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GÉOGRAPHIE
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TERMINALE GÉNÉRALE
HISTOIRE GÉOGRAPHIE
FONDAMENTAUX
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2 CNED TERMINALE HISTOIRE GÉOGRAPHIE

SOMMAIRE
SÉQUENCE 1��11
FRAGILITÉS DES DÉMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE (1929-1945)
Partie 1. L’impact de la crise de 1929 :

déséquilibres économiques et sociaux��12
A. De l’euphorie des années 1920 aux krachs d’octobre 29 : les causes de la crise��12
B. La mondialisation de la crise économique��13
C. Les Grandes dépressions��15
Conclusion��16
Partie 2. Les régimes totalitaires��16

A. Genèse des régimes totalitaires��17
B. Des caractéristiques communes et des spécificités��19
C. Vers la guerre��21
Conclusion��22
Partie 3. La Seconde Guerre mondiale��23

A. Les phases de la guerre��23
B. Un cran supplémentaire dans la violence��27
C. Le génocide des Juifs et des Tziganes��28
D. La France dans la guerre��30
Conclusion��31
Synthèse��31
Glossaire��32
Savoirs et savoir-faire��34
CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE 3

SÉQUENCE 2 �� 35
MERS ET OCÉANS : AU CŒUR DE LA MONDIALISATION
Partie 1. Mers et océans, vecteurs essentiels

de la Mondialisation�� 35
A. Comment les mers et les océans contribuent-ils à la fourniture de ressources ?�� 36
B. Comment les mers et les océans contribuent-ils à la multiplication des flux maritimes
dans le monde ?�� 37
Conclusion�� 39
Partie 2. Mers et océans, entre appropriation,

protection et liberté de circulation�� 40
A. Quelles sont les rivalités de puissance sur les mers et océans ?�� 40
Conclusion�� 42
Partie 3. La France, une puissance maritime ?�� 43

A. La deuxième puissance maritime mondiale�� 43
B. Une puissance qui a des limites�� 45
Conclusion�� 46
Synthèse�� 47
Glossaire�� 48
4 CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE

LA MULTIPLICATION DES ACTEURS INTERNATIONAUX DANS UN MONDE BIPOLAIRE (DE 1945 AU DÉBUT DES ANNÉES 1970)
Partie 1 – La fin de la Seconde Guerre mondiale

et les débuts d’un nouvel ordre mondial�� 49
A. Bilan matériel, humain et moral du conflit�� 49
B. Les Alliés jettent les bases d’un nouvel ordre international�� 50
C. Affrontement des deux superpuissances et naissance d’importants conflits au Proche-Orient

(1947-1949)�� 51
Conclusion�� 52
Partie 2 – Une nouvelle donne géopolitique :

bipolarisation et émergence du tiers-monde
(de 1949 au milieu des années 1970)�� 53
A. Les modèles des deux superpuissances et la bipolarisation�� 53
B. Les nouveaux États : des indépendances à leur affirmation sur la scène internationale�� 55
C. La Chine de Mao : l’affirmation d’un nouvel acteur international�� 56
D. Les conflits du Proche et du Moyen-Orient�� 57
Conclusion�� 58
Glossaire�� 59
Savoirs et savoir-faire�� 60

SÉQUENCE 4�� 61
DYNAMIQUES TERRITORIALES, COOPÉRATIONS ET TENSIONS
Partie 1 – Des territoires inégalement intégrés

dans la mondialisation�� 61
A. Les pôles et aires de puissance�� 61
B. Des aires de puissance en recomposition avec l’affirmation de puissances émergentes�� 64
C. Territoires en développement et en marginalisation�� 65
Conclusion�� 66
Partie 2 – Coopérations, tensions et régulations

aux échelles mondiale, régionale et locale�� 67
A. Une mondialisation fondée sur la Division Internationale du Travail�� 67
B. Une mondialisation qui accentue les tensions et peut favoriser les conflits�� 69
C. Une mondialisation difficile à réguler�� 69
Conclusion�� 71
Partie 3 – La France, un rayonnement international

différencié�� 72
A. Un rayonnement géopolitique et militaire�� 72
B. Le rayonnement économique et culturel�� 73
C. Une influence qui a des limites�� 74
Conclusion�� 74
Synthèse�� 75
Glossaire�� 76

SÉQUENCE 5�� 77
LES REMISES EN CAUSE ÉCONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES DES ANNÉES 1970 ET 1980
Partie 1 – La modification des grands équilibres

économiques et politiques, des années 1970 à 1991�� 77
A. Un monde en crise : la difficile recomposition des rapports de force économiques�� 77
B. Un monde en crise : des nouveaux enjeux internationaux, 1975-1985�� 78
C. L’effondrement du bloc soviétique et l’émergence de nouveaux rapports internationaux

(1985-1991)�� 79
Conclusion�� 80
Partie 2 – Un tournant social, politique et culturel :

la France de 1974 à 1988�� 81
A. L’émergence de nouvelles pratiques politiques�� 81
B. Les mutations économiques et sociales de la France sous les septennats de Valéry Giscard
d’Estaing et François Mitterrand�� 82
Conclusion�� 83
Synthèse�� 84
Glossaire�� 85

L’UNION EUROPÉENNE DANS LA MONDIALISATION : DES DYNAMIQUES COMPLEXES
Partie 1 – L’Union européenne, un espace plus ou moins

ouvert sur le monde�� 86
A. L’Union européenne est une union d’États à géométrie variable�� 87
B. L’Union européenne est une aire de puissance économique majeure de la mondialisation�� 91
C. Une affirmation sur la scène internationale limitée par des fragilités multiples�� 94
Conclusion�� 96
Partie 2 – Des politiques européennes entre compétitivité

et cohésion des territoires�� 97
A. Une volonté de réduire les inégalités territoriales1. Des inégalités entre les États membres�� 97
B. Une volonté de valoriser les atouts des territoires de l’UE

pour faire face à la concurrence mondiale�� 100
Conclusion�� 102
Partie 3 – La France : les dynamiques différenciées

des territoires transfrontaliers�� 103
A. Des territoires frontaliers aux territoires transfrontaliers�� 103
B. Les dynamiques différenciées des espaces transfrontaliers�� 105
Synthèse�� 106
Glossaire�� 107

LE MONDE, L’EUROPE ET LA FRANCE DEPUIS LES ANNÉES 1990, ENTRE COOPÉRATIONS ET CONFLITS
Partie 1 – Nouveaux rapports de puissance

et enjeux mondiaux�� 109
A. Les nouvelles formes de conflit�� 109
B. Les crimes de masse et les génocides�� 111
C. Vers une gouvernance mondiale face aux défis contemporains :

l’exemple de la justice pénale internationale�� 113
Partie 2 – La construction européenne entre élargissement,

approfondissement et remises en question�� 115
A. Origines et premiers pas de la construction européenne (1945-1992)�� 115
B. De 1957 à 1992 : les grandes étapes de la construction européenne�� 116
C. La CEE devient l’UE�� 117
D. L’Union européenne en crise ?�� 118
Partie 3. Les évolutions de la république française

A. La Cinquième République : un régime stable qui connaît de nombreuses réformes institutionnelles
�� 120
B. Les évolutions sociales depuis les années 1990�� 121
Synthèse�� 122
Glossaire�� 123

LA FRANCE ET SES RÉGIONS DANS L’UNION EUROPÉENNE ET DANS LA MONDIALISATION : LIGNES DE FORCE ET RECOMPOSITIONS
Partie 1 – La France et ses régions�� 125

A. Les acteurs de l’aménagement du territoire dans le contexte d’intégration européenne
et mondiale�� 125
B. Les enjeux de l’aménagement dans le contexte d’intégration mondiale et européenne�� 126
C. Les effets différenciés de la mondialisation et de l’intégration européenne sur les territoires�� 127
Synthèse�� 129
Glossaire�� 130
MÉTHODOLOGIE�� 131
A. La question problématisée�� 131
B. L’Analyse de document(s)�� 132
C. La production graphique�� 133
D. Le langage cartographique�� 134

SÉQUENCE 1
FRAGILITÉS DES DÉMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE (1929-1945)
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les cartes de la géopolitique mondiale sont totalement
redistribuées. L’Europe, « suicidée », cède définitivement la place aux États-Unis d’Amérique qui
s’imposent comme la première puissance économique mondiale. En 1918, ils disposent de la moitié
des réserves d’or de la planète et le dollar s’impose aux côtés de la Livre sterling comme monnaie
de référence lors de la Conférence de Gênes organisée en 1922 pour refonder le système monétaire
international. Les États-Unis deviennent le créancier d’une Europe ruinée et désormais lourdement
endettée. Les Plans Dawes (1 924) et Young (1 929), permettant à l’Allemagne de payer le lourd montant
des réparations de la Guerre aux Alliées, consacrent ainsi leur mainmise sur l’économie européenne.
Les États-Unis se trouvent ainsi au cœur d’un triangle financier : les banques étatsuniennes prêtent de
l’argent à l’Allemagne, celle-ci paye les annuités des réparations aux alliés, ce qui permet à ces derniers
de rembourser les dettes de guerre contractées auprès des États-Unis. De plus, le déficit commercial
mis en place pendant la guerre ne peut être compensé que par d’autres prêts étatsuniens : le nouvel
équilibre économique du monde est fondé sur un flux constant de capitaux des États-Unis vers l’Europe ;
et notamment entre New-York et Berlin.
Sur le plan politique les États-Unis pèsent désormais suffisamment pour affirmer leurs positions : le
président Wilson vient en personne – c’est la première fois qu’un président étatsunien en exercice quitte
son pays – à la Conférence de Paix de Paris afin que rien ne puisse être décidé sans lui. Il impose ses
« 14 points » et notamment la création de la Société des Nations. Les Européens ne sont plus maîtres du
monde, ni maîtres d’eux-mêmes.
Néanmoins, dans le chaos de l’après-guerre (le monde est, de plus, frappé en 1918-1919 par un autre
fléau, celui de la grippe dite espagnole qui infecte un tiers de l’humanité et fauche entre 20 et 100 millions
d’humains) certains espoirs viennent à naître. La SDN porte en elle l’espérance d’une gouvernance
mondiale sous l’égide de la diplomatie et du libre-échange, le pacte Briand-Kellog met la guerre
« hors-la-loi » en 1928 tandis que la reprise économique s’amorce. Aussi, le libéralisme politique se
diffuse suite à la guerre et tend à devenir, dans les années 1920, la norme dans les pays d’Europe et du
Monde qui adoptent progressivement des systèmes politiques représentatifs basés sur des élections
libres et régulières : de plus en plus de pays s’essayent à la démocratie malgré l’émergence, en Italie et
en URSS, d’un nouveau modèle d’état autoritaire.
Cependant, le fragile équilibre qui s’amorce à peine au milieu des années 1920 est brusquement et
violemment remis en cause avec la crise boursière qui éclate à New York en octobre 1929 et dont les
conséquences ébranlent durablement le monde. Un cycle infernal de crises, qui rend bien compte de la
précarité et des apparences trompeuses des années 1920, s’enclenche : la crise boursière et financière
devient économique, puis sociale et politique. Les espoirs de prospérité, d’émancipation politique, de
paix, sont alors rapidement balayés et les années 1930 sont celles de la dépression économique, de la
fermeture, de la crispation ; de la montée, partout, des extrémismes qui sonnent le glas de démocraties
à peine naissantes, facilement fauchées par des régimes autoritaires voire totalitaires : en 1939, seuls
quelques pays d’Europe occidentale et septentrionale demeurent des démocraties.
Aussi, nous verrons comment la Crise (ou plutôt les crises) des années 1930 conduit le Monde à un nouveau
conflit d’une ampleur et d’une violence inédites.

Partie 1. L’impact de la crise de 1929 : déséquilibres
économiques et sociaux
Le jeudi 24 octobre 1929, un premier krach boursier (effondrement des valeurs) survenu à Wall Street entraîne
la plus grave crise économique de l’époque contemporaine. Ce « jeudi noir », suivi le 29 octobre d’un mardi
plus noir encore, n’est néanmoins pas un simple accident conjoncturel du système capitaliste mais s’inscrit
dans les failles structurelles de celui-ci au moment même où la prospérité semble lui donner raison.
A. De l’euphorie des années 1920 aux krachs d’octobre 29 :

les causes de la crise
1. La croissance fragile des années 1920

La croissance des années 1920 est surtout basée sur une industrie stimulée par le taylorisme et le
modèle fordiste (gains de productivité) ainsi que sur un processus d’électrification généralisé (production
mondiale multipliée par 10 entre 1913 et 1929) qui accroît considérablement la puissance des machines.
Aux États-Unis surtout, les années 1920 marquent les débuts de la société de consommation et de
la civilisation automobile. Des appareils récents, comme le téléphone, la radio, la machine à coudre
électrique ou l’aspirateur, se diffusent et le niveau de vie s’améliore.
Mais la production de masse est loin de correspondre à la consommation réelle, les revenus de la plupart
des ménages n’étant alors pas suffisants. Aussi des secteurs clés de l’économie, porteurs et entrainants
(immobilier, automobile), s’essoufflent déjà.
Par ailleurs, la croissance industrielle aux États-Unis, certes importante, n’est que de 50 % sur cette décennie
alors que celle des valeurs boursières est de 300 % : la spéculation génère ainsi une bulle et la bourse est
déconnectée de l’économie réelle. Surproduction et bulle spéculative : la situation n’est pas saine.
2. Les jours noirs d’octobre 1929

Les vendredi 18 et samedi 19 octobre ont lieu à Wall Street les premières ventes massives d’actions.
Pour la première fois en 5 ans, les cours trébuchent. Il est grand temps pour chacun, c’est-à-dire pour
tous les actionnaires, de vendre. Le mercredi 23 octobre, plus de 2,5 millions de titres sont vendus ce qui
provoque une baisse des prix qui érode rapidement non plus seulement les profits, mais également les
placements de départ. Le jeudi 24 octobre, le fameux black Thursday, a lieu le premier mouvement de
panique : tout le monde vend, personne n’achète. Près de 13 millions de titres sont cédés. Puis viennent
le black Monday (vente de plus de 9 millions de titres, baisse de 13 % des cours) et le black Tuesday (plus
de 16 millions d’actions bradées, perte de 16 %). Les actionnaires perdent leur mise de départ et sont
également incapables de rembourser leurs dettes : la ruine se transmet aux banques, puis des banques
aux entreprises et frappe l’ensemble de l’économie.
L’enchaînement, très rapide, peut se résumer ainsi : le Krach boursier provoque des faillites bancaires
qui entraînent la contraction du crédit et donc baisse de l’investissement et de la consommation. En
découlent alors des faillites industrielles et la sous-utilisation des capacités de services, un chômage
accru et un effondrement du pouvoir d’achat et, donc, une nouvelle chute de la consommation : la crise
nourrit la crise.

Les mécanismes de la crise
SPÉCULATION SURPRODUCTION
KRACH
Faillites bancaires
Contraction du crédit Baisse
BAISSE DE LA CONSOMMATION
Faillites industrielles Sous utilisation des services
Chômage
Effondrement du pouvoir d’achat
B. La mondialisation de la crise économique
Le nouvel équilibre économique après la Grande guerre repose sur l’afflux constant de capitaux des
États-Unis vers l’Europe et notamment vers l’Allemagne. La ruine du colosse économique se traduit ainsi
par un marasme généralisé.
1. La ruine du nouvel ordre économique

Les États-Unis sont l’épicentre d’un séisme qui se propage à l’ensemble de la planète sous l’effet de deux
phénomènes conjugués pour le pire : la baisse des importations et le rapatriement des capitaux. Les
banques étatsuniennes rappellent ainsi d’Europe leurs avoirs, mettant en crise les systèmes bancaires
et boursiers du Vieux Continent, et, de plus, bloquent le crédit international. Aux faillites des banques
succèdent celles des entreprises, déjà mises à mal par un marché frileux et la baisse de la demande.
Le cercle vicieux décrit plus haut se répète de pays en pays, contaminant d’abord l’Autriche et l’Allemagne
puis, le Royaume Uni en 1932, la France en 1933 et enfin l’Europe méditerranéenne. Dans le même
temps, puisque les pays industriels, importateurs de matières premières, ralentissent sérieusement
leurs activités, les pays fournisseurs de celles-ci, absolument dépendants de la santé du commerce
mondial, sont très durement frappés. De plus, les premières mesures prises pour enrayer la crise
l’aggravent.

La propagation de la crise entre 1929 et 1932
Manuel d’Histoire - Terminale,© Hatier 2020, p. 21
2. L’absence d’une réponse mondiale efficace

Le premier réflexe de nombreux pays est de prendre des mesures protectionnistes afin de protéger les
entreprises nationales de la concurrence étrangère.
Ces mesures ont des effets négatifs car le monde se ferme d’autant plus aux importations, et donc aux
exportations, ce qui provoque l’effondrement du commerce international et donc, la généralisation de la
surproduction puisque les marchés intérieurs sont insuffisants pour absorber la production nationale. La crise
touche, après les milieux de la finance, de la banque, de l’industrie, le monde agricole déjà en proie à de grosses
difficultés structurelles. Tous les agriculteurs du monde sont victimes de la surproduction et les prix s’effondrent
Afin de tenter d’apporter une réponse mondiale coordonnée à la crise, 66 pays se réunissent à la
conférence économique et monétaire de Londres en juin 1933. Cet unique effort est un échec. Certains,
prônent la dévaluation de la monnaie, d’autres s’essayent à des politiques de déflation qui, partout,
échouent, voire aggravent la situation puisqu’elles réduisent fortement le pouvoir d’achat, ce qui réduit
encore la consommation et augmente donc la crise de surproduction.
Les recettes libérales classiques, basées sur la croyance que la crise peut, et doit, se résoudre d’elle-
même si on « laisse faire » l’économie, ne fonctionnent pas voire aggravent la situation.
La crise de 1929 en chiffres (production, commerce international, chômage)
Effondrement de la production Effondrement du commerce international Montée du chômage

Indice 100 en 1929 En milliards de dollars-or des importations de 75 pays Taux de chômage par rapport à la population active en %
180 3000
160
160
140 2000 140
120
100
100
1000
80 80
60
0 0
1929 30 31 32 32 34 35 36 37 1938 1929 1930 1931 1932 1933 1930 29 30 31 32 33 34 35 36 1938

C. Les Grandes dépressions
La violence sociale de la crise économique des années 1930 qui prive d’emploi et de revenus une part
importante des actifs a de très lourdes répercussions politiques.
1. Misère et agitation sociale

Chômage et misère sont le lot de tous les pays, à commencer par les États-Unis, où la production
industrielle diminue de 30 % et la production agricole de 60 %. Beaucoup de paysans, ruinés, expropriés,
deviennent des sans-abri.
Cette situation engendre des troubles graves. Aux États-Unis et en Europe, de nombreuses marches de
chômeurs, souvent des « marches de la faim », sont organisées face aux mesures d’austérité et à l’incurie
supposée des responsables politiques. Le repli sur soi se généralise : protectionnisme voire autarcie
des États, xénophobie montante des sociétés et des individus. Les étrangers sont stigmatisés et sont les
premiers frappés par le chômage. Le racisme est exacerbé aux États-Unis, de même que l’antisémitisme
en Europe et notamment en Allemagne.
2. Tensions et instabilités politiques

Sur fond d’agitation sociale, tous les partis au pouvoir au début des années 1930 sont balayés par la
crise : celle-ci entraîne une reconfiguration globale des cartes politiques.
Partout, les libéralismes sont pointés du doigt : le libéralisme économique, responsable de la crise ; le
libéralisme politique, jugé inefficace face à celle-ci. Aussi, les citoyens se tournent-ils vers des voix qui
prônent volontiers des mesures – voire des régimes – autoritaires.
C’est particulièrement le cas en Amérique latine, où des coups d’États militaires instaurent des régimes
autoritaires autant de gauche que de droite.
L’Europe connaît également cette tentation de l’autoritarisme et beaucoup lorgnent alors du côté de
l’Italie fasciste ou, à partir de 1933, de l’Allemagne qui, mise à genoux par la crise (1/3 des travailleurs
sont au chômage en 1932), devient nazie ; le NSDAP paraissant alors pouvoir offrir une réponse aux
attentes des Allemands
En France, le courant antiparlementariste se renforce dans les années 1930 et le poids des ligues d’extrême-
droite, nationalistes, antiparlementaires, xénophobes, se renforce ; les émeutes du 6 février 1934 n’étant que
le point d’orgue de l’agitation qu’elles entretiennent. En Angleterre, l’ex-travailliste Oswald Moseley, fonde en
1932 l’Union des fascistes britanniques qui ne convainc cependant qu’une maigre audience.
En Europe, à l’exception des pays Scandinaves, le fascisme et l’autoritarisme triomphent. Et le constat
vaut pour le Monde : si l’on considère les pays non colonisés d’Asie, d’Afrique, d’Océanie, seules l’Australie
et la Nouvelle Zélande résistent à cette tempête politique.
La conséquence politique de la Crise est bien celle de la chute du libéralisme.
3. Vers une solution : les politiques de relance

Devant les échecs des politiques économiques libérales qui ne font qu’aggraver une situation dramatique,
les chefs d’États adoptent parfois de nouvelles politiques, en partie inspirées des idées de l’économiste
britannique John Meynard Keynes. L’État devient alors l’acteur central de l’économie. Il investit, passe
des commandes, crée des activités, de l’emploi ; les individus retrouvent du travail, du pouvoir d’achat,
consomment à nouveau ; les entreprises, stimulées par les commandes d’état, remplissent alors leurs
carnets de commandes et la production repart à la hausse ainsi que les profits et donc les emplois. La

confiance, capitale, revient et avec elle, les investissements. L’état, au bout du compte, récupère l’argent
investit par le biais de la fiscalité et de la diminution des aides sociales. Pour résumer, il s’agit donc de
relancer l’économie par la consommation ; de s’attaquer donc à la cause centrale de cette crise.
Franklin Delano Roosevelt, victorieux à l’élection présidentielle de 1932, propose ainsi cette nouvelle
politique économique, le New Deal (la Nouvelle Donne). Si la reprise s’amorce aux États-Unis, la rechute
en 1937-1938 nuance les effets du New Deal.
En France, le Front Populaire (union des gauches) victorieux aux élections de mai 1936, prend aussi ce
chemin avec les accords de Matignon, mais le succès est, ici aussi, très limité.
Les régimes autoritaires pratiquent plus intensément encore l’interventionnisme étatique. Certains
mettent sur pied une économie étroitement dirigée par l’État et prônent une quasi-autarcie. C’est le
cas notamment de l’Allemagne où le chômage est presque totalement résorbé, notamment grâce au
réarmement et à la remilitarisation. Enfin, pour d’autres régimes autoritaires, l’expansionnisme devient
une solution à la crise autant qu’un accomplissement idéologique : l’Italie de Mussolini met ainsi la main
sur l’Éthiopie en 1935-1936 tandis que le Japon entreprend la conquête d’un immense empire Pacifique
qui commence par l’annexion de la Mandchourie en 1931 puis du reste du littoral de la Chine en 1937.
Comme en Allemagne, la politique militariste et la marche à la guerre permettent à ce pays de sortir de
la crise.
Conclusion
En octobre 1929, le fragile équilibre sur lequel repose la prospérité des États-Unis s’effondre. Le cours
des actions chute brutalement le jeudi 24 et provoque la ruine des boursicoteurs puis, rapidement, des
banques, des épargnants et la crise se généralise à toute l’économie, déjà marquée par la surproduction
et la sous-consommation.
Le marasme se diffuse et la récession touche rapidement le monde entier du fait du retrait des capitaux
étatsuniens investis partout et des mesures protectionnistes qui ferment les marchés aux produits
étrangers et provoquent l’effondrement du commerce international.
Dans le monde entier la crise économique mène à une crise sociale marquée par le chômage de masse
et la violence de celle-ci provoque des changements politiques parfois brutaux et radicaux, notamment en
Europe et en Amérique latine.
Les mesures libérales pour sortir de la crise sont toutes inefficaces. Aussi, les États s’essayent-ils à de
nouvelles politiques économiques de relance inspirées notamment par John M. Keynes. C’est le cas du
New Deal aux États-Unis ou encore du Front Populaire en France.
Partie 2. Les régimes totalitaires

Le XXe siècle est celui des totalitarismes, des régimes politiques, ou plutôt des systèmes, qui naissent en
Europe après la Première Guerre mondiale. Le mot « totalitarisme » est lui-même né en Italie : ce terme
s’applique à des dictatures d’un type particulier qui, dans l’Italie fasciste, l’URSS stalinienne, l’Allemagne
Nazie, inventent une nouvelle politique que l’historien et philosophe Krzysztof Pomian définit comme
un mouvement de masse révolutionnaire incarné par un chef charismatique qui, avec son parti fondu
dans l’État et tout un ensemble d’organisations, soumet à son contrôle la totalité de la vie sociale, guide,
surveille et punit les masses.

A. Genèse des régimes totalitaires
Fascisme, Stalinisme, Nazisme émergent à la faveur de situation de crises, sont enfantés dans et par la
violence, même si le pouvoir est conquis sous des allures de légalité. Ils n’affirment pas immédiatement
leur caractère totalitaire, même s’il leur est intrinsèque : les totalitarismes s’installent progressivement
une fois les rênes du pouvoir tenus.
1. Le rôle déterminant de la Première Guerre mondiale

Les sociétés belligérantes y font l’expérience collective de la violence de masse qui aurait conduit à « la
brutalisation des esprits » (George Mosse), née d’une violence banalisée, d’une expérience de guerre
extrême sacralisée où virilité et patriotisme sont exacerbés.
De plus, les sociétés sont ébranlées par une forte crise économique au sortir de la guerre qui entraîne
instabilité sociale et politique.
Enfin, les bouleversements géopolitiques de l’Europe redécoupée par les différents traités de paix qui
démantèlent les grands empires multinationaux (Empire Allemand, Empire Austro-Hongrois, Empire
Ottoman, Empire Russe) et entérinent la naissance ou renaissance de nouveaux États (Finlande,
Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Lituanie, Estonie, Lettonie), provoquent de nombreux
mécontentements et font naître immédiatement de nouveaux sujets de discordes intra ou interétatiques.
La nouvelle carte de l’Europe après les traités de paix
Nord
ISLANDE
O c é a n SUÈDE
FINLANDE
A t l a n t i q u e
NORVÈGE
Helsinki
RUSSIE SOVIÉTIQUE
MerTalin
ESTONIE
Baltique
IRELANDE
Mer Riga LETTONIE Moscou
DANEMARK
Dublin ROYAUME du Memel LITUANIE
UNI Nord Dantzig Vilnius
Schleswig
PAYS Allenstein
Londres Berlin guerre russo-polonaise
BAS Varsovie (1920-1921)
BELGIQUE ALLEMAGNE
POLOGNE
Eupen et Malmédy
Paris Prague Silésie
Sarre TCHÉCOSLOVAQUIE
FRANCE Vienne
SUISSE AUTRICHE Budapest
HONGRIE Bessarabie
Klagenfurt
ITALIE Fiume ROUMANIE
Istrie Belgrade Bucarest
PORTUGAL
Dalmatie roy. des SERBES
Mer Noire
des CROATES et
ESPAGNE BULGARIE
Rome des SLOVÈNES
ALBANIE Thrace Ankara EMPIRE OTTOMAN
États vaincus Nouveaux états et 250 km
Territoire en 1920 Perte zones de tension Smyrne
Athènes
Allemagne ESTONIE Nouveau états guerre gréco-turque
Autriche Frontière de 1914 GRÈCE (1920-1922) SYRIE
MAROC et Hongrie Frontière de 1920
IRAK
Empire Ottoman Litiges frontaliers
ALGERIA plébiscites à venir LIBAN
Ancien M er
Empire Russe TUNISIE
Zones sous contrôle de la SDN
Fiume Villes libres
M é d i t e r r a n n é e PALESTINE
États vainqueurs
Principaux LIBAN Mandats français TRANSJORDANIE
états vainqueurs IRAK Mandats LYBIE
britanniques ÉGYPTE

Dans ce contexte général, la Russie, l’Italie et l’Allemagne connaissent une situation particulièrement
délicate.
En Russie, une grave crise, née notamment de la Guerre, entraîne la révolution de février qui abat le
régime tsariste puis celle d’octobre 1917 qui donne le pouvoir aux bolcheviks (communistes).
En Italie, la situation économique est catastrophique tandis que le thème de la « victoire mutilée » (l’Italie
n’a pas obtenu tous les territoires convoités) se développe alors dans les partis d’extrême droite dont
« les faisceaux italiens de combat », fondés par Benito Mussolini en 1919.
En l’Allemagne, le traumatisme de la défaite est profond. Elle doit payer de lourdes réparations et
accepter le Traité de Versailles, reçu comme un diktat injuste. Le nouveau régime démocratique de
la République de Weimar est à la fois contesté par l’extrême gauche révolutionnaire inspirée par les
bolcheviks et par les nationalistes d’extrême-droite.
2. La violence comme moyen d’accession au pouvoir

Dans ces trois États, la violence est revendiquée et exercée comme moyen de la politique par des partis
qui méprisent et rejettent les principes érigés par les démocraties libérales.
En Russie, la Révolution d’Octobre une très violente guerre civile entre les « Blancs », adversaires de la
Révolution, et le pouvoir bolchevik qui impose une très forte coercition et une militarisation à marche
forcée d’où naît l’Armée Rouge, organisée par Trotski. Après la victoire des « Rouges », la Russie est un
vaste champ de ruines. Dans ce contexte très instable, sont organisées une police politique, la Tcheka,
bientôt omniprésente, et l’enfermement des « ennemis de classe » dans des camps de concentration
débute dès 1918.
La naissance et la réussite de la révolution bolchévique deviennent alors un contre modèle pour les
mouvements d’extrême droite européens et la peur de sa contagion suscite un fort anticommunisme
parmi les bourgeoisies européennes. Cette peur permet aux fascistes de Mussolini de se présenter, en
usant de la violence et face à l’inefficacité de l’État, comme le seul rempart efficace au communisme.
En mai 1921, Mussolini est élu député, et il fonde en novembre le Parti National Fasciste (PNF). Le
27 octobre 1922, il organise avec ses « chemises noires » la « Marche sur Rome », une manœuvre
d’intimidation qui porte ses fruits : Mussolini est nommé Président du Conseil par le roi Victor-Emmanuel
III le 30 octobre 1922. En avril 1924, les fascistes remportent des élections législatives marquées par
l’utilisation de la violence et les intimidations. L’assassinat, en juin 1924, du député socialiste Matteotti qui
dénonce publiquement leurs méthodes annonce le durcissement du régime.
En Allemagne, en 1919, Hitler appartient à un mouvement nationaliste qu’il transforme en parti : le

NSDAP, Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands, dit « parti nazi ». Il développe une rhétorique
haineuse contre le « diktat » de Versailles, la « menace » bolchevique, le « complot » juif contre
l’Allemagne. Le NSDAP se dote deux 2 milices : les SA (Sturm Abteilung, sections d’assaut) créées en
1921, commandées par Röhm, qui constituent le service d’ordre du parti, chargé de contrôler la rue et
de terroriser les adversaires politiques et les SS (Schutz Staffel : échelon de protection), créés en 1925,
dirigés par Himmler, qui forment la garde personnelle de Hitler et des membres du parti et deviennent la
police militarisée du parti puis de l’État.
En 1923, Hitler tente un coup d’État à Munich. Celui-ci échoue et vaut à Hitler 9 mois de prison pendant
lesquels il rédige son livre-programme Mein Kampf. Il y expose sa croyance fondamentale dans l’inégalité
des races, son antisémitisme obsessionnel, sa volonté de revanche militaire sur les Français, le
pangermanisme, c’est-à-dire la volonté de rassembler tous les Allemands au sein d’un même espace
« vital », un espace conquis sur les voisins de l’Allemagne qui lui seront asservis.

3. La transformation vers le totalitarisme
En Italie, les lois dites « fascistissimes » du 3 janvier 1925, organise une dictature totalitaire : censure de la
presse et de l’édition, tribunal d’exception, police secrète, suppression des autres partis politiques et des
syndicats, arrestation des opposants politiques. Le P.N.F. élit un Grand conseil fasciste qui est le véritable
organe de gouvernement avec lequel Mussolini dirige le pays en s’appuyant sur sa milice, les chemises noires.
En 1926, le régime crée une police politique, l’O.V.R.A. (l’Organisation de vigilance et de répression de
l’antifascisme) qui traque les opposants aux quatre coins de l’Italie. Ceux-ci sont condamnés à mort, à la
déportation, au bagne, ou au confinement en résidence surveillée.
En URSS, Staline s’impose progressivement au pouvoir entre la mort de Lénine en 1924 et 1928 en
écartant ses principaux rivaux, notamment Trotski, forcé à l’exil. Staline impose avec la collectivisation
forcée des terres, la mise en place des kolkhozes (exploitations collectives) et des sovkhozes (fermes d’État)
et la planification de l’économie.
En Allemagne, les effets particulièrement ravageurs de la crise facilitent la montée au pouvoir d’Hitler. Le
parti nazi obtient plus de 37 % des voix aux élections de 1932 et Hitler est nommé chancelier le 30 janvier
1933 par le président Hindenburg. La transformation du régime en dictature est alors extrêmement
rapide. La nuit du 27 février 1933, le Reichstag est incendié. Attribué aux communistes, cet incendie est
utilisé comme prétexte par les nazis pour suspendre les libertés individuelles et lancer la répression
contre les communistes, les syndicalistes, les sociaux-démocrates. Les partis politiques et les syndicats
sont supprimés, les opposants sont arrêtés et enfermés – notamment à Dachau, le premier camp de
concentration nazi ouvert dès le 20 mars 1933. Le 2 août 1934, après la mort de Hindenburg, et après
avoir éliminé les trop remuants SA, Hitler cumule les fonctions de Chancelier et de chef de l’État. Il
devient le führer du Reich : c’est la concrétisation de la vision politique nazie, « Ein Volk, ein Reich, ein
Führer » (un Peuple, un État, un Guide).
B. Des caractéristiques communes et des spécificités
1. Un Chef messianique
Tous ces régimes sont basés et construits sur la figure du chef, le guide (Hitler est le führer, Mussolini le
duce, Staline (surnom de Joseph Djougachvili qui signifie « acier ») le vojd) qui s’inscrit dans une rupture
révolutionnaire. Une fois dictateur, lui seul connaît le chemin qui permettra au peuple de s’élever et de
s’accomplir. Il tient sa légitimité de son essence même : il est un surhomme, un héros. Mussolini se
présente ainsi comme l’héritier des Césars. Aussi, le chef totalitaire s’ancre dans un passé glorieux, parfois
mythologique, se pare de références au divin, développe un caractère sacré aux yeux du peuple. Tous les
régimes totalitaires se caractérisent par un culte du chef sans limite diffusé par une propagande omniprésente
2. La propagande au cœur du système totalitaire

Les régimes totalitaires utilisent et développent des moyens de propagande, par voie de presse, d’affiche,
via le cinéma et la radio, afin de diffuser l’idéologie officielle et d’obtenir une adhésion massive de la
population.
Outre le culte du chef relayé sans cesse par tous les médias, la propagande ne diffuse que des
informations à la gloire du régime. Des modèles de réussite, en preuve de la validité du système, sont
érigés, comme le « stakhanovisme » en URSS.
En complément, la censure est omniprésente : tout ce qui ne cadre pas avec l’idéologie officielle est
interdit, détruit.
Aussi, bien au-delà de la diffusion du message politique, la propagande totalitaire contribue, au sein d’un
système d’organisations de contrôle, à forger, en l’exaltant, un « Homme nouveau ».

3. La volonté de forger un homme nouveau
L’une des spécificités des régimes totalitaires est la mise en place d’un encadrement de la population à
tous les âges de la vie, avec une importance particulière accordée à l’encadrement de l’enfance et de la
jeunesse. En Italie, les « fils de la Louve », en Allemagne, les Hitlerjugend (jeunesses hitlériennes), en
URSS, le Komsomol (organisation de la jeunesse communiste), inculquent aux jeunes, les valeurs et les
idées du parti dans une discipline de fer afin d’obtenir une nouvelle génération soumise et dédiée à la
cause dirigeante.
4. Terreur de masse
La terreur est au cœur même du fonctionnement des régimes totalitaires ; l’historien britannique Ian
Kershaw désigne ainsi l’État nazi comme un état « terroriste », la terreur devenant un principe de
fonctionnement. Cette terreur est générée par la violence de masse et son instrument est la déportation
en camp de concentration, utilisée à une échelle plus importante en Allemagne et en URSS qu’en Italie.
Le camp de Dachau est ouvert dès l’arrivée au pouvoir des Nazis, en mars 1933 et rempli d’opposants
arrêtés par les SA et la « police secrète d’État », la Gestapo, chargée de lutter contre les opposants,
réels ou supposés, terrorise la population allemande par ses exactions, souvent arbitraires. Le système
concentrationnaire est placé sous l’administration des SS d’Heinrich Himmler.
En URSS, la répression politique de masse s’articule autour de la surveillance étroite de la population par
une redoutable police politique (Tcheka puis GPU puis NKVD) et de la déportation des opposants dans les
camps du Goulag : contre-révolutionnaires, bourgeois, koulaks (paysans jugés riches), réfractaires à la
collectivisation. Certains territoires d’URSS sont particulièrement frappés par la répression, notamment
l’Ukraine, où, face à une supposée résistance à la collectivisation, Moscou orchestre et entretient une
famine qui fait au moins 3 millions de morts entre 1931 et 1933.
À partir de 1934, l’URSS entre dans une ère de terreur généralisée qui touche les intellectuels, les artistes,
l’armée, les hauts fonctionnaires puis, à terme, les coupables du moindre faux pas : 2 millions de personnes
sont exécutées et sans doute 5 à 8 millions sont envoyés dans les camps de concentration du Goulag.
5. Les spécificités des régimes totalitaires

On le voit, les méthodes et les moyens – propagande, encadrement, terreur – sont similaires entre
les trois régimes. Mais leurs projets les distinguent nettement : rappelons que l’une de raisons d’être
des fascismes – régimes qui exaltent les inégalités – est la lutte contre le communisme. Le modèle
idéologique et social de l’Union Soviétique leur est diamétralement opposé.
Le mot d’ordre dans l’URSS de Staline est la transformation radicale de l’économie et de la société afin
de construire une société sans classe, notamment en supprimant la propriété privée et en nationalisant,
collectivisant, planifiant toute l’économie.
Le projet fasciste repose, lui, sur l’exaltation de la nation italienne et se veut éminemment modernisateur.
Mussolini mène une politique d’autarcie et l’État lance de grands travaux : autoroutes, barrages,
agriculture. L’Italie fasciste s’inscrit dans un rêve de puissance qui doit permettre à l’Italie de retrouver sa
splendeur antique.
Le nazisme, qui exalte aussi la grandeur nationale et les vertus guerrières, est, lui, fondé spécifiquement
sur le racisme et sur un antisémitisme obsessionnel qui s’institutionnalise rapidement : les Juifs sont
présentés comme les responsables de tous les maux de la société allemande et, afin de protéger la
« race aryenne », ils en sont rapidement exclus par le biais des lois de Nuremberg (1 935), complétées
par divers textes dont les ordonnances antisémites du 12 novembre 1938. La nuit de cristal, le 9 au
10 novembre 1938, est un gigantesque pogrom qui voit les bandes nazies s’attaquer aux quartiers juifs
des villes d’Allemagne et d’Autriche. Des milliers d’appartements, de boutiques, des synagogues sont
brûlés. Environ 100 Juifs meurent au cours de cette nuit d’horreur, 25 000 sont déportés vers les camps
de concentration de Dachau, de Buchenwald et Sachsenhausen.

