p. 266).
39. Usener, De Stephano, p. 17-32 (= p. 266-287); cf. O. Neugebauer-H.B. van
Hoesen, Greek Horoscopes, Philadelphia 1959, p. 158-160, qui donnent la traduction
des pages 27310-2759 (de la réimpression Kleine Schriften).
40. Usener, De Stephano, p. 17-20b" (= p. 266-27122).
41. Ibidem, p. 21bl4-31b13 (= p. 27310-287).
42. Ibidem, p. 20bl2-21b13 (= p. 271a3-2739).
43. Ibidem, p. 9-13 (= p. 255-261), commentaire d'Usener.
14 WANDA WOLSKA-CONUS
P.S. Kondrat'ev, avec une préface de N.V. Pigulevskaja, et avec les notes de
K. A. Osipova, Moscou 1957 ; commentaire de Lemerle, Le premier humanisme, p. 77-
79.
61. Cf. Lemerle, op. cit., p. 95-96.
62. Wanda Wolska-Conus, Les termes νομή et παιδοδιδάσκαλος νομικός du «Livre de
l'éparque», TM 8, 1981, p. 533-534.
63. U.C. Bussmaker, Στεφάνου περί ουρών. Traité d'Etienne sur les urines, Revue de
philologie, de littérature et d'histoire anciennes 1, 1845, p. 421-422.
64. Aph. II 53 (I, p. 2564"7), passage rapporté par Dietz, Scholia, II, p. 343, en note,
qui place (p. xix) Stephanos au 11e siècle, se référant à l'emploi de quelques mots
«barbares» impossibles selon lui avant cette époque. Plusieurs fragments du
commentaire de Stephanos aux Aph. sont donnés par Dietz, Scholia, II, p. 236-544, en
notes à son édition des scolies aux Aph. composées ou compilées par Théophile le
Protospathaire.
18 WANDA WOLSKA-CONUS
5. Vardapet, dans le texte arménien ; J.-P. Mahé m'a proposé oralement de traduire
maître ou didascale, termes qui conviennent certainement mieux que docteur, choisi par
Berbérian. C'est par ce terme que, quelques lignes plus haut, Anania désigne également
Tychikos, son maître à lui.
6. Berbérian, Autobiographie, p. 193.
7. K. Vogel, Der Anteil von Byzanz an Erhaltung und Weiterbildung der
griechischen Mathematik, Miscellanea Mediaevalia. Veröffentlichungen des Thomas-
Institut der Universität zu Köln. I. Antike und Orient im Mittelalter, Berlin -New York
1971, p. 118; d'après l'auteur, on ne possède aucun renseignement concernant les
mathématiques depuis Stephanos d'Alexandrie jusqu'à l'empereur Théophile (829-842),
qui a réorganisé les études scientifiques à Byzance.
8. Berbérian, Autobiographie, p. 193. La mention «didascale d'Athènes, ville des
philosophes » ne se trouve que dans la version dite lacuneuse, tenue pour moins bonne
que la version complète. Berbérian l'incorpore cependant dans son édition fondée sur la
22 WANDA WOLSKA-CONUS
version complète. Lemerle (Notes, p. 194) pour sa part, tout en souhaitant une édition
critique du texte, donne la préférence, au moins en ce qui concerne ce détail précis, à la
version lacuneuse. Notre identification de Stephanos d'Alexandrie avec Stephanos
d'Athènes fournirait un argument précieux, à notre avis, en faveur de cette version.
9. Et qui, en plus, semble avoir été un ami intime de l'empereur, à en juger d'après
leur collaboration étroite dans les domaines de la chronologie, de l'astrologie et de
l'alchimie (voir plus haut, p. 11-12, 15-17, avec les notes correspondantes).
10. Berbérian, Autobiographie, p. 192. Je modifie, cependant, la traduction de
Berbérian.
11. Anania (Berbérian, Autobiographie, p. 192) affirme, en parlant de lui-même :
«Étant resté chez lui (chez Tychikos) pendant huit ans, j'ai acquis une connaissance
parfaite des mathématiques». Une fois rentré en Arménie, Anania a composé des traités
de mathématique et de chronologie.
12. Dans le système grec des sciences mathématiques, la chronologie n'est qu'une
application pratique de l'astronomie.
13. Si notre interprétation est correcte, Tychikos se serait occupé d'astrologie et
d'alchimie. Mais Stephanos? Voir plus haut, p. 13-15, les réserves émises au sujet de
Stephanos astrologue et alchimiste.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 23
celles d'une époque plus tardive, telles qu'on les connaît d'après
quelques catalogues conservés14.
Quant à savoir pourquoi le même personnage est appelé tantôt
Stephanos d'Alexandrie, tantôt Stephanos d'Athènes, on ne peut
proposer pour l'instant que des hypothèses : originaire d'Athènes,
enseignait-il à Alexandrie? En tout cas, pour Tychikos, qui a dû le
rencontrer à Alexandrie entre 608 et 611 et le rejoindre ensuite à
Constantinople après son retour de Rome, Stephanos reste didascale
d'Athènes, car pour les habitants d'Alexandrie Stephanos était un
étranger originaire d'Athènes (Aihènaios). Une fois émigré à Constant
inople, puisqu'il venait d'Alexandrie et non plus d'Athènes, Stepha
nos devint Alexandreus . De fait, c'est dans la tradition touchant à ses
activités d'astronome, d'astrologue et d'alchimiste, là où son nom est
lié à celui de l'empereur Héraclius et à son enseignement dans la
capitale, qu'apparaît l'ethnique Alexandreus.
Stephanos est mort à Constantinople avant 640, puisqu'on voit,
dans l'autobiographie d'Anania de Shirak, l'empereur Héraclius, mort
lui-même en 640, s'employer sans succès à remplacer par Tychikos le
célèbre didascale d'Athènes décédé ; il est mort même avant 638, date
de la disparition du patriarche Sergios qui, nous dit Anania, envoyait
à Trébizonde auprès de Tychikos les jeunes clercs de Sainte-Sophie
pour les y faire instruire, parce qu'il n'y avait plus personne de
compétent à Constantinople15. C'est aussi avant ces dates que se place
le stage d'Anania auprès de Tychikos, au martyrium de Saint-
Eugénios, à Trébizonde.
Ainsi l'autobiographie d'Anania de Shirak lève selon nous les
doutes qui subsistent chez certains historiens au sujet de l'activité
professorale de Stephanos d'Alexandrie à Constantinople. En effet,
l'argument des relations de Stephanos avec l'empereur Héraclius, le
seul argument positif en faveur de son séjour à Constantinople, ne
repose en définitive que sur le témoignage d'une tradition assez
tardive, souvent contestable, des manuscrits astronomiques, astrolo
giques et alchimiques, et sur les relations des écrivains tous
postérieurs au 7e siècle. Le récit d'Anania nous paraît dans ce
contexte des plus précieux : il prouve que, sous le règne d'Héraclius et
pendant le patriarcat de Sergios, il y avait à Constantinople un savant
de grand renom, que ce savant ou didascale était cher aux rois, qu'il
enseignait aux jeunes gens de la capitale les mathématiques et autres
sciences selon les matières représentées dans la bibliothèque de
Tychikos à Trébizonde, qu' Héraclius et le patriarche Sergios s'intéres-
plus que ceux d'Ammonios, d'Élie, de David et, comme nous espérons
le montrer plus loin, de Stephanos lui-même21, les deux derniers étant
particulièrement proches l'un de l'autre.
Dès ses premiers contacts avec Anania, Tychikos, peut-on suppos
er, a initié son jeune disciple à ces notions de base servant de support
théorique à tout enseignement philosophique ou scientifique, les
sciences, dans toute la tradition byzantine — et même orientale — ne
formant qu'une partie de la philosophie22. Mais, parmi les commentair
es de VIsagoge disponibles à l'époque, plus nombreux sans doute que
ceux dont on dispose aujourd'hui, quel était celui qu'a choisi
Tychikos pour introduire Anania dans l'étude des quatre sciences?
