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Générale
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE Première
Générale
Les fondamentaux
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
LES FONDAMENTAUX
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CNED, BP 60200, 86980 Futuroscope Chasseneuil Cedex, France
SÉQUENCE 1
SÉQUENCE 2
SÉQUENCE 4
SÉQUENCE 6
SÉQUENCE 8
Problématique
Comment la métropolisation contribue-t-elle à réorganiser les territoires, et cela, à toutes les échelles ?
Introduction
La saga Star Wars sortie sur les écrans de cinéma à la fin des années 1970 nous montre toute une diversité
des mondes imaginaires. C’est le cas de la planète Coruscant qui est une planète-ville, ou une ville
planétaire (au choix !) : l’ensemble de la surface de la planète a été bâtie pour accueillir plusieurs dizaines
de milliards d’habitants. Capitale de la République puis de l’Empire elle est le siège du gouvernement et
donc exerce une fonction de commandement. Foyer des Jedi, elle est le lieu de formation le plus important.
Le cinéma de science-fiction n’est jamais qu’un miroir que l’on tourne vers soi et qui nous donne une image
du monde dans lequel on vit. Dans le cas de la planète Coruscant, l’image est celle d’une extension urbaine
considérable qui a envahi l’ensemble de la planète jusqu’à la couvrir entièrement. Cette urbanisation est
l’expression de la concentration de divers pouvoirs. Ce phénomène se retrouve dans notre monde actuel.
La population mondiale s’urbanise de plus en plus. En 2007, la moitié de la population mondiale était
urbaine. Cette concentration de population dans les villes va de pair avec le regroupement d’activités
économiques et de fonctions de commandement. Les villes deviennent ainsi des métropoles.
Métropolisation et mondialisation sont liées toutes les deux. La mondialisation favorise les lieux les mieux
connectés au monde, ce qui est le cas des métropoles. La mise en concurrence des territoires, l’accélération
des transports accroît le rôle des villes les mieux pourvues et renforce le poids des fonctions d’encadrement
et de production. Les grandes villes ont un poids grandissant et les plus importantes d’entre elles exercent
un rayonnement à l’échelle mondiale. Ce processus est celui de la métropolisation.
Dans ce chapitre sur les villes dans le monde, nous verrons que la croissance urbaine est considérable
dans le monde bien qu’elle ne touche pas tous les territoires de la même façon. Ces villes deviennent de
plus en plus des métropoles concentrant population et fonctions urbaines centrées sur la production de
richesses et de services. La France est directement concernée par ce phénomène qui a vu la réorganisation
des territoires autour des espaces urbains.
1. Croissance et diversité
La population urbaine est toujours plus nombreuse. En 1960, un tiers de la population mondiale réside en
ville contre plus de 54% en 2017. Le passage symbolique de la moitié de la population mondiale résidant en
ville se fait en 2007. Cependant, la croissance de la population urbaine a tendance à diminuer. La croissance
de la population urbaine se fait donc en proportion mais aussi en valeur absolue avec une augmentation de
63 millions de personnes de plus dans les villes tous les ans, soit l’équivalent de la population française.
Rhin-Ruhr Moscou
Chicago Londres
40°N. Beijing Séoul
Los Paris Istambul Tokyo
Angeles Tianjing
New York
Osaka
Delhi Shangaï
Cancer
Le Caire Dhaka
Mexico Karachi
Bombay Calcutta Manille
Equateur Lagos
Jakarta
Rio de Janero
Capricorne
Sao Paulo
Buenos Aires
40°S
1000 km (équateur)
Tous les pays ne sont pas concernés de la même manière. Les écarts sont importants entre les pays où la
population urbaine est majoritaire et ceux où elle est une exception.
RUSSIE
Rhin-Ruhr Moscou
ETATS-UNIS Londres
40°N.
Los Paris Beijing Séoul Tokyo
Angeles Istambul
New York CHINE
Delhi Osaka-Kobé
Téhéran
Shangaï
Cancer
Le Caire ARABIE INDE Dhaka
SAOUDITEKarachi
Mexico Manille
Bombay Calcutta
Equateur
Lagos
Jakarta
BRESIL
Rio de Janero
Capricorne
Sao Paulo AUSTRALIE
Buenos Aires
40°S
1000 km (équateur)
Cette croissance urbaine importante a plusieurs origines. Elle est liée à la démographie interne aux villes.
Viennent s’ajouter les populations qui migrent en direction des villes et s’y installent de manière définitive.
Certains font alors le choix de quitter la campagne pour s’installer en ville. D’autres populations viennent
dans les villes de manière provisoire car elles veulent profiter des moyens de transports pour accéder à
d’autres territoires.
Principales
agglomérations
Centres urbains
dispersés
Extensions et
corridors urbains
Axes de
diffusion
0 100km
Statista, 2018
Ajoutée à celles des usines, cette pollution entraine la mort de plusieurs millions de personnes tous les
ans. Le développement de la ville ne peut faire l’impasse du défi de l’environnement et donc de la santé des
populations.
Nord
1. Demandes de brevets
déposées auprès de l'OEB*.
nombre de demandes par mil-
lion d'habitants en 2007
119 - 163 (3)
58 - 119 (5)
47 - 58 (5)
43 - 47 (2)
2 - 43 (7)
*OEB: Office européen des brevets
2. Les 71 pôles de
compétitivité en 2010
Les 7 pôles mondiaux
Les 11 pôles à
vocation mondiale
100 km
Les 52 pôles nationaux
L’innovation est donc devenue un enjeu majeur pour les espaces productifs urbains. La conception de
nouveaux produits exige des compétences élevées et donc un haut niveau de formation. Il s’agit souvent de
produits à fort contenu technologique mais l’innovation est devenue une obligation pour toutes les branches
de production, y compris les plus traditionnelles.
Cette innovation peut se faire en interne dans les entreprises qui cherchent à améliorer leurs produits,
mais aussi dans ce que l’on appelle des technopôles.
’accumulation technopolitaine
L
Laboratoires de recherche
publics et privés
Polarisation structurante
par l'innovation
technologique
Compétences
exceptionnelles
Nord
Tsuchiura/
Aménagement des liaisons entre Tsukuba/
les principales villes périphériques Ushiku
Kasu
Vo
Kabe/
ie
Kawagoe Koshi
ex
6
Urawa/ gaya
p
te 1
re
Métropolitain inner-city Omiya
ss
Rou
Kashiwa
Tokyo Gaikan
Ome Circulaire centrale
Base militaire Narita
Rout
Aéroport
e
de Narité
16
e s s
Havhioji/
Noyau central Voie expr
Tachikawa/
s
Tama
res
Sous-centre du Chiba
exp
front de mer
Machida/ Route d’accès au front de mer de
ie
la baie de Tokyo et à l’aéroport
Vo
Sagamihara
Ro
ute
16 Kawasaki Aq
ua
lin
Atsugi Yokohama e
Vo
Kisarasu
ie
ex
Futur
pr
aéroport
es
s
0 20 km Académic Park
Ceinture d’accès
Centre-ville à la baie de Tokyo Route d’accès Développement de la
stratégie métropolitaine
Anneau d’espace vert
et aquatique Axes routiers rapides Noyaux urbains
Atsugi périphériques
Des périphéries de la
Aéroport
ville sous contrôle Axes de circulation
Aménagement des liaisons Aménagements et secondaires
entre les principales villes extension du Tokyo Gaikan Grand projet urbain
périphériques périphérique
Tokyo est la plus grande agglomération au monde avec 35 millions d’habitants en 2014. L’évolution du
peuplement de la ville s’est réalisée en différentes étapes.
Les infrastructures de communication ont facilité l’étalement de la ville au détriment d’un centre
principalement limité aux fonctions administratives.
Les autorités tentent d’endiguer le phénomène et de redensifier le centre-ville avec des populations à
fort pouvoir d’achat (gentrification).
La démographie japonaise actuelle, caractérisée par une très faible natalité et un fort vieillissement,
n’autorise plus cet étalement urbain démesuré de la plus grande mégalopole au monde.
La population la plus jeune, la plus dynamique s’en retourne donc vers le centre-ville.
De ce fait, les compagnies ferroviaires se transforment en promoteurs de la rénovation du centre de
Tokyo En effet, elles sont les propriétaires des friches ferroviaires qui constituent les plus grands
espaces fonciers vacants dans la capitale la plus densément peuplée au monde. Sur ces friches, les
compagnies ferroviaires construisent des tours de logements, des bureaux, des équipements et des
services en tous genres.
Aéroport
vers Queretaro
ETAT DE MEXICO vers Pachuca
Nord
Sierra de
Guadalupe
El Caracol
Texcoco
Nezahualcoyotl
Toluca
Aéroport
Viaducio
vers Puebla
Xochimilca
DISTRICT FEDERAL
0 5km
Les transports internationaux permettent un accès à des réseaux mondiaux depuis la Chine. Plusieurs
ports sont présents dans la ville dont celui de Yangshan, le plus grand d’entre eux. Plusieurs aéroports
relient la Chine à l’Amérique du nord, l’Europe occidentale, l’Asie du sud-est et quelques territoires du
Moyen-Orient.
Des transports régionaux permettent de rattacher la ville à son arrière-pays.
Les télécommunications sont également importantes. La Chine dispose d’un réseau Intranet qui
permet aux autorités chinoises de contrôler les flux d’informations. Mais Shanghai est aussi un point
d’accès au réseau Internet et possède un téléport dans le quartier du Pudong.
Shanghai et son territoire sont donc une interface entre la Chine et le monde. Shanghai fait partie de
ces villes mondiales qui sont toutes reliées entre elles par ces différents modes de transports.
Ces villes forment un réseau : l’archipel métropolitain mondial.
Conclusion
En 1997, le géographe français Olivier Dolfuss montre que les mégalopoles mondiales fonctionnent en
système, communiquant prioritairement entre elles. Ces villes qu’il compare à des « îles », échangent
massivement entre elles et concentrent l’essentiel des activités boursières, des échanges aériens et des
flux de télécommunication. Il parle alors « d’archipel métropolitain mondial ». L’archipel mégalopolitain
mondial (AMM) ainsi constitué concentre l’essentiel des trafics maritime et aérien du monde et plus de
90 % des flux financiers.
Au 1er janvier 2018, le nombre de personnes habitant en France s’élève à 67 187 000, dont 2 169 000 dans
les départements et régions d’outre-mer. Le peuplement du territoire national se caractérise par de forts
contrastes : 75 % de la population française se concentrent sur 20 % du territoire, tandis que certains
départements ont une densité moyenne inférieure à 30 habitants au km2. Ces différences sont le résultat
d’une métropolisation dynamique en France.
1. L’urbanisation en France
Dans le cadre de la mondialisation, les villes les mieux équipées deviennent des pôles qui concentrent des
fonctions de production et de commandement dont le rayonnement peut couvrir l’ensemble de la planète.
1
hab/km²
0,00 à 19,99 (9692)
20,00 à 49,98 (10432)
50,00 à 99,91 (6675)
Lille
100,00 à 499,92 (6620)
500,10 à 26 526,86 (1779)
France :
103,75
Rouen
Paris
Strasbourg
Rennes
Orléans
Nantes Dijon
Lyon
Bordeaux
Toulouse
Marseille
Cayenne
Saint Mamoudzou Ajaccio
Fort Denis
Basse de
Terre France
Lille
Nord Douai-Lens Valenciennes
Le Havre
Amiens
Caen Metz
Rouen
Brest
Paris Reims
Nancy
Rennes Le Mans Strasbourg
Mulhouse
Orléans
Angers
Poitiers
Niort
Annecy
Clermont
Lyon
Limoges
Ferrand
Saint-Etienne
Grenoble
Bordeaux Valence
Avignon
MontpellierNîmes
Pau Nice
Toulouse Marseille
Aix-en- Toulon
100 km Provence
1. Nombre d’emplois des cadres dans 2. Part des CFM dans l’emploi
les fonctions métropiltaines supérieures total de l’aire urbaine
18,3 %
98 024
1 019 219 Entre 8
emplois Entre 12 et 10 %
70 000 et 14 %
Inférieur
27 000 Entre 10 à8%
7 000 et 11 %
Le réseau autoroutier
Les années 1960 voient la mise en place d’un réseau autoroutier en étoile autour de Paris, vers Lyon mais
aussi au nord (vers Lille) et vers l’ouest.
Dans les années 1980, l’État organise un rééquilibrage au sein du territoire par le désenclavement des
régions de l’ouest et du Massif Central, en prolongeant le réseau en étoile centré sur Paris.
Dans les années 1990, l’’intégration du réseau autoroutier national aux grands axes européens concerne
essentiellement les autoroutes du nord et de l’est de la France qui sont reliées à la dorsale européenne.
Valbonne
Nord
Plascassier
Mouans Biot
Sartoux
Mougins
A8
Antibes
Vallauris
2 km Le Cannet Golfe Juan
Juan les Pins
L’impulsion d’origine provient de la volonté de l’administration qui donne l’impulsion, assure le financement
des infrastructures et assure la décentralisation de centres de recherches parisiens. Le succès vient du
partenariat avec des entreprises privées, y compris étrangères qui s’implantent à proximité des laboratoires
de recherche.
Roissy-CDG
Nord
Le Bourget
Pleyel
Clichy-Montfermeil
Rueil
La Défense Marne-la-Vallée
Chessy
Descartes-Noisy
St-Cloud
Versailles
Villejuif
Orly
Massy
Saclay
5 km
Paris est le siège du gouvernement et de la démocratie en France. Mais c’est aussi là que se sont installés
36 sièges sociaux des 500 premières plus grandes entreprises du monde, ce qui place Paris devant Londres,
mais loin derrière d’autres villes comme New York… Le quartier de la Défense est emblématique de ces
entreprises au rayonnement mondial. C’est le premier quartier des affaires européen par l’étendue de son
parc de bureau.
Aéroport Roissy-
Charle-de-Gaulle
1 VAL-D’OISE
2
Le Bourget
Saint-Denis-
YVELINES Pleyel 9 Clichy-
la Défense SEINE- Montfermeil
8 SAINT-
7 Saint-Lazare
DENIS 3
PARIS Val-de-
Fontenay Descartes-
4
Versailles HAUTS- Noisy
DE-SEINE
VAL-DE-
6 MARNE
Saclay
5 SEINE-
ET-
Aéroport d’Orly MARNE
ESSONE
A104
Malgré une politique de décentralisation des pouvoirs et de financements initiée voilà trente ans, la ville de
TGV Est
Paris est situé sur un petit fleuve, la Seine, mal relié au Rhin et ses affluents.
Massy Orly TGV
A10 Méditerranée
Paris, carrefour de la France TGV Atlantique A6
A104
5 km
1 2 Océan
A13 Marne Atlantique
4 3 la Vallée
A4
Grandes villes
( +150 000 habitants)
Principaux ports français
Massy Orly TGV Principaux réseaux Marseille
A10 Méditerranée de communication
A104 Axe de communication
TGV Atlantique A6 5 km TGV, renforcé par le LGV
Manche
Le Havre
Malgré cet éloignement géographique, Paris est connectée aux réseaux européens de transport via le
TGV et les autoroutes. La ville de Paris se trouve aujourd’hui à quelques heures du « marché du monde »,
Paris
que ce soit en train, en avion. C’est donc une ville très accessible avec ses deux aéroports internationaux
et l’aéroport d’affaires
St Nazaire
du Bourget. Paris est une plaque tournante aérienne mondiale. Paris et la France
dispose du meilleur Nantesréseau ferré d’Europe. Il permet entre autres de rallier directement par TGV Londres
(2h15), Bruxelles
Océan (1h22), Francfort (3h50) ou Amsterdam (3h).
Atlantique
Grandes villes
Conclusion
( +150 000 habitants)
Principaux ports français
Principaux réseaux Marseille
de communication
La France
Axe deest un pays de citadins. Ce sont les plus grandes villes qui, dans un phénomène de métropolisation,
communication
attirentTGV,
lesrenforcé
populations
par le LGV
en concentrant l’offre d’emploi et de services. Malgré un phénomène de renforcement
Mer Méditerranée
125 km
des métropoles à l’échelle de la France, la capitale polarise l’ensemble du territoire français. En effet, Paris
est la seule métropole française à rayonner à l’échelle mondiale.
Dans les années 1960, Paris avait tendance à dominer les autres villes de France. Dès 1947, J.F. Gravier
parlait de « Paris et du désert français ». Dans le cadre de l’aménagement du territoire, il s’agissait donc
de trouver un équilibre entre Paris et les autres villes françaises. A l’échelle de la région parisienne, ce
furent d’abord les villes nouvelles pour désengorger la capitale et renforcer l’Ile de France. Puis à l’échelle
de la France, ce fut les métropoles d’équilibre qui furent dotées de fonctions urbaines comme Paris (mais à
l’échelle régionale). Ce phénomène s’est accompagné de la décentralisation de fonctions parisiennes vers
les villes. Malgré ce rééquilibrage à l’échelle nationale, on assiste aussi à un mouvement inverse qui vise à
renforcer le poids de Paris à l’échelle mondiale.
Savoirs et savoir-faire
Notions abordées : Compétences mises en œuvre :
• Dynamique démographique • Analyse de documents variés :
• Dynamique urbaine — Textes
• Métropole, métropolisation — Cartes
• Disparités — Documents statistiques
• Nord, sud — Photographies
• Disparités socio-spatiales • Répondre à des questions à partir d’un ou
plusieurs documents.
• Bidonville
• Classer des informations
• Réhabilitation
• Employer les notions et exploiter les outils
spécifiques à la géographie
• Conduire une démarche géographique et la
justifier
• Construire une argumentation géographique
Problématique
Quelles sont les transformations idéologiques et les évolutions politiques que connaissent la France – et dans
son sillage l’Europe – de 1789 à 1848 ?