Des lois antisémites
« Sont citoyens du Reich uniquement les habitants du Reich de sang allemand ou de race parente, qui prouvent
par leur conduite qu’ils ont la volonté et la possibilité de servir fidèlement le Reich et le peuple allemand. »
« Les mariages entre Juifs et citoyens allemands ou similaires sont interdits. »
« Les Juifs n’ont pas le droit d’employer au service de leur ménage des femmes de sang allemand ou assimilé
de moins de 45 ans »
« Il est interdit aux Juifs de hisser les couleurs nationales du Reich. »
Lois sur la protection du sang allemand et sur la citoyenneté (dites lois de Nuremberg), 15 septembre 1935.
« Les installations de médecins juifs doivent cesser le 30 septembre 1938. »

« Il est interdit aux Juifs d’exploiter des magasins de vente ou d’exercer un métier artisanal indépendant. »
« Un Juif ne peut plus être à la tête d’une entreprise. »
« L’assistance aux manifestations culturelles (théâtres, cinémas, concerts, spectacles de danse, expositions…)
ne doit plus être permise aux Juifs. »
Ordonnances pour l’élimination des Juifs de l’économie, juillet à novembre 1938
C. Vers la guerre
Si les causes et les responsabilités de la Première Guerre mondiale sont multiples et partagées, celles de
la Seconde Guerre mondiale sont plus évidentes à cerner : le bellicisme d’Hitler face à des démocraties
désirant à tout prix sauver la paix.
1. Des transgressions aux annexions

À partir de la montée au pouvoir d’Hitler, la marche vers la guerre est rapide. L’Allemagne débute son
réarmement et rétablit le service militaire en 1935. L’année suivante, elle remilitarise la Rhénanie.
Cette même année 1936, Mussolini annexe l’Éthiopie et se tourne alors vers l’Allemagne nazie avec
laquelle il signe le pacte qui met en place l’axe Rome-Berlin, en octobre 1936 et adhère en 1937 au
pacte anti-Komintern (contre l’Internationale communiste donc), signé entre l’Allemagne et le Japon
en 1936 dans l’éventualité d’une guerre avec l’URSS. En application du projet pangermaniste, les nazis
manœuvrent pour prendre le pouvoir en Autriche et en mars 1938, la Wehrmacht envahit l’Autriche à
la suite d’un coup d’état du parti nazi autrichien. En avril, un plébiscite entérine, avec 99 % de voix, le
rattachement de l’Autriche au Reich. C’est l’Anschluss, présenté par Hitler comme l’application du droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En septembre de la même année, sous ce même prétexte, l’Allemagne réclame le rattachement des
Sudètes, région de Tchécoslovaquie peuplée d’une forte minorité germanique.
La Tchécoslovaquie refuse mais la conférence de Munich (29 au 30 septembre 1 938), à laquelle
participent uniquement l’Italie, la Grande Bretagne et la France (alliée de la Tchécoslovaquie), au nom
de l’apaisement, donne raison à Hitler : les Sudètes sont annexées par le Reich dès le 1er octobre et la
Tchécoslovaquie est envahie par la Wehrmacht en mars 1939. Enfin, l’Allemagne oblige la Lituanie à lui
céder Klaipéda, la Memel germanophone, le même mois. L’Italie de Mussolini, stimulée par l’exemple
nazi, emboite le pas à l’Allemagne et envahit l’Albanie en 1939
2. La passivité des démocraties

Dès les premières transgressions allemandes, les puissances occidentales se bornent à protester sans
jamais prendre de mesures fortes de crainte de déclencher une escalade guerrière avec l’Allemagne.
L’Anschluss est ainsi proclamé dans la quasi indifférence internationale, la conférence de Munich est

une nouvelle reculade face à Hitler et le sort de la Tchécoslovaquie ne suscite que peu de solidarité
internationale et n’émeut guère : l’espoir d’apaiser Hitler s’impose comme une évidence pour la grande
majorité.
Le cas de la guerre d’Espagne (1936-1939) montre à quel point les régimes totalitaires dominent la
géopolitique européenne face à des démocraties apeurées. Les démocraties occidentales n’interviennent
pas dans le conflit, si ce n’est par la livraison clandestine d’armes, au contraire des trois régimes
totalitaires qui s’y affrontent par adversaires interposés.
L’URSS met en place des Brigades internationales, tandis que l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie
soutiennent ouvertement et activement Franco, envoyant des armes et des soldats : en août 1936, la
légion Condor allemande est envoyée en Espagne et bombarde notamment, avec le concours de l’aviation
de l’Italie fasciste, le village de Guernica le 26 avril 1937.
Réarmement, remilitarisation, Rhénanie, Guerre d’Espagne, Anschluss, Conférence de Munich : autant
d’événements qui, en 4 ans, donnent à Hitler toutes les raisons de croire que ses ambitions peuvent se
concrétiser.
3. Front totalitaire contre la paix

Les alliances se consolident en 1939. En février/mars, la Hongrie de Miklós Horthy et l’Espagne de
Franco rejoignent le pacte « anti-Komintern ». En mai, le « Pacte d’acier », destiné à assurer la sécurité
de « l’espace vital » germano-italien renforce un front totalitaire maitre du jeu européen. Reste un
problème : l’URSS et l’éventualité d’une guerre sur deux fronts.
Mais Staline, convaincu de l’inévitabilité de la guerre et ne pouvant pas compter sur les démocraties
occidentales, décide de mettre en place un glacis protecteur qui le pousse à signer avec Hitler un pacte
de non-agression le 23 août 1939.
Plus rien ne s’oppose à l’invasion de la Pologne, même l’éventualité d’une guerre avec les démocraties
occidentales méprisées : « nos ennemis sont des vermisseaux, je les ai vus à Munich » dit-il à ses
généraux. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la cité état libre de Dantzig et la Pologne. Cette fois,
l’Angleterre et la France, alliées depuis février, ne peuvent plus reculer.
Conclusion
Dans les années 1920 (URSS, Italie) et 1 930 (Allemagne), trois régimes totalitaires se mettent en
place, émergent et s’affirment. Ces trois régimes qui se distinguent par leurs idéologies, proposent de
construire une société radicalement moderne faite d’individus « nouveaux » totalement dévoués à l’État.
Celui-ci, par le biais d’une dictature, d’une propagande massive, d’un contrôle absolu des masses et de
la terreur, contrôle totalement la société. Les agressions de l’Allemagne nazie – dont l’objectif est de
construire par la guerre une « Grande Allemagne » au « sang pur » en piétinant le fragile équilibre atteint
en Europe après la Première Guerre mondiale – aboutissent à un nouveau conflit.

Partie 3. La Seconde Guerre mondiale
La Seconde guerre mondiale articule, par son déroulement et ses conséquences, tout le XXe siècle : c’est
une rupture dessinant un avant et un après. Synonyme de démesure, conflit hors-norme, elle s’inscrit
pourtant dans une logique de la guerre commencée avec le premier conflit mondial. C’est cette tension
de la Seconde Guerre mondiale, entre continuité des évolutions de la Grande guerre et spécificités
propres à ce conflit, qu’il s’agit de mettre en lumière. La Seconde Guerre mondiale – bien plus mondiale
que la première, avec une Asie et un Pacifique en feu dès l’invasion japonaise de la Mandchourie en 1931
et l’Afrique du Nord comme terrain d’affrontement – est ainsi une guerre totale, mais elle est aussi une
guerre d’anéantissement, dont la logique est parachevée par le génocide des Juifs et des Tziganes.
A. Les phases de la guerre
1. Les victoires de l’Axe (1939-1942)

L’invasion brutale de la Pologne, le 1er septembre 1939, montre les choix tactiques de l’armée allemande
et l’application de l’idéologie nazie dans les territoires conquis. La stratégie d’attaque de la Wehrmacht
repose sur la concentration des forces blindées sur des espaces stratégiques afin de garantir une victoire
rapide. C’est la blitzkrieg. En trois semaines la Pologne est vaincue et n’existe plus en tant qu’État.
Le nord du pays, considéré comme un espace germanique, est annexé au Reich, alors que le reste du
territoire devient une zone occupée sous commandement allemand. L’Est est annexé par l’URSS.
Le démantèlement de la Pologne montre dès le départ quelles sont les conséquences d’une guerre
idéologique : les élites sont éradiquées afin de décapiter, détruire donc, la nation polonaise et le reste de
la population est asservi.
Lors de l’attaque de la Pologne, le Royaume-Uni et la France ne lancent aucune offensive contre
l’Allemagne. Pendant les mois qui suivent, les deux démocraties occidentales, mobilisées sans
combattre, vivent la « drôle de guerre ». Leur stratégie est défensive : les armées alliées à l’ouest misent
sur l’asphyxie de l’Allemagne dans une guerre d’usure.
En mai 1940, après avoir vaincu le Danemark et la Norvège, l’Allemagne attaque à l’ouest : les Pays Bas
et la Belgique sont vaincus, puis la France qui est écrasée en trois semaines. L’armée allemande est à
Paris le 14 juin 1940. Le 17 juin, le nouveau président du Conseil, le Maréchal Pétain, demande l’armistice
qui est signé le 22 juin alors que le général de Gaulle, depuis son célèbre appel lancé depuis Londres le
18 juin, tente d’organiser la poursuite des combats.
Après la défaite française, le Royaume-Uni reste seul combattant dans une Europe désormais dominée
par l’Allemagne nazie. La bataille d’Angleterre commence en août 1940 avec un bombardement massif
du sud du pays. Celui-ci doit vaincre les forces britanniques, briser la résistance de la population et
permettre à l’Allemagne d’envisager un débarquement. Le blitz, bombardement systématique de Londres,
fait des milliers de morts mais n’atteint pas ses objectifs. Il est abandonné au printemps 1941.
Les États-Unis soutiennent indirectement le Royaume-Uni depuis son entrée en guerre. La loi prêt-bail
(Lend Lease) de mars 1941 autorise le président à prêter des armes à tout pays dont la défense est
considérée comme essentielle à la sécurité des États-Unis et en août 1941, ceux-ci signent avec le
Royaume-Uni la charte de l’Atlantique qui marque un fort engagement idéologique.
En 1941, la guerre s’étend au bassin méditerranéen : l’Allemagne veut affaiblir le Royaume-Uni en lui
fermant le canal de Suez pour le couper de son empire. En avril 1941 l’Afrikakorps de Rommel cantonne
les armées britanniques en Égypte. En mai 1941, l’armée allemande conquiert la Yougoslavie et la Grèce.

Enfin, la campagne de Russie est lancée le 22 juin 1941 : l’opération Barbarossa mobilise trois millions
de soldats à l’assaut de l’URSS. Les premiers succès sont fulgurants et la Wehrmacht arrive en octobre
aux environs de Moscou. Mais l’avancée allemande est stoppée nette en décembre 1941 par l’hiver, pour
lequel l’armée allemande est mal équipée, et par les premières contre-offensives de l’Armée rouge.
L’expansion de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste en Europe (1939-1942)
Sébastien COTE (dir). Histoire 1re. Paris : © Nathan, 2011, p. 105
Dans le même temps, le Japon mène en Asie une politique d’expansion : il détient déjà en 1939
l’île de Taiwan et la péninsule de Corée, la Mandchourie, et une large partie du littoral chinois. En
septembre 1940, profitant de la défaite militaire française, le Japon envahit l’Indochine et s’allie à
l’Allemagne et l’Italie en signant un pacte tripartite qui reconnaît l’hégémonie nippone en Asie. Jusqu’à la
fin de l’année 1941 le Japon continue son expansion, visant à s’assurer gains territoriaux et ressources,
et reposant sur une idéologie de la supériorité nippone. Dans ce contexte, la présence étatsunienne dans
le Pacifique (Philippines, Hawaï) est un obstacle au monopole colonial japonais. Le Japon attaque alors la
base américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. L’attaque surprise, sans déclaration préalable de
guerre, entraîne l’entrée des États-Unis dans la guerre. Le 11 décembre, l’Allemagne et l’Italie, en vertu
du pacte tripartite, déclarent à leur tour la guerre aux États-Unis.

L’expansion japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale
URSS Îles Attu et Kiska

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Territoire national japonais Opérations de décembre 1941

Territoires conquis en Chine avant 1939
Opérations de janvier 1942
Territoires conquis entre 1939 et 1942
Limite de la zone contrôlée Opérations de janvier à juillet 1942
par le Japon en juillet 1942
Ainsi, à la fin de l’année 1941, la guerre est officiellement devenue mondiale. À cette mondialisation
s’ajoute un renversement des alliances. L’URSS rejoint les États-Unis et le Royaume-Uni dans une
« Grande alliance » qui opère une transformation radicale de l’équilibre des forces dans la guerre.
2. Le tournant de la guerre (1942-1943)

Dans le Pacifique, l’année 1942 marque la fin de la suprématie japonaise. En avril 1942, les États-Unis
bombardent une première fois Tokyo. En juin 1942, ils remportent la bataille navale de Midway, puis celle
de Guadalcanal en janvier 1943. Celle-ci marque le début de leur contre-offensive finale vers Tokyo.
En Europe et en Méditerranée, plusieurs défaites stoppent les progressions allemandes. En octobre 1942,
l’Afrikakorps est défait lors de la bataille d’El Alamein et les Alliés débarquent en novembre 1942 en
Afrique du Nord. L’armée allemande capitule à Tunis en mai 1943. Sur le front de l’Est, l’offensive
allemande s’enlise à Stalingrad et, face à la résistance des Soviétiques, la VIe armée de Von Paulus doit
capituler le 2 février 1943. La bataille de Stalingrad est un tournant dans la guerre : elle signe la fin de la
progression allemande vers l’est et permet ensuite à l’Armée rouge de mener la contre-offensive contre
l’Allemagne. Elle montre également que l’armée allemande n’est pas invincible.

3. La victoire des alliés (1944-1945)
La libération de l’Europe par les Alliés (1942-1945)
Sébastien COTE (dir). Histoire 1re. Paris : © Nathan, 2011, p. 105
En Europe, la plus grande progression alliée est celle des Soviétiques. Ils reconquièrent en 1944 la
Biélorussie, ainsi que l’Ukraine, la Pologne et les Balkans. En mai 1945, les Soviétiques sont les premiers
à atteindre Berlin.
En Italie, après le débarquement allié en Sicile en juillet 1943, Mussolini est renversé par le Grand conseil
fasciste. Alors que les alliés prennent le nord de l’Italie, le Duce est exécuté le 28 avril 1945. À l’Ouest les
débarquements en Normandie (6 juin 1944) et en Provence (15 août 1944) créent un double front sur le
territoire français. Paris est libéré le 25 août 1945 et les troupes alliées foulent sur le sol du Reich en
mars 1945. Hitler se suicide le 30 avril 1945, au moment où les Soviétiques prennent Berlin. L’Allemagne
capitule sans condition le 8 mai 1945.
Dans le Pacifique, les États-Unis sont victorieux sur le Japon au prix de combats très durs. Depuis la fin
1944, le Japon est soumis à d’intenses bombardements mais la résistance des Japonais, symbolisée par
les kamikazes, est acharnée. Aussi, alors que les combats ont cessé en Europe, les États-Unis ont pour
objectif de terminer rapidement la guerre et décident de l’utilisation de la bombe atomique. Sur l’ordre de
Truman, deux bombardements ont lieu sur Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août 1945).
Le résultat en est meurtrier (environ 70 000 morts puis 90 000 morts directs dans les deux cas, sans
compter les victimes ultérieures des radiations) et, psychologiquement, dévastateur, provoquant la
capitulation japonaise le 2 septembre 1945.
La Seconde Guerre mondiale fait environ cinquante-cinq millions de morts, en majorité des civils. C’est
environ six fois plus que lors de la Première Guerre mondiale et la distribution des victimes s’est inversée
au détriment des civils. La Seconde Guerre mondiale montre ainsi une accentuation de la guerre totale
qui s’explique par l’extension du conflit à l’échelle mondiale, par l’usage d’armements et de stratégies
bien plus meurtriers et par la volonté affichée et déterminée d’anéantir l’adversaire.

B. Un cran supplémentaire dans la violence
1. Des idéologies au service de la violence

La Seconde guerre mondiale est une guerre idéologique dans laquelle les deux camps défendent une
vision du monde radicalement opposée. Pour l’Allemagne comme pour le Japon, la guerre de conquête se
justifie par une idéologie raciste. L’adversaire, déshumanisé et diabolisé par la propagande, ne peut plus
être écouté dans le cadre d’un compromis : la logique idéologique impose sa destruction complète. L’Est
de l’Europe est ainsi le théâtre d’une véritable guerre d’anéantissement ; une réalité que l’on retrouve en
Asie, où, selon un discours similaire, les Japonais conduisent la guerre et occupent l’espace conquis dans
un déchainement de violence inouï.
Chez les alliés, la diabolisation de l’ennemi est aussi présente, avec la notion de guerre juste, faite au
nom des valeurs de liberté, de démocratie et des droits de l’homme. Dans cette représentation de la
guerre, massivement diffusée par la propagande, le plus important n’est pas la défaite militaire de
l’adversaire mais son anéantissement. Ce jusqu’au-boutisme des alliés se traduit par les bombardements
massifs des villes allemandes et japonaises – des cibles non militaires – et dans l’exigence inflexible
d’obtenir une capitulation sans conditions de l’Allemagne et du Japon. Ce faisant, ils s’assurent d’être des
vainqueurs indiscutables et de piloter les reconstructions. La guerre idéologique suppose évidemment
que la population soit convaincue des objectifs de combat ce qui explique la propagande massive, à
l’œuvre dans les deux camps.
2. Des moyens inédits au service de la violence

La mobilisation de soldats pour la guerre est considérable et d’une ampleur inconnue. L’armée
allemande compte 9,5 millions de soldats en 1943, l’armée américaine, 8,8 millions. L’expérience
combattante est lors du second conflit mondial, de manière encore plus large que pour la Grande Guerre,
une expérience sociologique de masse.
La Seconde Guerre mondiale confirme une autre des évolutions entamées en 1914-1918, celle de
l’expérience de la durée et de l’acharnement des combats lors de grandes batailles qui durent plusieurs
mois (Stalingrad, Monte Cassino, Normandie, Okinawa) et qui sont très meurtrières.
Cette mobilisation sans précédent, dans son ampleur, sa durée, sa géographie, est bien sûr rendue
possible par la mise en place d’une économie partout entièrement dédiée à l’effort de guerre afin d’avoir
les moyens économiques de la victoire. Cette mobilisation est organisée par l’État dans tous les pays
belligérants. Dans ce cadre, l’économie ennemie est une cible qu’il convient de frapper durement pour
imposer des contraintes insurmontables à son adversaire. Ainsi, les Alliés entendent priver l’Allemagne
de ressources indispensables (pétrole, caoutchouc) en bloquant son commerce outre-mer, limiter sa
production en bombardant ses infrastructures et ses lieux de production. C’est aussi pour cette raison
que l’Allemagne menace par la guerre sous-marine la route de l’Atlantique entre l’Europe et les États-
Unis. La mobilisation de toute la main-d’œuvre est également un élément essentiel à la planification de
l’économie de guerre.
Partout, la production d’armes connaît une très forte croissance. Par exemple, les États-Unis deviennent
« l’arsenal des démocraties » mettant au service de la guerre leur fantastique potentiel industriel. Le
Victory Program lancé en janvier 1942, associé à la loi « prêt-bail » de 1941, permet l’équipement des
alliés. Les États-Unis fournissent ainsi 35 % des armes utilisées contre l’Allemagne et 86 % de celles
utilisées contre le Japon. Dans tous les pays, la guerre industrielle se caractérise aussi par une course à
l’innovation technologique, mettant la science au service de la guerre. La puissance de feu de l’artillerie
est ainsi multipliée, les missions d’une aviation de plus en plus perfectionnée sont diversifiées. L’emploi
des chars est généralisé, le porte-avions devient le navire de guerre essentiel. La guerre est aussi le
moment d’invention de nouvelles armes telles que les fusées allemandes V2 allemandes ou l’arme
atomique.

3. Les civils, premières cibles et premières victimes de la guerre
Si la Première Guerre mondiale montre que les civils deviennent une nouvelle cible, dans la Seconde
Guerre mondiale le rapport morts civils/morts militaires s’inverse et la majorité des morts sont des civils,
ce qui est en soi un trait significatif d’une guerre d’anéantissement. Les civils ne sont pas seulement
impliqués dans le conflit comme soutiens à l’effort de guerre : ils font pleinement partie des espaces et
des opérations de combat, voire de leurs objectifs.
Les bombardements répétitifs et massifs perpétrés par les deux camps ont pour but de terroriser les
populations, de briser leur résistance afin de remporter la victoire.
Mais, ces bombardements, s’ils affaiblissent l’adversaire, en particulier l’Allemagne dont l’économie est
désorganisée, n’arrivent toutefois pas à casser le moral des civils (ni en Angleterre en 1940-1941, ni en
Allemagne à partir de 1942).
Si les civils sont des cibles, ils sont aussi assujettis dans les zones occupées. Dans l’Europe allemande,
l’assujettissement des populations prend plusieurs formes : restrictions et réquisitions, déportations
de main-d’œuvre (comme le STO (Service du travail obligatoire) en France à partir de 1943), terreur et
répression politiques, déportations raciales.
La radicalisation dans la guerre entraîne aussi le durcissement de la définition de l’identité nationale.
Sont alors exclues, victimes d’internement ou de déportation, certaines parties de la population qui ne
sont plus considérées comme faisant partie de la communauté nationale. Elles sont regardées comme
des ennemis de l’intérieur. Les régimes totalitaires ne sont pas les seuls à se prémunir contre un ennemi
intérieur supposé. Aux États-Unis des « centres de transferts » sont créés après la publication d’un
décret de février 1942 : on y interne 120 000 Américains d’origine japonaise.
La Seconde Guerre mondiale, avec sa dimension idéologique qui met en confrontation des visions du
monde irréconciliables, accentue les évolutions à l’œuvre depuis le début du XXe siècle : elle devient une
véritable guerre d’anéantissement. La place que prend le génocide des Juifs et celui des Tziganes dans le
déroulement de la guerre en témoigne.
C. Le génocide des Juifs et des Tziganes
1. Une idéologie d’exclusion des Juifs

L’idéologie nazie est fondée sur l’exclusion de ceux qui sont considérés comme des « nuisibles » et
comme un risque pour la société allemande. Dans la vision du monde raciste des nazis, cela s’applique
aux Juifs, mais aussi aux Tziganes, aux homosexuels, aux handicapés. L’épuration par la mise à l’écart
de la vie civile, l’émigration, l’enfermement dans des ghettos, puis l’extermination industrielle font partie
d’un processus qui est radicalisé par la guerre mais qui est contenu dès le départ dans les premières
formulations de l’idéologie hitlérienne et se concrétise progressivement à partir de 1933. Avec le début
de la guerre en Pologne, la « question juive » change d’échelle lorsque l’Allemagne domine un territoire
où se trouvent les grands foyers de peuplement juif. Les Juifs sont alors internés dans des camps de
concentration, initialement prévus à la rééducation des déviants, et dans des ghettos. Des centaines
de ghettos sont créées dans les villes de Pologne, les plus importants étant à Varsovie, Lublin, Lodz et
Cracovie. Dans ces quartiers isolés du reste de la ville et fermés par les nazis, les Juifs sont entassés
et réduits à des conditions de vie misérables. Contraints au travail forcé puis enfermés, leur survie dans
le ghetto dépend de l’approvisionnement en alimentation et en énergie. Celui-ci n’est ni continu, ni
suffisant, ni de bonne qualité. On meurt ainsi de faim, mais aussi de maladies (typhus et grippe surtout),
d’épuisement.
Aussi, à partir de l’invasion du territoire soviétique en 1941, la politique d’exclusion des Juifs par les nazis se
radicalise vers la « solution finale », même si le terme est employé dans les documents nazis dès 1939.

2. La radicalisation avec la guerre à l’est
Avec la guerre totale à l’Est, la politique nazie contre les Juifs passe de mesures ségrégatives à des
massacres de masse puis à l’extermination industrielle. Après le déclenchement et le succès de
l’opération Barbarossa le 22 juin 1941, l’armée allemande contrôle un vaste territoire soviétique dans
lequel les populations juives sont nombreuses, particulièrement en Ukraine : 5 millions de juifs vivent
en URSS, dont 4 dans les territoires occupés par l’armée allemande. À l’arrière du front des unités
spécifiques, les Einsatzgruppen, utilisées en Pologne dès 1939, se déplacent en suivant l’avancée des
troupes et sont chargées de l’élimination de tous ceux qui sont considérés comme des ennemis de
l’intérieur, que l’on ne peut laisser à l’arrière, « dans le dos » des soldats. Il s’agit des responsables
politiques soviétiques, des Juifs, des Tziganes. Les Juifs et autres ennemis sont regroupés, à l’écart des
villes et des villages, dans des lieux d’exécution soigneusement choisis (souvent en forêt) et préparés
(fosses). L’exécution est méthodique, selon les instructions définies à l’avance. L’organisation rigoureuse
des exécutions et le vaste espace géographique concerné expliquent l’importance des victimes des
Einsatzgruppen, parfois épaulés par des auxiliaires locaux : environ 1,5 million.
Mais pour les nazis, cette extermination se révèle trop lente et, à l’automne 1941, les premiers centres
d’extermination commencent à être construits, notamment celui de Belzec. On entre dès lors dans ce que
Raul Hilberg appelle la « seconde grande opération » qui aboutit à transporter les Juifs d’Europe centrale,
occidentale et sud-orientale vers les camps munis d’installation de gazage.
3. La « solution finale » et les centres d’extermination

On observe donc à l’automne 1941 un basculement vers le processus d’extermination de tous les Juifs,
du fait d’une conjonction de plusieurs éléments. Le 19 septembre 1941, tous les Juifs du Reich doivent
porter une étoile jaune, ce qui permet l’identification directe et donc, plus tard, facilite les rafles. Entre
le 20 et le 25 octobre 1941, Himmler décide de la construction d’un centre de mise à mort à Belzec,
l’agrandissement de Birkenau, l’interdiction de sortie du territoire européen aux Juifs. Le 7 décembre
1941 a lieu le premier gazage dans un camion à Chelmno. Enfin, en janvier 1942, la conférence de
Wannsee aboutit à un protocole qui prévoit l’acheminement des Juifs de tous les pays occupés vers des
centres d’extermination. Le système d’extermination devient plus complexe : déportations massives,
organisation plus vaste à l’échelle européenne. De nouvelles ressources sont mobilisées pour appliquer
la « solution finale ».
Les centres d’extermination (Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka, Majdanek, Auschwitz-Birkenau) sont
tous situés sur le territoire de l’ancienne Pologne, là où les Juifs sont plus nombreux. À la fin de l’année
1942, ce sont les centres d’extermination les plus à l’Est, particulièrement Treblinka, qui tuent le plus
de personnes. Mais la transformation d’Auschwitz, achevée au début de l’année 1943, fait de ce camp
le plus grand centre de destruction des Juifs d’Europe. Le complexe d’Auschwitz est formé du premier
camp de concentration, ouvert en 1940 et se double d’Auschwitz II Birkenau, à la double fonction de camp
de concentration et de centre d’extermination, où fonctionnent les deux premières chambres à gaz de
mars 1942 au printemps 1943, ensuite abandonnées au profit des quatre installations contenant chambre
à gaz et crématoires. Au total, même si les chiffres sont difficiles à établir, on considère qu’environ
1,3 million de personnes ont été déportées dans le camp d’Auschwitz, et 1,1 million y sont mortes. Les
installations d’Auschwitz sont finalement détruites par les SS sur ordre d’Himmler en novembre 1944.
4. Un effroyable bilan
Le bilan de la politique d’extermination nazie dépasse l’entendement. Dix millions de personnes sont
tuées. Les victimes juives représentent environ six millions de morts, les Tziganes, deux cent quarante
mille. Les deux tiers de la population juive d’Europe ont disparu ; dans certains pays c’est presque
tous les Juifs qui ont été massacrés : 90 % de la communauté juive polonaise, 90 % de la communauté
lituanienne, plus de 80 % des communautés grecque et autrichienne.

Le génocide des Juifs et des Tziganes, à l’échelle européenne, est le symbole de la guerre
d’anéantissement. Ici l’anéantissement n’est même plus seulement la destruction totale de l’ennemi
intérieur, ce sont ses restes, ses traces, qui doivent aussi disparaître. D’où le maintien du secret autour
de la « solution finale », et donc, la destruction des camps avant leur libération par les forces alliées.
D. La France dans la guerre
1. L’Occupation et le régime de Vichy

Le 22 juin 1940, la France signe à Rethondes un armistice dicté par l’Allemagne : le Nord et l’Ouest du
pays sont occupés – le tiers Centre/Sud-Est constituant la « zone libre », la France doit payer les lourds
frais d’occupation, les prisonniers de guerre sont déportés en Allemagne pour servir de main-d’œuvre.
Le gouvernement du Maréchal Pétain s’installe en zone libre à Vichy. Il obtient du Parlement les pleins
pouvoirs le 10 juillet et modifie la Constitution. Il devient « Chef de l’État français ». C’est la fin de
la IIIe République. Plus encore, c’est la fin de la République. Il s’agit en effet d’un régime autoritaire
d’extrême droite. Les médias sont sous contrôle, au service de la propagande d’État qui instaure un
culte à la gloire du chef. Il s’entoure d’une armada de fonctionnaires dévoués et la Légion française des
combattants, composée des anciens de 14-18, forme la garde prétorienne du régime. Des organisations
de jeunesse tels les Compagnons de France achèvent de donner sa couleur fasciste au nouveau régime.
Les élections sont supprimées ainsi que le pluralisme politique : les opposants sont arrêtés voire
déportés. Les Juifs sont très rapidement exclus de la communauté nationale, de la fonction publique et
d’un grand nombre de professions leur étant interdites par les ordonnances du 3 octobre 1940 et du 2 juin
1941 qui émanent de la volonté propre de l’État français sans que l’Allemagne ne les lui impose.
En octobre 1940, Pétain rencontre Hitler à Montoire et engage une politique de collaboration avec
l’occupant. Il s’agit d’une collaboration idéologique et politique, économique, policière. Dès lors, la Police
française – sur ordre de l’État français – traque, arrête, emprisonne et livre à l’Allemagne les Juifs de
la zone libre et occupée. Le 16 juillet 1942, près de 13 000 Juifs sont arrêtés, parqués et déportés vers
Auschwitz. C’est la « rafle du Vel’ d’hiv’ ». Au total, 76 000 des 300 000 juifs de France métropolitaine
disparaissent dans les centres de mise à mort nazis. En novembre 1942, à la suite de l’opération Torch,
débarquement allié en Afrique du Nord, les Allemands occupent la « zone libre » et la collaboration
se radicalise encore. Laval crée la Milice pour prêter la main forte à la Gestapo dans la traque des
résistants, des juifs, des réfractaires au STO (Service du travail obligatoire, mis en place en février 1943
et qui organise la réquisition et le transfert vers l’Allemagne de travailleurs contre leur gré). Au total, au
moins 600 000 français ont été concernés.
2. La Résistance
Refusant l’armistice demandé par Pétain, le général de Gaulle, lance un appel, le 18 juin 1940, à
poursuivre la lutte depuis Londres. Il fonde la France libre et les Forces françaises libres (FFL) dont les
effectifs s’élèvent en 1943 à 73 300 hommes qui se battent sur les différents fronts de la guerre sous
commandement britannique.
En France métropolitaine, la Résistance est d’abord timide, Pétain bénéficiant alors de la confiance
d’une majorité de la population. À partir de 1941, tous les mouvements de la résistance intérieure
sont progressivement unifiés par Jean Moulin sur l’ordre de De Gaulle. En mai 1943, Moulin inaugure
la première réunion du Conseil national de la Résistance, avant son arrestation et sa mort en juillet.
De Gaulle est alors reconnu comme seul chef de la Résistance.
Une « armée de l’ombre » mène donc sur le sol national une guérilla face à l’occupant nazi et à Vichy.
Les débarquements alliés de Normandie (6 juin 1944) et de Provence (15 août 1944) précipitent les
événements. La guérilla se généralise et Paris est libéré le 25 aout, après 6 jours de combat, par les
résistants et la 2e division blindée du Général Leclerc (aux ordres d’Eisenhower). Le 26 août, une foule en
liesse assiste à la marche triomphale de De Gaulle sur les Champs-Élysées.

Conclusion
La Seconde Guerre mondiale se déroule en trois temps. De 1939 (1931-1937 pour l’Asie) à 1942, les forces
de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon) sont victorieuses partout : en 1942 presque toute l’Europe continentale
est sous domination allemande et le Pacifique asiatique est devenu une mer japonaise.
En 1942-1943 s’organise la contre-offensive des Alliés (États-Unis, Angleterre, URSS) : les premiers
débarquements ont lieu en Afrique du Nord (novembre 1942) et les victoires soviétiques de Stalingrad
(février 1943) et étatsunienne de Midway (juin 1942) marquent le début du reflux de l’Axe. Enfin, en
1944-1945, les Alliés reconquièrent tous les territoires perdus entre 1939 et 1942, détruisent les forces
ainsi que les pays de l’Axe (bombardements massifs sur l’Allemagne et le Japon) qui capitulent sans
condition (8 mai 1945 pour l’Allemagne, 2 septembre 1945 pour le Japon) et sont alors occupés par
les vainqueurs. Cette guerre d’une ampleur inédite mobilise tous les moyens des forces en présence.
C’est une guerre totale qui dépasse en violence les précédents conflits : c’est aussi une guerre
d’anéantissement singulièrement marquée par le massacre des populations civiles (guerre éclair,
bombardements) et des prisonniers de guerre. Les Juifs et les Tziganes sont l’objet d’une volonté de
destruction méthodique et systématique : 200 000 Tziganes et près de 6 millions de juifs trouvent la mort
dans les centres d’extermination ou lors d’opération de fusillades.
La France connaît la défaite en mai-juin 1940. Le gouvernement du Maréchal Pétain met fin à la
République, établit un régime autoritaire et antisémite et collabore activement avec l’Allemagne tandis
qu’une résistance s’organise peu à peu depuis l’étranger (De Gaulle) et l’intérieur.
Synthèse
Première guerre mondiale
Révolution communiste Frustrations et rancœurs Nouvelle Europe,

en Russie suite aux traités de paix nouvelles tensions
Peur de la contagion Prise du pouvoir

révolutionnaire par Mussolini en Italie
Crise de 1929.
Léninisme puis Stalinisme Prise du pouvoir Dépression mondiale
en URSS par Hitler en Allemagne dans les années 1930
Pacifisme et passivité Premières agressions hitlériennes en Europe,

des Grandes Puissances et japonaise en Asie
Inefficacité de la SDN Nouvelles agressions hitlériennes en Europe, Retrait des Grandes Puissances
et japonaise en Asie des affaires du monde
Seconde guerre mondiale

Glossaire :
• Afro-descendant : Qui est d’ascendance africaine, de la diaspora africaine.

• Anti-Lumières : (en anglais « Counter Enlightenment »). Expression utilisée par certains auteurs
depuis le XXe siècle pour désigner l’ensemble hétérogène des contre-courants opposés à la philoso-
phie des Lumières du XVIIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle.
• Antiparlementarisme : Hostilité à l’égard du régime parlementaire.
• Autoritarisme : Conception ou pratique autoritaire du pouvoir. (L’autoritarisme se traduit notamment
par la primauté de l’exécutif et la restriction des libertés politiques.)
• Banqueroute : Délit commis par un débiteur (commerçant, artisan, dirigeant d’une entreprise privée ou
ses représentants) qui, après l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaires
et à la suite d’agissements irréguliers ou frauduleux, est en état de cessation de paiements.
• Bellicisme : Doctrine ou attitude qui fait du recours à la force l’instrument privilégié du règlement des
conflits internationaux.
• Blitzkrieg : Mot allemand signifiant « guerre éclair ». Stratégie militaire offensive visant à emporter
une victoire décisive par l’engagement localisé et limité dans le temps d’un puissant ensemble de
forces motorisées, terrestres et aériennes dans l’optique de frapper en profondeur la capacité militaire,
économique ou politique.
• Bolchévisme : Après 1918, relatif au parti communiste d’Union soviétique (« parti communiste
[bolchevik] d’Union soviétique ») et à ses membres.
• Brutalisation des esprits : Concept historiographique majeur, élaboré par l’historien George L. Mosse
en 1990. Il désigne l’acceptation d’un état d’esprit issu de la Grande guerre qui entraîne la poursuite
d’attitudes agressives dans la vie politique en temps de paix.
• Déflation : Situation dans laquelle l’activité économique d’un pays est ralentie, caractérisée par une
baisse des prix, des salaires, une réduction de la masse monétaire engendrant à leur tour une baisse
de la demande, de la production, de l’emploi, etc.
• Dépression : Diminution de l’activité économique pouvant déboucher sur une crise ; chute des cours.
• Dévaluation : Diminution volontaire de la valeur officielle de la monnaie nationale par rapport à un
étalon de référence et aux monnaies étrangères.
• Dow Jones : Indice des valeurs de la bourse de New York, basé sur les résultats des 30 plus impor-
tantes entreprises étatsuniennes.
• État-Providence : Forme de politique adoptée par certains États qui se dotent de larges compétences
réglementaires, économiques et sociales en vue d’assurer une panoplie plus ou moins étendue de
fonctions sociales au bénéfice de leurs citoyens.
• Expansionnisme : Attitude d’un pays visant à l’expansion territoriale ou économique au-delà de ses
frontières.
• Fordisme : Théorie d’organisation industrielle que l’on doit à Henry Ford, et visant à accroître la
productivité par la standardisation des produits et par une nouvelle organisation du travail.
• Gestapo : Acronyme tiré de l’allemand Geheime Staatspolizei signifiant « Police secrète d’État ». La
Gestapo fut la police politique du Troisième Reich. Fondée en Prusse par Hermann Göring, son pouvoir
s’étendit ensuite, sous l’impulsion de Heinrich Himmler, à l’ensemble du Reich et des territoires
envahis par ce dernier au cours de la Seconde Guerre mondiale.

• Hypothèque : Droit réel, immobilier et indivisible, dont est grevé un bien immeuble pour garantir le
paiement d’une créance.
• Interventionnisme : Doctrine, attitude, politique préconisant une intervention des pouvoirs publics
dans la vie économique d’un pays.
• Isolationnisme : Politique extérieure d’un État désireux de ne pas prendre part aux affaires internatio-
nales. Cette attitude a caractérisé, de 1 823 à la fin du XIXe s., la politique étrangère des États-Unis, qui
se désintéressaient de l’Europe et refusaient toute ingérence de celle-ci dans les affaires américaines.
Cette attitude prévalut de nouveau entre les deux guerres mondiales
• Judéo-bolchévisme : Expression politique et polémique employée dans des discours alliant antisé-
mitisme et anticommunisme. Le concept désigné par ce terme vise à affirmer que les Juifs sont les
maîtres d’œuvre de la prise de pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917 et les véritables dirigeants
de l’URSS ; plus largement, il les voit comme responsables du marxisme, ainsi que du mouvement
communiste en général.
• Kamikaze : En 1944-1945, pilote japonais volontaire pour écraser sur son objectif un avion chargé
d’explosifs ; Se dit aussi de cet avion lui-même, dit aussi avion-suicide. Au nombre d’un millier environ,
les kamikazes causèrent de très lourdes pertes à la marine américaine.
• Krach : « craquement », en allemand. Effondrement des cours des valeurs ou des marchandises d’une
bourse.
• Libre-échange : Système économique dans lequel aucun obstacle douanier, fiscal ou réglementaire ne
vient freiner les échanges commerciaux entre États, par opposition au protectionnisme.
• Nationalisation : Ensemble d’opérations par lesquelles une ou plusieurs entreprises privées sont
soustraites par voie d’autorité au régime capitaliste, déclarées propriétés de la nation et dotées d’une
structure et d’une organisation nouvelles.
• PNB par habitant : Indicateur économique qui correspond à la production annuelle de richesses (valeur
des biens et services créés, moins valeur des biens et services détruits ou transformés durant le
processus de production) créées par un pays, que cette production se déroule sur le sol national ou à
l’étranger. Quand le PNB est ramené au nombre d’habitant d’un pays, il équivaut au niveau de vie de la
population.
• Pogrom : Attaque accompagnée de pillage et de meurtres perpétrée contre une communauté juive
dans l’Empire russe. Par extension, émeute sanglante dirigée contre une minorité ethnique ou
religieuse.
• Populisme : Idéologie politique de certains mouvements de libération nationale visant à libérer le
peuple sans recourir à la lutte des classes.
• Spéculation : Opération consistant à acheter un bien en vue de réaliser un bénéfice de sa revente
ultérieure. On nomme spéculation financière une opération, ou une série d’opérations, d’achat et de
vente de titres financiers sur un marché organisé (Bourse), dans l’objectif d’en tirer un bénéfice grâce à
la variation de leurs cours, tout en prenant le risque de variation inverse.
• Taylorisme : Système d’organisation scientifique du travail et du contrôle des temps d’exécution établi
par Taylor.

Savoirs et savoir-faire :
Notions abordées Compétences mises en œuvre
• Crise économique • Procéder à l’analyse critique d’un document selon une

approche historique
• Dépression
• Utiliser une approche historique pour construire une
• Paupérisation argumentation
• New Deal • Mettre un événement et une figure en perspective
• Totalitarisme
• Antisémitisme
• Homme nouveau
• Guerre d’anéantissement
• Génocide
• Collaboration
• Résitance

SÉQUENCE 2
MERS ET OCÉANS : AU CŒUR DE LA MONDIALISATION
Partie 1. Mers et océans, vecteurs essentiels de la

Mondialisation
Les espaces maritimes constituent d’abord un vivier très important pour les ressources non seulement
halieutiques (pêche, aquaculture, algues) mais aussi minières, énergétiques, minérales et biochimiques.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la pêche nourrit plus
d’un milliard de personnes et contribue à 17 % de l’apport mondial de protéines. Si la pêche artisanale
domine dans les pays en développement, elle s’est nettement industrialisée dans les pays les plus riches.
Les espaces maritimes sont en outre de plus en plus exploités pour leurs ressources énergétiques. Le
pétrole et le gaz offshore sont ainsi au cœur des enjeux internationaux pour l’approvisionnement des
États en énergies fossiles. Les mers et les océans offrent également un potentiel important pour le
développement d’énergie renouvelable, en particulier celle éolienne, grâce à la force et à la régularité des
vents qui y sont mesurés. Enfin, les espaces maritimes ont des ressources minérales et biochimiques
à ce jour largement inexploitées. Les espaces maritimes constituent aussi des espaces de circulation
privilégiés et indispensables à la mondialisation des échanges et des flux.
Ainsi, 85 % du commerce mondial en volume est assuré par le transport maritime (les flux de personnes
à l’échelle mondiale se font principalement par voie aérienne). Depuis les années 1970, le trafic maritime
mondial a augmenté de près de 70 % en volume et a été multiplié par plus de 3 en tonnage, avec
l’utilisation de navires de plus en plus imposants. En outre, la maritimisation des échanges a grandement
favorisé la Division Internationale du Travail par la mise en réseau des lieux de d’extraction et de
production des matières premières, des lieux de fabrication, d’assemblage et des espaces de finition et
de distribution des produits.
Comment les mers et les océans sont-ils au cœur de la mondialisation ?

A. Comment les mers et les océans contribuent-ils à la fourniture de
ressources ?
1. Des ressources halieutiques abondantes mais inégalement réparties
a. Les principales régions halieutiques dans le monde

Les principaux pays producteurs halieutiques dans le monde
L’activité de pêche est présente dans toutes les mers du globe. La principale zone de pêche est l’océan
Pacifique (2/3 des ressources halieutiques du monde), puis l’océan Atlantique (environ ¼ des ressources
halieutiques et enfin l’océan Indien (plus de 10 % des ressources mondiales)). Les rendements de la
pêche sont les plus élevés à proximité des littoraux. Les principaux pays producteurs se concentrent donc
en Asie (plus de 50 % de la production mondiale, la Chine représentant plus de 30 % de la production
mondiale). Les espèces pêchées constituent la majorité des ressources halieutiques mais les productions
aquacoles progressent (45 % de la production en 2016).
b. Une ressource menacée d’épuisement ?