Celui de Stephanos, étant donné qu'il pouvait facilement se procurer
une copie personnelle du cours (praxis) de Stephanos sur VIsagoge
prononcé soit à Alexandrie, soit à Constantinople23? Ou bien celui de
David, comme on pourrait le déduire de quelques références au texte
de David repérables dans les écrits d'Anania24? Dilemme insoluble
aussi longtemps qu'on cherche à déterminer l'implication directe de
Stephanos dans la formation d'Anania, dilemme sans importance en
ce qui concerne la composition du K'nnikon. Comme le fait remarquer
J.-P. Mahé25, entre les années d'étude passées auprès de Tychikos et
l'âge mûr, lorsqu'il a conçu le projet du K'nnikon, bien des choses ont
pu changer, poussant Anania à donner sa préférence au texte de
David entré dans le patrimoine national arménien plutôt qu'à un
didascale étranger.
Quoi qu'il en soit, c'est parmi les textes inclus dans le K'nnikon que
nous retrouvons deux traités qui concernent notre propos : la
Cosmographie d'Anania et, surtout, sa Géographie dite parfois
Géographie arménienne du vif siècle ; dans le programme du K'nnikon,
la première se rattache, pense-t-on, à l'astronomie, la deuxième à la
géométrie. À vrai dire, la Cosmographie que nous lisons dans la
traduction russe, faite d'après le texte établi par A. G. Abramyan26,
ne nous est pas d'un grand secours. Elle expose en effet les problèmes
qui entrent traditionnellement dans des écrits touchant de près ou de
27. Ainsi, par exemple, très incomplet est le raisonnement d'Anania au sujet du lieu
des éléments disposés autour de la terre (op. cit., p. 38), puisqu'il omet de rappeler leurs
tendances naturelles vers le bas, autrement dit vers le centre, ou vers le haut, la
périphérie de l'univers. Il en va de même du développement concernant la pluralité des
cieux (ou plutôt la pluralité des sphères célestes) associé à celui de l'essence dont ils sont
faits (p. 38-39). L'image du cercle évoquée en tant qu'argument contre l'éternité de
l'univers reste incompréhensible telle qu'elle est présentée par Anania (p. 39).
Remarquons que, tout en parlant de la sphère céleste et de ses deux hémisphères
(p. 40), Anania ne dit nulle part que la terre est sphérique (p. 42-46).
28. C'était la position de J.A. Manandyan, Kogda i kern byla sostavlena
«Armjanskaja Geograflja» pripisyvaemaja Moiseju Khorenskomu (Quand et par qui a
été composée la «Géographie Arménienne» attribuée à Moïse de Khorène?), VV 26,
1947, p. 127-143, et Nina Pigulevskaja, Vizantija na putjakh υ Indiju (Byzance sur les
routes des Indes), Moskva 1951, p. 157-161. Cette position a été remise en question par
des savants arméniens contemporains et, entre autres, par V. K. Caloyan, Estestven-
nonauônye vozzrenija Ananii Sirakaci (Conceptions de sciences naturelles d'Anania de
Shirak), VV 12, 1957, p. 156-171, et par E.L. Danielyan, Otrazenie kosmografices-
kikh vozzrenii antiënoj nauki ν drevnearmjanskikh istocnikakh (Reflets des concept
ionscosmographiques de la science antique dans d'anciennes sources arméniennes),
Vestnik drevnej istorii 4 (126), 1973, p. 144-152, qui croient qu'Anania représentait des
idées scientifiques progressistes par opposition aux théories réactionnaires des milieux
religieux.
28 WANDA WOLSKA-CONUS
Louvain 1953 ; A. Hjelt, Études sur l'Hexaéméron de Jacques d'Êdesse, notamment sur
ses notions géographiques contenues dans le 3e traité. Texte syriaque publié et traduit,
Helsingfors 1892.
50. Y. Kamal, Monumenta cartographica Africae et Aegypti, III (époque arabe),
fasc. 1, Leiden 1930, p. 490v ; M.-F. Nau, Le traité sur l'astrolabe plan de Sévère
Sebokt écrit au vne siècle et publié pour la première fois avec la traduction française,
Journal Asiatique (9e série) 13, 1899, p. 56-101, et p. 238-303 ; cf. Seconds, op. cit. (à la
n. 41), p. 16 et p. 31-32.
51. Pigulevskaja, op. cit. (à la n. 28), p. 139-140.
52. Voir le programme de ces sciences proposé par Anania, dans Mahé, Quadriuium,
p. 181-191.
53. Ibidem, p. 175 : il est possible que le K'nnikon ait comporté en outre «toute la
science rhétorique», autrement dit la propédeutique à l'étude des quatre sciences; cf.
R. H. Hewsen, Science in seventh-century Armenia : Anania of Sirak, Isis 59, 1968,
p. 32-45.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 33
2°
4°
le l'auteur
qu'il
sens commun
est soumet
incorporel,
enà quatre
l'attention
3° qu'il
points
des
agit
: lecteurs
1° en
quedehors
leune
sens
aporie7.
ducommun
temps, existe,
enfin,
4. La composition originaire en praxeis, qui n'a laissé que des traces dans le
commentaire du Progn., se trouve partiellement restituée dans la nouvelle édition de
J.M. Duffy; elle est maintenue intégralement dans celui du De an.
5. Progn. II 11 (p. 1601β-1647).
6. De an., p. 477-482.
7. Ibidem, p. 477M-30.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 35
8. Ibidem, p. 47731-4781β..
9. Ibidem, p. 47917.
10. Ibidem, p. 479821.
11. Ibidem, p. 47922-4803.
36 WANDA WOLSKA-CONUS
16. Nous ne saurions dire qui sont ces gens. En tout cas, ni Galien dans ses
commentaires du Prognosticon (éd. J. Hegg, CMG V, 9, 2, Lipsiae-Berolini 1915,
p. 270) et des Aphorismes (D.C.G. Kühn, Claudii Galeni Opera omnia 172, Lipsiae
1829, p. 451-455), ni Stephanos lui-même, dans son commentaire des Aph. Ill (voir ci-
dessus n. 14), ne donnent cette définition.
17. Progn. II 11 (p. 1602482) : Τριττός δέ ό δπνος, ή κατά φύσιν ή παρά φύσιν ή μεταξύ
αμφοτέρων. 'Αλλ' επειδή περί δπνου ό λόγος, φέρε τα τέσσαρα γενεσιουργά αϊτια των ύπνων
προδιασκεψώμεθα. Και ποιητικόν μεν αϊτιόν έστιν ή ηρεμία των κατά μέρος αισθήσεων και της
κοινής αΐσθήσεως. Και βτι ποιητικόν μέν αϊτιόν έστι τοϋ δπνου ή ηρεμία των κατά μέρος
αισθήσεων και της κοινής αΐσθήσεως πάντες ώμοφώνησαν. Περί δέ έτερον τι άμφιβάλλουσιν οί
ιατροί και οί φιλόσοφοι, περί της ενεργείας και της ηρεμίας.
18. Ibidem, p. 16082-1629. Il s'agit de savoir «si c'est bien par les soins de la nature et
comme cause première (κατά πρώτον λόγον) que sont produits l'acte aussi bien que le
repos». Les médecins soutiennent que le premier comme le second sont l'œuvre de la
nature comme cause première ; ils le démontrent de la façon suivante : la nature,
disent-ils, témoigne d'une grande prévoyance et d'une grande sollicitude à l'égard de
ses créations ; ayant produit l'acte, elle a pris soin du repos également, afin qu'en raison
d'un mouvement et d'une activité qui ne s'arrêtent jamais, les parties (du corps) ne
subissent pas d'altération ni leurs facultés de destruction. C'est pourquoi, comme on l'a
dit, la nature toute sage a produit comme cause première aussi bien l'acte que le repos ;
pour que les parties (du corps), prenant du repos après l'acte, marquent une pause et
restent immobiles, et qu'ainsi leurs facultés s'élancent à nouveau vers l'acte, sans
effort. Ne voyons-nous pas les bienfaits qu'apporte le sommeil, les différentes (étapes)
de la digestion, la discrimination des chymes et autres choses du même genre? C'est
pour cette raison que certains n'ont pas voulu qualifier le sommeil de repos, mais bien
de prolongation de l'action motrice des facultés physiques (8θεν τινές τον δπνον ούκ
ηθέλησαν ήρεμίαν καλέσαι, άλλ' έπιτεταμένην κίνησιν των φυσικών δυνάμεων). Ainsi arguent les
médecins. Les philosophes au contraire, continue l'auteur, soutiennent que la nature
produit en tant que cause première l'acte seul, le repos n'étant qu'un phénomène
secondaire (παρακολούθημά τι είναι).
