Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Abstract
REB 56 1998 France p. 5-78
Wanda Wolska-Conus, Un «Pseudo-Galien» dans le commentaire de Stéphanos d'Athènes aux Aphorismes d'Hippocrate : Ό
Νεώτερος 'Εξηγητής. — Reviewing carefully the forty-three passages which Stéphanos ascribes to Galen, the author reaches the
conviction that this attribution is erroneous. Are not the passages in question to be attributed to the exeget called the «Newer
Exeget», whom Stéphanos asserts «he is explaining him» ?
Résumé
Passant minutieusement en revue les quarante-trois passages attribués par Stephanos à Galien, l'auteur arrive à la conviction
qu'il s'agit là de fausses attributions. Les passages incriminés ne reviennent-ils pas plutôt à l'exégète dit «le Nouvel Exégète»
que Stephanos affirme «être en train d'expliquer» ? La question reste ouverte.
Wolska-Conus Wanda. Un «Pseudo-Galien» dans le commentaire de Stephanos d'Athènes aux Aphorismes d'Hippocrate. In:
Revue des études byzantines, tome 56, 1998. pp. 5-78.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1998_num_56_1_1951
UN «PSEUDO-GALIEN» DANS LE COMMENT
AIRE
DE STEPHANOS D'ATHÈNES
AUX APHORISMES D'HIPPOCRATE :
Ο ΝΕΩΤΕΡΟΣ ΕΞΗΓΗΤΗΣ
Wanda WOLSKA-CONUS
I. Position du problème
Source intermédiaire entre Galien et Stephanos :
Ό Νεώτερος 'Εξηγητής
3. Τους δέ φθινώδεας ύποστελλομένους : Stephanos ; τάς δίνω add. Littré, qui tra
duit : « N'évacuer qu'avec circonspection par le haut les personnes disposées à la phtisie.»
Voir la note ad locum.
4. Aph. IV 8 (W. II, p. 23025'31) : Τινές λέγουσιν οτι κολοβός καΐ ατελής έστιν ό
παρών αφορισμός- χρείαν γαρ έχει τινός, τυχόν "Τους δέ φθινώδεας
ύποστελλομένους καθαίρειν", έάν γαρ ούτως εχη, ανελλιπής έστιν. "Αλλοι δέ
λέγουσιν οτι ούκ εστίν ελλιπής, άλλα τετελείωται· έάν γαρ σύναψης αυτόν
μετ'έκείνου τοΰ αφορισμού του έν τη άρχη της θεωρίας ταύτης, έν φ φησιν "Τους
ισχνούς και εύημέας ανω φαρμακεύειν, ύποστελλομένους χειμώνα", έάν μή τί ποτέ
κωλύση, τυχόν εάν μή είσιν φθινώδεις- τους γαρ φθινώδεις ού δει καθαίρειν.
5. Ibidem, p. 23031-23218.
6. Ibidem, p. 23219"37 : ΚαΙ ούτως έξηγήσαντο οί παλαιότεροι τών εξηγητών ό
μέντοι Νεώτερος 'Εξηγητής, ον ημείς εξηγούμεθα, λέγει δτι· Ού δοκεί μοι λέγειν
8 WANDA WOLSKA-CONUS
plication des exégètes plus anciens7. Quant au Nouvel Exégète que nous
sommes en train d'expliquer8, il dit : Je ne crois pas que cela soit ce que
dit Hippocrate. En vérité, vraies sont les affirmations qu'ils avancent;
tout le monde sait qu'on ne doit pas, à la lésion du poumon, purger les
gens en les faisant vomir. Les conceptions de ce genre ne correspondent
pas à la pensée d'Hippocrate. C'est pourquoi cet Exégète, continue
Stephanos, a donné l'explication qui suit : Hippocrate ne soutient pas
qu'il faut s'abstenir de purger les gens déjà atteints de phtisie, mais les
gens "qui sont prédisposés à la phtisie", c'est-à-dire, comme Hippocrate
l'a dit lui-même dans les Épidémies 9, "les gens décharnés au cou long et
au thorax étroit et sans profondeur, aux épaules qui font penser aux ailes,
(bref) les gens aux constitutions semblables". Ces gens-là, en effet, en
raison de leur fragilité, ne supportent pas la purge par vomissement... Et
voilà, conclut Stephanos au nom du Nouvel Exégète, ce qu'entend ici
Hippocrate : il ne faut pas purger les phtisiques, c'est-à-dire non pas les
gens atteints de phtisie — ceci tout le monde le sait — , mais les gens
prédisposés à la phtisie.»
Reportons-nous maintenant à Asclèpios-Théophile, lequel réunit dans
un seul lemme les Aphorismes IV 7 et IV 8 : après avoir expliqué la pre
mière partie du lemme, c'est-à-dire Y Aphorisme IV 7, il s'arrête à sa
deuxième partie, Γ Aphorisme IV 8 que nous venons d'expliquer. Il
écrit10 «(Les mots) "Quant aux phtisiques, s'abstenir" se rapportent à
l'Aphorisme précédent (IV 6). Là, Hippocrate a dit : "Purger par le haut
ταΰτα τον Ίττποκράτην. Μετά γαρ αληθείας άληθη είσιν και τα λεγόμενα, πάντες
δε γινώσκουσιν τοΰτο, δτι ού δει έηΐ τη έλκώσει του πνεύμονος κεχρησθαι
καθάρσει τη δι/έμέτων. Ταύτα γαρ εξωθέν είσιν της εννοίας του 'Ιπποκράτους- Οιο
αύτος ό 'Εξηγητής ούτως έξηγησατο, οτι ό Ιπποκράτης ού λέγει τους ηδη έχοντας
την φθίσιν παραιτεΐσθαι καθαίρειν, αλλά τους έπιτηδείως έχοντας προς φθίσιν
οδτοι δε είσιν, ώς έν Έπιδημίαις αυτός ό 'Ιπποκράτης εφη· "Οδτοι δε είσιν
σκελεφροί κα! μακροτράχηλοι και στενοθώρακες και άβαθη έχοντες τον θώρακα
και πτερυγώδεις και τά τοιαύτα." Οδτοι γάρ διά την εύπάθειαν ού φέρουσιν την
δι'έμέτων κάθαρσιν... Και τουτό έστιν ο φησιν ένταΰθα ό 'Ιπποκράτης, οτι ού δει
καθαίρειν τους φθινώδεις, τυχόν ού τους έχοντας την φθίσιν - τούτο γάρ παντι
άνθρώπω εγνωσται -, αλλά τους έπιτηδείως έχοντας προς την φθίσιν.
7. Je ne saurais dire ce que représentent ces palaioteroi par rapport aux palaioi, égale
ment présents dans le commentaire de Stephanos. Seraient-ils palaioteroi par rapport au
Néôtéros Exègètès, alors que le terme palaioi reviendrait à Galien et aux exégètes, qui
sont ses prédécesseurs ou ses contemporains, de même que le titre de palaios, sans autre
précision, ne s'applique, dans le commentaire de Stephanos, qu'à Hippocrate, l'Ancien
par excellence.
8. 'Όν ημείς εξηγούμεθα, que L. G. Westerink (II, p. 233) traduit de manière trop
restrictive, à notre avis : «... the most recent commentator, however, whose interpretation
we report, says... », comme si l'intervention de cet Exégète se limitait à ce seul apho
risme.
9. Cf. Hipp. Épid. III 14 ; L. 3, p. 964-98'. Citation qui revient souvent dans le comment
aire de Stephanos, cf. W. II, p. 96 et 112, App. locorum.
10. Aph. IV 7-8 (D. II, p. 38918·23) : Το δε "φθινώδεας ύποστελλομένους" προς
τον ανωτέρω άφορισμον αποτείνει. 'Εκεί γάρ έλεγε "τους ισχνούς και εύεμέας άνω
φαρμακεύειν." Ένταΰθα δε τον προσδιορισμό ν τέθεικε "τους φθινώδεας
ύποστελλομένους". Και ή αιτία· διά την των αναπνευστικών οργάνων άσθένειαν.
UN «PSEUDO-GALIEN» 9
11. Gal. In Hipp. Aph. IV 8 (K. 172, p. 6664"11) : Έπι τας ανω, φησί, φαρμακείας
ούδέποτ'αξεις, εύλαβούμενος δηλονότι την έν τοις άναπνευστικοΐς αυτών
όργάνοις άσθένειαν. 'Ακουστέον "δε φθινώδεις" ήτοι τους φθίσει τη νόσω
έαλωκώτας ή τους έπιτηδείως έχοντας προς την φθίσιν, υπέρ ων εΐρηκεν αυτός έν
τω πρωτω των 'Επιδημιών "Και μάλιστα εθνησκον οΤσιν ερρεπεν ή φύσις επί το
φθινώδες, στενός δε τούτοις έστιν ό θώραξ και ό περιεχόμενος έν αύτώ πνεύμων".
12. Cf. Hipp. Épid. I 2 : L. 2, ρ. δΟ^1
13. REB 54, 1996, p. 34-37.
14. Texte ci-dessus cité, note 11.
10 WANDA WOLSKA-CONUS
convient d'entendre so it les gens atteints de phtisie, soit ceux qui y sont
prédisposés». D'autre part, Galien n'émet aucune appréciation sur la pen
sée d'Hippocrate, alors que le Néôtéros Exègètès le fait, à en croire
Stephanos. Le Néôtéros Exègètès n'est donc pas Galien, comme nous
venons de le supposer. Il est, cependant, très proche de Galien.
Nous nous trouvons confrontés, par ce biais, au problème sous-jacent,
déjà apparu dans nos précédents articles mais que, jusqu'à présent, nous
n'avons pas eu l'occasion de poser directement: Stephanos lisait-il
Galien dans l'original ou se servait-il d'intermédiaires que nous ne
connaissons pas ? A plusieurs reprises, nous l'avons vu attribuer à Galien
les affirmations qui ou bien ne figurent pas dans son commentaire, ou
bien ne se trouvent pas là où elles devraient être, ou encore présentent
des modifications qui exigent des compléments d'explication. À qui
doit-on attribuer ces erreurs de références ou ces différences d'interpréta
tion ? Ne serait-ce pas justement le Néôtéros Exègètès ? Il se trouve, en
effet, que tout en suivant de très près le texte de Galien, il est pris en fla
grant délit, pourrait-on dire, de divergence d'opinion par rapport à ce
dernier. Ne constituerait-il pas alors le chaînon intermédiaire entre
Galien et Stephanos ? Un chaînon qui expliquerait bien des irrégularités
par rapport à Galien qu'on rencontre dans le commentaire de Stephanos.
Est-il possible de cerner davantage le personnage de ce Nouvel
Exégète que Stephanos déclare «expliquer», ce qui veut dire, supposons-
nous, qu'il utilise son commentaire pour expliquer le texte des
Aphorismes, un commentaire fortement inspiré par celui de Galien, mais
qui pouvait aussi s'en écarter ?
Il est curieux de constater que le Nouvel Exégète et Galien, tels qu'ils
sont cités par Stephanos, s'expriment de manière identique. Laissons
l'Exégète parler en premier lieu, en reprenant le texte déjà cité15 : Και ού
τως έξηγησαντο οί παλαιότεροι των εξηγητών ό μέντοι Νεώτερος
'Εξηγητής, δν ημείς εξηγούμεθα, λέγει δτι· Ού δοκέ! μοι λέγειν
ταύτα τον Ίπποκράτην. Μετά γαρ αληθείας άληθη είσιν και τα
λεγόμενα, πάντες δέ γινώσκουσιν τούτο δτι ού δει έπι τη έλκώσει
του πνεύμονος κεχρησθαι καθάρσει τη δι'έμέτων. Ταϋτα γαρ
έξωθεν είσιν της εννοίας του 'Ιπποκράτους- διό αυτός ό 'Εξηγητής
οΰτως έξηγησατο, δτι ό 'Ιπποκράτης ού λέγει τους ηδη έχοντας
την φθίσιν παραιτεϊσθαι καθαίρειν, άλλα τους έπιτηδείως έχοντας
προς φθίσιν.
Et maintenant donnons la parole à Galien que nous avons cité à pro
pos de l'Aphorisme V 27, longuement examiné à. une autre occasion16:
'Ενταύθα γενόμενος ό Γαληνός εν τω ύπομνήματί φησιν δτι τούτο
το ρησείδιον έξωθεν της έννοιας του 'Ιπποκράτους εστίν και οΓον
ερριπται εν τω μέσω. Ει δε και Ίπποκράτειόν έστι το ρητόν τούτο,
άδιανόητον δοκεϊ εΤναι... Και ούκ ήξίωσεν δλως ό Γαληνός και
Π. Textes témoins
Un Pseudo-Galien ou le Galien authentique?
Αρη. Ι 9 (4)
Le commentaire à Y Aphorisme I 9 (4) — «Une diète tenue et stricte
est toujours dangereuse dans les maladies longues et dans les maladies
aiguës, sauf là où cela n'est pas possible18...» — commence par un long
exposés sur les genres, usages, avantages et méfaits de la diète19, avant
d'aborder l'explication du texte.
La phrase οδ μη επιδέχεται donne à Stephanos l'occasion de se réfé
rerà Galien20 : «Que veut dire cela : "sauf là où cela n'est pas possible?",
demande-t-il et de répondre : Galien dit qu'une diète tenue à l'extrême
(εσχάτως λεπτότατη) n'est possible (ούκ ενδέχεται δεχθηναι) ni dans
les maladies chroniques ni dans les maladies aiguës, car elle démolit les
ύπ'
forces (καταλύεται γαρ αύτης ή δύναμις).»
Mais est-ce bien là l'opinion de Galien? Regardons de plus près son
commentaire : «... dans cet aphorisme, écrit-il21, (Hippocrate) s'étend
18. Ου μη επιδέχεται : Littré traduit : «... et, parmi les maladies aiguës, dans celles qui
ne s'en accommodent pas». L'expression, de toute évidence, posait problème déjà aux
exégètes anciens.