Le stock de poissons surexploités a triplé depuis 1974. La surpêche est un problème non seulement
environnemental mais aussi alimentaire. La disparition de certains stocks de poissons sauvages est
aggravée par le réchauffement climatique mais aussi par les élevages de poissons.
8

2. Des ressources énergétiques qui contribuent à la hiérarchisation des
territoires
Le sous-sol marin contient de très importantes réserves minières et énergétiques, encore peu exploitées
mais qui représentent un potentiel exploitable majeur avec le développement de nouvelles technologies
d’exploitation offshore.
a. La production offshore de pétrole et de gaz

Les premières plateformes pétrolières sont construites en 1950. Elles assurent aujourd’hui 30 % de la
production de pétrole. Elles sont localisées notamment dans la Mer du Nord et le Golfe du Mexique, sont
construites de plus en plus loin des côtes et exploitent des zones de plus en plus profondes. Elles sont
néanmoins coûteuses et représentent un risque environnemental important
b. Les autres ressources énergétiques offshore

La hausse des prix du pétrole, l’épuisement des réserves d’hydrocarbures et la nécessité d’en
réduire la consommation pour lutter contre le réchauffement climatique ont entraîné la recherche de
sources d’énergie renouvelable. Les mers et océans ont ainsi présenté un potentiel important pour le
développement de l’éolien offshore. Le premier parc éolien offshore est entré en service au Danemark
en 1991. Les cinq premiers pays du monde pour la production d’électricité par des éoliennes offshore
sont, en 2018, la Chine, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et le Danemark. L’éolien offshore ne
représente que 2 % de l’électricité consommée en Europe en 2018, notamment à cause des difficultés et
du coût de sa mise en œuvre. Il progresse cependant.
c. Des ressources minérales et biochimiques de plus en plus convoitées

Les fonds marins renferment plusieurs ressources minérales et énergétiques dans les océans, notamment
des « terres rares », dont les propriétés sont utiles à de nombreux secteurs industriels de haute
technologie. Leur exploitation paraît d’autant plus essentielle que se raréfient les réserves terrestres.
B. Comment les mers et les océans contribuent-ils à la multiplication

des flux maritimes dans le monde ?
1. Les grandes routes des échanges maritimes
a. La croissance des échanges maritimes

Les espaces maritimes permettent de réaliser 80 % du commerce mondial de marchandises, avec des
flottes de plus de 90 000 navires spécialisés (porte-conteneurs, minéraliers, vraquiers, supertanker,
méthaniers...). Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, le trafic maritime mondial a connu une forte
croissance liée à une hausse de la flotte mondiale (taille et nombre des navires).
Cette croissance porte sur trois domaines : le transport de l’énergie avec les pétroliers et les méthaniers,
le transport de pondéreux telles les céréales ou le charbon dans des vraquiers, le transport de
marchandises dans des porte-conteneurs.
Les raisons de cette croissance du commerce maritime mondial sont multiples : les marchandises
sont susceptibles d’être produites partout dans le monde, les matières premières utilisées par les pays
industrialisés proviennent du monde entier et sont demandées par tout le monde, la consommation
augmente partout. Ainsi l’augmentation du commerce international est le reflet et la cause d’un
développement économique d’un grand nombre de pays.

b. Les principales voies maritimes, vecteurs de la mondialisation des échanges
Le réseau des voies maritimes comporte des points de passage stratégiques : les détroits de Gibraltar,
d’Ormuz, de Malacca, de Bab-el-Mandeb et du Bosphore et les canaux de Suez et de Panama.
Les grandes voies maritimes mondiales
La route maritime principale fait ainsi le tour du monde : elle passe par les trois océans, reliant l’Europe,
l’Asie et l’Amérique, et se subdivisant en routes secondaires.
2. Des flux de marchandises contrôlés par les grandes aires de puissance

L’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et l’Asie centrée sur le Japon, forment la « Triade », ensemble
qui réalise 80 % du commerce, 80 % des échanges boursiers, comme de données. Les routes maritimes
les plus fréquentées relient donc les trois principaux pôles de commerce. Inversement, certains
territoires, l’Afrique notamment et l’Amérique du sud, sont à l’écart de ce commerce maritime.
L’intensification des échanges maritimes a contribué à la hiérarchisation des ports de commerce,
marquée par la domination de trois grandes façades maritimes de la Triade qui sont ainsi des centres
d’impulsion majeurs de la mondialisation. Les 25 premiers ports du monde, qui se situent pour l’essentiel
sur ces façades maritimes, polarisent plus de la moitié des flux mondiaux de marchandises.

3. Des populations circulent sur les mers et océans
a. De nombreux flux migratoires se font par voie maritime, mais pas exclusivement
Les migrants n’utilisent pas exclusivement la voie maritime. Pour les migrants se rendant dans l’Union
européenne, la première voie est ainsi aérienne. Les migrants venant par la mer (74 500 en 2018) sont
plus nombreux que ceux venant par voie terrestre (18 000 en 2018), mais la tendance est à l’augmentation
des arrivées par voie terrestre et à la baisse des arrivées par voie maritime. L’une des principales
causes de ce changement vient des patrouilles qui bloquent les embarcations en mer. L’Europe demeure
néanmoins la région du monde qui accueille le plus de migrants venant par la mer. En Amérique, les
migrations de Cubains vers les États-Unis se font également, en général, par la mer.
b. Les mobilités touristiques sur les mers et les océans

Le tourisme de plaisance et de croisière est en forte expansion (17 millions en 2012, 30 millions d’ici
2 025). L’héliotropisme favorise les bassins caribéen et méditerranéen. L’Asie orientale représente
également un potentiel important. Cette croissance bénéficie à quelques grandes compagnies et la
concurrence est également très forte entre les chantiers navals (Saint-Nazaire en France, Turku en
Finlande, Fincantieri en Italie, Papenburg en Allemagne) qui construisent les navires de croisière.
4. Des câbles sous-marins concentrés sur certains axes

En 2016, 321 câbles enterrés dans les fonds marins constituent le réseau Internet sous-marin, long de
885 000 kilomètres. Ce réseau relie la plupart des pays de la planète mais certains d’entre eux ne sont
connectés que par un seul câble. L’installation de câbles se poursuit pour répondre à l’explosion du trafic.
Conclusion
Avec l’essor de la mondialisation, les mers et océans - qui représentent 71 % de la surface du globe
- ne sont plus de simples espaces naturels où la présence de l’homme est faible voire inexistante. Ils
perdent ainsi leur statut d’espaces marins pour devenir des espaces maritimes exploités par les sociétés
humaines et deviennent un enjeu majeur des relations internationales. Ils concentrent plus de 85 % des
flux de marchandises et une part importante des migrations de population se fait par voie maritime. De
nombreux acteurs publics et privés rivalisent pour avoir la mainmise sur leurs ressources énergétiques,
alimentaires, minières et pour leur puissance. Les mers et les océans révèlent dès lors les inégalités
territoriales face à la mondialisation. Ils renforcent les aires de puissances, contribuent à l’affirmation
des territoires émergents, tandis que d’autres territoires restent à l’écart des flux de commerces, des
centres de décision et de commandement.

Partie 2. Mers et océans, entre appropriation, protection et
liberté de circulation
Posséder une mer est pour un État une source de puissance. Cela permet de posséder des ressources
naturelles, de faire du commerce ou d’imposer sa souveraineté. La mer est devenue un territoire à partir
duquel une force armée peut exercer une influence directe, voire débarquer sur la partie continentale
d’un pays avec lequel il est en conflit. C’est ainsi essentiellement par mer qu’ont lieu les interventions
militaires et humanitaires.
La nécessité de contrôler les mers est donc un corollaire de la montée en puissance d’un État. Les espaces
maritimes deviennent donc un enjeu important des relations internationales, car les États veulent contrôler
davantage les territoires maritimes. Ce sont les États les plus impliqués dans la mondialisation qui
s’efforcent de contrôler et de sécuriser les routes maritimes, particulièrement les points nodaux.
L’appropriation des espaces maritimes suscite les convoitises nationales et provoque des tensions, entre
recherche de profit et durabilité. S’y exercent de nombreuses luttes d’influence. Les espaces maritimes
deviennent ainsi des lieux d’affrontement entre les puissances. Les zones de conflits ou d’instabilités
sont multiples malgré une volonté de régulation des relations diplomatiques concernant les mers et les
océans à l’échelle mondiale, sous la responsabilité de la Convention des Nations Unies sur le droit de
la Mer (C.N.U.D.M.). Cette convention, créée en 1982 par la conférence de Montego Bay, en Jamaïque,
organise la répartition des droits des états sur les espaces maritimes, classés en différentes catégories :
les eaux territoriales (espaces où s’exerce la souveraineté des États côtiers qui contrôlent le passage des
navires et possèdent les ressources jusqu’à 12 miles marins), les Zones Économiques Exclusives (espaces
qui s’étendent jusqu’à 200 miles sur lesquels les États ont un droit exclusif d’exploration et d’usage des
ressources mais sans empêcher la circulation des navires étrangers), la haute mer (elle représente 65 % de
la surface océanique et est considérée comme bien commun de l’humanité, dont l’exploitation est interdite).
Ces délimitations, qui peuvent être considérées comme une entrave à la liberté de circulation sur les mers
et les océans, ne résolvent pour autant pas toutes les tensions et les conflits qui opposent des États.
Comment les espaces maritimes peuvent-ils être sources de puissance pour les États possédant en
propre des mers et/ou des océans ? Quels sont les enjeux géostratégiques et les rivalités de puissance qui
s’opèrent sur les mers et océans du monde ?
A. Quelles sont les rivalités de puissance sur les mers et océans ?
1. Les grandes puissances maritimes dans le monde

Les États-Unis sont une véritable thalassocratie. Ils ont des bases militaires sur tous les océans et leur
flotte, omniprésente, dépasse de loin celles de leurs rivaux. Derrière eux se trouvent la Russie et surtout
la Chine dont la flotte s’affirme par le nombre de navires et sa volonté d’élargir son rayon d’action. Si
des tensions existent entre les deux grands des mers, notamment en Mer de Chine, ils s’associent pour
lutter contre la piraterie et pour assurer, aux côtés des autres puissances navales comme la France ou la
Grande-Bretagne, la sécurité de la grande route maritime qui relie l’Asie de l’Est, l’Europe, l’Amérique du
Nord, notamment au niveau des passages stratégiques.
2. Des rivalités fortes autour des détroits internationaux

Ces passages stratégiques, car lieux de transit obligés pour le trafic maritime, suscitent des rivalités
et sont des lieux de tensions entre états riverains. C’est le cas pour le détroit d’Ormuz, passage étroit
dont la souveraineté est partagée entre Oman et l’Iran. Du fait de l’importance de son contrôle pour
l’approvisionnement en hydrocarbure et des tensions géopolitiques diplomatiques avec l’Iran, les États-
Unis y maintiennent une forte présence et une grande vigilance.

3. Des tensions pour l’exploitation des ressources
Ces tensions concernent notamment la délimitation des ZEE, notamment lorsque des ressources sont en jeu.
Ainsi, en Mer de Chine, la Chine dispute au Viêt-Nam et aux Philippines des zones riches en poissons, tandis
que dans le Golfe du Guinée, la Côte d’Ivoire et le Ghana s’opposent au sujet de gisements de pétrole off-shore.
Les limites de juridiction et de souveraineté des territoires maritimes
Mesure en
milles
nautiques 0 12 24 200
internationales
territoriale
contiguë
Surface
Eaux
Zone
Mer
terrestre
Trait de côte
ZEE
(Zone économique exclusive) Limite possible du
plateau continental :
extension possible des
prérogatives de la ZEE
En Arctiques, les États riverains (Canada, États-Unis, Russie, Norvège, Islande, Danemark (Groenland)), sont
en compétition pour l’exploitation d’importantes ressources et le contrôle d’une route maritime en ouverture.
4. Le besoin de sécurisation des mers et océans entraîne leur militarisation

La militarisation des mers et des océans est pour les États un moyen d’assurer leur puissance dans les
conflits géopolitiques. C’est aussi une réponse au besoin de lutter contre les pollueurs ou les navires
qui pratiquent la pêche illégale et de sécuriser les routes maritimes face au danger de la piraterie (Golfe
d’Aden, Golfe de Guinée, Détroit de Malacca notamment). L’impériosité de la sécurisation des routes
maritimes mène à des opérations conjointes, comme l’opération Atalante conduite depuis 2008 par les
États-Unis et l’Union Européenne au large de la Somalie.
B. Quels sont les enjeux liés à l’exploitation durable des mers et océans ?
1. Les mers et océans représentent des risques majeurs qui peuvent

augmenter la vulnérabilité des sociétés
Les risques naturels marins sont multiples. Les tsunamis ou les cyclones menacent de plus en plus
les sociétés humaines qui se développent de façon croissante sur les littoraux. Par ailleurs, leurs
activités, l’agriculture intensive notamment, engendrent la prolifération d’algues marines toxiques qui

empoissonnent les eaux, menacent la faune la flore marine mais également les humains ; bref, elles
perturbent tout l’écosystème marin et donc les activités qui lui sont liées. Les sociétés sont ainsi de plus
en plus vulnérables face au milieu marin dont elles n’ont d’ailleurs qu’une connaissance très limitée.
2. Les mers et océans sont des espaces dont la valorisation menace la biodiversité
a. Une biodiversité menacée

Plusieurs pollutions menacent les mers : les déchets plastiques se multiplient (en 2015, entre 50 et
130 millions de tonnes), emprisonnent et empoisonnent les animaux, favorisent la multiplication des
bactéries ; le CO2 absorbé par les mers augmente, ce qui provoque leur acidification et donc le déclin de la
biodiversité ; les marées noires liées au naufrage de navires ou à des accidents de plateformes pétrolières
qui accroissent fortement la mortalité des espèces marines et empoisonnent durablement l’écosystème.
b. Une volonté de mieux préserver les écosystèmes marins

La gestion plus durable des mers et des océans est très difficile à mettre en œuvre. Elle est à la charge
de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), une agence de l’ONU créée en 1948, qui multiplie les
conventions pour mieux préserver les milieux marins et assurer la sécurité en mer. Les objectifs sont de
réduire les pollutions, conserver les littoraux, gérer les stocks de pêche. Des Aires Marines Protégés ont
notamment été créées dans ce but : elles sont au nombre de 430 en 1985, 4 600 en 2000, 5 880 en 2010
mais ne couvrent que 6 % de la surface des océans en 2019.
3. Les mers et océans sont au cœur des problématiques du changement

climatique de la Terre
Le changement climatique impacte fortement les mers et les océans dont les écosystèmes sont déjà
bouleversés : fonte des glaces, élévation du niveau de la mer, diminution des stocks de poissons. Cela
fragilise durablement les sociétés humaines : submersion des littoraux et donc réduction des terres
cultivables ; ce qui à terme risque d’augmenter les tensions entre les États et la tentation de la piraterie.
Conclusion
Malgré l’existence d’organisations internationales réglementant le droit de la mer, ce sont souvent les États
qui régulent les relations dans les espaces maritimes selon leur puissance et leurs motivations. Bien que
des règles communes concernant l’espace maritime aient été mises en place, des tensions peuvent exister.
Elles portent sur les limites des tracés des frontières associées au contrôle des routes maritimes mais
aussi des ressources disponibles dans les fonds marins. L’appropriation des espaces maritimes par les
États est entérinée par la création de ZEE, qui entraîne une limitation de la liberté de circulation. Les limites
des ZEE dans le monde ne sont pas toutes fixées, ce qui entraîne des désaccords sur leur étendue entre des
États qui visent le contrôle des routes maritimes et de l’exploitation des ressources.
Les ambitions économiques des États mènent à la militarisation des mers et des océans. Lorsque des
côtes ou des eaux territoriales ne sont pas bien contrôlées militairement, la piraterie s’y développe et
fait obstacle au commerce maritime ou à l’exploitation des ressources halieutiques. Les mers et les
océans sont également des espaces qu’il faut protéger des risques naturels et de la pollution générée par
l’exploitation des ressources et le trafic sur les voies maritimes. Le réchauffement climatique aggrave les
risques naturels et peut avoir des répercussions géopolitiques.

Partie 3. La France, une puissance maritime ?
La France possède 11 millions de km² de ZEE (espace qui s’étend jusqu’à 200 miles marins vers le large),
la plus vaste du monde derrière celle des États-Unis. Ce territoire assure la présence de la France sur
tous les océans. Il peut contribuer au dynamisme économique du pays (l’économie maritime représente
environ 3 % du PIB de la France, elle emploie environ 1 % de la population active, soit 350 000 emplois). Il
lui assure également un rôle diplomatique de premier plan, malgré une Marine nationale dont les moyens
paraissent souvent trop limités pour garantir véritablement la souveraineté nationale sur l’ensemble de
ce territoire maritime, dans un contexte de rivalités accrues avec les grandes puissances mondiales.
Quels sont les atouts et les difficultés de la France pour s’affirmer comme une puissance maritime mondiale ?
A. La deuxième puissance maritime mondiale
1. Une puissance qui repose sur la deuxième ZEE du monde
a. Un domaine maritime planétaire grâce aux territoires d’outre-mer

Les territoires français dans le monde
Les territoires d’Outre-Mer sont :

— les DROM, ensemble administratif des départements (DOM) mais aussi des régions d’outre-mer
(ROM) : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion et Mayotte, soit une superficie totale de
559 000 km2, pour une population d’environ 2 millions d’habitants ;
— les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) ;
— les Collectivités d’outre-mer (COM) comme Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna et les « Pays d’outre-
mer au sein de la République » (POM) comme La Polynésie française, aux statuts et prérogatives variés.

b. Une ZEE de plus de 10 millions de km²
Grâce à l’Outre-Mer et notamment à ses territoires insulaires, la France dispose d’une immense ZEE, la
2e au monde derrière celle des États-Unis, équivalente à 16 fois le territoire métropolitain. Cette ZEE, par
ses immenses ressources potentielles (voir partie 2), est un indéniable atout.
2. Une puissance économique maritime

a. L’industrie navale, un secteur dynamique
La France dispose d’un savoir-faire technique de haut niveau et maitrise toute la chaine de production
de la conception à la fabrication. Les chantiers navals, stimulés pas le dynamisme commercial des
armateurs, ont de nombreuses commandes et ce secteur génère entre 40 000 et 90 000 emplois. La
France produit aussi bien des paquebots que des voiliers de plaisance (Bénéteau, leader mondial) ou des
navires militaires (6e puissance mondiale) et exporte 60 % de sa production.
b. Des ports de commerce dynamiques à l’échelle européenne

Le Havre et Marseille sont les deux principaux ports français. Ils comptent parmi les 10 premiers
ports européens, derrière ceux de la mer du Nord (Rotterdam, Anvers, Hambourg), d’Italie (Gênes) ou
d’Espagne (Barcelone). Ils doivent notamment améliorer leurs équipements pour espérer pouvoir attirer
les grands navires venus d’Asie pour lesquels ils représenteraient une escale plus proche que les ports
de la mer du Nord. L’accueil des bateaux de croisière se développe également.
c. La CMA-CGM, un fleuron du commerce maritime mondial

La CMA-CGM est la quatrième compagnie mondiale pour le transport maritime de conteneurs, derrière le
danois APM Maersk, l’italo-helvétique MSC et récemment le chinois OOCL. Ses navires sont présents sur
toutes les voies navigables du monde.
Le réseau de navigation des navires de la CMA-CGM
© Lelivrescolaire.fr

3. Une présence diplomatique et militaire de premier plan
a. Le rôle diplomatique de la France renforcé par ses territoires ultramarins

Les territoires d’outre-mer, aussi bien dans les océans Pacifique, Atlantique et Indien, que dans les
Caraïbes, participent aussi au rayonnement diplomatique de la France au sein de multiples organisations
régionales qui contribuent à la sécurisation des mers et des océans (lutte contre le terrorisme, les
trafics illégaux ou la piraterie) ou la préservation des écosystèmes marins (lutte contre la pêche illégale,
préservation de la biodiversité sur tous les océans). Les territoires ultramarins permettent aussi à la
France de renforcer les liens de coopération avec des grandes puissances, telle que l’Inde dans l’océan
Indien.
b. La puissance militaire navale de la France

La France déploie des unités de combat sur plusieurs théâtres d’opération, avec un arsenal militaire de
premier rang : sous-marins nucléaires, porte-avions, frégates, le tout suppléé par des forces militaires
aériennes et par la présence de garnisons terrestres sur les huit bases de ses territoires ultramarins. Ses
missions : dissuasion de toute attaque ennemie ; protection de ses intérêts économiques ; sécurisation
des voies de communication et de transport maritime ; lutte contre le terrorisme, la piraterie, les trafics
illicites, l’immigration clandestine ; intervention dans des opérations extérieures ; secours aux victimes de
catastrophes ; participation aux actions humanitaires auprès de populations sinistrées. La France mène
ses missions seule ou dans le cadre d’alliances, notamment avec l’ONU ou l’OTAN.
B. Une puissance qui a des limites
1. Des ressources maritimes insuffisantes
a. Les ressources halieutiques

La France est au 4e rang des pays de l’Union européenne producteurs de pêche et d’aquaculture,
derrière l’Espagne, le Royaume-Uni et le Danemark. Mais la pêche maritime française est aujourd’hui en
difficulté et ne couvre que 80 % des besoins nationaux. Le potentiel halieutique des territoires maritimes
français est fragilisé par le déclin de la ressource et la concurrence, parfois illégale, des navires de pêche
étrangers. Ces difficultés pourraient être en partie compensées par le développement de l’aquaculture
outre-mer.
b. Les ressources maritimes énergétiques et minières

La France produit moins de 1 % du pétrole qu’elle consomme et les espoirs de développer des
exploitations offshores sont maigres. Elle a par ailleurs peu investi dans les énergies renouvelables,
malgré un potentiel important en Mer du Nord, dans la Manche et l’Océan Atlantique en ce qui concerne
l’éolien offshore. En revanche, les potentialités sont importantes en ce qui concerne les ressources
minières sous-marines mais les difficultés techniques de mise en œuvre et les coûts d’exploitation sont
importants.
c. Des difficultés pour répondre aux enjeux d’une exploitation durable

Les écosystèmes marins sont déjà gravement dégradés par la surpêche, les pollutions, les
remblaiements, les défrichements, le réchauffement climatique et l’acidification des mers. Leur
protection est à renforcer impérativement car ils sont indispensables à l’équilibre des sociétés. La France
joue en cela un rôle moteur.

2. Un dynamisme de l’économie maritime à relativiser
a. La perte de compétitivité des ports français

Aujourd’hui, dans l’Union Européenne, les ports sont davantage en concurrence les uns avec les autres.
Or la moitié des marchandises qui arrivent en France par la mer sont débarquées en Europe dans un
port étranger. Le premier port d’approvisionnement de la France est Anvers, en Belgique. Au cours de la
période 2000-2018, le trafic total des 8 premiers ports français se caractérise par sa stagnation autour de
300 millions de tonnes, trafic inférieur à celui du seul port de Rotterdam (plus de 450 millions de tonnes).
Les ports français sont de plus en plus pénalisés par l’insuffisance de leur modernisation.
b. Une valorisation insuffisante des potentialités maritimes du pays

Le manque d’investissements se lit également dans l’insuffisance du parc éolien offshore et dans le
manque de valorisation des activités de pêche.
3. Les carences de la politique de sécurisation des espaces maritimes
a. Une politique de souveraineté qui se heurte à des limites de ZEE qui sont encore
contestées
Les limites de ZEE de la France sont contestées par plusieurs pays : la République de Maurice pour l’île
Tromelin ; Vanuatu pour les îles Matthew et Hunter, les Comores pour Mayotte, le Mexique pour Clipperton,
les Pays-Bas pour Saint-Martin, le Canada pour Saint-Pierre-et-Miquelon, le Surinam pour la Guyane.
b. Une puissance militaire maritime qui tarde à faire face aux enjeux stratégiques
L’arsenal militaire dédié à la surveillance de ce territoire de 11 millions de km² s’avère largement
insuffisant et les zones de surveillance privilégiées sont l’océan Atlantique au large de la Guyane, l’océan
Indien pour la lutte contre la piraterie et la sécurisation des TAAF, l’océan Pacifique autour de la Polynésie
et de la Nouvelle-Calédonie.
Conclusion
La France possède la deuxième ZEE du monde, qui s’étend sur plus de 11 millions de km² (qui représentent
8 % des mers du globe alors que sa superficie terrestre ne représente que 0.5 % de la superficie terrestre de
la Terre), notamment grâce à ses nombreux territoires ultramarins (ils constituent plus de 90 % de la ZEE du
pays).
Dès lors, la France s’impose comme une puissance maritime de premier plan, dont la réussite repose
d’abord sur le dynamisme de son industrie navale civile et militaire, qui profite de la maîtrise des plus
hautes technologies. Les chantiers navals français produisent ainsi des paquebots, des navires militaires,
des navires de plaisance pour les plus grandes compagnies d’armateurs du monde. La France bénéficie
également du dynamisme de quelques ports de commerce, en particulier ceux du Havre et de Marseille, qui
sont des ports importants en Europe. La CMA-CGM est la quatrième compagnie mondiale pour le transport
maritime de conteneurs.
La France possède en outre des bases navales sur tous les océans grâce à ses territoires ultramarins, qui
lui permettent d’être une puissance diplomatique qui pèse dans de multiples organisations de coopération
régionales. La France est ainsi également une puissance majeure qui participe activement à la sécurisation
des territoires maritimes et des grandes voies navigables, grâce à des forces militaires prépositionnées sur
ses territoires ultramarins, qui sont rapidement mobilisables. Elle joue donc un rôle majeur dans la lutte

contre les risques de piraterie ou de terrorisme. Cette puissance connaît pourtant des limites importantes.
Malgré l’étendue du domaine maritime de la France, les ressources halieutiques y sont insuffisantes. Si la
France est le 4e producteur de pêche et d’aquaculture de l’Union européenne, la production française de
produits aquatiques reste très insuffisante pour répondre à la demande intérieure et le potentiel halieutique
des territoires maritimes français paraît de plus en plus fragilisé par la dégradation de la biodiversité
marine. Quant aux ressources maritimes énergétiques et minières, elles restent difficiles à évaluer, car leur
exploitation s’avère coûteuse et incertaine.
Surtout, le dynamisme de l’économie maritime la France est d’une manière générale pénalisé par
l’insuffisance des investissements réalisés, qui ne permettent pas de valoriser toutes les potentialités de
l’espace maritime ni de faire face à la concurrence. Le déclassement des ports français face aux ports
européens le confirme. Malgré son poids diplomatique et militaire, la France doit également faire face à de
multiples oppositions à sa souveraineté (notamment de la part d’États qui remettent en cause certaines
délimitations des ZEE) et aux carences de sa force navale pour garantir la protection de ses intérêts et la
sécurité des espaces maritimes dans le monde.
Synthèse
Des voies
Des réserves maritimes Des dégradations
inégales Des richesses qui favorisent Forte militarisation Des risques et pollutions
et de plus en plus qui hiérarchisent les aires des mers majeurs aggravées par le
convoitées les territoires de puissance et des océans multiples changement climatique
Des tensions pour la

Des flux souveraineté des États,
de marchandises, leur ZEE, le contrôle ou
Des ressources halieutiques, de personnes, le libre accès des canaux
Une biodiversité menacée
énergétiques, minières d’informations et des détroits
Mers et océans Des rivalités

Mers et océans favorisent la de puissance Des enjeux liés
fournissent multiplication sur les mers à leur exploitation
des ressources des flux et les océans durable
Partie 1. Mers et océans Partie 2. Mers et océans

vecteurs essentiels entre appropriation, protection
de la mondialisation et liberté de circulation
Mers et océans au cœur de la mondialisation
Partie 3. La France
une puissance maritime ?
Une puissance
maritime de Une puissance
premier plan qui a des limites
Des voies Des dégradations

Des réserves maritimes et pollutions
inégales Des richesses qui favorisent Forte militarisation Des risques aggravées par le
et de plus en plus qui hiérarchisent les aires des mers majeurs changement
convoitées les territoires de puissance et des océans multiples climatique

Glossaire
• Aquaculture : Culture de plantes et élevage d’animaux en milieu aquatique (eau continentale ou marine).
• Cabotage : Navigation près des côtes.
• Canal : Passage construit artificiellement pour relier deux océans.
• Détroit : Bras de mer entre deux terres rapprochées et qui relie deux mers.
• Halieutique : Qui concerne les ressources vivantes aquatiques.
• Marge continentale : Zone sous-marine qui comprend le plateau continental, le talus continental et le
glacis continental.
• Plateforme continentale (ou plateau continental) : La surface d’un fond sous-marin qui est le prolonge-
ment du continent sous la surface de l’océan. Près de la côte donc, elle se caractérise par une pente faible
et une profondeur d’eau limitée.
• Production halieutique : Exploitation des ressources vivantes aquatiques. Elle inclut la pêche et l’aquaculture.
• Mondialisation • Analyse de documents variés :

Textes
• Maritimisation Cartes
• Haute-mer Documents statistiques
Photographies
• Puissance maritime
• Répondre à des questions à partir d’un ou plusieurs
• Route maritime documents.
• Zone Économique Exclusive • Classer des informations
• Employer les notions et exploiter les outils spécifiques
à la géographie
• Conduire une démarche géographique et la justifier
• Construire une argumentation géographique

SÉQUENCE 3
LA MULTIPLICATION DES ACTEURS INTERNATIONAUX DANS UN MONDE BIPOLAIRE (DE 1945 AU DÉBUT DES ANNÉES 1970)
Partie 1 – La fin de la Seconde Guerre mondiale et les

débuts d’un nouvel ordre mondial
La Guerre froide commence en 1947 avec les doctrines Truman et Jdanov, et se termine en 1991 avec
e
l’éclatement de l’URSS. Le XX siècle est bien celui de la guerre quasi-permanente. À la « guerre de
trente ans », de 1914 à 1945, succède la « guerre de quarante-cinq ans », véritable troisième guerre
mondiale qui, même si elle n’oppose jamais frontalement les deux superpuissances issues de la Seconde
Guerre mondiale, se caractérise par un projet d’anéantissement de l’adversaire, concrétisé dans le péril
nucléaire permanent, ainsi que par une mobilisation militaire, économique et idéologique constante.
En effet, une fois passé le temps du bilan, la Seconde Guerre mondiale laisse face-à-face les deux grands
vainqueurs de la guerre, les États-Unis et l’Union des Républiques socialistes soviétiques dont la puissance
militaire et l’influence idéologique leur permettent de jeter les bases d’un nouvel ordre international. Mais
les Alliés de circonstances redeviennent les ennemis qu’ils étaient avant la guerre. Sitôt la guerre terminée,
les tensions apparaissent : l’URSS, saignée par le conflit, entend assurer sa sécurité en contrôlant l’est de
l’Europe, soucieuse de se mettre le plus possible à l’abri de la nouvelle puissance nucléaire américaine ; les
États-Unis réfléchissent à la place qu’ils doivent tenir dans ce nouveau monde et font le choix d’intervenir
dans les affaires européennes puis mondiales. C’est le début de la Guerre froide, marquée par un
antagonisme idéologique, militaire et diplomatique entre les deux superpuissances.
Pourquoi peut-on dire que l’installation de la Guerre froide en 1947 procède directement du nouveau
rapport de force entre l’URSS et les États-Unis, une fois le règlement de la guerre réalisée lors des grandes
conférences de 1944-1945 ?
A. Bilan matériel, humain et moral du conflit

1. Les pertes humaines
Les pertes humaines sont considérables, entre 60 et 80 millions de personnes sont mortes entre 1937
et 1945. Le nombre effroyable de victimes civiles (plus de 42 millions contre 25 millions de victimes
militaires) s’explique par l’ampleur des bombardements, utilisés dès le début de la guerre. Les victimes
civiles l’emportent aussi en raison des exactions commises par les forces d’occupation à l’encontre des
populations des territoires occupés. Le bilan humain est enfin beaucoup plus lourd en Europe de l’Est
qu’en Europe de l’Ouest. L’URSS paye le plus lourd tribut au conflit (plus de 26 millions de victimes), en
raison de la guerre idéologique que les Allemands y ont menée. En Asie, la Chine, où les Japonais ont
multiplié les exactions, présente le second bilan le plus lourd (plus de 20 millions de victimes).
2. L’ampleur des destructions matérielles

En Europe, l’intensité des combats a été plus importante à l’Est qu’à l’Ouest. Les États d’Europe orientale
ont été pillés et la plupart des grandes villes de Pologne et celles d’URSS qui ont connu l’assaut allemand
sont en ruines. En Allemagne, les grandes villes ont été presque totalement détruites. La France a été
particulièrement touchée dans ses infrastructures : ports, gares, voies de chemin de fer, mines du Nord
et de l’Est. L’Afrique et l’Asie ont moins souffert des destructions matérielles. Toutefois, les grandes villes
du Japon ont été rayées de la carte : Tokyo et les grands centres industriels ne sont plus que ruines ;
Hiroshima et Nagasaki n’existent plus après les bombardements atomiques des 6 et 9 août 1945.

3. L’Europe est sous le coup du plus grand choc moral de son histoire
La délivrance des déportés des camps de concentration nazis entraîne un choc moral pour les
Européens, qui découvrent (ou pour certains voient confirmer) le degré de barbarie atteint par les
nazis. Dès le procès de Nuremberg, le chiffre de 6 millions de victimes juives est avancé. Par ailleurs,
l’utilisation par les Américains de la bombe atomique marque également les consciences. Partout les
peuples réalisent qu’une page vient de se tourner.
Pourtant, les pays d’Europe de l’Ouest comme le Royaume-Uni, la France ou la Belgique tentent de
renforcer la solidarité au sein de leur société en édifiant un « État-providence », basé sur un système
global de sécurité sociale destiné à couvrir les citoyens de l’ensemble des risques de la vie (accidents,
maladies, chômage, vieillesse)
B. Les Alliés jettent les bases d’un nouvel ordre international

1. Le règlement politique de la guerre
L’Allemagne et le Japon capitulent en 1945, respectivement le 8 mai et le 2 septembre. Le Japon est
occupé par les États-Unis. L’Allemagne, dont le sort est discuté au cours des conférences de Yalta
en Crimée (4 au 11 février 1 945), et de Potsdam à proximité de Berlin (17 juillet – 2 août 1945), est
occupée par les États-Unis, l’URSS, le Royaume-Uni et la France ; Berlin est divisé de la même façon. La
dénazification est entreprise.
Rapidement, les Soviétiques redessinent les frontières de l’est de l’Europe, déplaçant notamment les
frontières de l’URSS et de la Pologne vers l’ouest, au détriment de l’Allemagne. Ces modifications
frontalières s’accompagnent du déplacement forcé de millions de personnes. Dans les États qu’elle
contrôle, l’URSS procède au pillage des ressources et des activités économiques.
Les nouvelles frontières de l’Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale
André Fontaine,
Histoire de la Guerre froide,
© éditions du Seuil

2. Le nouvel ordre international passe aussi par la recherche et la punition
des coupables
La mise en place d’un nouvel ordre international passe aussi par la punition des responsables de
la guerre. Le procès de Nuremberg (novembre 1945-octobre 1946) juge vingt-quatre nazis, accusés
notamment de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. D’autres procès dits « successeurs »
sont menés contre les criminels nazis par les États-Unis jusqu’en 1949, moment où les tribunaux de la
nouvelle RFA prennent la relève.
La dénazification et la recherche de responsabilités touchent essentiellement les dirigeants et les
fonctionnaires d’autorité. Le procès de Tokyo, organisé afin de poursuivre les criminels de guerre
japonais, se tient sur les mêmes chefs d’accusation que le procès de Nuremberg.
3. Le renouveau de la sécurité collective par la création de l’Organisation

des Nations Unies
Depuis la rédaction de la Charte de l’Atlantique en 1941, les États-Unis se veulent les promoteurs d’un nouvel
ordre international. Ils sont à l’origine de la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui voit le
jour lors de la Conférence de San Francisco en juin 1945. Elle est en charge de garantir la paix et la sécurité
collective par l’envoi de forces de maintien de la paix, la décision de sanctions ou encore la médiation.
La conférence économique et monétaire internationale de Bretton Woods (1er au 22 juillet 1 944) se tient pour
essayer de construire une gouvernance économique mondiale. Le dollar devient la monnaie de référence,
la seule convertible en or. Sont alors créées le Fonds monétaire international (FMI), chargé de gérer les
dépôts des pays membres et de leur accorder des crédits, ainsi que la Banque internationale pour la
reconstruction et le développement (la BIRD, devenue la Banque mondiale), qui reçoit la charge de financer
des investissements. La Conférence de Bretton Woods et la création du FMI et de la BIRD résultent de la
volonté des États-Unis d’instaurer une libéralisation des échanges, vue notamment comme une garantie de
paix entre les nations qui commercent entre elles. Le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade - Accord
Général sur les Tarifs douaniers et le Commerce) a pour but de parvenir, par des cycles de négociation (les
« rounds »), à l’abaissement des tarifs douaniers et à la suppression des contingentements. Mais, dès leur
origine, les grandes institutions servent surtout les intérêts des pays riches. Les États-Unis, qui fournissent les
principales contributions financières de ces institutions, entendent en retirer les bénéfices les plus notables.
La conditionnalité des prêts aux pays riches est ainsi bien moindre qu’à l’égard des pays pauvres.
Parallèlement, les États-Unis développent leur influence en Afrique du Nord et au Proche-Orient, notamment
avec l’Arabie saoudite avec laquelle se noue une alliance indéfectible liée aux intérêts pétroliers américains.
C. Affrontement des deux superpuissances et naissance d’importants

conflits au Proche-Orient (1947-1949)
1. Les bases de la Guerre froide
Dès la guerre dans le Pacifique terminée, les sources de tension apparaissent entre les anciens alliés
de la Guerre : en Allemagne, où la cogestion échoue dès 1947 et où occidentaux et soviétiques imposent
leur modèle respectif dans leur zone d’occupation ; en Iran, en Turquie, en Grèce, où les États-Unis
s’engagent pour contrer l’expansion soviétique. Le mars 1946, Winston Churchill dénonce un « rideau
de fer » tombé en Europe du fait de la soviétisation rapide des pays d’Europe de l’Est et exhorte les
Américains à s’opposer au danger qui guette les démocraties d’Europe de l’Ouest.
Aussi, en mars 1947, le président Truman montre l’acceptation par les États-Unis de leur rôle de
protecteur du monde occidental par la mise en place de la politique dite de l’ « endiguement » : les États-
Unis s’opposent désormais à toute expansion réelle ou supposée de l’URSS par une réaction qui peut
prendre une forme militaire, politique ou économique. C’est ainsi que dès le mois de juin 1947, les États-

Unis présentent un plan d’aide économique aux États européens : c’est le Plan Marshall qui doit servir
à reconstruire l’Europe et améliorer rapidement les conditions de vie des Européens qui, par le fait, ne
sauraient donc être séduits par le communisme ; un autre objectif est aussi de refaire des Européens les
clients des firmes américaines.
Les soviétiques prennent acte de cet antagonisme : la « doctrine Jdanov », formulée en septembre 1947,
place le nouveau conflit entre les États-Unis et l’URSS à l’échelle du monde : c’est désormais les États-
Unis et leurs alliés contre l’URSS et leurs alliés.
2. Les premières crises de la Guerre froide

Les Américains pensent que l’URSS tente d’étendre son idéologie à l’ensemble du monde. Entre 1947
et 1948, les communistes s’imposent en Tchécoslovaquie, qui tombe dans l’orbite de l’URSS. Puis, à partir
de juin 1948, l’URSS tente par le « blocus de Berlin » - c’est-à-dire en fermant les voies d’accès à la ville
– de prendre le contrôle de l’intégralité de Berlin. Mais les Américains mettent en place un pont aérien
afin de ravitailler les Berlinois et le blocus est un échec. Cette crise aboutit à la création, à l’Ouest, de la
République fédérale d’Allemagne (RFA) le 23 mai 1949, avec Bonn pour capitale, puis la création, à l’Est,
de la République démocratique d’Allemagne (RDA) le 7 octobre 1949, avec Berlin Est pour capitale.
Enfin, en 1949, naît la République populaire de Chine suite à la victoire des communistes sur les nationalistes.
3. La nouvelle situation au Proche-Orient

La fin de la Seconde Guerre mondiale marque l’indépendance de l’ensemble des pays du Proche-
Orient. L’ONU proclame la fin des mandats français et britanniques : la Syrie et le Liban deviennent
indépendants. En Palestine, les Britanniques, face aux troubles opposants Juifs et Arabes, s’en remettent
aux décisions de l’ONU. Elle vote le 18 novembre 1947 un plan de partage qui coupe la Palestine en 7
zones : 3 Arabes, 3 juives, Jérusalem devenant une zone internationale. Ce plan est rejeté par les États
Arabes qui, à la proclamation de la naissance d’Israël le 14 mars 1948, déclarent la guerre à Israël qui
sort victorieuse du conflit. Un armistice met fin aux combats en 1949 mais aucun traité de paix n’est
signé. Les États arabes du Proche-Orient refusent de reconnaître la légitimité d’Israël ainsi que ses
frontières, agrandies par rapport au plan de 1947. Israël contrôle désormais près de 80 % de la Palestine
mandataire et expulse quelques 800 000 Arabes « Palestiniens » devenus un peuple sans terre.
Conclusion
Europe ravagée par la guerre Victoire de la grande alliance Volonté de sécurité collective
portée par les États-unis et l’URSS
NOUVEL ORDRE POLITIQUE MONDIAL
Rupture de la Grande Alliance
Émergence de
nouvelles tensions États-unis + Alliés URSS + Alliés Marginalisation
en Asie de l’ONU
Opposition dans la guerre froide

Partie 2 – Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation
et émergence du tiers-monde (de 1949 au milieu des
années 1970)
À partir de 1947, le monde est entré dans la Guerre froide, d’après une expression inventée par le
journaliste américain Walter Lippmann, mais dont le contenu n’est apparu qu’avec le déroulement des
événements. La Guerre froide est donc le conflit qui oppose les deux superpuissances que sont les États-
Unis et leurs alliés d’une part et l’URSS et ses « alliés » d’autre part.
Cette guerre a pour singularité :
— de ne jamais opposer directement les États-Unis à l’URSS en raison de leur puissance militaire
respective, mais de réaliser cet affrontement à travers des puissances interposées ou de ne convoquer
que l’une ou l’autre des superpuissances ;
— d’être un conflit d’influences et donc de générer une propagande intensive en faveur de l’un ou l’autre
modèle.
La Guerre froide s’installe d’abord en Europe, avec les crises grecques, allemande et tchécoslovaque,
puis s’étend en Asie avec la guerre d’Indochine et la création de la République populaire de Chine. Mais
c’est l’année 1949 qui marque la véritable entrée du monde dans la Guerre froide, avec d’une part la
bipolarisation qui se caractérise par la multiplication des alliances, faisant entrer chaque État dans un
camp ou un autre, mais aussi par la décolonisation, qui, malgré les efforts de non-alignement, conduit les
nouveaux pays indépendants à s’inscrire dans un camp ou dans un autre.
Chaque région du monde est donc l’objet d’une compétition concrète mais aussi idéologique entre les États-
Unis, d’une part, et l’URSS, d’autre part. Il en va ainsi du Proche et du Moyen-Orient où le conflit israélo-
arabe se double d’une lutte d’influence entre Américains et Soviétiques. Dans ce monde où chacun est
sommé de choisir son camp, le Mouvement des Non-Alignés peine à faire entendre la voix du Tiers-Monde,
tandis que la Chine de Mao ne parvient pas à s’ériger en modèle concurrent de l’Union soviétique.
A. Les modèles des deux superpuissances et la bipolarisation

1. Les principes de la guerre froide : l’opposition de deux modèles
idéologiques se concrétise dans des alliances
Dès la mise en place des doctrines Truman et Jdanov, la Guerre froide se caractérise par une forte
opposition idéologique entre les deux superpuissances en raison de l’antagonisme de leur modèle
respectif :
— Les États-Unis entendent défendre et propager les libertés fondamentales (d’expression, de circula-
tion, de réunion) et la démocratie pluraliste au nom de leur « Destinée Manifeste » (mission civilisatrice).
En 1947, ils font le choix de l’interventionnisme non seulement dans les affaires de l’Europe mais aussi
celles du monde entier afin d’empêcher le communisme de s’étendre.
— L’Union des Républiques socialistes soviétiques défend l’idéologie communiste, à savoir la propriété
collective des moyens de production et le centralisme démocratique qui, dans les faits, confie l’essentiel
du pouvoir au Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). La population est étroitement contrôlée
par l’État.
L’union autour d’une des superpuissances crée deux blocs : le bloc américain et le bloc soviétique.
Les États-Unis réunissent autour d’eux les pays qui partagent leurs mêmes conceptions des libertés, à
savoir les États d’Europe occidentale. Ils forment ensemble une alliance militaire de défense : l’Organisation
du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et d’autres alliances sont signés par les États-Unis avec de multiples
partenaires dans le monde entier pour contenir toute poussée réelle ou supposée de l’URSS.