19. Ibidem, p. 1621417.
38 WANDA WOLSKA-CONUS
35. Progn. II 11 (p. 16217"19) : Και ύπό μέν της φυτικής ουδαμώς, έπεί ώφειλον και τα φυτά
ύπνοϋν · άλλ' ύπό της λογικής ουδαμώς, έπεί ώφειλε μόνος ό άνθρωπος ύπνοϋν · ούκοϋν προνοία τής
αλόγου ψυχής.
36. Ibidem, p. 16219"22 : Διάφοροι είσιν έν αύτη δυνάμεις κινητικαί · εστί γαρ ζωτική, έστι καΐ
κινητική. Ύπό ποίας άρα τούτων επιτελείται ό ΰπνος ; Ύπό μέν τής ζωτικής ουδαμώς * αυτή γαρ
άεΐ ενεργεί κατά τε τήν σφυγμικήν και τήν άναπνευστικήν.
37. Ibidem, p. 1622229 : systolè-diastolè et, dans l'intervalle, le repos (èrémia) pour la
pulsation ; eispnoè-ekpnoè et, dans l'intervalle, le repos pour la respiration.
38. Ibidem, p. 1622933 : Άλλ' ουδέ ύπό τής κινητικής δυνάμεως αποτελείται ό ΰπνος, επειδή
αί καθ' όρμήν κινήσεις προαιρέσει δουλεύουσιν, ό δέ ύπνος προαιρέσει ού δουλεύει. Λείπεται ούν
προνοία ύπό τής αλόγου ψυχής καΐ τής κατά μέρος αίσθήσεως καΐ τής κοινής αίσθήσεως
έπιτελεΤσθαι τόν ΰπνον.
39. En effet, lorsque Stephanos attribue la cause du sommeil à l'âme sensitive en
même temps qu'aux sens, à l'imagination et à la mémoire (voir le texte cité ci-dessous
n. 53), ou plus exactement à l'arrêt de leurs activités, il faut supposer qu'il pense aux
facultés sensitive et cognitive, qui devraient figurer à côté de la fonction vitale, et celle
de locomotion mentionnées plus haut. J. M. Duffy, l'éditeur, suppose lui aussi (p. 16210,
apparat) une lacune dans le texte.
42 WANDA WOLSKA-CONUS
tion, qui consiste à éliminer les unes après les autres les différentes
âmes en tant que causes efficientes du sommeil, est étrangement
semblable à celle de Stephanos d'Alexandrie, lorsqu'il écarte lui aussi
à l'aide d'arguments identiques les différentes fonctions ou âmes en
tant que causes du mouvement local, en passant à l'occasion du
domaine de la philosophie à celui de la médecine, en se référant tantôt
à la digestion, tantôt au sommeil.
Aux notions du sens commun et des sensations partielles, déjà
relevées, s'ajoute ici celle du mouvement librement décidé, notion qui
rejoint, elle aussi, le commentaire du De anima. Nous avons vu, en
effet, Stephanos d'Alexandrie se référer à deux reprises au mouve
mentlibrement décidé, une première fois à propos de la fonction
nutritive, active surtout la nuit et incapable de nous amener à décider
librement de nos mouvements, pendant que nous dormons, une
deuxième fois à propos de l'imagination qui ne peut, elle non plus,
déclencher ce mouvement la nuit, alors que nous faisons des rêves40.
traités examinés ici. Néanmoins, jointes à d'autres particularités, elles sont caractéristi
ques pour les procédés de l'auteur.
44. De an., p. 50716"17 : Τούτων προληφθέντων δεϊ είδέναι δτι φαντασία εστί δύναμις δεκτική
δια μέσης αίσθήσεως των αισθητών ειδών.
45. Θεμίστιου παράφρασις τών περί ψυχής 'Αριστοτέλους βιβλίον τρίτον, III, dans :
Themistius, Paraphrasis Aristotelis librorum quae supersunt : L. Spengel, II, Lipsiae
1866, p. 169128 (spécialement 1. 5-17).
46. De an., p. 5082023 : ή φαντασία οΰ μόνον μετά τας αισθήσεις ενεργούσα, αλλ' &μχ αΰταΐς.
Εί γαρ ένεργουσών τών αισθήσεων 8έχετχι τους τύπους εξ αυτών ούχ ομοίως άψύχω άγγείω, άλλ'
άμα δέχεται <καί> γινώσκει αυτά.
47. Ibidem, p. 50825'27 : Ού γάρ 6τε δέχετχι ή φαντασία τα εΐδη άπό τών αισθήσεων, τότε xxl
ενεργεί, άλλα μετά το πχύσχσθχι τάς χίσθήσεις τότε ενεργεί ή φαντασία.
48. Ibidem, p. 508«-29.
49. Ibidem, p. 50829'31 : Ώστε οδν ή φαντασία μετά τάς αισθήσεις ενεργεί, δει γαρ αυτήν
προσδέχεσθαι τα εΐδη άπό της α'ισθήσεως και οδτως ένεργεϊν · εάν οδν μή πέμψωσιν χι χίσθήσεις,
ούχ ενεργεί η φχντχσίχ.
50. Ibidem, p. 51 Ι1924 : 'Επειδή στχσις εστίν εν τγι φχντχσίχ τών χίσθιητων · δια ούν τό είναι
αυτήν τών φχνθέντων στάσιν, δια τοϋτο λέγεται φαντασία. Φανθέντα δέ λέγει πάντα τα
44 WANDA WOLSKA-CONUS
φανερωθέντα αισθητά " πασών μέν γαρ των αισθήσεων τους τύπους δέχεται, άλλ' επειδή πασών ή
δψις κρείττων, δια τοϋτο έκ τοϋ υποκειμένου αύτη τοϋ φωτός ώνομάσθη · έκ τοϋ φάους γαρ
ώνόμασται φαντασία.
51. Voir plus haut, p. 36-37.
52. Ύπό της ηρεμίας τών αισθήσεων plutôt que ύπό τών αισθήσεων donné par le texte :
voir la note suivante.
53. Progn. II 11 (p. 16233"37) : Κατά συμβεβηκός δε και ύπό της ηρεμίας της φαντασίας και
της μνήμης επιτελείται ό δπνος. Τί γάρ ; Ήρεμουσών τών αισθήσεων ούκ αναπέμπονται τύποι επί
τήν φαντασίαν, έν ή ώφειλον φαντασθήναι, και εντεύθεν ηρεμεί" και ιδού κατά μέν πρώτον λόγον
υπό τών αισθήσεων επιτελείται ό ύπνος · κατά συμβεβηκός δέ και ύπό της ηρεμίας της φαντασίας
και της μνήμης.
54. Ibidem, p. 16417.
55. Voir, p. 43, le texte cité à la note 49.
56. Voir, plus haut, le texte cité à la note 50. Une définition analogue se trouve déjà
chez Philoponos, De an. I, proemium, p. 64~e : εκλήθη δέ φαντασία οιονεί φαοστασία τις ούσα ·
φαντασία γάρ εστίν ή τών φανθέντων στάσις.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 45
pour expliquer les raisons pourquoi les poils sous l'aisselle et les
cheveux deviennent gris dans la vieillesse, il recourt aux arguments
empruntés à la physiologie : «Les premiers, écrit-il, le deviennent en
raison de l'abondance sous l'aisselle de la chaleur et de l'humidité ; les
seconds à cause de la pituite qui abonde dans le corps»69.