19. Aph. I 9 (4) (W. I, p. 7010-7430) : Cette théôria se développe en quatre paragraphes
(τέτρασι δέ κεφαλαίοις περιγράφεται ή παρούσα θεωρία). - 1) Dans le premier, on
examine les dangers que présente une diète stricte pour les gens bien portants et aussi
pour les malades : elle détruit leurs forces.- 2) Dans le deuxième, on établit les différents
genres de diète : diète tenue à l'extrême, diète moins tenue, tenue tout court, interméd
iaire,abondante, plus abondante, très abondante (εσχάτως λεπτή — qualifiée parfois
d'άσLτία - λεπτότερα, απλώς λεπτή, μέση, αδρά, άδροτέρα, αδρότατη). En même
temps, on énumère les aliments correspondants à chacune d'entre elles. - 3) Dans le tro
isième, on fait remarquer que la diète poussée à l'extrême n'est cependant pas à rejeter
complètement (μηδέ γαρ πάντη άπόβλητον αυτήν νομίσης) ; elle est utile dans les
maladies arrivées à l'extrême limite. On procède alors à la classification des maladies qui
sont soit chroniques, soit aiguës ; les maladies chroniques vont au-delà des quarante
jours ; quant aux maladies aiguës, on en distingue trois catégories : les maladies dites
aiguës par homonymies (όμωνύμως), qui se prolongent jusqu'au quatorzième jour; les
maladies aiguës tout court (απλώς), qui durent sept ou neuf jours ; enfin, les maladies
aiguës arrivées au dernier degré (κατόξεα), qui ne dépassent pas le quatrième jour. - 4)
Dans le quatrième, on établit des règles et on ajoute des définitions complémentaires
(κανόνας et προσδορισμούς) qui permettent de prescrire une diète appropriée à chaque
maladie, en se fondant sur les critères tels que le genre de la maladie, le moment de son
évolution, l'intensité de la faculté de résistance (εκ τοΰ ε'ι'δους του νοσήματος, έκ του
καιρού τοΰ νοσήματος καΐ έκ τοΰ τόνου της δυνάμεως), trois critères amplement
développés par la suite.
20. Ibidem, p. Ί69Α1.
21. Gal.-7/i Hipp. Aph. I 4 : Κ. 172 , p. 36714-3684.
14 WANDA WOLSKA-CONUS
Αρη. Ι 24 (14)
Stephanos écrit à propos de V Aphorisme I 24 (14) — «Les êtres qui
croissent ont le plus de chaleur innée ; il leur faut donc le plus de nourri
ture ; sinon le corps dépérit ...» — ce qui suit26 : «Arrivé à ce passage,
Galien dit que la conjonction en effet (γαρ) fait défaut, pour que la
phrase se présente de la manière que voici (ώς είναι το λεγόμενον
τοιούτον) : "de tous, ce sont les enfants surtout qui supportent difficil
ement le jeûne ; en effet, les êtres qui croissent ont le plus de chaleur
innée"...»
Galien, en effet, propose d'ajouter la conjonction en effet (γάρ) dans
le commentaire qu'il fait à V Aphorisme I 13 : «Les vieillards supportent
le plus aisément le jeûne ..., les enfants le supportent le plus difficilement
...» Il écrit27 : «De cet aphorisme, (Hippocrate) fait connaître lui-même le
sens dans celui qui suit (τούτου δέ του αφορισμού την αίτίαν αυτός
έν τω εφεξής διδάσκει) et qui commence : "Les corps qui croissent ont
le plus de chaleur innée", de sorte que si l'on voulait les rattacher l'un à
Αρη. Ι 37 (24)
Venons-en à Y Aphorisme I 37 (24) : «Dans les affections aiguës, user
des évacuations rarement, et dans le début ; et le faire après un examen
préalable scrupuleux (προεξευκρινήσαντας).»
Stephanos commente la phrase «le faire après l'examen préalable
scrupuleux». «C'est-à-dire, écrit-il29, après avoir reconnu l'humeur
qu'on doit évacuer, pour que nous puissions prescrire l'évacuant qu'il
convient ; ou bien : après avoir préparé la matière (à évacuer), en l'ame
nuisant à l'aide de décoctions appropriées (δια των τούτο ποιησαι
δυναμένων), comme Hippocrate le recommande plus bas (Aph. II 9) :
"Quand on veut évacuer, il faut rendre le corps bien coulant". Bref, en
résumant l'essentiel de l'aphorisme (συνελών... το του λόγου), on doit
dire : "Dans les affections aiguës, il convient d'user rarement des éva
cuants, et dans le début, après un examen préalable".»
«Cependant, ajoute Stephanos30, Galien, arrivé à ce passage, affirme
que, jamais, dans les maladies aiguës, il n'a pratiqué la purge, ce qui (le
fait qu'il ne faut pas purger) n'a pas échappé non plus à Hippocrate
(δπερ ουδέ τον 'Ιπποκράτην διέλαθεν είρηκότα), puisqu'il dit qu'il
faut en user rarement dans ces maladies-là. Bien au contraire, dit Galien,
dans les maladies de ce genre, j'ai pratiqué la phlébotomie, même si le
corps avait besoin d'une purge, en cherchant ainsi à atteindre deux
objectifs (τα δύο εντεύθεν πραγματευσάμενος) : évacuer la matière et
apaiser la dyscrasie, en poussant la phlébotomie jusqu'à l'évanouisse
ment. En effet, là (ενταύθα), il est de mon pouvoir d'arrêter l'évacuat
ion, quand je veux, ou de ne pas l'arrêter, ce qu'il est impossible de
faire, en usant de purgatifs, car il n'est de mon pouvoir ni de provoquer
l'évanouissement, ni d'arrêter facilement l'évacuation qui se prolonge.»
Ces confidences ou ces recommandations ne figurent pas dans le com
mentaire de Galien à Y Aphorisme I 24 que nous sommes en train d'exa-
Αρη. II 1 et 2
Les Aphorismes II 1 «Une maladie où le sommeil fait du mal est mort
elle ; si, au contraire, il soulage, cela n'est pas mortel» et II 2 «Quand le
sommeil fait cesser le délire, c'est un bon signe» ne font qu'un seul dans
le commentaire de Stephanos33. Il écrit34 : «Galien dit qu'il faut innover
et introduire dans le texte la conjonction en effet, de manière à ce que
l'ensemble des deux aphorismes (τον πάντα σκοπόν) présente la conti
nuité du sens que voici : "Une maladie où le sommeil fait du mal est
mortelle; si, au contraire, il soulage, cela n'est pas mortel. En effet,
quand le sommeil fait cesser le délire, c'est un bon signe", (sentence) qui
présente l'exemple d'un bon sommeil faisant cesser les symptômes....»
Hippocrate, ajoute Stephanos35, ne fait l'état que de l'affection la plus
significative (κατ'έξαίρετον), notamment celle du cerveau, pour en faire
un «symbole du salut» (ώς αγαθόν σύμβολον σωτηρίας), mais toi, tu
dois faire le même raisonnement pour la douleur et pour d'autres malad
ies.
31. Gal. In Hipp. Aph. I 24 (K. 172, p. 4466"10) : "Εν τε ταϊς μεγίσταις φλεγμοναίς
καΐ ταϊς ΐσχυροτάταις όδύνοας ουδέν οΐδα μείζον βοήθημα τοΰ μέχρι λειποθυμίας
εκκένωσα^ διορισάμενος εϊτε φλεβοτομεϊν είτε καθαίρειν άχρι λειποθυμίας
προσήκει, καθότι δεδήλωται εν τοις περί φλεβοτομίας ύπομνήμασιν.
32. Aph. Ι 24 : D. Π, ρ. 29228-2934.
33. Aph. II 1 (1-2) : W. Ι, p. 1381-14410 et p. 14416"25.
34. Aph. II 1 (2) (W. I, p. 14416"21) : Καί φησιν ό Γαληνός, οτι δει καινοτομήσαι την
λέξιν καί τον "γαρ" καταθεϊναι σύνδεσμον, ώστε μίαν άπαρτίζεσθαι συνέχειαν
τον πάντα σκοπόν περιλαμβάνουσαν, ώς ει ελεγεν ούτως... όπερ παράδειγμα έστι
τοΰ αγαθόν είναι τον τα συμπτώματα παύοντα υπνον.
35. Ibidem, p. 14421"25.
18 WANDA WOLSKA-CONUS
Αρη. II 9 (10)
À propos de Y Aphorisme II 9 (10) — «Plus vous nourrirez des corps
qui ne sont pas purs, plus vous leur nuirez» — , Stephanos écrit39 :
«Galien explique : il faut relier cet aphorisme-ci à celui énoncé un peu
plus avant où il est dit (Aph. II 7 (8)) : "mais si cela arrive alors qu'il
(c'est-à-dire l'homme relevant d'une maladie) ne prend pas de nourriture
(et reste languissant), cela indique que son corps a besoin d'évacuation
(κενώσεως τοΰτο δεΐται)"40. En effet, comme si quelqu'un demandait :
pourquoi a-t-il besoin d'évacuation? Hippocrate ajoute (Aph. II 9 (10)) :
"Plus vous nourrirez des corps qui ne sont pas purs, plus vous leur nui
rez", pour la bonne raison qu'ils prennent de la nourriture remplis qu'ils
sont de mauvais chymes. Puis, après cet aphorisme-ci, il faut mettre celui
qui est placé entre ces deux. En effet, interrogé encore : comment faut-il
pratiquer la purge (καθάρσει χρήσασθαι) ? Hippocrate ajoute (Aph.
II 8 (9)) : "Les corps, lorsqu'on veut les purger, il faut les rendre bien
coulants".»
Galien, comme Stephanos, conteste l'ordre des aphorismes, vicié à
son avis, et qu'il faudrait rétablir de la manière que voici : Aph. II 10, 8,
9 (9, 7, 8, chez Stephanos). Cependant, se conformant à l'ordre adopté
par la plupart des manuscrits, il fait sienne leur interprétation41 .
Théophile42 reste silencieux sur le problème de l'ordre des aphorismes
mis en cause par Galien et Stephanos.
II 40 (41)
Commentant43 Y Aphorisme II 40 (41) — «Ceux qui ont des
défaillances fréquentes et graves, sans cause manifeste, meurent subit
ement» — , Stephanos cite Galien à deux reprises. Une première fois, lors
qu'il rapporte les cas d'évanouissement qui ont une «cause apparente»44 :
mauvais combustibles employés dans le bain, maladie utérine, faiblesse
de l'estomac ; une deuxième fois, lorsqu'il rappelle les dissections effec
tuées par Galien sur des animaux qui lui ont permis d'expliquer la raison
des évanouissements «sans cause apparente»45 : la présence dans les
cavités du cœur d'une sorte d'enveloppe membraneuse remplie d'un
liquide malodorant (έν ταΐς κοιλίαις της καρδίας χιτώνα τίνα
περικείμενον έχοντα πεπληρώμενον ύγροΰ δυσώδους). C'est ce
liquide qui, par sa mauvaise qualité, corrompait et souillait, d'une
manière permanente, le pneuma vital, en provoquant ainsi le phénomène
d'évanouissement (πάθος της έκλύσεως). Cependant, dans ce dernier
cas, il ne s'agit plus d'une référence au commentaire des Aphorismes,
mais bien à celui du De locis affectis 46, sans que le titre en soit donné.
Quant à Théophile qui, cette fois cite nommément Galien47, il réunit
incorrectement les deux cas.
Αρη. II 44 (45)
Le long commentaire à Y Aphorisme II 44 (45)48 —«Chez les jeunes épi-
leptiques (τών επιληπτικών τοϊσι νέοισιν), la guérison s'opère surtout par
les changements d'âge (της ηλικίας), de lieu et de genre de vie» — aboutit
à des considérations sur la contradiction entre l'expression et le sens que
Stephanos croit découvrir dans l'aphorisme qu'il vient d'expliquer :
est en train de se former dans la matrice est dit, au sens propre du mot,
fœtus ou embryon, alors que ce qui est né, les gens l'appellent enfant. Et
bien, il arrive qu'Hippocrate, employant les mots d'une manière abusive54,
appelle "enfant" ce qui est encore foetus, comme le prouve le titre du traité
Sur la nature de l'enfant. Là, en effet, s 'étant proposé de traiter de la for
mation de l'embryon dans la matrice, il a intitulé l'ouvrage non pas Sur la
nature du foetus ou de l'embryon, mais bien Sur la nature de l'enfant. À
moins (d'admettre) qu'ici également il a abusé du terme, ayant appelé
"jeune âge" non pas l'âge de maturité pris dans le sens propre du mot,
mais l'âge d'adolescence, de sorte que l'on aboutit au sens que voici : ceux
qui dans le jeune âge, c'est-à-dire à l'âge d'adolescence, souffrent d'épi-
lepsie, arrivés à l'âge de la maturité en sont guéris.»
La contradiction entre l'expression et le sens qui préoccupe Stephanos
n'éveille pas de soupçons chez Galien. L'explication que lui attribue
Stephanos ne figure pas dans le commentaire que nous lisons55.
Il en va de même pour Théophile56.
54. Particularité du langage d'Hippocrate, souvent relevée par Stephanos ; cf. REB 50,
1992, p. 82-83.
55. Gal. In Hipp. Aph. II 45, loc. cit. à la n. 48.
56. Aph. II 45 : D. II, p. 33629-3384.
57. REB, 54, 1996, p. 29-30 et p. 79.
58. "Ιλιγγος est une forme plus récente de Ί'λιγξ, également employée par Stephanos.
59. Aph. III 20 (17) (W. II, p. 12225-1246) : Δει είδέναι δτι Ί'λιγγες γίνονται τρόπω
τοιούτω, οτε οι νότοι ύγραίνουσι τα σώματα· αυτή οςν ή ύγρότης άτμοειδώς
φέρεται έπι την κεφαλήν και συναναπλέκεται τώ ψυχικώ πνεύματι και άμαυροΐ
αυτό και μολύνει καΐ παχύνει. Τοΰτο οδν το ψυχικόν πνεύμα μη δυνάμενον
εύθυπορήσαι δια την παχύτητα, επειδή έξέστη του κατά φύσιν, λοιπόν περιφέρεται
και περιειλίσσεται και ποιεί τους ιλίγγους. Τούτους δε τους ιλίγγους και έκτος
θεωροϋμεν εντός γαρ γινομένου του πάθους φέρεται δια τών οφθαλμών, και έκτος
όρώμεν τήν ΐλιγγα. Ταύτην δε τήν Ί'λιγγα ό Γαληνός δι'εύφράδειαν σκοτόδινον
καλεί, επειδή εύαρμόστως ονομάζεται σκοτόδινος· το δέ άληθέστερον ειπείν
δινόσκοτος θέλει όνομάζεσθαι, πρότερον γαρ έπεται ή δίνωσις και οϋτως το
σκότος.
22 WANDA WOLSKA-CONUS
73. Aph. III 21 : D. II, p. 37012"20. La suite du texte (1. 21-30) se présente comme une
transcription littérale du commentaire de Galien (K. 172, p. 6199"14 ; p. 6202"4, 15-6213).
74. Aph. III 30 (27) : W. II, p. 1801214.
26 WANDA WOLSKA-CONUS
terprétation du cas particulier des fièvres qui frappent les enfants appro
chant de la puberté. «Cependant, écrit Séphanos75, les facultés
(δυνάμεις) se renforcent elles aussi avec la puberté (έτη αυτών). En
effet, Galien met en parallèle la durée et la violence des maladies avec la
faculté (de résistance des malades) (το μακροχρόνιον και οξύ των
νοσημάτων τη δυνάμει παραμετρεΐ). Les fièvres deviennent donc
longues chez les adolescents — ce qui est naturel — , parce que leurs
facultés, qui doivent s'adapter à la maladie et s'étendre sur la même
durée qu'elle, se renforcent elles aussi. En effet, si la faculté est faible,
même dans le cas où la matière est épaisse, la maladie devient aiguë ; la
mort arrive la première ; la maladie n'est plus longue mais aiguë.»