De son côté, l’URSS a laissé l’Armée rouge stationner dans les pays d’Europe de l’Est devenus les
« démocraties populaires ». Les forces militaires de ses États signent le Pacte de Varsovie en 1955.
Des alliances sont également signées entre l’URSS et les pays devenus communistes : la République
populaire de Chine en 1949, le Vietnam du Nord en 1954, Cuba en 1959.
Le modèle américain est fondé sur la notion de liberté mais aussi sur celle de la société de
consommation, qui est remise en cause par la jeunesse dans les années 1960 ; 1 968 étant l’année du
paroxysme de la contestation.
Au sein du bloc communiste, la terreur règne en URSS comme dans les démocraties populaires jusqu’à
la mort de Staline en 1953. L’accession au pouvoir de Khrouchtchev et la déstalinisation, lancée lors du XXe
Congrès du PCUS en 1956, ne se traduisent cependant pas par un relâchement de la tutelle soviétique :
répression de l’insurrection hongroise en 1956 et du « printemps de Prague » en Tchécoslovaquie en 1968.
Les systèmes d’alliances américain et soviétique dans les années 1950
Source : http://cartotheque.sciences-po.fr/
2. Une vraie guerre mais par pays interposés

La Guerre froide est une succession de tensions et de conflits localisés, dans lesquels peut intervenir
l’une ou l’autre des deux, mais sans jamais que les Américains et les Soviétiques ne s’affrontent
directement (guerre de Corée ou du Viêt-Nam par exemple). La guerre n’est pas permanente et les
relations entre les deux blocs alternent phases de tensions et phases de relatif apaisement.
La mort de Staline en 1953 est ainsi suivie par une période d’apaisement, dite de « coexistence
pacifique », et la « Détente » suit les crises liées à la construction du Mur de Berlin en 1961 et à la
découverte de missiles nucléaires soviétiques à Cuba en 1962. Elle dure jusqu’au milieu des années 1970.
Cependant, les tensions perdurent : les États-Unis sont engagés dans la guerre du Vietnam jusqu’en
1973, tandis que le bloc communiste se fissure avec la rupture sino-soviétique.

3. La course aux armements
La Guerre froide s’accompagne d’une incessante course aux armements. En 1949, l’URSS l’acquiert à son
tour l’arme atomique, ce qui laisse alors présager d’une guerre nucléaire entre les deux Grands en cas
d’affrontement direct. Les deux superpuissances parviennent à un « équilibre de la terreur » qui, au final,
rend un conflit improbable car trop destructeur. Des traités peu respectés freinent relativement la course
aux armements : SALT (« Strategic Arms Limitation Talks ») en 1972 et SALT II en 1979.
La course à l’espace, dominé d’abord par l’URSS mais finalement remportée par les États-Unis, s’inscrit
dans ce contexte de surarmement respectif mais également dans une lutte de prestige.
B. Les nouveaux États : des indépendances à leur affirmation sur la

scène internationale
1. Origines et formes de la décolonisation
La décolonisation est l’un des phénomènes majeurs de la seconde moitié du XXe siècle : en quelques
années, la quasi-totalité du continent africain ainsi que le Sud et le Sud-Est de l’Asie se libèrent de la
tutelle des métropoles européennes.
Elle a pour origine, bien sûr, le vécu des colonisés, victimes du travail forcé ou de la spoliation des
terres, privés de droits, d’où émergent les nationalismes. Après la Seconde Guerre mondiale, le contexte
est favorable à la décolonisation : les colonisés, qui se sont battus pour les principes de liberté, de
démocratie et de justice, ont le soutien des deux superpuissances et disposent à l’ONU d’une tribune pour
faire entendre leur voix par le biais de pays déjà décolonisés soutenant les mouvements indépendantistes.
Il est possible de différencier deux formes de décolonisation : les décolonisations négociées, qui seraient
le fait du Royaume-Uni, et les décolonisations conflictuelles, qui concerneraient davantage la France.
2. Les phases de la décolonisation

La décolonisation
Source : Atlas du Monde diplomatique , 2003

La décolonisation commence en Asie. À partir de 1947, la décolonisation de l’Inde et du Pakistan entraîne
celle des États voisins sous tutelle britannique : la Birmanie et le Sri Lanka en 1948, la Malaisie en 1957.
En Indonésie, les Néerlandais acceptent, sous la pression de l’ONU et des États-Unis, l’indépendance de
l’archipel en 1949.
En Indochine, les Français sont confrontés à la proclamation de l’indépendance du Vietnam. À partir de
décembre 1946, le débarquement de l’armée française au Vietnam provoque la guerre d’Indochine, soldée
par une défaite de la France – bien que soutenue par les États-Unis puisque le Vietnam est communiste
– en 1954. Les accords de Genève prévoient l’indépendance du Vietnam mais le découpent en deux : dans
l’attente d’une réunification, le Nord Vietnam intègre le monde communiste, tandis que le Sud compte sur
l’aide des États-Unis pour opérer à terme la réunification à son profit.
En Afrique, l’émancipation commence avec les colonies britanniques : le Ghana ouvre le processus en
1957 et le Kenya est le dernier à obtenir son indépendance en 1963.
En 1958, la France laisse le choix à ses colonies entre l’indépendance immédiate ou l’entrée dans la
nouvelle Communauté française. Toutes, à commencer par la Guinée, choisissent l’indépendance
entre 1960 et 1962.
Les décolonisations africaines peuvent aussi être conflictuelles, comme en Algérie où la France mène
une guerre de 1954 à 1962, ou dans les colonies portugaises qui connaissent de longues guerres de
décolonisation jusqu’au milieu des années 1970.
3. Les difficultés des nouveaux États

Les nouveaux États nés de la décolonisation connaissent de nombreuses difficultés :
— les nouvelles institutions sont fragiles, les coups d’États nombreux, les régimes souvent autoritaires,
— ils sont peu industrialisés, dépendent des revenus de quelques matières premières,
— la démographie est galopante, les besoins alimentaires, éducatifs, sanitaires, explosent,
— l’endettement est massif.
Ces États forment le « Tiers-Monde », qui ne veut, à l’origine, faire partie ni du monde libéral américain,
ni du monde communiste soviétique. Le Tiers-Monde s’affirme lors de la Conférence de Bandung,
en Indonésie, qui réunit, en avril 1955, 29 États d’Afrique et d’Asie. Cependant, malgré leur tentative
de d’association au sein du Mouvement des Non-Alignés, beaucoup se rapprochent plutôt du camp
soviétique. À l’ONU, les anciennes colonies essaient de promouvoir un Nouvel Ordre Economique
International (NOEI), notamment avec la constitution d’organisations telles que la CNUCED (Conférence
des Nations Unies pour le Commerce et le développement) en 1964 ou le PNUD (Programme des Nations
Unies pour le Développement) en 1965, mais l’économie mondiale reste dominée (encore aujourd’hui) par
les pays du Nord.
C. La Chine de Mao : l’affirmation d’un nouvel acteur international

1. La Chine s’insère d’abord dans le bloc communiste
À sa création en 1949, la Chine est isolée au sein de la communauté internationale. C’est pour cela
qu’elle cherche à construire une politique de puissance qui passe d’emblée par l’alliance avec l’URSS :
un pacte d’assistance mutuelle est signé en 1950 et le modèle soviétique s’applique. Elle s’implique
massivement dans la guerre de Corée face aux États-Unis et s’étend au Tibet en 1951. Elle s’impose
comme l’un des leaders du Tiers-Monde, en participant notamment à la conférence de Bandung en 1955,
et acquiert la bombe atomique en 1964.

2. L’échec de la voie soviétique
Mais la Chine, en désaccord avec la déstalinisation entreprise par Khrouchtchev et avec sa politique
de coexistence pacifique, devient autonome de l’URSS et rompt progressivement l’unité du camp
communiste. En 1962, la reculade soviétique face aux Américains à Cuba (crise des missiles) est
présentée comme une trahison, des émeutes antisoviétiques éclatent à Pékin en 1967, des combats
opposent les troupes chinoises aux Soviétiques en 1969.
Cependant, la Chine maoïste ne parvient pas à s’imposer comme modèle communiste alternatif à l’URSS,
sauf en Tanzanie et en Albanie. De plus, le « Grand Bond en avant » initié en 1958 afin de faire de la Chine
une grande puissance économique, provoque une famine qui fait plus de vingt millions de morts : le
modèle maoïste est mis à mal.
3. Sortir de l’isolement international

En 1964, la France du général de Gaulle, dans une perspective d’indépendance à l’égard des États-
Unis, reconnaît la République populaire de Chine. Au début des années 1970, elle se rapproche
diplomatiquement des États-Unis, pour des raisons très pragmatiques de mésentente commune avec
l’URSS, et elle intègre l’ONU en 1972. Puis elle normalise ses relations avec ses voisins en signant
en 1977 un traité de paix avec le Japon. Mais après la Révolution culturelle (1966-1976) qui plonge
le pays dans une quasi-guerre civile, le pays semble arrêté dans son développement : les échanges
internationaux sont faibles, l’économie reste essentiellement rurale, un tiers des habitants vit dans une
extrême pauvreté. La mort de Mao en 1976 ouvre une nouvelle ère.
D. Les conflits du Proche et du Moyen-Orient

1. Pendant la Guerre froide, le monde arabe est marqué par une forte
instabilité politique.
Dès la fin des années 1940, le Moyen Orient devient l’un des centres de la Guerre froide : la Turquie, les
pays pétroliers du Golfe Persique, Israël, sont dans le camp occidental tandis que les ennemis d’Israël
sont plutôt soutenus par l’URSS, notamment l’Égypte et la Syrie dès les années 1950. Néanmoins, le
Proche Orient ne devient pas un théâtre militaire de la guerre froide, comme le montre l’entente entre les
États-Unis et URSS qui fait échouer la tentative militaire franco-britannique lors de la crise de Suez en
1956.
Le panarabisme, volonté d’unir le monde arabe derrière des objectifs communs, n’en reste qu’au stade de
l’idée très générale alors que les coups d’États, les guerres civiles, les tensions entre les communautés
et les religions font de cette région l’une des plus instables du monde. Les Palestiniens, qui n’ont pas
été intégrés aux sociétés arabes au sein desquels ils ont trouvé refuge, sont devenus une nouvelle force
politique avec la fondation de l’Organisation de Libération de la Palestine en 1964.
2. Les guerres israélo-arabes

De 1948 à la fin des années 1970, le Moyen-Orient est le cadre de plusieurs guerres entre Israël et les
États arabes. Menés par l’Égypte, les pays arabes font peser une véritable menace sur la sécurité d’Israël
qui décide de mener une guerre préventive. La guerre des Six Jours, du 5 au 10 juin 1967, entraîne
l’occupation par les Israéliens des régions de Palestine qu’ils n’avaient pas intégrées à leur État en
1949 (Cisjordanie, Jérusalem Est et bande de Gaza), ainsi que des territoires pris à la Syrie (le Golan) et
l’Égypte (la péninsule du Sinaï, ce qui entraîne la neutralisation du canal de Suez). Le 6 octobre 1973, les
armées égyptienne et syrienne attaquent Israël : c’est la guerre du Kippour, remportée par Israël.

3. Les pays pétroliers du Moyen-Orient récupèrent leur ressource
En 1960, plusieurs pays producteurs de pétrole (l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak, le Koweït et le Venezuela)
créent l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, l’OPEP, dont le but est de constituer un cartel
en vue de contrôler l’évolution du prix du baril, alors contrôlé par les grandes compagnies occidentales.
En 1968, l’Arabie saoudite, le Koweït et la Libye fondent l’Organisation des pays arabes exportateurs de
pétrole (OPAEP), afin de faire pression sur les Occidentaux face à Israël : suite à la guerre du Kippour et
pour contrer le soutien des Occidentaux à Israël, ils utilisent le pétrole comme arme en en quadruplant
le prix et en décrétant un embargo à destination des États-Unis. C’est le premier choc pétrolier, l’un des
déclencheurs de la récession dans les pays développés.
Conclusion
SYSTÈME MONDIAL BIPOLAIRE
Bloc américain : Bloc soviétique :

- Leader : États-Unis - Leader : URSS
- Idéologie : libéralisme - Idéologie : Communisme
- Valeurs : démocrate - Valeurs : totalitarisme
- OTAN - Pacte de Varsovie

- Pacte de Badgad - Chine : 1950-1960
Alliances
- OTASE ... - Vietnam du nord
- Cuba
- Guerre de Corée : - Guerre de Corée :

intervention par l’ONU Affrontements intervention de la RPC
- Guerre du Vietnam : par puissance interposée - Guerre du Vietnam :
intervention au Sud soutien matériel au Nord
Vietnam Vietnam
Riposte graduée - Construction du mur

- Blocus de Cuba en 1962
de Berlin en 1961

Glossaire
• Complexe militaro-industriel : Ensemble formé par les industriels de l’armement, l’armée et les
décideurs gouvernementaux.
• Décolonisation : Processus par lequel un pays colonisé devient indépendant et souverain.
• Démocratie pluraliste : Système politique dans lequel plusieurs partis concourent au suffrage des
électeurs
• Démocratie populaire : Système politique qui caractérise les pays d’Europe de l’Est ayant calqué leur
système sur celui de l’URSS : le pouvoir est détenu par le parti communiste et l’économie y est collectivisée.
• Dénazification : Ensemble des actions entreprises par les Alliés afin d’éradiquer les restes, les traces,
les influences, du nazisme en Allemagne et en Autriche.
• Destinée manifeste : Expression utilisée aux États-Unis à partir du XIXe siècle qualifiant de « mission
civilisatrice » leur expansion vers l’ouest du continent puis, au XXe, leur déploiement dans le monde
entier.
• Endiguement : Stratégie adoptée par les États-Unis dans l’objectif de stopper l’avancée du commu-
nisme dans les limites atteintes en 1947.
• Équilibre de la terreur : Recherche de la parité nucléaire par les États-Unis et l’URSS afin de ne pas
risquer l’usage de leur arsenal nucléaire.
• État-providence : Forme d’état qui par ses interventions économiques et sociales veille à assurer un
minimum de bien-être à l’ensemble des citoyens et à prévenir les accidents de la vie.
• Gouvernance économique mondiale : Système dans lequel les principales puissances économiques
mondiales s’entendent pour réguler leurs rapports afin d’éviter les crises économiques et réguler les
comportements les plus agressifs.
• Interventionnisme : Pour les États-Unis, doctrine qui s’oppose à l’isolationnisme, qui les tenait
éloignés des affaires européennes ; le débat entre interventionnisme, c’est-à-dire le choix d’intervenir
au-delà de leurs frontières, et isolationnisme est réglé une première fois en 1941 avec l’entrée dans la
Seconde Guerre mondiale puis en 1947 avec la doctrine Truman.
• NOEI : Recherche d’un rééquilibrage des relations économiques au profit des pays du Sud.
• Panarabisme : Volonté de réunir tous les Arabes au sein d’un seul État.
• Sécurité collective : Ensemble des mesures, des actions entreprises par une communauté d’États
pour la protection de cette communauté contre un agresseur. C’est la sécurité de tous, par tous, pour
tous qui repose sur la dissuasion induite par le déséquilibre des forces entre la communauté rassem-
blée et l’agresseur.
• Trente Glorieuses : Période de forte croissance économique que connaissent la plupart des pays
occidentaux de la fin des années 1940 jusqu’aux débuts des années 1970.

• État-Providence • Identifier, nommer les périodes historiques, les

ruptures et les continuités
• Guerre froide
• Identifier et expliciter des dates et acteurs clés de
• Nationalisme grands événements
• Monde bipolaire • Contextualiser : mettre un événement ou une figure en
• Décolonisation perspective, mettre en relation des faits ou événements
de nature, période, localisation différente.
• Tiers-Monde
• Procéder à l’analyse critique d’un document selon une
• Monde multipolaire. approche historique
• Construction européenne. • Utiliser une approche historique pour construire une
argumentation
• Mettre un événement et une figure en perspective

SÉQUENCE 4
DYNAMIQUES TERRITORIALES, COOPÉRATIONS ET TENSIONS
Partie 1 – Des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation
La mondialisation se caractérise par la multiplication et par l’intensification des échanges et des

mobilités à l’échelle du monde. Le phénomène s’est accéléré depuis les années 1970 grâce au
développement des moyens de communication et de circulation. La fin de la guerre froide avec la chute
du bloc communiste entraîne également une nouvelle façon de percevoir l’organisation du monde. La
mondialisation contribue à l’homogénéisation des modes de vie à travers l’espace mondial. Mais, elle
entraîne aussi la mise en concurrence des territoires et des sociétés et elle alimente des comportements
de contestation (particularismes, régionalismes, communautarismes).
Envisagée d’abord comme l’extension de l’économie de marché installée dans les pays de l’Ouest
à l’ensemble de la planète, avec l’essor de nouveaux échanges transcendant les frontières, la
mondialisation ne signifie pour autant pas la disparition des niveaux régionaux et nationaux au profit
d’une gouvernance mondiale. Elle crée par contre de nouvelles interdépendances, sous la forme
de réseaux qui relient des pôles hiérarchisés et de plus en plus spécialisés dans leurs fonctions
économiques, avec la mise en place d’une division internationale du travail. Il existe ainsi des aires de
puissance qui captent les différents flux de personnes, de produits et de capitaux, qui concentrent les
activités d’innovation, de production et d’échange, les pouvoirs économiques, politiques, culturels, tandis
que des territoires se trouvent en marge et cumulent les difficultés.
Quelles sont les principales aires de puissance dans le monde et quels sont les fondements de leur
domination ?
Comment certains États parviennent-ils à rejoindre les principaux pôles de la mondialisation et quels sont
ceux qui demeurent en marge ?
A. Les pôles et aires de puissance

1. Les trois aires de puissance majeures constituent la Triade
L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie du Sud-Est sont les trois centres d’impulsion économique qui
dominent le monde. Ils forment la Triade, certains, les plus riches, forment le Groupe des 7 (G7) qui se
réunit une fois par an.

Les principaux centres d’impulsion du monde
La domination de ces trois grandes aires de puissance repose d’abord sur des atouts économiques :
— En 2016, parmi les 100 premières firmes mondiales, 54 sont américaines, 24 européennes, 4
Japonaises.
— Les grandes organisations économiques, financières et commerciales internationales que sont
l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, dont le siège est à Paris), l’OMC
(Organisation mondiale du commerce dont le siège est à Genève), le FMI (Fonds monétaire internatio-
nale, dont le siège est à Washington) ou la Banque mondiale (siège à Washington) sont sous la domina-
tion des pays les plus puissants.
— Les trois quarts du commerce mondial s’organisent essentiellement entre les trois pôles.
— En 2015, 55 % des flux de capitaux dans le monde sont réalisés par les trois aires de puissance.
— Les cinq premières places financières mondiales en 2017 sont situées à Londres, New York, Hong-
Kong, Singapour et Tokyo. Parmi les vingt premières, on en dénombre 5 européennes et 6 Nord-Améri-
caines.
— La Triade représente plus de 70 % des dépenses mondiales en 2014 dans de multiples secteurs
innovants (télécommunications, aéronautique, armement, informatique).
Toutefois, la domination économique et financière de la Triade s’estompe depuis trois décennies :

75 % de la richesse mondiale produite en 2000, plus que 60 % en 2015.

La domination des trois grandes aires de puissance est également politique :
— Elles dominent l’ONU. Son siège est à New York. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni sont,
avec la Chine et la Russie, les membres permanents du Conseil de Sécurité. L’Union européenne fournit
près de 40 % du budget de l’ONU, les États-Unis 22 % et le Japon 16 %.
— L’aide au développement est financée à plus de 50 % par l’UE, 23 % pour les États-Unis et 11 % pour le Japon.
— Les États-Unis et l’UE, ont également, avec la Chine, le plus vaste réseau d’ambassades.
— Ces trois puissances possèdent également l’arme nucléaire et la primauté militaire : la Triade repré-
sente plus de 80 % du budget militaire mondial en 2015 (plus du tiers pour les seuls États-Unis). - Les
bases militaires des États-Unis et de l’OTAN sont omniprésentes sur la Planète.
Enfin, leur domination est culturelle, comme le montrent, par exemple, la production et la diffusion
cinématographiques des États-Unis.
2. Les mégalopoles concentrent les pouvoirs productifs, financiers et décisionnels

La première mégalopole est la « Mégalopolis », un immense ensemble urbanisé de la façade orientale
des États-Unis qui s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres, de Boston à Washington en passant
par New York et Philadelphie. Une autre est la mégalopole japonaise de Fukuoka à Tokyo sur le littoral
Pacifique. Une troisième est la mégalopole européenne, de Londres à Milan en passant par l’axe Rhénan.
Ces mégalopoles forment les principaux pôles du réseau mondial, concentrant les flux de tous types. Ce
réseau se prolonge à des mégalopoles secondaires, en particulier de l’Ouest des États-Unis (Californie),
du Sud-Est du Brésil ou d’Asie orientale. L’archipel mégalopolitain mondial (AMM) ainsi constitué
concentre l’essentiel des trafics maritimes et aériens du monde et plus de 90 % des flux financiers.
L’archipel mégalopolitain mondial

3. Les métropoles mondiales
Les villes-mondiales, au premier rang desquelles, New York, Londres, Tokyo et Paris, ont de très fortes
densités de population, concentrent les activités de commandement politique, économique, culturel,
scientifique, technologique, captent et génèrent d’énormes flux, produisent des richesses colossales.
Le quartier des affaires est le cœur de la puissance économique de ces villes : les bureaux des firmes
transnationales, les banques, les grands centres commerciaux s’y concentrent.
B. Des aires de puissance en recomposition avec l’affirmation de

puissances émergentes
1. L’affirmation des puissances émergentes
Les principales puissances émergentes
Parmi les puissances émergentes, on trouve le groupe de pays que l’on désigne par l’acronyme « BRICS »
(pour Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et qui sont susceptibles de dominer l’économie
mondiale en 2 050. Les BRICS présentent en effet des taux de croissance bien supérieurs à ceux des pays
européens ou d’Amérique du Nord et ont des économies très ouvertes au monde. Le PIB de la Chine a
détrôné celui des États-Unis et celui de l’Inde pourrait également le dépasser entre 2040 et 2045. De plus,
les sommets des BRICS participent à la formation d’une nouvelle réalité géopolitique dans la hiérarchie
mondiale.
Les « Dragons asiatiques », la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan, ont connu une forte
croissance industrielle dans la seconde moitié du XXe siècle en suivant le modèle économique du
Japon et ils jouissent d’un niveau de vie comparable à celui des pays de la Triade. Ensuite, les « Tigres
asiatiques », la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, le Viêtnam, émergent à la fin du XXe siècle. Devenus

attractifs, ils captent les investissements directs à l’étranger (IDE) et connaissent une forte croissance.
Sur le même modèle, les « Jaguars » d’Amérique du Sud – Mexique, Colombie, Argentine, Chili – et les
« Lions » d’Afrique – Afrique du Sud, Égypte, Algérie, Nigéria, Maroc, Tunisie – développent industrie
manufacturière, secteur des services et infrastructures.
Les pays émergents ont connu un développement par étapes : modernisation agricole puis
développement industriel et enfin investissement dans la recherche technologique et scientifique.
Certaines entreprises des pays émergents investissent aussi dans le monde et parviennent à conquérir
des marchés face à la concurrence des sociétés américaines, japonaises ou européennes.
2. Les puissances émergentes ont des difficultés persistantes

Si une classe moyenne émerge, si l’alphabétisation progresse, si l’espérance de vie augmente, une part
importante de la population demeure cependant confrontée à des conditions de vie très difficiles. De
plus, les fortes inégalités socio-spatiales persistent entre les littoraux urbanisés et les campagnes de
l’intérieur ou entre les quartiers d’affaires, les zones résidentielles et les bidonvilles où vivent encore des
millions de personnes.
C. Territoires en développement et en marginalisation

D’autres territoires restent en retrait, soit du fait de leur pauvreté (les PMA), de leur isolement ou tout simplement de
leur déclin y compris dans les pays riches.
1. Les espaces marginalisés à l’échelle du monde ont un faible IDH

Signalons d’abord la perte de pertinence de la traditionnelle division entre pays du Nord et pays du Sud.
Ce découpage du monde entre « Nord » développé et « Sud » en développement demeure, mais il s’est
complexifié, de telle sorte que l’on peut dorénavant évoquer « des Nords » au niveau de développement
très diversifié et, de la même façon, « des Suds », chaque ensemble étant très hétérogène.
Les inégalités de développement dans le monde (IDH, 2 016)

Néanmoins, les inégalités de développement entre pays de Nord et PMA sont criantes. Ces pays
connaissent une importante surmortalité, notamment infantile, liée à la sous ou malnutrition, au manque
d’eau potable, au manque de services médicaux et n’offrent qu’un accès très limité à l’éducation.
L’Afrique subsaharienne, notamment et malgré des progrès, cumule tous les retards de développement :
1 enfant sur 13 y meurt avant 5 ans (6 sur 1 000 dans les pays développés, soit environ 13 fois moins) et
32 millions d’enfants n’y sont pas scolarisés en 2016.
2. Des territoires marginalisés au Nord : le cas des métropoles en crise

Au sein des aires de puissance, certaines villes qui étaient autrefois des métropoles mondiales sont
désormais en crise à cause du déclin des activités économiques qui entraînent l’augmentation du
chômage et de l’insécurité puis le départ des habitants des quartiers les plus sinistrés – notamment les
anciens centres-villes industriels –, provoquant la fragmentation spatiale de la ville. La ville de Détroit
aux États-Unis est en cela emblématique.
Conclusion
Les centres d’impulsion sont encore majoritairement concentrés dans les mégapoles du Nord (New York,
Tokyo, Londres ou Paris). Ils forment un réseau mondial organisé autour de trois principales aires de
puissance : l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie Orientale. Cette hiérarchie organise une domination
du « Nord » sur le « Sud ». Cependant, des centres de décision se développent rapidement dans le Sud
si bien que cet ordre mondial est de plus en plus contesté. Les centres d’impulsion des mégapoles du
« Sud », en particulier des puissances émergentes (les BRICS), jouent le rôle de relais mais cherchent
aussi à remettre en cause la domination de l’ensemble formant jusqu’alors la Triade. L’émergence de
nouveaux centres d’impulsion modifie donc la configuration traditionnelle de l’inégal développement, qui
opposait de manière binaire un monde développé à un monde sous-développé.
Dans les périphéries les moins intégrées, bien que certaines mégapoles soient en mesure de se détacher,
de nombreuses régions sont encore exclues de la mondialisation. C’est plus particulièrement le cas
de l’Afrique subsaharienne où les indicateurs de développement n’évoluent que très lentement (IDH,
mortalité infantile et analphabétisme par exemple).

Partie 2 – Coopérations, tensions et régulations aux échelles
mondiale, régionale et locale
La mondialisation se caractérise par une intensification des flux économiques et humains à l’échelle
du monde, fondée sur la libéralisation des échanges économiques, commerciaux et financiers et sur la
Division Internationale du Travail. Permise par la révolution dans les technologies de l’information, de
la communication et des transports, elle contribue à une croissance économique globale au sein d’un
système où se sont multipliées les interconnexions et les interdépendances. Elle produit également de
nombreux déséquilibres.
La mondialisation contribue à l’apparition d’une nouvelle géopolitique, dès lors que les pays émergents
manifestent leur volonté de convertir leur poids économique nouveau en puissance politique, en
particulier par une meilleure représentativité dans les institutions internationales. En outre, le sentiment
croissant que tout est interdépendant crée, pour de nombreux pays, la crainte de la perte de contrôle de
son propre territoire. Il s’ensuit une volonté nouvelle de réaffirmer sa souveraineté sur la délimitation
de ses frontières, de procéder à leur sécurisation ; ce qui aboutit à la création de murs, de clôtures, de
barrières commerciales. Cette territorialisation des espaces nationaux conduit à la multiplication des
contentieux, des tensions et parfois des conflits entre États voisins.
La mondialisation inquiète également par le déséquilibre entre la croissance globale qu’elle permet et
le manque de dynamisme des marchés intérieurs de nombreux États, trop longtemps tournés vers une
croissance économique fondée sur les exportations et l’intégration aux marchés mondiaux.
Quels sont les principaux fondements de la mondialisation ? Comment la mondialisation contribue-t-elle à

l’augmentation des tensions dans le monde et quels sont les moyens mis en œuvre pour tenter de réduire
les excès de cette mondialisation ?
A. Une mondialisation fondée sur la Division Internationale du Travail

1. Une mondialisation qui se caractérise par la croissance des échanges
Les flux réalisés à l’échelle mondiale sont de plus en plus nombreux :
— les flux de marchandises : le commerce mondial de marchandises a été multiplié par 10 entre 1980
et 2010. La majorité des échanges se fait entre les pôles de la Triade et entre les pays de chacun de ces
pôles. De nombreux échanges se font également désormais avec les pays émergents, qui sont de plus en
plus intégrés dans la mondialisation. Les pays qui ont les plus faibles IDH sont marginalisés.
— les flux de capitaux : ils confirment la hiérarchisation des territoires dans la mondialisation, avec
une nette domination des centres d’impulsions de la Triade et une affirmation de plus en plus forte des
métropoles émergentes.
— les flux d’information : la mondialisation est aussi culturelle et communicationnelle. Elle contribue
non seulement à la diffusion mondiale de la culture des pays qui constituent les centres d’impulsion,
dans une dynamique d’uniformisation des modes de vie, essentiellement sur le modèle occidental (diffu-
sion de la culture américaine et, moins fortement, de la culture européenne), mais aussi à la mise à
disposition des populations du monde d’images et d’informations qui circulent instantanément dans le
monde par l’intermédiaire des chaînes télévisées d’information en continu ou par Internet.
— les flux de personnes : il convient de distinguer les flux touristiques des flux de migrants. On compte
plus de 200 millions de migrants dans le monde. L’Amérique du Nord, l’Europe et les pays du Golfe sont
les principales régions d’immigration. Les principales zones d’émigration sont l’Amérique centrale et du
Sud, l’Afrique, le sous-continent indien, l’Asie du Sud-Est.

— les touristes internationaux sont aujourd’hui plus d’un milliard ; ils sont essentiellement originaires
des pays les plus riches, mais les habitants des pays émergents sont de plus en plus nombreux à pratiquer
cette activité. L’espace touristique se mondialise, malgré des inégalités dans la répartition des touristes.
Trois grands ensembles dominent : l’Europe qui concentre environ 50 % du total, l’Asie Pacifique, et les
Amériques (15 % à 20 % du total).
2. Le libre-échange et la Division Internationale du Travail, fondements

d’une coopération déséquilibrée entre les acteurs de la mondialisation
a. Les acteurs de la mondialisation

Les différents acteurs de la mondialisation sont : les firmes transnationales, en premier lieu celles de
la Triade ; les États, qui fixent normes et réglementations ; les organisations internationales tels l’ONU,
le FMI, la Banque mondiale ; les espaces régionaux de coopération comme l’Union Européenne ; les
syndicats et les associations.
b. Le libre-échange et la Division Internationale du Travail

La mondialisation repose sur le libre-échange, imposé notamment après la Seconde Guerre mondiale
avec le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade = Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce) qui permet la diminution progressive des droits de douane afin de stimuler les échanges
internationaux.
La mondialisation suppose la division internationale du travail fondée sur le principe de spécialisation de
chaque pays dans certains secteurs de production : les pays développés se spécialisent dans les services,
la conception, l’industrie de pointe ; les pays en développement dans les biens manufacturés à faible
valeur ajoutée, l’assemblage, la production de matières premières.
3. Une organisation qui repose sur un réseau mondial de transports

répondant à la contrainte de la distance
La majorité des échanges de marchandises, plus de 80 %, se font par voie maritime : les façades
maritimes, notamment celle d’Amérique du Nord (Mégalopolis), la Northern Range en Europe, et la
façade asiatique, sont les interfaces de la mondialisation. Les principaux ports à conteneurs sont ceux de
Shanghai (Chine), Singapour, Shenzhen (Chine), Hong-Kong (Chine), Busan (Corée du Sud). Le premier
port européen est celui de Rotterdam (11e mondial). Ce sont des hubs et des plateformes multimodales,
connectés à un réseau de voies rapides terrestres (autoroutes, voies ferrées) qui permettent
l’acheminement rapide des marchandises au cœur des continents. La spécialisation des navires et la
conteneurisation qui ont permis l’augmentation du volume de marchandises échangé (multiplié par trois
en quarante ans).
Le transport du fret par avion, très réduit à cause du coût, contribue cependant à plus du tiers du
commerce mondial en valeur. Le transport aérien de passagers a explosé depuis les années 1990 :
3 milliards de passagers en 2015, contre environ 1 milliard en 1990, notamment à cause de la vigoureuse
croissance économique et démographique des pays en développement et de l’apparition des compagnies
low cost. Ces flux sont polarisés par les métropoles mondiales.
Par ailleurs, le réseau internet, désormais à haut débit, parachève la connexion du monde avec plus de
3 milliards d’internautes en 2015 (sept fois plus qu’en 2000).

B. Une mondialisation qui accentue les tensions et peut favoriser les
conflits
1. La mondialisation crée de nouvelles tensions géopolitiques
La mondialisation accentue les rivalités pour l’appropriation des ressources énergétiques et minières
notamment ou des terres agricoles. De même, les tensions sont accrues au sujet du contrôle des lieux
stratégiques (notamment les détroits des principales routes maritimes). Enfin, la mondialisation exacerbe
les crispations idéologiques et provoque le développement des fondamentalismes religieux ou des
revendications régionalistes.
2. Des protections et des barrières limitent les échanges internationaux et

traduisent une tendance au repli sur soi
a. Des États se livrent une guerre commerciale

La mondialisation met les États en concurrence, pour la conquête des marchés, pour l’exploitation
des ressources, de plus en plus convoitées et inégalement réparties, pour le contrôle des espaces
stratégiques du commerce mondial, canaux et détroits notamment.
La principale guerre commerciale actuelle oppose les États-Unis et la Chine, les deux plus grandes
puissances économiques.
b. Des États sont de plus en plus enclins à fermer leurs frontières

Certains États, la Chine et les États-Unis notamment, rétablissent les droits de douanes afin de
réaffirmer leur souveraineté sur leur marché intérieur, de contrôler les investissements venus de
l’étranger et les importations. Par ailleurs, de plus en plus de gouvernements manifestent leur volonté
de surveiller les flux migratoires vers leur territoire. Des murs et des clôtures ont ainsi été érigés un peu
partout sur la planète (États-Unis, Grèce, Bulgarie, Hongrie, Israël par exemple).
C. Une mondialisation difficile à réguler

1. Des tentatives de régulation par le multilatéralisme
Le principe du multilatéralisme est l’établissement de règles et de normes communes, élaborées de
façon collégiale par un ensemble de pays. Se développent ainsi des organisations internationales, qui
essaient de mettre en place une gouvernance multilatérale dans des domaines très variés (ONU) ou
plus spécialisés (OMC), et régionales (Union Européenne, ASEAN, ALBA). En outre des sommets, des
conférences et des clubs (G7/G8, G20, BRICS) se multiplient, de même que des ONG (Organisations
Non Gouvernementales). Des groupes d’experts ou des mouvements sociaux tentent de plus en plus de
peser dans les négociations qui touchent tous les secteurs économiques, sociaux, ou environnementaux
impactés par la mondialisation.
2. Des tentatives de régulation par le régionalisme

Face aux défis de la mondialisation, les États tentent de se renforcer dans le cadre d’organisations
régionales, parmi lesquelles l’Union européenne apparaît comme le projet le plus avancé, le plus
institutionnalisé.

a. La réduction des inégalités au sein de l’Union européenne
L’Europe du Nord-Ouest, qui a connu la prospérité des Trente Glorieuses, concentre les richesses,
les métropoles les plus puissantes, les infrastructures de communications les plus denses. C’est une
région très densément peuplée, qui constitue un marché de consommation à fort pouvoir d’achat. Son
agriculture est performante, ses multinationales concurrencent celles des États-Unis ou du Japon. Les
Bourses de Londres, Paris, Francfort, Amsterdam, Bruxelles font de cet ensemble la seconde place
financière mondiale derrière les États-Unis.
Les pays plus au Sud du continent connaissent depuis les années 1980 et leur intégration à la
Communauté Économique Européenne, une modernisation de leur agriculture et de leurs industries, un
développement de leur activité touristique et ainsi une croissance économique qui permet d’améliorer
le niveau de vie de la population. La Grèce, le Sud de l’Italie, le Portugal et le Sud de l’Espagne, plus en
difficultés, bénéficient des aides de l’UE.
En Europe de l’Est, l’industrie est pénalisée par de nombreuses usines peu dynamiques et polluantes. Le
niveau de chômage est élevé ; les conditions de vie souvent insatisfaisantes. Mais l’intégration récente à
l’Union européenne et les politiques d’aide mises en œuvre ouvrent de nouvelles perspectives.
b. Des accords régionaux économiques en Amérique latine pour faire face à la

domination des États-Unis
Sur le plan économique, des liens se sont tissés entre les États-Unis et les pays d’Amérique latine dans
le cadre d’associations telle que l’ALENA (Association de Libre-Échange Nord-Américain incluant le
Canada, les États-Unis, le Mexique), pour l’essentiel dominée par les États-Unis. Ces derniers veulent
renforcer la coopération économique avec le projet de la ZLEA (Zone de Libre-Échange des Amériques),
visant à unifier tout le continent sous leur égide.
Néanmoins, notamment depuis la fin de la Guerre Froide, les pays d’Amérique Latine se détachent de
l’influence des États-Unis et resserrent leurs liens entre eux. L’ALBA, Alternative bolivarienne pour
les Amériques, œuvre contre l’omniprésence du géant Américain et la création de l’UNASUR (Union
des nations sud-américaines) en 2008 traduit la volonté de créer une organisation supranationale sur
le modèle de l’Union européenne. Les pays d’Amérique Latine développent également de nouveaux
partenariats avec l’Union Européenne et l’Asie, la Chine notamment.
c. Des accords régionaux économiques en Asie

L’ASEAN, fondée en 1967 par l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande, est de
mieux en mieux intégrée à la mondialisation, grâce à des accords avec le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée
du Sud, mais aussi, de plus en plus, avec les États-Unis et l’Union européenne.
L’Association d’Asie du Sud, fondée en 1985, regroupe l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, le Bangladesh,
le Sri Lanka, les Maldives, le Bhoutan. Les tensions entre l’Inde et le Pakistan freinent la réalisation des
objectifs initiaux.
L’Organisation de coopération de Shanghai, créée en 2001, associe la Chine, la Russie et les anciennes
républiques soviétiques d’Asie centrale afin de développer les échanges énergétiques, de renforcer la
sécurité, de faire face aux ambitions des États-Unis dans la région.
d. Des accords régionaux économiques naissants en Afrique

En 2019 est lancée la nouvelle zone de libre-échange continental en Afrique (Zlec). Il s’agit pour
la cinquantaine de pays membres d’améliorer l’industrialisation et l’intégration de l’Afrique à la
mondialisation par la création d’un espace de libre-échange, de libre circulation et d’une union
douanière. Cependant, la mauvaise qualité des infrastructures, l’hétérogénéité des pays et des niveaux
de développement ainsi que les relations particulières de certains états avec les grandes puissances et la
concurrence des grandes entreprises de ces dernières, sont autant de difficultés à surmonter.

Conclusion
La mondialisation se caractérise par la multiplication des flux économiques, financiers, d’informations

et de personnes à l’échelle mondiale, qui génèrent la multiplication des coopérations et des
interdépendances entre les territoires à l’échelle de la planète. Les flux commerciaux se caractérisent
par une forte augmentation des échanges de biens non seulement matériels (produits manufacturés,
produits agricoles, combustibles et produits miniers), mais aussi immatériels (flux de capitaux).
La multiplication des échanges est favorisée par les deux fondements de la mondialisation : le libre-
échange et la Division Internationale du Travail (DIT). La densification des réseaux de transports
maritimes, aériens, relayés par les réseaux terrestres, répond aux besoins des acteurs de la
mondialisation, tout en hiérarchisant le niveau d’intégration des territoires. Les nouvelles technologies de
l’information et de la communication (NTIC) favorisent la diffusion mondiale des productions culturelles
et l’homogénéisation des modes de vie, qui s’opère encore avec la large diffusion du modèle américain.
Si elle rapproche les territoires, la mondialisation met aussi ses acteurs en concurrence, non seulement
pour la conquête des marchés, mais aussi pour le contrôle des ressources et des lieux stratégiques du
commerce mondial. Ces rivalités économiques ont aussi de fortes répercussions géopolitiques. Pour en
atténuer les effets, des États mettent en œuvre des actions pour la régulation de la mondialisation, par
la limitation de la libéralisation des échanges. Le multilatéralisme se développe également dans des
organisations internationales qui essaient de mettre en place une gouvernance multilatérale dans des
domaines très variés (ONU) ou plus spécialisés (OMC). La régulation de la mondialisation s’opère encore
dans le cadre d’organisation qui regroupe un nombre limité d’États qui renforcent leur coopération de
proximité.