Nous avons rapporté, au cours de notre analyse, des développe
ments qui ne dérivent pas du texte d'Aristote, mais s'inspirent de la
pratique médicale de l'auteur, lorsqu'il parle de la fonction nutritive
active surtout la nuit ou de l'imagination qui ne sont pas les causes du
mouvement délibéré, car si elles l'étaient, nous devrions exécuter,
pendant que nous dormons, des mouvements librement consentis70.
Stephanos en effet, dans son commentaire du De anima, semble
s'intéresser particulièrement aux problèmes du sommeil et de l'état
onirique. Ainsi il distingue trois causes des songes : l'imagination qui
forme les visions à partir des sensations qu'elle reçoit; l'âme
raisonnable, lorsqu'en cherchant elle trouve (pendant le sommeil, ce
qu'elle cherche) ; l'illumination divine qui nous fait parfois prédire les
choses à venir71.
3. R. Herzog, Der Kampf um den Kult von Menuthis, Pisculi. Studien zur
Religion und Kultur des Altertums Franz-Joseph Dölger ... dargeboten (Antike und
Christentum. Ergänzungsband I), Münster in Westfalen 1939, p. 117-124; A.-
J. Festugière, Sainte Thècle, saints Côme et Damien, saints Cyr et Jean (extraits), saint
Georges, traduits et annotés (Collections grecques de miracles), Paris 1971, p. 217-256.
4. Voir maintenant N. Fernandez Marcos, Los Thaumata de Sofronio. Contribu
tion al estudio de la incubatio cristiana, Madrid 1975, cité dorénavant : Thaumata
(avec le n° du miracle en chiffres romains et le n° de paragraphe, sans
linéation).
5. F. Buecheler, Coniectanea, Rheinisches Museum (Neue Folge) 37, 1882, p. 328-
330 ; ce fut le premier à reconnaître que Sophronios possédait certaines connaissances
médicales. Il a été réfuté avec véhémence, dans une étude d'ailleurs fort intéressante,
par Th. Nissen, Sophronios-Studien. III. Medizin und Magie bei Sophronios, BZ 39,
1939, p. 349-381. Le jugement de N. Fernandez Marcos est plus nuancé. Il est vrai que
pour aucun de ces auteurs Stephanos le sophiste, dans lequel ils voient Stephanos
d'Alexandrie, philosophe et astronome (Nissen, op. cit., p. 351 ; Marcos, Thaumata,
p. 107-108), n'est identique à Stephanos, sophiste et médecin.
6. Thaumata, I 5 (p. 244) : και δή πάντα τα της τέχνης κινήσαντες και τοις υπέρ της
τέχνης... έγχεφίσαντες, ώνησαν ουδέν; voir aussi VIII 9 (p. 255), XI 5 (p. 263), XII 5
(p. 266), XVII 3 (p. 277), XIX 2 (p. 279), XXVII 4 (p. 283), XLV 2 (p. 350), XLVI 2
(p. 351), XLVII 2 (p. 354), L 5 (p. 360), LU 1 (p. 365), LXIII 3 (p. 381), LXVI 2-3
(p. 386).
7. Ibidem, I 11 (p. 246), XIII 2 (p. 270), XXV 3 (p. 289), XXVI 2 (p. 291).
8. Ibidem, XXIII 4 (p. 309), XL 4-5 (p. 340 : le médecin demande trois nomisma-
ta, somme apparemment très élevée), XLVI 5 (p. 352), LXIX 3 (p. 392).
9. Ibidem, XVIII 3 (p. 278), XLVIII 2 (p. 355), LXX 6 (p. 395).
10. Ibidem, LXX (p. 394-400).
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 49
Les Thaumala relèvent d'un genre littéraire bien défini qui opère
avec des lieux communs destinés à exalter la médecine sacrée et les
saints guérisseurs d'une part, à discréditer la médecine scientifique et
ses adeptes de l'autre, lieux communs qu'on découvre aussi bien dans
le recueil des miracles des saints Corne et Damien11 que dans celui de
saint Artémios12.
Les Thaumala, composés par le rhéteur qu'est Sophronios, fournis
sent à leur auteur d'excellents prétextes à des jeux de mots13 et à des
développements oratoires opposant la générosité, la force et l'efficaci
té des saints à la cupidité et l'incapacité des médecins14.
Les Thaumata ne sont pas un traité de médecine scientifique ou
sacrée; c'est un livre d'édification15, en même temps qu'un manifeste
de propagande anti-monophysite, car il est impossible d'obtenir une
guérison, sans adhérer au symbole défini au concile de Chalcédoine16.
Les Thaumata se placent à une époque et dans un contexte socio
culturel imprégné de croyances en des forces supra-naturelles,
démoniaques ou magiques. Trouvant leur justification aussi bien dans
11. L. Deubner, Kosmas und Damian. Texte und Einleitung, Leipzig und Berlin
1907; voir aussi la traduction et le commentaire de A.-J. Festugière, op. cit. (à la
n. 3), p. 85-213. Le recueil comporte six séries de miracles, qui divergent considérable
ment les unes par rapport aux autres par la part qu'elles attribuent à la représentation
des médecins et à la description des maladies. C'est à partir de la troisième série que les
allusions aux médecins et aux pratiques médicales deviennent plus fréquentes.
Cependant, d'une manière générale, si les saints Côme et Damien et les saints Cyr et
Jean accordent leurs guérisons gratuitement aux riches et aux pauvres, alors que les
médecins de métier font dépenser des fortunes à leurs clients (Deubner, p. 88 »-M'-") ,
s'ils sont beaucoup plus efficaces que les médecins du monde — souvent ceux-ci,
lorsqu'ils interviennent, ne font qu'aggraver l'état du malade (ibidem, p. 160-161) — ,
les saints Côme et Damien sont moins ombrageux et moins rancuniers que les deux
saints alexandrins. Souvent, ils collaborent avec leurs collègues laïcs, les conseillent et
exécutent des interventions chirurgicales à leur place (ibidem, p. 171 n° 28, p. 180
n° 33). Sophronios semble avoir connu ce recueil, du moins ses séries I-III : cf. note 28
ci-dessous.
12. BHGS, n°173; édition A. Papadopoulos-Kérameus, Varia Graeca sacra,
Petropoli 1909 (réimpression : Leipzig 1975), p. 1-75. On y rencontre des exemples
semblables d'avidité (n« 4, p. 21-22; n° 36, p. 5729-5820), d'inefficacité (n» 3, p. 328-41;
n° 21, p. 251-2612; n° 22, p. 288-298); le malade préfère mourir plutôt que se confier au
médecin (n° 39, p. 641316; n°21, p. 2724; n° 25, p. 351β1β); invectives contre les
médecins anciens, Hippocrate et Galien, qui tout en recourant aux grands moyens
restent impuissants (n° 24, p. 341823 ; n° 26, p. 3821-397) ; sans médicaments ni
instruments, les saints au contraire font fuir la maladie par leur seule présence (n° 26,
p. 4020'21). Le saint, apparaissant sous la forme d'un médecin, est mal reçu (n° 42,
p. 7115"2β).
13. Voir, par exemple, Thaumata, LXIX 3 (p. 392); voir aussi p. 154-157.
14. Ibidem, VI 1 (p. 251-252).
15. Nous ne citerons que deux exemples : Thaumata, XX 1 (p. 280), XXIX 1
(p. 298); cf. p. 160-164.
16. Thaumata, XXXVI-XXXIX (p. 322-339).
50 WANDA WOLSKA-CONUS
24. Ibidem, XXX 2 (p. 302) : Σοφιστής ό Γέσιος υπήρχε σοφώτατος, ού λόγους Ρητορικούς
έξηγούμενος και δια τοϋτο φορών τό τριβώνιον, αλλά τέχνης ιατρικής προϊστάμενος, καΐ ταύτης
σύν ακρίβεια διδάσκαλος τοις μανθάνουσι κατ' εκείνον καιρόν γνωριζόμενος. Ούτος ό σοφός έν
λόγοις αίρόμενος και καλλίστοις ΐατροΐς ιατρός φημιζόμενος...