Voici d'autre part l'explication qu'on lit dans le commentaire de
Galien76 : «Ces enfants (παίδες) souffrent de plusieurs maladies de
celles qui frappent les enfants dont on vient de parler (dans l'aphorisme
précédent), parce qu'ils sont de tempérament semblable (τη της
κράσεως όμοιότητι). Cependant, leurs fièvres sont plus longues que
celles des enfants ci-dessus mentionnés. Certes, Hippocrate n'a rien dit
au sujet des fièvres qui prédominent à cet âge-là, mais ses déclarations
présentes indiquent avec évidence que ces fièvres deviennent aiguës. En
effet, les états de santé (διαθέσεις) des enfants évoluent très rapidement
en raison de l'humidité de leur corps et de la faiblesse de leur faculté
naturelle (δια την ύγρότητα του σώματος και την της φυσικής
δυνάμεως άρρωστίαν).»
On le voit : alors que, selon le Galien cité par Stephanos, c'est le ren
forcement des facultés qui explique la longue durée des fièvres chez les
adolescents, le Galien auteur du commentaire invoque au contraire leur
faiblesse, qui fait que les fièvres deviennent rapidement aiguës. Il avoue
en même temps ignorer le genre des fièvres entendues ici par
Hippocrate ; le Galien cité par Stephanos (le Pseudo-Galien) déclare
pour sa part avec assurance : une fièvre déclenchée par des matières
gluantes et épaisses.
Théophile, quant à lui, sans passer par l'intermédiaire de Galien, rap
porte l'opinion identique à celle de Stephanos. Rappelant que plusieurs
maladies propres aux tout jeunes enfants frappent aussi leurs aînés,
Théophile précise77 : «(cela arrive), parce que chez eux également on
trouve à la base la même matière, à cette différence près qu'elle est plus
épaisse et que les fièvres sont de longue durée, parce qu'à la base il y a
une matière épaisse et parce que les facultés sont solides (αί δυνάμεις
έρρωμέναι), ces facultés qui doivent s'adapter à la longue durée de la
maladie (αί όφείλουσαι συμπαραμαρτησαι τω μήκει του
νοσήματος).»
Théophile et Stephanos s'accordent cette fois, à ce qu'il semble, avec
le Pseudo-Galien. Car, si les idées de Théophile, porte-parole
Αρη. IV 21
Commentant Y Aphorisme IV 21 — «Des selles noires comme du sang
qui viennent spontanément... sont très fâcheuses... , avec un purgatif,
cela est meilleur» — , Stephanos précise78 qu'il s'agit ici de l'évacuation
spontanée (αυτόματος, par opposition à l'évacuation artificielle,
τεχνική, dont il a été question jusque-là79). Cette évacuation spontanée
est double ; elle se fait soit selon les lois de la nature (νόμω φυσικω),
soit par la violence du symptôme (βία συμπτώματος). C'est cette der
nière, selon Stephanos, qui fait l'objet de l'aphorisme qu'il est en train
de commenter.
Stephanos commence par un long exposé sur les selles noires, en trois
points80 (τρία τινά δει ημάς ζητησαι : modes d'évacuation, orgines,
différences), suivi81 d'une reprise du lemme et d'une paraphrase explicat
ive (έννοια του αφορισμού).
Après ceci, Stephanos écrit82 : «Et voilà ce qu'en dit Hippocrate.
Quant à Galien, arrivé à ce passage, il dit, dans son commentaire, qu'une
définition complémentaire est nécessaire (δτι προσδιορισμού χρεία) ;
certes, il est vrai que l'évacuation des selles noires après l'administration
d'un purgatif est une bonne chose. En effet, de quoi s'agit-il? — du fait
que les mauvais chymes ont été évacués — ; si, cependant, les selles
noires s'évacuent spontanément, sans prise d'un médicament, cela ne
signifie pas nécessairement quelque chose de funeste.»
Suit une longue explication83 : «Nous avons appris84 en effet que
l'évacuation spontanée est double ; l'une se fait d'une manière naturelle,
l'autre par la violence du symptôme.» La première, loin d'être danger
euse, est même bénéfique, lorsqu'elle se produit au moment critique de
la maladie (εν τΐ) άκμη), au moment où apparaissent les signes d'une
digestion bien faite ; la deuxième, faite par la violence du symptôme,
avant que n'apparaissent les signes d'une digestion accomplie, est
funeste.
Ainsi, pour Galien, il s'agit de l'évacuation faite selon la loi de la
nature qui est bénéfique, si elle se fait à un moment propice. Et c'est ce
que devrait faire connaître le prosdiorismos souhaité par Galien.
durée, à savoir que les selles de ce genre viennent soit tout au long de la
maladie, soit pendant sa plus grande partie. Si Hippocrate voulait indiquer
un temps quelconque, il aurait dit qui sont apparues brusquement ou sur
venues et non pas «qui viennent spontanément». En effet, «qui viennent»
veut dire qui surviennent et non pas qui sont survenues.
Ainsi, il semble que le Pseudo-Galien aussi bien que les tines n'inter
prètent plus Hippocrate, mais Galien, en en extrayant, le premier comme
les deuxièmes, ce qui leur convient.
Serait-on donc, ici encore, en présence de la controverse entre le
Pseudo-Galien et les tines, les porte-parole d'Asclèpios ? Cette hypo
thèse est confirmée, à notre avis, par ce qu'on lit dans le commentaire de
Théophile, celui-là même qui nous transmet, répétons-le, l'œuvre de
l'Exégète Asclèpios : après avoir rappelé, comme Stephanos, qu'il existe
deux genres d'évacuation spontanée, Théophile écrit89 : «Ici Hippocrate
discourt au sujet de l'évacuation qui s'accomplit par la violence du
symptôme...» Dans un bref développement, où l'on reconnaît quelques
éléments qui apparaissent aussi dans le commentaire de Stephanos,
Théophile explique le phénomène des selles noires, pour conclure finale
ment90 : «... (l'évacuation) qui se fait avec l'aide du médicament est plu
tôt bonne, celle qui se fait spontanément est plutôt mauvaise, étant donné
que les selles s'éliminent en tant que symptôme (λόγω
συμπτώματος)...» Et Théophile de régler péremptoirement la contro
verseentre le Pseudo-Galien et les tines (Asclèpios). «Et si quelqu'un
demandait, écrit-il91, d'où l'on sait qu'Hippocrate parle ici d'une évacuat
ion spontanée faite par la violence du symptôme, nous disons : du fait
d'avoir dit "qui viennent". Ce terme (όνομα) indique en effet la durée du
temps (μήκος χρόνου) ; l'évacuation qui se fait par la loi de la nature
chasse les chymes en peu de temps (εν όλίγω χρόνω την άπάλλαξιν
των χυμών ποιείται).»
Αρη. IV 30
L'Aphorisme IV 30 — «Dans les maladies à paroxysme, si le
paroxysme, ayant cessé à une certaine heure, reprend le lendemain à la
même heure, la solution est difficile» — est sémiotique, selon
Stephanos ; plein d' obscurité, il est rejeté par plusieurs exégètes. Aussi
Galien, nous dit Stephanos, propose d'ajouter un complément
(προσθήκην) — à savoir le mot ου ζητώ — , une proposition qui ne se
retrouve cependant pas dans le commentaire de Galien.
Théophile, quant à lui, sans la moindre allusion à un Galien quel
conque, reprend l'opinion du Galien du commentaire, et non pas celle du
Galien cité par Stephanos92.
Αρη. IV 34 (36)
Dans le commentaire à l'Aphorisme IV 34 (36)93 qui traite des sueurs
dans les fièvres — pour être bénéfiques, elles doivent se produire cer
tains jours, le troisième, le cinquième, le neuvième etc. — une aporie
surgit94 : «Pourquoi Hippocrate, ayant mentionné le troisième, le ci
nquième et d'autres jours qui viennent après, a-t-il omis le quatrième jour,
bien qu'il soit, lui aussi, critique ?»
Stephanos propose alors deux solutions ; la première se réclame de
l'autorité de Galien ; la deuxième, qualifiée de «autre raison» (έτέραν
αίτίαν), est opposée explicitement à celle de Galien. Toutes les deux se
retrouvent cependant dans le commentaire de Galien.
1) Stephanos écrit95 : «Galien, arrivé à ce passage, propose dans son
commentaire une explication toute faite (πρόχειρον) ; autrement dit, il
en donne la raison que voici : je crois, dit-il, qu'une erreur de transcrip
tion s'est produite (εγώ οίμαι καλλιγραφικόν γέγονεν σφάλμα) ; il est
en effet possible, comme cela arrive souvent, que celui qui a transcrit le
premier le présent ouvrage, ayant trouvé plusieurs jours impairs, le tro
isième, le septième et le neuvième, et un seul jour pair, le quatrième,
intercalé au milieu, a eu le soupçon que ce quatrième jour n'était pas à sa
place, et c'est pour cela qu'il l'a écarté, ce quatrième jour.»
Regardons maintenant le commentaire de Galien96. Après un rappel
des nombreux travaux qu'il a consacrés au sujet des jours critiques,
Galien s'arrête au problème du «quatrième jour»97 : «... La chose se pré
sente ainsi dans presque toutes les copies (άντιγράφοι,ς) ; on n'inscrit
plus le quatrième jour dans cet aphorisme, bien qu'il soit, à ce qu'il
semble, le premier jour critique. Cependant, s'agissant de notre apho
risme (νυν), soit Hippocrate lui-même, soit le premier copiste, l'ont
passé sous silence... »
2) Revenons à Stephanos, qui continue98 : «Voilà ce qu'en dit Galien ;
mais on peut aussi en donner une autre raison ; la voici : Hippocrate a
mis beaucoup d'empressement et de souci à combattre des maladies
aiguës, parce que c'est un défi qu'elles lancent à l'art (médical) (ως
κατεπείγοντα την τέχνην). Et puisque les maladies aiguës se déclen
chent d'ordinaire à partir d'une matière chaude, les paroxysmes, de
l'avis communément admis (ομολογουμένως), arrivent tous les deux
jours. D'autre part, puisqu'aux mêmes jours où arrivent les paroxysmes,
arrivent aussi les crises, Hippocrate a mentionné pour cette raison le tro
isième, le cinquième (et d'autres jours à la suite), en tant que jours
impairs ; il n'a pas mentionné le quatrième jour en tant que jour pair.»
Aph. IV 35 (37)
Prenons l'exemple de Γ Aphorisme IV 35 (37) : «Les sueurs froides se
déclarant dans une fièvre aiguë indiquent la mort ; dans une fièvre modér
ée,la longueur de la maladie». Après un bref résumé de ses conclusions
antérieures et une démonstration (ύπόθεσις) illustrant les propos
d'Hippocrate101, Stephanos écrit102 : «Tel est le sens de l'aphorisme.
Quant à Galien, arrivé à ce passage, il formule dans son commentaire
Αρη. IV 44 (47)
Une autre proposition de Galien de compléter le texte d'Hippocrate
apparaît à propos de Y Aphorisme IV 44 (47) traitant des évacuations
pendant les fièvres non-intermittentes (expectorations noirâtres, sangui-
103. La fin de la phrase n'est pas très claire {ibidem, p. 30636"39) : και το μεν οξέως
πυρέσσειν έν τω βάθει του σώματος και έν τοΐς άγγείοις εΤναι, τον δε ίδρωτα εν
τινι μορίω είναι και έκχυθηναι ύπο του πυρετού και ποιησαι ψυχρον ίδρωτα.
104. Gal. In Hipp. Aph. IV 37 : Κ. 172, p. 715n-7165s·.
105. Aph. IV 37 : D. II, p. 40810-30.
UN «PSEUDO-GALIEN» 33
Αρη. IV 50 (53)
Dans le commentaire à Y Aphorisme IV 50 (53)110 — «Lorsque, dans
les fièvres, il se forme des viscosités sur les dents, les fièvres deviennent
plus fortes111» — , Stephanos explique que les dents deviennent vi
squeuses en raison des chymes froides et gluantes qui remontent du ventre
106. Voir la note de Littrc sur les interprétations possibles de la fin de cet aphorisme.
107. Aph. IV 44 (47) : W. II, p. 3289"23.
1O8.Gal. In Hipp. Aph. IV 47 : Κ. 172, p. 725n-72710.
109. Aph. IV 47 : D. II, 41312-4144.
1 10. Aph. IV 50 (53) : W. II p. 33630-33815.
111. 'Ισχυρότεροι dans les lemmes de Littré et de Théophile (Asclèpios), ισχυροί
dans le lemme de Galien, ισχυροί dans le lemme de Stephanos et ισχυρώς dans le texte,
avec le commentaire suivant (W. II, p. 33814"15) : Το δε "ισχυρώς" μη νόησης κατά το
σφοδρόν, άλλα κατά το μήκος τοΰ χρόνου, δτι εις μήκος χρόνου έκταΟήσεται το
νόσημα.
34 WANDA WOLSKA-CONUS
Αρη. IV 63 (65)
Après une brève paraphrase explicative de Y Aphorisme IV 63 (65)116
— «Dans les fièvres, une forte chaleur au ventre et la cardialgie sont
fâcheuses» — , Stephanos conclut117 : «Et voici ce que dit Hippocrate.
Arrivé à ce passage, Galien livre au public l'opinion secrète
d'Hippocrate et le sens (de l'aphorisme) (κεκρυμμένην γνώμην και
εννοιαν δημοσιεύει του Ιπποκράτους). Il dit, en effet, qu'il est clair,
à en juger d'après les affections, plus exactement d'après les symptômes
dont il a fait mention, qu'Hippocrate parle de l'érysipèle, autrement dit
qu'il suppose l'existence d'une tumeur érysipélateuse dans la région du
Αρη. IV 66 (68)
U Aphorisme IV 66 (68) — «Dans les fièvres, la respiration entrecou
pée est fâcheuse, car elle annonce le spasme» — donne à Stephanos l'oc
casion de revenir brièvement sur le phénomène, souvent évoqué, de la
respiration122 et de compléter son exposé par une remarque de Galien :
«Quant à Galien, écrit-il123 , arrivé à ce passage, il en donne une merv
eilleuse explication, lorsqu'il dit (θαυμασίως έπέστησεν λέγων) que
l'expression "annonce le spasme" doit être rapportée aussi bien au
spasme qui est déjà là (έπι του δντος) qu'à celui à venir (έπι
προσδοκώμενου). En effet, (cette expression) signale ou bien un spasme
déjà présent (νυν) dans les muscles intercostaux, ou bien elle annonce un
spasme à venir, devant affecter le corps tout entier ; autrement dit, les
118. Ibidem, p. 3728"11 : ... κοιλίαν δέ άκουστέον νυν την σιτοδόχον, ως δηλοϊ το
έπαγαγείν αύτον καρδιωγμόν Ί'σμεν γάρ, τι έστιν καρδιωγμός, δτι Οηξις του
στομάχου της γαστρός... Voir aussi Galien (In Hipp. Aph. IV 65 : Κ. 172, p. 745 16-
7463), qui explique que le mot kardiôgmos signifie «cardialgie», selon les uns, «palpita
tiondu cœur», selon les autres.