Partie 3 – La France, un rayonnement international différencié
Dans un monde devenu multipolaire, la France est l’un des pays moteurs de l’Union européenne, pôle de la
Triade. Elle est présente sur toute la planète grâce à ses territoires d’outre-mer. Ces territoires ultramarins
sont pour l’essentiel insulaires ; seule la Guyane faisant exception. Ils assurent à la France une présence sur
tous les océans de la planète. Les DROM sont administrativement des départements (DOM) mais aussi des
régions d’outre-mer (ROM) : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion et Mayotte représentent une
superficie totale de 559 000 km2, pour une population d’environ 2 millions d’habitants. Les Terres australes
et antarctiques françaises (TAAF) bénéficient d’une large autonomie administrative et financière, mais n’ont
pas d’assemblée élue. La catégorie des TOM a été supprimée depuis la révision constitutionnelle de 2003 ;
on parle désormais de Collectivités d’outre-mer (COM), qui ont toutes des statuts différents. Saint-Pierre-et-
Miquelon est gérée par un Conseil Général qui bénéficie des mêmes compétences que les autres Conseils
Régionaux et Généraux, mais aussi de prérogatives supplémentaires en matière fiscale et douanière ainsi
que dans les domaines de l’urbanisme et du logement. Wallis-et-Futuna est constituée de trois monarchies.
Les rois y gouvernent avec des conseils élus et un administrateur supérieur, représentant de l’État français.
La Polynésie française est un « pays d’outre-mer au sein de la République » (POM) depuis 2004, statut qui
renforce l’autonomie de ses institutions, si ce n’est en diplomatie. Ancien TOM, la Nouvelle-Calédonie dispose
d’institutions spécifiques. En 2020, la population qui a obtenu l’institution de la citoyenneté calédonienne, s’est
à nouveau prononcée par référendum contre l’accession à la pleine souveraineté. De plus, la France bénéficie
d’un prestige culturel et de l’héritage de son histoire. Vue de l’étranger, la France est perçue comme la « patrie
des Droits de l’homme », symbolisée par sa devise « Liberté, égalité, fraternité ». La Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen demeure une référence qui valorise l’image internationale de la France. Culturellement
donc, mais aussi politiquement et militairement, la forte présence de la France dans le monde est établie.
Si son poids économique paraît plus modeste, elle profite aussi du dynamisme de certains secteurs d’activité.
La présence de la France dans le monde lui permet-elle d’être une grande puissance mondiale ?
A. Un rayonnement géopolitique et militaire

1. Le rayonnement géopolitique de la France
La présence géopolitique et militaire de la France dans le monde

Présente dans plus de 180 pays, la France s’appuie sur le deuxième réseau mondial d’ambassades et de
consulats. Elle accueille plusieurs grandes institutions internationales comme, par exemple, l’UNESCO
dont le siège est à Paris, et Interpol, basé à Lyon. De plus, le Parlement européen, le Conseil de l’Europe
et la Cour européenne des droits de l’homme siègent à Strasbourg.
La France est également membre du G8 et du G20 et elle est l’un des 5 pays membres permanents du
Conseil de Sécurité de l’ONU.
Grâce à ses territoires ultramarins, elle participe à de multiples organisations régionales sur toute la
planète et, enfin, elle est l’un des principaux contributeurs mondiaux en termes d’aide au développement.
2. Le rayonnement militaire de la France : les forces militaires françaises et

leurs missions dans le monde
La France, dotée de l’arme nucléaire, est la troisième puissance miliaire après la Russie et les États-
Unis. Ses forces militaires sont en mission dans les DROM et dans de nombreuses régions du Monde,
majoritairement en Afrique et au Moyen-Orient, soit en son nom, soit dans le cadre de missions
internationales de l’OTAN, de l’ONU ou de l’UE. Ses principales missions sont la lutte contre le terrorisme
et contre la piraterie et le maintien de la paix. Les territoires ultramarins sont autant de bases militaires.
B. Le rayonnement économique et culturel

1. Une puissance économique mondiale
La France est une puissance agricole : première exportatrice de l’UE, elle est notamment le 1er exportateur
mondial de vin.
C’est également une grande puissance industrielle : elles comptent 29 FTN parmi les 500 plus puissantes
du monde, domine certains secteurs comme l’agroalimentaire, le BTP, l’optique, l’aéronautique, le luxe,
capte de nombreux IDE et Paris est la 2e ville mondiale pour l’implantation de FTN étrangères.
C’est une puissance commerciale et financière : 6e exportatrice mondiale, elle réalise des IDE massifs et
multiplie les délocalisations.
Enfin, elle est la première destination touristique du monde, le nombre de visiteurs ne cessant
d’augmenter.
2. Une forte influence culturelle

La culture française reste une référence dans le monde notamment en ce qui concerne la gastronomie,
la musique, la littérature, le cinéma, la mode, le luxe. Ce rayonnement, qui explique l’attrait touristique,
se traduit dans la place de la langue française dans le monde, dont la promotion est assurée par le
réseau des centres de l’Alliance française (plus de 800 dans 132 pays), la radio RFI (plus de 40 millions
d’auditeurs à l’étranger) ou les chaînes de télévision France 24 ou TV5 Monde (reçue par plus de
200 millions de foyers dans le monde). Enfin, la francophonie est un symbole de la puissance culturelle de
la France dans le monde : en 2018, le Français compte 300 millions de locuteurs dans le monde, ce qui en
fait la 5e langue la plus parlée.
3. Les engagements humanitaires de la France dans le monde

La plupart des opérations extérieures impliquant des soldats français comportent un volet humanitaire
(aides médicales, alimentaires, éducatives). Par ailleurs, de nombreuses ONG (Organisations non
gouvernementales) françaises interviennent dans plus d’une centaine de pays du Sud, principalement en
Afrique, afin de promouvoir la solidarité internationale, le respect des droits de l’Homme, la protection de
l’environnement.

C. Une influence qui a des limites
1. Les limites du rayonnement économique et culturel
La puissance économique de la France est pénalisée par l’augmentation de la dette publique, avec une
balance commerciale structurellement déficitaire, liée notamment à l’augmentation du prix de l’énergie,
de certaines matières premières, d’une consommation intérieure tournée surtout vers les produits
importés. La performance économique de la France est fortement liée à celle de l’Union européenne qui
connaît de nombreuses difficultés (remise en cause de l’euro, pays endettés, faible taux de croissance)
dans un contexte de mondialisation marquée par l’émergence et l’affirmation de nouveaux concurrents.
Sur le plan culturel, la France résiste difficilement à l’uniformisation des cultures dans le monde, sous
domination du modèle américain.
2. Une puissance diplomatique moyenne

Acteur incontournable de l’échiquier diplomatique mondial, la France peine cependant face à l’influence
américaine, à la réaffirmation de la puissance russe, à la montée des pays émergents. Motrice de
l’Europe, elle est néanmoins pénalisée par les difficultés à établir une politique diplomatique commune
avec ses partenaires européens, notamment au sujet de la gestion des flux migratoires, de l’attitude à
observer face à la Russie ou à l’égard des États-Unis, de la situation au Proche Orient. Enfin, son rôle en
Afrique, encore majeur, est fragilisé face aux pays émergents de plus en plus offensifs.
Conclusion
La France est une puissance diplomatique grâce à son réseau d’ambassades. Elle est le troisième pays
mondial en termes de représentation à l’étranger, après les États-Unis et la Chine. Elle est un membre
actif et influent dans de nombreuses institutions internationales. Et participe à plusieurs programmes
d’aide publique au développement en faveur des pays les plus défavorisés. La France est également
une puissance militaire. Elle dispose d’un arsenal moderne et performant et ses territoires ultramarins
lui assurent une présence mondiale qui lui permet d’intervenir dans de nombreuses régions du monde
pour le maintien ou le rétablissement de la paix. Les actions humanitaires de la France sont également
nombreuses dans le cadre de ces interventions militaires. Son rayonnement diplomatique et militaire se
heurte cependant aux difficultés à mener une politique européenne commune face à la domination des
États-Unis et à l’émergence de nouvelles puissances.
La France est la 7e puissance économique mondiale en 2019. Son dynamisme repose sur les
performances de son agriculture, de certains de ses secteurs industriels et sur l’activité touristique.
La France est cependant pénalisée par les lacunes de certains secteurs industriels et par une dette
publique importante, creusée par une balance commerciale nettement déficitaire. L’influence culturelle
de la France se manifeste d’abord par l’étendue de l’espace francophone dans le monde, renforcée par
la présence de nombreux Français à l’étranger. Le réseau des lycées français à l’étranger, des Alliances
françaises ou des institutions culturelles installées à l’étranger contribue aussi à l’affirmation de
l’influence culturelle de la France dans le monde, qui est cependant limitée par la prédominance de la
culture américaine dans le monde.

Synthèse
Pays de la Triade, Pays avec une

mégalopoles, Croissance forte faible croissance Des protections ONU, UE, ASEAN,
métropoles du PIB, économique, et des barrières OMC, G8, Mercosur,
mondiales modérée de l’IDH faible IDH qui se multiplient G20, G77 Afrique
Avec des Par le

contrastes régionalisme
Des centres régionaux
d’impulsion qui Des pays Des tensions Par le
ou locaux
contrôlent les émergents qui géopolitiques multilatéralisme
principaux flux s’affirment
Des territoires
marginalisés, Une mondialisation
Des pôles et des aires qui sont à l’écart fondée sur la DIT et Des tensions Des tentatives
de puissance des principaux flux le libre-échange et des conflits de régulation
Partie 1. Des territoires Partie 2. Coopérations, tensions et

inégalement intégrés à régulations aux échelles mondiale,
la mondialisation régionale, locale
Dynamiques territoriales, coopérations et tensions dans la mondialisation
Partie 3.
Le rayonnement de la
France dans le monde
Un rayonnement Un rayonnement Une influence

géopolitique économique qui a des limites
et militaire et culturel
Une place Une armée La 7è puissance Une forte Une Un Une puissance
importante dans puissante économique influence politique rayonnement diplomatique
les instances qui a une mondiale (PIB) culturelle humanitaire économique et militaire
internationales, présence qui persiste de premier et culturel soumise à
de multiples mondiale plan à relativiser plusieurs
ambassades difficultés
et consulats

Glossaire
• Aire de puissance : Une aire de puissance est un espace géographique constitué d’un ensemble d’États
ou de régions qui, par son poids, par son rôle d’impulsion de l’économie mondiale, éventuellement par son
poids démographique, son influence politique, militaire ou culturelle, occupe une place prépondérante dans
l’organisation géographique du Monde.
• Centre d’impulsion : Espace de décision qui concentre les pouvoirs économiques, politiques et culturels, à
l’échelle mondiale.
• Hub : Nœuds d’un réseau de transport, qui reçoit et redistribue des marchandises de/vers de
nombreuses destinations.
• L’Indicateur de développement humain (IDH) est calculé à partir de trois critères : le PIB par habitant,
l’espérance de vie à la naissance et l’accès à la scolarisation.
• Pays émergent : Pays qui bénéficient d’une augmentation rapide de leur Produit National Brut, permise par
la modernisation de leur économie. Cette croissance économique qui assure leur intégration à la mondiali-
sation ne permet que partiellement d’améliorer leur niveau de développement.
• PIB (Produit Intérieur Brut) : Ensemble des richesses produites sur le territoire d’un État.
• Plateforme multimodale : Lieu de transfert des marchandises d’un mode de transport à un autre où
convergent donc différents modes de transport.
• PMA (Pays les Moins Avancés) : Pays les Moins Avancés, les plus marginalisés dans la mondialisation, qui
ont un IDH faible, inférieur à 0.52. Certains ont un IDH inférieur à 0,35. Leurs richesses produites sont très
faibles, et nombreux sont leurs habitants qui souffrent de la pauvreté.
• Mondialisation • Répondre à des questions à partir d’un ou plusieurs

documents.
• Attractivité
• Classer des informations
• Intégration territoriale
• Centre de décision à la géographie
• Hub logistique aéroportuaire. • Conduire une démarche géographique et la justifier
• Métropole. • Construire une argumentation géographique
• Plateforme multimodale

SÉQUENCE 5
LES REMISES EN CAUSE ÉCONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES DES ANNÉES 1970 ET 1980
Partie 1 – La modification des grands équilibres économiques et

politiques, des années 1970 à 1991
Les années soixante-dix et quatre-vingt sont des années charnières : elles soldent les rapports
internationaux issus de la Seconde Guerre mondiale, caractérisés par la Guerre froide, mettent en place
de nouveaux équilibres ou déséquilibres, même si personne, à la fin des années quatre-vingt, n’est
capable d’en déterminer les futurs fondements.
De la même façon que les années soixante-dix et quatre-vingt n’annonçaient pas la fin de la Guerre
froide, la fin de la Guerre froide n’annonce pas le monde des vingt années suivantes. On peut juste
rechercher rétrospectivement les différents faisceaux d’événements qui conduisent aux années
1989-1991 dans la nécessité des pays occidentaux à trouver des solutions à la crise économique et
sociale qui les frappe, dans la façon des États-Unis de réagir aux difficultés nées de cette crise et de la
Guerre du Vietnam, dans l’opportunité que les Soviétiques pensent y trouver et qui, finalement, les mène
à la désagrégation de leur bloc…
En quoi les années soixante-dix et quatre-vingt sont-elles des années charnières où se résolvent certaines
des tensions nées après la Seconde Guerre mondiale tandis que de nouvelles viennent s’accumuler ?
A. Un monde en crise : la difficile recomposition des rapports de force

économiques
1. Les chocs pétroliers et la crise économique occidentale
Le début de la récession économique qui affecte les économies occidentales est fixé à l’année 1973,
lorsque, en raison de la guerre du Kippour qui oppose Israël à l’Égypte et à la Syrie, les pays de l’OPAEP
par solidarité avec la coalition arabe, quadruplent le prix du baril de pétrole. C’est le premier choc
pétrolier. En 1979, la révolution en Iran provoque un second choc pétrolier, puis la guerre entre l’Iran et
l’Irak, de 1980 à 1988, maintient les prix du baril à un niveau élevé, accentuant les effets de la crise dans
les pays occidentaux et le reste du monde.
Cette situation nouvelle constitue un véritable choc pour les économies occidentales qui ont basé leur
développement sur un prix du pétrole négligeable : le prix du carburant et des matières premières
explose ce qui entraîne une augmentation générale des prix des biens de consommation. La crise
provoque l’inflation, qui pénalise les exportations et, les entreprises étant moins compétitives et déjà en
proie à une baisse de la consommation, le chômage. La croissance ralentit. Face à la hausse du pétrole,
une transition énergétique est amorcée, la France faisant par exemple le choix du nucléaire.
Enfin, les chocs pétroliers provoquent l’envolée de la dette des pays du Sud. Le FMI prête alors de l’argent
aux États trop endettés au prix de plans d’ajustements structurels qui imposent le désengagement de
l’État de l’économie et la diminution des dépenses sociales.

2. Les chocs monétaires et financiers
Depuis la fin des années 1960, les États-Unis font face à une concurrence accrue de la part des
Européens et des Japonais : leur balance commerciale devient déficitaire. De plus, ils doivent payer les
conséquences du coût de la guerre du Vietnam et de la conquête spatiale : le déficit budgétaire se creuse.
C’est pourquoi, en 1971, le gouvernement américain décide unilatéralement de supprimer le système
de changes fixes établi à Bretton Woods, détruisant ainsi le Système monétaire international (SMI) qui
appréciait chaque monnaie par rapport au dollar. Les monnaies dont les taux de change deviennent
libres et fluctuants deviennent une marchandise comme une autre. Elles circulent plus facilement, plus
rapidement et avec de moins en moins de contrôle, ce qui rend plus probables les crises financières.
3. Les États à la recherche de solutions

Face à la crise, le président français, Valéry Giscard d’Estaing organise en 1975 le Sommet de Rambouillet
pour envisager une coordination des politiques économiques et monétaires face à la récession qui se profile
alors : c’est le G6 (États-Unis, Japon, RFA, Royaume-Uni, France, Italie) qui devient le G7 l’année suivante
avec l’adjonction du Canada. Depuis, le G7 se réunit annuellement pour évoquer les grands problèmes
économiques mondiaux. La principale réponse à la crise réside dans le tournant néolibéral des économies
occidentales, à l’initiative du Royaume-Uni de Margaret Thatcher et des États-Unis de Ronald Reagan. Les
États se retirent des économies, ce qui se traduit par la dérégulation, des privatisations, la réduction des
impôts et des dépenses sociales. Si la croissance économique peut s’élever et le chômage parfois diminuer,
c’est au prix de l’accentuation de la pauvreté et de l’endettement.
En Chine, Deng Xiaoping prend le pouvoir après la mort de Mao survenue en 1976 et entend réformer
profondément son économie. La Chine entame la politique dite des « quatre modernisations » (agricole,
industrielle, scientifique et technologique, militaire) qui reposent notamment sur la décollectivisation des
campagnes, une libération des prix, l’abandon de la planification, un relatif encouragement aux entreprises
individuelles et une politique d’ouverture au marché et au monde. Les premières zones franches, les zones
économiques spéciales (ZES), sont créées sur son littoral pour attirer les capitaux étrangers.
B. Un monde en crise : des nouveaux enjeux internationaux, 1975-1985

1. Le relatif affaiblissement des États-Unis
Les années 1970 sont des années de fragilisation des États-Unis : scandale du Watergate (espionnage
politique qui implique la présidence), guerre du Vietnam et soutien aux dictatures latino-américaines
(coup d’état au Chili en 1973) ou à divers régimes autoritaires qui suscitent un profond antiaméricanisme
dans le monde. De plus, la présidence de Jimmy Carter, s’il remet les droits de l’Homme au cœur de la
politique extérieure américaine, est jugée rétrospectivement comme une période d’affaiblissement des
États-Unis, le communisme progressant en Asie, en Afrique, en Amérique Latine. Ils restent cependant
l’arbitre des relations internationales, notamment en patronnant les Accords de Camp David en 1978 qui
permettent à Israël de conclure la paix avec l’Égypte.
2. Le tournant de l’année 1979

En matière économique, l’élection de Margaret Thatcher lance le coup d’envoi des politiques
néo-libérales qui mènent à l’accélération de la globalisation, à l’intensification des échanges financiers,
mais aussi au creusement des inégalités.
En Chine, dès la fin de 1978, Deng Xiaoping annonce les réformes qui amorcent le développement
économique de la Chine.
L’Iran, jusqu’alors allié privilégié des États-Unis, connaît une révolution : l’ayatollah Ruhollah Khomeiny
proclame la naissance de la République islamique d’Iran, sous le contrôle strict des autorités religieuses.

Les États-Unis, désormais considérés comme le « Grand Satan », se rapprochent davantage de l’Arabie
saoudite. La religion redevient un enjeu géopolitique de taille, l’antagonisme entre sunnites, incarnés par
l’Arabie saoudite, et chiites, incarnés par l’Iran, se focalisant autour de l’Irak, notamment lors de la guerre
Iran-Irak (1980-1988).
En décembre 1979, l’Armée soviétique entre en Afghanistan pour venir en aide aux communistes afghans
arrivés au pouvoir à la faveur d’un coup d’État. Mais elle fait face à une véritable guerre civile portée par les
Moudjahidines, ou « combattants pour la foi », qui porte en elle les germes du terrorisme islamiste moderne.
3. « America is Back » : le retour des États-Unis dans la Guerre froide

Le slogan de campagne de Ronald Reagan marque le retour aux interventions des États-Unis dans la
Guerre froide. C’est la « guerre fraîche » : crise des « Euromissiles » (installation de missiles américains
en Europe en réponse à celle des missiles soviétiques), projet d’Initiative de défense stratégique (bouclier
anti-missiles), soutien logistique aux Moudjahidines afghans et aux opposants anticommunistes au
régime nicaraguayen, intervention en 1983 pour renverser le gouvernement communiste de l’île de la
Grenade soutenu par Cuba.
La reprise de la Guerre froide et de la course aux armements, conjuguée avec la guerre en Afghanistan,
affaiblit considérablement l’URSS. En 1985, Mikhaïl Gorbatchev prend la tête du PCUS et donc de l’État
avec pour objectif d’enrayer le déclin.
4. La démocratisation de l’Europe méridionale et le renforcement de la

construction européenne
Les années 1970 sont aussi celles d’un renforcement de la construction européenne. En 1974, les
communautés européennes se dotent d’un exécutif à travers le Conseil européen, en 1979 est instauré
l’élection au suffrage universel direct du Parlement européen.
Parallèlement, l’Union Européenne poursuit sa politique d’élargissement : en 1973, elle intègre le
Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark. Le retour de la démocratie en Grèce, au Portugal et en Espagne,
permet l’intégration de l’Europe du Sud : en 1981 pour la première, en 1986 pour les deux autres.
C. L’effondrement du bloc soviétique et l’émergence de nouveaux

rapports internationaux (1985-1991)
1. La perestroïka pour tenter de sauver l’Union soviétique
Lorsque Mikhaïl Gorbatchev prend le pouvoir, l’URSS est exsangue : la guerre en Afghanistan est un
bourbier au coût humain et financier considérable qui s’ajoute à celui de la reprise de la Guerre froide ; le
système économique fonctionne mal et la pauvreté progresse ; l’ensemble de la société est sclérosé par
le manque d’initiatives individuelles. En 1986, l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl montre
au monde entier la vétusté des infrastructures soviétiques.
Aussi Gorbatchev entame une série de réformes : La glasnost, « transparence », qui donne une
certaine liberté d’expression et la perestroïka, « restructuration, reconstruction », qui vise à libéraliser
partiellement l’activité économique en permettant aux particuliers, agriculteurs, artisans ou
commerçants de lancer leur propre activité.
Afin de résoudre les problèmes financiers, l’URSS se défait de ses forces nucléaires à portée
intermédiaire (les « euromissiles ») en 1986 et amorce son retrait d’Afghanistan en 1988.
En décembre 1989, et alors que le Mur de Berlin vient de tomber, le nouveau président des États-Unis,
George Bush, et Mikhaïl Gorbatchev se rencontrent à Malte et y enterrent la Guerre froide.

2. L’effondrement du bloc soviétique
Avec l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985, les Soviétiques abandonnent progressivement la doctrine
Brejnev dite de « souveraineté limitée » qui interdit aux pays d’Europe de l’Est toute velléité d’autonomie.
Ce désengagement laisse les gouvernements d’Europe de l’Est face aux manifestations qui se multiplient
à partir du début de l’année 1989. En Pologne, le syndicat Solidarnosc, actif depuis le début des années
1980, parvient à imposer le pluralisme politique. Le 23 décembre 1989, son dirigeant est élu président de la
République polonaise au suffrage universel. En Tchécoslovaquie, les manifestations se multiplient et forcent
le Parti communiste à abandonner le pouvoir en novembre 1989 au profit d’un gouvernement multipartite :
c’est la « révolution de velours ». La Hongrie, déstabilisée dès 1988, détruit le « rideau de fer » pendant l’été
1989 en ouvrant sa frontière avec l’Autriche, et le Parti communiste cède progressivement le pouvoir. En
RDA, les manifestations se multiplient à partir septembre 1989. Le 9 novembre, à l’annonce de l’ouverture
des frontières de la RDA, les manifestants convergent vers le Mur de Berlin et entreprennent sa démolition.
En mars 1990 ont lieu les premières élections libres et en octobre 1990, les deux Allemagne sont réunifiées.
Seule la Roumanie connaît une révolution brutale qui, en décembre 1989, se solde par l’exécution
sommaire de son dirigeant, Nicolae Ceausescu. Les deux derniers régimes communistes d’Europe de l’Est
disparaissent à leur tour : la Yougoslavie qui éclate en plusieurs États en 1990, et l’Albanie en 1991.
En Chine, si le Parti communiste a décrété l’ouverture économique de la Chine au monde, le premier
souci des pouvoirs publics chinois est de préserver les « équilibres internes » : le mouvement de la place
Tiananmen, à Beijing contestant l’autorité du PCC et demandant des réformes, est réprimé dans le sang
(environ 1 800 morts), le 4 juin 1989.
3. La fin de l’URSS
Alors que les républiques soviétiques demandent et obtiennent leur indépendance (à partir de septembre 1991
pour les pays Baltes), les critiques se multiplient à l’encontre de Gorbatchev. L’échec d’une tentative de putsch
menée par des « conservateurs » conduit à la dissolution du Parti communiste de l’Union soviétique en
novembre 1991 et à celle de l’Union des Républiques socialistes soviétiques en décembre 1991.
Conclusion
Les années soixante-dix et quatre-vingt connaissent de profondes mutations qui mettent fin au monde né
de la Seconde Guerre mondiale pour annoncer de nouveaux rapports économiques, sociaux et politiques
partout dans le monde.
Ces mutations sont d’abord d’ordre économique :
• La stabilité économique née des Accords de Bretton Woods et la prospérité des années cinquante et
soixante prennent fin et laissent place à une situation d’instabilité généralisée, renforcée par la dérégu-
lation et les politiques néolibérales qui se généralisent dans les pays développés ;
• La Chine entreprend de profondes réformes de son économie, destinées à l’intégrer au circuit
économique mondial.
• Les rapports mondiaux sont bouleversés par la fin de la Guerre froide :
• En relançant la confrontation avec l’URSS et en assumant de nouveau leur statut de puissance, les États-Unis
de Ronald Reagan gagnent la Guerre froide et se posent en situation d’être la seule superpuissance mondiale ;
• L’éclatement de l’URSS et du bloc soviétique laisse l’Europe mais aussi le monde dans une situation de désordre
• La capacité de l’Europe à promouvoir la démocratie et la paix est de nouveau mise à l’épreuve avec
l’émancipation des anciennes démocraties populaires ;
• Le Moyen-Orient est soumis à une importante recomposition des rapports de force et des alliances,
porteuse d’instabilité pour l’avenir.

Partie 2 – Un tournant social, politique et culturel : la France de 1974
à 1988
Lorsque Valéry Giscard d’Estaing est élu à la présidence de la République française, la France semble
sortir d’une sorte de sclérose symbolisée par les trois mandats de Charles de Gaulle et de Georges
Pompidou. S’il faut trouver un point commun à Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, c’est
de faire entrer la France dans une certaine modernité caractérisée par l’adaptation des réformes aux
mutations sociales et culturelles de la France. En effet, et c’est peut-être là que mai 1968 a laissé sa
marque, les réformes sociales ne suffisent plus et les Français attendent et obtiennent d’importantes
réformes sociétales ; dans quelques cas, d’ailleurs, les gouvernants précèdent ou vont plus loin que ce
que les Français attendaient, que ce soit dans l’abaissement de la majorité civile à 18 ans, dans le vote de
l’interruption volontaire de grossesse, qui dépasse les clivages politiques, ou encore de l’abolition de la
peine de mort, qui là aussi dépasse les divisions politiques mais va de surcroît à l’encontre de la majorité
des Français (si l’on en croit les sondages d’alors).
Pourtant, la France est frappée, dès le début des années soixante-dix, par une sorte de
désenchantement : la période de plein-emploi est terminée et le chômage devient un phénomène de
masse, les tensions s’accroissent avec la plus grande précarisation du travail et le développement
du racisme et de la xénophobie autour de la question de l’immigration. Les années quatre-vingt sont
paradoxalement le temps d’une plus grande recherche d’égalité dans tous les domaines mais aussi celui
d’une plus grande morosité, en raison de l’austérité économique affichée par les gouvernements mais
aussi de l’épidémie du Sida qui semble marquer la fin de l’insouciance.
Pourquoi peut-on dire que les années 1974 à 1988 constituent un tournant majeur pour la France ?
A. L’émergence de nouvelles pratiques politiques

1. Le rajeunissement relatif de la vie politique française : le septennat de
Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)
En 1974, est élu président de la République Valéry Giscard d’Estaing, homme de droite mais qui n’est pas
gaulliste. Incarnant une certaine jeunesse (il a 48 ans), il entend épouser les grandes évolutions sociales
et politiques de son époque : il nomme quatre femmes ministres et crée deux nouveaux secrétariats
d’État, l’un aux Travailleurs immigrés, et l’autre à la Condition féminine, qu’il confie à Françoise Giroud.
Il se donne un style plus moderne et plus accessible, en cohérence avec son projet de rassembler les
classes moyennes et de répondre aux aspirations de la jeunesse. Les réformes du début du septennat
vont dans ce sens : réforme des médias, prise en compte des revendications féministes, abaissement de
l’âge de la majorité.
Cependant, le septennat de Valéry Giscard d’Estaing est confronté aux deux chocs pétroliers de 1973 et
de 1979 qui enferment la France dans une crise économique, marquée par l’inflation et une forte poussée
du chômage. S’ensuit une politique d’austérité aussi inefficace qu’impopulaire. De plus la droite se divise,
notamment avec la fondation du nouveau parti gaulliste, le Rassemblement pour la République (RPR)
mené par Jacques Chirac. En face, la gauche se rassemble derrière François Mitterrand.
2. Alternance et cohabitation : le premier septennat de François Mitterrand

Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République. Il est le premier chef de l’exécutif
appartenant à un parti de gauche depuis 1958 : c’est l’alternance. De 1981 à 1983, le gouvernement
multiplie les réformes sociales (baisse de l’âge de la retraite à 60 ans, cinquième semaine de congés
payés, travail hebdomadaire baissé à 39 heures, création d’un impôt sur la fortune), sociétales (abolition
de la peine de mort, dépénalisation de l’homosexualité), économiques (nationalisations de grands

groupes français de l’énergie, de la banque et de la finance). Mais chômage et inflation continuent
d’augmenter : le gouvernement impose le « tournant de la rigueur » fondé sur la baisse drastique des
dépenses de l’État. Les « déçus » du socialisme expliquent l’échec du Parti socialiste aux élections
législatives de 1986.
La droite obtient alors la majorité absolue : pour la première fois, un président de la Ve République ne
dispose pas de la majorité à l’Assemblée. Suivant la Constitution, François Mitterrand, président de
gauche, nomme un Premier ministre de droite, Jacques Chirac, qui forme un gouvernement de droite :
c’est la cohabitation. Dans la mouvance néolibérale, Jacques Chirac réduit les dépenses publiques
et privatise de nombreuses entreprises publiques comme la Société générale ou TF1. Néanmoins,
l’inquiétude sociale générée par sa politique néolibérale permet à Mitterrand d’être réélu en 1988.
B. Les mutations économiques et sociales de la France sous les

septennats de Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand
1. Le poids croissant du chômage sur la société française
De 1974 à 1988, la France subit les effets de la crise économique. Faible croissance, désindustrialisation,
robotisation expliquent, entre autres, un chômage qui devient massif – en 1988, les chômeurs représentent
plus de 8 % de la population active – et structurel. Femmes, jeunes sans diplômes, travailleurs étrangers ou
d’origine étrangère, personnes de plus de 50 ans, sont plus concernés. Apparaissent les emplois précaires,
les contrats à durée déterminée, le travail à temps partiel, la mise en préretraite. Une politique d’assistance
aux plus démunis se concrétise en 1988 avec le revenu minimum d’insertion (RMI).
La désindustrialisation et le chômage accélèrent le déclin de la classe ouvrière française. Le Parti
communiste et les syndicats s’érodent. Parallèlement, le secteur tertiaire se développe, ce qui se traduit
par la féminisation croissante de la population active, mais aussi par l’accentuation de la précarisation.
2. Des tensions croissantes autour de l’immigration et de la place des

étrangers en France
L’arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d’Estaing marque l’arrêt l’immigration, jusqu’alors encouragée
et organisée. Cela s’accompagne de mesures destinées à améliorer la situation matérielle de ceux que
l’on présente désormais comme des « immigrés » : regroupement familial, logements sociaux. Mais ces
mesures concourent à l’appauvrissement de certains quartiers devenus plus des zones de relégation que
des espaces d’intégration. Par ailleurs, l’immigration devient clandestine.
Les tensions autour du partage de l’emploi s’accompagnent d’une poussée de la xénophobie et du
racisme, l’immigration et les immigrés devenant un enjeu du débat politique sur lequel se développent
des partis extrémistes, notamment le Front national de Jean-Marie Le Pen.
3. L’émancipation croissante des femmes

Dans la foulée de mai 1968, les septennats de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand sont
marqués par une avancée notable de la « condition féminine ». Les femmes se libèrent des pesanteurs
sociales, ce que traduisent notamment le déclin du mariage et la hausse du nombre d’enfants nés
hors-mariage, une autorité parentale qui est partagée depuis 1970 et le divorce qui peut être obtenu par
consentement mutuel depuis 1975.
Cette évolution est liée à la féminisation croissante du monde du travail en France. Les femmes intègrent
notamment davantage le personnel politique.
À partir de la fin des années 1960, le mouvement féministe se développe notamment autour du droit à
une sexualité et une conception librement décidée : la loi Veil de 1975 légalise l’interruption volontaire de
grossesse.

3. Les mutations culturelles de la société française
a. Une attention accrue portée à la jeunesse

Avec le baby-boom, la part des jeunes dans la population française n’a cessé d’augmenter depuis
les années cinquante : En 1970 et en 1980, les moins de 20 ans représentent le tiers de la population
française. Cependant, la nouvelle jeunesse s’implique moins en politique (abstention croissante) et est
marquée par l’inquiétude liée à la poussée du chômage et la révélation du virus du Sida.
La question scolaire devient prioritaire et porte surtout sur la démocratisation de l’école. En 1975, la loi
Haby crée le collège unique, faisant disparaître les filières et permettant un égal accès de tous les enfants
à l’enseignement secondaire. En 1981, les zones d’éducation prioritaire (ZEP) sont créées afin d’accorder
plus de moyens et des classes aux effectifs réduits dans les établissements scolaires présentant les
plus importantes inégalités sociales. En 1985, l’Éducation nationale fixe, pour la fin des années 1990, un
objectif de 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat.
b. Une attention accrue portée à la culture

Les présidents de la République investissent davantage le champ de la culture, chacun voulant marquer
son septennat de grandes réalisations, le plus souvent inaugurées par son successeur : Giscard d’Estaing
inaugure le Centre Pompidou et porte les projets du Musée d’Orsay, de l’Institut du Monde arabe, de la Cité
des sciences et de l’industrie dans le quartier de La Villette ; François Mitterrand est à l’origine de l’opéra
Bastille, de la Bibliothèque nationale de France, de la Grande Arche de la Défense, de la Pyramide du Louvre.
b. La libéralisation accélérée des médias

Le monopole de l’État sur les médias s’érode peu à peu. Giscard d’Estaing supprime le ministère de
l’Information et l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF). En 1978, se multiplient dans toutes les
villes françaises les radios « libres » à vocation musicale, informative ou militante. La radio puis la télévision,
libérées et libéralisées, deviennent des secteurs ouverts à la concurrence. Des chaînes autres que celles d’État
apparaissent comme Canal Plus en 1984, la Cinq et TV6 (M6) en 1987 alors que TF1 est privatisé en 1986.
Conclusion
Les années 1974-1988 sont marquées par d’importantes réformes qui visent autant à répondre aux effets
de la récession engagée à partir des deux chocs pétroliers qu’aux mutations de la société française
amorcée à partir de la fin des années soixante.
La France des années 1974-1988 est marquée par l’entrée dans l’ère de la désindustrialisation et du
chômage de masse.
Après l’échec des premières politiques de relance, les présidences successives font le choix de l’austérité,
ce qui accroît les difficultés économiques de la population. En 1986, le gouvernement de cohabitation de
Jacques Chirac fait le choix d’un tournant « néolibéral » sur le modèle du Royaume-Uni et des États-Unis.
Les difficultés économiques et sociales entraînent de profonds bouleversements sociaux. Si les réformes
sociales marquent progressivement le pas, les réformes sociétales se multiplient et modernisent la
société française.
La cohésion sociale est mise à mal par le chômage de masse et rejaillit sur la confiance portée par les
Français à leurs gouvernements.
Les Français, mais surtout les jeunes, s’impliquent de plus en plus dans des mouvements sociaux
destinés à pallier ce qu’ils considèrent comme un désengagement de l’État et permettent l’émergence de
nouveaux droits, notamment en faveur des femmes. Ces questions sociales, en particulier l’immigration,
deviennent des enjeux électoraux.

84 CNED TERMINALE
Synthèse
La crise économique occidentale Effondrement
du communisme et de l’URSS :
La fin des «Trente Glorieuses » 2 nouvelles formes de capitalisme
(1946-1973) Démocratisation de Effondrement des démocraties
Le néolibéralisme l’Europe du Sud et Révolution islamique populaires en Europe de l’Est (1989)
Deux chocs pétroliers élargissement de la CEE en Iran (1979)
(1973 et1979) Le « socialisme de marché » (Portugal, Grèce, Espagne) et rejet de l’occident Implosion de l’URSS (1990)
HISTOIRE GEOGRAPHIE
La modification des équilibres La modification des équilibres

économiques et sociaux politiques
La modification des grands équilibres politiques

et économiques mondiaux
Les remises en cause économiques, politiques et sociales des années 1970 et 1980
La France de 1974 à 1988
Alternances et réformes Un tournant culturel

Une société en mutation
Le temps
des alternances : Abolition Intégration des immigrés Un nouveau
de la peine de mort,
paysage La démocratie
Valéry Giscard d’Estaing le 18 septembre 1981 7,5 % de la population totale audiovisuel culturelle
(1974-1981)
Difficultés d’intégration mais
François Mitterrand Une jeunesse nombreuse mobilisations (Marche pour
(1981- 1988 - 1995) l’égalité (1981), SOS Racisme (1984)
Droit de vote à 18 ans
1e cohabitation
(1986 - 1988) Loi sur le collège unique (1975)
Sida et opinion publique :
Un tournant pour la Apparition en France en 1982

condition des femmes
(législation de L’IVG Association et mobilisations
en 1975) (Act Up-France, 1989)
Glossaire
• Alternance : Il y a alternance lorsque deux présidents de camps politiques opposés se succèdent.

• Baril : Unité de mesure correspondant à 159 litres de pétrole.
• Chiites : Musulmans qui suivent un courant minoritaire de l’Islam, surtout représenté en Iran.
• Cohabitation : Il y a cohabitation quand le président de la République et le Premier ministre appar-
tiennent à des camps politiques opposés.
• Émigration : Fait de sortir d’un pays.
• Étranger : Qui vit dans un pays sans en avoir la nationalité.
• Immigration : Fait d’entrer dans un pays.
• Immigré : Celui qui entre dans un pays ; en France, le terme finit par définir les étrangers entrés en
France ainsi que leurs descendants, même si ceux-ci n’ont pas franchi de frontière et ne sont plus
forcément étrangers.
• Inflation : hausse conjuguée des prix et des salaires
• Sida : Syndrome d’Immunodéficience acquise, qui est la maladie qui supprime le système de défense
immunitaire.
• Sunnites : Musulmans qui suivent le courant majoritaire de l’islam ; 90 % des musulmans du monde
sont sunnites.
• VIH : Virus de l’Immunodéficience humaine ; sont dits « séropositifs » ceux qui sont infectés par le virus
mais n’ont pas encore développé la maladie.
• Crise • Identifier, nommer les périodes historiques, les ruptures et

les continuités
• Libéralisation économique
• Identifier et expliciter des dates et acteurs clés de grands
• Démocratisation événements
• Islamisme • Contextualiser : mettre un événement ou une figure en
• Féminisme perspective, mettre en relation des faits ou événements de
nature, période, localisation différente.
• Alternance politique
approche historique
• Utiliser une approche historique pour construire une
argumentation

SÉQUENCE 6
L’UNION EUROPÉENNE DANS LA MONDIALISATION : DES DYNAMIQUES COMPLEXES
Partie 1 – L’Union européenne, un espace plus ou moins ouvert sur le

monde
Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères et l’un des pères fondateurs du projet
européen, propose, le 9 mai 1950, la mise en commun des productions de charbon et d’acier de la
France et de la République fédérale d’Allemagne. La CECA (Communauté européenne de charbon et de
l’acier) est ainsi créée en 1951 ; elle réunit non seulement la France et la RFA, mais aussi l’Italie et le
Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Le 25 mars 1957, les six pays membres de la CECA signent
le traité de Rome par lequel ils fondent la CEE (Communauté Économique Européenne), pour favoriser
les échanges entre les pays membres (en ouvrant les frontières communes des 6 pays signataires pour
le transport de marchandises). L’Irlande, le Danemark et le Royaume-Uni deviennent États membres
en 1973. Le passage à 10 États membres (1981 : Grèce) puis à 12 (1986 : Espagne, Portugal) marque
une volonté d’ouverture au Sud. Il favorise les progrès économiques de la Grèce, de l’Espagne et du
Portugal, tout en faisant de la CEE le premier pôle commercial du monde. Après la guerre froide, la
« CEE » crée en 1957 devient en 1992 « l’Union européenne », par la signature du traité de Maastricht :
la citoyenneté européenne est créée, et la création d’une monnaie unique est prévue.
Entre 1995 et 2013, de plus en plus de pays européens rejoignent l’Union européenne. En 1995, ce sont
la Finlande, de la Suède et de l’Autriche. L’ouverture à l’Est se réalise en 2004 avec l’arrivée de 10 pays
dont plusieurs faisaient partie du bloc de l’Est avant la disparition du rideau de fer et la chute du Mur
de Berlin. En 2007, la Roumanie et la Bulgarie intègrent l’UE. En 2013, la Croatie y fait son entrée (28e
pays). En 2020, le Royaume-Uni sort officiellement de l’UE (Brexit).
Outre l’élargissement de l’Union européenne, les pays membres essaient de resserrer leurs liens.
En 1995, la création de l’espace Schengen doit favoriser la libre circulation en Europe, en supprimant
les contrôles systématiques des papiers d’identités aux frontières intérieures. Ces contrôles sont
maintenus dans les aéroports, les ports et aux frontières extérieures. Mais cet espace Schengen ne
rassemble que 22 des 28 membres de l’Union Européenne. Créé en 1999, l’euro facilite les échanges
de marchandises entre les pays qui adoptent cette nouvelle monnaie. Mais seulement 19 pays sur 28
utilisent cette monnaie, qui est aussi souvent critiquée dans la plupart des pays qui l’ont adoptée (ceux
qui critiquent l’euro pointent notamment le fait que son utilisation a entraîné une hausse des prix).
Union d’États qui s’engagent à des degrés divers dans ce projet européen, l’Union européenne constitue
un pôle majeur de la mondialisation, au sein de la « Triade ». Cependant, sa quête d’une unité qui peine
à s’accomplir s’avère une faiblesse face à la concurrence non seulement des plus grandes puissances
mondiales mais aussi de celles émergentes.
Quelle est la puissance de l’Union européenne dans le monde ? Sur quels atouts se fonde-t-elle et quelles
en sont les faiblesses ?