25. Ibidem, XXX 2 (ρ. 302-303) : Έκωμφδει δέ καΐ Κϋρον και Ίωάννην τους μάρτυρας ώς
έκ τέχνης ιατρικής θεραπεύοντας τα των ανθρώπων νοσήματα, καΐ οΰκ έκ θείας τινός και
υπέρτατης δυνάμεως.
26. Il s'agit de Démocrite Bolos (vers 200 av. J.-C.) : A.-J. Festugière, La
Révélation d'Hermès Trismégiste. I. L'astrologie et les sciences occultes, Paris 1981, p. 197-
200.
27. Thaumata, XXX 4 (p. 303) : Πυνθανόμενος γαρ τα τοϊς άσθενοϋσι προς αυτών
προσταττόμενα φάρμακα..., ιατρών είναι ταϋτα διδάγματα διετείνετο καΐ τοϋτο μεν Ίπποκράτειον
έλεγε τό βοήθημα · τάδε γαρ έν τωδέ φησι τω συγγράμματι · τοϋτο δέ Γαλήνειον έβόα τό
φάρμακον, καν τώδε κεΐσθαι τω λόγω διηγγέλλετο · άλλο δέ Δημοκρίτειον είναι διηγεΐτο σαφώς τό
επίθεμα, και τόν τόπον ένθα τοΰτο, φησίν, έμνημόνευε · καΐ ετέρου θαττον ίατροϋ τήν έτέραν
άκουσας έκόμπαζεν έμπλαστρον · και πάντως τα προς τών αγίων λεγόμενα, τινών ύπάρχειν ιατρών
διεβεβαιοϋτο καττύματα, φυσιολογών άεΐ τα νοσήματα, καΐ τάς τών διαδεδομένων ποιότητας, και
κατά λόγον αυτά τόν ΐατρικόν έπιτάττεσθαι, και τών παθημάτων ένεργεΤν τήν καθαίρεσιν.
52 WANDA WOLSKA-CONUS
28. Sophronios (Thaumata, XXX 13, p. 305) explique que Côme et Damien, co-
médecins et co-martyrs des saints Cyr et Jean, ont accompli eux aussi des miracles
comparables à ceux des saints alexandrins, par exemple la guérison d'un paralytique ou
celle d'une femme muette et d'une juive atteinte d'un cancer. Ces guérisons-là,
Sophronios les passe sous silence. Il ne relate que le récit concernant Gésios, qui ne
figure pas dans le recueil de Côme et Damien (XXX 14, p. 305-306). D'autre part,
rapportant le comportement provocateur de Gésios lors de son baptême forcé,
Sophronios précise : ώς Ιλεγον οί σαφώς τα κατ' αυτόν επισταμένοι (XXX 2, ρ. 302). Il se
conforme donc à la règle qu'il s'est fixée de ne relater que des miracles récents qu'il a
vus lui-même ou dont il a entendu parler les témoins oculaires (cf. Sophronios, Laudes
in Cyrum et Joannem, PG 87, 3417D14-3420A). Remarquons cependant que bizarrement,
tout en parlant de Gésios au passé comme d'un didascale qui était τοίς μανθάνουσι κατ'
εκείνον καιρόν γνωριζόμενος (Thaumata, XXX 2, ρ. 302 ; texte cité ci-dessus, n. 24), il
s'exprime, quelques lignes plus haut, comme si Gésios était encore en vie : Λέξωμεν
τοίνυν αύτοϋ την άσθένειαν, και της ασθενείας τό αϊτιον, και τό ταύτης χαριέστατον φάρμακον, κάν
ει αυτός εις ίτι και νΰν έπαισχύνεται καΐ φανεροϋσθαι πασιν ού βούλεται γράμμασιν. Voir plus
loin, n. 32.
29. Voir Ada Adler, Suidae Lexicon, I, Lipsiae 1928, p. 520-521, s.v. Gesios;
Damascius, Vie du philosophe Isidore, dans Photius, Bibliothèque, cod. 242, 299 :
R. Henry, VI, Paris 1971, p. 54 ; essai de reconstruction par C. Zintzen, Damascii vitae
Isidori reliquiae, frg. 334-337, Hildesheim 1967, p. 265-267; W. Schmid, Gessios, RE,
XIII, 1910, col. 1324; H. J. Magoulias, The Lives of the saints as sources of data for
the history of Byzantine medicine in the sixth and seventh centuries, BZ 57, 1964,
p. 130-131.
30. F. Sezgin, Geschichte des arabischen Schrifttums, III, Leiden 1970, p. 142-144 et
p. 160-161.
31. Thaumata, VIII 2 (p. 253) : Christodôros a été nommé économe de l'église des
saints Cyr et Jean par le patriarche Euloge et confirmé par ses successeurs, Théodore
(607-610) et Jean l'Aumônier (610-619), έξ oui καΐ τα τοις μάρτυσι δρώμενα γράφεται τέρατα ;
voir aussi XI 6 (p. 263).
32. Expliquant VAph. II 53 (54) (I, p. 2563"8), Stephanos écrit : Ένταϋθα γενόμενος ό
τρισευδαίμων σοφιστής Γέσιος και τον άφορισμόν τοϋτον εξηγούμενος, άστείως φερόμενος τοΤς
άκροαταϊς Ιλεγεν ■ Εί βούλεσθε άκριβώσαι τό ύφ' 'Ιπποκράτους λεγόμενον, έμέ αυτόν ύπόθεσιν τοϋ
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 53
λόγου ποιήσασθε. Οδτος γαρ έν νεότητι μακρός ήν καΐ ευπρεπής τοις όρώσιν, έν δέ γήρα κεκυφώς
έγένετο κατά τήν είρημένην αίτίαν. Stephanos s'exprime comme s'il avait personnellement
assisté à un cours de Gésios, ce qui est impossible, étant donné le temps qui sépare les
deux personnages. La formule ένταϋθα γενόμενος, courante dans le commentaire aux
Aphorismes de Stephanos, introduit le plus souvent une référence au commentaire de
Galien. Stephanos aurait-il alors entre les mains un commentaire de Gésios aux
Aphorismes, aujourd'hui perdu? Ou bien c'est Philoponos, que Stephanos a peut-être
rencontré entre 565 et 570 (voir plus loin, p. 85-86) à Alexandrie, qui lui a transmis le
souvenir de ce médecin qui semble avoir beaucoup impressionné ses contemporains.
Plus âgé sans doute que Philoponos, Gésios a fait partie du cercle d'amis ou de disciples
d'Ammonios, si l'on en croit Zacharie le Scholastique (De mundi opificio disputatio,
PG 85, 1012-1114, et spécialement, col. 1060-1105), qui écrit (col. 1060A) : των φοιτητών
ô κορυφαιότατος και Γέσιος δς νϋν αύχεϊ τήν 'Ιπποκράτους τοϋ Κφου και Γαληνού τοϋ έκ
Περγάμου σοφίαν και των ίατρικήν φιλοσοφούντων διδάσκαλος παρά τόν Νεϊλον προκάθηται.
33. A moins qu'il s'agisse d'un grief ancien répété d'un commentaire à l'autre et que
Stephanos a déjà trouvé dans sa source.
34. Aph. V 27 (25) (III, f. 187V).
35. Thaumata, XXX 4 (p. 303) : texte cité à la n. 27 ci-dessus.
36. Un exposé sur l'hydropisie comprend quatre points : définition, parties du corps
touchées, genres, causes : Progn. II 1 (p. HO^-Hô2). A titre d'exemple, voici un schéma
simple tiré d'Aph. II 41 (42) (I, p. 26618"14) : Ζητήσωμεν τί έστιν αποπληξία και τήν διάθεσι\
αυτής καΐ τί τό αΐτιον της αποπληξίας και τίς ό πεπονθώς τόπος ; ou encore celui du traite
attribué à Galien, Introdudio seu Medicus (Claudius Galenus, Opera omnia : D.C. G
Kühn, 14, Leipzig 1827, p. 732-733) : Φρενΐτις μέν ούν έστιν Ικστασις διανοίας..., γίνεται δέ έ?