119. Aph. IV 45 : W. II, p. 32835-3301.
120. Gal. In Hipp. Aph. IV 65 (Κ. 172, p. 745n-7463s) : κοιλία, καρδία, στόμα της
γαστρός, καρδι.αλγία, καρδιώσσειν, καρδιαλγεΐν, καρδιωγμός.
121. Aph. IV 65 : D. Π, p. 42511"19.
122. Aph. IV 66 (68) : W. Π, ρ. 37617-3788.
123. Ibidem, p. 3789"14.
36 WANDA WOLSKA-CONUS
Αρη. IV 67 (69)
Dans un long commentaire à Y Aphorisme IV 67 (69) — «Quand on
rend des urines épaisses, grumeuses, peu abondantes, et cela sans fièvre,
une grande quantité d'urine ténue, qui succède, soulage : cela se manif
este surtout chez ceux dont les urines déposent dès le commencement
ou peu après» — , conçu dans le cadre d'une théôria 127, suivie d'une
lexis 128, Stephanos se réfère à trois reprises à Galien. «Elle est admir
able, écrit-il129, la sentence (λόγος) que nous transmet maintenant
Hippocrate ; elle est de celles qui s'appliquent à chaque circonstance et à
tout temps, dans la réalité des choses aussi bien que dans les œuvres de
l'art. Arrivé à ce passage, Galien, expliquant le présent aphorisme, dit
dans son commentaire : ce qu'Hippocrate relate ici appartient de nos
jours aux choses courantes (των ως έπι παν και άει γινομένων εστίν),
mais aux hommes de l'époque d'Hippocrate, cela arrivait rarement (των
σπανίως ^σαν). Nous en apprendrons la raison avec la progression de
notre discours. On peut cependant admirer le génie (την μεγαλόνοιαν )
d'Hippocrate, étant donné qu'il a décrit pour nous l'état de choses (την
κατάστασιν) qu'il a vu rarement.»
Stephanos, comme il l'a promis, revient un peu plus loin sur la cause
du phénomène relevé par Galien. Il écrit130 : «Et voilà les choses
qu'Hippocrate nous transmet à travers les remarques que nous venons de
faire (δια τούτων). Il nous faut donc examiner maintenant la cause que
nous avons suggérée plus haut. Eh bien, la raison de la différence (entre
les deux époques) est, selon Galien, la suivante : les affections de ce
genre (ταΰτα) arrivent de nos temps de manière générale et tous les
jours (ώς επί παν και άει), parce que les hommes mènent actuellement
une vie efféminée, au milieu des fêtes, des beuveries et dans l'oisiveté ;
aussi les chymes épais et crus qui s'accumulent à la suite de continuelles
indigestions font qu'à notre époque ces affections sont communes. À
l'époque d'Hippocrate, au contraire, elles arrivaient rarement, parce que
les hommes étaient occupés à travailler et à cultiver la terre (τη
γεωπονία και γεωργία έσχόλαζον) ; ils ne savaient pas s'adonner à la
vie molle et voluptueuse ; ils usaient d'une nourriture simple et ne ces
saient pas de faire des exercices ; alors (το τηνικαΰτα), ils n'accumul
aient pas de résidus superflus et n'amassaient pas de chymes crus ; aussi
tombaient-ils rarement malades, victimes de cette affection. Voilà ce
qu'on peut dire en guise d'introduction au discours (hippocratique)
(ταΰτα ως εν προθεωρία ειρήσθω του λόγου).»
Stephanos reprend alors quelques phrases du lemme (? lexis), et c'est
à propos de l'expression «(urine) tenue qui succède, soulage» qu'il cite,
une fois de plus, Galien. «Ici, Galien, écrit-il131, fait la remarque suivante
(έπεσημήνατο) dans son commentaire : voilà, ici encore Hippocrate a
substitué la cause efficiente au signe (άντι του δηλωτικοί) το ποιητικον
τέθεικεν), comme si c'était l'urine tenue qui soulagerait; ce n'est pas
l'urine qui soulage, mais bien la faculté (δύναμις) qui digère (l'urine)
épaisse et grumeuse et la rend ténue ; c'est elle la cause efficiente du
soulagement, j'entends la faculté et non pas l'urine. Par contre, c'est
l'urine qui indique et en quelque sorte signale que la matière a été digé
rée; elle n'est pas la cause efficiente. Il est arrivé à Hippocrate de comm
ettre cette erreur (τοΰτο δέ πέπονθεν), parce que, comme nous
l'avons dit à plusieurs reprises, pressé par les choses (έπειγόμενος περί
τα πράγματα), il néglige l'élégance du style (καταφρονεί το
καλλώπισμα της φράσεως).»
Aucune de ces trois interventions de Galien citées par Stephanos ne
figure dans le commentaire de Galien132; ni non plus, d'ailleurs, dans
celui de Théophile, dont le texte, du moins sa première partie, conçue
sous la forme d'une confrontation entre les médecins133, se retrouve dans
la théôria de Stephanos.
Αρη. IV 77 (79)
Nous avons déjà eu l'occasion d'examiner Y Aphorisme IV 77 (79) —
«Chez les gens qui ont dans l'urine les dépôts de grains de sable, la ves
sie ou le rein souffrent de lithiase» — , à propos des expressions telles
que τινές, έτεροι, άλλοι, άλλη έξήγησις, qui, dans certains cas, ren
voient au texte de Théophile, autrement dit, dans notre hypothèse, à
Asclèpios, l'Exégète du présent ouvrage134.
Nous n'aurons plus à y revenir, sauf pour évoquer deux variantes des
manuscrits signalés par Stephanos : certains d'entre eux (τινά των
αντιγράφων), dit-il, donnent «la vessie ou le rein» — c'est la variante
qu'il choisit — ; d'autres, ajoute-t-il, n'ont que la «vessie»; c'est la
leçon, — mais il ne le dit pas — , qu'on trouve dans le commentaire de
Galien. En effet, tout en gardant cette leçon tronquée par rapport à celle
retenue par Stephanos, sans la moindre allusion aux variantes qu'on
découvre dans les manuscrits, Galien135 envisage l'omission possible des
mots «ou le rein» par Hippocrate lui-même ou par l'un des premiers
copistes. De cette constatation, il ne tire cependant pas de conséquence,
puisqu'il garde la leçon traditionnelle «la vessie». Ce sont les exégètes
des générations suivantes (οι νεώτεροι) qui s'en sont chargés136 et parmi
eux la source de Stephanos, ό Νεώτερος 'Εξηγητής, dans notre hypot
hèse, un Pseudo-Galien.
Comme aussi, d'ailleurs, l'Exégète Asclèpios, à en croire Théophile,
son porte-parole, qui, sans faire allusion aux variantes des manuscrits ou
à un Galien quelconque, adopte la leçon η κύστις... η νεφρός137.
Αρη. IV 80 (82)
Venons-en à Y Aphorisme 80 (82) : «Chez ceux à qui il vient des tuber
cules138 dans l'urètre, ces tubercules suppurant et s'ouvrant, il y a solu
tion.» Stephanos écrit139 : «Cet aphorisme est clair et son sens est évi
dent. Il dit en effet : "si les tubercules (φύματα) se forment" ; nous
savons ce qu'est le "tubercule". Eh bien, ici (νυν) par urètre, Hippocrate
entend le col de la vessie. Puisqu'il est donc dit : si les tubercules se fo
rment dans l'urètre et si, une fois arrivés à suppuration — plus précisé
ment à la formation de pus — , ils crèvent (έκραγέντα), une résorption
(λύσις) de la tumeur (του δγκου) s'ensuit. Ceux qui l'ont expliqué
134. Aph. IV 77 (79) : W. II, p. 42030-42212s ; cf. REB 54, 1996, p. 36-37.
135. Gal. In Hipp. Aph. IV 79 : Κ. 172, p. 775"-7762.
136. Voir Littré, IV, p. 531, ad locum, qui pense que les manuscrits «qui portent ή
κύστις η νεφρός avaient été corrigés d'après le commentaire de Galien.»
137. Aph. IV, 79 : D. II, p. 43513"21.
138. Φύματα, dans le texte, que nous traduisons, en nous écartant de la traduction de
Littré («tumeurs») et en nous inspirant de celle de Kühn, par «tubercule» (petite tumeur
ou excroissance!), opposé, par la suite, dans le commentaire de Stephanos, à ογκος-
«tumeur».
139. Aph. IV 80 (82) : W. II, p. 42623-4282.
UN «PSEUDO-GALIEN» 39
Aph. IV 81 (83)
Le commentaire à Γ Aphorisme IV 81 (83) — «Uriner beaucoup pen
dant la nuit annonce des évacuations alvines peu abondantes» — débute
par un long exposé qualifié de προθεωρία. Il se développe en trois par-
144. Aph. IV 81 (83) : W. II, p. 43028-4328. Il est intéressant de comparer les indica
tionspratiques et directes de Stephanos avec l'énoncé du principe thérapeutique seul de
Galien (In Hipp. Aph. IV 83 : Κ. 172, p. 77912-7803).
145. Aph. IV 81 (83) (W. II, p. 4321316, et Stephanos d'ajouter: ούχ οτι και έν τη
ήμερα ου γίνονται ταύτα, ού τοϋτό μου λέγοντος1 ενδέχεται γαρ μετά την τροφήν
ύπνώσαι και γενέσθαι ταΰτα' άλλα μετά αληθείας ού τοσαΰτα ύπνοΰμεν έν τη
ημέρα οσα έν τη νυκτί, καΐ δια τούτο έκ του ώς έπί παν έποιήσατο τον λόγον.
146. Ibidem, p. 43217"20.
147. Ibidem, p. 43218 : έν νυκτί, alors que dans le lemme on lit έκ νύκτωρ. Cette
divergence entre la citation d'Hippocrate dans le texte et le lemme n'est pas rare dans le
commentaire de Stephanos.
148. Ibidem, p. 43220"22 : les paroles attribuées ici à Galien ne sont qu'une répétition de
ce qui précède, ou bien, phutôt, une maladresse de Stephanos.
149. Ibidem, p. 4322227.
UN «PSEUDO-G ALIEN» 41
Aph. V 5
À propos de Y Aphorisme V 5 — «Si un homme ivre perd subitement
la voix, il meurt saisi de spasmes, à moins que la fièvre ne survienne ou
que, atteignant l'heure où l'ivresse se dissipe, il ne recouvre la
parole» — , Stephanos écrit ce qui suit153 : «Arrivé à ce passage, Galien
dit qu'il ne faut pas lire l'aphorisme en question de la façon que voici :
"Si un homme perd subitement la voix — virgule— pris de spasmes il
meurt" il ne faut pas le lire ainsi ; au contraire, il faut continuer (la
;
phrase) jusqu'aux mots "à moins que la fièvre ne survienne", et ainsi de
suite. En effet, pourquoi meurt-on ? Pas à cause du spasme, mais à cause
de l'aphonie, autrement dit de l'apoplexie. En effet, si nous lisons
(l'aphorisme) de cette façon, les paroles d'Hippocrate prennent une tour
nure correcte et deviennent faciles à suivre. Et voici l'explication admir
able qu'en a fait Galien.»
Remarquons cependant que cette proposition de changer la ponctuat
ion ne se lit pas dans le commentaire de Galien.
Quant à Théophile, il ignore cette «explication admirable» attribuée
par Stephanos à Galien ; en tout cas, il n'y fait pas la moindre allusion.
Αρη. V 7
Le commentaire de Stephanos à Y Aphorisme V 7 — «L'épilepsie qui
survient avant la puberté est susceptible de guérison ; mais celle qui sur
vient à vingt-cinq ans ne finit ordinairement qu'avec la vie» — partage
certes plusieurs idées avec le commentaire de Galien154. Cependant, c'est
à propos de la définition de l'âge de la puberté que Stephanos cite
Hippocrate et Galien : «Hippocrate, écrit-il155, dit que la puberté va de
quatorze à vingt-cinq ans ; Galien dit la même chose dans son commenta
ire», ce qui est, pour une fois, parfaitement exact156.
Aph. V 8
Venons-en à Y Aphorisme V 8 : «Si un homme est pris par un spasme
ou un tétanos, la fièvre aiguë survenant fait cesser la maladie.»
Stephanos écrit158 : «Certains (tines) affirment que cet aphorisme est une
interpolation. En effet, il n'apporte rien de neuf par rapport à
Y Aphorisme qui dit... (II 26). D'autres (hétéroi), cependant, soutiennent
que (les deux aphorismes) diffèrent (l'un de l'autre) pour autant que le
premier traite du spasme seul, alors que celui-ci (parle) du tétanos égale
ment. Ou encore on peut avancer que le tétanos lui aussi est une espèce
de spasme, si l'on ose dire, comme le fait Galien qui dit que, dans le cas
du tétanos, les parties (du corps) affectées par le spasme ne se laissent
pas voir, et l'on n'a pas l'impression de voir le tétanos, car la forme de la
colonne vertébrale reste droite dans le cas du tétanos...»
Ainsi l'attribution de cette réflexion à Galien est claire ; cependant, ni
Galien, dont nous lisons le commentaire, ni Théophile (Asclèpios) ne
semblent connaître l'existence de cet aphorisme. Une fois de plus, nous
rencontrons ce Galien mystérieux, amplement utilisé par Stephanos,
resté inconnu de Théophile.
162. Stephanos complète son exposé en se référant aux Maladies des femmes I 35 (L. 8,
p. 821318). Il écrit (Aph. V 1 1 (10) (W. III, p. 42917) : Οΰτως γαρ και έν τοϊς Γυναικείοις ο
'Ιπποκράτης άπεφήνατο λέγων οτι "γυνή εάν μετά το τεκείν αυτήν μη καθαρθη την
λοχικήν κάθαρσιν, άλλ'έμμένη, τοΰτο έμμένον σήπεται και σηπόμενον άνάπτει
πυρετόν"· καΐ επειδή είώθασιν οί τοιούτοι πυρετοί έν τΐ) τεσσαρεσκαιδεκάτη
κρίνεσθαι, πόθεν δει άριθμησαι τήν τεσσαρεσκαιδεκάτην ήμέραν; ' Αρα άφ'οδ ετεκεν
ή γυνή και έπεσχέθη ή λοχική κάθαρσις ή άφ'οδ ό πυρετός άνήφθη; Και λέγει ό
'Ιπποκράτης έκεϊσε οτι άφ'οδ ετεκεν ή γυνή και έπεσχέθη ή λοχική κάθαρσις δεϊ
άριθμησαι τήν τεσσαρεσκαιδεκάτην ήμέραν, επειδή άπό τότε ένεφώλευεν ή
νοσοποώς αιτία και άπό τότε έμελετατο το νόσημα. L'opinion attribuée ici à
Hippocrate ne figure pas dans le traité Sur les maladies des femmes.