Introduction
Entre les mois de mai et juillet 1789, la France bascule dans un processus révolutionnaire qui se prolonge
jusqu’en 1804, entrainant avec elle l’Europe toute entière et sonnant l’avènement d’une nouvelle ère
politique. Si des raisons conjoncturelles provoquent 1789, la rupture doit également se lire dans un contexte
plus généralisé et partagé de remises en cause de l’ordre ancien – celui de la monarchie absolue et de
la société d’ordre – et d’émergence d’idées, celles de libertés surtout, mais également de tolérance et
d’égalité (dans une moindre mesure), véhiculées par les « penseurs des Lumières » de toutes les nations
d’Europe. Aussi, les braises révolutionnaires, si elles brulent plus violemment et plus durablement en
France, ne sont ni uniques ni isolées ; les bouleversements agitent toutes les sociétés et les étincelles sont
nombreuses : les Révolutions anglaises du XVIIe siècle, une matrice ayant inspirée les esprits éclairés du
XVIIIe siècle, la guerre d’indépendance des colonies anglaises des Amériques, véritable révolution politique,
qui, en 1776, invente la modernité politique dont se réclame plus tard la France. Et, avant 1789, citons entre
autres la Révolution batave débutée en 1780 ou celle de Genève de 1781-1782.
Cependant, la Révolution française reste singulière dans la violence de ses événements, la profondeur
de ses transformations, la radicalité de ses propositions et elle marque un point de rupture majeur dans
l’Histoire qui plonge toute l’Europe dans une nouvelle époque.
En mettant fin à la monarchie absolue et à l’Ancien Régime, la Révolution donne naissance à une France
nouvelle. La dynamique révolutionnaire qui s’étend sur dix années – et se prolonge encore pendant les
quinze années napoléoniennes – est marquée par des mouvements d’accélération, de radicalisation mais
aussi de recul et surtout par une multiplicité d’expériences politiques qui redessinent les conceptions
de souveraineté et de Nation. Cette dynamique, dès 1789 mais surtout à partir de 1792 quand la guerre
devient un moteur du processus révolutionnaire, et après 1794 quand celui-ci s’exporte en Europe, dépasse
largement les frontières françaises pour modifier en profondeur l’ordre politique des pays d’Europe ; les
idéaux de libertés et les mouvements nationaux, nés notamment en réaction de l’occupation de la France
républicaine puis impériale, font ainsi éclater les cadres traditionnels.
Ire république
MONARCHIE
MONARCHIE
CONSTITU- CONVENTION DIRECTOIRE CONSULAT
ABSOLUE
TIONNELLE EMPIRE
9 novembre 1799
2 décembre 1804
septembre 1792
21 janvier 1793
27 juillet 1794
10 août 1792
21 juin 1791
1789
1795
L’Assemblée Nationale
Devant ce blocage, les députés du tiers état accompagnés de quelques élus du clergé, décident, le 17 juin,
de se proclamer « Assemblée Nationale » forts du fait qu’ils incarnent la Nation en représentant l’immense
majorité de la population. Comme le Roi refuse de reconnaitre la légitimité de l’Assemblée et fait fermer
leur salle de réunion, les députés du tiers état se réunissent alors dans la salle du Jeu de paume et jurent
de ne pas se séparer avant d’avoir donné à la France une constitution.
Cette assemblée, commençant à rallier des gentilshommes et, surtout, gagnant le soutien de la foule,
le Roi ordonne, le 27 juin, au clergé et à la noblesse de rejoindre les députés du tiers et tous forment, le
9 juillet, une « Assemblée nationale constituante ».
C’est une révolution politique sans précédent : en deux mois, sans une goutte de sang versé, la monarchie
absolue abdique laissant place au projet d’une monarchie constitutionnelle.
L’Assemblée énonce clairement son intention d’établir une Constitution, soit un document écrit où figure
l’organisation des pouvoirs politiques. Il ne s’agit plus seulement de proposer des réformes mais d’innover
dans la nature du régime politique français.
Apparemment, l’Assemblée n’envisage pas le rejet du Roi. Par contre, elle prévoit un partage des
responsabilités. On retrouve ici le désir exprimé dans de nombreux cahiers de doléances : le Roi doit
s’appuyer sur la Nation pour gouverner. Le moyen prévu par l’Assemblée est la participation de tous les
députés, concrétisée par l’obligation de s’impliquer personnellement par « un serment et une signature ».
Le 14 juillet 1789
Néanmoins, le 11 juillet, le renvoi par le Roi de Necker, populaire ministre des finances ainsi que le
rassemblement de soldats autour de Versailles fait craindre un coup de force contre l’Assemblée et achève
d’excéder la population : des émeutes éclatent.
Le peuple – des bourgeois, des ouvriers, des soldats rebelles – pille des dépôts d’armes et prend, le 14
juillet, la Bastille, une prison symbole de l’absolutisme, mais aussi, un dépôt de munitions.
Le Roi cède alors : il retire les troupes, rappelle Necker et le 17 juillet, se rend à l’Hôtel de ville de Paris où
il reçoit la cocarde tricolore en reconnaissance de la Commune de Paris et la milice bourgeoise devient la
Garde nationale. Les journées du 14 et 17 juillet ont un retentissement énorme : après les députés, c’est le
peuple en arme qui s’impose au Roi.
Tensions
Lors l’été 1791, il devient évident que l’union entre le Roi et la Révolution n’est que de façade.
Le 21 juin 1791 (lors de l’épisode de la fuite à Varennes), Louis XVI tente de fuir pour rejoindre des troupes
étrangères opposées à la Révolution.
La question de sa légitimité politique se pose donc : le 17 juillet, des Parisiens radicalisés, les sans-culottes,
manifestent au le Champs-de-Mars pour réclamer la déchéance du roi et la République. L’Assemblée
refuse et ordonne à la garde nationale de faire feu sur la foule
Le tournant 1791-1792
Aux divisions internes, s’ajoutent les vives tensions avec les monarchies voisines qui craignent la contagion
révolutionnaire. La guerre menace.
Aussi, les députés, et le roi donc, déclarent la guerre l’Autriche le 20 avril 1792. Cette déclaration de guerre
attise encore les divisions au sein du pays :
• Certains patriotes veulent aller plus loin et faire la guerre aux monarchies et exporter la Révolution ;
• D’autre comptent sur un succès militaire pour affermir le régime ;
• Louis XVI mise sur une défaite qui rétablirait toute son autorité.
Le 10 aout 1792
En juillet, le territoire français est envahi par les armées autrichiennes.
L’Assemblée décrète donc la « partie en danger » et recrute des volontaires pour repousser l’invasion.
Le général autrichien Brunswick menace de détruire Paris s’il est fait violence au roi (« Manifeste de
Brunswick »). Cela semble confirmer les soupçons de trahison du roi chez les sans-culottes et provoque
leur insurrection.
Le 10 août, le palais des Tuileries est pris d’assaut, la famille royale capturée et l’Assemblée, sous la
pression du peuple, déchoit le roi de ses fonctions
La monarchie est alors renversée.
La Terreur
La Convention montagnarde met « la terreur à l’ordre du jour ». Entre l’été 1793 et l’été 1794, se met donc en
place une justice expéditive dont le bilan, très lourd, est difficilement chiffrable (jusqu’à 500 000 arrestations
et 100 000 exécutions).Les Montagnards vont même jusqu’à exécuter des individus dans leurs propres
rangs, Robespierre faisant guillotiner les plus modérés (Danton, Desmoulins) et les plus radicaux (Hébert).
Parallèlement, l’armée est réorganisée :
• L’insurrection vendéenne est écrasée,
• Les villes frondeuses telles Lyon sont reprises,
• Les invasions sont repoussées notamment par la victoire de Fleurus en juin 1794.
Au gré des victoires militaires, la République semble sauvée et la Terreur ne se justifie plus aux yeux de
députés inquiets des dérives du pouvoir de Robespierre qu’ils jugent excessif et dictatorial. Ils le font arrêter
le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II) et il est guillotiné le lendemain. Le champ politique est à nouveau libre.
Tensions
Ce régime des propriétaires bourgeois suscite la colère de la population, à fois des royalistes et des
nostalgiques de la Montagne.
Le régime se caractérise alors par une succession de coups d’état, de complots, d’élections invalidées,
de tentatives de nouvelle révolution, à l’exemple de la conjuration des Égaux dirigée par Gracchus Babeuf.
La fin de la Révolution
Censure et surveillance policière sont partout tandis que l’armée est prompte à agir à la moindre
contestation.
La stabilité et une certaine prospérité sont néanmoins de retour tandis que la France connait une certaine
pacification. Le Concordat signé avec le pape en 1801 normalise les relations de l’État avec les catholiques.
Après une série de victoires militaires, la paix est signée avec l’Autriche en 1801 et avec l’Angleterre en
1802.
Bonaparte a ainsi clos la Révolution en en préservant quelques acquis, endigué la crise économique,
terminé, et gagné, la guerre. Fort d’une immense popularité, l’homme se fait nommer consul à vie par
plébiscite en 1802 puis se fait couronner empereur par le pape à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804.
Bonaparte devient Napoléon Ier.
2. L’Empire
Une nouvelle monarchie
Une nouvelle monarchie s’installe. Napoléon accapare tous les pouvoirs et s’entoure, pour l’exécution de
ses décisions, des membres nommés par lui du Conseil d’État et du Sénat et de douze ministres.
Une cour et une noblesse impériale sont créées, déployant tous les fastes de la monarchie dans une mise
en scène du pouvoir qui vise à glorifier un Empereur qui récupère les symboles de l’Ancien Régime et de
l’Empire romain.
Une active propagande diffuse son image et relaie ses faits et gestes : victoires, sacre, mariage, naissance
d’un héritier. Enfin, un étroit contrôle des corps et des esprits s’organise : une police efficace omniprésente,
des travailleurs contrôlés et surveillés, une presse censurée et limitée, une jeunesse vénérant l’Empereur
via un catéchisme impériale imposée.
Napoléon et l’Europe
Napoléon estime que sa légitimité, à l’instar d’un César, provient de son exercice de la guerre ; aussi,
l’Empire ne connait-il que de brèves périodes de paix et Napoléon est pris dans une spirale martiale,
s’employant à défaire tous les monarques d’Europe les uns après les autres.
Napoléon grignote progressivement l’Europe et chaque victoire (Austerlitz en 1805, Iéna en 1906, Wagram
en 1809) nourrit le culte impérial. En 1810, la France des 130 départements domine une Europe où seule
l’Angleterre et quelques alliés résistent.
Cependant, l’occupation française suscite des révoltes dans toute l’Europe, notamment en Espagne à partir
de 1808, tandis de la désastreuse campagne de Russie (1812) et la défaite de Leipzig (1813) détruisent la
Grande Armée.
L’Europe et l’Empire
Sous Napoléon l’hégémonie française recouvre une Europe dominée par la France :
• les royaumes d’Espagne, d’Italie, de Naples, de Westphalie sont gouvernés par les frères et sœurs de
l’Empereur dans le cadre du « système familial »,
• la Pologne et la Confédération du Rhin sont des états vassaux.
En héritier de la Révolution, Napoléon terrasse l’Ancien Régime dans les territoires conquis.
Résistances et révoltes
Mais les réalités de l’occupation française – réquisition, conscription, impôts, pillage – deviennent
rapidement insupportables et le messianisme révolutionnaire, s’il soulève initialement l’enthousiasme,
déçoit rapidement.
Partout en Europe des révoltes éclatent. Les défaites de la Grande Armée encouragent les soulèvements,
dès 1812. Tous les peuples d’Europe s’opposent aux Français désormais perçus comme de vulgaires
envahisseurs.
Aussi, l’occupation française a-t-elle fait naître chez les peuples d’Europe la conscience de leurs propres
spécificités et un très vif sentiment national. Ainsi, la bataille de Leipzig qui défait Napoléon en 1813 est
surnommée « bataille des Nations », une victoire pour les peuples d’une Europe libérée.
Conclusion
Ces quinze années ont radicalement changé la France. La société d’ordres qui reposait sur les privilèges
d’une minorité et l’absence de droits de l’écrasante majorité des Français, disparaît définitivement. Le XIXe
siècle va voir se succéder monarchies constitutionnelles, empires, républiques qui tous seront les héritiers
des deux acquis politiques de la période révolutionnaire : la liberté et l’égalité.
La mise en pratique de ces deux principes constitutionnels sera longue et douloureuse. Le XIXe siècle sera
émaillé de révoltes et d’autres révolutions. La Révolution de 1789 a permis à la bourgeoisie d’accéder au
pouvoir, elle contrôle désormais l’économie et la sphère politique. La France trouvera progressivement un
consensus politique quand la bourgeoisie acceptera le principe du partage des pouvoirs avec le peuple par
le biais de l’accès au suffrage universel et de concessions dans les domaines social et économique.
Les idées révolutionnaires et leur mise en pratique (DDHC, Code civil) vont se répandre en Europe via les
conquêtes napoléoniennes. L’Europe va connaître une longue marche vers la démocratie tout au long du
XIXe siècle.
La Révolution française exporte ses principes et diffuse les idées de liberté dans toute l’Europe. Les
guerres faites en son nom ainsi que celles de l’Empire font également naitre ou s’affirmer, par réaction, les
sentiments nationaux.
Aussi, quand en 1814-1815 les vainqueurs de Napoléon restaurent l’ordre monarchique ancien sans tenir
compte des vingt-six années de bouleversement, et même en les niant, les aspirations à la liberté et à
l’affirmation des identités nationales demeurent et inspirent des mouvements politiques qui questionnent
immédiatement l’Europe des rois.
Les Carbonari
Devant le refus des souverains d’accorder des réformes, ces mouvements s’organisent et se radicalisent,
des sociétés secrètes sont créées un peu partout en Europe et en particulier en Italie, où se développe le
carbonarisme, imité en France en 1820 avec la Charbonnerie qui lutte contre Louis XVIII.
Ces mouvements recrutent leurs membres parmi les classes aisées et cultivées, notamment chez les
étudiants, les enseignants, et les militaires et certains prônes des actions violentes, des attentats, afin
de préparer le renversement des monarques. Ainsi, en 1820-1821, les carbonari se soulèvent dans les
royaumes des Deux-Siciles.
Mais, partout, la Sainte-Alliance veille. Ainsi, Ferdinand VII d’Espagne, aux prises avec un soulèvement des
libéraux depuis 1820, bénéficie du soutien de la France de Louis XVIII qui dépêche 100 000 hommes pour
mater, avec succès, la révolte.
1. La vague révolutionnaire
Le contexte de l’année 1848
À nouveau, l’origine de la Révolution est parisienne. La « monarchie de juillet » a rapidement déçu :
• Déceptions liées au système politique : Si le « roi des Français » Louis-Philippe accepte le drapeau
tricolore et une charte révisée qui reconnait que le pouvoir royal provient de la nation et concède donc
un système représentatif, le suffrage reste censitaire et le corps électoral, très peu élargi, est surtout
constitué de grands bourgeois propriétaires.
• Déceptions économiques : Au nom du libéralisme économique qui commence à s’imposer, le pouvoir
refuse d’intervenir pour régler le chômage et la misère qui s’abattent sur les classes populaires : des
révoltes ouvrières éclatent à Lyon en 1831 et 1834, ainsi qu’à Paris. La crise économique que connait
l’Europe à partir de 1846 rend la « question sociale » d’autant plus cruciale que le régime tenu par les
grands bourgeois n’est que le défenseur de leurs seuls intérêts.
Le 22 février 1848, les Parisiens se soulèvent contre Louis-Philippe. En quatre jours, la monarchie de juillet
est balayée et le 24 février, la Seconde République est proclamée. Elle adopte le suffrage universel, abolit
l’esclavage, affirme le droit au travail et crée des ateliers nationaux pour donner du travail au chômeur.
Liberté, souveraineté nationale, justice sociale : pour les Européens, la France montre à nouveau le chemin
à suivre.
Source : Lelivrescolaire.fr
Les journées parisiennes de février 1848 rencontrent un écho immédiat dans les Etats européens et les
mouvements libéraux triomphent :
• Des constitutions sont octroyées : les libertés politiques garanties, notamment en Italie en en Prusse.
• Des États adoptent à l’image de la France une Déclaration des droits.
La question nationale et libérale reste donc centrale et la dimension sociale n’a pas encore, sauf en France
et en Allemagne, un poids majeur dans les revendications.
Conclusion
Aussi, l’année 1848 montre que ce n’est-ce pas tant la question de l’octroi de certaines libertés faisant
entorse à l’autorité des monarques qui provoque la réaction que celle des droits des peuples à disposer
d’eux-mêmes. Et si les principes du congrès de Vienne semblent largement dépassés après 1830 et 1848,
la question des nationalités s’impose bien, à côté de la question sociale, comme le problème politique
majeur de l’Europe.
Synthèse
1789 marque, dans l’historiographie traditionnelle, une rupture : on passe de l’époque moderne à l’époque
contemporaine.
En 1789, ce sont en effet des siècles de féodalité qui s’écroulent ainsi que le pouvoir monarchique dont la
tradition remonte à l’Antiquité.
La France entre dans un nouvel âge politique, celui de la souveraineté populaire, qui détermine une nouvelle
société dont les fondements deviennent la liberté et l’égalité, du moins dans la loi. La France n’est pas le
premier pays à opérer cette transformation. Mais la Révolution française est certainement plus radicale,
plus profonde que les précédents anglais et américain, et entraîne dans son sillage non seulement l’Europe
de son temps mais aussi celle du siècle à venir. Elle a aussi de particulier qu’elle n’est pas un moment,
mais un processus. Elle n’est pas une révolution mais plusieurs révolutions dans la Révolution.
