Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
L'AVANT-PIED EN 15 QUESTIONS
Sous la direction de Didier Mainard et Carlos Maynou
Les praticiens et chercheurs doivent toujours se baser sur leur propre expérience et connaissances pour évaluer et utiliser
toute information, méthodes, composés ou expériences décrits ici. Du fait de l'avancement rapide des sciences médicales, en
particulier, une vérification indépendante des diagnostics et dosages des médicaments doit être effectuée. Dans toute la mesure
permise par la loi, Elsevier, les auteurs, collaborateurs ou autres contributeurs déclinent toute responsabilité pour ce qui
concerne la traduction ou pour tout préjudice et/ou dommages aux personnes ou aux biens, que cela résulte de la responsabi-
lité du fait des produits, d'une négligence ou autre, ou de l'utilisation ou de l'application de toutes les méthodes, les produits,
les instructions ou les idées contenus dans la présente publication.
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction
ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite
sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d'une part, les reproductions
strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations
justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5
et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout
DANGER particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photo-copillage ». Cette
pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse
brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres
nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée. Nous rappelons donc que la
reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes
LE d'autorisation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du
PHOTOCOPILLAGE droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
TUE LE LIVRE
Barbara Piclet-Legré
Chirurgienne orthopédiste, Centre du pied 13, Mar-
seille, La Ciotat.
C'est toujours un grand honneur d'être sollicité pour obilité à certains stades de l'hallux rigidus va dans
m
écrire la préface d'un ouvrage scientifique et je tiens, le sens de l'intérêt du maintien de la fonction et du
en premier lieu, à remercier les auteurs. Leur choix et confort chez une grande partie de nos patients.
leur renommée sont impressionnants. Dans cet ouvrage, la présentation critique des tech-
Écrire une monographie sur les pathologies de niques endoscopiques et percutanées, dans le traite-
l'avant pied mérite tous les éloges car celles-ci sont ment des troubles du premier rayon et avec extension
fréquemment observées dans notre pratique. Elles aux rayons voisins, est clairement établie. Elle trouve
affectent un grand nombre de patients qui demandent sa justification dans le juste équilibre à trouver entre
notre aide pour traiter leurs douleur et plaintes fonc- l'innovation, l'éducation et les récentes réglementa-
tionnelles. Cette monographie plaira aussi bien aux tions européennes et nationales. Elle délivre un impor-
jeunes qu'aux plus expérimentés et pourrait devenir tant message non seulement à nos pairs directs mais
un ouvrage de référence important dans notre fonc- aussi au-delà.
tionnement quotidien. Aborder les sujets qui concernent les troubles les plus
On ne soulignera jamais assez l'importance de l'ima- fréquents de l'avant-pied, sous un angle interrogatif,
gerie médicale fonctionnelle parmi les outils innovants permet aux auteurs de porter un regard critique sur ces
de diagnostic visuels. Elle allie méthode scientifique, pathologies et les traitements possibles. Je tiens donc
équilibre budgétaire, et respect de la réduction de la à les féliciter pour cette belle symbiose entre l'étude de
dose de rayonnement nucléaire à laquelle nous sou- la littérature, l'« Evidenced Based Medicine », et leur
mettons nos patients. L'orthopédiste doit prendre propre expérience professionnelle. Je suis convaincu
l'initiative et le premier chapitre est un bon début. que nos jeunes collègues et ceux d'entre nous plus
Les lecteurs liront avec intérêt les chapitres suggé- expérimentés se référeront souvent à cet ouvrage, avec
rant des traitements conservateurs possibles pour les intérêt.
conditions dégénératives du premier rayon.