163. Gal. In Hipp. Aph. V 10 (K. 172, p. 7956"15), où l'on retrouve quand même
quelques idées exposées par Stephanos (dans le cadre d'une rencontre de deux médecins
au chevet d'un malade), par exemple le diagnostic de la maladie d'après le pouls (Aph. V
ευφορία·
11 (10) (W.και III, επιβάλλει
p. 4017"29) : τους
ου γαρδακτύλους
αρκείται (όαύτοΰ
επιστήμων
τώ καρπω
ιατρός)του
επί κάμνοντος
τη πεπλασμένη
και
σφυγμολογεϊ αυτόν. Και έάν εΰρη τους σφυγμούς σκληρούς και άνωμαλίαν τινά
καΙ άταξίαν έχοντας, επιμένει λυπούμενος... ει δέ γε εΰρη τον σφυγμόν μαλακόν
καΐ όμαλόν και τεταγμένον, εΰρη δέ καΙ ευπνουν τον οίνθρωπον και τήν δύναμιν
άνανεύουσαν, ευφραίνεται και άγάλλεται ό επιστήμων ιατρός....
164. Théophile, dont le texte se retrouve partiellement dans le commentaire de
Stephanos, n'a que ceci (Aph. V 10: D. II, p. 44613"15) : Έβδόμην δέ ήμέραν
άκουστέον, ουκ άφ'οδ ή μετάστασις γέγονεν, άλλ'έξ αρχής του νοσήματος. Aucune
allusion à Galien.
165. Aph. V 11 (10) (W. III, p. 421831) : Ένταΰθα δέ γενόμενος ό Γαληνός καλώς
πάνυ καΙ θαυμασίως επεσημήνατο λέγων οτι ου δει άποφαντικώς άναγνώναι τον
παρόντα άφορισμόν, άλλ'ύποθετικώς. Ό γαρ 'Ιπποκράτης άποφαντικόν έποιήσατο
τον λόγον, ου δει δέ οΰτως άναγνώναι, άλλα δει τον "και" σύνδεσμον ανωτέρω
λεχθήναι. Οΰτως γαρ εφη- "όκόσοι κυνάγχην διαφύγωσιν, εις τόν πνεύμονα αύτοϊς
τρέπεται". Ού δει οΰτως άναγνώναι άποφαντικώς, άλλ'ύποθετικώς τοϋ "καΙ
συνδέσμου ανω προστιθεμένου, Ίνα εσηται οΰτως ό λόγος· "όκόσοι κυνάγχην
διαφεύγουσιν καικαΙειςτα τόν
άποθνήσκουσιν" λοιπά.πνεύμονα
Έάν γαραύτοΐςοΰτως τρέπεται,
άναγνώμενέν μετάεπτάτοϋήμέραις
"και"
συνδέσμου, υποθετικός ευρίσκεται ό λόγος και εύοδοΰνται ήμΐν τα νυν
ύφ"
Ιπποκράτους λεγόμενα. Ουδέ γαρ πάντως εις τόν πνεύμονα μεταδίδοται ή ΰ-
λη, άλλ'εΐς τα κενά του θώρακος καΙ κοίλα, και το τηνικαΰτα ανάγεται εκείνη ή ΰ-
λη καΙ ούκ εσται απειλή θανάτου.
44 WANDA WOLSKA-CONUS
d'une manière admirablement juste, lorsqu'il dit qu'il ne faut pas voir
dans l'aphorisme en question une affirmation, mais bien une hypothèse.
Hippocrate, il est vrai, a composé un aphorisme affirmatif ; cependant, il
ne faut pas le prendre pour tel, mais il faut placer un peu plus haut la
conjonction et ; Hippocrate s'exprime en effet de la manière que voici :
"Ceux qui échappent à l'angine, le mal se porte chez eux sur le pou
mon". Il ne faut pas lire cet aphorisme ainsi, comme une affirmation ; il
faut le lire comme une hypothèse, après avoir ajouté, en la remontant, la
conjonction et, pour que l'aphorisme se présente comme suit : "Ceux qui
échappent à l'angine et (le mal) se porte chez eux sur le poumon, ils
meurent en sept jours", et ainsi de suite. Si nous lisons cet aphorisme
ainsi, avec la conjoncton et, il se trouvera être hypothétique et les paroles
d'Hippocrate prennent une tournure correcte. En effet, ce n'est pas tou
jours que la matière se porte sur le poumon, mais sur les creux et les
cavités du thorax ; alors la maladie remonte vers le haut, et il n'y a plus
menace de mort.»
Eh bien, en dépit des allégations de Stephanos, rien de tel ne se lit
dans le commentaire de Galien.
Il est cependant intéressant de constater que Stephanos aussi bien que
Théophile166 adoptent dans le lemme la leçon qu'ils contestent, ou du
moins qu'ils jugent peu satisfaisante, alors que, dans le corps de leur
commentaire, ils en proposent une autre, meilleure à leur avis, une leçon
que Stephanos attribue à Galien (Pseudo-Galien) et que Théophile intro
duit avec les mots : "Ινα σαφής γένηται ό αφορισμός, ύπερβιβαζέσθω
ό και σύνδεσμος και άναγινωσκέθω οΰτως... Une contradiction qu'il
est préférable, dans l'état actuel de nos analyses, de constater que d'en
chercher l'explication.
Αρη. V 14 (13)
U Aphorisme V 14 (13) — «Chez ceux qui crachent (άναπτύουσι) du
sang écumeux, ce sang vient du poumon» — donne à Stephanos l'occa
sionde s'arrêter, avec une référence à Galien, sur les différentes leçons
des manuscrits : «Arrivé à ce passage, écrit-il167, Galien a signalé que
certains manuscrits donnent "vomissent", d'autres "expectorent en tous
sant", d'autres encore "crachent". Ceux qui ont "vomissent" ont une
mauvaise leçon. En effet, on ne dit pas "vomir" pour les matières qui
remontent (τα αναγόμενα) de la poitrine ou des organes respiratoires,
166. Aph. V 10 (D. II, p. 4-11) : "Ινα σαφής γένηται ό αφορισμός, ύπερβιβαζέσθω
ό "καΐ" σύνδεσμος και άναγινωσκέσθω ούτως- "όκόσοι κυνάγχην διαφεύγουσι καΐ
εις τον πνεύμονα γίνεται ή μετάστασις, οδτοι έν επτά ήμέραις άποσθνήσκουσιν".
η""Εάν γαρ έν άκυροτέρω μορίω ούσης της ϋλης, τουτέστιν έν φάρυγγι, θανάσιμον
ν, πολλφ μάλλον έπι κυρίω μορίφ, τουτέστιν έν πνευμόνι μετενεχθείσης της ϋλης,
ό θάνατος επακολουθήσει, πνιγμοΰ γεγονότος... À comparer avec les textes de
Stephanos transcrits ci-dessus dans les notes 161 et 165.
167. Aph. V 14 (13) : W. III, p. 5014"27.
UN «PSEUDO-GALIEN» 45
mais bien pour celles qui viennent des parties concernant la nourriture,
j'entends l'estomac et le ventre, et d'autres organes de ce genre. On ne
dit pas "vomir", comme on l'a déjà fait remarquer, pour les matières
remontant des parties respiratoires. À moins qu'on soutienne
qu'Hippocrate a dit "vomissent" en prenant en considération l'abon
dance et la quantité de sang qui s'écoule, puisque "vomir" (fait penser) à
des flots compacts qui se répandent. Cependant, que le sang rejeté soit
abondant ou de petite quantité, on peut affirmer que, de toutes façons, les
gens meurent des suites d'un tel mal168 ; mais ce n'est pas sur quelque
chose de ce genre qu'Hippocrate tient son discours. Et si les manuscrits
donnent "expectorent en toussant" ou "crachent", ils donnent une bonne
leçon, puisque nous avons l'habitude de dire "expectorent en toussant"
ou "crachent" en parlant des matières qui remontent des organes respira
toireset de la poitrine169.»
Les remarques de Stephanos, on les retrouve dans le commentaire de
Galien170. Les trois mots (έμέουσι, άναβήττουσιν, άναπτύουσιν) y
sont mis en relation, comme chez Stephanos, avec la notion de la quant
itéde sang rejeté et avec les parties du corps lésées.
Théophile171, dans son commentaire, très bref, plus proche de celui de
Stephanos que de celui de Galien, ne dit pas autre chose.
168. Cette conclusion de Stephanos est à rapprocher de l'opinion de Galien : voir ci-
dessous, la note 170.
169. Stephanos explique longuement pourquoi le «sang écumeux» indique qu'il vient de
poumon (Aph. V 14 (13) (W. III, p. 4820'37) ; ΕΊ'ρηται οτι ό πνεύμων ÔLa την καρδίαν
έγένετο· αυτί) γαρ υπουργεί ôtà το ριπίζειν και ανεγείρει το εμφυτον θερμόν και
είσάγειν καθαρόν αέρα, έξάγειν δε τα λιγνυώδη περιττώματα. Διό δια τοΰτο γέγονεν
αυτός ό πνεύμων λεπτός τΐ) ουσία και κουφός καΐ μανός καΐ σομφώδης και τα
τοιαύτα, δια την καρδίαν. "Οθεν καΐ άπό λεπτομερούς και κούφου αίματος
τρέφεται... και κατά άλλον τρόπον ούκ ήδύνατο άπό παχύτερου α'ι'ματος τρέφεσθαι,
δια τό άεικίνητον άει γαρ κινείται· άει δε αυτοί) κινουμένου ούκ εφθαζεν πέψαι καΐ
άλλοιώσαι τό παχύτερον αίμα... 'Εάν οδν αφρώδες αίμα άναπτύεται υπό τίνος, εσο
γινώσκων οτι έζ αύτης της ουσίας του πνεύμονός έστιν τό άναγόμενον...
170. Gal. In Hipp. Aph. V 13 (Κ. 172, p. 79710-7985) : Και τών αντιγράφων τα
πολλά και τών έζηγησαμένων τό βιβλίον ούκ ολίγοι ϊσασι κατά τήνδε την λέξιν τόν
άφορισμόν γεγγραμένον, "όκόσοι αφρώδες αίμα έμέουσι". Καί τινές γε την
έξήγησιν αύτου ποιούμενοι πλήθος ένδείκνυσθαί φασι τουνομα καί δια τοΰτο άπό
του κυρίου μετενηνέχθαι. Προδήλως δ'οδτοι καταψεύδονται τοΰ φαινομένου.
Πολλάκις γαρ ώπται πτύσις αίματος αφρώδους άνευ πλήθους γεγενημένη. Εί μεν
οδν όντως ύφ" Ιπποκράτους οί5τως έγράφη, κατακεχρησθαι τη προσηγορία
φήσομεν αυτόν. Ού γαρ δη τό μεν πολύ την έκ πνεύμονος άναγωγην δηλοϊ, τό
δ'όλίγον έξ αλλού τινός.
171. Aph. V 13 : D. Π, ρ. 44729-4485.
46 WANDA WOLSKA-CONUS
Αρη. V 23 (22)
Dans un très long commentaire172 au très long Aphorisme V 23 (22)
sur les bienfaits de la chaleur suppurative pour différentes affections173,
Stephanos cite Galien à deux reprises.
Une première fois à propos de l'expression μέγιστον δε σημείον ές
άσφαλείην («signe très important pour assurance»)174 : «Galien dit que
cette phrase a été interpolée. Et il (? Hippocrate) énumère d'autres mala
dies et y associe la plaie175. En effet, que dit-il? "La chaleur est suppurat
ive dans les plaies" et il ajoute en disant : "signe très important" — Quel
signe? Eh bien, le pus — "pour assurance", et il (qui? Hippocrate ou,
plutôt le Pseudo-Galien cité par Stephanos qui croit que la phrase est
interpolée?) veut qu'on ajoute de la guérison, de sorte justement qu'(on
obtienne ceci) : le pus, s' agissant des plaies, est le signe le plus sûr et le
plus important de retour prochain à la santé. C'est ainsi que dans le Περί
τροφής116 il dit aussi : "le pus, aliment des plaies".»
Tout ce développement est très maladroit. Il s'agit sans doute des notes
prises à la hâte par un auditeur ou par Stephanos lui-même parcourant rap
idement, avant son cours, le commentaire de Galien (du Pseudo-Galien).
Ou peut-être, plus simplement, le texte est-il lacunaire ou corrompu.
Si, dans le commentaire de Galien, par ailleurs très proche de celui de
Stephanos, on ne trouve rien sur les interpolations et les compléments à
apporter au texte d'Hippocrate, il semble bien d'autre part que ce soit lui
qui a inspiré les remarques du Pseudo-Galien cité par Stephanos. Galien
écrit177: «Le signe important d'assurance, s'agissant des plaies, est
Aph. V 27 (25)
Venons-en à V Aphorisme V 27 (25), déjà examiné à propos des rap
ports qui s'établissent, à notre avis, d'une part entre le Galien cité par
178 Aph. V 22 (D. II, p. 45414"18) : Λοιπόν έπι των απλών ελκών έκπυητικδν το
θερμδν και μέγιστον σημεϊον "ές άσφαλείην", τουτέστι μέγιστον καΐ άσφαλέστατόν
έστι σημεϊον το πύον τοϊς ελκεσι του εις ύγείαν μέλλειν τρέπεσθαι, cf. n. 174.
179 Aph. V 23 (22) (W. Ill, p. 846"17) : Ει γαρ το ψυχρόν πολέμων έστι νεύροις, το
θερμόν ώφέλιμον αύτοϊς έστιν. Ή ώφέλιμόν έστι το θερμόν, ώς δοκεϊ τώ Γαληνώ,
τοις νευρώδεσι μορίοις τον τρόπον τούτον φησιν γαρ εν τώ ύπομνήματι οτι ταΰτα
τα μόρια νευρώδη είσιν καΐ οίον θύραι και πύλαι κυρίων μορίων είσίν. Ει μέν γαρ
δι'εδρας διήκει και διέλθη ή ψΰξις, πλήττονται έντερα, είτα γαστήρ και στόμαχος,
και βλάπτονται αί πέψεις· ει δέ δι'αίδοίων διέλθη, πλήττονται ουρητήρες, κύστις,
νεφροί, ί)παρ, και έμπνευματοϋνται· ει δέ δια του τραχήλου της μήτρας διέλθη,
πλήττεται αύτη ή μήτρα καΐ γίνεται άγονία. Του οδν ψυχροΰ πολεμίου οντος και
κτείνοντος εν τούτοις τοις μορίοις δια το είναι θύρας καΙ οίον πύλας κυρίων μορίων,
καθώς τω Γαληνώ δοκεϊ, ούκουν τδ θερμόν ώφέλιμον αύτοΐς έστι και κρίνον.
