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Au début était la tarte au chocolat noir et ma p’tite maman (Moune, que je l’appelle),
qui, à l’époque de cette genèse avait un salon de thé, rencontrait un fier succès…
C’était en 1984.
LA TARTE AU CHOCOLAT
Pulvériser le chocolat au mixer (ou râper: c’est plus long - et dangereux pour les
doigts), mélanger avec : les amandes, le sucre, les jaunes d’œufs, le beurre (fondu ou
très mou) et le rhum avec l’épice de ton choix. Ça fait un mélange encore mou mais
assez compact.
Battre les blancs d’œufs en neige avec une pincée de sel et incorporer les 2 mixtures
DOUCEMENT.
Beurrer un moule à tarte et remplir avec la pâte.
Faire cuire environ 20 minutes (vérifier avec la lame d’un couteau que c’est cuit).
Démouler.
Laisser refroidir.
Faire fondre le chocolat de nappage au bain-marie, rajouter la crème et le rhum, bien
mixer et napper la tarte avec.
Comme il s’agissait des hanches de ses clients, ma Moune n’eut AUCUN scrupule à
inventer des variantes sur le thème, pour arrondir ses fins de mois et les poignées
d’amour de ses pratiques.
Le salon de thé fit long feu, je pu me concentrer à mes études et les créations
maternelles furent oubliées (sauf par les anciens clients nostalgiques et par leur
balance).
Les études terminées, j’émigrais. A Paris, puis en Hollande. En 1992.
Définitivement sevrée, je commençai à prendre des libertés avec le texte.
Après avoir testé l’effet classique sur mes collègues de travail (oui, sur les photos
d’archive, Fabio est EFFECTIVEMENT plus mince) : Si tu ne peux pas maigrir toi
même, le plus sur est d’engraisser les copains-copines.
PISTACHES
50 g de farine
Pistaches en poudre
Idem
Idem
Idem
Eau de fleur d’oranger
Rien d’autre
Sucre glace
Eau de fleur d’oranger
C’est tout !
Et ils en reprirent.
Les fous.
Douze ans plus tard, ils n’ont toujours pas récupéré leur taille de jeune fille.
(niark, niark, niark)
Puis, l’action délétère de l’air marin, une certaine ambiance et un public délirant
eurent finalement raison de mon bon sens (mais pas de mes instincts culinaires) et la
recette dérapa LARGEMENT.
Le BONUS : Vu que la carotte est un légume, seulement 10 ans sur les hanches !
Serais-je devenue moins chipie envers mes collègues ?
i.e. Serais-je en train de vieillir ?
Puis, 20 ans après la tarte originelle, la version mystère (« la fée verte ») fut servie :
VERSION SALÉE :
Pour garnir :
Cuire dans un moule moins large mais plus haut - un peu plus longtemps à priori.
Faire bien refroidir.
Couper dans l’horizontale et fourrer avec (selon les composants du gâteau):
- De la mousse de saumon fumé ou du tarama (avec des dés de saumon ou des
crevettes grises)
- De la mousse au jambon (cru ou cuit) ou au poulet
- De la tapenade
- De la tapenade d’artichauts (avec des lamelles d’artichauts marinés)
- Des aubergines marinées
- Du caviar d’aubergines
- Des courgettes marinées
- De la mousse de chaource, de bleu ou de chèvre
- Etc.
Si pas de garniture, servir avec un coulis de tomates ou une sauce aux fromages
Après avoir tâté le terrain avec quelques biscuits hollandais et constaté qu’il était
fertile, je commençai à appâter mes collègues avec quelques gâteaux. Quelques
adorateurs du chocolat se déclarèrent spontanément.
C’est ainsi que, un beau matin de novembre 2004, mes petits camarades de jeu se
trouvèrent face à une tarte au potiron, la saison se prêtant au choix d’un tel fruit et un
bel exemplaire m’ayant tenté sur le marché de Frascati. Comme ils avaient l’habitude
de se battre avec les éléments, le projet Véga étant par nature accidenté, ils se ruèrent
à l’assaut en bloc et ne firent pas de quartier.