Glossaire
• Abolitionniste : Partisan de l’interdiction du trafic (la traite) et de l’exploitation des esclaves dans les
colonies européennes.
• Carboneria : Société secrète qui, en Italie, lutte pour appliquer les principes libéraux et nationaux. Ses
membres sont appelés les carbonari (carbonaro au singulier). En France, il existe un groupe équivalent
sous le nom de « charbonnerie ».
• Commerce triangulaire : Circuit marchand organisé par des armateurs européens au XVIIIe siècle
pour approvisionner en esclaves les plantations des Amériques, offrir des débouchés à l’industrie
et satisfaire les modes de vie européens. Des marchandises européennes sont échangées contre
des esclaves. Les esclaves sont ensuite échangés aux planteurs européens vivant aux Antilles ou en
Amérique contre des produits tropicaux : tabac, sucre, rhum, teintures.
• Congrès de Vienne : Conférence réunissant en 1814-1815 les principaux souverains d’Europe pour
régler les problèmes nés de la chute de l’Empire napoléonien.
• Constituante : Assemblée qui a pour rôle de rédiger une Constitution.
• Droits naturels : Ensemble des droits possédés par un homme dès sa naissance – comme la liberté –
et qu’on ne peut pas lui enlever.
• Légitimité dynastique : Principe selon lequel le pouvoir appartient à la dynastie royale ayant régné sur
un pays et non à son peuple.
• Libéralisme : Idéologie politique et économique qui favorise les libertés individuelles.
• Lois fondamentales : Lois que le roi ne peut modifier, par exemple sur les règles de la succession au
trône.
• Lumières : Mouvement intellectuel qui veut libérer l’homme de tout ce qui peut l’empêcher de penser
et d’agir selon sa raison. Ce mouvement de pensée défend la tolérance, le progrès, le bonheur, la
liberté de penser et de s’exprimer.
Savoirs et savoir-faire
Notions abordées : Compétences mises en œuvre :
• Rupture révolutionnaire • Identifier, nommer les périodes historiques, les ruptures et
les continuités
• Souveraineté nationale
• Identifier et expliciter des dates et acteurs clés de grands
• Légitimité politique
événements
• Ordre politique
• Contextualiser : mettre un événement ou une figure en
• Libéralisme perspective, mettre en relation des faits ou événements de
• Nationalisme nature, période, localisation différentes.
Problématique
Comment s’opère la recomposition des logiques et des dynamiques des principaux espaces et acteurs de
production de richesses dans le monde ?
Introduction
La diversification des espaces et des acteurs de la production se traduit par des transformations spatiales à
toutes les échelles. Les progrès constants des transports accélèrent ces changements. Aussi bien pour les
transports de marchandises ou de matières premières via des réseaux de transport matériels que pour les
échanges d’information ou flux financiers via des réseaux de transports immatériels. En effet, la puissance
et la vitesse des réseaux de communication sont telles que les espaces sont dans une concurrence
perpétuelle afin d’attirer les sièges sociaux ou ateliers des entreprises.
Dans ce contexte, les métropoles sont devenues les centres de commandement incontournables de la
mondialisation. Elles se livrent une concurrence à différentes échelles. A l’échelle locale et régionale,
pour devenir les espaces les plus attractifs à la fois pour les entreprises et pour les travailleurs les plus
qualifiés. C’est le cas de Singapour dans son environnement régional mais aussi de Paris ou Londres à
l’échelle européenne. A l’échelle mondiale, la concurrence est tout aussi importante. Toutes les métropoles
pratiquent aujourd’hui le marketing territorial qui consiste à valoriser ses atouts humains, économiques et
patrimoniaux pour être toujours plus attractive.
Ces processus de métropolisation favorisent très largement les littoraux. En effet, d’autres critères,
autres que la présence des métropoles, expliquent ce dynamisme. Si les espaces en position littorale ont
toujours dominé la géoeconomie mondiale, le phénomène ne cesse de s’accentuer. Plusieurs facteurs
peuvent expliquer ce phénomène : la puissance et le rôle des ports dans les échanges mondiaux, les
zones industrialo-portuaire nouveaux pôles de l’activité industrielle, la présence de téléports permettant de
connecter les réseaux internet terrestres et maritimes. Ces câbles sous-marins jouent désormais un rôle
majeur dans ces échanges immatériels.
La nouvelle division du travail s’est largement développée dans ce contexte d’accroissement des échanges
tant en matière de volume que de rapidité. La logique de dissociation entre les espaces de production et
ceux de consommation a tendance à se généraliser par l’intermédiaire d’activités logistiques de plus en
plus performantes. Ces pratiques ont des conséquences néfastes sur l’environnement et contribuent au
changement climatique en vigueur.
Ces changements obéissent à des logiques d’intégration territoriale entrainant une sélectivité et une
hiérarchisation des espaces économiques. Comme dans toute logique de concurrence, la géographie
dessine des vallées heureuses et des marges en attente de progrès et d’intégration.
Il faut donc envisager la mondialisation en géographie comme une recomposition de l’espace productif
et de ses dynamiques à toutes les échelles. Cette évolution s’accompagne d’une diversification et d’une
hiérarchisation des espaces.
C’est ainsi que les États-Unis et la Chine, et surtout la Chine, représentent plus de 60% de la croissance de
la production industrielle depuis 2010.
D’après OMC-www.wto.org
Les transactions et échanges immatériels augmentent donc plus vite que les transactions et échanges
matériels.
Il existe des différences majeures entre les évolutions de la production, de la richesse, des échanges et du
commerce de marchandises. Si les échanges augmentent plus vite que la production, c’est qu’il existe une
dissociation croissante entre les espaces de production et ceux de consommation.
3000 Kilomètres
ALENA FORUM DES ILES DU PACIFIQUE SADC : Communauté de développement d’Afrique Australe
Le cas de l’ASEAN
L’ASEAN, c’est l’incarnation de la régionalisation de l’Asie de l’Est, caractérisée par l’intensification des
échanges de marchandises, de capitaux, de technologies et de personnes. On repère une régionalisation
entre le Japon, les Nouveaux Pays Industrialisés (NPI) d’Asie du Nord-Est et l’ASEAN, animée par :
• des entreprises présentes dans plusieurs Etats.
• des réseaux de transport très efficaces.
• le rôle de la diaspora chinoise.
• les mobilités des personnes sous la forme de migrations circulaires.
La régionalisation trouve sa cohérence et sa vigueur dans le processus de mondialisation. En effet, la part
du commerce intra régional dans les exportations totales dépasse 50 % dès 1995 (soit 15 points de plus
qu’en 1980).
Cnuced, 2016
Bilan
Par leurs investissements, les FTN intègrent certains territoires à la mondialisation. Ces territoires
reçoivent des IDE, échangent et sont traversés par toutes sortes de flux : ce sont des interfaces (ports,
grandes métropoles, espaces frontaliers...).
La puissance économique des FTN, et surtout leur développement à travers le monde, notamment par
le biais des IDE, en font des acteurs essentiels de la mondialisation. Et, si les FTN semblent surtout
4,5
4,05
4
3,5
2,5
1,5
0,5
Cet essor du nombre d’internautes traduit, outre l’essor des flux d’informations et la multiplication des
réseaux sociaux, la très nette envolée du e-commerce.
Ce commerce dématérialisé n’est possible, que grâce à la qualité des réseaux de télécommunication.
Réseaux désormais liés aux câbles sous-marins.
Dynamiques
4 facteurs ont concouru au développement des télécommunications et délocalisations :
• la chute vertigineuse des prix des télécommunications.
• la montée en puissance des réseaux de télécom.
• la mutation des économies, offrant à certains Etats de nouvelles opportunités dans la délocalisation de
services informatiques.
• la stabilité politique du pays.
L’Inde se spécialise ainsi dans la fourniture de prestations : facturation, marketing, comptabilité, vente en
ligne, maintenance informatique… A travers le développement de calls-center, plusieurs millions d’emplois
sont créés, avec des salaires 3 à 5 fois moins chers que dans les pays développés. Les prestations indiennes
sont destinées aux Etats-Unis pour plus des 2/3 des activités, pour l’UE : 26%, le Japon pour : 4 %.
Conclusion
Les espaces de production ont considérablement évolué au cours des dernières décennies. Aussi bien
à travers leur nombre croissant que par leurs localisations multiples. Leur localisation répond désormais à
des facteurs multiples qui contribuent à hiérarchiser les territoires dans le monde.
Désormais en concurrence, les espaces ont tout mis en œuvre afin de s’intégrer le plus vite et le plus
étroitement possible dans les processus de mondialisation. Dans ce contexte, nous assistons à une
hiérarchisation des territoires.
1. L’importance de la logistique
La logistique joue désormais un rôle déterminant dans la localisation des acteurs de la production. Ses
progrès ont permis de bouleverser les limites territoriales des entreprises, notamment depuis les années
90 avec la suppression des différents obstacles aux échanges (marché unique, accords mondiaux sur la
libéralisation des échanges, via les organismes de coopération internationaux comme l’OMC, libéralisation
de la circulation des capitaux…).
Les limites sont de plus en plus facilement fixées par les entreprises elles-mêmes, qui peuvent décider de
délimiter leurs zones opérationnelles.
La conteneurisation
Aujourd’hui, le transport par conteneur assure
plus de 85% de la valeur totale des marchandises
transportées par voie maritime. La conteneuri
sation a complètement transformé ce transport
maritime car les échanges internationaux sont
très largement facilités et optimisés par ces
conteneurs.
Photo : Walter Rademacher/ “CC BY-SA 3.0”
© Nathan
Foreland Hinterland
Port
Axes de transport majeur
Les ports dynamisent les façades maritimes soit en étant des pôles de redistribution (logique de polarité),
soit en constituant un nœud de redistribution (logique de nodalité).
Les ZIP
Afin que la façade maritime joue un rôle majeur, il faut que celle-ci soit animée par de puissantes ZIP
(Zones Industrialo-Portuaire), qui sont désormais des zones de fabrication de produits manufacturés. Afin
de faire des économies d’échelle, le concept est le suivant : « il faut mettre le navire dans l’usine et l’usine
dans le port ».
Des atouts
Sa suprématie s’appuie sur :
• Des conditions naturelles exceptionnellement favorables (embouchure du Rhin et de la Meuse). Son
hinterland s’étend donc à l’ensemble de la mégalopole européenne.
• Une superficie énorme : 10500 ha dont 2/3 d’espaces terrestres, 89 km de quais.
• Les aménagements successifs ont contribué à renforcer la puissance économique du port à travers le
glissement des activités vers l’aval grâce à la construction de terre-pleins.
Conclusion
Les raisons de la littoralisation des systèmes productifs sont multiples :
• Les délocalisations des entreprises entraînent une hausse du trafic à l’échelle mondiale
• Les matières premières utilisées par les pays industrialisés proviennent du monde entier et sont
demandées par tout le monde.
• La croissance et l’émergence économique des pays provoquent une hausse de la consommation et des
besoins et donc du transport.
L’augmentation du commerce international est le reflet et la cause d’un développement économique d’un
grand nombre de pays.
1. Un processus de métropolisation
Rappels
L’attractivité et le dynamisme économique des espaces urbains sont animés par un processus de
métropolisation qui imprime sa marque sur le territoire.
L’organisation spatiale des villes revêt de plus en plus un aspect polycentrique : on assiste au développement
en périphérie de petites centralités.
L’expansion de ces grandes aires urbaines repose sur la qualité de leur connexion aux grands réseaux de
transport, sur un haut niveau d’équipement qui procurent aux entreprises des économies d’agglomération.
Ce processus peut se dérouler au détriment de villes de niveau hiérarchique inférieur.
Ancrages multiscalaires
La métropolisation modifie l’ancrage local, régional ou national d’une ville.
Le processus est multiscalaire :
• A l’échelle mondiale, il tend à renforcer la puissance des grandes villes.
• A l’échelle métropolitaine, on assiste à des dynamiques sociales et spatiales différenciées de
fragmentation et de ségrégation.
La métropolisation amplifie un certain nombre d’enjeux d’aménagement liés à l’étalement urbain, aux
mobilités croissantes et à l’augmentation de nuisances (pollution, engorgement).
3. Mesurer la métropolisation
Conclusion
Les espaces moteurs des processus de mondialisation sont très clairement associés aux espaces
métropolitains et aux façades maritimes les plus dynamiques. Littoralisation et métropolisation sont
désormais inséparables puisqu’ elles contribuent à se dynamiser mutuellement.
Dans ce contexte de concurrence économique, les rivalités sont intenses et chaque Etat ou région
géographique tente de mettre en valeur ses atouts par tous les moyens pour s’imposer et décrocher de
nouveaux marchés.
Le système productif français basé sur l’industrie, l’agriculture et progressivement les services fut un
solide pilier de la croissance pendant les Trente Glorieuses dans un contexte mondial très favorable. La
donne a radicalement changé avec l’arrivée de la crise au milieu des années 1970 et la libéralisation des
échanges à l’échelle mondiale.
Le processus de mondialisation s’est très vite répandu et cela s’est traduit par un bouleversement de la
chaîne de production à l’échelle mondiale qui accroît les interdépendances et accentue la concurrence
entre territoires. C’est dans ce contexte que les mutations et les dynamiques du système productif français
doivent être étudiées.
Ces éléments avantagent les grandes agglomérations urbaines et concourent par conséquent à la
métropolisation des activités économiques.
Attractivité métropolitaine
Les principales métropoles françaises, (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Strasbourg
et Nice) ont connu de profonds bouleversements de leurs systèmes productifs.
Elles ont su optimiser leur pouvoir d’attraction, varier leurs activités, innover pour se rendre attractives.
Elles se sont ainsi reconverties rapidement dans de nouveaux secteurs innovants
Les métropoles françaises se sont ainsi dotées de pôles de compétitivité.
Grâce à leur réactivité, les grandes métropoles françaises ont échappé au déclin industriel et démographique
qui a frappé toutes les vieilles régions industrielles.
Peu d’emplois sont créés en dehors des métropoles. Les quinze premières aires urbaines françaises
concentrent 82 % des créations d’emplois. En trente ans, l’Île-de-France a capté un tiers des créations
d’emplois et les grandes métropoles régionales 40 %.
LILLE
Les métropoles concentrent les habitants
(en nombre d’habitants par aire urbaine)
1 à 2 millions NANCY
RENNES STRASBOURG
Gares TGV
Conclusion
Le système productif français a connu de profonds bouleversements au cours des dernières décennies. Les
secteurs industriels et agricoles emploient une proportion de plus en plus faible de la population active.
C’est désormais le secteur des services qui est le moteur de l’économie. Cette mutation structurelle a
eu des conséquences importantes sur le territoire français puisque les nouveaux moteurs de l’économie
française ne sont plus situés comme traditionnellement au nord d’une ligne Le Havre / Marseille mais
surtout en position littorale, dans la partie méridionale du territoire français et au sein des principales
métropoles.
Glossaire
• Aménités : Atouts, agréments d’un lieu.
• Conteneur : Le conteneur est une caisse métallique d’un volume de 38 m3 pour une contenance de
33 m3. Il s’adapte à n’importe quel moyen de transport ce qui permet de ne pas rompre la chaîne
d’approvisionnement. Le conteneur a révolutionné le commerce à partir des années 1960 car il permet
de transporter tout ce que l’on veut : meuble, ordinateurs, vêtements, pièces auto, engrais, fer, verre,
carrelage, œuvre d’art, vin, plantes, graines...Il existe aujourd’hui de diverses catégories : ventilés (pour
les produits périssables), frigorifiques (denrées périssables), à toit ouvert (marchandises volumineuses)
ou spéciaux (pour les marchandises à risques).
• Délocalisations: Fermetures de site de production dans un pays avec réinstallation à l’étranger.
• Développement durable : Il s’agit de mieux concilier la performance économique, avec le respect
de l’environnement et des individus. Cette responsabilité concerne l’intégration des « 3 piliers » :
économique, social, et environnemental dans les activités et au travers des relations avec les parties
prenantes (collaborateurs, clients, fournisseurs, employés, administrations locales ou actionnaires).
• Diaspora : Dispersion d’un peuple ou d’individus de même nationalité à travers le monde.
Savoirs et savoir-faire
Notions abordées : Compétences mises en œuvre :
• Mondialisation • Analyse de documents variés :
• Nouvel Ordre Economique Mondial — Textes
• Division internationale du travail — Cartes
• Firme transnationale — Documents statistiques
• Investissements directs à l’étranger — Photographies
• Métropolisation • Répondre à des questions à partir d’un ou plusieurs
documents.
• Littoralisation
• Classer des informations
• Chaîne de transport logistique
• Employer les notions et exploiter les outils
• Zone Industrialo-portuaire
spécifiques à la géographie
• Économie d’agglomération
• Conduire une démarche géographique et la justifier
• Logique cumulative
• Construire une argumentation géographique
• Economie extravertie
• Ville globale
Problématique
A partir de 1848, la France entre dans une période de profondes mutations (sociales, économiques, institutionnelles)
alors qu’en Europe s’affirment les principes des nationalités issues de la Révolution de 1789. Ce contexte mouvant
et changeant, permet-il à la France de retrouver sa place dans le concert des nations européennes ?
Introduction
Après la défaite de Napoléon en 1815, les pays vainqueurs (surtout : Autriche, Prusse, Russie) ont restauré le
principe de légitimité monarchique au congrès de Vienne et choisi ainsi une vision du monde très autoritaire.