180. Gal. In Hipp. Aph. V 22 : Κ. 172, p. 81016-8119.
48 WANDA WOLSKA-CONUS
Aph. V 34 (33)
Passons à Γ Aphorisme V 34 (33) : «Chez une femme dont les règles
manquent, il est bon que du sang s'écoule par les narines.» Stephanos
écrit185 : «Arrivé à ce passage, Galien dit que le texte de cet aphorisme a
servi à Hippocrate d'exemple, puisque, lorsque les règles s'arrêtent chez
la femme et que le sang s'écoule par n'importe quel conduit, c'est cette
matière (qui a été retenue) qui s'élimine, et cela ne peut pas nuire ; au
contraire, cela est bon, non seulement si, pour s'évacuer, la matière
s'écoule par les narines, mais aussi par le siège, sous forme d'hémorr
oïdes,ou par d'autres voies de ce genre ; cela est bon, puisque, comme
186. Gal. In Hipp. Aph. V 33 (Κ. 172, p. 8227-8235, spécialement p. 8234"5) : ...
φαίνεται γαρ ενίοτε δι'ένός ώς παραδείγματος ό 'Ιπποκράτης αποφαινόμενος
υπέρ τών ομοίων απάντων.
187. Aph. V 31-32 ( = 32-33) : D. Π, p. 4621322.
188. REB 52, 1994, ρ. 49.
189. Aph. V 41 (40) (W. Ill, p. 12420s) : texte cité dans YzREB, art. cit., n. 158.
190. Gal. In Hipp. Aph. V 40 (K. 172, p. 83210'14) : 'Εγώ μεν οδν οϋπω τούτο
γενόμενον έθεασάμην, ώστε ει καΐ γίνεται ποτέ μέν τών σπανίων εστίν. Ό
'Ιπποκράτης δ'ώς έωρακώς αύτο γράφει· και ε'ι'περ γε αληθές έστι, τοιάνδε τινά
χρή νομίζειν αύτης την αίτίαν ύπάρχειν...
191. Ibidem, ρ. 83214-83310.
192. Aph. IV 41 (40) : W. Ill, p. 12421"23 : 'Αλλ' επειδή ΐσμεν μηδέποτε ψευσάμενον
τον Ίπποκράτην, παραμυθίας ένεκεν τοϋ λόγου έξηγησώμεθα αυτόν τον τρόπον
τοϋτον... Cf. REB 52, 1994, p. 49, n. 160.
50 WANDA WOLSKA-CONUS
194. Aph. V 65 (621) (W. III, p. 16629"34) : Φησϊν ό Γαληνός δτν Ει ηλ> δυνατόν
καινοτομησαι την λέξιν των αφορισμών και νεωτεροποιησαι, τον παρόντα
άφορισμον συντάζαι εΐχον έκείνω τω λέγοντι "έαν γυνή μή λαμβάνη έν γαστρί,
βούλει δε είδέναι ει λήψεται", χρησαι τη πυρία· και ει μεν δια βάθους τοΰ σώματος
ελθη ή όσμη περί το στόμα καΐ τους μυκτηρας, σημαίνει το άπηλλάχθαι την μήτραν
παντός οργανικού πάθους, ου μην άλλα και πάσης δυσκρασίας.
52 WANDA WOLSKA-CONUS
195. Ibidem, p. 16634-1687 : Ταύτα νϋν παραδίδωσιν ήμΐν φησιν γαρ "όκόσαι
πυκνάς και ψύχρας τας μήτρας εχουσιν ού κυΐσκουσιν", επειδή ή ψυξις ούχ έλκει
το σπέρμα, αλλά καΐ πυκνοί τήν μήτραν "όκόσαι ύγράς τάς μήτρας εχουσιν, ουδέ
αδται κυΐσκουσιν", επειδή ή ύγρότης κατακλύζει το σπέρμα- "όκόσαι δε ξηράς"
εχουσιν, ετι μάλλον αγονοί εΐσιν, επειδή ή ξηρότης πυκνοί τήν μήτραν ομοίως καΐ
αί θερμήν εχουσαι ού κυΐσκουσιν, επειδή ή θερμότης διαχεΐ καΐ διαφορεΐ το
σπέρμα, ή οτι έξικμάζεται αυτή ή ίκμάς τοϋ σπέρματος ύπο της θερμότητος. Δια
γαρ του ειπείν αυτόν "διακαείς" τήν θερμήν δυσκρασίαν έδήλωσεν, δαπανά γαρ
καΐ έξαναλίσκει τήν ίκμάδα του σπέρματος, και ανικμον μένον αγονον ευρίσκεται.
(«Voici ce qu' (Hippocrate) est en train de nous transmettre ; il dit, en effet : "Celles qui
ont des matrices denses et froides ne conçoivent pas", puisque le froid n'attire pas la
semence et, de plus, rend la matrice dense ; "celles qui ont la matrice humide, celles-là
non plus ne conçoivent pas", puisque l'humide submerge la semence ; celles, au contraire,
qui "l'ont sèche" sont stériles à plus forte raison, puisque le sec rend la matrice dense ; il
en va de même de celles qui ont la matrice chaude ; elles ne conçoivent pas, elles non
plus, puisque la chaleur dissout et évacue la semence ; ou bien parce que l'humidité s'éva
pore elle-même sous l'action de la chaleur. En effet, par le fait d'avoir dit "ardentes"
Hippocrate a désigné la dyscrasie chaude, car elle consume et détruit l'humidité de la
semence ; privée d'humide, celle-ci se retrouve inféconde.»)
196. Gal. In Hipp. Aph. V 62 : Κ. 172, p. 86116-86413.
197. Aph. 65 (62) (W. III, p. 1688"13) : Καλώς δε πάνυ το "άμαυρουται"· δια γαρ
τούτου έδήλωσεν το οίον κατακλύζεσθαι το σπέρμα ή το οίον έκλύεσθαι αυτό.
(«C'est une belle expression "s'émousse" ; Hippocrate a fait comprendre par là que la
semence se remplit d'eau et en quelque sorte se dissout») — Καλώς δε και το "ό γόνος"
ε'ιρηται· γόνιμα γαρ λέγονται πάντα τα σπέρματα, είτε έν τη γη καταβληθώσιν ε'ιτε
έν xf) μήτρα (cf. Gal. In Hipp. Aph. V 62 : Κ. 172, p. 8645"10), και γόνιμα είσιν τα
κρατούμενα και όμοια ποιουντα. Δια γοϋν του ειπείν αυτόν "ό γόνος" έσήμανεν
μετά το ήδη κρατηθήναι το σπέρμα, τότε έκκριθήναι. («Et voilà une belle expression,
elle aussi, "féconde". On appelle en effet fécondes toutes les semences, qu'on les jette
dans la terre ou dans la matrice ; sont (donc) fécondes les semences qui, une fois retenues
(dans la matrice), produisent des êtres qui leur ressemblent. Aussi par le fait d'avoir dit
"féconde", Hippocrate a fait comprendre que c'est déjà après avoir été retenue (dans la
matrice) que la semence s'en trouve éliminée.»)
198. Gal. In Hipp. Aph. V 62 : Κ. 172, p. 8658-8663.
UN «PSEUDO-GALIEN» 53
Αρη. V67(63)
Les deux commentateurs continuent leur discours contestant l'authent
icité de Γ Aphorisme V 67 (63) — «II en est de même des mâles ; ou
bien, le corps étant lâche, le pneuma se dissipe au dehors...» — ,
Stephanos, avec une référence à Galien, Galien à ce qu'il a déjà déve
loppé à propos de Y Aphorisme V 66 (62) :
206. Aph. V 67 (W. III, p. 17015"17) : Δια ταύτας ού"ν τας αιτίας και οι ανδρες
αγονοί εΐσιν. Καθολικοί δέ είσιν οι κανόνες και γενικοί, έφ' ων έπι αμφοτέρων
άρμόζουσι, καΐ έπι των γυναικών και έπι των ανδρών, αϊ αύται αΐτίαι.
207. Ibidem : Πλην έμνημόνευσε τινών έξ αυτών, έμνήσθη γαρ ψυχρότητος και
θερμότητος, αλλά ξένοις τισίν όνόμασιν έχρήσατο.
208. En effet, au lieu de continuer avec le sec et l'humide, l'auteur de l'aphorisme
(interpolé ?) introduit la porosité (lâcheté) et la densité (du corps).
209. Aph. V 67 (63) (W. III, p. 17020"24) : Ειρήσθω δέ και ό προσδιορισμός öv καί
ανωτέρω εΐρήκαμεν, οτι εάν δια ψυχρότητα το σπέρμα του ανδρός αγονόν έστιν, ή
δέ γυνή θερμή ευρέθη, εκ τών δύο δυσκρασιών μίζις τις γίνεται καί κρασις, έφ' f)
56 WANDA WOLSKA-CONUS
κράσει γόνιμον ευρίσκεται το σπέρμα. Και όπερ έπι του ενός ήμεΐς είρήκαμεν, συ
είπε καΐ έπι τών άλλων δυσκρασιών τα αυτά άντιπαραβάλλων.
210. Aph. V 66 (622) : W. Ill, p. 16816"25 ; cf. REB 54, 1996, ρ. 22-23.
211. Aph. V 67 (63) (W. Ill, p. 17025"29) : '"Ή δια την αραιότητα τοο σώματος το
πνεΰμα εξω φέρεται". Το λεγόμενον τοιούτον έστιν, οτι έαν άραιόπορον έχει το
σώμα ό άνήρ καΐ εύδιαφόρητον, διαφορεϊται το πνεύμα το έν τω σπέρματι και ουκ
ακοντίζεται ουδέ παραπέμπεται έν τώ κόλπω της μήτρας' τούτο δε μη
παραπεμπόμενον ού ζωογονείται, άλλ' αγονον ευρίσκεται προδήλως.
212. Gal. In Hipp. Aph. V 63 : Κ. 172, p. 8707"9 s.
UN «PSEUDO-GALIEN» 57
213. Aph. V 67 (63) (W. Ill, ρ. 17030"32) : '"Ή δια την πυκνότητα το ύγρον διαχωρεέι
εξω". "Πυκνότητα" την ξηρότητα νυν άκουστέον ή γαρ ξηρότης πύκνωσιν ποιεί' τη
γαρ ξηρότητι και πυκνότητι το ύγρον εξω φέρεται, τυχόν το σπέρμα.
214. Διαχωρέει : ού διαχωρέει Littré, Kühn et Dietz. Stephanos est le seul, à ce qu'il
semble, à proposer cette leçon qui ne figure même pas dans l'apparat critique de Littré.
215. Gal. In Hipp. Aph V 63 : Κ. 172, p. 87073-8713.
216. Aph. V, 67 (63) (W. Ill, p. 17032"35) : Το δε "εξω φέρεται" μη νομίσης έπί του
εδάφους, άλλα τυχόν έξωθεν της μήτρας, λέγω δη εις το λαγαρόν εντερον, τό οδν
σπέρμα έξωθεν του κόλπου της μήτρας φερόμενον άγονον προδήλως εστίν.
58 WANDA WOLSKA-CONUS
"Ou bien217, le corps étant froid, Ce qui est dit à la suite219, vrai
la semence ne s'échauffe pas assez jusqu'à un certain point, devient
pour se réunir dans le218 lieu" ; en absurde en raison de ce qui suit.
effet, la semence froide est morte ; Le fait qu'à cause du froid de la
privée de chaleur, elle ne crasis la semence ne s'échauffe
s'échauffe pas ; elle ne s'éveille pas et reste par conséquent stérile,
pas à la vie ; elle n'est pas ce qui est vrai ; par contre, les mots "ne
doit façonner (la vie). C'est bien pas pouvoir se réunir dans ce lieu"
cela que veut dire "pour se réunir s'y trouvent ajoutés inutilement ;
dans ce lieu", plus exactement : il d'autre part, alors que rien n'a été
n'existe pas de chaleur pour faire dit auparavant au sujet de ce lieu,
vivre la semence. on nous laisse nous en faire l'idée
nous-mêmes. Pourtant, le mot
"ce"220 renvoie à ce qui précède.
Mais ce sont là des gaffes
mineures (ταϋτα μεν σμικρά) ;
par contre, ce qu'on trouve à la fin
(de l'aphorisme) est une grave
erreur ; là où (l'auteur)
217. Ibidem, p. 1703640 : '"Ή δια την ψχρότητα ούκ έκπυρουται ώστε αθροίζεσθαι
προς τον τόπον." Το γαρ ψυχρόν σπέρμα νεκρόν έστιν τούτο οδν μη έχον
θερμότητα ούκ έκπυρουται ουδέ ζωογονείται ουδέ εστίν το όφεϊλον αυτό
διαπλάσαι. Τοΰτο γάρ φησιν οτι "ώστε αθροίζεσθαι προς τον τόπον τούτον", τυχόν
δτι ούκ εστίν θερμότης ή όφείλουσα αύτο ζωογονησαι.
218. Προς τον τόπον : il faut sans doute ajouter τοΰτον, qui figure dans le lemme et
qui réapparaît quelques lignes plus bas.
219. Gal. In Hipp. Aph. V 63 : Κ. 172, p. 8173-8723.
220. Ibidem, p. 87110 : τούτων dans le texte, qu'il convient de corriger en τούτον (sci
licet: προς τον τόπον τούτον).
UN «PSEUDO-GALIEN» 59
221. Aph.. V 67 (63) (W. III, p. 1721"4) : '"Ή δια την θερμασίην τούτο γίνεται". Έκ
τούτου του ρησειδίου πάντη έστιν έκβαλείν τον παρόντα άφορισμόν Τί γάρ έστιν
"τούτο γίνεται"; Τί γίνεται; Το διά την αραιότητα, το δια την πυκνότητα, το δια
την ψυχρότητα; Άλλα δια την θερμότητα. Άδιανόητον γάρ έστιν.
222. Voir plus haut, p. 55 au sujet de la dyscrasie chaude qui incommode les hommes.
223. Ibidem, p. 54.
224. Cette interprétation confirme l'hypothèse de Littré qui conteste la position de
Galien et qui écrit : «"produit le même effet" se réfère non à ce que la semence ne
s'échauffe pas, mais à ce qu'elle ne se rassemble pas dans les réservoirs.»
60 WANDA WOLSKA-CONUS
reries. Il serait sans doute risqué de vouloir distinguer dans cet amalgame
de textes d'origines diverses ce qui revient au Galien authentique, au
Pseudo-Galien, à Stephanos personnellement, ou encore à Asclèpios. Le
cas est cependant intéressant pour autant qu'il illustre les efforts et les
artifices des exégètes qui s'évertuent à surmonter les difficultés du texte
hippocratique.