αιτίας ώς επί πολύ χολής..., θεραπεία δέ αρμόδιος ήδε.
54 WANDA WOLSKA-CONUS
αίτίαν, άλλα δυσκρασίαν έχων τοϋ σώματος; Aph. Ill 13 (12) (II, f. 23r) : υλη γαρ υπόκειται
και φέρεται επί τους οφθαλμούς · αλλά δια τό περιέχον ψυχρόν καΐ ξηρόν δν πυκνοϋνται οί χιτώνες
των οφθαλμών καΐ στεγοΰνται ; ibidem (f. 23Γ) : οδτως οδν και έπί τών οφθαλμών · αυτή μέν γαρ
ή ουσία τών οφθαλμών ξηραν έχει δυσκρασίαν.
43. Thaumata, IV 2 (ρ. 249) : Ούτος οδν δ 'Ισίδωρος χαλεπώς πάνυ διέκειτο, τοϋ πνεύμονος
αυτόν χαλεπώς κατατρύχοντος · ... τοϋτον γαρ σηπόμενον κατ' ολίγον άνέπτυεν εις αϊμα και φλέγμα
λυόμενον. L'état d'Isidore semble correspondre à cette description de la phthisie par
Stephanos, Aph. III 31 (29) (II, f. 54r) : Ουδέν γάρ έστιν φθίσις, ει μή εκτηξις τοϋ παντός
σώματος έπί έλκώσει τοϋ πνεύμονος γινομένη, ou encore Aph. V 16 (15) (III, f. 167V) : 6
πνεύμων μανός έστιν καΐ ού φέρει την αεί πάροδον τοϋ πύου σηπεδόνα, τραχύνεται και... έλκοΰται *
και γίνεται έκτηξις τοΰ παντός σώματος.
44. Thaumata, V 1-2 (ρ. 250).
45. Aph. II 27 (Ι, ρ. 1981β~17) : ο πυρετός οδτος διακαής ών και όφείλων διαπανησαι πίσαν
ύγρότητα και έκτηξαι τους χυμούς; Aph. II 28 (29) (I, p. 2023'4) : τότε γαρ ζέων καΐ διακαής
υπόκειται πυρετός καΐ ξηρότητος πολλής τω σώματι γέγονεν αίτιος ; Aph. IV 66 (II, f. 126Γ ) :
πυρετού γαρ υποκειμένου οξέος και διακαούς ένδεια υγρών γίνεται και δαπάνη καί λεϊψις.
56 WANDA WOLSKA-CONUS
46. Aph. V 30 (28) (III, f. 193r) : Ό ούν 'Ιπποκράτης τοϋ ήττονος κακοϋ περιφρονεί και
πλεΐον καΐ έπιτεταμένον κακόν θεραπεύει; ou encore Aph. I 30 (16) (I, p. 11628"29) : Έπί των
παθημάτων οδν, έφ' ών άντένδειξις θεωρεϊται, προς το κατεπείγον δει ένίστασθαι μηδετέρου
παντάπασιν άμελοϋντας. Voir aussi Therap. ad Glauc. (Dietz, Scholia, I, p. 31029"31) : Kai
δεϊ τηνικαϋτα παραβάλλειν άλλήλοις τοϋ τε νοσήματος και τοϋ συμπτώματος, καΐ προς τό
κατεπείγον ίστασθαι ; cf. ibidem, p. 30026"27.
47. Thaumala, XXVII 7 (p. 294). Règle très souvent répétée; elle figure dans la
préface du commentaire aux Aph. I, p. 2811.
48. Thaumala, IX 8-9 (p. 259).
49. Meteor. I 12 (348 b 2-8, 15-17).
50. Aph. I 27 (15) (I, p. 106*'10). Les développements sur les échanges entre le froid et
le chaud sont innombrables dans les commentaires de Stephanos ; cf. des considérations
plus proprement médicales à propos de Aph. V 22 (21) (III, f. 175V) : «Le froid contracte
les pores de la peau. Sous l'effet donc de cette contraction, la chaleur naturelle se crispe
et se retire dans la profondeur (du corps), comme vers son propre principe. Ensuite, à
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 57
nouveau, elle s'étend vers l'extérieur, c'est-à-dire vers la surface ; rencontrant (là) une
peau dense et compacte, elle se rétracte une nouvelle fois, se fortifie, rebondit avec
force et remonte vers la surface. Ceci se produisant à plusieurs reprises, la chaleur
naturelle s'amplifie à la suite de ce mouvement répétitif vers l'extérieur et vers
l'intérieur».
51. Cf. Aph. I 32 (18) (I, p. 12018"1») : έν θέρει έπί τα εκτός νεύει τ* θερμόν υπό τοϋ
περιέχοντος προς τό ομογενές έξελκόμενον...
52. Cf. Aph. V 17 (16) (III, f. 168V) : Τό θερμόν άνευρύνει τους πόρους και διαφορεϊ τήν
συνεκτικήν ύγρότητα των σαρκών; (ibidem, f. 169Γ) : ...ή σαρξ ασθενής γίνεται ύπό της
καταχρήσεως τοϋ θερμοϋ.
53. Thaumata, V 1-2 (ρ. 250), XII 5 (ρ. 266), XXIII 1 (ρ. 285), XXXV 4 (ρ. 319).
54. J. Nourry, Anargyres et saints guérisseurs dans l'ancienne spiritualité byzantine
(vie-xe siècle), thèse de doctorat du 3e cycle (Institut grec de l'Université Paris X
1978), I, p. 323-325. Il serait intéressant de dresser une liste des médicaments prescrits
par les saints guérisseurs et de les comparer à ceux recommandés par Stephanos.
55. Thaumata, p. 108-111; Nourry, op. cit., p. 276-286.
56. Thaumata, XXII 1 (p. 283).
57. Ibidem, XX 2 (p. 281).
58. Ibidem, XLI 5 (p. 342).
58 WANDA WOLSKA-CONUS
Reprenons les faits tels qu'ils sont racontés par les deux historiens.
Du temps de Damien, patriarche jacobite d'Alexandrie (578-605)3,
écrit Denys de Tell-Mahré, un sophiste d'Alexandrie du nom de
Stephanos s'est mis à répandre une doctrine hétérodoxe qui a semé
beaucoup de troubles dans la populace. Mis en garde par Damien,
Stephanos n'en tint aucun compte. Aussi fut-il, en raison de sa folie,
condamné et exclu (de l'Église monophysite) par Damien et d'autres
amis de la vérité. Il arriva que vers la même époque Pierre de
Callinique, élu récemment patriarche jacobite d'Antioche (581-591),
descendit à Alexandrie (en 581)4 pour plaider sa cause auprès de
Damien dans le conflit qui l'opposait à Paul le Noir, son prédécesseur
sur le trône patriarcal d'Antioche, déposé entre autres pour avoir
communié avec les chalcédoniens. Il était accompagné de deux
hommes savants et éloquents, Probus et l'archimandrite JeanBarbûr.
Désireux de prouver leur habileté théologique en même temps que
d'obtenir la dignité épiscopale, Probus et Jean se mirent à combattre
la doctrine professée par le sophiste. Mais le patriarche ayant refusé,
pour des raisons que nous ne connaissons pas, de les ordonner
évêques, les deux hommes prirent contact avec Stephanos et, séduits
par ses discours, s'appliquèrent — Probus ouvertement, Jean Barbûr
subrepticement — à propager la doctrine qu'ils avaient jusque-là
combattue. Chassés d'Alexandrie, ils passèrent en Orient et continuè
rent par des discours et des lettres à y diffuser la doctrine hétérodoxe,
au point que Probus d'abord Jean Barbûr ensuite furent condamnés
et exclus de l'Église jacobite pendant le synode tenu à Guba Baraja5,
en 584/585 ou 585/586. Alors, désapprouvés par leurs coreligionnaires,
ils aggravèrent la rupture : non seulement ils abandonnèrent la
doctrine du sophiste6, mais, rejoignant Anastase, évêque orthodoxe
7. Sur les difficultés chronologiques que présente cette apparition d'Anastase, qui
n'est devenu patriarche d'Antioche (une deuxième fois) qu'en 593, voir Declerck,
Probus, p. 222. G. Weiss (Studia Anastasiana, München 1965) n'a pas abordé l'affaire
de Probus et Barbûr.
