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LA FÉMINISATION
L’opposition de l’Académie française face à la féminisation
des noms de métiers, fonctions et titres
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1. Le contexte : l’origine de la
polémique à propos de la féminisation
des noms
Le débat trouve son point de départ au Québec. En 1979, l’Office
québécois de la langue française exhortait à l’utilisation des formes féminines
dans tous les cas possibles. Un comité de travail était crée en 1982, chargé de
répertorier les termes auxquels ne correspondait pas de forme féminine reconnue
et ceux pour lesquels l’appariement masculin-féminin était problématique. Le 4
avril 1986, l’Office québecois de la langue française approuva le texte de ce
comité, Titres et fonctions au féminin : essai d’orientation de l’usage.
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sujets et aux institutions concernées de produire à leur tour les termes dont ils ou
elles ont besoin », reprenant ainsi les idées émises par l’Office québecois. Mais
cette circulaire ne fut jamais appliquée à cause d’un changement de majorité
politique.
Le 8 mars 1998, Lionel Jospin fait paraître une circulaire reprenant les
conclusions d’une commission et dans laquelle il recommande d’utiliser des
termes dont le féminin est d’usage courant.
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Paroles de J. Dutourd dans France Soir Magazine (23 juin 1984).
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2. Les textes officiels
Laurent Fabius
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Annexe
b) Les noms masculins terminés à l’écrit par une voyelle autre que le « e »
muet ont un féminin en « e » : une chargée de mission, une déléguée.
c) Les noms masculins terminés à l’écrit par une consonne, à l’exception des
noms se terminant par « eur » ont :
- un féminin identique au masculin : une médecin.
- ou un féminin en « e » avec éventuellement l’ajout d’un accent sur la dernière
voyelle ou le doublement de la dernière consonne : une agente, une huissière,
une mécanicienne,…
e) Les autres noms masculins terminés en « eur » ont, si le verbe de base est
reconnaissable, un féminin en « euse » : une vendeuse, une danseuse,… ;
Remarque : Le suffixe féminin « esse » n’est plus employé en français
moderne : une demanderesse,…
Si le verbe de base n’est pas reconnaissable, que ce soit pour la forme ou le
sens, il est recommandé, faute de règle acceptée, d’utiliser un masculin et un
féminin identiques : une proviseur, une ingénieur, une professeur,…
Il convient de mentionner que deux procédés ont été retenus dans l’annexe
de la circulaire du 11 mars 1896 : l’article et l’affixe.
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1) L’article :
le choix de l’article féminin pour indiquer le sexe est déjà pratiqué dans
l’usage : un / une analyste, maire, professeur, docteur, chef, syndic,
témoin, etc.
il concerne les lexèmes terminés par –e à l’écrit ainsi que ceux pour
« lesquels la dérivation s’avère complexe, pour des raisons graphiques,
historiques ou connotatives ».
mais aussi les termes terminés par –o, un / une dactylo, sténo, etc. ou par –
in qui ont été fort peu dérivés par les sujets, tels médecin ou marin.
tous les termes peuvent être féminisés, en français contemporain, sur ce
premier modèle. Il a le mérite d’aller dans le sens d’une stabilité des
formes, tendance relevée en synchronie.
un certain nombre de mots en –eur pourront donc également être féminisés
de la sorte (soit un / une censeur, proviseur, etc.)
2) l’affixe –e
son utilisation entraine parfois une modification du signifiant du lexème
masculin par l’adjonction d’un accent ou d’une consonne, comme dans le
cas des affixes –ière, -ienne, etc. ; d’où déléguée, apprentie, adjointe,
agente, avocate, huissière, greffière, inspectrice, etc.
pour les noms en –eur ou –teur, les lexèmes attribuables à des séries
verbales adoptent régulièrement l’affixe –euse ou –teuse (cf. coiffer,
coiffeuse), -trice est cependant en extension même dans de tels cas, et pas
uniquement pour les affixes –ateur, -iteur, etc. (cf. éditeur, éditrice)
pour les termes sans verbe de base, tels professeur, chauffeur, censeur,
proviseur, ingénieur, par exemple, ils ont proposé une féminisation selon
le premier procédé, malgré l’existence de chauffeuse (meuble) ou de
professeuse, dans certains usages.
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2.2 Circulaire du 6 mars 1998 relative à la
féminisation des noms de métier, fonction, grade ou
titre
Paris le 6 mars 1998,
Cette circulaire n’a jamais été abrogée, mais elle n’a guère été appliquée
jusqu’à ce que les femmes appartenant à l’actuel gouvernement décident de
revendiquer pour leur compte la féminisation du titre de ministre. Elles ont
ainsi engagé un mouvement qu’il faut poursuivre afin que la féminisation des
appellations professionnelles entre irrévocablement dans nos mœurs.
Lionel Jospin
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Nous avons pensé qu’il était judicieux d’introduire dans notre travail, les
textes officiels qui se prononcent en faveur de la féminisation des noms et ce,
pour mieux exposer les principes de l’Académie française, hostiles à cette
féminisation et les rendre plus clair.
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3. Le rôle de l’Académie française
Sa seconde mission est le mécénat, cette fonction ne fait pas partie des
objectifs au fondement de l'Académie française. Elle attribue des subventions à
des sociétés littéraires ou savantes, à des œuvres de bienfaisance, aux familles
nombreuses, aux veuves, aux personnes défavorisées,...et décerne également des
prix littéraires, une soixantaine environ par an.
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4. La position de l’Académie française
face à la féminisation des noms
Rappelons que le genre est une catégorie grammaticale qui sert à signaler,
par le phénomène de l’accord, des relations sémantico-syntaxiques ; elle assure la
cohésion syntaxique du groupe nominal et facilite la coréférence.