L'histoire compliquée de cet aphorisme (bâtard ou non) s'éclaircit
peut-être quelque peu à la lecture du commentaire de Théophile qui,
dans notre hypothèse, répétons-le, rapporte, du moins partiellement et
plus ou moins correctement, les opinions d'Asclèpios : «Ici, Galien
affirme, écrit Théophile225, que cet aphorisme est faux ; en effet, s'il était
d'Hippocrate, il aurait fallu admettre que le mâle est infécond pour les
mêmes raisons que le sont les femmes, puisqu'Hippocrate a dit : "II en
est de même des hommes". À cette réserve près que, si cet aphorisme
fait partie, à ce qu'il semble, de ceux qui sont d'Hippocrate, il convient
de l'expliquer comme suit (πλην ει δοκεΐ εκ των 'Ιπποκράτους είναι,
έξηγητέον αύτον ούτως)226 : Si par hasard l'homme a le corps poreux
(καν εύδιαφόρητος ε'ιη) et qu'il est sans force (εξασθενεί), il ne peut
pas éjecter la semence dans les cavités de la matrice ; pour cette raison, il
est inapte à engendrer. Si par hasard il est sec (καν ξηρός ?)), il souffre
de la densité (πύκνωσιν πάσχει) ; en raison de cette densité et de la
sécheresse, l'éjection de la semence ne se fait pas227, et, pour cela,
l'homme est infécond ; si par hasard l'homme est froid, la semence est
morte ; elle ne s'échauffe pas pour "se réunir dans ce lieu" et recevoir la
vie (ζωογονεϊσθαι) ; en effet, elle se réunit bien dans la matrice, mais
elle n'y reçoit pas la vie, parce qu'elle est froide ; et lorsque par hasard la
semence est trop chaude, "il se produit la même chose", autrement dit,
puisqu'elle est trop chaude, la semence ne peut pas se réunir et recevoir
la vie. Par conséquent, sont aptes à engendrer ceux qui ont le tempéra
ment, comme il a été dit, fait des deux antithèses (οι έξ αμφοτέρων των
αντιθέσεων... την κρασιν έχοντες)228.»
La référence à Galien, dans ce commentaire de Théophile, est d'autant
plus surprenante que son explication des mots «se réunir dans ce lieu»
est celle de Stephanos, ce qui revient à dire celle d'Asclèpios, et non pas
celle qu'on lit dans le commentaire de Galien. Asclèpios exprimerait-il
pour une fois les mêmes opinions que Galien, plus exactement le
(Pseudo-) Galien cité par Stephanos ?
Αρη. V 68 (64)
Dans le commentaire à Y Aphorisme V 68 (64) traitant des méfaits et
des bienfaits du lait selon les maladies qu'on a à soigner, Stephanos cite
Galien à propos de l'expression : «il (scilicet : le lait) convient à des phti
siques». Le lait, en effet, est bon pour les phtisiques souffrant d'une ulcé
ration du poumon229 ; pas n'importe quel lait, mais le petit lait (ôpoç -
serum) qui, grâce à sa faculté de désinfecter et de se redistribuer dans le
corps, fortifie et nourrit le poumon230.
«Quant à Galien, écrit Stephanos231, il apprête le lait pour ainsi dire et
l'assaisonne, et il l'administre de la manière que voici : il le mélange en
de proportions adéquates avec du miel et du sel, et c'est ainsi qu'il le
donne aux phtisiques souffrant d'ulcération. Aussi recommande-t-il de
leur donner du lait d'ânesse, puisqu'il est léger, facile à s'intégrer, à s'as
similer et à digérer.»
Galien recommande232 en effet le petit lait aux malades, sans res
treindre cependant son usage aux phtisiques seuls et sans préciser qu'il
s'agit du lait d'ânesse. Aussi, plutôt qu'au commentaire aux Aphorismes,
Stephanos pense ici, semble-t-il, aux recettes qu'on lit dans la Mégalè
Thérapeutikè233, qu'il cite expressément un peu plus haut234 à propos
d'une aporie concernant la dyscrasie sèche de l'estomac.
Reportons-nous maintenant à Théophile235. Son commentaire se
retrouve partiellement dans le commentaire de Stephanos, mais il
Aph. VI 18
Commentant Y Aphorisme VI 18 — «Les coupures de la vessie, ou de
l'encéphale, ou du cœur, ou du diaphragme, ou d'une partie de l'intestin
grêle, ou du ventre, ou du foie, sont funestes (θανατώδες)» — ,
Stephanos cite Galien, qui, dit-il, affirme que le mot Φανατώδες n'est
pas à prendre dans le sens de «mortel», mais dans celui de «dangereux»
(κινδυνώδες). Cependant, si Galien affirme que le mot Φανατώδες
n'implique pas nécessairement l'idée de mort — souvent il signifie
«pour la plupart» (ώς έπι το πολύ) — , le terme κινδυνώδες ne figure
pas dans son commentaire238.
Théophile, quant à lui, ne fait aucune allusion à Galien239.
Αρη. VI 31
Dans son commentaire à Y Aphorisme VI 31 — «Les maux des yeux
se guérissent par le vin pur, ou le bain, ou les compresses chaudes240, ou
la saignée, ou la purgation241» — qui se développe en cinq points (δει
ημάς πέντε τινά προλαβεϊν)242, Stephanos relève d'une part les choses
qui, dans cet aphorisme, sont bizarres, insolites et rares (παράδοξα,
ξένα, σπάνια) et d'autre part les choses qui sont de pratique courante
(ώς έπι παν και συνήθη γινόμενα).
En premier lieu, il est bizarre d'affirmer que le vin, le bain, les comp
resses d'eau chaude243 — toutes thérapies qui, faisant fondre la
matière, provoquent les maux de tête, les ruptures de vaisseaux et les
250. Ibidem, p. 474"7 : Έκείνω μεν οδν έδόκει τότε χρησθαί τινι κολλυρίω τών
έμπλαστικών τε αμα και ανώδυνων, οία τά τε δια ψιμυθίου πεπλυμμένου καΐ
αμύλου και μήκωνος συντιθέμενα.
251. Ibidem, ν.Α9Ί-5&.
252. Ibidem, p. 501"12.
253. Ibidem, p. 4510"12 ; voir plus haut p. 63-64.
254. Aph. VI 31 (W. III, p. 23641-238n) : Πέμπτον εστί τών ζητουμένων επειδή
άπλης καΐ συνθέτου όφθαλμίας έμνημονεύσαμεν, δει ήμας έκ διαιρέσεως
προελθείν περί τών παθών ών μέμνηται ενταύθα ό 'Ιπποκράτης. Ή δε διαίρεσις
έχει ούτως... Il est à remarquer que Stephanos attribue abusivement à Hippocrate une
diairesis qu'il emprunte peut-être à un traité d'ophtalmologie (? connu également de
Théophile-Asclèpios, voir plus loin, p. 67-68).
66 WANDA WOLSKA-CONUS
255. Ibidem, p. 23812'27 : Τούτων ούτω προληφθέντων, έφΌΓς δέον ημάς άρμόσαι
ε'καστον τρόπον θεραπείας έκάστω εϊδει όφθαλμίας των έν τη διαιρέσει άναφανέντων
ύπό τοΰ 'Ιπποκράτους... Il est à remarquer qu'une fois les prolegomena terminés,
Stephanos s'exprime au pluriel : nous, en parlant en son propre nom, en tant que médecin, et
non plus en tant qu'exégète d' Hippocrate : κεχρήμεθα (voir notes 259, 260, 261).
256. Ainsi Stephanos (ou sa source) comble la lacune d'Hippocrate : celui-ci, en effet,
a bien proposé des thérapies, tout en omettant de préciser les genres d'ophtalmies que ces
thérapies doivent soulager. Voir plus haut, p. 63.
257. Aph. VI 31 (W. III, p. 23828-2402) : Ενταύθα δε γενόμενος ό Φιλάγριος
θαυμασίως έπέστησεν και λέγει και τήν δοκιμασίαν του οίνου, ποίον δει είναι τον
οΐνον τον έπι ταϊς όφθαλμίαις παραλαμβανόμενον κατά τε χροιάν καΐ γεΰσιν καΐ
ήλικίαν. Δει γάρ, φησίν, λευκότατον είναι τον οΤνον οί γάρ λευκοί οίνοι
εύανάδοτοί είσιν ώς λεπτομερείς υπάρχοντες. Οί δε παχεϊς καΐ μέλανες έν τη
γαστρι έγχρονίζουσιν και δύνανται και βλάψαι τουναντίον ατμούς γάρ τινας
αναπεμπουσιν έπι τήν κεφαλήν και πληροΰσιν αυτήν και πολλά κακά δύνανται
ποιησαι· τί γάρ; "Οτι και έπιτείνουσιν τάς όφθαλμίας καΐ καρηβαρίας έμποιοΰσιν
και τά τοιαύτα. Δει οδν λευκόν είναι τον οΤνον δει αυτόν καΐ γλυκύν είναι. Οί γάρ
γλυκείς οίνοι εύπεπτοι και πέψιν παρέχουσιν άλλ' οδν όμως κακά τίνα
απεργάζονται. Οδτοι δε οι γλυκείς οίνοι πέττουσι κατά λόγον, αλλά καΐ πέττονται·
όθεν και τη φύσει διά τούτο τά γλυκέα φίλια είσιν μάλιστα διά το σύμμετρον. Δει
οδν, ώς ε'ι'ρηται, λευκόν εΐναι τόν οΐνον και γλυκύν δει αυτόν μήτε παλαιόν είναι,
επειδή πάλιν ό τοιούτος βλαπτικός έστιν, μήτε μήν νέον και μοΰστον, επειδή ό
τοιούτος υδαρής ών και ύδατώδης διουρείται ευχερώς καΐ ούκ άναδίδοται, αλλά
δει μέσως πως αυτόν είναι και κατά τήν ήλικίαν μήτε παλαιόν μηδέ νέον.
258. Ibidem, p. 2403'11 : Πλην και προσδιορισμόν τίθησιν τοιούτον οτι... (qui ?
Philagrios ?). - Suit (p. 24012"16) une petite remarque sur les choses qui peuvent faire du
bien ou nuire, selon qu'on les utilise dans des circonstances favorables ou défavorables.
259. Ibidem, p. 24017'21 : Και ταΰτα μεν περί τούτου. Ει δε γε διά δυσκρασιαν του
παντός σώματος γένηται όφθαλμία, τότε λουτροϊς κεχρήμεθα· τό γάρ λουτρόν έπικιρνα
τήν δυσκρασιαν και μεταβάλλει και άλλοιοί καΐ εις εύκρασίαν μετάγει, και διά τοΰτο
έπι τοϊς όφθαλμιώσιν διά δυσκρασιαν του παντός σώματος λουτροϊς κεχρήμεθα..
UN «PSEUDO-GALIEN» 67
260. Ibidem, p. 24022 ~27 : Eî δε γε κατά ίδιοπάθειαν πάλιν αυτών τών οφθαλμών
έστιν ή οδύνη, εν αύτοϊς περιγραφόμενης της ύλης και γινομένης της οδύνης ύπο
λεπτής και δριμείας και δακνώδους ύλης, τότε πυρία κεχρήμεθα. Ή γαρ πυρία ή
δια του θερμού ύδατος τέως το δηκτικον της ύλης αμα τη προσβολή αμβλύνει·
λοιπόν δέ και δτι άραιοϊ τους χιτώνας τών οφθαλμών και ούτως διαφορεϊ την
τοιαύτην ΰλην.
261 Ibidem, p. 24028 " 33 : Ει δέ γε δια πληθώραν του παντός σώματος και κατά
συμπάθειαν γίνεται ή όφθαλμία, δει σε έπισκέψαι. Και ει μέν κατά ποσότητα
γένηται ή όφθαλμία, τότε φλεβοτομία κεχρήμεθα· ει δέ κατά ποιότητα, τότε δει σε
θεωρησαι και διαγνώναι τον πλεονάζοντα χυμον καΐ κενοΰν αυτόν ει δέ τα
αμφότερα λιμαίνουσιν το σώμα, τότε τοις άμφοτέροις κεχρήμεθα, καΐ φλεβοτομία
και καθάρσει.
262. Ibidem, p. 24034"38 : Σκόπει δέ την τέχνην 'Ιπποκράτους, οτι προέταξεν τα
παράδοξα και ξένα καΐ σπάνια τών συνήθων. Ει γαρ τελευταίον αυτά εταξεν
αγνώριστα οντά τώ παντι άνθρώπω, ψευδή ένομίζοντο εΤναι· δια τούτο οδν
προέταξεν αυτά και άγωνιστικώτερόν πως εΐργάσατο τον λόγον, οτι, ει και μη
εγνωσμένα είσιν παντι άνθρώπω, άλλ'οδν όμως άληθη εΐσιν.
263. Aph. VI 31 : D. Π, ρ. 5019-50212.
68 WANDA WOLSKA-CONUS
Αρη. VI 44
Enfin, venons-en à Y Aphorisme VI 44 : «Les malades qui, à la suite
d'une strangurie, sont atteints d'iléus, périssent en sept jours, à moins
que, la fièvre étant survenue, l'urine ne coule en abondance.»
Galien rejette cet aphorisme, nous dit Stephanos264, «parce qu'il pro
clame les choses contraires à l'évidence».
Et réellement, le Galien cité par Stephanos et le Galien, dont nous
lisons le commentaire, tombent d'accord pour contester l'authenticité de
cet aphorisme. Galien écrit 265 : «II vaut mieux avouer que nous ignorons
264. Aph. VI 44 (W. III, p. 2567"8) : Τον παρόντα άφορισμδν έκβάλλει ό Γαληνός
ώς παρά τα ενεργή φθεγγόμενον καΐ μη εΐναί φησιν 'Ιπποκράτους.
265. Gal. In Hipp. Aph. VI 44 : Κ. 18\ p. 7013-712.
UN «PSEUDO-GALIEN» 69
Conclusion
Ό Νεώτερος 'Εξηγητής :
Philagrios, Gésios, Palladios, Jean d'Alexandrie ?