Bien que l'arthrodèse de la première articulation Kris Buedts MD
MTP soit encore au premier plan, elle reste une opéra- Foot and Ankle Unit Gewrichtskliniek,
tion comportant un risque de complication non négli- Antwerpen, Belgique
geable, notamment liés à un mauvais positionnement Chirurgien Orthopédiste
du premier rayon. Le cahier des charges et le recours President, Belgium Foot and Ankle Society
à un développement ultérieur pour une prothèse de la Secretary International Federation of
première articulation MTP sont clairs. L'expérience Foot and Ankle Societies
personnelle des auteurs avec l'implant pyrocarbone President Elect European Foot and Ankle Society
est prometteuse. L'accent mis sur le maintien de la Associate Editor Foot and Ankle Surgery Journal
Au début de ce chapitre, il est important de préciser ce ceaux conique a été nommée en orthopédie scanner
que nous entendons par « fonctionnelle ». Au-delà de en charge en référence au terme anglo-saxon consacré
la définition du dictionnaire (dans le Larousse : « rela- (WBCT pour weight-bearing computed tomography).
tif en physiologie à une fonction de l'organisme »), cela L'analyse du pied en charge est rendue possible par les
permet d'accéder à une ou plusieurs dimensions infor- évolutions technologiques ayant permis de concevoir
matives supplémentaires par rapport au premier degré un cone-beam horizontal pouvant étudier un patient
de l'imagerie que pourrait constituer une simple radio- debout. C'est la différence fondamentale avec le scan-
graphie en décharge. Le clinicien n'est aujourd'hui ner. Pourtant, cette technologie serait mieux nommée
plus seulement à la recherche de la confirmation « radiographie 3D » ou « cone-beam orthopédique »
d'un diagnostic clinique, mais souhaite obtenir des (CBO) car l'étude de l'apport spécifique de la mise
informations dynamiques, fonctionnelles et pronos- en charge en 3D (comme ici dans l'avant-pied) a eu
tiques essentielles à une prise en charge chirurgicale tendance à faire occulter son intérêt principal : celui
spécialisée. du patient [1]. En 30 secondes, à la consultation, une
• Ainsi, l'IRM nous montre le signal des tissus, per- image 3D en charge bilatérale peut être obtenue avec
mettant une analyse fine de leur réaction aux diffé- une irradiation du même ordre qu'une radiographie
rents stress mécaniques et pathologiques. standard. Le gain en termes de coût financier et tem-
• La scintigraphie, quant à elle, nous montre la distri- porel, de déplacements, de rayonnement par rapport à
bution topographique des zones d'hyperostéoblastose, l'ancienne séquence radiographie 2D multi-incidences
augmentant la concordance radioclinique de notre + scanner est certain avec ces appareils compacts de
diagnostic. nouvelle génération (figure 1.1) [2]. Les apports dia-
• Innovation majeure présente en orthopédie depuis gnostiques, pour intéressants qu'ils soient, ont forcé-
2012, le cone-beam nous fait redécouvrir le squelette ment moins d'impact pour nous et nos patients que ces
du pied en charge physiologique et en 3D. gains pratiques. Nous développons ci-après l'intérêt de
• Enfin, l'échographie, examen non invasif, accessible son utilisation dans l'HV car c'est dans cette patholo-
et dynamique par excellence, nous permet d'explorer gie que l'essentiel de la littérature scientifique récente
de mieux en mieux les parties molles en mouvement. se concentre. Dans un premier temps, il est intéressant
Nous voyons dans ce chapitre comment dans l'hal- d'envisager les conséquences de l'accès en 1re intention
lux valgus (HV), pathologie dynamique, multidimen- du CBO et comment cela peut influencer la prise en
sionnelle et multifactorielle s'il en est, ces nouvelles charge, spécifiquement dans l'HV, au-delà de la sim-
techniques d'imagerie fonctionnelle influencent notre plification du circuit patient.
prise en charge. 1. Premièrement, l'accès aux images 3D permet de
visualiser la structure osseuse dans le volume, per-
Cone-beam orthopédique mettant d'anticiper par exemple (non exhaustif donc)
d'éventuelles pertes de substances tissulaires, comme
ou radiographie 3D en charge les géodes du 1er métatarsien qui peuvent être volumi-
Issu d'une technologie d'abord inventée puis utilisée en neuses et modifier nos indications (figure 1.2). Cela
dentisterie, stomatologie et chirurgie maxillo-faciale permet aussi un planning et un suivi postopératoire
entre 1995 et 2000, la tomographie volumique à fais- plus précis que ce soit en 1re intention ou en reprise,
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
2 François Lintz, Julien Beldame, Gérard Morvan
0 I II III
Figure 1.6. Classification de Stanmore du déplacement sésamoïdo-métatarsien.