Le genre dit masculin est le genre non-marqué, que nous pouvons aussi
appeler extensif,ce qui signifie qu’il est capable de représenter à lui seul les
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éléments relevant de l’un et l’autre genre, il désigne indifféremment des hommes
ou des femmes comme par exemple dans la phrase « tous les hommes sont
mortels ». Son usage signifie que, dans cet exemple, l’opposition des sexes n’est
pas perspicace et il peut y avoir confusion.
Par contre, le genre dit féminin estle genre marqué, ou intensif. Or, sa
marque est privative, elle affecte le terme d’une limitation. Le genre marqué,
appliqué aux êtres animés, établit entre les sexes une ségrégation, une distinction.
C’est pour cette raison que l’Académie évoque donc la valeur collective et
générique du genre masculin. Selon elle, il est absurde de répéter le même
substantif ou le même pronom au féminin puis au masculin pour désigner un
groupe de personnes composés d’hommes et de femmes : « les électrices et les
électeurs », « toutes celles et tous ceux » sont des tours qui ne disent rien de plus
que « les électeurs », « tous ceux ». Elle nous conseille également de s’abstenir
d’indiquer entre parenthèses ou après une barre oblique la marque du féminin,
considérée comme une marque excessive, elle n’apporte aucune information
supplémentaire et gêne considérablement la lecture. La féminisation peut alors
s’opposer à la règle générale en français de l’accord du pluriel au masculin. Il est
impossible d’écrire : « Le coussin et la couverture sont blanc(he)s ». Elle peut
ainsi produire un déséquilibre dans les structures mêmes de la langue et rendre
difficile la formulation des phrases les plus simples. Le masculin générique peut
donc englober des référents appartenant aux deux sexes lorsque le contexte
impose une interprétation généralisante.
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publié un catalogue de métiers, titres et fonctions systématiquement et
arbitrairement « féminisés » où nous retrouvons des termes tels que professeure,
ingénieure, auteure, docteure, proviseure, procureure, rapporteure,
réviseure,…des néologismes dont il faut absolument éviter d’utiliser. Certaines
formes sont d’autant plus absurdes que les féminins réguliers correspondants sont
attestés, comme par exemple chercheure à la place de chercheuse ou encore
instituteure à la place de institutrice. L’oreille autant que l’intelligence
grammaticale devraient prévenir contre des aberrations lexicales telles qu’agente,
cheffe, maîtresse de conférence, écrivaine, autrice,… Dumézil et Lévi-Strauss ne
manquent pas de souligner qu’ « En français, la marque du féminin ne sert
qu'accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle. La distribution des
substantifs en deux genres institue, dans la totalité du lexique, un principe de
classification, permettant éventuellement de distinguer des homonymes, de
souligner des orthographes différentes, de classer des suffixes, d'indiquer des
grandeurs relatives, des rapports de dérivation, et favorisant, par le jeu de l'accord
des adjectifs, la variété des constructions nominales. Tous ces emplois du genre
grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des
sexes ne joue qu'un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans
un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées. » Ils
défendent l’idée qu’il serait plus raisonnable de laisser le soin à l’usage de
modifier. Assurément, l’Académie, se fondant sur l’usage, n’a aucune raison de
refuser des mots utiles et bien formés. Mais, conformément à sa charge, défendant
l’esprit de la langue et les règles qui président à l’enrichissement du vocabulaire,
elle rejette un esprit de système qui tend à imposer des formes barbares ou
ridicules.
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Des documents attestent de la position des académiciens comme par
exemple la Déclaration faite par l’Académie française en séance le 14 juin 1984
sur laquelle nous nous sommes attardés longuement dans ce même point plus haut
et sur laquelle nous ne reviendrons plus. Nous possédons également d’autres
témoignages d’académiciens contre la féminisation : Le sexe des mots,écrit par
Jean François Revel, une lettre rédigée par Maurice Druon intitulée Bon français
et féminisation et l’article L’Académie française veut laisser les ministres au
masculin dans le Figaro du 9 janvier 1998, signé par Maurice Druon, Héléne
Carrère d'Encausse et Hector Bianciotti. Nous avons voulu tenter une approche
critique sur ces trois textes.
Ainsi, pour lui, les dames ministres se plaignent toujours: quand il ne s'agit
pas d’exprimer leur mécontentement sur la parité homme-femme, il s'agit pour
elles d'afficher leurs différences.
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pour montrer le ton de cette lettre et l'idée prépondérante de l'Académie française
au sujet de la féminisation: « Celle-ci affecte aux termes génériques, aux espèces
vivantes notamment, le masculin ou le féminin sans grande logique,
reconnaissons-le. Mais encore une fois tel est l'usage, un usage immémorial.
Souris, grenouille, cigogne, sont du féminin. Une cigogne mâle reste une cigogne.
Et l'on ne voit pas que La Fontaine eût écrit dans une fable Monsieur le souris. »
Pour ces deux textes, il n'est pas sans risque de vouloir modifier
arbitrairement les règles et les usages. Le respect de ceux-ci importe à la structure
de la langue et ceci importe également aux pays francophones qui ont cette langue
en partage. Cette idée commune illustre biens les ambitions de l'Académie
française dès sa création et sa position sur la féminisation illustrée précédemment.
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Conclusion
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Bibliographie
Anonyme, Le féminin des noms de métiers,
grammaire.reverso.net/6_3_01_la_feminisation_des_noms_de_metier.sh
tml, 16 décembre 2007.
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