A. L’Union européenne est une union d’États à géométrie variable
1. L’Union européenne n’est pas l’Europe
Les pays de l’Union européenne en 2020
Source : touteleurope.eu
En 1949, dix États (la Belgique, le Danemark, la France, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays Bas, la
Norvège, la Suède et le Royaume-Uni) fondent le Conseil Europe. Celui-ci rassemble aujourd’hui 47 pays,
dont les 27 États membres de l’Union européenne (ces deux institutions sont indépendantes l’une de
l’autre). En 1994, il officialise les limites de l’Europe selon des critères géographiques et culturels.

2. L’Union européenne est un projet politique partagé par des pays européens
a. La construction européenne et l’élargissement de l’Union européenne

Le projet européen, porté notamment par Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, a
pour ambition, après la guerre, de garantir la paix en Europe, en instaurant une coopération économique
entre les pays européens.
La construction européenne 1957-2020
ISLANDE
˛
1 : SLOVÉNIE
2 : CROATIE
3 : BOSNIE-ERZÉGOVINE
4 : SERBIE
5 : MONTÉNÉGRO
6 : KOSOVO FINLANDE
7 : ALBANIE
8 : MACÉDOINE
9 : LUXEMBOURG NORVÈGE
10 : BELGIQUE
11 : PAYS-BAS ESTONIE
SUÈDE
LETTONIE
DANEMARK
IRLANDE LITUANIE
ROYAUME-
UNI
11
OCÉAN 10 ALLEMAGNE POLOGNE

ATLANTIQUE
9 REP. TCHÈQUE
FRANCE SLOVAQUIE
SUISSE AUTRICHE
HONGRIE
1 ROUMANIE
2
PORTUGAL
3
4
ITALIE
5 6 BULGARIE
ESPAGNE
8
7
TURQUIE
GRÈCE
MALTE CHYPRE
MER
0 300 km MÉDITERRANÉE
ÉLARGISSEMENT SUCCESSIFS
1957 1995 Pays candidats, en cours de négociations

1973 2004 Pays reconnus candidats
UE (depuis1992)
1981 CEE (1957-1992) 2007 Pays déclarés candidats
1986 2013 Pays qui ont refusé d’entrer dans l’UE
1990 Pays qui souhaite quitter l’UE

Construction et élargissement de l’Union européenne
1950 Robert Schuman propose le 9 mai la mise en commun des productions de

charbon et d’acier de la France et de la République Fédérale d’Allemagne (RFA).
1951 La Communauté européenne de charbon et de l’acier (CECA) est créée suite

au traité de Paris, signé le 18 avril. Elle réunit non seulement la France et la RFA
mais aussi l’Italie et le Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg).
1957 (25 mars) Les six pays membres de la CECA signent le traité de Rome par lequel ils fondent
la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne
de l’énergie atomique. Le traité de Rome fixe de nouvelles orientations à la
construction européenne : constitution d’un marché unique par l’abolition des
droits de douane, mise en place d’une politique agricole commune et d’une
prospérité commune pour réduire les écarts entre les États membres.
1973 L’élargissement de 6 à 9 États membres met un terme aux multiples débats sur
l’intégration du Royaume-Uni, à laquelle la France, présidée par de Gaulle, s’est
longtemps opposée (elle impose son veto en 1963 et en 1967) par souci de limiter
l’ingérence des États-Unis.
1981-1986 Le passage de 9 à 12 États membres marque une volonté d’ouverture à

l’Europe du sud, qui accompagne puis favorise (grâce aux programmes
d’aides régionales) les progrès économiques de la Grèce, de l’Espagne et du
Portugal, tout en faisant de la CEE le premier pôle commercial du monde.
1992 La CEE devient l’Union européenne (traité de Maastricht).
1995 L’ouverture au nord et à l’est débute dans le contexte de l’éclatement du bloc

Est, après la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989) et la réunification de
l’Allemagne (3 octobre 1990).
2007 L’élargissement de 15 à 27 États membres est considéré par certains spécialistes

comme le point final de la guerre froide en Europe.
2013 La Croatie devient le 28ème État membre.
2016 Le jeudi 23 juin 2016, les Britanniques ont voté lors d’un référendum sur la
question : « Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou
quitter l’Union européenne ? ». À 51,9 % des suffrages exprimés, les Britanniques
ont choisi de quitter l’Union européenne. C’est ce qu’on appelle le Brexit.

b. Des pays différemment engagés dans le projet européen
L’espace Schengen
Pays membres
de l’espace Schengen
et de l’union européenne
Pays membres
de l’espace Schengen
hors de l’union européenne
Pays membres
de l’union européenne
hors de l’espace Schengen
La zone euro
Pays membres
et de la zone euro
Pays membres
hors de la zone euro
Pays utilisant l’euro

hors de l’union européenne

L’Union Européenne constitue un espace à géométrie variable : ses limites ne correspondent ni avec
celles de l’espace Schengen (espace de libre circulation réunissant 26 états dont 22 de l’UE et 4 hors de
l’UE), ni avec celles de la zone euro, créée en 1992 et entrée en vigueur en 2002. Ainsi, certains états ont
une intégration moins prononcée au sein de l’UE et montrent une volonté plus forte de maintenir une
souveraineté nationale.
B. L’Union européenne est une aire de puissance économique majeure

de la mondialisation
1. Un espace productif dynamique
a. Un pôle mondial de production de richesses

L’UE a le deuxième PNB au monde derrière les États-Unis en 2018. Deuxième puissance agricole
mondiale, elle fournit plus de 10 % de la production mondiale. Quatre pays européens font partie des 20
plus gros producteurs mondiaux. L’industrie européenne, malgré un recul, fournit 20 % de la production
mondiale et se distingue dans de nombreux secteurs (luxe, agroalimentaire, aéronautique, armement,
énergie, transport, etc.). La France, l’Italie, l’Espagne sont parmi les pays qui accueillent le plus de
touristes venus de l’étranger, en particulier dans leurs régions littorales.
L’Union européenne est également une puissance financière grâce à sa monnaie, l’euro, qui est la
seconde monnaie dans les transactions internationales après le dollar. Les bourses de Francfort et de
Paris comptent parmi les grandes places financières mondiales.
L’Union européenne est dès lors une puissance financière de premier ordre. Elle est le premier
investisseur mondial et la première destination des IDE. La majorité des investissements sont réalisés
entre les États membres (80 % environ). Les États-Unis sont le premier pays dans lequel les entreprises
européennes investissent (plus des 2/3 des IDE européens y sont investis). Ce sont aussi les États-Unis
qui investissent le plus dans l’Union européenne.
b. Des firmes transnationales (FTN) capables de rivaliser avec les plus

puissantes
En 2018, l’UE compte au total 101 des 500 premières firmes transnationales du monde selon les
richesses produites (source Global Fortune 500) : 1 belge, 1 Danoise, 1 Finlandaise, 28 Françaises (n° 1 AXA,
27e mondiale, n° 2 Total, 28e mondiale), 32 allemandes (n° 1 Volkswagen, 7e mondiale), 4 Irlandaises, 6
italiennes, 1 Luxembourgeoise, 15 Néerlandaises, 1 polonaise, 9 Espagnoles, 2 Suédoises (126 pour les
États-Unis, 104 pour la Chine).
Parmi les 100 premières FTN, 20 sont européennes : 6 Françaises (AXA, Total, BNP Paribas, Carrefour,
Crédit Agricole, EDF), 8 allemandes, 3 italiennes, 2 Néerlandaises, 1 Espagnole (37 pour les États-Unis et
21 pour la Chine).
Les FTN européennes sont présentes dans des domaines d’activités variés : la grande distribution
(Carrefour), le secteur de la Banque et de l’Assurance (Axa), le pétrole (Shell, BP, Total), l’industrie
automobile (Volkswagen Renault, Peugeot), l’aéronautique (Airbus). Elles sont nombreuses dans le
secteur des services aux entreprises ou aux particuliers (assurances, banques, téléphonie, notamment).

2. Le premier pôle commercial mondial
a. Une grande puissance commerciale

Le commerce extérieur de marchandises de l’Union européenne
D’après la Fondation Robert Schuman, Question d’Europe n° 502, le 11 février 2019
L’UE est le premier ensemble commercial mondial, devant la Chine et les États-Unis (ils cumulent à eux trois
45 % du commerce international). Elle réalise 15 % des échanges mondiaux de biens et services en 2017. Elle
est ainsi le deuxième exportateur de produits manufacturés (derrière la Chine et devant les États-Unis). Les
positions européennes sont fortes dans les produits de haute technologie et de moyenne gamme (64 % des
exportations de l’Union), malgré la concurrence de plus en plus forte des pays émergents dont les exportations
se caractérisent par une montée en gamme rapide. Elle est le deuxième importateur mondial de produits
manufacturés (derrière les États-Unis et devant la Chine). Sa balance commerciale est excédentaire depuis 2013.
Le commerce intracommunautaire représente la plus grande part des échanges commerciaux réalisés
par les pays de l’UE (le double du commerce extérieur). Ses principaux partenaires commerciaux
extérieurs sont les États-Unis, puis la Chine, la Suisse, la Russie, la Turquie, le Japon et la Norvège, qui
représentent plus de la moitié des exportations de biens européens. Ces sept pays sont également les
plus grands fournisseurs de biens importés par l’Union européenne (la Chine est première).

L’UE est aussi le premier exportateur mondial de services (avec 22 % des exportations mondiales en
2017). Une grande partie des exportations concerne des services en Recherche & Développement, dans
les domaines de la conception, des services juridiques, du marketing et de la distribution.
Si la mondialisation et la DIT ont réduit de nombreux emplois en Europe par les délocalisations des
usines de fabrication, le commerce extérieur contribue à la création d’emplois en Europe puisqu’il génère
environ 36 millions d’emplois, soit 1 travailleur sur 7.
b. La Northern Range, deuxième façade maritime du monde

La Northern Range, principaux ports et flux
À l’échelle régionale, l’accroissement de la densité du trafic a débouché sur la formation de plateformes

multimodales nommées « hubs maritimes ». L’un d’entre eux, situé en Europe, est communément
désigné comme la « Northern Range ». La Northern Range est la deuxième façade maritime du monde.
Elle désigne un ensemble de plusieurs ports, principalement des zones industrialo-portuaires mais aussi
des ports de pêche et de plaisance, qui s’étend sur environ 1 000 kilomètres du Havre à Hambourg.
Le terme « range » désigne l’alignement des principaux ports européens le long du littoral de la Mer du
Nord. Ils forment la façade maritime de l’Europe rhénane, alignés sur 800 km, avec d’ouest vers l’est :
les ports du Havre, de Rouen, de Boulogne-sur-Mer, de Calais et de Dunkerque en France ; d’Ostende,
de Zeebruges, de Gand et d’Anvers en Belgique ; de Flessingue, de Terneuzen, de Rotterdam, d’Ijmuiden,
d’Amsterdam, du Helder, d’Eemshaven et de Delfzijl aux Pays-Bas ; d’Emden, de Wilhelmshaven, de
Bremerhaven, de Brême, de Cuxhaven et de Hambourg en Allemagne. Par leurs dimensions comme par
leurs trafics, les trois plus importants sont ceux de Rotterdam (4e rang mondial et 1er rang européen),
d’Anvers (17e rang mondial et 2e rang européen) et de Hambourg (29e rang mondial et 3e rang européen).
L’alignement et la proximité de ces ports favorisent la concurrence mais aussi leur complémentarité.
Ils sont reliés entre eux d’estuaire en estuaire ainsi que par la voie fluviale, par un réseau de grands
canaux qui traversent les Pays-Bas et la Belgique. Pour les importations de pétrole, de charbon et de

minerai de fer, Rotterdam constitue la principale plateforme, réexpédiant vers ses voisins une partie de son
approvisionnement. Ainsi, chaque année, les raffineries d’Anvers reçoivent par oléoduc de 20 à 30 millions
de tonnes de pétrole en provenance de Rotterdam. Pour les conteneurs, les navires assurant les lignes
transocéaniques (Europe-Amérique et Europe-Asie) font des escales successives le long du Range. Ces ports
se chargent de l’accueil des grands navires de commerce (pétroliers, porte-conteneurs, minéraliers, rouliers,
méthaniers…) dans des terminaux spécialisés (terminaux pétroliers, terminaux à conteneurs...), bordés
par de vastes zones de stockage (réservoirs de pétrole, parcs à conteneurs, entrepôts, stocks de charbon,
parkings à véhicules...), des zones industrielles (raffineries de pétrole, usines chimiques, sidérurgiques...),
des chantiers de réparation navale et des infrastructures de transport souvent intermodales (canaux, accès
autoroutiers, gares de marchandises...). L’augmentation des tirants d’eau des navires a obligé ces grands
ports à se développer vers l’aval, avec la création d’un avant-port en eau profonde. C’est le cas du Havre puis
d’Antifer pour le port historique de Rouen, par exemple. Dans certains cas, une véritable « marche vers la
mer » a été opérée. C’est le cas notamment du port de Rotterdam, qui s’étend désormais sur une longueur
de 35 kilomètres jusqu’à des terre-pleins gagnés sur la mer (polders). Il a fallu draguer continuellement les
estuaires, voire creuser de nouveaux chenaux, y compris en pleine mer.
3. Un rayonnement culturel encore important

Les valeurs communes aux pays de l’Union européenne sont universelles et certains des pays membres, au
premier rang desquels la France, portent de par leur histoire ces valeurs dans les instances internationales.
Le soft power culturel de l’Union européenne repose également sur le prestige d’un art de vivre (le luxe,
le vin, la gastronomie qui font par exemple la renommée de la France), qui séduit de nombreux habitants
dans le monde, qui consomment les produits européens importés dans leur pays ou qui viennent en Europe
comme migrants ou comme touristes. L’Union européenne est en effet la première région d’immigration au
monde (elle accueille environ 3 millions de personnes par an), et le premier pôle touristique mondial.
La renommée culturelle de l’Union européenne repose encore sur son patrimoine artistique unique
au monde. Un très grand nombre d’artistes européens bénéficient d’une notoriété internationale, de
nombreux musées accueillent chaque année plusieurs millions de visiteurs et les villes européennes sont
embellies par de multiples sites historiques ou monuments inscrits au patrimoine de l’Unesco.
C. Une affirmation sur la scène internationale limitée par des fragilités
multiples
1. Des difficultés économiques et sociales
Le taux de croissance annuel du PIB des principaux centres d’impulsion de la mondialisation (1990-2018)
Source : Banque mondiale 2 020

L’IDH en Europe
Alors que les États-Unis continuent de s’imposer comme la première puissance mondiale avec le PIB le
plus élevé du monde et malgré un taux de croissance qui se ralentit (mais qui reste supérieur à celui de
l’Union européenne), les pays de l’Union européenne sont confrontés à la concurrence de plus en plus
affirmée des puissances émergentes. Ces pays émergents se caractérisent, à des degrés divers (les
B.R.I.C.S sont les plus performants) par une augmentation beaucoup plus rapide de leur PIB (malgré une
tendance au ralentissement), permise par la modernisation de leur économie. Ils ont développé leurs
activités industrielles, non seulement dans des secteurs traditionnels mais aussi dans la haute technologie,
par des investissements de plus en plus importants dans la recherche scientifique. Certaines entreprises de
ces pays émergents investissent et parviennent désormais à conquérir des marchés face à la concurrence
des sociétés américaines, japonaises ou européennes.
Dans ce contexte, les pays de l’Union européenne sont fragilisés par l’augmentation de leur dette publique,
accentuée depuis la crise économique et financière de 2008. Ils sont aussi pénalisés par la difficile mise
en œuvre d’une politique économique et fiscale commune, qui les met en situation de concurrence les uns
avec les autres. Certains États de l’UE pratiquent par exemple encore un dumping social en maintenant
des coûts du travail bas (avec des salaires ou une protection sociale faible). Pour les concurrencer, les
autres États sont obligés de réduire à leur tour le coût du travail, ce qui dégrade les conditions de vie des
travailleurs. D’autres ont recours au dumping fiscal : ils accordent des avantages fiscaux aux entreprises
afin qu’elles s’installent sur leur sol. Ainsi le Luxembourg, les Pays-Bas ou l’Irlande sont régulièrement
accusés d’accorder des avantages fiscaux à des entreprises fondées dans d’autres pays de l’Union
européenne, qui s’y installent pour payer moins d’impôts et éviter ainsi de payer des impôts dans les autres
pays membres où elles exercent leur activité.
Les écarts de niveaux de vie des populations européennes sont importants.
Il existe un fort contraste entre les pays européens. Au sein de l’Europe de l’Ouest, – la partie qui a connu
la prospérité des « Trente glorieuses » – l’Europe du Nord-Ouest concentre les richesses, les métropoles
les plus puissantes, les infrastructures de communications les plus denses. C’est une région très
densément peuplée, qui constitue un marché de consommation à fort pouvoir d’achat. Son agriculture,
moderne, obtient les rendements les plus élevés de la planète. Ses multinationales industrielles
concurrencent les entreprises états-uniennes ou japonaises. Les Bourses de Londres, Paris, Francfort,
Amsterdam, Bruxelles font de cet ensemble la seconde place financière mondiale derrière les États-Unis.

Les pays plus au Sud connaissent depuis les années 1980 et leur intégration à la Communauté
Économique Européenne (devenue l’Union européenne en 1992), une modernisation de leur agriculture et
de leurs industries, un développement de leur activité touristique et ainsi une croissance économique qui
permet d’améliorer le niveau de vie de leur population. La Grèce, le Sud de l’Italie, le Portugal et le Sud de
l’Espagne rencontrent cependant de lourdes difficultés économiques.
En Europe de l’Est, qui suivit, pendant la Guerre froide, le modèle économique et social communiste, l’industrie
est pénalisée par de nombreuses usines peu dynamiques et polluantes. Le niveau de chômage est élevé ; les
rémunérations n’assurent pas des conditions de vie satisfaisantes à de nombreux salariés. Mais l’intégration
récente à l’Union européenne et les politiques d’aide mises en œuvre ouvrent de nouvelles perspectives.
2. Une puissance diplomatique et militaire limitée

L’Europe est une puissance militaire et diplomatique réelle. La Politique de Sécurité et de Défense
Commune mise en œuvre en 2003 permet un déploiement de forces civiles et militaires dans des opérations
de maintien de la paix, de l’ordre, de protection des droits de l’Homme, de lutte contre le terrorisme, d’aides
humanitaires ou au développement. L’Europe prend aussi des sanctions économiques face aux agressions
de certains États (Chine, Russie, Syrie, Birmanie, Iran, Irak, ont ainsi été sanctionnés par l’UE).
Cependant, l’UE est pénalisée par de multiples difficultés : les États-Unis dominent encore largement
la scène géopolitique alors que la Chine et la Russie s’affirment. De plus, son action diplomatique et
militaire est conditionnée par un principe d’unanimité impossible à établir. En effet, les désaccords sont
nombreux : position à tenir face aux autres puissances, face aux crises géopolitiques du Proche Orient, face
au nucléaire. Sa politique extérieure est mise en échec face aux défis de l’instauration de la démocratie
et du respect des droits de l’Homme. L’UE ne parle pas d’une même voix alors qu’elle compte plusieurs
puissances d’envergure mondiale : La France, puissance nucléaire, est au conseil de sécurité de l’ONU ; la
France l’Italie et l’Allemagne font partie du G20, la présidence du FMI est occupée par un.e Européen.n.e.
Néanmoins, les puissances européennes continuent encore, le plus souvent, à faire cavaliers seuls.
Conclusion
L’Union européenne regroupe, en 2020, 27 États. La construction européenne a débuté en 1951 avec la
création de la CECA puis en 1957 avec la Communauté Économique Européenne (6 pays fondateurs).
L’élargissement de la CEE, puis de l’Union Européenne (à partir de 1992) se fait par étapes (1973, 1981,
1986, 1995, 2004, 2007, 2 013) jusqu’à ce que les pays membres soient au nombre de 28, 27 depuis 2020
(Brexit). Ces États sont liés par des accords qui créent une monnaie unique (zone euro) ou entérinent
l’ouverture de leurs frontières (espace Schengen), mais tous les pays n’y adhèrent pas.
L’Union européenne est une aire de puissance économique majeure de la mondialisation, dont la réussite
repose sur le dynamisme de ses espaces productifs agricoles, industriels, sur la puissance de ses firmes
transnationales. Elle est un pôle commercial mondial.
L’Union européenne bénéficie d’un rayonnement culturel important. Elle réunit des États qui partagent
des valeurs communes, héritées de l’histoire européenne qu’elle tente de promouvoir à l’échelle
mondiale. Son patrimoine artistique, son art de vivre et le niveau de vie de ses habitants contribuent à son
attractivité. Elle est ainsi un territoire d’accueil pour de multiples migrants et touristes.
La puissance de l’Union européenne a cependant des limites économiques et sociales. De nombreux
pays membres sont confrontés à une dette publique importante qui les fragilise et qui favorise leur mise
en concurrence. Le taux de pauvreté et de chômage est trop élevé dans de nombreux pays. Les pays
membres de l’Union européenne éprouvent également de multiples difficultés à adopter une position
commune face aux crises géopolitiques mondiales, ce qui fragilise leur rayonnement diplomatique et leur
puissance militaire face aux États-Unis et, de plus en plus, aux puissances émergentes (Russie, Chine).

Partie 2 – Des politiques européennes entre compétitivité et cohésion
des territoires
Le traité de Rome qui donne naissance à la Communauté Économique Européenne en 1957 ne prévoit
pas la mise en œuvre d’une politique européenne à l’échelle régionale. Mais avec les élargissements
successifs et l’entrée de pays d’Europe du Sud et d’Europe centrale ou orientale, les disparités régionales
se sont accentuées. Dès lors, la nécessité de réduire les inégalités entre les États membres s’est
imposée comme indispensable pour la cohésion des territoires. Il s’agissait d’œuvrer afin d’équilibrer le
développement socio-économique des régions européennes et de garantir, ainsi, un certain niveau de vie
à tous les habitants des États membres, par la mise en œuvre d’outils de solidarité.
En 1986 (création du Marché Commun) est ainsi officialisée la volonté de réduire l’écart entre les
diverses régions et de soutenir les régions les moins favorisées. Le traité de Maastricht (1 992) réitère
cette ambition de politique régionale. Puis le traité de Lisbonne 2 007 inaugure la mise en œuvre d’une
« politique de cohésion économique, sociale et territoriale » qui se fixe comme objectif l’amélioration de
la coopération entre les États membres, pour favoriser la réduction des écarts de dynamisme tout en
veillant à l’amélioration de la compétitivité des territoires européens dans la mondialisation.
Comment les politiques régionales mises en œuvre tentent-elles d’améliorer la cohésion de ces territoires
et leur compétitivité ?
A. Une volonté de réduire les inégalités territoriales

1. Des inégalités entre les États membres
Les inégalités entre États au sein de l’Union européenne

Le PIB de l’Union européenne est de 15 900 milliards d’euros en 2018 et l’écart entre les plus riches
(l’Allemagne, la France, les deux premiers) et les plus pauvres est important : le PIB des 11 premiers pays
membres de l’Union européenne est d’environ 11 000 milliards d’euros, soit 8 fois plus que celui des 11
pays de l’Europe de l’Est malgré de vifs progrès depuis leur intégration à partir de 2004.
Cela entraîne des inégalités sociales : si le PIB/habitant moyen au sein de l’UE est de plus de 28 000 euros
en 2018, il est de 83 000 euros au Luxembourg (1er du classement) et il est généralement plus élevé dans les
États de l’Ouest et plus faible dans les États de l’Est (8 750 en Roumanie, 6 550 en Bulgarie).
Les inégalités relatives au taux de chômage (taux moyen de 6.3 % pour l’UE) révèlent les difficultés
rencontrées des pays du sud de l’Europe.
2. Des inégalités régionales et locales

a. Les disparités régionales
Le PIB/Habitant dans les régions européennes en 2018
Source : Eurostat 2 019

En bleu apparaissent les régions au PIB / habitant le plus élevé.
En mauve apparaissent celles au PIB / habitant le plus faible.
Les disparités régionales sont très fortes, y compris au sein d’un même pays (en France métropolitaine
le PIB de la Corse, 9 milliards d’euros, est 78 fois plus faible que celui de l’Île-de-France,709 milliards
d’euros). Les régions les plus riches se concentrent dans la Mégalopole européenne, cœur économique
et institutionnel de l’UE, et autour des capitales des États membres. Les régions les moins riches sont
très nombreuses dans les pays du Centre et de l’Est ainsi que sur les territoires les plus au sud de l’Union
européenne. Les régions ultrapériphériques, c’est-à-dire les territoires ultramarins, ont un PIB et un PIB
/habitant nettement inférieur à la moyenne de l’Union Européenne.

b. Les disparités locales
À l’échelle locale, certains espaces ruraux sont pénalisés par le manque d’activités et le manque de
services aux habitants. Si les campagnes contribuent à la prospérité économique de nombreux États
européens (agro-alimentaire, tourisme, biotechnologie), leur poids économique et démographique se
réduit en général : les ruraux ne représentent plus que 24 % des Européens et l’exode rural, notamment
des plus jeunes, se poursuit à mesure que les services publics et commerciaux s’y raréfient.
Dans les métropoles, qui sont des centres d’impulsion du dynamisme de l’Union européenne, certains
quartiers, souvent périphériques, cumulent les difficultés : pauvreté, enclavement, exclusion sociale,
insécurité.
3. Une politique régionale qui vise le soutien aux territoires et aux

populations les plus fragiles
a. Le fonctionnement de la politique de cohésion

Plusieurs fonds européens existent : le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural)
dédié au développement des activités agricoles et rurales ; le FEDER (Fonds Européen de Développement
Régional) dont l’objectif est d’améliorer l’attractivité des territoires et de réduire les inégalités régionales
au sein de l’Union européenne ; le FSE (Fonds Social Européen) qui tente de faciliter l’accès à l’emploi et
d’améliorer la formation ; le FEAMP (Fonds Européen pour les Affaires maritimes et la Pêche) qui œuvre
au développement durable de la pêche et de l’aquaculture.
Les programmes européens mis en œuvre ont pour but la convergence (soutien aux régions les plus
en difficultés pour réduire les écarts de développement au sein de l’Union européenne), la compétitivité
(soutien aux régions les plus dynamiques pour les renforcer face à la concurrence mondiale) et la
coopération (soutien aux projets de coopération transfrontalière).
b. Les actions pour réduire les inégalités territoriales

Cette politique régionale vise prioritairement :
– Le développement des réseaux de transport : d’ici 2050 tout territoire de l’Union européenne doit
être à moins de 30 minutes de l’un des axes principaux du Réseau transeuropéen de transport ;
– L’aide aux régions menacées par les risques naturels majeurs : évaluation des risques, informa-
tion des populations, mise en place de plans de gestion des risques, financement de travaux pour
réduire les risques ;
– L’aide aux zones rurales peu dynamiques : aides à l’installation des jeunes agriculteurs, promo-
tion de l’agrotourisme. Cette politique de développement rural s’inscrit dans la Politique agricole
Commune (PAC), créée en 1962 pour améliorer les revenus des agriculteurs.
c. Les actions pour réduire les inégalités sociales

En 2017, 22,4 % des Européens sont menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale. En moyenne, les 20 %
des ménages les plus riches de l’UE gagnent cinq fois plus que les 20 % des ménages les plus pauvres.
La proportion de travailleurs pauvres s’élève à 9,6 % dans l’ensemble de l’UE.
La lutte contre la pauvreté et l’exclusion est un objectif prioritaire depuis une vingtaine d’années. L’objectif
fixé en 2010 de réduire de 20 millions de personnes le nombre d’Européens pauvres à l’horizon 2 020 n’a
pas été atteint : la réduction n’est que de 8 millions entre 2008 et 2018.

B. Une volonté de valoriser les atouts des territoires de l’UE pour faire
face à la concurrence mondiale
1. L’Union européenne a de multiples atouts dans la mondialisation
a. Des territoires qui offrent de multiples potentialités

Les territoires européens dans le monde
Quelques pays membres de l’UE possèdent des territoires ultramarins répartis sur toute la planète et qui
contribuent à leur rayonnement économique (vaste ZEE), diplomatique et militaire (présence mondiale,
multiples bases militaires dans le monde), culturel (accords de coopération avec de nombreux pays
partenaires sur tous les continents).
Ils sont aussi des éléments de la diversité du territoire européen, caractérisé la mosaïque de ses
paysages, liée à la variété de ses climats (polaire, continental, océanique, montagnard, méditerranéen,
tropical) et de son relief (de nombreuses plaines fertiles, des plateaux, plusieurs chaînes de montagnes)
autant d’atouts pour l’agriculture et le tourisme.
Cependant, les ressources halieutiques, énergétiques et minières de l’Union européenne sont limitées. SI
l’UE possède le plus grand territoire maritime au monde, sa pêche ne représente que 4,9 % des captures
et 3 % de la production mondiale. L’UE est le troisième plus gros consommateur d’énergie du monde
mais ses ressources sont très faibles : elle importe donc plus de la moitié de l’énergie qu’elle consomme.

b. Une population nombreuse, diverse, qui bénéficie d’un niveau de vie
moyen élevé
L’Union européenne dispose d’une population nombreuse (446 millions d’habitants pour les 27 États
membres en 2020), dont le niveau d’instruction et de qualification est élevé, ce qui profite à la qualité
des productions, aux exigences d’innovation et de compétitivité des entreprises européennes face à la
concurrence mondiale, et qui bénéficie globalement d’un niveau de vie élevé. Elle constitue le premier
marché de consommation au monde
c. Des territoires très aménagés

Dans sa partie occidentale, le territoire européen est densément équipé en infrastructures de transports
rapides (autoroutes, lignes à grande vitesse). Dans le domaine du transport aérien, les aéroports
européens se classent dans les premiers mondiaux. Depuis 2001, l’Union européenne développe une
politique de transports de grande ampleur. Cette volonté d’aménagement vise le renforcement des
liaisons Est-Ouest et Nord-Sud. Par ailleurs, elle dispose d’une des principales façades maritimes
mondiale, la Northern Range, où sont alignés les principaux ports européens, connectés à l’intérieur du
continent notamment via l’axe rhénan.
Les axes de transports majeurs en Europe
© Hatier, 2019

2. La politique régionale vise le renforcement de la compétitivité de l’Union
européenne
En matière de Recherche-Développement, notamment dans le numérique, l’UE est à la traine par rapport
aux États-Unis, au Japon, et elle est désormais dépassée par la Chine. L’investissement reste insuffisant :
seul 2,1 % du PIB est consacré à la Recherche-Développement en 2017 (objectif fixé à 3 % pour 2020). Les
progrès en matière d’innovation exigent également une amélioration de la qualification des habitants.
3. La politique régionale fait du développement durable des territoires une

priorité
Les signaux d’alerte concernant la protection de l’environnement sont nombreux au sein de l’Union
européenne. La pollution des eaux, des sols, des airs, est en augmentation, notamment à cause de
la multiplication des déchets, de la circulation automobile en hausse, de la production d’énergie. Dès
lors, de nombreuses régions d’Europe sont déjà confrontées aux effets du changement climatique :
risque de sécheresse dans les régions méditerranéennes, diminution de l’enneigement dans les régions
montagneuses, fortes pluies provoquant des inondations, tempêtes, acidification des mers et des océans,
détérioration de la biodiversité marine. Les questions environnementales sont dès lors au premier
rang des préoccupations de l’Union européenne, notamment la lutte contre la pollution responsable du
changement climatique : normes de plus en plus sévères, aménagements pour inciter aux circulations
« douces », incitations et aides aux pratiques agricoles durables.
Conclusion
Les écarts de richesses produites sont importants entre les pays de l’Union européenne et leur niveau
d’intégration à la mondialisation est très inégal. Les conditions de vie progressent certes d’une façon
générale dans les pays de l’Union européenne, mais de nombreux habitants sont confrontés à la
pauvreté. Des inégalités perdurent non seulement entre les États mais aussi à l’échelle régionale ou
locale. Certains territoires sont ainsi en difficultés alors qu’ils se situent dans des espaces nationaux
dynamiques.
Face aux défis que représentent ces disparités, la politique régionale de l’Union européenne définit dans
le cadre d’une programmation pluriannuelle les objectifs prioritaires, financés par des fonds qui versent
des aides aux États et régions européennes en fonction du PIB par habitant de chaque territoire. Cette
politique vise prioritairement pour la période 2014-2020 le développement des réseaux de transport, l’aide
aux régions les plus en retard ; la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Outre les mesures de solidarité entre les territoires, les politiques européennes ambitionnent
également l’amélioration de leur compétitivité face à la concurrence mondiale, en mettant l’accent sur
les progrès de la Recherche et Développement, le développement des technologies de l’information et
de la communication, la qualification des actifs de ces secteurs stratégiques. Cette volonté de l’Union
européenne d’améliorer la compétitivité de ces territoires et leur intégration à la mondialisation face aux
grands pôles mondiaux et aux puissances émergentes profite essentiellement aux régions européennes
les plus dynamiques, et à un degré moindre celles en transitions. Certains observateurs s’inquiètent dès
lors que cette préoccupation se fait peu à peu au détriment de la solidarité entre les territoires.
Pour la prochaine période de programmation, qui commence en 2020, l’Union européenne renouvelle ses
objectifs de lutte contre les inégalités, de renforcement de la cohésion et de l’intégration des territoires,
de promotion du développement durable, de développement de l’innovation, de multiplication des
aménagements dans les transports, l’énergie et le numérique.

Partie 3 – La France : les dynamiques différenciées des territoires
transfrontaliers
Dans le cadre de la mondialisation et des échanges intensifiés entre États, les espaces transfrontaliers
occupent une place spécifique. Ils sont nécessairement un lieu stratégique où les échanges se matérialisent.
En Europe, la France est un des États fondateurs de la coopération, elle est aussi dans une situation de
carrefour à l’ouest du continent. Ces deux éléments favorisent les liens de coopération entre la France et
les États voisins et incitent au franchissement des frontières.
Aussi, les territoires situés à proximité des frontières, pendant longtemps en position de marge, se
retrouvent en première ligne pour construire ces liens de coopération entre la France et ses voisins.
Comment se caractérisent les espaces transfrontaliers et quelles sont leurs dynamiques en France ?
A. Des territoires frontaliers aux territoires transfrontaliers

1. Une situation d’interface et la multiplication des flux
a. État des lieux

La France métropolitaine compte plus de 2 900 km de frontières et des espaces frontaliers avec la Belgique,
le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, Andorre et Monaco. S’ajoutent des espaces
frontaliers situés outre-mer avec des États comme le Brésil, Madagascar ou les Comores par exemple. Il
s’agit parfois d’espaces urbanisés avec des densités de population élevées. D’une manière générale, les
espaces frontaliers du Luxembourg, de l’Allemagne et de la Suisse connaissent une croissance relativement
élevée et sont les plus actifs. La frontière, dans ce cas, agit comme une interface, c’est-à-dire une zone de
contacts propice aux échanges. Elle génère des activités spécifiques et attire des populations nouvelles.
b. La multiplication des flux

Les flux de travailleurs transfrontaliers
Source : Annabac.com

Les différentiels de salaires et de fiscalité provoquent des flux de travailleurs transfrontaliers de plus en
plus nombreux et facilités par la mise en place de l’espace Schengen. Ils sont particulièrement nombreux
vers la Suisse et le Luxembourg.
2. L’action de l’UE
a. L’UE fournit un cadre réglementaire et encourage à la coopération

La coopération transfrontalière est parfois compliquée, les législations étant différentes d’un État à
l’autre. L’action de l’UE a pour but d’aider à dépasser ces contraintes.
L’espace Schengen
europarl.europa.eu, site Internet du Parlement européen
Ainsi, depuis 30 ans, l’UE renforce les dispositifs pour favoriser la coopération transfrontalière : création
de l’espace Schengen permettant la suppression des contrôles aux frontières des États membres à partir
de 1995, Groupement Européen de coopération territoriale (GECT) qui permet de faciliter la coopération
entre deux territoires européens.
b. Le financement de projets
De nombreux financements européens existent et sont déterminants pour les territoires transfrontaliers,
tel INTERREG, financé par le FEDER, pour permettre la coopération entre régions européennes. Il
sert notamment au financement d’infrastructures de transport ou à la mise en valeur d’un patrimoine
commun de part et d’autre de la frontière.

B. Les dynamiques différenciées des espaces transfrontaliers
Les espaces frontaliers français sont de moins en moins marginalisés par rapport aux dynamiques
nationales. Avec le développement de la coopération entre pays européens, ils sont souvent les premiers
territoires où ces échanges se mettent en œuvre. Pour autant, ces espaces frontaliers présentent des
dynamiques très différentes. Globalement, les espaces situés au nord et à l’est sont plus peuplés et bien
intégrés, ils sont en première ligne pour construire les échanges avec les territoires de la mégalopole
européenne. Les espaces frontaliers situés plus au sud sont en général moins peuplés. Aussi, s’y mettent
en place des formes de coopération innovantes autour de la mutualisation des équipements ou la gestion
du patrimoine naturel par exemple.
1. Les espaces transfrontaliers les plus dynamiques en lien avec la

mégalopole européenne
a. Les espaces transfrontaliers de l’est de la France : l’exemple de l’Alsace

En Alsace, trois États sont en contact : La France, l’Allemagne et la Suisse. Les flux de travailleurs
frontaliers, facilités par les accords de Schengen, sont les plus importants : principalement des Français
allant en Allemagne ou en Suisse où les salaires sont plus élevés. Ces territoires coopèrent au sein
de structures comme l’Eurodistrict ou le groupement européen de coopération territoriale (GECT),
coopération marquée par la mise en commun de certains équipements : ligne de tram-train entre
Sarreguemines et Sarrebruck, ligne de tram entre Strasbourg et Kehl, aéroport de Bâle en Suisse conçu
pour desservir également la ville française de Mulhouse ou la ville allemande de Fribourg. On note
aussi l’existence d’une station d’épuration transfrontalière à Wissembourg. Dans les territoires les plus
densément peuplés, les équipements coûteux sont mutualisés, il en est de même dans les territoires
moins densément peuplés afin de mieux rationaliser leur utilisation.
b. Les espaces frontaliers du nord de la France : l’exemple de la métropole

lilloise
Ces territoires sont situés à proximité de la Belgique et du Luxembourg. La coopération, favorisée par le
partage d’une même langue, le français, y est surtout économique et engendre des flux de marchandises
et de travailleurs. Elle est aussi culturelle avec des flux d’étudiants. La coopération peut être aussi
sanitaire, avec la mise en commun d’équipements médicaux. Née en 2008, l’Eurométropole Lille-
Courtrai-Tournai est le premier GECT créé en Europe.
2. Les espaces transfrontaliers situés dans les régions les moins

urbanisées
a. Le partage des équipements : l’exemple de l’hôpital Cerdagne

Lancé en 2003, ce projet en partie financée par l’UE, porte sur un équipement de santé répondant aux
besoins immédiats des populations des Pyrénées français et espagnols habitant un territoire rural
enclavé et peu peuplé.
b. La gestion d’un patrimoine commun : l’Espace Mont-Blanc

Le massif du Mont Blanc occupe un espace frontalier entre la France, l’Italie et la Suisse ; un territoire
singulier car peu peuplé mais objet d’une forte pression touristique. La coopération transfrontalière entre ces
trois États remonte aux années 1990 et fait dialoguer les instances nationales et intra-nationales (régions,
départements), afin de mutualiser les connaissances concernant ce territoire, de gérer et de protéger ce
patrimoine naturel commun tout en y favorisant les activités économiques (tourisme, agriculture).

Synthèse
Un rayonnement Un rayonnement Une politique Nécessité de Valorisation du

culturel ancien diplomatique et régionale de soutien développer développement
et persistant militaire limité aux territoires l’innovation durable
et aux habitants
les plus fragiles
Un centre d’impulsion
économique : un espace Des difficultés Des atouts multiples
productif dynamique, économiques mais une
un pôle commercial et sociales Des inégalités conccurence
socio-économiques de plus en plus vive
à plusieurs échelles
Une union
d’états au Une aire de
dynamisme puissance Une volonté de Une volonté d’assurer
inégal Des fragilités persistantes réduire les la compétitivité des
mondiale
inégalités territoires dans
territoriales la mondialisation
Ch.1 l’Union européenne, Ch.2 Des politiques européennes

un espace plus ou moins ouvert entre compétitivité
sur le monde et cohésion des territoires
Dynamiques territoriales, coopérations et tensions dans la mondialisation
Ch. 3 La France, les dynamiques

différenciées
des territoires transfrontaliers
Des territoires Des espaces transfontaliers

transfontaliers en aux dynamiques
position d’interface très différentes
Des frontières L’action de l’UE : Les espaces Des espaces ... qui mettent
qui voient l’espace en lien avec la transfontaliers en place
les flux Schengen et le mégalopole situés dans des formes de
se multiplier financement de européenne les régions coopération
la coopération sont les plus les moins innovantes
dynamiques urbanisées ...