VERSION HALLOWEEN :
Je songe déjà à un exemplaire qui marierait chocolat (au lait) et cacahouète (en
poudre, à la place des amandes) – J’ai une muse gourmande dont les yeux frisent à la
seule pensée du chocolat - et un gâteau aux marrons (ils y a de magnifiques
marronniers à la villa Torlonia).
6
Quelques semaines plus tard, la version « yankee » de la tarte (avec des arachides) est
un franc succès. Qui l’eut cru ? J’aurais pensé que cette version un peu exotique aurait
laissé mes collègues perplexes – elle est un peu salée et les palais italiens pas réputés
aventureux – mais que nenni !
Elle les a laissés baba (qui serait une spécialité napolitaine), oui, mais plutôt satisfaits,
si j’en juge par les commentaires et les sourires béats qui flottent aux alentours.
Serait-ce la raison pour laquelle il n’y a pas eu d’engueulade cette semaine ? Ce serait
trop beau…
VERSION YANKEE
Evidemment, là, on parle plutôt de 20 ans sur les anches (voir même plus, si affinités).
Les collègues se consolent en disant qu’il fait froid (seulement 16 degrés pour un 13
décembre ! Il est vrai qu’il faisait 18-20 la semaine dernière).
Et l’ aventure continue !
Comment s’arrêter en aussi bon chemin, lorsque les produits sont bons, et le petit vin
avenant ?
7
Ayant bricolé une « crostata » locale au citron (vulgaire pâte sablée fourrée de
confiture) décente mais relativement peu excitante, je dû me préoccuper du devenir du
demi pot de confiture, rescapé de cette expérience. Après avoir considéré un instant la
possibilité de faire une « queijada » au citron, je décidai de mettre en veilleuse cette
option (pour y revenir plus tard avec de la confiture d’ « uva fragola ») et de travailler
la tarte au chocolat façon tarte au citron.
Je décide de ne pas mettre d’épices mais un peu de clou de girofle en poudre aurait pu
se concevoir. J’aurais pu mettre de la vodka mais Raffaella n’aime pas l’alcool.
Il n’en résulte pas moins que la critique est délirante et se goinfre amplement (même
en parlant de calories) et je console mes collègues en vantant les vertus dégraissantes
(et digestes) du citron. Je note qu’il me faut autant d’imagination pour faire passer les
gâteaux que pour les créer : je me souviens encore - avec une certaine jubilation -
d‘un cake au thé vert vendu comme « désintoxiquant » à mes petits camarades de
l’ESTEC.
15 ans sur les anches néanmoins, car il n’y a pas de miracles (même à Rome)
Je devrais tester le résultat sur la petite Irène, qui est une professionnelle – mais
néanmoins gourmande, pour un avis éclairé.
Un peu d’autocritique, pour compenser : La prochaine fois je devrais restreindre
l’essence du glaçage à une cuillère à café, au lieu de deux.
De nouveau, cette version de la tarte peut se décliner en moult adaptations, au gré des
confitures :
- Oranges amères et whisky (dédiée à Pounet et ses tartines matinales)
- Roses (dédiée à Mamie, bien sur)
- Pruneaux et armagnac (à dédier à Valérie et Alan)
- Uva fragolina (à dédier à Pascalou)
- Figues (celle-là, elle est pour moi, même si je pourrais en faire l’offrande à Raffaella
et Stefano, pour leur délicieuse soirée « pizza-ficchi e prosciutto, avec vue
panoramique sur Rome ».
- Et, pourquoi pas, marrons ? (car la crème de marrons est une confiture, ici…)
Etc.
Du coup, je vais regarder un peu plus les étalages dans les bons endroits et j’aurais
moins de scrupules à suivre le penchant qui me pousse à acheter des confitures,
penchant un peu vain, pour quelqu’un qui ne mange jamais de ces douceurs.
A SUIVRE, DONC…