© Welck MJ, Singh D, Cullen N, Goldberg A. Evaluation of the 1st metatarso-sesamoid joint using standing CT – The Stanmore classi-
fication. Foot Ankle Surg 2018 ; 24 : 314-9.
Figure 1.9. Hallux valgus gauche associé à une déformation du 2e orteil (eff dans la classification AFCP – Association française
de chirurgie du pied) avec luxation de la 2e métatarsophalangienne (MTP2), opéré par ostéotomie basale du 1er métatarsien (M1)
+ varisation P1 non fixées et Weil fixé sur M2 + ostéotomie de flexion de P1 du 2e orteil et section des 2 bandelettes du court
fléchisseur et présentant des douleurs résiduelles au délai de 6 mois postopératoires.
A. Rendu 3D de face et DRR (digitally reconstructed radiographs) dorsoplantaire avec mesure classique des angles M1-M2 à 9°, M1-P1
à 16°. B. Coupe sagittale de la MTP2 rendant compte de la consolidation des ostéotomies de M2 et P1O2, en revanche persistance d'une
subluxation dorsale. C. Mesure comparative directe du sesamoid rotation angle (SRA) à 29° côté lésé, contre 0° côté opposé. La classifi-
cation de Stanmore est en 1B côté lésé, contre 0A côté opposé. D. Mesure comparative de l'extension sagittale de M1 (angle talus – M1),
montrant un cal vicieux à 28° contre 9° côté sain, suggérant un cal vicieux de 19°, mais rendant compte également d'une consolidation
parfaite de l'ostéotomie.
une évaluation de la rotation coronale de la première les orthopédistes ont récemment suivi cette voie avec
colonne et un suivi volumétrique en 3D-MPR (multi- l'arrivée sur le marché de nouveaux appareils per-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Figure 1.11. Stade échographique des lésions des plaques plantaires selon Born et al.
Schémas de l'articulation métatarsophalangienne en coupe longitudinale. A. La plaque plantaire est représentée en jaune. Il s'agit d'une
structure triangulaire à base distale s'insérant sur le bord inférieur de la base de P1 (tête de flèche noire). Elle soutient la tête métatar-
sienne. Son insertion proximale est commune avec le récessus sous-métatarsien proximal de l'articulation métatarsophalangienne. Sa
face inférieure repose sur les deux tendons fléchisseurs (représentés en marron). B. Stade I qui se traduit en échographie par une modi-
fication de l'échostructure et de l'épaisseur de la zone distale de la plaque plantaire avec épanchement intra-articulaire métatarsopha-
langien et arthrosynovite réactionnelle. C. Stade II qui se traduit en échographie par une solution continuité hypoéchogène liquidienne
traversant de part en part la plaque plantaire. Elle est parfois mise en évidence uniquement sur les manœuvres dynamiques. Des signes
d'instabilité débutante peuvent être présents à ce stade. D. Stades III et IV : rupture de la plaque plantaire avec instabilité (se traduisant
par une luxation dorsale de P1 par rapport à la tête métatarsienne) qui reste réductible au stade III et est irréductible au stade IV.
© Borne J, Bordet B, Fantino O, Bousquet JC, Coillard JY, Pialat JB. [Plantar plate and second ray syndrome : Normal and pathological
US imaging features and proposed US classification]. J Radiol 2010 ; 91 : 543-8.