Pourtant, les années 1844 à 1848 sont marquées par une crise économique qui favorise les mouvements
révolutionnaires et s’étend à l’ensemble de l’Europe. La chute du chancelier Metternich fait sauter les derniers
verrous mis en place lors du congrès de Vienne de 1815. Les peuples cherchent alors à affirmer leur identité.
En France, la révolution de Juillet 1830 a vu la fin de l’exercice du pouvoir pour le roi Charles X, successeur
de Louis XVIII. C’est donc le duc d’Orléans qui est proclamé roi des Français sous le nom de Louis-Philippe
1er. Commence alors ce que l’on appelle la « monarchie de Juillet ». Pourtant, ce n’est pas le régime que
voulaient les Français en 1830 : il ne satisfait personne. De plus, la crise fait régner les manifestations, la
crainte du chômage et des famines. Pourtant, aucune des forces politiques en France n’a le poids nécessaire
pour renverser la monarchie ou même tenter d’imposer ses idées.
Mais la crise revient en 1846. Les récoltes de blé sont mauvaises et la maladie décime les plans de pomme
de terre qui pourrissent sur pied. La disette émerge, le prix du pain augmente et vient renforcer la misère
ouvrière. Comme l’opposition ne peut s’exprimer librement, elle organise des banquets à l’occasion
desquels les orateurs peuvent s’exprimer ! L’un de ces banquets, interdit le 22 février 1848, entraîne des
manifestations dans Paris. Le 24 février la capitale se couvre de barricades. L’armée est impuissante à
enrayer le soulèvement poussant le roi à abdiquer en faveur de son petit-fils. Les chefs républicains qui ont
constitué un gouvernement provisoire à l’Hôtel de ville proclament l’instauration de la République.
Cette partie vise à montrer que l’instauration du suffrage universel masculin en 1848 ne suffit pas
à trancher la question du régime politique ouverte depuis 1789. La République qui se met en place après
la Révolution de 1848 repose sur des idéaux romantiques. Rapidement, la République idéalisée fait place à
une République pragmatique qui devient autoritaire. La fraternité ne tient pas face aux contradictions des
Français et à l’instauration d’un pouvoir de plus en plus autoritaire répondant au besoin d’Ordre réclamé
par une partie de la population.
1. La constitution de 1848
L’Assemblée constituante
Le 23 avril 1848, pour la première fois en France, tous les hommes adultes votent. Ce sont 9,4 millions de
personnes qui sont appelées pour élire 880 députés. La participation est très importante (84% des citoyens
se déplacent pour voter).
Les résultats voient la victoire des républicains modérés qui emportent plus de 600 sièges. Ils sont encadrés
par les royalistes (200) et les socialistes (une centaine)
Mais les modérés au pouvoir voient une menace dans la pression ouvrière (émeute du 15 mai et invasion
de l’Assemblée nationale). La Seconde république ne sera pas une République sociale et bascule dans la
guerre civile.
La Constitution de 1848
Elle est adoptée le 4 novembre 1848 après modifications suite aux événements du mois de juin. Elle se veut
un équilibre entre la liberté instaurée par la Révolution de 1789 et l’autorité dont les journées de juin ont
montré l’impérieuse nécessité.
La constitution de 1848
Lamartine devant l’Hôtel de Ville de Paris le 25 février 1848 refuse le drapeau rouge, Félix Filippoteaux, 1848.
L’abolition définitive
L’Angleterre, dès 1807, abolit la traite dans ses colonies. Du fait de l’énorme poids du Royaume-Uni dans les
relations internationales, le gouvernement britannique, lors du Congrès de Vienne de 1815, fait pression sur
les autres puissances européennes afin de faire interdire la traite. En 1833, l’Angleterre abolit l’esclavage
définitivement
En France, des journaux, des associations se multiplient pour condamner le caractère intolérable de
l’esclavage.
Le coup d’État
En juillet 1851, il demande la révision constitutionnelle lui permettant de briguer un second mandat. Mais
ce projet est refusé et ouvre la voie à la seconde solution : le coup d’Etat.
Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, il décide par décret de la dissolution de l’Assemblée et envoie
l’armée occuper les points stratégiques de la capitale. Dans le même temps, il convoque le peuple pour un
plébiscite, moyen pour lui, de légitimer son action face au refus de l’Assemblée de prolonger son mandat.
Une résistance se met en place et des barricades sont dressées. L’armée ouvre le feu sur les Grands
boulevards, faisant 300 morts. Napoléon profite de cette situation pour mener une vaste répression contre
les Républicains : 27000 personnes sont arrêtées. 10.000 personnes sont déportées et 1500 sont bannies.
Parmi elles, le poète Victor Hugo.
Les 21 et 22 décembre, le plébiscite est ratifié par 7,5 millions de Oui. Napoléon dispose alors du pouvoir
pour les 10 années qui viennent.
Le Second Empire est marqué par un régime autoritaire tourné vers la modernisation du pays
(industrialisation, urbanisation, essor du chemin de fer). Cette seconde partie vise à montrer que la société
française connaît des mutations profondes liées à l’industrialisation et à l’urbanisation.
A. La France se modernise
Le développement du crédit
Napoléon III favorise le développement d’organismes de crédits permettant le développement d’entreprises
modernes. 1852, création du Crédit foncier. La même année le Crédit mobilier permet le développement de
sociétés de chemin de fer, de compagnies de gaz, la construction d’immeubles…
La banque de France généralise la monnaie papier avec la mise en circulation de billets de banque.
Les sociétés anonymes se développent et la spéculation est encouragée. La bourse de Paris devient la
seconde d’Europe après celle de Londres.
Le protectionnisme
Napoléon estime que le protectionnisme empêche la France de se moderniser. Le 23 janvier 1860 un traité
de commerce est signé avec l’Angleterre, qui abaisse les droits de douanes de 25 à 30%. Des traités sont
signés par la suite avec d’autres pays.
Le Second Empire est un véritable âge d’or pour la bourgeoisie et, à cette époque, se constituent de
grandes dynasties bancaires et industrielles. Napoléon III a su s’entourer de personnes de talent et de
valeur. Hommes d’affaires, ils sont pour la plupart Saint-Simoniens.
Pour cette doctrine, le progrès moral de la société est le résultat du progrès matériel et de la croissance
économique, plus que de l’action de l’Etat. L’économie doit être très organisée et l’argent s’infiltrer partout
pour irriguer la « végétation sociale ».
2. Le Paris haussmannien
Face à la croissance démographique de la seconde moitié du XIXe siècle et à l’exode rural, l’ensemble des
grandes villes européennes doit être réaménagé.
Toutes les grandes villes (Paris, Londres, Vienne, Milan et Rome) subissent des transformations. L’urbanisme
qui se développe se fonde sur une approche rationnelle pour améliorer les conditions de vie, la sécurité publique.
Paris s’agrandit et absorbe les villages aux alentours (Auteuil, Vaugirard, Montmartre…). La superficie de la
capitale est doublée et compte 2 millions d’habitants dans 20 arrondissements (contre 12 en 1860). Le baron
Haussmann modernise la ville et des quartiers sont spécialisés. Les lieux de résidence entre bourgeois et
ouvriers sont séparés comme dans toutes les villes. Les bourgeois sont logés dans les quartiers ouest et
les ouvriers dans de nouvelles banlieues au-delà des limites urbaines.
De nombreux bâtiments sont détruits, aussi bien des logements insalubres que des églises (15 ont disparu dans
l’île de la Cité). De nombreux édifices sont construits : de nouvelles églises mais aussi des mairies, des écoles,
des casernes, des hôpitaux, des gares… le nouvel opéra, œuvre de Charles Garnier, est construit de 1861 à 1875.
L’hygiène se développe
Un réseau d’égout de 600 kilomètres permet d’assainir la ville alors que l’eau courante est distribuée dans
les logements. L’éclairage au gaz est installé dans les rues et les immeubles, renforçant l’impression de
sécurité. Des espaces verts ajoutent à l’embellissement de la ville.
Conclusion
Les travaux d’Haussmann ont façonné une capitale pour la France. Ils ont permis de faire circuler l’air,
les civils, les troupes, la lumière, l’eau… Ils ont aussi unifié le paysage parisien. Riches façades sculptées,
gabarits alignés, balcons filants, toitures à la Mansart ont fait de Paris une ville sublime qui devient une
référence mondiale. Il a fait de la capitale une ville moderne que copient d’autres agglomérations en France
(Rouen, Blois, Lyon…) Mais ces travaux coûtent cher et la ville de Paris s’endette. En 1868, Jules Ferry
dénonce les « comptes fantastiques d’Haussmann », poussant Napoléon à se séparer du préfet en 1870.
Cette dernière partie vise à montrer le rôle de la France lors de la construction des unités italienne et
allemande. Cette politique d’unification est menée par des régimes monarchiques qui s’appuient sur le
mouvement des nationalités, la guerre et la diplomatie.
Inconnu, 1860
2. La guerre franco-prussienne
L’unité des pays et peuples de langue et culture allemandes existe sous la forme du Zollverein. Ce
regroupement économique reste sous l’influence de l’Autriche. Aussi, la Prusse décide-t-elle d’unifier
l’empire allemand au risque de disparaître.
Alors que la guerre menace entre l’Autriche et la Prusse, Napoléon III promet à Bismarck sa neutralité à
condition qu’il reconnaisse l’alliance de l’Italie et lui accorde en cas de victoire la Vénétie.
L’achèvement de l’Italie
La guerre éclate en 1866 et voit la défaite des Italiens face à l’Autriche, mais la victoire de Sadowa permet
à la Prusse de l’emporter face à l’empire d’Autriche.
Napoléon III reçoit alors la Vénétie qu’il rétrocède aussitôt aux Italiens. Cependant, il refuse la disparition
de l’État pontifical et sa capitale, Rome.
A l’automne 1867, Garibaldi prend la tête d’un détachement pour faire tomber la ville éternelle. Napoléon
dépêche une division dans le Latium qui défait les troupes de Garibaldi. Il faut attendre 1870 avant de voir
la résolution de cette situation. Avec la défaite de Napoléon III à Sedan la garnison française de Rome doit
quitter la Ville éternelle et rejoindre la France. Le 20 septembre 1870, les troupes italiennes font leur entrée
dans Rome qui est alors proclamée capitale du Royaume.
L’Italie est achevée dans les limites de la péninsule. Cependant il existe encore des populations italiennes
sur les rives de la mer Adriatique. En attendant de reconquérir ces derniers territoires, il reste à « faire
les Italiens », c’est-à-dire, à donner une unité culturelle et nationale à l’ensemble de la population du
Royaume.
La victoire de la Prusse fait prendre conscience à Napoléon III de la puissance de cette dernière et du
danger qu’elle peut représenter pour la France.
Bismarck, quant à lui, réalise que seule une guerre contre la France peut permettre de débloquer la
réalisation de l’unité Allemande en cimentant celle-ci dans une lutte contre un adversaire commun. En
France, l’entourage impérial estime qu’une guerre contre la Prusse permettrait de restaurer l’autorité et
la grandeur du régime.
En septembre 1868, le trône d’Espagne est vacant. La candidature d’un prince prussien déclenche une vive
réaction en France qui perçoit une menace d’encerclement du territoire. Si le projet de succession prussienne
est rapidement abandonné, Bismarck va se saisir de l’occasion pour tendre un piège diplomatique à la
France.
Napoléon III tombe dans ce piège et déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870 malgré les efforts
d‘opposants, comme Thiers ou Gambetta, pour éviter le conflit.
L’armée allemande part favorite, mieux équipée et avec un matériel plus performant que l’armée française.
Dès le mois d’août 1870, la bataille des frontières voit les défaites françaises se succéder. A la tête de
l’armée, Napoléon III se trouve encerclé dans la ville de Sedan et doit capituler le 2er septembre. L’empereur
est fait prisonnier et la France n’a plus d’armée. C’est la chute du Second Empire.
Synthèse
La révolution de 1848 a marqué le retour de la République en France. Pourtant, les événements débouchent
sur une République autoritaire qui répond à un besoin d’ordre chez les Français. Napoléon III, premier
président de la République, conserve le pouvoir par la force et instaure le Second empire. Durant les 20
ans de son règne, il contribue à moderniser et développer la France. Il l’inscrit dans le jeu des relations
internationales européennes en cassant l’ordre instauré avec le Congrès de Vienne.
Glossaire
• Abolitionniste : Partisan de l’interdiction du trafic (la traite) et de l’exploitation des esclaves dans les
colonies européennes.
• Ateliers nationaux : Organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs parisiens après la
révolution de février 1848. L’État intervenait directement en fournissant, en organisant et en payant le
travail.
• Autocensure : Exercer par soi-même une censure pour ne pas tomber sous le coup de la loi.
• Bannissement : Décision par laquelle un citoyen perd sa nationalité, lui interdisant alors de vivre dans
son pays.
• Caisse de secours mutuel : Organisation qui pratique l’entraide entre les adhérents pour réduire
l’impact de problèmes (maladie, accidents, chômage…)
• Chancelier : Chef du gouvernement.
• Coalition : Regroupement de personnes autour d’une même idée, situation qui précède la grève.
• Commerce triangulaire : Circuit marchand organisé par des armateurs européens au XVIIIe siècle
pour approvisionner en esclaves les plantations des Amériques, offrir des débouchés à l’industrie
et satisfaire les modes de vie européens. Des marchandises européennes sont échangées contre
des esclaves. Les esclaves sont ensuite échangés aux planteurs européens vivant aux Antilles ou en
Amérique contre des produits tropicaux : tabac, sucre, rhum, teintures.
• Confédération : Association d’Etats qui délèguent une partie de leurs compétences à un organe
commun permettant de coordonner leur politique. Mais cet organe commun ne constitue pas un nouvel
Etat superposé aux Etats membres.
• Congrégation : Réunion rassemblant un grand nombre de personnes.
• Conseil fédéral (Bundesrat) : Représentation des Länders allemands. Les membres sont nommés par
les gouvernements des Länders.
• Constitution : Ensemble des textes définissant la répartition des pouvoirs au sein d’un Etat ou d’un
ensemble d’Etats.
Savoirs et savoir-faire
Notions abordées : Compétences mises en œuvre :
• Suffrage universel • Identifier, nommer les périodes historiques, les ruptures et
les continuités
• Bonapartisme
• Identifier et expliciter des dates et acteurs clés de grands
• Républicanisme événements
• Capitalisme • Contextualiser : mettre un événement ou une figure en
• Industrialisation perspective, mettre en relation des faits ou événements de
nature, période, localisation différentes.
• Droit de grève
• S’approprier un questionnement historique
• Etat-nation
• Justifier des choix, une interprétation
• Principe des nationalités
Problématique
Alors que l’agriculture a façonné les paysages ruraux, comment, aujourd’hui, s’opère la recomposition
d’espaces ruraux de plus en plus multifonctionnels et fragmentés ?
Introduction
Les espaces ruraux sont profondément marqués par l’activité agricole. L’agriculture a ainsi façonné de
nombreux paysages par ses pratiques adaptées au milieu environnant. Si l’espace rural est désormais
moins peuplé que l’espace urbain, le système productif agricole continue de très largement influencer et
modifier ces paysages.
Cependant, l’espace rural a tendance à devenir de plus en plus pluriel. La mono-activité agricole
a cédé la place à de nouveaux leviers de développement productif. C’est ainsi que l’activité touristique
s’est développée dans de nombreux massifs montagneux de moyenne ou haute montagne. Le tourisme
vert s’est considérablement accru dans les pays les plus développés. Enfin, le tourisme de villégiature
(tourisme associé aux résidences secondaires) a connu une très forte croissance et a permis de sauver
de nombreux villages de la disparition pure et simple. L’industrie a trouvé dans les espaces ruraux de
nouveaux foyers d’implantation en lien avec l’activité agricole ce qui a entraîné le développement d’industries
agroalimentaires. La fourniture d’énergie a aussi trouvé dans ce milieu de nouvelles opportunités. Malgré
le handicap lié à l’éloignement des grandes métropoles, les espaces ruraux offrent une qualité de vie
recherchée par de nombreux retraités ou jeunes actifs si les réseaux de communication matériels et
immatériels (réseaux internet) les desservent rapidement et permettent d’éviter l’enclavement. Par contre,
les espaces ruraux les moins bien reliés sont des territoires hyper ruraux où les nouvelles dynamiques
économiques ont du mal à se développer.
Les espaces ruraux, qu’ils soient à vocation agricole ou non, sont de plus en plus liés aux espaces urbains.
La frange rural / urbain que nous qualifions d’espace périurbain est de plus en plus difficile à distinguer et à
interpréter. Si la définition de ces espaces périurbains est facile à saisir, dans les faits, c’est beaucoup plus
compliqué. À travers l’extension du bâti et l’artificialisation croissante des sols, les mobilités croissantes
entre les espaces ruraux et urbains, l’interdépendance entre les 2 entités, il est de plus en compliqué de
définir et de saisir les dynamiques de la périurbanisation.
Ces changements entrainent nécessairement des conflits entre les acteurs du monde rural et ces néo
ruraux. En effet, si les pratiques agricoles ont considérablement évolué, il demeure difficile de faire cohabiter
des fonctions résidentielles sans rapport avec le monde agricole avec un système productif exigeant.
L’empreinte agricole est forte dans les pays pauvres. Les espaces agricoles marquent de nombreux
territoires des pays du Sud. Ils s’étendent sur de vastes espaces et mobilisent une main-d’œuvre nombreuse
car les méthodes de production sont traditionnelles, peu mécanisées. La riziculture est un exemple de ces
productions traditionnelles qui mobilisent et nourrissent des millions de personnes.
De nombreux pays d’Afrique ont encore plus des ¾ de leur superficie occupée par des terres agricoles
(pour une moyenne mondiale de 37% en 2018). Dans la plupart des pays du Sud, l’agriculture demeure la
première source de ressources. La dépendance des habitants de ces pays est donc très forte à l’égard de
l’activité agricole, qui doit encore souvent relever le défi alimentaire.