Glossaire
• Développement durable : Le développement durable des territoires vise la croissance économique,

avec le souci d’améliorer les conditions de vie de la population et des générations futures, dans le
respect de la protection de l’environnement et des ressources naturelles.
• Espace frontalier : Espace traversé par une frontière.
• Espace transfrontalier : Espace traversé par une frontière dans lequel il existe des échanges
nombreux entre les États situés de part et d’autre de la frontière. La frontière, loin d’être une barrière,
peut favoriser des flux. Dans ce cas, elle joue un rôle d’interface.
• Espace Schengen : Espace de libre circulation pour les hommes, sans contrôle exercé aux frontières
entre 22 des États membres de l’UE et quatre États associés.
• Façade maritime : Une zone de contacts et d’échanges entre l’ensemble du monde et un territoire. Les
interfaces maritimes sont composées de zones industrialo-portuaires.
• FEDER : Fonds Européen de Développement Régional, dont le but est de permettre la réduction des
déséquilibres régionaux dans l’Union européenne en apportant une aide aux régions dont le développe-
ment économique accuse du retard.
• FSE : Fonds Social Européen, qui est le principal instrument de l’Union européenne destiné au finance-
ment de la lutte contre le chômage, à la protection de l’emploi, de l’intégration sociale, de l’égalité des
chances entre les femmes et les hommes.
• Fonds de cohésion : Le Fonds de cohésion soutient la réalisation de projets liés à l’environnement et au
développement des infrastructures de transport. Seuls les États membres dont le PIB par habitant est
inférieur de 10 % à la moyenne de l’Union européenne peuvent bénéficier de cette aide.
• Indice de développement humain (IDH) : Indice statistique créé pour évaluer le niveau de développe-
ment humain des pays du monde. L’IDH se fonde sur trois critères majeurs : l’espérance de vie à la
naissance, le niveau d’éducation et le niveau de richesse.
• Interface : Une zone propice aux échanges.
• PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur qui mesure les richesses produites à l’intérieur d’un territoire.
• RNB : Revenu National Brut, indicateur qui mesure les richesses produites à l’intérieur d’un territoire
auxquels s’ajoutent les revenus perçus de l’étranger par des personnes qui vient sur le territoire consi-
déré mais travaillent à l’étranger.
• RNB/Habitant : Correspond au RNB total divisé par le nombre d’habitants.
• Soft power : Puissance d’un État fondée sur son influence culturelle et diplomatique.
• Travailleur transfrontalier : Actif résident dans un État traversant quotidiennement la frontière pour
se rendre sur son lieu de travail dans un autre État.

• Rayonnement • Répondre à des questions à partir d’un ou plusieurs

documents.
• Influence
• Attractivité
• Employer les notions et exploiter les outils spécifiques à la
• Agglomération industrielle géographie
• Écosystème (cluster) • Conduire une démarche géographique et la justifier
• Territoire transfrontalier • Construire une argumentation géographique

SÉQUENCE 7
LE MONDE, L’EUROPE ET LA FRANCE DEPUIS LES ANNÉES 1990, ENTRE COOPÉRATIONS ET CONFLITS
Partie 1 – Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux
Au début des années 1990, l’équilibre du monde semble renouer avec l’espoir d’un monde de paix. La
guerre froide, cet affrontement idéologique entre les deux grandes puissances sorties victorieuses de
la Seconde Guerre mondiale, touche à sa fin. Les démocraties se multiplient, en particulier sur les
décombres du bloc de l’Est, mais aussi en Afrique du Sud avec la fin du régime de ségrégation entre Noirs
et Blancs. Les États-Unis, grands vainqueurs de la guerre froide, deviennent alors les « gendarmes du
monde » et entendent faire régner la paix par le droit international. L’ONU sort alors d’une longue période
de paralysie comme en atteste l’intervention d’une coalition internationale lors de la Guerre du Golfe pour
mettre un terme à l’agression irakienne sur le Koweït.
Pourtant, les conflits identitaires, ethniques ou religieux, naissent ou renaissent rapidement mettant fin à
l’espoir d’une ère pacifique. Les conflits changent de forme et si les guerres entre États restent une des
formes de conflictualité, on voit se multiplier les guérillas et les actions terroristes.
Par ailleurs, avec l’accélération de la mondialisation, les grands défis contemporains se posent pour
beaucoup à l’échelle mondiale : c’est le cas par exemple des questions migratoires ou de la lutte contre le
réchauffement climatique.
Quelles sont les nouvelles tensions et conflictualités qui succèdent à la Guerre froide dans un monde
devenu multipolaire ? Quelles sont les réponses apportées par la communauté internationale pour
répondre à ces défis ?
A. Les nouvelles formes de conflit

1. La fin des conflits ?
a. Une première guerre qui marque la paix par le droit : la Guerre du Golfe
En août 1990, l’Irak envahit son minuscule voisin, le Koweït, richement doté en champs pétroliers. Les
États-Unis, à la tête d’une coalition internationale (incluant l’URSS) et patentés par l’ONU, libèrent le
Koweït au nom du droit international. Les États-Unis se posent dès lors en « gendarmes du monde » et
assument leur rôle de superpuissance mondiale.
b. Au même moment, l’Afrique du Sud tourne la page de l’Apartheid

En Afrique du Sud, l’abolition en 1991 de l’Apartheid, en vigueur depuis 1948, conforte le monde dans le
sentiment que les conflits reculent à l’échelle mondiale. Or, se développe à la même époque une forme
différente de conflictualité : le terrorisme.

2. Le terrorisme : une nouvelle forme de conflictualité
a. L’exemple de la « décennie noire » algérienne

En 1991, la victoire électorale confisquée du Front Islamique du Salut (parti fondamentaliste) plonge le
pays dans une guerre civile qui fait des centaines de milliers de victimes jusqu’en 2002 et qui s’exporte
au-delà des frontières algériennes.
b. Le terrorisme à partir de 2001

Le 11 septembre 2001, attentat commandité par Al Qaida, organisation terroriste islamiste, est un
tournant dans l’histoire du terrorisme par son ampleur (c’est l’attentat le plus meurtrier de l’histoire avec
3 000 victimes) et ses conséquences sur le plan international. Les États-Unis interviennent alors contre
l’Afghanistan des Talibans qui abrite Ben Laden, le chef d’Al Qaida ; mais aussi contre l’Irak de Saddam
Hussein en 2003, suspecté à tort de détenir des armes de « destruction massive ». Mais ces deux guerres
renforcent la pression terroriste en déstabilisant des régions entières. À partir de 2014, la déstabilisation
de la Syrie après les Printemps arabes et celle de l’Irak donnent naissance à un « État islamique »,
Daesh, qui instaure la terreur sur place et commandite des attentats. En 2019, les efforts de la coalition
internationale font disparaître cette organisation totalitaire.
c. D’autres facteurs d’inquiétudes

Depuis les années 1970 l’impact des activités humaines sur l’’environnement inquiète : pollution,
réchauffement climatique, montée des eaux, multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
Les Accords de Paris signés en 2015 visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre pouvaient
sembler être un début de réponse. Mais Donald Trump en a retiré les États-Unis.
Par ailleurs, la cybercriminalité, le complotisme, les tensions entre communautés nationales ou
religieuses, les crises sanitaires majeures (comme la Covid-19 par exemple) se multiplient : le monde est
face à des défis nombreux et difficiles à surmonter.
3. La persistance des conflits
a. Un conflit sans fin : le conflit israélo-palestinien

Depuis la fin du XIXe siècle, le sionisme encourage les Juifs d’Europe, face à l’antisémitisme, à émigrer en
Palestine d’abord sous domination ottomane puis britannique en 1919. En 1947, l’indépendance prévue des
territoires du Proche-Orient accélère la création de l’État d’Israël et d’un État palestinien selon un plan de
partage établi par l’ONU. Dès le lendemain de la proclamation d’indépendance d’Israël, le 14 mai 1948, les pays
arabes voisins lui déclarent la guerre – ouvrant ainsi un cycle de décennies de conflits entre pays arabes et Israël
qui dure jusqu’à 1978, date de la paix avec l’Égypte. Depuis, le conflit israélo-arabe s’est transformé en conflit
israélo-palestinien. Une tentative de paix est ébauchée avec les accords d’Oslo, signés en 1993. Hélas, ce plan de
paix est rejeté par les extrémistes des deux camps, qui refusent tout compromis. Depuis, la victoire de la droite
en Israël et le développement du Hamas, groupe politique qui refuse de reconnaitre Israël, dans les territoires
palestiniens ont durci les positions sur la question des frontières, de Jérusalem, des colonies israéliennes des
territoires occupés, du retour des réfugiés palestiniens. Le président Trump a proposé un plan de paix, offrant de
nombreuses concessions à l’État hébreu (notamment sur Jérusalem), refusé par les Palestiniens.
b. De nouveaux conflits
En 2020, les conflits les plus meurtriers se trouvent au Mexique (lutte contre les cartels des
narcotrafiquants), en Syrie (guerre civile avec de nombreux acteurs depuis 2011), en Afghanistan (pays qui
n’a pas connu la paix depuis 1979), au Yémen (guerre civile sur fond de guerre de religion).

B. Les crimes de masse et les génocides
1. Les crimes de masses en ex-Yougoslavie
a. De la Yougoslavie de Tito aux premières élections de 1991

En 1945, le résistant communiste Josip Broz Tito fait de la Yougoslavie une République fédérative
socialiste formée de plusieurs républiques : la Croatie, la Slovénie, la Bosnie, la Serbie et la Macédoine.
Les nationalismes qui s’expriment dans ces Républiques sont brutalement réprimés. La mort de Tito en
1980, la crise économique et la chute du communisme en Europe déstabilisent cet ensemble fragile. En
1990, les premières élections démocratiques se soldent par une écrasante victoire des nationalistes dans
toutes les républiques, alors que les peuples sont tous entremêlés sur ce territoire-mosaïque.
b. La guerre en ex-Yougoslavie
Dans cet imbroglio, chaque nationalité souhaite se détacher de la Yougoslavie pour créer un pays
qui réunirait tout son peuple. Le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie proclament chacune leur
indépendance. En Slovénie, l’indépendance est rapidement acquise. En revanche, en Croatie, où les
minorités nationales sont nombreuses, les Serbes notamment, une guerre très dure s’installe et
s’étend à la Bosnie qui réclame également son indépendance en 1992. Tortures, exécutions de civils,
rafles de prisonnier, épuration ethnique, viols de masses, déportations se déroulent sous les yeux de la
communauté internationale et face à l’impuissance de l’ONU. En juillet 1995, un génocide est perpétré
par les forces serbes à l’égard des Bosniaques musulmans de Srbrenica.
Les autres républiques réclament également leur indépendance et en juin 2006, lorsque le Monténégro
y accède, la Yougoslavie a bel et bien disparu, laissant la place à plusieurs États : Slovénie, Croatie,
Macédoine, Bosnie, Monténégro, Kosovo et Serbie.
c. La sortie du conflit
Ce n’est qu’avec l’intervention militaire de l’OTAN contre la Serbie, décidée par le président des États-
Unis, Bill Clinton, que la guerre de Bosnie prend fin. En 1999, pour mettre fin à l’expulsion des Albanais
du Kosovo, l’OTAN intervient à nouveau contre la Serbie. La solution militaire à ce conflit européen
vient donc d’une intervention des États-Unis par le biais de l’OTAN : les pays européens se sont révélés
incapables d’assurer seuls la paix et la sécurité sur leur continent.
2. Le génocide des Tutsis au Rwanda
a. Un siècle de racisme au pouvoir

Les colons, Allemands puis Belges, inventent de toutes pièces une différence ethnique entre deux classes
sociales : les éleveurs (« tutsis ») et les cultivateurs (« hutus »), transformant des métiers en « ethnie »
et s’appuyant sur les uns (les Tutsis) contre les autres (les Hutus) pour contrôler la colonie. Rapidement
s’imposent des théories racistes qui font des Tutsis une « race supérieure »
En 1959, une révolution permet aux Hutus de prendre le pouvoir et des dizaines de milliers de Tutsis sont
chassées du pays avec le soutien de l’Église catholique et celui de la Belgique qui renverse l’alliance
passée avec les Tutsis en faveur des Hutus.
Au début des années 1960, le mouvement de libération coloniale s’appuie en grande partie sur un
nationalisme « ethnique » hutu et sur un rejet des Tutsis perçus comme une classe « dominante »
et pilier de la colonisation. À l’indépendance en 1962, des Tutsis fuient le pays face aux massacres
sporadiques qui les touchent. D’autres préfèrent rester sur place et vivent au rythme des massacres
et des politiques de quotas. L’idée que le Rwanda est menacé de l’intérieur et de l’extérieur par les

Tutsis se met progressivement en place : se développe alors un discours d’autodéfense du type « eux
ou nous » et débute également l’animalisation des Tutsis ; deux caractéristiques propres aux situations
prégénocidaires.
Certains Tutsis fondent le Front Patriotique Rwandais (FPR) à la fin des années 1980 afin de reprendre le
pouvoir au Rwanda par la force. En octobre 1990, une guerre civile éclate et les discours racistes se font
de plus en plus virulents à l’égard des Tutsis. Plusieurs cessez-le-feu se succèdent jusqu’aux accords
d’Arusha d’août 1993. À cette date, le président Juvénal Habyarimana, poussé par la communauté
internationale, signe avec les Tutsis du FPR un accord pour réintégrer les exilés tutsis. Il renonce à son
parti unique et autorise la création d’autres partis politiques. Les extrémistes anti-tutsis s’opposent
violemment à cette évolution.
C’est dans ce contexte extrêmement tendu que survient l’événement déclencheur du génocide : le
6 avril 1994, l’avion qui transporte, d’Arusha à Kigali, Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira, son
homologue Burundais, est abattu par un missile. Cet attentat, qui n’a pas été élucidé jusqu’à présent ni
revendiqué (FPR ? extrémistes hutus ?), marque le début de trois mois de génocide.
b. Les spécificités de ce génocide

À la différence des précédents génocides, l’élimination physique des Tutsis s’est déroulée dans les
territoires du quotidien, sur place : il s’agit d’un « génocide des voisins » au cours duquel les Tutsis sont
mis à mort dans des lieux familiers avec des outils du quotidien (machette, massue, couteau, brique,
bâton). Puisque rien ne distingue un Hutu d’un Tutsi hormis sa carte d’identité, le génocide s’appuie sur
une intimité, une interconnaissance sociale entre victimes et tueurs ou sur la désignation de la victime
par son entourage. Une autre particularité de ce génocide est qu’il a été mené par une très large partie
de la population. Hormis les espaces du quotidien, certains lieux sont devenus des espaces privilégiés du
massacre comme les églises – sanctuaires devenus des pièges pour les Tutsis qui y trouvent refuge (40%
des victimes du génocide y ont été tuées) – ou les barrages routiers, montés à tous les points stratégiques
afin de contrôler les flux humains et donc d’exécuter les Tutsis, ou ceux assimilés comme tels.
Le génocide a été fulgurant : la plupart des 800 000 victimes ont été assassinées dans les deux premières
semaines des tueries.
c. Les acteurs du génocide

Ce génocide implique la participation de l’État, promoteur de longue date d’une politique raciste appelant
au meurtre, de son armée et de sa gendarmerie, encadrant, organisant et participant aux massacres, de
tous ses moyens logistiques et notamment les transports. Les médias, notamment la radio-télévision
libre des Mille Collines, jouent un rôle déterminant dans le génocide, incitant et motivant avec force, au
fils de jours, les Hutus à tuer les Tutsis. Enfin, ce génocide « des voisins » est l’affaire, potentiellement,
de toutes et de tous les Hutus, toute la population étant appelée à participer aux massacres, devenus un
« travail » collectif et quotidien d’avril à juillet 1994.
d. La fin du génocide
Les massacres s’arrêtent avec la victoire militaire du FPR qui prend la capitale rwandaise le 4 juillet
1994. Un gouvernement d’union national dirigé par un Hutu modéré et par le chef du FPR, le général Paul
Kagamé, se met en place à Kigali. Plus de deux millions de Hutus fuient alors au Congo voisin, le pays est
dévasté. Il faut reconstruire un pays dépeuplé (entre 800 000 et un million de personnes assassinées et
plus de 2 millions en fuite, sur 8 millions d’habitants début 1994), créer les conditions d’une cohabitation
entre les victimes et les bourreaux, notamment par la mise en place les conditions d’une justice.

C. Vers une gouvernance mondiale face aux défis contemporains :
l’exemple de la justice pénale internationale
1. Les prémices d’une justice internationale
e
a. Les premières réflexions à la fin du XIX siècle
Dès la fin du XIXe siècle, face aux conflits qui deviennent de plus en plus meurtriers du fait de la
sophistication des armes, les États réfléchissent à une réponse internationale. Le terme « crime contre
l’humanité » apparaît pour qualifier les massacres d’Arméniens en Turquie.
b. Le tournant de Nuremberg
Le tournant de la justice pénale internationale a lieu après la Seconde Guerre mondiale lors des procès
de Nuremberg (1945-1946) où sont jugés 24 des principaux responsables nazis, accusés de crimes contre
la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. C’est la première mise en œuvre d’une juridiction
pénale internationale.
2. La création du TPIY
a. La naissance du TPIY
Le Conseil de Sécurité tente de manière répétée mais vaine de mettre fin aux conflits dans
l’ex-Yougoslavie et constate des violations massives et systématiques des droits de l’Homme en Bosnie.
Le 25 mai 1993, en pleine guerre, il crée un Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) ayant pour
compétence de juger « les personnes présumées responsables de violations graves du droit humanitaire
international ». Il s’agit d’une avancée juridique, historique et symbolique très forte.
b. Le fonctionnement du TPIY
Le TPIY est la première juridiction internationale émanant de l’ONU afin notamment de juger les
violations du droit de la guerre, les crimes contre l’humanité, les génocides. Il ne juge que les faits
commis sur le territoire de l’ancienne République de Yougoslavie à partir de 1991.
c. L’activité du tribunal en trois phases

Le TPIY débute ses travaux officiellement le 6 mai 1995. Jusqu’en 2002 environ, des enquêteurs sont
dépêchés sur place pour procéder à la collecte des preuves et instruire les dossiers. En parallèle sont
traqués les criminels, souvent cachés en Serbie, aidés par le gouvernement et des partisans. Les
jugements ont requis près de 11 000 jours de procès à l’issue desquels 90 criminels sont condamnés.
d. Un bilan positif à nuancer

Des aspects du bilan du TPIY, globalement positif, sont discutés : le TPIY n’est pas parvenu à dissuader
les criminels de guerre de commettre des atrocités, certains juges ou témoins ont été soumis à une
lourde pression hypothéquant certains procès, le TPIY n’a pas permis un processus de réconciliation dans
les Balkans.

3. Le Rwanda : entre justice internationale et justice de proximité
a. Le TPIR : une réponse internationale

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) est mis en place le 8 novembre 1994 par le Conseil
de sécurité des Nations Unies afin de juger les personnes responsables d’actes de génocide et d’autres
violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire du Rwanda en 1994. Son but
est de « contribuer au processus de réconciliation nationale au Rwanda et au maintien de la paix dans la
région ».
b. Face à la justice internationale, la justice de village : les gacaca

À l’origine, les gacaca (« herbe douce » en kinyarwanda, c’est-à-dire l’endroit où l’on se réunit) étaient
des tribunaux de village destinés à trancher des différends de voisinage ou familiaux et présidés par des
anciens vus comme des sages. Chacun pouvait prendre la parole. Cette forme de justice est réactivée
en 2002 pour accélérer les procès des centaines de milliers de personnes accusées d’avoir participé
au génocide. Ces 12 000 juridictions de proximité tenues par des juges élus dans leurs communautés
instruisent, en 10 ans (2002-2012), près de 2 millions de dossiers et condamnent 800 000 personnes.
4. La CPI : vers une institutionnalisation de la justice pénale internationale ?
a. Le tournant de la CPI
L’instauration en 1998 de Cour pénale internationale marque plusieurs évolutions : elle est un traité et
non la création des Nations Unies ; elle permet de dissocier les crimes contre l’humanité et le contexte
de guerre ; la liste des comportements susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité s’élargit ;
elle introduit la notion de compétence universelle, rappelant le caractère imprescriptible des crimes
contre l’humanité.
b. Un maigre bilan pour l’heure

La CPI a commencé ses travaux en 2002. Mais certains pays n’ont pas ratifié le traité, si bien que leurs
ressortissants échappent aux poursuites (c’est le cas des États-Unis ou de la Russie par exemple).
Seuls 122 États en sont membres. Par ailleurs, le nombre de cas traités est très faible. En 2020, seuls 27
affaires ont été ouvertes devant la Cour.
Conclusion
Nombre d’analystes avaient espéré, avec la disparition de la guerre froide, l’aube d’un monde plus
harmonieux. Force est de constater qu’il n’en est rien. Le monde peut paraître aujourd’hui plus
instable que jamais. Les conflits perdurent ou renaissent ; d’autres apparaissent sous des formes de
conflictualités nouvelles ou réactivées comme le terrorisme.
Une réponse internationale est attendue. À l’image de la justice pénale internationale, cette réponse
est lente à construire, se fait par à-coups et ses résultats sont limités. Espérons que les réactions de
la communauté internationale seront plus efficaces et plus rapides. La crise du coronavirus en 2020 a
montré que le monde a besoin de cette coopération.

Partie 2 – La construction européenne entre élargissement,
approfondissement et remises en question
Après 1945, l’Europe exsangue cherche à surmonter ses divisions, à l’origine de deux conflits mondiaux
en 30 années. Certains pays s’engagent alors dans la construction d’une organisation économique et
politique dépassant le cadre de l’État-nation.
Aujourd’hui, l’Union Européenne compte 27 États. Elle constitue l’association régionale la plus intégrée.
Pourtant, alors que sur le plan économique elle a connu des avancées importantes, sur le plan politique,
elle demeure encore un projet. La décision des Britanniques en juin 2016 de quitter l’Union Européenne
ou la montée en puissance des partis europhobes en Europe sont le signe d’une défiance accrue à l’égard
de ce projet. Sa réaction lente mais puissante à la crise du coronavirus montre à la fois la force du projet
européen et ses ambiguïtés.
Quels sont les étapes, les débats et les limites de la construction européenne ?
A. Origines et premiers pas de la construction européenne (1945-1992)

1. L’origine du projet européen (1945-1957)
Déjà évoquée par Victor Hugo, l’idée d’une Europe unie n’est pas nouvelle. Après la Grande Guerre, des
intellectuels appellent à la construction des « États-Unis d’Europe ».
a. Une nécessité après la guerre

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill, ex-premier ministre britannique, reprend le
projet de création des « États-Unis d’Europe » afin d’empêcher la guerre et d’assurer la paix, de favoriser
le développement économique, de lutter contre l’expansion du communisme. En 1948 est créée l’OECE,
(Organisation européenne de coopération économique), dont le but est au départ de répartir l’aide du
plan Marshall. En 1949, c’est la création de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), qui soude
militairement le bloc occidental.
b. Les premiers pas de la construction européenne

Le Congrès de La Haye en mai 1948 discute du projet d’une Europe unie. En émerge, en mai 1949, un
Conseil de l’Europe, siégeant à Strasbourg, qui se donne pour mission de défendre les libertés et la
démocratie. Il est à l’origine de la Convention européenne des droits de l’homme adoptée en 1950.
2. Les premiers pas de l’intégration européenne
a. La naissance de l’Europe avec la création de la CECA en 1951

La création de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951 marque le véritable
point de départ de la construction européenne. Le projet conçu par Jean Monnet (commissaire au Plan
de la République française) est présenté le 9 mai 1950 par le ministre des Affaires Étrangères français,
Robert Schuman. Il s’agit de mettre en commun les productions de deux matières premières stratégiques
et symboliques : le charbon et l’acier. Le traité est signé par six États : la France, la RFA, le Luxembourg,
la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie.

b. La difficile construction européenne : le rejet de la CED en 1954
Avec la CECA, les conceptions fédéralistes triomphent. Mais elles sont mises en échec avec le rejet la
Communauté européenne de défense (CED) : un traité visant à créer une armée commune européenne de
100 000 hommes est signé par les membres de la CECA en 1952 mais finalement rejeté par le Parlement
français en 1954 ; une défaite cuisante pour les partisans de l’Europe fédérale.
L’abandon des souverainetés nationales n’est ainsi pas de mise sur le plan politique et militaire et
l’Europe poursuit alors sa construction par l’intégration économique : la construction d’un Marché
Commun devient la priorité. L’Europe d’aujourd’hui est l’héritière de cette orientation initiale donnant la
primauté à l’économie sur la politique.
B. De 1957 à 1992 : les grandes étapes de la construction européenne

1. Les traités de Rome : l’acte de naissance de l’Europe économique
En 1957, sont signés les traités de Rome : l’un met en place une Communauté économique européenne
(CEE), l’autre une Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom) qui ne verra pas le
jour. Il s’agit de créer un Marché commun, c’est-à-dire, une vaste zone de libre-échange. Progressivement,
les barrières douanières tombent et sur le plan économique, l’Europe devient une réalité.
Parallèlement, le choix de l’élargissement est fait. En 1973, le Danemark, l’Irlande, le Royaume-Uni
entrent dans le CEE. Enfin, la chute des dictatures en Grèce, en Espagne et au Portugal et la
démocratisation de ces pays leur permettent d’intégrer le marché commun en 1981 pour la première, en
1986 pour les deux autres.
L’Europe des 12 arbore, depuis 1955, un drapeau, 12 étoiles jaunes sur fond bleu, et en 1986 adopte
son hymne : l’Ode à la joie, extraite de la 9e symphonie de Beethoven. Néanmoins, au-delà des
élargissements, la construction européenne est alors en panne, notamment à cause des différences de
points de vue quant à la teneur politique à donner à cette union.
2. Différentes conceptions politiques de l’Europe : fédéralisme et

souverainisme
a. Pour une Europe des États

Des personnalités comme Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, ou le général de Gaulle en France,
incarnent cette conception d’une Europe des États. Pour eux, les États-nations ont chacun une histoire,
une langue, une culture. L’Europe doit s’articuler autour des États dans le respect de l’identité propre
de chaque pays. C’est la conception souverainiste qui met en avant non l’intégration mais la coopération
entre États souverains.
b. Pour une Europe fédérale, supranationale

Les pères de l’Europe défendaient l’idéal d’intégration et d’institutions supranationales, les
intérêts particuliers des nations devant fusionner dans ceux de la communauté. Les débats entre
« souverainistes » et « fédéralistes » traversent toute l’histoire de la construction de l’Europe.

C. La CEE devient l’UE
1. La relance de la construction européenne
En 1985, le Benelux, la France et l’Allemagne, signent les accords de Schengen qui autorisent la libre
circulation des personnes, accords qui seront ensuite étendus aux autres membres. En 1986 est signé
l’Acte unique : les douze membres de la communauté acceptent de réviser les traités de 1957 afin de
parachever la construction européenne à une date fixée au 31 décembre 1992.
2. La succession des traités

Avec ratification du traité de Maastricht en 1992, le projet économique initial est dépassé pour devenir
politique : la CEE devient l’Union Européenne. Entre autres, le traité de Maastricht pose les bases d’une
monnaie unique – l’Euro, gérée par une Banque Centrale Européenne et qui entre en circulation en
2002 –, instaure une politique extérieure et de sécurité commune (PESC) et institue une citoyenneté
européenne (liberté de circuler, de résider, de voter, de travailler dans tous les États membres pour tous
les citoyen.ne.s).
Une série de traités vient préciser le fonctionnement des institutions, notamment ceux d’Amsterdam
(1 997) et de Nice (2 001) et de Lisbonne (2 009), ce dernier instaurant notamment l’élection d’un président
du Conseil européen et étendant les pouvoirs du parlement.
Toutefois, l’UE connaît un coup d’arrêt avec l’échec du projet de constitution européenne rejeté en 2005
par les Français et les Néerlandais ; échec qui semble montrer une certaine défiance citoyenne contre la
bureaucratie bruxelloise après deux étapes décisives, l’adoption de l’Euro en 2002 et l’élargissement de 2004.
3. Des 12 aux 27
La fin de la Guerre Froide change radicalement la géopolitique européenne et donne une nouvelle
ampleur à l’Union. En 1995, l’Autriche, la Finlande et la Suède entrent dans l’UE. En 2004, c’est le tour des
anciens pays de la sphère soviétique, démocraties populaires ou républiques soviétiques, d’intégrer l’UE
après plus d’une décennie de transition vers la démocratie libérale et l’économie de marché : Lituanie,
Lettonie, Estonie, Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie auxquels s’ajoutent Malte, Chypre et
la Slovénie. En 2007, l’UE s’agrandit avec la Bulgarie et la Roumanie et, en 2013, la Croatie ; une Europe à
28, qui passe à 27 avec le départ du Royaume-Uni voté en 2016 et effectif en 2020
Cet élargissement très rapide pose de nombreux problèmes en ce qui concerne le fonctionnement des
institutions, la représentativité, la gouvernance, les votes de décisions, et pose plus encore la question
d’une Europe à plusieurs vitesses entre les pays moteurs du Nord-Ouest et les autres économiquement
et politiquement marginalisés, voire parfois stigmatisés par les poids lourds de l’UE.
4. Les institutions de l’Union européenne

Les institutions européennes tentent de faire la synthèse entre les deux visions, souverainiste et
fédéraliste : Quelle doit être la part du supranational et de l’intergouvernemental ? Qui est habilité à
prendre des décisions au nom de la Communauté ? Un organe supranational ou un conseil des ministres
de chaque État ? Ce conseil des ministres doit-il se prononcer à l’unanimité ou à une majorité qualifiée ?
Le Parlement européen et la Commission sont des institutions supranationales. Les Commissaires

comme les députés ne doivent pas représenter les intérêts de leur État mais ceux de l’Union.
Les décisions sont prises par le Conseil de l’Union européenne, donc par une assemblée
intergouvernementale. Cependant, face au défi de l’élargissement, le vote à la majorité qualifiée a
er
été étendu et simplifié. Le traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1 décembre 2009, étend le champ
d’application de la majorité qualifiée (immigration et asile, énergie, espace). Mais, les affaires étrangères,
la défense, la fiscalité ou encore la sécurité sociale restent soumise au vote à l’unanimité.

Il existe également une Cour de justice qui siège à Luxembourg et une Banque Centrale Européenne
(BCE) installée à Francfort
D. L’Union européenne en crise ?

1. La dette grecque et la crise de la zone Euro
La crise économique de 2008 a frappé toute l’Europe et notamment les économies les plus fragiles : le
Portugal, l’Irlande et l’Espagne et, surtout, la Grèce.
a. Naissance de la crise
En 2007, la dette grecque équivaut déjà à 100 % de son PIB annuel (contre 63,5 % pour la France ou
l’Allemagne) : elle emprunte pour rembourser, prise au piège d’une dette qui enfle. En 2010, elle représente
120 % du PIB. Le gouvernement en appelle alors au Fonds Monétaire International (FMI) et l’UE.
b. Une succession de plans de sauvetage

L’UE et le FMI lui accordent un prêt total de 110 milliards d’euros dès mai 2010. En contrepartie de ces
prêts, Athènes s’engage à mettre en œuvre une série de mesures de rigueur budgétaire afin de réduire
ses dépenses (baisse des primes, gels des salaires, etc.). Mais la dette continue à grossir, de nouveaux
prêts sont contractés en 2011 et 2015 et Athènes doit toujours plus renforcer l’austérité et le niveau de vie
chute dramatiquement. L’image de l’UE, dont les plans de « sauvetage » ont un coût social énorme, est
totalement écornée dans ce pays.
2. L’afflux migratoire et la remise en cause de l’espace Schengen
a. Pourquoi une crise migratoire ?

À partir de 2011, les troubles politiques du Proche Orient produisent une augmentation spectaculaire
des flux migratoires. Alors qu’en 2014, le HCR (Haut-Commissariat pour les Réfugiés, agence de l’ONU)
dénombre un peu plus de 200 000 arrivées de migrants via la Méditerranée, ils sont plus d’un million
l’année suivante. En 2016, 3 800 migrants trouvent la mort en Méditerranée.
b. La réaction des pays de l’UE

Confrontés directement à l’afflux de migrants sur leur sol et débordés à leurs frontières, la Grèce, l’Italie,
la Hongrie se tournent vers l’Union européenne pour faire face à cette situation exceptionnelle. L’UE
propose en 2015 une répartition à l’échelle européenne avec un quota par pays, ce qui ne suffit pas ;
certains États comme l’Allemagne choisissent d’accueillir massivement des migrants. Un accord est
signé en mars 2016 avec la Turquie, par laquelle transitent de nombreux migrants : elle s’engage à faire
cesser ou à fortement ralentir les migrations contre une aide financière. En 2016, le nombre de migrants
est de 350 000 contre un million en 2015.
c. La remise en cause des accords de Schengen ?

La crise des migrants et la menace terroriste ont conduit par ailleurs à une remise en question des
accords de Schengen, suspendus à partir de septembre 2015 par six pays (France, Allemagne, Autriche,
Danemark, Suède et Norvège). Par ailleurs, certains États mettent en place une barrière physique à
leurs frontières : c’est le cas de la Hongrie avec la Serbie, ou encore de la Macédoine avec la Grèce. Par
ailleurs, la Hongrie a fermé sa frontière avec la Croatie en octobre 2015.

3. Le Brexit : vers l’Europe à 27
a. Le choix des Britanniques

Le 23 juin 2016, les Britanniques, par référendum, choisissent de quitter l’Union européenne, ce qui
entraîne celle-ci dans une crise sans précédent : pour la première fois de son histoire, elle doit organiser
le retrait de l’un des pays membres. Mais les nombreuses difficultés à mettre en place le Brexit retardent
la concrétisation de la sortie. Celle-ci est officiellement décidée le 24 janvier 2020 et devrait entrer en
vigueur le 31 décembre 2020.
b. L’UE amoindrie ?
Le départ du Royaume-Uni prive l’Union Européenne d’une grande puissance. Il s’agissait de son
troisième pays le plus peuplé (derrière l’Allemagne et la France) et de son huitième pays le plus étendu.
La population de l’UE passe ainsi de 508 à 446 millions de personnes, sa superficie de 4,4 millions
de km2 à 4,2 millions de km2. Du point de vue économique, le Royaume-Uni constituait la deuxième
puissance de l’UE, derrière l’Allemagne et à égalité avec la France, et la cinquième puissance économique
mondiale. Son Produit Intérieur Brut (plus de 2 800 milliards d’euros en 2019) représente environ 15 %
de celui de l’ensemble de l’Union européenne (près de 16 000 milliards d’euros en 2018 en comptant le
Royaume-Uni). Du point de vue militaire enfin, le Royaume-Uni est une puissance nucléaire et dispose
d’une armée importante.
C. L’UE à reconstruire ?
Le départ du Royaume-Uni bouleverse les équilibres internes à l’UE : l’Allemagne, ses 81 millions
d’habitants et ses 3 400 milliards d’euros de PIB en 2019 devraient ainsi peser encore davantage que par
le passé. La France reste le seul pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies. De
manière plus profonde, le Brexit souligne la très mauvaise image dont bénéficie l’Union européenne dans
les opinions publiques des pays membres.
Conclusion
Au lendemain du Brexit et alors que le président américain Donald Trump a montré de façon répétée son
hostilité à l’égard de la construction européenne, certains dirigeants appellent à refonder l’Europe. Dans
un tel climat de défiance entre partenaires, l’Europe doit apporter de nouvelles réponses aux questions
jamais résolues depuis sa naissance :
• Les buts poursuivis : doit-elle continuer à s’élargir et a-t-elle vocation à se confondre réellement avec
le continent européen, voire au-delà des limites géographiques incertaines de celui-ci ? Ou doit-elle
investir dans une meilleure communication de ses institutions et dans un meilleur fonctionnement
démocratique ?
• L’avenir institutionnel : à l’heure où des États membres font (ou menacent de faire) sécession, quel est
le devenir de l’organisation politique de l’Union ? Une superstructure coiffant les États qui acceptent de
partager une part de leur souveraineté ? Ou une Europe à géométrie variable en fonction des intérêts
de chacun avec un noyau dur d’États plus puissants et une périphérie plus pauvre, laissée seule face à
ses créanciers ?
• Le projet démocratique à présenter aux électeurs européens reste toujours le même depuis 60 ans :
une Europe du libre-échange ou une Europe qui s’engage un peu plus vers le fédéralisme ?

Partie 3 – Les évolutions de la république française
Depuis les années 1990, dans un contexte géopolitique et géoéconomique qui connaît des
bouleversements importants et rapides (fin de la guerre froide, construction européenne, mondialisation),
la république française se modernise, s’adapte, et connaît de profonds changements, tant politiques, avec
des réformes constitutionnelles majeures, que sociaux et sociétaux, sans pour autant remettre en cause
ses fondements : la Ve République demeure.
A. La Cinquième République : un régime stable qui connaît de

nombreuses réformes institutionnelles
1. Des alternances politiques
Réélu en 1988, François Mitterrand exerce à nouveau un septennat marqué par une nouvelle cohabitation.
En effet, la droite remporte les élections législatives de 1993. Puis, elle conquiert tous les organes du
pouvoir en 1995 avec l’élection à la présidence de la République de Jacques Chirac. Mais, en 1997, Jacques
Chirac fait le pari de renforcer sa majorité en provoquant la dissolution de l’Assemblée Nationale. L’inverse
se produit : la gauche gagne les élections et Lionel Jospin est nommé Premier ministre : une autre
cohabitation commence. Des réformes importantes sont votées : baisse du temps de travail à 35 heures,
emplois jeunes, couverture maladie universelle (CMU), PACS (pacte civil de solidarité) qui permet à des
couples hétérosexuels ou homosexuels de former une union reconnue par la loi sans avoir à se marier.
En 2002, Chirac est réélu après un second tour « surprise » face à Jean-Marie Le Pen, candidat du Front
National. Depuis, il n’y a plus eu de cohabitation en France. Après le mandat de Jacques Chirac ont suivi
ceux de Nicolas Sarkozy (2007-2012), François Hollande (2012-2017) et Emmanuel Macron (depuis 2017).
La période est marquée par une défiance importante à l’égard de la classe politique dont témoignent à la
fois l’abstention aux élections, la crise des Gilets Jaunes ou encore l’érosion des partis politiques anciens
comme le Parti Socialiste ou Les Républicains.
2. La modernisation de la République
a. Les réformes institutionnelles des années 2000

En 2000, le mandat du Président de la République a été réduit à 5 ans pour l’aligner sur la durée du
mandat des députés et limiter ainsi fortement les risques de cohabitations. C’est une décision politique
très importante. Elle a contribué doublement à renforcer le rôle du Président : d’une part, le calendrier
électoral plaçant l’élection du Président avant celle des députés, il est logique qu’il bénéficie de la
majorité législative ; d’autre part, sans risque de cohabitation, il est assuré de mener sa politique pendant
toute la durée de son mandat.
Depuis les années 1980, les gouvernements cherchent à réduire la prédominance de Paris en transférant
des compétences et des budgets aux collectivités locales comme les régions, les départements ou les
communes. En 2003, la Constitution fait de la France « une république centralisée ». Elle permet par
exemple d’organiser des référendums locaux et reconnaît l’autonomie financière des collectivités locales.
La loi MAPTAM (Modernisation de l’Action Publique Territoriale et d’Affirmation des Métropoles) de 2014
et la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) de 2015 renforcent les compétences
des régions et obligent les communes à se regrouper en intercommunalité. En 2016, le nombre
des régions se réduit de 22 à 13, dotées de compétences accrues. La crise du coronavirus a montré
également l’importance de l’échelon local dans la gestion des crises.
En 2008, la constitution est modifiée pour accorder plus de pouvoirs au Parlement, encadrer certains du
président de la République et donner de nouveaux droits aux citoyens

b. Vers d’autres réformes ?
Alors que certains candidats à l’élection présidentielle de 2017 avaient appelé à une VIe République, le
Président Macron propose au printemps 2018 une réforme constitutionnelle. Mais rattrapé par l’affaire
Benalla (affaire judiciaire mettant en cause un chargé de mission du Président), par les contestations des
« Gilets Jaunes », par la crise de la Covid-19, la réforme est mise de côté.
B. Les évolutions sociales depuis les années 1990

1. La place des femmes : vers la parité ?
a. La place des femmes en politique

Les femmes françaises ont eu le droit de vote tardivement, en 1944, et si en 1947 une première femme est
ministre, aucune n’a été Présidente de la République et une seule, brièvement, Première ministre (Édith
Cresson, quelques mois en 1991-1992). En 1999, la loi sur la parité oblige les partis à présenter autant
de femmes que d’hommes sur les listes électorales. Alors qu’en 2000, les femmes ne représentaient que
10 % environ des députés, elles en représentent 40 % depuis 2017.
b. Une place plus importante dans la vie économique et sociale

Alors que les femmes représentent désormais la moitié de la population active, elles demeurent
surreprésentées dans les emplois précaires et les temps partiels et leur salaire est inférieur de 18,5 % à
celui des hommes.
Depuis la loi sur l’IVG (1 975), le contrôle des naissances progresse (IVG médicamenteuse, délai pour
avorter élargi, libre décision des mineures, délit d’entrave à l’IVG). Par ailleurs, les violences faites aux
femmes, notamment dans le cadre conjugal, sont de plus en plus dénoncées et punies.
2. Les transformations de la famille

La place et la forme de la famille ont évolué et le modèle traditionnel (un père et une mère mariés,
plusieurs enfants) est chamboulé par l’explosion du nombre de divorces (près de 45 % des mariages), les
familles dites « recomposées », le concubinage, la reconnaissance des couples homosexuels (notamment
grâce au PACS en 1999 et au « mariage pour tous » en 2012), la légalisation, en 2020, de la PMA.
3. La question de la laïcité travaille la société française
a. Une longue histoire française

En France, la laïcité, déjà ancrée dans l’école avec les lois Ferry, s’est imposée au début du XXe siècle,
avec la loi de 1905 instituant la séparation des Églises et de l’État. L’État, pour respecter son obligation
de neutralité vis-à-vis des religions, n’en reconnaît aucune, ne les subventionne pas et ni salarie les
personnels religieux, le but étant de protéger la liberté de conscience et de culte de chacun de ses
citoyens. La laïcité devient même un principe constitutionnel en 1946.
b. La laïcité depuis 2004

Les débats sur la notion de laïcité se sont multipliés ces dernières années notamment au sujet des signes
religieux à l’école pour les élèves. En 2004, une loi interdit les signes religieux ostentatoires. Les attentats
de janvier 2015 donnent à la laïcité une actualité tragique et leurs impacts révèlent l’attachement profond
des Français aux valeurs qui lui sont liées mais également les tensions qui parcourent la société française.