8. Sur cette date, voir van Roey, Controverse, p. 351.
9. Chabot, Historia Ecoles iastica, p. 153-154. Pour la bibliographie concernant les
évêques de Chalcédoine, voir Declerck, Probus, p. 213 n. 4.
10. Chabot, Historia Ecclesiastica, p. 151413.
11. Sur Pierre de Callinique, cf. CPG, n»8 7251-7254.
12. Chabot, Historia Ecclesiastica, p. 1531*21.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 63
17. P. Bettiolo (Una raccolta di opusculi calcedonensi fms. Sinaï Syr. 10] tradolla
da..., Louvain 1979, p. 6-11) publie un traité datant de l'époque où Probus était
métropolite de Chalcédoine ; cf. ibidem, p. 16*-17*.
18. Declerck {Probus, p. 229-231) reprend le texte publié par Uthemann, en y
ajoutant d'autres témoins.
19. Jean Barbûr, semble-t-il, a également composé quelques écrits ; voir van Roey,
Het dossier (voir n. 15), p. 156; Idem, Controverse, p. 353-354; Bettiolo, Raccolta,
p. 29.
20. Voir, en dernier lieu, Declerck, Probus, p. 218-220.
21. Timothée de Constantinople, De receptione haereticorum, PG 86, 65A115; voir
aussi 44A13; 56B5"8; 57B.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 65
à l'empereur Héraclius (Chronique de Michel le Syrien, II, p. 406) : «C'est le même qui
est impassible et immortel dans la divinité, et le même qui est passible et mortel dans la
chair. Car en lui la différence spécifique des (natures) qui ont concouru à l'union, je veux
dire de la divinité et de l'humanité, subsiste après l'union en dehors de la dualité, du nombre
et de la division. »
26. Bettiolo, Baccolta, p. 18*-19*.
27. Il n'existe à ma connaissance aucun travail d'ensemble sur l'action, pourtant
riche et variée, de Jean Philoponos théologien. Voir, cependant, en dernier lieu,
H. Chadwick, Philoponus the Christian Theologian, dans R. Sorabji, op. cit. (p. 30
n. 42), p. 41-56, ainsi que, ibidem, la bibliographie concernant les travaux de Furlani,
Herman, van Roey et autres ; cf. CPG, n08 7260-7282.
28. A. Sanda (Opuscula monophysitica Ioannis Philoponi quae ex manuscriplis
Vaticano et Britannico syriace edidit et latine interpretatus est, Beyrouth 1930) publie
(p. 140-171), parmi les œuvres de Jean Philoponos, un Tractatus de differentia, numéro
et divisione, qu'il attribue (p. 181) à un disciple de Philoponos, en le rattachant à la
controverse suscitée par Stephanos Niobès (?) à Alexandrie et décrite par Denys de
Tell-Mahré. Cependant, à ce qu'il semble, l'auteur du Tractatus vise aussi bien les
partisans de la théologie dyophysite que certains monophysites, et plus particulièr
ement ceux qui affirment qu'en admettant la différence on est obligé d'admettre aussi le
nombre et la division (p. 140-141). La conclusion que l'auteur tire de sa longue
dissertation est aussi claire que le mot d'introduction. Se référant au tome 7 présenté
par les moines à la réunion d'Antioche qui signale un Liber de differentia composé par
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 67
Probus, van Roey, Het dossier (voir n. 15), p. 187, émet l'hypothèse que c'est peut-être
Probus l'auteur du Tractatus en question, hypothèse qu'il abandonne par la suite
(Controverse, p. 352 n. 9), sans en expliquer les raisons. Mais, si l'on doit chercher
l'auteur du Tractatus parmi les proches de Philoponos, comme le veut A. Sanda, on
pourrait peut-être songer à Stephanos lui-même, qui aurait composé ce traité à un
certain moment de son évolution religieuse. Car le Tractatus, qui semble réellement se
rapporter à la controverse décrite par Denys de Tell-Mahré, concerne aussi en quelque
sorte Philoponos. En effet, une copie du Tractatus insérée parmi les œuvres de
Philoponos se trouve dans le Val. Syr. 144 qui contient le fragment de Y Histoire
Ecclésiastique de Denys de Tell-Mahré ; cf. Bettiolo, Raccolta, p. 19 n. 35, pour qui
d'ailleurs le Stephanos en question est, semble-t-il, Stephanos Niobès. Le problème
mériterait d'être exploré de plus près.
29. Voir Diekamp, Doctrina Patrum, p. 152-155, où l'on remarque (p. 154710)
l'expression utilisée également dans la Chronique de Denys de Tell-Mahré : τα εξ ών έστιν
ό Χριστός, et p. 209-213. Beaucoup d'extraits ou de résumés des œuvres d'Euloge sont
donnés par Photius dans sa Bibliothèque; cf. CPG, n°» 6971-6979.
68 WANDA WOLSKA-CONUS
et une autre folie — , n'admettent en aucune façon qu'on dise que ces
natures sont deux ; car le terme deux, disent-ils, replace à part en eux-
mêmes les éléments différents»30.
Ayant pris Stephanos sous sa protection, Euloge lui attribue, dans
les dépendances de l'église de la Théotokos de Dorothea qu'il vient de
construire, un local où il peut habiter et enseigner. C'est là que Jean
Moschos et Sophronios viennent suivre ses praxeis ; c'est aussi là que
Sophronios s'initie à la médecine.
Cependant, les nouvelles convictions religieuses de Stephanos ne
résistèrent pas, semble-t-il, à la force de ses syllogismes mieux que son
ancienne foi monophysite. Dans les premières décennies du 7e siècle, il
émigré à Constantinople, où il entre dans le cercle des intimes du
patriarche Sergios et de l'empereur Héraclius promoteurs d'une
nouvelle politique de rapprochement entre monophysites et chalcédo-
niens.
Aucun discours, aucun écrit théologique de Stephanos ne nous est
parvenu. En effet, ni monophysites, ni orthodoxes n'avaient d'intérêt
à perpétuer sa mémoire.
Pour conclure ce chapitre insolite sur Stephanos théologien,
dressons un parallèle entre lui et Probus, un parallèle révélateur des
tribulations éprouvées par de nombreux monophysites, déchirés qu'ils
étaient entre la foi dans laquelle ils avaient été élevés et l'orthodoxie
chalcédonienne31, qui leur offrait plus de certitude intellectuelle peut-
être dans le domaine de la théologie, plus d'avantages à coup sûr dans
leurs ambitions personnelles. Monophysites, philosophes de format
ion, exclus de leur communauté, Stephanos aussi bien que Probus
rejoignent les chalcédoniens, Probus pour s'être vu refuser la dignité
épiscopale, au dire de Denys de Tell-Mahré. Tous deux trouvent
refuge et protection auprès des patriarches orthodoxes, Stephanos
auprès d'Euloge d'Alexandrie, Probus auprès d'Anastase d'Antioche.
Ils quittent tous deux leur patrie respective pour Constantinople ;
Probus y obtient l'ordination au siège de Chalcédoine, Stephanos
la charge de didascale d'astronomie et de philosophie. Tous deux,
enfin, reviennent à leur première foi : Stephanos rejoint le parti
monothélite ; Probus, sur son lit de mort, implore vainement,
semble-t-il, sa réintégration dans l'Église monophysite.
30. Photius, Bibliothèque, cod. 230 : R. Henry, V, Paris 1967, p. 57 (la traduction
est celle de R. Henry, avec quelques changements).