Dans les pays du Nord, la population active agricole représente une part très réduite des emplois.
Le poids économique de l’agriculture est pourtant essentiel pour ces pays qui ont depuis longtemps relevé
leur défi alimentaire et s’imposent comme les puissances agricoles à l’échelle mondiale.
Les États-Unis, l’Union européenne et la Chine (pays émergent) assurent ainsi plus de 50 % de la production
agricole mondiale totale. Par ailleurs, les espaces agricoles continuent d’y marquer les paysages, que ce
soient des terres agricoles soumises à une agriculture très intensive ou les paysages préservés par une
agriculture plus extensive et soucieuse de relever un défi majeur, celui de la préservation de l’environnement.
Source : geotheque.org
• L’Agriculture de plantation
Les plantations sont de vastes domaines de cultures spéculatives où règne une monoculture spécifique quasi
exclusivement localisées dans la zone intertropicale (entre le tropique du Cancer et celui du Capricorne).
Les productions sont le thé, café, cacao, le sucre, la banane, l’orange, l’avocat… Les rendements élevés y
sont obtenus par le recours systématique aux méthodes modernes de production (produits phytosanitaires
et engrais). De grands groupes agroalimentaires sont souvent à la tête de ces structures. La situation de
ces plantations peut s’avérer fragile dans la mesure où elles sont dépendantes des cours mondiaux des
produits agricoles fixés dans des bourses occidentales.
Ce système de plantations est de plus en plus associé au phénomène de Land grabbing. Il s’agit d’un
phénomène récent (une vingtaine d’années) consistant à louer des terres dans un pays étranger pour une
durée fixée à l’avance moyennant un loyer dont le montant est décroissant selon la durée. Les Firmes
Transnationales qui en sont à l’origine deviennent seules décisionnaires de la production agricole à mettre
en pratique sur ces terres. Elles produisent souvent des denrées à forte dimension spéculative qu’elles ne
produisent pas sur leur propre sol. Les pays où les terres sont accaparées sont majoritairement des pays
africains mais aussi la Russie, le Brésil, l’Argentine, la Malaisie, Indonésie, Philippines. Les problèmes
sociaux et environnementaux associés à ces productions sont multiples et remettent en cause la sécurité
alimentaire des populations locales.
• L’agriculture productiviste
Cette agriculture intensive consiste à produire de très grosses quantités de produits agricoles. Elle concerne
particulièrement les céréales (blé, maïs, riz …), les oléagineux (tournesol, soja), les cultures industrielles
(pomme de terre, lin). Elle domine en Europe ou en Amérique du Nord, où se situent les grandes puissances
agricoles mondiales.
• L’agriculture vivrière
Dans les pays du Sud, l’agriculture est encore largement vivrière. Elle mobilise une main-d’œuvre importante
car elle est peu mécanisée :
— Les espaces de l’agriculture paysanne traditionnelle ou d’élevage nomade extensif sont caractérisés
par de très modestes rendements agricoles.
— Les systèmes agricoles reposent sur un équilibre précaire entre élevage extensif, culture de produits
adaptés aux contraintes du milieu et volailles.
— Dans les zones arides, ce sont les oasis et les rives des fleuves qui sont les principaux espaces
agricoles.
— Les espaces agricoles du nomadisme ont tendance à se réduire considérablement.
— La culture sur brûlis ou nomade, elle, est en voie de disparition.
Cette agriculture vivrière ne parvient cependant pas à mettre tous les habitants à l’abri de crises alimentaires.
En 2016, 108 millions de personnes dans le monde vivaient en situation d’insécurité alimentaire ou de crise
alimentaire, provoquées par des guerres ou des catastrophes climatiques.
La solidarité internationale est insuffisante, puisque des millions de personnes sont en situation d’urgence,
voire, risquent la famine.
C. Les espaces ruraux ont des liens de plus en plus étroits avec les villes
Conclusion
Dans les pays développés, les progrès de l’agriculture réalisés depuis deux siècles sont tels que l’on
se dirige vers des campagnes sans paysans (aux États-Unis, environ 2 % des actifs travaillent dans
l’agriculture). Et pourtant, c’est le monde développé qui nourrit le mieux sa population et qui fournit au
monde en développement des denrées alimentaires. L’agriculture est scientifique. La production se déroule
désormais avec très peu de main-d’œuvre grâce à une mécanisation très poussée. Le coût d’achat de ces
matériels (moissonneuses batteuses, tracteurs…) et des produits chimiques servant d’engrais est tel que
l’agriculture est en grande partie constituée de très grandes exploitations capitalistes qui se spécialisent
sur des créneaux de marché. Par ailleurs, il est devenu également possible de produire sans terres grâce
à l’élevage hors-sol (porcs ou volailles) ou sans-sol (sous serres).
L’intégration du monde rural à l’économie nationale et mondiale change les rapports entre l’Homme et la
terre. Les paysans deviennent entrepreneurs soucieux de rentabilité. La sélection des races, l’utilisation de
matériel agricole ainsi que de l’industrie chimique deviennent nécessaires. La spécialisation s’accentue,
l’agriculture s’industrialise, les paysages s’uniformisent.
PARTIE 2
À l’échelle mondiale, les espaces ruraux sont de plus en plus polyfonctionnels du fait de l’importance
croissante, en plus de la fonction agricole, de fonctions résidentielle, industrielle, environnementale ou
touristique, contribuant tout à la fois à diversifier et à fragiliser ces espaces.
Si dans de nombreux pays des Suds, l’espace rural reste encore majoritairement agricole avec
l’objectif d’agrandir la Surface Agricole Utile (surface réellement exploitée) afin de tenter de parvenir à
l’autosuffisance alimentaire, les campagnes des pays développés se caractérisent par leurs mutations
liées à la transformation des espaces ruraux agricoles en espaces ruraux à vocation de moins en moins
agricoles. L’espace rural devient alors polyfonctionnel. Le système productif y est en recomposition
permanente depuis un demi-siècle. Sur un temps long, les facteurs concourant à ces bouleversements
sont l’exode rural précoce intensifié par les différents moyens de transport comme la voie ferrée dès le
XVIIIe siècle puis les départs massifs au sein du monde rural, causés par la modernisation de l’activité
agricole et l’attractivité croissante des villes, espaces de la modernité (la mécanisation nécessite moins de
main-d’œuvre, les ruraux partent pour la ville pour trouver un emploi). Les campagnes des pays développés
se sont aussi complexifiées avec la rurbanisation (installation de citadins à la campagne).
Cette multifonctionnalité explique en partie la conflictualité accrue dans ces espaces autour d’enjeux
divers, notamment fonciers : accaparement des terres, conflits d’usage.
Quelles sont les évolutions des fonctions productives dans les espaces ruraux et quelles sont les
tensions provoquées par la diversification de ces fonctions ?
Stockage des
Les industries agroalimentaires productions
agricoles
L’agritourisme en Toscane
L’agritourisme, parfois dit aussi « tourisme à la ferme » (agrotourisme), est une forme de tourisme
dont l’objet est la découverte des savoir-faire agricoles d’un territoire, et par extension des paysages,
des pratiques sociales et des spécialités culinaires découlant de l’agriculture. Il s’agit d’une des
formes du tourisme rural, cet autre terme caractérisant pour sa part l’ensemble des pratiques
touristiques ayant le milieu rural comme finalité, non exclusivement dans sa dimension agricole. [...]
Les agritourismes en Toscane sont généralement de grandes propriétés qui constituent des anciennes
fermes. Les sites sont souvent constitués de plusieurs bâtiments, qui abritaient les différents
membres de la famille, ou les ouvriers attachés au domaine.
Niveau situation, la plupart des agriturismo sont situés au cœur des campagnes, à proximité de villes
ou village, dans un environnement qui garantit le calme. Un grand nombre de ces domaines produisent
une des spécialités du pays : vin, huile d’olive, fromage, salaisons, safran, céréales, etc… Derrière
chaque produit se cache une personne, un couple ou une famille, en relation étroite et affective avec ce
coin de terre dont on est fier et qu’on désire faire découvrir.
Texte extrait de la page d’accueil du site dolcevita.be
Conclusion
Les espaces ruraux dans le monde prennent des formes variées mais l’agriculture continue de marquer et
façonner les paysages. Les activités industrielles trouvent en milieu rural des opportunités de développement
grâce à l’espace disponible mais aussi par le biais des Industries agroalimentaires. Les petits ateliers
industriels perdurent ou se multiplient selon les régions. L’activité touristique, en croissance, valorise les
campagnes et apporte des compléments de revenus à de nombreux ruraux. Pourtant, la multifonctionnalité
de ces espaces ruraux crée également des tensions et des conflits d’usage entre les acteurs qui habitent
les campagnes : agriculteurs, néo-ruraux, industriels, et acteurs du tourisme rivalisent pour le contrôle du
foncier ou la gestion de la ressource en eau. Les espaces ruraux sont dès lors soumis à des défis qui posent
la question de la durabilité de leur développement.
En 2019, on recense moins de 14 millions de personnes qui habitent dans des communes rurales, soit
environ 20% de la population sur 60% du territoire national. Les densités y sont souvent inférieures à 50
hab./km²
Depuis le recensement de 1962, la population rurale a augmenté de plus de 12%, à un rythme beaucoup
plus faible que celui des espaces urbains, ce qui explique la baisse constante de la part de la population
rurale.
La croissance démographique des espaces ruraux reste limitée par le vieillissement de la population qui
habite les campagnes. Ce vieillissement de la population est un phénomène qui concerne l’ensemble du
territoire.
Le vieillissement de la population rurale est sensible dès les années 1960-1970, avec l’exode rural des
populations les plus jeunes tandis que les retraités restaient ou revenaient dans les villages.
Le solde naturel y demeure négatif jusque dans les années 2010. Depuis, on assiste à une renaissance
démographique des espaces ruraux, permise par un flux migratoire redevenu positif : les campagnes
attirent désormais non seulement des retraités mais aussi des familles qui cherchent à s’éloigner des
agglomérations.
Cette renaissance démographique est inégale selon les espaces ruraux. Les espaces ruraux les plus
dynamiques sont les espaces périurbains, qui sont les plus attractifs pour les nouveaux arrivants.
Les communes rurales qui se situent à moins de 45 minutes d’une grande ville permettent à des familles
de changer de cadre de vie, d’occuper des logements plus vastes, avec un foncier moins coûteux, tout en
gardant leur emploi en ville, tandis que les communes isolées sont pénalisées par leur enclavement.
Les mutations des espaces périurbains et la transformation de leurs paysages : réduction des
espaces de végétation et artificialisation des sols.
Dans un premier temps, de nombreux espaces ruraux périurbains n’avaient pour leurs nouveaux habitants
qu’une vocation résidentielle. Ils continuaient de travailler dans les agglomérations et faisaient des
déplacements quotidiens domicile-travail.
Avec l’essor des zones commerciales et d’activités artisanales ou industrielles dans les espaces périurbains,
les mobilités quotidiennes se sont modifiées et complexifiées. Moins d’un tiers des actifs périurbains va
désormais travailler dans la ville-centre, 50% exercent leur emploi dans des entreprises situées en zone
périurbaine, qui embauchent également des personnels qui résident dans la ville-centre.
Source : INSEE
• La modernisation de l’agriculture
— L’agriculture utilise de plus en plus de machines. Ce sont des machines de plus en plus puissantes,
adaptées à la taille accrue des exploitations et des parcelles.
— Le monde agricole est entré de plain-pied dans les nouvelles technologies de l’information et des
communications (Informatique, électronique). De nombreuses tâches sont aujourd’hui automatisées
et gérées par ordinateurs. De nouvelles semences plus productives sont créées grâce à la recherche
agronomique et génétique.
CNED – PREMIÈRE – HISTOIRE-GÉOGRAPHIE 117
— L’agriculture utilise massivement des produits chimiques. La consommation d’engrais a été multi-
pliée par 6 depuis 1950 et les surfaces irriguées ont été multipliées par 5 depuis 1970.
• Le complexe agro-industriel
L’agriculture est désormais le maillon central d’un vaste complexe agro-industriel. C’est le développement
de la filière agroalimentaire qui a fait de la France une grande puissance agricole mondiale.
Synthèse
Facteurs d’évolution de l’espace rural
Essor des
fonctions Développement Extension de
Urbanisation résidentielles, de l’agriculture l’espace
productiviste agricole
récréatives , …
Savoirs et savoir-faire
Notions abordées : Compétences mises en œuvre :
• Agriculture biologique • Analyse de documents variés :
• Agriculture intensive — Textes
• Agriculture raisonnée — Cartes
• Agriculture vivrière — Documents statistiques
• Agritourisme — Photographies
• Agrobusiness — Paysages
• Autosuffisance alimentaire
• Répondre à des questions à partir d’un ou plusieurs
• Conflits d’usage documents.
• Développement durable
• Classer des informations
• Écotourisme
• Employer les notions et exploiter les outils spécifiques à la
• Industrie agroalimentaire géographie
• Multifonctionnalité
• Conduire une démarche géographique et la justifier
• Néo-rural
• Construire une argumentation géographique
• Périurbanisation
• Etre capable d’identifier et d’interpréter les composantes d’un
• Polyculture
paysage rural et agricole.
• Population rurale
• Population urbaine
• Productivité
• Rendement
• Tourisme vert
Problématique
Comment la IIIe République, installée dans l’urgence dans un contexte instable, a-t-elle permis la mise en
place d’un modèle républicain durable, surmontant les crises et les oppositions ?
Comment la société française est-elle transformée par l’industrialisation qui se poursuit entre 1870 et 1914 ?
Comment, parallèlement, la France se constitue-t-elle un vaste empire colonial basé sur un système
d’exploitation inégalitaire ?
Introduction
A sa naissance en 1870-1871, la IIIe République est un régime fragile car trois projets politiques s’opposent
dans un contexte troublé :
• En septembre 1870, la France est toujours en guerre contre les Prussiens. Les Républicains modérés,
comme Léon Gambetta et Jules Ferry, forment un Gouvernement provisoire, déterminés à poursuivre
le combat depuis Tours. Entre septembre 1870 et janvier 1871, date de la fin de la guerre, Paris est
assiégée.
• Les premières élections législatives, qui ont lieu en février 1871, donnent une large majorité
parlementaire aux monarchistes, légitimistes et orléanistes, qui se sont prononcés pour la paix et le
rétablissement de la monarchie. Le nouveau gouvernement est dirigé par Adolphe Thiers. Celui-ci
signe le 10 Mai 1871 avec la Prusse le traité de Francfort, traité qui inflige à la France de lourdes pertes
dont l’amputation d’une partie de son territoire (Alsace-Moselle).
• De mars à mai 1871, alors que les Prussiens occupent encore la France, un Gouvernement
révolutionnaire et populaire dirige de manière autonome la ville de Paris, guidé par le patriotisme et
un idéal de République sociale et anticléricale. C’est la Commune de Paris, réprimée dans le sang du
21 au 28 mai 1871 lors de la Semaine sanglante.
Régime installé dans l’urgence, la IIIe République s’est pourtant enracinée dès les années 1880. Elle va se
maintenir jusqu’en 1940 et le modèle républicain perdure encore aujourd’hui.
Le 4 septembre 1870, la défaite militaire de Napoléon III face à la Prusse, à Sedan, met fin au Second
Empire. La Troisième République est proclamée par plusieurs chefs politiques, dont Léon Gambetta.
A peine mise en place, cette République, qui se dote d’un gouvernement de Défense nationale composée
de Républicains, est menacée.
Le triomphe de la République
Classe dans une école primaire avant 1914: l’esprit de revanche. À gauche,
carte de la France amputée de l’Alsace et de la Lorraine.
J.-P. Briand et alii, L’enseignement primaire et ses extensions (XIXe – XXe siècles), Economica, 1987.
L’apprentissage de la citoyenneté se fait aussi lors du service militaire, obligatoire pour tous les hommes à
partir de 1889. Il dure deux ans et permet un brassage social et géographique, contribuant à diffuser dans
toute la France les valeurs républicaines et le patriotisme.
L’anarchisme :
L’anarchisme est un courant révolutionnaire selon lequel la liberté passe par le rejet de toute forme
d’autorité (Église, État, patronat). Les moyens d’actions sont la grève générale et l’attentat.
Une vague d’attentats anarchistes a touché la France entre 1893 et 1894. Auguste Vaillant a lancé une
bombe dans « les bouffe-galettes de l’aquarium » (les députés) le 9 décembre 1893.
L’antiparlementarisme est alimenté par des scandales, comme celui de Panama qui éclate en 1892.
Menacés par la gauche et la droite, les républicains triomphent tout de même de ces premières oppositions.
Caricature représentant le banquier juif Jacques de Reinach, (agent financier de la Compagnie du canal
de Panama, ayant payé des députés pour qu’ils votent un emprunt permettant de sauver l’entreprise)
partageant le « gâteau » avec la famille de Ferdinand de Lesseps (ingénieur de la construction du canal)
et les autres personnes corrompues. Un gendarme commence à arrêter les coupables.
Cette affaire, le « scandale de Panama », éclate dans la presse et ternit l’image des parlementaires et
par extension du régime.
Ils renforcent la cohésion nationale qui s’exprime notamment lors de l’Exposition universelle de 1889. Ils
réduisent la liberté d’expression en interdisant la propagande des anarchistes (lois dites « scélérates »
adoptées en 1893-1894). Les anarchistes choisissent alors la voie syndicale pour s’exprimer.