Conclusion
Tant sur le plan politique et institutionnel que sur le plan social, la France a donc connu de profondes
évolutions depuis les années 1990. La Ve République a résisté malgré les nombreuses crises
économiques, politiques, sociales comme celle des Gilets Jaunes en 2018 ou encore sanitaire comme
celle de la Covid-19 en 2020. Elle s’est enracinée et a su s’adapter aux évolutions, notamment en
réaffirmant le principe de laïcité, en menant un combat pour l’égalité des droits.
Synthèse
Du monde unipolaire au monde multipolaire

Attentats
du 11 septembre
Fin
de la
guerre
froide
1991 2001
1991 : Trente ans de conflits ?

première guerre du golfe
Attentats
1993 : 2011 2014
accords d’Oslo du 11 septembre
Fin Guerre d’Afghanistan
de la 1994 : 1998 :
guerre génocide Création
des Tutsis de la Cour pénale
froide au Rwanda internationale
1991 2001
1991 : Ou trente ans de coopération ?

Abolition de l’Apartheid
Attentats
1993 : 1994 : 2001 : 2019 :
accords d’Oslo création d’un tribunal du 11 septembre coalition internationale avec La coalition internationale
Fin pénal international l’accord de l’ONU pour la met fin à l’appropriation de
de la 1993 : pour le Rwanda 1998 : guerre contre les Talibans territoire par Daech
guerre création d’un tribunal Création
pénal international de la Cour pénale
froide pour la Yougoslavie internationale
1991 2001

Glossaire
• Apartheid : Séparation institutionnelle entre les populations sur la base de critères soi-disant raciaux
(Blancs/Noirs) imposée en Afrique du Sud des années 1950 à 1991 par la minorité blanche et raciste au
pouvoir.
• Alternance : Il y a alternance lorsque deux présidents de camps politiques opposés se succèdent.
• Atlantisme : Politique qui prône un alignement sur les grandes lignes de la politique internationale des
États-Unis. L’adhésion à l’OTAN est une des expressions de l’atlantisme. Cette position est aujourd’hui
fragilisée par le départ de l’un de ses tenants les plus actifs (la Grande-Bretagne) et l’isolationnisme de
l’administration Trump.
• Cohabitation : Situation politique particulière dans laquelle le président de la république et le premier
ministre ne sont pas issus de la même famille politique.
• Conflit asymétrique : Conflit qui oppose une armée régulière ou des forces de police à des éléments
terroristes ou à des guérillas difficiles à réduire
• Épuration ethnique : Terme désignant une politique et une pratique visant à faire disparaître d’un terri-
toire un groupe en fonction de son identité ethnique et en utilisant la force ou l’intimidation. La notion
est indéfinie sur le plan juridique. Il peut désigner l’émigration forcée, les déplacements de popula-
tions, la stérilisation généralisée voire le génocide.
• Europessimisme : Pessimisme vis-à-vis de la construction politique de l’Europe et de son avenir.
• Fédéralisme : Mode d’organisation dans lequel chaque État dispose d’une certaine autonomie et
délègue certains de ses pouvoirs à un organisme central, dit fédéral. Les États renoncent donc à une
large part de leur souveraineté.
• Institutions supranationales : Institutions placées au-dessus des institutions nationales, et dont les
décisions s’imposent à chaque État membre. Dans une organisation supranationale, les décisions ne
sont pas prises par la réunion des chefs d’États ou de leurs représentants, mais par des institutions
propres à cette organisation (ex : la CECA).
• Intégration : Processus par lequel des pays se rattachent à un ensemble plus développé ou plus
puissant et s’alignent sur lui. L’intégration va donc bien au-delà de la simple coopération entre États.
• Parité : Représentation équitable de chaque sexe dans les institutions politiques et décisionnaires.
• Souverainisme : Mouvement ou doctrine politique qui défend la souveraineté des nations en Europe.
Les souverainistes militent pour une « Europe des États » ou « Europe des Nations » respectant et
préservant l’autonomie politique des États. Ils s’opposent aux partisans du fédéralisme européen.
• Sionisme : (de Sion, nom biblique de Jérusalem, ville également du judaïsme) Mouvement religieux et
politique, visant à l’établissement – considéré par certains comme un retour – de la communauté juive
dans un État juif en Palestine.
• Terrorisme : Emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique (attentats, destruc-
tions, prise d’otages).

• Puissance • Identifier, nommer les périodes historiques, les ruptures et

les continuités
• Gouvernance mondiale
• Identifier et expliciter des dates et acteurs clés de grands
• Mondialisation événements
• Conflictualité • Contextualiser : mettre un événement ou une figure en
• Approfondissement perspective, mettre en relation des faits ou événements de
nature, période, localisation différente.
• Élargissement
• Européisme approche historique
• Euroscepticisme • Utiliser une approche historique pour construire une
argumentation
• Présidentialisme
• Décentralisation
• Parité
• Laïcité

SÉQUENCE 8
LA FRANCE ET SES RÉGIONS DANS L’UNION EUROPÉENNE ET DANS LA MONDIALISATION : LIGNES DE FORCE ET RECOMPOSITIONS
Partie 1 – La France et ses régions
La France est un État puissant qui agit pour favoriser l’intégration de ses territoires dans la mondialisation.
Mais l’État n’est pas le seul acteur à agir pour aménager le territoire et améliorer son intégration aux
échelles européenne et mondiale. Dans ce domaine, les acteurs locaux jouent un rôle de plus en plus décisif.
Proches des habitants et du terrain, ces échelons locaux disposent de savoir-faire et de connaissances qui
leur ont permis de devenir des acteurs incontournables dans la transformation des territoires.
La région fait partie de ces acteurs décisifs : son périmètre, ses compétences renforcées et sa connaissance
du terrain font d’elle un échelon stratégique en termes d’intégration européenne et mondiale. Chaque
région, dans un contexte local propre, a la mission d’agir pour rendre son territoire attractif.
Tous les territoires ne sont pas confrontés aux mêmes enjeux. À l’échelle nationale, les lignes de forces
et les recompositions nombreuses dessinent un territoire inégalement peuplé, inégalement productif
et inégalement intégré aux échelles européenne et mondiale. Chaque territoire est donc confronté à un
contexte en fonction duquel il doit définir ses objectifs propres.
Quels sont les acteurs qui agissent pour transformer notre territoire et pour faciliter son intégration aux
échelles européenne et mondiale ? En fonction de quels objectifs et pour quels effets ?
A. Les acteurs de l’aménagement du territoire dans le contexte

d’intégration européenne et mondiale
L’aménagement du territoire est le nom donné à un ensemble d’actions menées par des acteurs privés ou
publics qui interviennent sur un territoire donné et façonnent son paysage. C’est l’expression spatiale des
politiques économiques, sociales, culturelles et écologiques de toute société.
Les acteurs de l’aménagement du territoire national
Décisions
UE ÉTAT
Candidatures à projet
Aides financières
Aides financières
Candidatures
Orientation
à projet
Collectivités
Territoriales
L’État demeure le responsable de la cohésion nationale et de la réduction des inégalités entre les
territoires mais les collectivités locales et donc les régions sont des acteurs de plus en plus stratégiques.
L’élargissement du champ de compétences des conseils régionaux débute dès les années 1980. Les lois de
décentralisation de 1982 en font des collectivités territoriales. Progressivement, leurs pouvoirs sont renforcés
par les lois de 1999 puis de 2004 en matière de développement (durable, économique, social et culturel).

La région passe d’une simple identité de gestion au service de l’État à une identité de projet. L’échelon
régional devient le cadre territorial reconnu de la politique contractuelle (contrats de projets État-Région)
et le niveau préférentiel pour stimuler les capacités d’innovation et d’action des acteurs locaux.
Les départements sont pour l’essentiel en charge de la cohésion sociale, avec des compétences dans
les domaines sanitaires, sociaux et éducatifs. Ils contribuent à l’insertion sociale et professionnelle des
individus et au soutien des personnes âgées ou handicapées.
Les communes sont responsables des actions de proximité. Les maires, représentants de l’État, sont les
premiers référents des habitants, sur tous les fronts de l’action citoyenne.
Les intercommunalités sont nées au milieu des années quatre-vingt-dix. Ce sont des territoires
de projets, c’est-à-dire des structures juridiques dans lesquelles des communes se regroupent
volontairement et mettent en commun des moyens financiers et humains autour de projets. La promotion
de l’intercommunalité est impulsée puis imposée par l’État. Ce regroupement de communes au sein
d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) répond à deux objectifs principaux :
la gestion commune de certains services publics locaux et la réalisation d’équipements locaux. Le but
est de mieux répartir les coûts et de profiter d’économies d’échelle en contribuant collectivement au
développement local.
B. Les enjeux de l’aménagement dans le contexte d’intégration

mondiale et européenne
La mondialisation a un impact direct sur les territoires. À toutes les échelles, les territoires sont mis
en compétition les uns avec les autres. La compétitivité d’un État se joue aujourd’hui sur l’attractivité
de ses territoires. L’action des collectivités vise donc à rendre le territoire compétitif dans un contexte
de concurrence européenne et mondiale. L’attractivité est d’abord liée à l’accessibilité : elle est le
premier enjeu pour les acteurs de l’aménagement du territoire. Des territoires enclavés ont peu
de chances d’attirer des entreprises. Les transports jouent donc un rôle essentiel dans la politique
d’aménagement des acteurs publics. Les chantiers de lignes à grande vitesse sont l’objet de toutes les
attentions des collectivités comme c’est le cas de la ligne Tours-Bordeaux-Toulouse, par exemple. La
mise en service de nouveaux tronçons d’autoroutes vise, à terme, à ce qu’aucun territoire français ne
soit éloigné de plus de 50 km d’une autoroute (horizon 2 025). Le développement du réseau numérique
et des télécommunications va dans le même sens, il renforce l’accessibilité des territoires. C’est pour
cette raison que les acteurs publics locaux sont prêts à financer la couverture en très haut débit de leur
territoire.
Pour les collectivités, mais surtout pour l’État et l’Union Européenne, le second enjeu de l’aménagement
reste un développement harmonieux de tous les territoires et donc la lutte contre les inégalités spatiales.
L’Union Européenne mobilise des fonds pour atteindre cet objectif. Toutes les régions (en France et en
Europe) peuvent bénéficier d’un financement de l’Union européenne, selon leur niveau de développement
et leurs besoins : les territoires les plus en retards, telles les régions ultrapériphériques d’outre-mer ;
les régions en transition, pénalisées par les effets négatifs de la mondialisation et de l’intégration
européenne que sont la désindustrialisation et les délocalisations ; mais également les régions les plus
dynamiques, afin de renforcer leur compétitivité.
Toutes les régions françaises reçoivent une aide financière de l’UE. Les régions françaises se situent
pour l’essentiel dans la catégorie des territoires les plus développés ou des territoires en transition. Les
régions les moins dynamiques ne sont pas nécessairement celles qui reçoivent les montants les plus
élevés. Si la Réunion est la région la plus soutenue financièrement, il apparaît que parmi les régions
métropolitaines qui ont bénéficié des aides les plus importantes (Nord-Pas-de-Calais, Auvergne, Rhône-
Alpes, PACA, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Aquitaine), seuls le Nord-Pas-de-Calais et le
Languedoc-Roussillon ne comptent pas parmi les régions les plus développées.

L’UE réserve également des fonds pour la coopération entre ses territoires. Les régions frontalières
françaises peuvent en bénéficier. Ces territoires représentant 20 % du territoire français et plus
de 10 millions d’habitants, ils font l’objet d’une attention particulière. Alors qu’ils devraient être
particulièrement dynamiques, on observe que les emplois et la valeur ajoutée se créent bien souvent
de l’autre côté de la frontière : les territoires frontaliers subissent des délocalisations d’entreprises
et d’emplois vers les pays voisins (Suisse, Luxembourg, Belgique). Cette situation s’explique par un
déséquilibre fiscal et social qui joue au détriment des territoires français.
C. Les effets différenciés de la mondialisation et de l’intégration

européenne sur les territoires
En dépit de la lutte contre les inégalités spatiales, le contexte actuel de mondialisation et d’intégration
européenne favorise certains territoires et a tendance à en marginaliser d’autres. Certains territoires sont
mieux dotés que d’autres pour être compétitifs dans la production de richesses.
La métropolisation est la principale traduction spatiale de la mondialisation. Les métropoles sont les
villes qui concentrent les populations, les emplois, les richesses, et surtout les fonctions métropolitaines.
Les espaces productifs les plus dynamiques sont d’abord localisés dans les grandes villes qui
concentrent les activités décisionnelles et qui sont dotées d’infrastructures de transport permettant une
ouverture européenne et mondiale. Les métropoles concentrent emplois et population. Ainsi, Marseille
concentre près de 40 % des emplois de sa région, Lyon plus de 20 %.
Même pour les villes plus modestes, cette part reste élevée : Rouen concentre presque 20 % des emplois
en Normandie.
Plus la croissance urbaine est forte et plus elle est inséparable de la concentration sans cesse accrue
des emplois et des productions de richesses. Les grandes villes concentrent en particulier les « fonctions
métropolitaines », c’est-à-dire les activités de conception et de recherche, les services aux entreprises
(conseil, informatique, transport, commerce …), les services culturels (médias) et les activités de loisirs.
Ces activités représentent près de 40 % des emplois à Paris, 30 % dans les grandes villes. Paris et les
principales métropoles concentrent environ les 2/3 de ces emplois à l’échelle nationale.
C’est en fonction du rayonnement de ces activités que l’on peut hiérarchiser les métropoles. Selon les fonctions
prises en considération, elles peuvent avoir une influence régionale, nationale, européenne ou mondiale.
La proximité des métropoles a donc un rôle déterminant sur l’attractivité économique des territoires. Ainsi,
dans le contexte de mondialisation et de tertiarisation de l’économie, certains espaces disposent d’atouts
pour être compétitifs dans la production de richesses. Ce sont des espaces productifs spécifiques :
– Les zones industrialo-portuaires (ZIP) : Sur les littoraux, des industries lourdes se développent
dans les zones portuaires. Ces espaces se caractérisent aussi par la création de zones de décharge-
ment, de terminaux pétroliers, de cuves de stockage d’hydrocarbures et d’usines pétrochimiques ou
sidérurgiques.
– Les technopôles : Un nouveau tissu industriel s’est constitué autour de la haute technologie,
nécessitant une main-d’œuvre qualifiée. Le concept de technopôle désigne des espaces rassem-
blant des usines modernes, des centres de recherche, des universités, des grandes écoles et des
laboratoires. Ils sont souvent installés à distance raisonnable d’une grande ville (qualité du cadre de
vie) et d’un aéroport.
– Les pôles de compétitivité : La politique nationale des pôles de compétitivité a été lancée par le
gouvernement en 2004. Un pôle de compétitivité rassemble sur un territoire délimité des entre-
prises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation qui travaillent dans un
même secteur d’activité (dans des domaines technologiques émergents telles les nanotechnologies,
les biotechnologies, les écotechnologies ou dans des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique
ou les technologies du numérique). L’objectif commun est de favoriser le développement de projets
collaboratifs de recherche et développement innovants.

Les dynamiques industrielles en France
Le réseau de transport en France
L’organisation du territoire se caractérise donc par la prédominance des métropoles et les transports
exercent traditionnellement un rôle stratégique dans l’organisation du territoire.
Certaines lignes de force traditionnelles persistent comme le poids économique exercé par certains
territoires comme la région Rhône-Alpes, la vallée de la Seine, l’Alsace ou le Nord-Pas-de-Calais.

Cependant, la distinction entre deux France séparées par la ligne Le Havre/Paris/Lyon/Marseille, l’une
plus productive, bien desservie par les réseaux de transport et bien intégrée, l’autre plus rurale et
marginalisée, s’estompe depuis les années 1990 dans le cadre de la mondialisation.
Ainsi, les territoires situés sur les façades atlantique et méditerranéenne connaissent une forte
attractivité du fait de leurs aménités, en particulier les littoraux – propices au déploiement des activités
logistiques et touristiques –, et les métropoles (Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier),
Les territoires frontaliers deviennent également des espaces privilégiés. Les frontières du nord et du
nord-est, proches de la dorsale européenne, sont les plus dynamiques car elles profitent des activités de
la mégalopole européenne.
Les territoires les moins dynamiques restent les espaces enclavés, peu peuplés ou subissant un solde
migratoire négatif dû, notamment, à l’exode des jeunes actifs (et notamment ceux qui sont les plus
qualifiés).
Conclusion
Dans le cadre de ces lignes de force et recompositions, les acteurs locaux tentent d’agir pour rendre leur
territoire attractif. La région est en première ligne étant donné ses compétences en matière économiques
et son périmètre d’action.
Synthèse
Renforcement Domination Axes Connexion entre Rayonnement
de la concentration des grandes aires de transports les métropoles et attractivité Rôle exceptionnel
de la population urbaines multimodaux et Paris des métropoles de Paris
Littoraux Un territoire Un territoire structuré

Un territoire polarisé
intérieurs inégalement occupé par de grands axes
Lignes de force
TERRITOIRES FRANÇAIS DANS L’UE ET DANS LA MONDIALISATION
Intégration à la Recomposition des territoires Espaces industriels

mondialisation en reconversion
Diversité et acteurs Des territoires Espaces agricoles

Intégration à l’UE Des territoires marginalisés extensifs
des recompositions et marginalisés
attractifs
Acteurs publics DROM

et privés
Espaces productifs Territoires ruraux

Métropoles insérés dans la
mondialisation revitalisés

Glossaire
• Accessibilité : Plus ou moins grande facilité d’accès à un lieu par les moyens de transport.
• Aménité : Ensemble des éléments qui constituent un cadre de vie agréable et attractif pour les
habitants et les entreprises.
• Collectivités territoriales : Structures administratives françaises, distinctes de l’administration de
l’État, prenant en charge les intérêts de la population d’un territoire précis.
• Compétitivité : Pour un territoire, capacité à présenter des avantages dans la concurrence qui s’exerce
à l’échelle mondiale pour attirer les investissements et les emplois (qualité des équipements, de la
main-d’œuvre, image...).
• Convergence : Ensemble des actions visant à réduire les inégalités entre les territoires au sein de
l’Union Européenne en favorisant le rattrapage des territoires en retard économique.
• Décentralisation : Transfert des compétences aux collectivités territoriales.
• Enclavement : Caractère d’un territoire mal desservi par les moyens de transport se trouvant éloigné
des autres territoires.
• Héliotropisme : Attractivité exercée par les territoires offrant un climat agréable avec un bon ensoleil-
lement.
• Recomposition : Réorganisation des territoires liée à des dynamiques variées (par exemple la
mondialisation ou l’intégration européenne).
• Reconversion : Adaptation des territoires, généralement utilisée pour désigner les conséquences de la
désindustrialisation et la recherche d’activités économiques nouvelles.
• Solde migratoire : Selon l’INSEE, il s’agit de « la différence entre le nombre de personnes qui sont
entrées sur un territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l’année ».
• Aménagement des territoires • Répondre à des questions à partir d’un ou plusieurs

documents.
• Collectivité territoriale
• Région
à la géographie
• Conduire une démarche géographique et la justifier
• Construire une argumentation géographique

MÉTHODOLOGIE
Les exercices exigibles à l’examen sont de trois types en histoire et géographie : la réponse à une question
problématisée, l’étude de documents et la réalisation d’une production graphique.
A. La question problématisée
Il s’agit d’une réponse rédigée et construite. Le candidat doit montrer qu’il a acquis des capacités d’analyse, qu’il
maîtrise des connaissances, sait les sélectionner et les organiser de manière à répondre à la problématique de la
question. L’intitulé de la question suggère des éléments de construction de la réponse.
• Présentation de l’exercice
Votre réponse doit être un texte rédigé d’environ 3 pages. Ce texte devant être construit, c’est-à-dire
organisé, il convient d’abord d’analyser chacun des termes de la problématique et de vous aider des
précisions apportées dans l’énoncé de la consigne pour structurer votre propos.
La réussite de l’exercice nécessite la rédaction :
— d’une introduction ;
— d’un développement structuré en plusieurs parties et paragraphes ;
— d’une conclusion.
• Rédiger une introduction

L’introduction ne doit pas être négligée. Nous conseillons de la rédiger intégralement au brouillon, après
avoir élaboré le plan de votre développement. Cette introduction doit être structurée en trois parties :
— une présentation du sujet, qui peut proposer une phrase d’accroche qui constitue l’entrée dans le
sujet, définir les limites spatiales du sujet, situer les territoires étudiés, contextualiser le sujet.
— une annonce de la problématique. Plutôt que de poser une question, nous conseillons une formula-
tion sous forme affirmative, qui permet de confirmer la bonne compréhension des termes et des enjeux
du sujet puis de définir le fil directeur de l’analyse.
— une description du plan proposé dans le développement. Vous pouvez tenir compte des indications
proposées dans la consigne qui accompagne la question problématisée formulée dans le sujet.
• Rédiger le développement
La rédaction du développement doit respecter quelques principes fondamentaux :
— Organiser ses idées en deux ou trois parties bien distinctes, qui analysent les deux ou trois grandes
idées directrices de la réponse.
— Chaque partie commence par une phrase qui annonce l’idée principale.
— Construire chaque partie en deux ou trois paragraphes :
• Chaque paragraphe permet de développer un argument précis
• Chaque paragraphe commence par une phrase qui annonce l’argument, ensuite explicité.
• Chaque argument est accompagné de quelques exemples, développés en quelques phrases.

— Nous vous conseillons de construire au brouillon le plan détaillé de votre développement, en rédigeant
totalement les phrases de chacune des parties et des paragraphes qui les composent.
• Rédiger la conclusion
La conclusion ne doit pas être négligée. Nous conseillons de la rédiger intégralement au brouillon avant
de commencer la rédaction du développement sur votre copie. Elle constitue un bilan, qui peut :
— reprendre en quelques phrases les idées fortes de votre analyse, qui répondent à la problématique.
— proposer une phrase d’ouverture qui élargit le sujet dans l’espace ou le temps.
B. L’Analyse de document(s)
L’analyse de document(s) est accompagnée d’une consigne suggérant une problématique et des éléments de
construction de l’analyse. Le ou les documents, en histoire comme en géographie, comporte(nt) un titre et, si
nécessaire, un nombre limité de notes explicatives.
• Présentation de l’exercice
L’analyse de document vous conduit à rédiger un texte structuré, d’environ 2 pages.
L’exercice ne consiste pas à répondre à une succession de questions. Il s’agit de rédiger un texte qui
réponde à la problématique proposée dans la consigne. Il convient donc d’abord d’analyser chacun des
termes de cette problématique et de vous aider des précisions apportées dans l’énoncé de la consigne
pour structurer votre propos.
Pour rédiger votre réponse de façon structurée vous devez utiliser non seulement les informations
prélevées dans le(s) document(s) mais aussi vos connaissances. Il ne s’agit pas de se contenter de faire
de la paraphrase des documents.
La réussite de l’exercice nécessite la rédaction :
— d’une introduction ;
— d’un développement, structuré en plusieurs parties et paragraphes. Il doit associer, à la fois, les
informations prélevées dans les documents et les connaissances qui facilitent leur compréhension et
complètent le(s) document(s), les recontextualisent, les mettent en perspective, permettent enfin l’éven-
tuelle analyse critique de ces documents ;
— d’une conclusion.
• Rédiger une introduction

L’introduction ne doit pas être négligée. Nous conseillons de la rédiger intégralement au brouillon, après
avoir élaboré le plan de votre développement. Cette introduction doit être structurée en trois parties :
— une présentation du sujet, qui peut proposer une phrase d’accroche qui constitue l’entrée dans le
sujet, définir les limites spatiales du sujet, situer les territoires étudiés, contextualiser le sujet.
— une présentation des documents, qui permet de préciser leurs idées directrices, de confirmer votre
bonne compréhension des termes du sujet et de la problématique.
— une annonce du plan proposé dans le développement. Vous pouvez tenir compte des indications
proposées dans la consigne qui accompagne la question problématisée formulée dans le sujet.

• Rédiger le développement à partir des informations prélevées dans les
documents et de ses connaissances
— Votre développement doit être structuré en 2 ou 3 parties, chacune construite en quelques
paragraphes, avec une argumentation qui part des informations données par les documents puis les
enrichit avec vos connaissances, pour compléter les informations fournies par les documents, les mettre
en perspective, ou les nuancer, les critiquer. Les consignes précisées dans l’énoncé du sujet vous aident
à construire la structure de votre texte, qui dépend des documents proposés et est souvent facilitée par
une bonne maîtrise du cours.
— Si deux documents sont proposés, il ne s’agit surtout pas de construire simplement une partie autour
de chaque document, mais plutôt de privilégier leur mise en relation (utilisez donc, autant que possible,
tous les documents pour chacune des parties de votre analyse).
— Pour citer les documents vous avez diverses possibilités : reprendre un extrait du document que vous
mettez entre guillemets ou reformuler les informations extraites en citant le document dans lequel vous
les avez prélevées.
• Rédiger la conclusion
La conclusion ne doit pas être négligée. Nous conseillons de la rédiger intégralement au brouillon avant
de commencer la rédaction du développement sur votre copie. Elle constitue un bilan, qui peut :
— reprendre en quelques phrases les idées fortes de votre analyse, qui répondent à la problématique.
— proposer une phrase d’ouverture qui élargit le sujet dans l’espace ou le temps.
C. La production graphique
Lorsque la production graphique est un croquis, ce croquis est réalisé à partir d’un texte élaboré pour l’exercice qui
présente une situation géographique. Un fond de carte est fourni. Le candidat fait preuve d’une grande autonomie
pour identifier, organiser et hiérarchiser les éléments à représenter et construire la légende. Dans le cas d’une
autre production graphique, les consignes et les données servant à l’élaboration de cette production sont fournies
avec l’exercice.
Deux exercices de production graphique nous semblent ici privilégiés : la construction d’une carte
mentale et celle d’un croquis cartographique.
• Réaliser une production graphique : une carte mentale

— La carte mentale nécessite de sélectionner des idées, de les classer, mais aussi de les hiérarchiser.
— Vous devez donc dans un premier temps définir les deux ou trois grandes idées directrices, qui vont
constituer les deux ou trois parties de votre analyse.
— À chaque idée directrice, associez ensuite les idées importantes, qui vont structurer chacune des
parties.
— Enfin, chacune de ces idées importantes est reliée à des informations approfondies, à des exemples
précis qui permettent d’approfondir votre analyse et ainsi de valoriser votre maîtrise des connaissances
fondamentales du cours.

• Réaliser une production graphique : un croquis à partir d’un texte
— Pour construire le croquis, il s’agit de prélever les informations dans le texte géographique proposé
pour l’exercice.
— La légende doit être considérée comme une réponse structurée à la problématique proposée : la
structure du texte vous aide à construire cette légende organisée.
— Une fois les idées importantes sélectionnées dans le texte et la légende construite, il faut choisir les
figurés qui conviennent. Les figurés ponctuels donnent des informations sur des lieux précis (une ville,
un port). Deux figurés de formes différentes identifient deux lieux de nature différente. Deux figurés de
formes identiques mais de tailles différentes montrent une hiérarchie (ville majeure, ville secondaire).
Le choix des couleurs respecte d’abord des conventions : les espaces peuplés en rouge, les espaces
maritimes en bleu, les forêts et les campagnes en vert. Les couleurs permettent également de rendre
compte de la hiérarchisation des espaces : des couleurs vives ou foncées pour les espaces dynamiques,
des couleurs plus claires pour des espaces moins dynamiques.
D. Le langage cartographique
Pour toute réalisation cartographique, il est important de respecter un langage cartographique, c’est-à-
dire respecter les règles de base de construction d’une carte. Nous allons passer en revue les différentes
règles qu’il faut respecter.
• Les grands types de figurés

Pour réaliser une production cartographique, vous aurez à utiliser trois grands types de figurés :
• Les figurés ponctuels

es figurés sont souvent des formes géométriques. La forme est très vite identifiée par l’œil (moins
C
d’une seconde). La forme d’un élément graphique est définie par les contours de cet élément. Il existe
donc de nombreuses formes.
Ces figurés servent à localiser un lieu précis dans l’espace : villes, ports, mines, industries, technopoles,
aéroports… Il est possible de les combiner mais attention au-delà de six ou sept formes géométriques
différentes votre légende va devenir compliquée à lire et votre carte sera confuse.
uand c’est possible, mieux vaut éviter les figurés expressifs ou symboliques comme dessiner un petit
Q
bateau pour représenter un port ou un avion pour un aéroport, car à la main il est très difficile d’être
régulier et vos figurés risquent alors d’être différents ce qui va rendre la carte plus difficile à lire. Plus
le figuré est compliqué à dessiner et plus vous passerez du temps à le reproduire. Or votre temps est
précieux.
Dans un figuré, on peut ajouter du noir, et bien sûr de la couleur. Les couleurs n’étant pas neutres, si vous
faites un figuré rouge, c’est ce figuré que l’on verra en premier.

On peut faire varier la taille du figuré en fonction de l’importance. Il faut alors garder la même forme et
faire par exemple un petit carré, un carré moyen et un grand carré. C’est pourquoi il faut choisir un figuré
simple (carré, rond) pour faire varier la taille plutôt qu’un figuré complexe. Cette variation de la taille
implique un classement : les grandes villes, les villes moyennes et les petites villes. Il vous est possible
alors d’établir un classement, comme le montre l’exemple ci-contre (Grandes villes à l’échelle mondiale).
Mégapole (Plus de 8 millions d’habitants)
Autres villes importantes
Dans ce cas il faut garder tout le temps la même couleur. Mais la couleur peut intervenir pour mettre en
place un autre classement, comme le dynamisme. Dans ce cas-là on choisit des couleurs vives pour les
villes dynamiques et des couleurs froides pour les villes perdant des habitants et des activités.
Ville dynamique, forte augmentation de la population et des activités
Ville en légère augmentation (population + activités)
Ville en déclin
Pour des éléments similaires ou proches, il vaut mieux garder le même figuré et faire varier la couleur.
Sur une carte, si on veut faire la distinction entre pétrole et gaz naturel, on peut garder le même figuré (le
triangle par exemple) et procéder comme ci-contre. Ce choix permettra au lecteur de mieux comprendre
votre démarche car les triangles, quelle que soit la couleur, correspondent aux hydrocarbures.
• Les lignes
Il existe un nombreux choix de lignes mais on se retrouve vite limité dans le nombre de figurés malgré
tout, à la différence des implantations ponctuelles.
Les traits sont très utiles pour tracer des limites (limites climatiques, limites entre pays : frontières, limite
Nord Sud, limites de plaques ...) ou des réseaux de communication (route, chemin de fer, oléoducs ...).
Voici quelques exemples de traits :
En implantation linéaire, on peut également faire varier la taille du figuré pour indiquer un classement
en fonction de l’importance. Voici ce que cela donne pour un réseau routier par exemple.

Pour différencier les types de réseaux on peut également choisir la couleur, avec les mêmes avantages
et inconvénients que pour les figurés ponctuels. On risque de voir en premier le rouge. Le bleu est
réservé aux flux maritimes ou fluviaux, le noir et le rouge pour les principaux axes, les flux de
marchandises, d’IDE mais on peut aussi avoir du vert (main-d’œuvre, flux migratoires) ou n’importe
quelle autre couleur en fonction du thème…
Les pointillés sont souvent employés pour les interfaces et pour les projets (ex : un projet d’extension
d’un axe de communication)
Pour montrer des dynamiques, des flux, on va utiliser un type de traits particulier : les flèches. En voici
quelques-unes :
On peut faire varier de la même façon l’épaisseur et les couleurs pour hiérarchiser les flux ou les
différencier. La petite flèche présente des flux peu importants et la grosse flèche des flux importants.
• Les aplats pour les surfaces ou les zones

Ici, vous allez utiliser des aplats colorés pour cartographier des informations qui s’étendent en surface,
comme le peuplement (densité), les différents types de régions industrielles ou agricoles…
Ville dynamique, forte augmentation de la population et des activités
Ville en légère augmentation (population + activités)
Ville en déclin
Il va donc falloir choisir des couleurs. Les couleurs ont un code, qu’il faut essayer de respecter. On peut
ainsi mettre un aplat vert pour les forêts, mettre un rouge ou un orange pour une région densément
peuplée, un violet pour une région industrielle et plutôt un jaune pour une région agricole. Mais si vous
avez plusieurs régions agricoles il faut faire des choix :
— Ces aplats sont à faire au crayon de couleur, en coloriant l’ensemble de la surface de façon modérée
pour pouvoir ensuite rajouter des informations par-dessus ces aplats.
— On peut ensuite faire varier la couleur afin de montrer les différences entre les phénomènes repré-
sentés par les plages colorées. On peut faire varier les couleurs selon l’ordre des couleurs de l’arc-en-
ciel, ce qui donne la légende suivante pour la densité par exemple :
Faible densité → Forte densité

On peut faire varier le ton d’une même couleur, ce qui donne la légende suivante. Ce choix est plus
difficile à réaliser à la main.
Pour montrer une opposition (richesse, pauvreté par exemple) Il faut employer une opposition chaud-
froid. Les couleurs chaudes (jaune, orange, rouge) pour les régions et éléments dynamiques et les
couleurs froides (verts, bleus et violet) pour les éléments peu dynamiques et marginaux… Comme notre
œil voit en premier les couleurs chaudes et notamment le rouge, il faut garder cette couleur pour les
phénomènes les plus importants, ce que l’on veut montrer absolument.
Avec les plages colorées on peut combiner des hachures ou des points pour croiser deux informations.
Sur une carte, vous avez indiqué les régions peuplées et moins peuplées grâce à un dégradé de couleur
(jaune, orange, rouge), vous souhaitez représenter les régions dynamiques au niveau économique
par-dessus. La solution est alors de faire des hachures ou des points en noir.
Ensuite il faudra faire attention à la superposition. Il faut que les deux plages soient lisibles, celle en aplat
coloré et celle en hachure.
Faites attention aux couleurs car vous pouvez facilement vous faire piéger par leur utilisation :
— Les densités, les niveaux de dynamisme des espaces, l’intégration, la logique centre périphérie sont
souvent indiqués par des dégradés de jaune orange rouge.
— Le bleu est utilisé pour les éléments en rapport avec l’eau.
— Le rouge est la couleur du dynamisme, de la densité, des villes, des centres.
— Le vert est souvent utilisé pour les flux migratoires, les éléments en rapport avec la nature…
— Le noir est souvent utilisé pour les axes de transport, le pétrole…
Si vos aplats sont réalisés avec des crayons de couleurs, vous pouvez utiliser des feutres de différentes
couleurs pour les figurés ponctuels et linéaires. Ensuite il faut habiller la carte.

• L’habillage de la carte
→ « TOLE »
Voici un procédé mnémotechnique pour ne pas oublier l’essentiel.
– T : Titre
N’oubliez pas le titre, si vous n’avez aucune idée originale, réécrivez le sujet de l’énoncé.
– O : Orientation
Une carte doit avoir une orientation. Il faut donc indiquer le Nord par une petite flèche, souvent en
haut à droite. Vous pouvez vous abstenir pour une carte du monde.
– L : Légende
Votre légende qui est en dessous de la carte (ne jamais mettre la légende au dos de la carte) doit
être ordonnée et structurée. N’hésitez pas à faire deux ou trois parties comme dans un devoir avec
des sous-titres simples (exemple : 1. les régions de vieilles industries ; 2 Les nouvelles régions
industrielles). Tracer de petits rectangles à la règle pour indiquer vos couleurs et hachures.
– E : Échelle
En général l’échelle est donnée avec le fond de carte. Elle n’est pas indispensable pour une carte
à l’échelle mondiale.
→ La nomenclature
Ce sont les noms que vous indiquez sur le fond de carte. Pour cela il faut utiliser un feutre fin et écrire à
l’horizontale. Pour les fleuves vous devez écrire leur nom en rive droite en suivant le tracé du cours.
– Les noms des mers et océans : en bleu (majuscule)

Ex : OCÉAN ATLANTIQUE
– Les noms des fleuves et cours d’eau : en bleu (minuscule)
Ex : Volga
– Les noms d’États : en noir (majuscule), éventuellement encadrés
Ex : CHINE
– Les noms des régions importantes : en noir (minuscule)
Ex : Californie
– Les noms des villes et des lieux à cartographier (ports, technopoles…) : en noir (minuscule)
Ex : Tokyo
N’oubliez pas les majuscules à tous les noms de lieux et relisez au moins deux fois la nomenclature pour
éviter toute faute d’orthographe.
→ Le dessin
nsuite il faut passer au dessin de votre carte. L’idéal est de commencer par les aplats de couleurs. Si
E
vous avez ensuite des hachures, il faut les dessiner à la règle. Puis ensuite les figurés, les lignes, les
flèches et pour finir la nomenclature. A ce moment-là, il faut faire des choix dans les noms et ne pas
surcharger votre carte.
ous devez être précis dans la localisation (vous serez notés sur cette précision). Un port maritime doit
V
être au bord de la mer, les flux maritimes traversent les océans (et ne peuvent donc pas être présents sur
les continents : ce sont alors des flux terrestres).

Votre travail doit être propre et lisible. Pour finir, si vous réalisez un schéma ou un croquis dans votre
développement, vous pouvez tracer un cadre autour de votre production (s’il n’est pas fourni), cela
renforce l’effet visuel de votre travail.
Quand tout est fini, posez-vous cette question : Mon croquis est-il clair et les informations essentielles
ressortent-elles ?
UN PETIT AIDE-MÉMOIRE
Avant de vous lancer dans les productions graphiques de type « croquis », lisez ce petit tableau synthétique qui
reprend l’essentiel des figurés que nous avons utilisés dans les différents croquis du programme de géogra-
phie. Vous devez vous approprier ces différents éléments avant de réaliser vos différents croquis ou schémas
de synthèse.
La structure est à comprendre comme l’organisation de base de tout territoire (les villes, frontières, régions,
routes ...). Vous n’allez pas utiliser les mêmes figurés si vous voulez représenter une hiérarchie entre diffé-
rents espaces ou une zone de contact.
Les processus sont les changements, évolutions que l’on peut cartographier. Ce sont les figurés que vous
allez utiliser pour montrer que les dynamiques de chaque territoire (déplacement de population, croissance
urbaine…).

Cours Fondamentaux Terminale Hist-Géo

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© CNED 2022 7HG06TEPA0022

2 CNED TERMINALE HISTOIRE GÉOGRAPHIE

Partie 1. L’impact de la crise de 1929 :

Partie 2. Les régimes totalitaires���������������������������������������16

B. Des caractéristiques communes et des spécificités�������������������������������������������������������������������������19

Partie 3. La Seconde Guerre mondiale������������������������������23

CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE 3

Partie 1. Mers et océans, vecteurs essentiels

Partie 2. Mers et océans, entre appropriation,

Partie 3. La France, une puissance maritime ?������������������� 43

4 CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE

Partie 1 – La fin de la Seconde Guerre mondiale

B. Les Alliés jettent les bases d’un nouvel ordre international���������������������������������������������������������������� 50

C. Affrontement des deux superpuissances et naissance d’importants conflits au Proche-Orient

Partie 2 – Une nouvelle donne géopolitique :

C. La Chine de Mao : l’affirmation d’un nouvel acteur international�������������������������������������������������������� 56

CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE 5

Partie 1 – Des territoires inégalement intégrés

B. Des aires de puissance en recomposition avec l’affirmation de puissances émergentes����������������� 64

C. Territoires en développement et en marginalisation���������������������������������������������������������������������������� 65

Partie 2 – Coopérations, tensions et régulations

Partie 3 – La France, un rayonnement international

6 CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE

Partie 1 – La modification des grands équilibres

B. Un monde en crise : des nouveaux enjeux internationaux, 1975-1985������������������������������������������������ 78

C. L’effondrement du bloc soviétique et l’émergence de nouveaux rapports internationaux

Partie 2 – Un tournant social, politique et culturel :

CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE 7

Partie 1 – L’Union européenne, un espace plus ou moins

B. L’Union européenne est une aire de puissance économique majeure de la mondialisation������������� 91

Partie 2 – Des politiques européennes entre compétitivité

B. Une volonté de valoriser les atouts des territoires de l’UE

Partie 3 – La France : les dynamiques différenciées

B. Les dynamiques différenciées des espaces transfrontaliers������������������������������������������������������������� 105

8 CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE

Partie 1 – Nouveaux rapports de puissance

C. Vers une gouvernance mondiale face aux défis contemporains :

Partie 2 – La construction européenne entre élargissement,

B. De 1957 à 1992 : les grandes étapes de la construction européenne������������������������������������������������ 116

Partie 3. Les évolutions de la république française

B. Les évolutions sociales depuis les années 1990��������������������������������������������������������������������������������� 121

CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE 9

Partie 1 – La France et ses régions������������������������������������ 125

B. Les enjeux de l’aménagement dans le contexte d’intégration mondiale et européenne����������������� 126

10 CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE

FRAGILITÉS DES DÉMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE (1929-1945)

CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE 11

A. De l’euphorie des années 1920 aux krachs d’octobre 29 :

1. La croissance fragile des années 1920

2. Les jours noirs d’octobre 1929

12 CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE

Contraction du crédit Baisse

Faillites industrielles Sous utilisation des services

Effondrement du pouvoir d’achat

B. La mondialisation de la crise économique

1. La ruine du nouvel ordre économique

CNED TERMINALE HISTOIRE GEOGRAPHIE 13

Manuel d’Histoire - Terminale,© Hatier 2020, p. 21

2. L’absence d’une réponse mondiale efficace

La crise de 1929 en chiffres (production, commerce international, chômage)

Effondrement de la production Effondrement du commerce international Montée du chômage

140 2000 140

Partie 2. Les régimes totalitaires��16

B. Des caractéristiques communes et des spécificités��19

Partie 3. La Seconde Guerre mondiale��23

Partie 3. La France, une puissance maritime ?�� 43

B. Les Alliés jettent les bases d’un nouvel ordre international�� 50

C. La Chine de Mao : l’affirmation d’un nouvel acteur international�� 56

B. Des aires de puissance en recomposition avec l’affirmation de puissances émergentes�� 64

C. Territoires en développement et en marginalisation�� 65

B. Un monde en crise : des nouveaux enjeux internationaux, 1975-1985�� 78

B. L’Union européenne est une aire de puissance économique majeure de la mondialisation�� 91

B. Les dynamiques différenciées des espaces transfrontaliers�� 105

B. De 1957 à 1992 : les grandes étapes de la construction européenne�� 116

B. Les évolutions sociales depuis les années 1990�� 121

Partie 1 – La France et ses régions�� 125

B. Les enjeux de l’aménagement dans le contexte d’intégration mondiale et européenne�� 126