Les textes analysés ci-dessus - ceci concerne aussi bien les développe
ments mis sous le nom de Galien et pourtant absents de son commentaire
que les glissements de sens et les divergences d'interprétation - laissent
peu de doute, me semble-t-il, sur leur fausse attribution à Galien dont on
lit le commentaire. Reviennent-ils, comme nous l'avons suggéré au
début de notre article, à ce Nouvel Exégète que Stephanos, selon ses
266. Cf. REB 54, 1996, p. 24-28, avec les notes correspondantes.
267. Aph. VI 44 : D. II, p. 50913-5105.
268. Cf. REB 50, 1992, p. 59-77. En parlant (p. 59) du commentaire aux Aphorismes,
j'ai dit (simple inadvertance) νέος εξηγητής au lieu de dire νεώτερος εξηγητής, et j'ai
suggéré qu'il s'agissait peut-être d'Asclèpios, une erreur qui représente une des étapes de
mon enquête. Le νέος εξηγητής n'apparaît que dans le commentaire au Prognostikon
(Progn. I 48 et III 6 : p. 126116 et p. 25632-2583 ; cf. ibidem, p. 13), à propos du problème
du «siège» du principe dirigeant de l'âme (το ήγεμονικόν) ; est-ce le cerveau ou le
cœur ? Ce néos exègètès est-il identique au néôtèros exègètès ? Dans son commentaire aux
Aphorismes II 1 (W. I, p. 13829"30), Stephanos attribue, sans autre précision, le rang du
«siège du principe dirigeant de l'âme» au cerveau. Est-il identique à Asclèpios, comme le
suggère Dietz (II, p. ix-x) ? Dans ce cas, il n'est pas identique au Néôtèros Exègètès, notre
Pseudo-Galien.
70 WANDA WOLSKA-CONUS
269. Tout l'article de la REB 54, 1996, p. 5-66, lui a été consacré.
270. Aph. V 26 (24) : W. III, p. 901419, et Aph. VI 31 : W. III p. 23828-2402 (texte cité
plus haut n. 257). Cf. REB 52, 1992, p. 25-26, et note 79 avec la bibliographie, à laquelle
il convient d'ajouter F. Kudlien, KIP IV, 1979, col. 734, s. v. Philagrios, ainsi que M.
Ullmann, Die Medizin im Islam (Handbuch der Orientalistik I Abteilung.
Ergänzungsband VI, I Absch.), Leiden-Köln, 1970, p. 79-81.
271. Peut-être peut-on rapprocher le développement sur les qualités curatives du vin,
attribué par Stephanos à Philagrios (Aph. VI 31) de son Περί ηδέων πωμάτων cité par
Oribase (Coll. med. V 17 et 19 s.) : cf. E. Bernert, PW XIX 2, 1938, col. 2104, s. v.
Philagrios.
272. Cf. Rita Masullo, Prolegomena all'edizione critica di Filagrio, Storia e ecdotica
dei testi medici greci. Atti del II Convegno Internazionale, Parigi 24-26 maggio 1994, a
cura di Antonio Garzya e Jacques Jouanna, Napoli, 1996, p. 319-333.
UN «PSEUDO-GALIEN» 71
IV. Appendice.
Textes témoins : suite.
Αρη. Ι 5 (3)
L' Aphorisme 13 — «Chez les athlètes, les bons états des corps274 por
tés à la dernière limite sont dangereux...» — se trouve décomposé, dans
le commentaire de Stephanos, en plusieurs unités (Aph. I 4-8).
C'est à propos de la phrase «ne peuvent275 ni rester au même point, ni
demeurer immobiles» que Stephanos rapporte l'embarras des exégètes et
Yaporie suscitée par cet aphorisme. «Cet aphorisme paraît obscur, écrit-
273. Sophronios le Sophiste, auteur du recueil des miracles des saints Cyr et Jean, qui
a suivi avec son ami Jean Moschos les praxeis de Stephanos le sophiste, en fournit peut-
être la preuve, si toutefois on admet notre hypothèse selon laquelle Stephanos le Sophiste,
mentionnée dans le Pré Spirituel de Jean Moschos, et notre Stephanos, sophiste et médec
in,sont identiques. Voir REB 47, 1989, p. 47-59, surtout p. 51-54, avec les notes corres
pondantes, et aussi REB 54, 1996, p. 47-48 et note 146.
274. Έν τοισι γυμναστικοϊσιν αϊ έπ'ακρον εύεξίαι σφαλεραί, traduit par Littré :
«Chez les athlètes, un état de santé porté à la dernière limite est dangereux». Selon
Stephanos (Aph. I 5 (3) : W. I, p. 6231-647), le mot ευεξία désigne deux choses, soit un
état d'excellence (το κάλλιστον) , soit un terme au-delà duquel il n'y a plus rien (οδ τι
ουκ εστίν έπέκεινα). Théophile (Aph. I 3 : D. II, p. 25813'14), quant à lui, explique :
... εύεξίαν... (καλεί)... τήν πολυσαρκίαν, άκρον δε το εσχατον.
275. Ού γαρ δύνανται μένειν έν τω αύτέω (scilicet : αϊ εύεξίαι) ουδέ άτρεμέειν,
traduit par Littré : «demeurer stationnaires au même point est impossible.» Nous ne gar
dons pas cette forme impersonnelle de la traduction qui ne désigne pas clairement le
sujet : «états de santé ?». «athlètes ?» La forme έν τοϊσι γυμναστικοϊσι.ν ne permet pas
d'y voir le sujet. C'est donc, comme le propose Stephanos, εύεξίαι = δυνάμεις.
72 WANDA WOLSKA-CONUS
il276 ; aussi les exégètes plus anciens (παλαιότεροι) en ont-ils donné des
explications différentes. Certains ont dit que les mots "les bons états des
corps portés à la dernière limite sont dangereux" pour les athlètes, parce
que les facultés (δυνάμεις), alourdies par la masse du sang, sont obli
gées de rester au repos (ήρεμεΐν), ce qui est absurde. Car, voici, l'aporie
qu'on formulera à rencontre de cette opinion : Pour quelle raison
Hippocrate met-il en cause le repos des facultés277 ? Nous voyons bien
que les facultés restées au repos pendant quelque temps s'en trouvent
fortifiées pour les activités à venir (προς τας έφεξης ενεργείας). À
ceci, il convient de répondre que les facultés n'existent que pour agir
(δια την ένέργειαν γεγόνασι) et que c'est à travers le mouvement et
l'action que se manifeste leur vertu (έν τω κινεϊσθαι και ένεργεϊν ή
αρετή αυτών διαδείκνυται). Leur repos et l'inactivité ne sont pas autre
chose qu'image de la mort. C'est ainsi qu'Hippocrate dit bien dans un
autre écrit278 : "Tout mouvement279 fortifie, l'oisiveté ramollit". Et jus
qu'à quel point le repos leur est nuisible, Hippocrate le fait savoir, lors
qu'il ajoute : puisqu'elles "ne demeurent pas immobiles". Ne pense pas
que "ne demeurent pas immobiles" signifie : ne restent pas au repos ; au
contraire, cela veut dire qu'alors qu'il n'est pas de leur nature de rester
en repos (ήρεμεΐν μεν ου πεφύκασιν), les facultés sont en train de
prendre du repos (νυν δε ήρεμουσι) et s'accordent une sorte de répit,
qui est différent de l'arrêt (και έτερον τρόπον ησυχίας παρά την
άνάπαυσιν ήσυχάζουσιν). En effet, lorsque le sang abonde, les facultés
peinent (κάμνουσι), alourdies et engourdies qu'elles sont ; mais cela
n'est pas une relâche ; c'est un mouvement indolent (όπερ ουκ εστίν
ανεσις, άλλα παθητική κίνησις). "Comme elles ne peuvent plus pro
gresser vers le mieux", il ne leur reste qu'à basculer dans le pire
(λείπεται ούν έπι το χείρον μεταπίπτειν αύτάς).»
«Galien, cependant, explique autrement ce passage, continue
Stephanos280, et son discours est plutôt plus près de la vérité. Il affirme
qu'Hippocrate entend ici nos facultés, surtout nos facultés physiques, car
nos facultés psychiques se mettent quelquefois au repos, par exemple
pendant le sommeil ; et ceci est conforme à la nature (κατά φύσιν) :
alourdies par la repletion, elles restent inertes tout en demeurant en état
d'éveil (εν τη πληρώσει βαρυνόμεναι άνενέργητοι καν τω
έγρηγορέναι μένουσι). Il faut donc, comme on l'a dit, prendre les mots
en question (το λεγόμενον) pour les facultés physiques, car elles agis-
sent sans répit, en se relayant les unes les autres (άεννάως έκ διαδοχής
ένεργοΰσιν). Leur œuvre (έργον) consiste à digérer les aliments, à
fabriquer des chymes, à apporter la nourriture et à l'assimiler, à entrete
nir (le corps). Ces activités s'effectuant sans relâche et avec plutôt plus
d'intensité qu'auparavant, en raison de la pléthore de sang, le corps par
venant à l'extrême limite de repletion et de bon état (του δε σώματος έν
άκρα πληρώσει και εσχάτη ευεξία υπάρχοντος), réfléchis à ce qui en
résulte. C'est clair : ne pouvant plus progresser vers le mieux, il régresse
vers le pire, comme cela arrive aussi pour l'échelle, dans les choses de la
vie (ώς κάπι των έξωθεν έχει κλιμάκων) : un homme parvenu jusqu'à
la dernière marche, même s'il brûle de désir de grimper plus haut
(πρόσω σπεύδων άνελΦεΐν), puisqu'il n'y a plus d'autre marche, est
obligé de reculer (χωρεϊν).»
«En effet, s'il y a repletion des vaisseaux, dans le cas de l'obstruction
des nerfs, ce sont des spasmes, des epilepsies, des apoplexies qui s'en
suivent; au contraire, dans le cas de l'obstruction des veines et des
artères, ce sont des suffocations, des ruptures, des afflux excessifs de
sang, toutes choses qui mènent à une mort subite».
Tournons-nous maintenant vers Galien qui commente justement la
phrase «ne peuvent ni rester au même point ni demeurer immobiles». Il
écrit281 : «En effet, la physis s'activant sans répit (άει... εργαζομένης) à
la digestion, à la distribution, à la production de sang, à l'apport, à l'ag
glutination et à l'assimilation, lorsqu'il n'est plus possible d'ajouter quoi
que ce soit aux parties solides du corps, lorsque les veines n'arrivent plus
à contenir la nourriture fournie (par la physis) (μήθ'αί φλέβες ετι
χώραν εχωσιν ύποδέχεσΦαι την άναδιδομένην τροφήν), le danger
d'une mort subite survient nécessairement, à la suite de la rupture d'un
des vaisseaux.»
On le voit: si Galien et Stephanos s'accordent pour dire que l'inces
santeactivité de la physis (pour Galien), des facultés physiques (pour
Stephanos et le Galien qu'il cite) consiste à assurer la survie du corps, les
analogies s'arrêtent là. En effet, il n'y a rien dans le commentaire de
Galien282 sur l'alternance activité-repos dans les fonctions échues aux
facultés, qui préoccupe Stephanos et les exégètes anciens (et
modernes ?).
Aussi, revenant au Galien cité par Stephanos, est-on quelque peu sur
pris de tomber sur une allusion aux facultés psychiques «qui se mettent
quelquefois au repos, par exemple pendant le sommeil». Jusque là, rien
n'a été dit au sujet des facultés psychiques. On se pose alors la question :
cette remarque, Stephanos l'a-t-il trouvée déjà dans le texte de Galien
qu'il semble avoir sous les yeux ? Ou bien n'est-ce qu'une remarque per-
283. Progn. II 11 (10): p. 16032-16213. Cf. REB 47, 1989, p. 33-47, l'exposé de
Stephanos sur le sommeil, et particulièrement, p. 36-38.
284. Cf. Progn. II 11, p. 1621929, où les différentes facultés (dynameis) se trouvent
attribuées à l'âme sensitive (alogos), entre autres la faculté vitale (dynamis zôtikè) qui
assure la pulsation et la respiration selon l'alternance systole - diastole et, dans l'inter
valle, le repos (hèrémia) pour la pulsation ; eispnoè - ekpnoè et, dans l'intervalle, le repos,
pour la respiration.
285. Aph. I 3 : D. II, p. 25810"23. Il semble bien qu'il faille lire à la ligne 19 : που δε
<ούκ> έχει γενέσθαι (scilicet : ή πέψις των σιτίων, ή κατεργασία των χυμών etc.),
πρόθεσις ουκ εστί...
UN «PSEUDO-GALIEN» 75
Αρη. IV 73 (75)
Stephanos commence son commentaire à Γ Aphorisme IV 73 (75) —
«Si l'on urine286 du sang et 287 du pus, cela indique l'ulcération des reins
ou de la vessie» — par rappeler brièvement à ses élèves ce qu'ils ont
déjà appris et ce qu'ils vont apprendre (τα εν διαφόροις είρημένα, ώς
μεμαΦήκαμεν και μαΦησόμεΦα) au sujet des organes urinaires288.
Ensuite, après une rapide paraphrase expliquant les circonstances, les
modes de la formation et de l'évacuation du pus mêlé de sang289 (Και
ταΰτα μεν τα του Ιπποκράτους), il s'arrête à Yaporie que voici290:
«Pourquoi Hippocrate, alors qu'il existe différents organes urinaires,
mentionne seuls ces deux-là (les reins et la vessie) et passe sous silence
les voies urinaires... ou le col de la vessie291.»
Stephanos en propose plusieurs solutions292, dont la dernière nous
intéresse particulièrement. «À la fois probable et vraie», selon
Stephanos293, elle se déduit de la manière même de s'exprimer
d'Hippocrate. Prévoyant en effet la difficulté qu'on allait soulever, il a
dit «si l'on urine» (ούρέει) ; le mot «on urine» indique bien que le pus et
le sang viennent des «parties supérieures» (υπερκειμένων μορίων). «Et
quelles sont ces parties situées au-dessus du col de la vessie?, demande
Stephanos. Les reins et la vessie, évidemment. Si c'est donc de ces par
ties ci-dessus mentionnées que se fait l'évacuation, c'est bien l'urine qui
s'évacue en même temps, avec le pus et le sang. Et c'est de cela que
parle Hippocrate. "On urine" signifie en effet qu'avec le sang et le pus
s'élimine aussi le résidu du liquide séreux (ορώδους ύγροϋ
περίττωμα). Si c'est cependant le col de la vessie qui est ulcéré, il n'y a
pas d'urine dans le pus et le sang ; le pus s'élimine pur et exempt en
quelque sorte de tout mélange (ακραιφνές και καΦαρδν το πΰον
εκκρίνεται και αμιγές τρόπον τινά), à moins qu'avec le temps l'urine
ne s'accumule dans la vessie et qu'elle s'élimine avec le pus et le sang ;
mais cela n'arrive pas toujours ; il se peut aussi que le pus et le sang
Wanda Wolska-Conus
Centre de recherche d'Histoire
et Civilisation de Byzance
Collège de France
305. Pour finir, Théophile soulève Vaporie (déjà discutée aussi bien par Galien que par
Stephanos) : ibidem, p. 433810 : Δια τί δε των ουρητήρων ούκ έμνήσθη; Γίνεται γαρ
κάκεϊσε τοΰτο. Διότι μνησθεις των ακρών συμπεριέλαβε και τα μέσα.
306. À moins qu'il ne s'agisse que d'une transmission manuscrite défectueuse.