« (…) J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur
judiciaire (...), et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations
les plus saugrenues et les plus coupables. J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout
au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle. J’accuse le général Billot
d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de
s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique, et pour
sauver l’état-major compromis. J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus
complices du même crime, l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de
corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, inattaquable. J’accuse le général de Pellieux
et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus
monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de
naïve audace. J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans
L’Éclair et dans L’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.
J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une
pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre,
en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.
En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur
la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.
(...) Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et
de la justice.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au
bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour
d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.
ÉMILE ZOLA »
La première industrialisation connaît un coup d’arrêt en 1873. Une crise, déclenchée à la bourse de
Vienne, ralentit l’économie et touche particulièrement la France, c’est la Grande Dépression. Elle touche
spécialement le monde rural, dont elle accélère le déclin. A partir de 1896, la deuxième industrialisation
relance la croissance jusqu’à la Première Guerre mondiale : c’est la « Belle Époque ».
A. La poursuite de l’industrialisation...
Né dans une famille bourgeoise de Lorraine, Eugène 1er Schneider (1805-1875) rachète en 1836 avec
son frère la fonderie du Creusot, dont il devient le seul directeur en 1845.
En 1850, il y a 9000 habitants au Creusot, dont 4000 travaillent pour les Schneider. L’entreprise profite
des besoins en chemins de fer, bateaux en fer, charpentes métalliques, pour développer son activité.
Eugène Schneider étend bientôt son influence au monde politique.
La famille Schneider est donc une grande dynastie de la haute bourgeoisie française, qui concentre le
capital et exerce une influence majeure dans les sphères politiques.
1. La Tour Eiffel, construite en métal par Gustave Eiffel et illuminée en rouge pendant l’exposition de
1889, est le plus haut monument du monde à l’époque
2. Le palais du Champ de Mars abrite les expositions industrielles
1. La question ouvrière
L’exemple des ouvriers de l’entreprise Schneider au Creusot témoigne de la dureté de la vie des ouvriers à
fin du XIXe siècle et de leur difficulté à faire entendre des revendications. Face à leurs conditions de vie et
de travail, les ouvriers s’organisent.
Des syndicats ouvriers se créent, comme la CGT (Confédération Générale du Travail) en 1895.
Des partis politiques naissent, comme le Parti ouvrier, créé en 1882. Ces organisations tiennent un discours
révolutionnaire mais s’inscrivent, au début du XXe siècle, dans une dynamique réformiste sous l’influence
du socialiste Jean Jaurès.
Des manifestations ouvrières ont lieu, notamment lors du 1er mai, devenu journée internationale des
travailleurs en 1890. La grève devient un moyen d’expression des revendications ouvrières, qui sont
concentrées à la fin du XIXème siècle sur l’obtention de la journée de 8 heures, et sur une meilleure
protection sociale.
Après une première vague de colonisation de l’Amérique et de l’Asie par les Européens entre le XVIème siècle
et le XVIIIème siècle, l’expansion coloniale des puissances européennes reprend au XIXème siècle. Affaiblie
par sa défaite contre l’Allemagne en 1871, la France se constitue dans les années 1880, sous la Troisième
République, le deuxième plus grand empire colonial du monde, après celui de la Grande-Bretagne.
La colonisation de l’Afrique
En 1881, la France signe des traités de protectorat en Tunisie.
La colonisation de l’Asie
En 1885, la France s’impose en Annam indochinois. En 1887, elle crée l’Union indochinoise qui regroupe
l’Annam, le Tonkin, le Cambodge et la Cochinchine, et à laquelle s’ajoute le Laos en 1893.
En 1914, l’empire colonial français est le deuxième au monde.
Les colonies sont des marchés dans lesquels Selon Clémenceau, la colonisation
la France peut écouler sa production. Cela coûte extrêmement cher en argent
est particulièrement intéressant en cette et en hommes, sans garantie de
Arguments
période de dépression, où se développe le retour sur investissement.
économiques
protectionnisme. Elle peut aussi y exploiter
des matières premières nécessaires à son
industrie : minerais, caoutchouc…
Les Européens sont dans leur grande Certains, à gauche, comme
majorité convaincus d’être une race Clémenceau, pensent que les
supérieure qui peut s’installer dans des Européens ne sont pas supérieurs
territoires peuplés par des races inférieures aux autres peuples et leur action se
Arguments pour les civiliser. Cela valorise les Français borne à les violenter, pas à les aider.
civilisationnels humiliés par la défaite de 1871. L’Église y Ils font remarquer la contradiction
voit un moyen d’évangéliser de nouvelles entre l’universalisme républicain et
populations. les valeurs d’égalité et de fraternité
d’une part et la violence de la
colonisation d’autre part.
La France doit retrouver sa puissance Pour les détracteurs de la
perdue en 1871 avec la défaite contre colonisation, c’est-à-dire la droite
l’Allemagne en participant à la course nationaliste et les radicaux, la
Arguments
aux colonies, pour pouvoir rivaliser avec France doit se concentrer sur sa
politiques
l’Angleterre et l’Allemagne. Les colonies défense contre l’Allemagne pour
et patriotiques
constituent également des points d’appui éviter une nouvelle défaite militaire,
et des réserves de populations en cas de notamment en renforçant la ligne
conflit. Maginot.
Glossaire
• Anarchisme : courant révolutionnaire selon lequel la liberté passe par le rejet de toute forme d’autorité
(Église, État, patronat). Les moyens d’actions sont la grève générale et l’attentat.
• Antidreyfusard : Personne contre Dreyfus, qui s’oppose à sa libération et à sa réhabilitation.
• Antiparlementarisme: attitude politique d’hostilité envers le régime parlementaire et les hommes
politiques qui en font partie. Il s’oppose à la représentation du peuple par les partis politiques.
• Assimilation : Amener progressivement les populations colonisées « au niveau » des populations de
métropole afin d’en faire des citoyens de plein droit.
• Classe moyenne : Classe sociale regroupant les personnes qui ne sont ni pauvres ni riches ! Elles ont
suffisamment d’argent pour en épargner une partie.
• Code de l’indigénat : Texte par lequel les populations indigènes sont maintenues dans un statut
inférieur (absence de droits politiques, justice particulière).
Problématique
Comment l’organisation spatiale de la Chine se recompose‑t‑elle, sous l’effet de son développement
économique et de son ouverture à la mondialisation ?
Introduction
« Empire du milieu », « péril jaune » (…) sont des expressions qualifiant la Chine qui rappellent qu’elle est
longtemps apparue aux Occidentaux comme un pays très mystérieux du fait de la distance et d’une culture
très différente. Cependant, de nos jours, cette Chine est de moins en moins mystérieuse. Elle est même
devenue un géant mondial dans trois domaines : le territoire, la population et l’économie.
La Chine est un État continent. Sa superficie de 9,562 millions de km² place la Chine parmi les pays les plus
vastes du monde. En tête, la Russie avec ses 17 millions de Km², les États-Unis, Canada environ 10 millions
de km² puis le Brésil… Le pays prend appui sur les contreforts de l’Himalaya, les déserts d’Asie centrale et
s’ouvre vers l’océan Pacifique. La Chine a des frontières avec de nombreuses puissances majeures dans le
monde d’aujourd’hui : la Corée du Nord, la Russie, le Pakistan, l’Inde, le Japon...
Le nouveau centre du monde. L’année 2008 a été celle des Jeux olympiques, grand moment d’autocélébration
nationale pour les Chinois. Mais cette année heureuse a été marquée aussi par des troubles au Tibet, le
scandale du lait contaminé, le séisme du Sichuan. Tout cela est le reflet d’un monde chinois très dynamique
qui connaît des mutations importantes. Elles entraînent aussi des changements à l’extérieur du pays. La
Chine, seconde puissance économique mondiale, est en rivalité commerciale avec les États-Unis. Chacun
des deux pays instaurant des taxes aux importations pour limiter la puissance de l’autre.
Développement et inégalités
La Chine connaît un développement rapide depuis les années 1990. Sa croissance est le résultat des
politiques de modernisation mises en œuvre par Deng Xiaoping.
Les conséquences semblent positives pour la population qui vit mieux et pour le pays qui s’enrichit.
Mais cette richesse associée au développement reste concentrée sur le littoral et quelques villes.
A. De fortes croissances
En Chine, tout semble augmenter de manière continue. L’économie affiche toujours une belle croissance,
même si celle-ci a diminué depuis 10 ans. La population est plus nombreuse et vit mieux. Cependant la
pauvreté est toujours présente, notamment dans les campagnes.
© V. Jost, 2019
Ces modes de consommation des loisirs sont le reflet d’une population urbaine. En 2011, la population
urbaine a dépassé la population rurale, alors que l’on ne comptait que 20% d’urbains en 1981.
« La Chine était devenue, selon les critères adoptés, la première ou la deuxième puissance
économique du monde derrière les USA. Certes, ce résultat était trompeur : si l’on prend en compte la
population, on n’a qu’un peu plus de 11 000 $ par an par personne pour la Chine, soit moins de 1 000 $
par mois par habitant, contre 4 fois plus pour les USA. L’« aisance moyenne » évoquée par Xi Jinping
est bien modeste, d’autant plus que la Chine est une des sociétés les plus inégalitaires du monde où
le niveau moyen des salaires oscille entre 300 et 400 $ par mois. Si on considère d’autres paramètres
décisifs, comme la capacité d’innovation, la maîtrise de la technologie de pointe, la puissance militaire,
l’attractivité, la créativité culturelle, la Chine est partout nettement distancée par les USA : les USA
avec 5 % de la population mondiale, produisent entre le quart et le cinquième des richesses de la
planète et leur budget militaire représente plus de 40 % de tous les budgets militaires. Toutes les
grandes découvertes technologiques des cinquante dernières années sont américaines et aucune
n’est chinoise. Or la croissance chinoise qui avait été une croissance à deux chiffres de 1979 à 2007 est
tombée en 2014 à 7,3 %, en chute continue depuis 2008. Les importations en 2014 ont baissé de 20 %
et les exportations de 3 %, la croissance étant due à une poussée de la consommation intérieure. »
Alain Roux, La Chine contemporaine, A. Colin, 2015
La croissance de la Chine a permis à une bonne partie de la population de voir ses conditions de vie
s’améliorer. Malgré tout, il reste encore des poches de pauvreté, notamment dans les espaces ruraux. Ces
derniers connaissent de nombreux changements ce qui pousse les populations à migrer vers les villes.
Cette population chinoise, de plus en plus nombreuse, connaît d’importantes tensions démographiques.
© V. Jost, 2019
Un déficit de filles
La politique de l’enfant unique associée à la volonté d’avoir un garçon dans la famille ont entraîné un
déséquilibre des sexes : le sexe ratio est aux dépens des filles. En 2010, on compte 118 garçons pour 100
filles à la naissance. Il manquerait environ 5 millions de femmes dans le pays. Diverses solutions plus ou
moins utopiques ont été proposées : mettre en place une immigration de femmes, allonger la durée du
service militaire pour les hommes, voire leur demander d’émigrer.
Aucune de ces solutions n’est viable et l’on trouve de nombreux célibataires chez les jeunes hommes, qui
ont du mal à trouver l’âme sœur.
© V. Jost, 2019
La démographie chinoise commence à éprouver les limites de son fabuleux développement. La politique de
l’enfant unique et une plus grande espérance de vie ont contribué à le rendre plus fragile.
De même, croissances démographique et économique ont renforcé les disparités territoriales. Ainsi, ce sont
les villes, mais aussi la région littorale, qui enregistrent les plus fortes croissances, tant démographiques
qu’économiques.
1. Trois territoires
L’organisation du territoire chinois s’articule autour de trois régions, qui se distinguent par leur
développement économique :
• Le littoral est peuplé et attractif.
Interface avec le reste du monde, cette région a accueilli les ZES à la suite des réformes de Deng
Xiaoping. Il s’agissait de moderniser le pays et de lui faire rattraper le retard par rapport aux autres
puissances mondiales. La modernisation s’est traduite par des flux migratoires de l’intérieur de la
Chine vers ce littoral très dynamique.
• La Chine intérieure bénéficie d’un développement de proximité.
Situé dans l’arrière-pays de la région littorale, c’est un territoire essentiellement rural et plutôt pauvre.
Les populations ne restent pas et migrent en direction du littoral pour y trouver du travail.
• L’Ouest est enclavé en Asie centrale.
© V. Jost, 2019
Littoral 14 45 58 84 82
Intérieur 30 44 34 13 16
L’Ouest 56 11 8 3 2
La métropolisation en Chine
© V. Jost, 2019
© V. Jost, 2019
Ressources et environnement
La croissance chinoise a besoin de ressources énergétiques importantes pour répondre aux besoins des
industries et des populations. Ces dernières étant plus nombreuses, l’agriculture doit nourrir de plus en plus
de monde. Mais les demandes des habitants en matière de ration alimentaire ont changé et l’agriculture a
du mal à répondre aux besoins actuels.
Face à ces besoins croissants, l’environnement devient alors un enjeu.
© V. Jost, 2019
Depuis 2000, la demande pétrolière chinoise augmente de 10% par an à cause de l’industrialisation, de
l’urbanisation et de l’augmentation du parc automobile.
© V. Jost, 2019
© V. Jost, 2019
Jusqu’aux années 2000, la Chine a pu nourrir une population de plus en plus nombreuse car les productions
agricoles chinoises sont abondantes et parmi les premières au monde :
• 1er rang mondial pour la production de blé, de riz, de porc
• 2e rang pour la volaille
• 3e rang pour la viande bovine, le maïs
La gestion de l’eau
Ce manque d’eau est aggravé par le pompage d’eau pour les productions industrielles et la consommation
urbaine. A tel point que cela a vidé les nappes phréatiques. Le barrage des Trois Gorges a été construit
aussi pour servir à alimenter en eau les provinces du nord.
La production d’énergie
En Chine, la production d’énergie repose sur quatre ressources différentes dont la part respective a
beaucoup varié sur la période 1990-2017.
© V. Jost, 2019
2. La pollution de l’air
Une pollution importante mais négligée
En 2013, Beijing a enregistré 183 jours de pollution de l’air. Les particules fines, qui sont les plus dangereuses
sont relevées dans la majeure partie des villes du pays. La pollution de l’air entraîne le développement de
l’asthme, notamment chez les enfants, population plus fragile. Certains chiffres indiquent que la pollution
atmosphérique est à l’origine de 1,6 million de décès par an, soit 17% du total des décès annuels.
Malgré ce constat alarmant, la pollution de l’air était considérée jusqu’en 2015 comme une préoccupation
moins importante, pour les Chinois, que la corruption dans la société.
Source des données : Global Carbon Project, communauté scientifique internationale formée
en 2001 et spécialisée dans l’observation des émissions de gaz à effet de serre.
Recompositions spatiales
A. La littoralisation
La région du littoral concentre une bonne partie de la population chinoise, les activités économiques et
les richesses. Les raisons sont liées à l’insertion de la Chine dans la mondialisation. Elle se fait par voie
maritime à partir des années 1980 à la suite des réformes impulsées par Deng Xiaoping.
© V. Jost, 2019
Le littoral est toujours le cœur de la Chine. 70% des importations de pétrole se font par voie maritime via
le détroit de Malacca, territoire contrôlé par les États-Unis et leurs alliés. Interface entre la Chine et le
monde, la région littorale renforce ses activités économiques.
La concentration de population oblige à des aménagements réguliers permettant d’adapter les localisations
économiques et de populations.
« En 2013, les disparités régionales ont été atténuées, grâce aux politiques d’aménagement du
territoire, à la diffusion du développement depuis la côte (délocalisations, complémentarités
économiques et hiérarchisation spatiale) et à l’émergence de logiques plus continentales de
croissance. Le littoral reste un espace d’ouverture privilégié, avec une même hiérarchisation spatiale
au profit de métropoles comme Hong Kong et Shanghai. Mais le développement a largement gagné
les secteurs nord et centre du territoire chinois. Le Hubei et Chongqing sont en voie d’intégration
au même degré que le Fujian ou le Shandong. Les provinces de second rang par rapport au littoral
(Anhui, Jiangxi, Hunan) deviennent intermédiaires. Surtout, des pôles continentaux émergent,
indépendamment de l’ouverture côtière, comme Xi’an et le Shaanxi, et dans une moindre mesure le
Sichuan, le Ningxia et le Shanxi, quand le Heilongjiang recule, accusant des disparités grandissantes
au sein du Nord-Est ».
Thierry Sanjuan, « La fin des trois Chine ? », Géoconfluences, 2016
Le littoral est la région la plus dynamique du territoire chinois. De grandes métropoles, dont l’importance
s’explique par le manque de place et la volonté de rééquilibrer le territoire, polarisent et organisent un
espace géographique qui s’étend de plus en plus vers l’intérieur des terres.
B. La métropolisation
La Chine a connu une urbanisation massive, volontaire et rapide. En quelques décennies, plus de la moitié
de la population s’est retrouvée dans des villes de plus en plus grandes.
L’insertion dans la mondialisation a débouché sur une concentration des activités, des centres de décision
et des moyens de transports dans les villes. Quelques-unes de ces villes dominent les autres et sont
implantées sur le littoral.
1. Modernisation urbaine
De nouvelles conditions de vie
Les dynamiques urbaines sont le reflet des changements de la société. Les populations urbaines sont plus
nombreuses, entrainant une extension du bâti. L’État laisse plus de souplesse, la ville doit faire face à des
besoins nouveaux (automobiles, transports en général, confort…) mais aussi répondre à des générations
nouvelles qui vivent selon le même mode de consommation que les Occidentaux.