31. Pour rester dans le cercle de Stephanos et de ses intimes, citons Sophronios, qui
rapporte plusieurs cas, réels ou fictifs, de monophysites qui se convertissent à
l'orthodoxie, après de longues journées d'hésitations, de doutes et de réticences, pour
obtenir leur guérison, et, celle-ci une fois accordée, reviennent à leur ancienne
croyance : Thaumata, XXXVI-XXXIX (p. 332-339).
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 69
5. Pseudo-Elias, p. xn-xv.
6. Ibidem, 122, 1322·28, 154, 1921 (en gras le numéro de la praxis avec l'indication des
lignes, numérotées par praxis).
7. Ibidem, 1314, 137.
8. Ibidem, 1924 : και ούχ ώσπερ ήμεΐς όλιγάκις μέν καθαρόν έχομεν, πλεονάκις δέ ού
τοιούτον. La notion de klima remonte à Ératosthène et désigne les bandes de terrain
(οικήσεις) qui se succèdent, du sud au nord de la terre habitée (oikouménè), à mesure que
le jour augmente d'une demi-heure.
9. Ibidem, 12*.
10. Ibidem, p. xm.
11. Usener, De Stephano, p. 398"10 : δτι ή σύστασις των κανόνων γέγονεν έν τη κατ'
Αΐγυπτον 'Αλεξάνδρεια έπί τοϋ πρώτου έτους της βασιλείας Φιλίππου τοϋ μετά Άλέξανδρον τόν
κτίστην.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 71
diffèrent ici de ceux du Pseudo-Elias (veines, tête : exemples qui sont aussi ceux de
David), sont identiques aux exemples cités par Stephanos dans son commentaire au De
int. ; voir plus haut, p. 74-75.
40. David, Prolegomena, p. 6517-66S.
41. Voir le graphique établi par A. Baumstark, Sévère bar Sakko, p. 189,
représentant les relations entre les Dialogues et les commentaires de Philoponos et de
Stephanos, ainsi que le schéma, plus général, retraçant l'histoire des commentaires et
des compendia, grecs et syriaques, de VIsagoge, dans G. Richter, Die Dialektik des
Johannes von Damaskus. Eine Untersuchung des Textes nach seinen Quellen und seiner
Bedeutung, Ettal 1964, p. 17.
42. M. Richard, 'Από φωνής, Buz. 20, 1950, p. 206-222, et plus spécialement p. 213.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 81
43. Rappelons que la Vita vulgata d'Aristote, qui possède plusieurs points de contact
avec le commentaire du Pseudo-Elias, présente la même transformation du langage par
rapport à la Vita Marciana; cf. L. During, Aristotle in the ancient biographical
tradition, Göteborg 1957, p. 137-139.
44. C'est sans doute en répondant à ces besoins de l'Église que le patriarche Sergios,
au dire d'Anania de Shirak (voir p. 20 et 23), envoyait, après la mort du vardapet
d'Athènes, les clercs de Constantinople à Trébizonde, pour les faire instruire par
Tychikos.
45. B. Kotter, Die Schriften des Johannes von Damaskos. I. Institutio elementaris.
Capita philosophica (Dialedica), Berlin 1969, p. 45, avec les définitions philosophiques
de VOxon. Bodl. Auct. T. 1.6 en appendice (p. 151 s.); voir aussi G. Richter, op. cil.
(supra, n. 41), p. 13-18; M. Rouché, Byzantine philosophical texts of the seventh
century, JOB 23, 1974, p. 61-76; Idem, A middle byzantine handbook of logic
terminology, JOB 29, 1980, p. 71-98.
46. B. Kotter, op. cit., p. 66M-75.
47. Ibidem, p. 45.
82 WANDA WOLSKA-CONUS
1. Cf. Alison Frantz, From Paganism to Christianity in the temples of Athens, DOP
19, 1965, p. 187-205, particulièrement p. 190-200.
2. Cod. Just. I 5, 18, 4 et I 11, 10, 2, ainsi que Malalas, Chronographie, XVIII :
Bonn, p. 4511·18; cf. Lemerle, Le premier humanisme, p. 69-73.
3. C'est ainsi que L. G. Westerink (Olympiodorus. Commentary on the First
Alcibiades of Plato, 14113, Amsterdam 1956, p. 92), établissant une date tardive pour la
composition du commentaire d'Olympiodore, suppose que les pensions (diadochika),
malgré les confiscations successives des biens de l'école néoplatonicienne (qu'il est
impossible d'identifier à l'Académie, selon J.P. Lynch, Aristotle's School. A Study of
Greek educational institution, Berkeley-Los Angeles-London 1972, p. 171-189, avec la
bibliographie), étaient encore payées à leurs titulaires jusqu'après 532. Alan Cameron,
The last days of the Academy at Athens, Proceedings of the Cambridge Philol. Soc. 195
(new series n° 15), 1969, p. 11-12, croit, quant à lui, que les confiscations n'ont pris fin
que vers 560 et que les philosophes émigrés en Perse, à la suite du décret de Justinien
{Agathiae Myrinaei Historiarum libri quinque, II 30-31 : R. Keydell, Berlin 1967, p. 79-
81 ; cf. Averil Cameron, Agathias, Oxford 1970, p. 101-102, et Alan Cameron, op. cit.,
p. 21-25), retournèrent, en vertu du pacte conclu entre Justinien et Chosroès en 532, à
Athènes, où ils continuèrent (il s'agit surtout de Simplikios), sinon d'enseigner, du
moins d'élaborer leurs savants commentaires. Alison Frantz, Pagan philosophers in
84 WANDA WOLSKA-CONUS
Christian Athens, Proceedings of the American Philos. Soc. 119, 1975, p. 36-37, qui
s'appuie sur les données archéologiques, postule au contraire la fermeture immédiate de
l'école et le départ précipité des philosophes. Voir le résumé des diverses thèses et
l'exposé des incertitudes qui subsistent sur plusieurs points (par exemple l'origine
ethnique des philosophes partis en Perse) par Ilsetraut Hadot, Le problème du
néoplatonisme alexandrin. Hiéroclès et Simplicius, Paris 1978, p. 17-27, qui s'oppose
énergiquement à la thèse d'Alan Cameron. Cf., en dernier lieu, M. Tardieu, Sâbiens
coraniques et «Sâbiens» de Harrân, Journal Asiatique 274, 1986, p. 22-29, selon lequel
les philosophes trouvèrent refuge à leur retour de Perse auprès de l'école néoplatoni
cienne de Harrân.
4. C'est du moins la date qu'on déduit des données archéologiques et des
découvertes numismatiques, les sources écrites restant singulièrement muettes au sujet
du sort d'Athènes à cette époque ; cf. D. M. Metcalf, The Slavonic threat to Greece
ca 580 : some evidence from Athens', Hesperia 31, 1962, p. 134-157; H.A. Thompson,
Athenian twilight : A.D. 267-600, The Journal of Roman Studies 49, 1959, p. 61-72,
spécialement p. 69-70 et η. 48. — Depuis la chute de Sirmium en 582, assiégé par les
troupes avares, les envahisseurs sillonnaient les Balkans, dévastant les villes que les
murailles ne suffisaient plus à protéger : P. Lemerle, Invasions et migrations dans les
Balkans depuis la fin de l'époque romaine jusqu'au vme siècle, Revue Historique, avril-
juin 1954, p. 287-295.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 85
10. J. L. van Dieten, Geschichte der Patriarchen von Sergios I. bis Johannes VI (610-
715), Amsterdam 1972, p. 1-56.
11. Ibidem, p. 1 (avec le relevé des sources) : l'exemple en est fourni par la
biographie du patriarche Sergios lui-même ; jacobite d'origine syrienne, il s'est converti
à l'orthodoxie chalcédonienne, pour redevenir en quelque sorte monophysite, sous sa
forme monothélite.
STEPHANOS D'ATHÈNES ET STEPHANOS D'ALEXANDRIE 89
Wanda Wolska-Conus
Centre de recherche d'Histoire et Civilisation de Byzance
Collège de France
12. Cf. G. Dagron, Constantinople imaginaire. Études sur le recueil des «Patria»,
Paris 1984, p. 99 s.