Conséquences
Une pollution importante couvre la ville de Shanghai souvent touchée par les rejets provenant des
entreprises et de la circulation automobile. Les populations riches ont tendance à se regrouper dans des
quartiers haut de gamme et les plus pauvres sont expulsées dans les villes nouvelles situées en périphérie,
ce qui entraîne une ségrégation socio-spatiale. Cette ségrégation est sociale avec des écarts de salaires
importants (130€ à 50.000€ par mois…). Elle est aussi géographique : d’un côté des immeubles, et de
l’autre côté des quartiers résidentiels fermés réservés aux plus aisés (gated communities).
Métropolisation en Chine
Les villes concentrent de plus en plus d’activités de services et de transports. Les activités de commandement
s’y trouvent et les villes deviennent à la fois des hubs et des pôles. Les activités de productions industrielles
sont renvoyées dans des périphéries plus lointaines où les salaires et les prix des terrains sont meilleurs
marchés. Les villes polarisent donc des espaces régionaux plus ou moins vastes selon leur importance.
La métropolisation en Chine
© V. Jost, 2019
C. Les périphéries
Les périphéries sont organisées et dominées par les métropoles. Les villes s’étendent et manquent de
place qu’elles récupèrent sur des terres agricoles. L’ensemble du pays est polarisé par la région littorale.
© V. Jost, 2019
© V. Jost, 2019
La frontière spatiale
La Chine fait partie des rares pays capables d’envoyer des hommes dans l’espace.
C’est un moyen pour elle d’afficher et d’affirmer sa puissance. Ainsi, en septembre 2011, elle a placé en
orbite une station spatiale. En décembre 2013 le rover « Lapin de Jade » s’est posé sur la Lune…Le système
de géolocalisation Baidu est le concurrent direct du GPS américain, Galileo Européen et Glonass russe.
D’autre part, la Chine a les moyens de détruire les satellites des puissances étrangères directement depuis
la terre.
Le territoire chinois connaît de profondes mutations intérieures qui renforcent les disparités territoriales et
favorisent les espaces urbains.
A l’échelle de l’Asie Pacifique et du Sud, c’est l’ensemble du territoire chinois qui s’affirme, en tant que
puissance, à la fois sur l’espace continental et maritime. Cette affirmation est source de tensions avec les
pays voisins.
Synthèse
La Chine connaît de nos jours de nombreuses mutations liées à une très forte croissance économique
doublée d’une croissance démographique qui demeure importante.
© V. Jost, 2019
Savoirs et savoir-faire
Notions abordées : Compétences mises en œuvre :
• Disparités • Analyse de documents variés :
• Croissance — Textes
— Cartes
• Dynamiques
— Documents statistiques
• Ressources
— Photographies
• Environnement
• Répondre à des questions à partir d’un ou plusieurs
• Pression documents.
• Recomposition spatiale • Classer des informations
• Littoralisation • Employer les notions et exploiter les outils spécifiques à
la géographie
• Métropolisation
• Conduire une démarche géographique et la justifier
• Espaces ruraux
• Construire une argumentation géographique
Problématique
Comment la Grande guerre est-elle devenue un conflit mondial, de plus en plus violent ?
En quoi peut-on dire qu’elle fut une guerre totale ?
À quelles difficultés, dont certaines fragilisent la construction d’une paix durable, l’Europe est-elle confrontée
au lendemain de ce conflit ?
Introduction
L’été 1914 plonge brutalement les États européens dans la guerre. C’est l’attentat de Sarajevo le 28 juin
1914 qui mit le feu aux poudres ; l’Autriche déclarant la guerre à la Serbie un mois plus tard. Par une
application stricte et rigide des alliances, le conflit s’internationalise : la Russie décrète la mobilisation
générale le 30 juillet. Le 1er août, l’Allemagne fait de même et entre en guerre le 3 août. Entre-temps, la
France, fidèle à ses engagements, a décrété la mobilisation générale. L’Angleterre entre à son tour dans la
guerre le 4 août.
L’empressement des puissances européennes à en découdre par les armes s’explique par l’illusion que la
guerre sera courte. Chez les soldats, c’est la résignation devant le devoir à accomplir qui domine.
Cette Première Guerre mondiale marque l’apparition un nouveau type de conflit : c’est une guerre totale
car, à l’arrière, les hommes qui ne sont pas partis combattre et les femmes participent activement à l’effort
de guerre.
L’effort de guerre conduit à l’État à donner la priorité économique au développement des industries qui
produisent des armes, à l’approvisionnement des soldats sur le front, au financement de cette économie
de guerre, des travaux de recherches scientifiques indispensables à la construction d’un armement plus
perfectionné et adapté à l’évolution des combats (guerre de position dans les tranchées). La vie à l’Arrière
devient donc difficile : les matières premières manquent. Certains habitants sont confrontés à de nombreux
bombardements, des villages sont détruits, de nombreux civils sont morts ou blessés.
Pour maintenir l’effort de guerre et son consentement au sein de la population, éviter le découragement,
l’État a développé une propagande qui valorise les Poilus comme des héros qu’il faut soutenir. Le conflit est
présenté comme un engagement défensif face à l’agression de l’ennemi. La volonté politique de maintenir
l’unité nationale entraîne également l’utilisation de la censure : surveillance des lettres des soldats, censure
de la presse, mise sous silence des difficultés des combats et de la vie dans les tranchées sont tues.
Une fois le conflit terminé, l’ampleur des dommages, humains, matériels et moraux, rend compliquée
la construction de la paix. La Grande Guerre fut pour l’Europe une épreuve sans précédent : près de
10 millions de morts, une génération d’invalides, des régions entières dévastées par les opérations
militaires. La rancœur entre Français et Allemands n’est pas stoppée pour autant, au contraire la
haine reste vive. La civilisation européenne a perdu de son prestige dans le monde ; la violence et
les traumatismes de la guerre remettent en cause les vertus du progrès scientifique, les colonies
condamnent l’image de la barbarie et revendiquent leur émancipation, après un conflit auquel elles ont
été contraintes de participer.
Cette partie permettra dans un premier temps de déterminer quelles furent les causes de ce conflit. Nous
étudierons ensuite quelles furent les grandes étapes de cette guerre pour enfin analyser comment les
combats sont devenus de plus en plus violents.
Les Alliés
NORVÈGE Entrés en guerre en août 1914
SUÉDE Entrés en guerre plus tardivement
Moscou
Jutland
1916 Pays non européens rejoignant les alliés
DANEMARK Mer
Mer Baltique — Dominions britanniques (Afrique du Sud, Canada,
Australie, Nouvelle-Zélande ) : 4-08-1914
ROYAUME- du Nord R U S S I E
UNI 1-08-1914 — Japon : 23-08-1914
Tannenberg
4-08-1914 1914 — États-Uins : 6-04-1917
Berlin
Londres PAYS-BAS — Chine : 4-08-1917
Troupes des dominions ALLEMAGNE
britanniques, BELGIQUE 1-08-1914 — Brésil : 26-08-1917
troupes américaines 4-08-1914
(à partir de juin 1917) Paris Les puissances centrales et leurs alliés
Verdun Vienne
Entrés en guerre en août 1914
1916 AUTRICHE-HONGRIE
Océan
F R A N C E SUISSE 28-07-1914 Entrés en guerre plus tardivement
Atl a nti q u e 3-08-1914 Caporetto
ROUMANIE Me r No ire
1917 08-1916 ARMÉNIE 3-08-1914 Date d’entrée en guerre
I TALI E
SERBIE BULGARIE
28-07-1914 10-1915 Territoires occupés par les
Constantinople Empires centraux fin 1916
MOTÉNÉGRO
PORTUGAL Dardanelles EMPIRE Territoires de l’Empire ottoman
Rome ALBANIE 1915
03-1916 Madrid OTTOMAN occupés par les États de
ESPAGNE 1-11-1914 l’Entente en 1917
Lisbonne
Athènes Pays neutres
GRÈCE Chypre
06-1917 Dodécanèse Position des fronts
Gibraltar (R-U) (R-U)
TUNISIE Malte (Italie) Front ouest, 1915-1917
ALGÉRIE (France) (R-U) Jérusalem Front est, fin 1916
MAROC (France) Me r M é d ite rran é e Front italien, 1915-1917
(France)
Fronts balkanique
ÉGYPTE et orientaux, fin 1917
LIBYE (R-U)
250 km (Italie) Bataille Combat naval
Les états-majors pensent unanimement que la guerre sera brève, en conséquence ils adoptent un plan
offensif. Les Allemands reprennent le plan Schlieffen, établi en 1905, selon lequel l’armée française devait
être écrasée en moins de 6 semaines avant la mobilisation effective des Russes. De leur côté, les Français
envisageaient une offensive rapide en Lorraine et en Alsace, mais le chef d’état-major français, le général
Joffre, négligeait les risques d’invasion allemande par la Belgique. La bataille de Lorraine engagée le
19 août échoue à enfoncer les forces allemandes. Les Français prennent Mulhouse mais doivent refluer et
l’affaire se termine par une sanglante défaite : le 22 août 27 000 fantassins sont tués par les mitrailleuses
allemandes.
Le plan Schlieffen est mis en œuvre et semble réussir. Les troupes allemandes de von Moltke envahissent
la Belgique neutre puis déferlent sur le Nord de la France et se dirigent vers Paris, transformé en camp
retranché par le général Gallieni ; elles arrivent jusqu’à Senlis. Le gouvernement français est évacué à
Bordeaux le 2 septembre. L’effet de surprise a joué à plein. Gallieni réagit, et le 6 septembre démarre
une contre-offensive, la bataille de la Marne (6 – 13 septembre 1914). La garnison de Paris, transportée
notamment par des taxis réquisitionnés, oblige les Allemands à reculer au-delà d’une ligne Verdun –
Reims – Lille.
À l’Est, les Russes ont mené une offensive dès août 1914 mais subirent 2 graves revers, à Tannenberg,
les 26 et 27 août et aux lacs Mazures (décembre 1914). Les Russes, mal équipés, doivent céder face aux
généraux allemands Hindenburg et Ludendorff.
Sur le front Ouest, la bataille de la Marne, considérée comme la dernière grande bataille de la
guerre de mouvement, avant que les soldats ne s’enfoncent dans les tranchées pour mener une
guerre de position (stabilisation des fronts). Cette bataille opposa la majeure partie des forces
militaires allemandes à l’armée française, dont le commandant en chef était Joseph Joffre. Face à
l’avancée de l’armée allemande, Joffre décida en septembre 2014 de lancer une contre-offensive
puissante (le 6 septembre 2014, il déclare : « au moment où s’engage une bataille dont dépend le
sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière...une
troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur
place plutôt que de reculer »). La bataille se termine le 9 septembre après de violents combats au
corps à corps à la baïonnette. L’épisode symbolique des « taxis de la Marne » (transport de troupes
avec des taxis parisiens) rend surtout compte de la solidarité étroite entre civils et militaires (cette
bataille fut ensuite suivie d’une « course à la mer » avant que le front ne se stabilise).
Sur le front Est, la bataille de Tannenberg est un autre épisode essentiel de la guerre. Elle permet à
l’armée allemande de mettre fin à l’avancée russe sur le territoire allemand, avant que les Allemands
ne parviennent à faire reculer l’armée russe qui subit plusieurs défaites successives. Cette bataille ne
signifie pour autant pas la fin de la guerre de mouvement sur le front oriental, et ce tout au long de la
Grande guerre.
Les principaux contingents coloniaux sont ceux des colonies françaises et britanniques.
Les troupes venues des colonies françaises représentent environ 600 000 hommes, venus majoritairement
d’Afrique (294 000 combattants venus d’Afrique du Nord, 171 000 de l’AOF, 18 000 de l’AEF).
Les troupes coloniales britanniques sont en grande majorité issues des Indes (en 1919, on évalue le nombre
d’Indiens ayant participé aux combats à 870 000). Les troupes coloniales britanniques africaines ont été
plus limitées (59 000 combattants environ).Ces soldats ont exclusivement participé à des opérations sur
le territoire africain tandis que les troupes coloniales africaines françaises servirent sur tous les fronts
européens (ces soldats ont ainsi participé à quelques-unes des grandes batailles, telle les Dardanelles
1915, la Somme 1916, Verdun 1916).
4. 1918, le dénouement
La nouvelle donne internationale avec le retrait russe (La Russie perd la Finlande, la Pologne, les pays
Baltes, doit reconnaître l’indépendance de l’Ukraine) et la lenteur de la mobilisation américaine risquait
de placer les Alliés en situation périlleuse. Ce ne fut qu’à partir d’avril 1918 que des divisions américaines
combattirent, renversant le rapport de force en faveur des Alliés.
Conscient de l’occasion, l’état-major allemand lance plusieurs offensives sur le front occidental. Entre mars
et juillet 1918, l’Allemagne lance 4 grandes offensives sur la Somme, en Flandre, au Chemin des Dames,
en Champagne. Les victoires allemandes se suivent, la Marne est à nouveau franchie en mai 17, Paris est
bombardé par les avions allemands et par la Grosse Bertha, un canon à longue portée. Cependant, faute
d’effectifs suffisants, les Allemands ne peuvent exploiter leurs victoires.
La guerre aérienne
Si avant 1911, aucune armée occidentale ne possédait encore de moyens militaires aériens, lorsque la guerre
débute en août 1914, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou la Russie ont lancé leur programme de
construction d’une force militaire aéronautique. Les avions sont alors encore peu puissants et leur rôle se
limite pour l’essentiel à des missions de reconnaissance, de liaison et de guidage de l’artillerie.
Le rôle de l’aviation évolue avec le début de la guerre dans les tranchées. A partir de 1916, les avions
deviennent plus rapides, plus robustes et plus maniables, ils sont dotés d’un matériel de combat plus
perfectionné (mitrailleuses, bombes plus grosses, viseurs de bombardement, etc.). Les appareils sont
spécialisés (chasse, bombardement, soutien de l’infanterie).
A la fin de la guerre, les avions sont déployés massivement, essentiellement pour l’attaque des tranchées
adverses, de telle sorte que l’aviation joue un rôle capital dans les batailles de la dernière année de guerre.
Conclusion
La Première Guerre mondiale fut un conflit d’une ampleur inédite :
• En termes géographiques : c’est une guerre européenne qui devient mondiale avec l’implication des
colonies et l’entrée en guerre des États-Unis aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne.
• En termes de capacité de destruction : un pas significatif a été franchi par rapport aux conflits du siècle
précédent.
En effet, la Première Guerre mondiale est à l’aboutissement du processus d’industrialisation, qui après avoir
transformé les économies et les sociétés, transforme les conflits eux-mêmes. Par exemple, l’armement
dont disposent les armées est un armement industriel, produit en très grand nombre dans des usines. Cet
armement est de plus en plus perfectionné et destructeur. L’artillerie qui se modernise est responsable
de la plupart des victimes. La Première Guerre mondiale voit aussi l’apparition de l’aviation militaire. Les
tanks sont utilisés par l’armée britannique à partir de 1916 et sont ensuite utilisés les chars produits par
l’entreprise Renault pour l’armée française.
Les travaux de certains historiens montrent également que la Première Guerre mondiale a rendu les
sociétés européennes plus brutales. La Première Guerre mondiale est en effet une expérience extrêmement
traumatisante pour les sociétés européennes, non seulement pour les combattants mais aussi pour les
civils.
La guerre a mis fin à une certaine conception positiviste de l’homme. Loin d’apporter un progrès uniforme,
la science (gaz, avions, mitrailleuses) a entraîné un bilan matériel et humain jamais subi jusqu’alors.
La violence à laquelle les soldats ont été exposés pendant le conflit a été intériorisée et les a rendus
potentiellement plus violents, et peut-être aussi plus radicaux politiquement, prêts à accueillir les thèses
totalitaristes, même si le sentiment dominant après ce conflit soit le pacifisme, tout au moins dans les
démocraties libérales.
Cette partie permettra dans un premier temps d’analyser la mobilisation économique, scientifique et
idéologique imposée par la Grande Guerre. Nous étudierons comment les civils ont participé à l’effort de
guerre, pour enfin analyser comment les souffrances subies par ces civils tout au long du conflit.
La mobilisation idéologique
La mobilisation idéologique
Propagande Censure
Il fallait créer une opinion unanime, ne doutant pas de la justesse de sa cause, mobiliser mentalement pour
vaincre et anéantir le doute, la critique, la remise en cause.
Les principales souffrances et violences subies par les civils des territoires occupés par les
Allemands (département du nord-est du territoire français)
1917 est dans les pays belligérants l’année de la fatigue croissante des peuples. Les populations de
l’arrière qui subissent la totalisation de la guerre et la dégradation de leurs conditions de vie sont
touchées par un sentiment de lassitude et de dépression morale, qui se manifeste par des grèves de
plus ou moins grande envergure en Italie, au Royaume-Uni ou en France.
2. Le génocide arménien
En 1915, est perpétré le génocide des populations civiles arméniennes par les Ottomans, qui va faire
1 500 000 de victimes.
Les massacres des populations arméniennes sont déjà anciens. Dès la fin du XIXe, des attaques régulières
visent les Arméniens dans l’Empire ottoman. Avec l’entrée de leur Empire dans la guerre, la méfiance des
Ottomans à l’égard des Arméniens se radicalise. Les autorités nationalistes « Jeunes Turcs » prennent
prétexte des troubles en Anatolie orientale pour suspecter collectivement tous les Arméniens de trahison,
et déjà les massacres commencent.
Le summum de la tuerie aura lieu entre avril et août 1915. Au final, le massacre est phénoménal : entre
800 000 et 1 500 000 Arméniens sur les 1 800 000 vivant dans l’Empire ottoman ont été assassinés, soit près
des 2/3 ; la moitié des victimes l’a été sur les routes de la déportation vers le désert syrien, l’autre moitié a
été aussitôt exécutée.
Ce génocide constitue un précédent qui annonce la Shoah ; il a longtemps été passé sous silence et n’est,
à ce jour, toujours pas reconnu par l’actuel État de Turquie.
Conclusion
La totalisation de la guerre a eu des impacts importants sur les enfants, devenus acteurs à part entière du
conflit. Les enfants sont d’abord utilisés comme argument dans l’entreprise de mobilisation des populations
adultes : c’est pour les enfants que l’on se bat, c’est pour eux que l’on s’engage à l’Arrière dans l’effort de
guerre.
L’image de l’enfant est ainsi récurrente dans les campagnes de propagande organisées par les Etats pour
culpabiliser les adultes qui refusent de participer à l’effort de guerre.
Les enfants eux-mêmes sont visés par la mobilisation idéologique mise en œuvre. Il s’agit de leur faire
comprendre qu’ils appartiennent à un peuple, à une Nation, dont ils incarnent le futur. A l’école, dans les
familles, les enfants sont informés des réalités de la guerre, des combats au front comme des enjeux de la
mobilisation de l’Arrière, pour qu’ils se montrent à leur tour tout à la fois dignes de leurs adultes et nourris
du sentiment de haine à l’égard de l’ennemi.
Cette partie permettra dans un premier temps d’analyser le bilan non seulement humain, matériel et
économique mais aussi moral de la guerre en Europe. Nous étudierons ensuite les accords et traités
de paix signés entre les États pour tenter d’instaurer un nouvel ordre mondial qui devait être garant du
maintien de la paix, qui s’avère rapidement fragilisée.
• Des pertes considérables, entre 9 et • Une chute de la production industrielle (perte d’1/3 en
10 millions de morts dont 2 millions Allemagne et en France).
pour l’Allemagne, 1,5 pour l’Autriche,
• Un endettement considérable : les États Unis sont
1,4 pour la France, 900 000 pour le
devenus les créanciers de l’Europe (3 milliards de
Royaume-Uni, 750 000 pour l’Italie, 1,7
dollars dus par la France aux États-Unis en 1919, la
pour la Russie.
dette française se monte à 220 milliards de francs).
• Bilan auquel on doit ajouter le
• Une épargne engloutie par la guerre (emprunt, inflation :
génocide des Arméniens.
les prix ont été multipliés par 3 en France de 1914 à
• De nombreux invalides, mutilés (les 1918).
« Gueules cassées ») qui deviennent
• Les monnaies se sont dévalorisées par l’émission trop
une charge pour la société.
importante de papier-monnaie.
• Des bras qui manquent pour
• Émergence de puissances concurrentes : États-Unis
reconstruire (5 millions en Allemagne,
et Japon (les États-Unis, puissance économique,
2 millions en Autriche, 4 millions en
industrielle, agricole, financière… New York devient la
France)
première place financière mondiale au détriment de
• L’angoisse du déclin démographique Londres).
(apparition des classes creuses
• Des destructions considérables, les flottes marchandes
qui se traduira dans les années
française et britannique sont en partie détruites.
30 en France par une baisse de la
natalité, le déséquilibre du nombre • Des pénuries qui persistent (disettes, cartes
homme – femme et le manque de alimentaires…), le niveau de vie chute, les impôts
main-d’œuvre). augmentent.
Épreuve du
deuil Augmentation Sentiment Vie sociale
des divorces, d’abandon, perturbée par
report des solitude les mutilations
naissances et les fragilités
psychologiques
À ces trois institutions fondamentales, il faut ajouter des organismes spécialisés : la Cour internationale de
Justice de La Haye, l’Organisation Internationale du travail, le Haut-Commissariat pour les réfugiés.
Dès le départ, la crédibilité de la SDN est remise en cause : les décisions doivent être prises à l’unanimité,
de telle sorte que peu de textes aboutissent. Chargée de faire respecter l’intégralité des frontières, elle
apparaît de plus en plus comme le « syndicat des vainqueurs » dont elle défend les intérêts. Il lui manque
par ailleurs une force armée. Les seules sanctions prévues sont économiques et financières.
Nord
ISLANDE
O c é a n SUÈDE
FINLANDE
A t l a n t i q u e
NORVÈGE
Helsinki
RUSSIE SOVIÉTIQUE
MerTalin
ESTONIE
Baltique
IRELANDE
Mer Riga LETTONIE Moscou
DANEMARK
Dublin ROYAUME du Memel LITUANIE
UNI Nord Dantzig Vilnius
Schleswig
PAYS Allenstein
Londres Berlin guerre russo-polonaise
BAS Varsovie (1920-1921)
BELGIQUE ALLEMAGNE
POLOGNE
Eupen et Malmédy
Paris Prague Silésie
Sarre TCHÉCOSLOVAQUIE
FRANCE Vienne
SUISSE AUTRICHE Budapest
HONGRIE Bessarabie
Klagenfurt
ITALIE Fiume ROUMANIE
Istrie Belgrade Bucarest
PORTUGAL
Dalmatie roy. des SERBES
Mer Noire
des CROATES et
ESPAGNE des SLOVÈNES BULGARIE
Rome
ALBANIE Thrace Ankara EMPIRE OTTOMAN
États vaincus Nouveaux états et 250 km
Territoire en 1920 Perte zones de tension Smyrne
Athènes
Allemagne ESTONIE Nouveau états guerre gréco-turque
Autriche Frontière de 1914 GRÈCE (1920-1922) SYRIE
MAROC et Hongrie Frontière de 1920
IRAK
Empire Ottoman Litiges frontaliers
ALGERIA plébiscites à venir LIBAN
Ancien M er
Empire Russe TUNISIE
Zones sous contrôle de la SDN
Fiume Villes libres
M é d i t e r r a n n é e PALESTINE
États vainqueurs
Principaux LIBAN Mandats français TRANSJORDANIE
états vainqueurs IRAK Mandats LYBIE
britanniques ÉGYPTE
Après la guerre civile russe, 500 000 Russes blancs sont condamnés à l’exil et deviennent apatrides.
Fridtjof Nansen est délégué de la Norvège à la SDN, nommé haut-commissaire chargé du
rapatriement des prisonniers de guerre en 1920, puis haut-commissaire aux réfugiés en 1921. La
création du passeport qui porte son nom en 1922 est la solution adoptée par la SDN pour permettre
aux apatrides de se déplacer avec une protection juridique. Ce passeport est reconnu par 38 États en
1924. Il est rédigé en Français et dans la langue du pays d’origine du réfugié.
Le passeport Nansen
Passeport qui
Régularisation Une liberté de Difficultés pour
constitue un
de leur présence circulation trouver un
certificat d’identité dans un pays souvent emploi
étranger entravée
Des populations
Liberté de Conditions de vie
mal considérées
circulation d’un matérielle difficiles
par les pays
pays à l’autre (pauvreté)
d’accueil
Conclusion
Dans les années 1920, la SDN rencontre un certain succès et parvient à régler de nombreuses crises
internationales. L’admission de l’Allemagne parmi les États membres en 1926 est le signe de cette
normalisation des relations internationales.
Mais le projet de la SDN se révèle, à l’épreuve des relations internationales, une utopie impuissante, alors
que les crises se multiplient dans les années 1930 :
• invasion italienne de l’Éthiopie en 1935 ;
• remilitarisation de la Rhénanie par l’Allemagne (1936) ;
• conquête japonaise de la Mandchourie (1937).
Ne disposant d’aucun moyen réel pour faire respecter le droit international en l’absence de volonté des
grandes puissances, la SDN est mise en échec par l’expansionnisme des régimes totalitaires, qui font fi des
principes du droit international et quittent la SDN, comme l’Allemagne en 1933. Cette faiblesse a donc été
une des causes de la Seconde Guerre mondiale.
Une Europe
-10 millions -Nombreuses -Traumatisme des
encore en
de morts destructions survivants
guerre en
-Des millions -Pays européens -Des millions de Russie
Des difficultés qui
de mutilés endettés familles endeuillées créent les conditions
-Des familles -Des économies -Un besoin de d’une nouvelle
à reconstruire à reconstruire commémoration et un guerre mondiale
travail de mémoire
La durée totale de travail de l’épreuve d’histoire-géographie du Baccalauréat est de deux heures. Elle
comprend deux parties : une réponse à une question problématisée (10 points) et une étude de documents
ou la réalisation d’une production graphique (10 points).
Nous vous conseillons de partager votre temps en consacrant environ une heure à chacune des parties.
A. La question problématisée
Bulletin officiel paru en 2019 concernant la réponse à une question problématisée
« Il s’agit d’une réponse rédigée et construite. Le candidat doit montrer qu’il a acquis des capacités
d’analyse, qu’il maîtrise des connaissances, sait les sélectionner et les organiser de manière à répondre
à la problématique de la question. L’intitulé de la question suggère des éléments de construction de la
réponse. »
1. Présentation de l’exercice
Votre réponse doit être un texte rédigé d’environ 3 pages. Ce texte devant être construit, c’est-à-dire
organisé, il convient d’abord d’analyser chacun des termes de la problématique et de vous aider des
précisions apportées dans l’énoncé de la consigne pour structurer votre propos.
La réussite de l’exercice nécessite la rédaction :
• d’une introduction ;
• d’un développement structuré en plusieurs parties et paragraphes ;
• d’une conclusion.
4. Rédiger la conclusion
La conclusion ne doit pas être négligée. Nous conseillons de la rédiger intégralement au brouillon avant de
commencer la rédaction du développement sur votre copie. Elle constitue un bilan, qui peut :
• reprendre en quelques phrases les idées fortes de votre analyse, qui répondent à la problématique.
• proposer une phrase d’ouverture qui élargit le sujet dans l’espace ou le temps.
B. L’ analyse de document(s)
Bulletin officiel paru en 2019 concernant l’analyse de document(s)
« L’analyse de document(s) est accompagnée d’une consigne suggérant une problématique et des éléments
de construction de l’analyse. Le ou les documents, en histoire comme en géographie, comporte(nt) un titre
et, si nécessaire, un nombre limité de notes explicatives. »
1. Présentation de l’exercice
L’analyse de document vous conduit à rédiger un texte structuré, d’environ 2 pages.
L’exercice ne consiste pas à répondre à une succession de questions. Il s’agit de rédiger un texte qui réponde
à la problématique proposée dans la consigne. Il convient donc d’abord d’analyser chacun des termes de
cette problématique et de vous aider des précisions apportées dans l’énoncé de la consigne pour structurer
votre propos.
Pour rédiger votre réponse de façon structurée vous devez utiliser non seulement les informations
prélevées dans le(s) document(s) mais aussi vos connaissances. Il ne s’agit pas de se contenter de faire de
la paraphrase des documents.
La réussite de l’exercice nécessite la rédaction :
• d’une introduction ;
• d’un développement, structuré en plusieurs parties et paragraphes. Il doit associer, à la fois, les
informations prélevées dans les documents et les connaissances qui facilitent leur compréhension
et complètent le(s) document(s), les recontextualisent, les mettent en perspective, permettent enfin
l’éventuelle analyse critique de ces documents ;
• d’une conclusion.
4. Rédiger la conclusion
La conclusion ne doit pas être négligée. Nous conseillons de la rédiger intégralement au brouillon avant de
commencer la rédaction du développement sur votre copie. Elle constitue un bilan, qui peut :
• reprendre en quelques phrases les idées fortes de votre analyse, qui répondent à la problématique.
• proposer une phrase d’ouverture qui élargit le sujet dans l’espace ou le temps.
C. La production graphique
Bulletin officiel paru en 2019 concernant la réalisation d’une production graphique
« Lorsque la production graphique est un croquis, ce croquis est réalisé à partir d’un texte élaboré pour
l’exercice qui présente une situation géographique. Un fond de carte est fourni. Le candidat fait preuve d’une
grande autonomie pour identifier, organiser et hiérarchiser les éléments à représenter et construire la
légende. Dans le cas d’une autre production graphique, les consignes et les données servant à l’élaboration
de cette production sont fournies avec l’exercice. »
Deux exercices de production graphique nous semblent ici privilégiés : la construction d’une carte mentale
et celle d’un croquis cartographique.
D. Le langage cartographique
Pour toute réalisation cartographique, il est important de respecter un langage cartographique, c’est-à-
dire respecter les règles de base de construction d’une carte. Nous allons passer en revue les différentes
règles qu’il faut respecter.
Les lignes
Il existe un nombreux choix de lignes mais on se retrouve vite limité dans le nombre de figurés malgré tout,
à la différence des implantations ponctuelles.
Les traits sont très utiles pour tracer des limites (limites climatiques, limites entre pays : frontières, limite
Nord Sud, limites de plaques…) ou des réseaux de communication (route, chemin de fer, oléoducs…). Voici
quelques exemples de traits :
En implantation linéaire, on peut également faire varier la taille du figuré pour indiquer un classement en
fonction de l’importance. Voici ce que cela donne pour un réseau routier par exemple.
Les pointillés sont souvent employés pour les interfaces et pour les projets (ex : un projet d’extension d’un
axe de communication)
our montrer des dynamiques, des flux, on va utiliser un type de traits particulier : les flèches. En voici
P
quelques-unes :
On peut faire varier de la même façon l’épaisseur et les couleurs pour hiérarchiser les flux ou les différencier.
La petite flèche présente des flux peu importants et la grosse flèche des flux importants.
• On peut ensuite faire varier la couleur afin de montrer les différences entre les phénomènes
représentés par les plages colorées. On peut faire varier les couleurs selon l’ordre des couleurs de
l’arc-en-ciel, ce qui donne la légende suivante pour la densité par exemple :
Faible densité Forte densité
On peut faire varier le ton d’une même couleur, ce qui donne la légende suivante. Ce choix est plus difficile
à réaliser à la main.
Faible densité Forte densité
Ensuite il faudra faire attention à la superposition. Il faut que les deux plages soient lisibles, celle en aplat
coloré et celle en hachure.
Faites attention aux couleurs car vous pouvez facilement vous faire piéger par leur utilisation :
• Les densités, les niveaux de dynamisme des espaces, l’intégration, la logique centre périphérie sont
souvent indiqués par des dégradés de jaune orange rouge.
• Le bleu est utilisé pour les éléments en rapport avec l’eau.
• Le rouge est la couleur du dynamisme, de la densité, des villes, des centres.
• Le vert est souvent utilisé pour les flux migratoires, les éléments en rapport avec la nature…
• Le noir est souvent utilisé pour les axes de transport, le pétrole…
Si vos aplats sont réalisés avec des crayons de couleurs, vous pouvez utiliser des feutres de différentes
couleurs pour les figurés ponctuels et linéaires. Ensuite il faut habiller la carte.
2. L’habillage de la carte
« TOLE »
Voici un procédé mnémotechnique pour ne pas oublier l’essentiel.
• T : Titre
N’oubliez pas le titre, si vous n’avez aucune idée originale, réécrivez le sujet de l’énoncé.
• O : Orientation
Une carte doit avoir une orientation. Il faut donc indiquer le Nord par une petite flèche, souvent en haut à
droite. Vous pouvez vous abstenir pour une carte du monde.
• L : Légende
La nomenclature
Ce sont les noms que vous indiquez sur le fond de carte. Pour cela il faut utiliser un feutre fin et écrire à
l’horizontale. Pour les fleuves vous devez écrire leur nom en rive droite en suivant le tracé du cours.
• Les noms des mers et océans : en bleu (majuscule)
Ex : OCÉAN ATLANTIQUE
• Les noms des fleuves et cours d’eau : en bleu (minuscule)
Ex : Volga
• Les noms d’États : en noir (majuscule), éventuellement encadrés
Ex : CHINE
• Les noms des régions importantes : en noir (minuscule)
Ex : Californie
• Les noms des villes et des lieux à cartographier (ports, technopoles…) : en noir (minuscule)
Ex : Tokyo
N’oubliez pas les majuscules à tous les noms de lieux et relisez au moins deux fois la nomenclature pour
éviter toute faute d’orthographe.
Le dessin
Ensuite il faut passer au dessin de votre carte. L’idéal est de commencer par les aplats de couleurs. Si
vous avez ensuite des hachures, il faut les dessiner à la règle. Puis les figurés, les lignes, les flèches et
pour finir la nomenclature. À ce moment-là, il faut faire des choix dans les noms et ne pas surcharger
votre carte.
Vous devez être précis dans la localisation (vous serez notés sur cette précision). Un port maritime doit
être au bord de la mer, les flux maritimes traversent les océans (et ne peuvent donc pas être présents sur
les continents : ce sont alors des flux terrestres).
Votre travail doit être propre et lisible. Pour finir, si vous réalisez un schéma ou un croquis dans votre
développement, vous pouvez tracer un cadre autour de votre production (s’il n’est pas fourni), cela renforce
l’effet visuel de votre travail.
Quand tout est fini, posez-vous cette question : Mon croquis est-il clair et les informations essentielles
ressortent-elles ?
Avant de vous lancer dans les productions graphiques de type « croquis », lisez ce petit tableau synthétique
qui reprend l’essentiel des figurés que nous avons utilisés dans les différents croquis du programme de
géographie. Vous devez vous approprier ces différents éléments avant de réaliser vos différents croquis ou
schémas de synthèse.
La structure est à comprendre comme l’organisation de base de tout territoire (les villes, frontières,
régions, routes…). Vous n’allez pas utiliser les mêmes figurés si vous voulez représenter une hiérarchie
entre différents espaces ou une zone de contact.
Les processus sont les changements, évolutions que l’on peut cartographier. Ce sont les figurés que vous
allez utiliser pour montrer que les dynamiques de chaque territoire (déplacement de population, croissance
urbaine …).
Maillage
fermée interface
Contact (mur) ouverte
Hiérarchie
Attraction
Dynamique
territoriale