Encadré 1.1
Effet doppler [48]
L'une des particularités de l'échographie est la
possibilité d'utiliser l'effet doppler consistant à
mesurer la vitesse d'une particule en mouvement.
Le doppler puissance ou doppler énergie réside
dans l'étude de la microcirculation (hyperhémie)
souvent liée à une activité inflammatoire.
infection, un traumatisme aigu ou un épanchement Figure 1.13. Coupe transversale à la hauteur de l'espace
intermétatarsien.
dans une articulation adjacente. Une augmentation
Noter l'effet de masse adjacent à la flèche représentant le
de la vascularisation péritendineuse est fréquemment névrome.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
l'ongle, notamment dans les déformations produites par Une méta-analyse récente a fait une revue exhaus-
des lésions sous-jacentes à la tablette. En effet, la tablette tive de la littérature de 2004 à 2019 sur l'apport
est une structure très facilement traversée par les ultra- du SPECT/CT du pied et de la cheville [49]. Elle a
sons ; ce faisant, les coupes longitudinale et transversale confirmé que le SPECT/CT avait apporté des infor-
permettent facilement l'analyse de la tablette, du lit mations utiles au diagnostic dans 79 % des cas par
unguéal et de la zone matricielle. On visualise également rapport à la radiographie (Rx), 56 % par rapport
plus en profondeur la corticale dorsale de la phalangette. à l'examen clinique, 72 % par rapport à la scinti-
En traumatologie d'urgence, l'échographie permet graphie, 40 % par rapport au scanner et 40 % par
de diagnostiquer des fractures de la phalangette. Dans rapport à la SPECT seule [50]. Ces précisions supplé-
le cadre d'une dystrophie unguéale ou de lésion tis- mentaires ont entraîné un changement de la thérapeu-
sulaire distale, on peut dépister des lésions osseuses tique initialement envisagée dans 62 % des cas (64 %
(tumeur à cellules géantes, exostose, etc.) déformant par rapport à l'examen clinique et 48 % par rapport
les reliefs osseux normaux. à l'IRM) et une amélioration clinique, secondaire au
traitement reposant sur le SPECT/CT, chez 92 % des
SPECT/CT (single photon patients [49,51]. Dans la majorité des séries étudiées,
emission computed tomography) le SPECT/CT était demandé en cas de résultats non
conclusifs de l'imagerie classique (Rx, scanner, IRM).
ou morphospectométrie L'apport diagnostique important du SPECT/CT dans
les processus pathologiques osseux ou articulaires est
L'aspect peu morphologique de la scintigraphie,
donc certain.
examen métabolique 2D très sensible, explique son
L'inconvénient principal du SPECT/CT du pied est
manque de spécificité, notamment dans les régions
son irradiation globale non négligeable (≈ 5,5 mSv [52]
anatomiquement complexes comme le pied, d'où
versus 0,5 mSv local pour le scanner) et son prix élevé.
le besoin d'un renfort morphologique : d'abord la
L'indication d'un SPECT/CT est donc logique dans les
tomoscintigraphie ou tomographie d'émission à
cas où le bilan initial d'imagerie (Rx, scanner ± écho-
photon unique (SPECT) en 3D, puis le SPECT/CT
Figure 1.15. Femme de 65 ans opérée d'un hallux valgus en 2009, ostéotomie Scarf de M1, douleurs et gonflement MTP1 au recul
de 4 ans.
A. Radiographie initiale. B, C. Scintigraphie plane (C = agrandissement de B) : hyperfixation sur le 1er rayon (flèche) ne permettant pas
de trancher entre syndrome douloureux régional complexe de type 1, ostéomyélite subaiguë, monoarthrite cristalline, rhumatisme
débutant et ostéonécrose aseptique. D. SPECT réorientée. E. Scanner. F. SPECT-CT (D + E) : hyperfixation articulaire et para-articulaire
de MTP1 et ostéolyse, très évocatrices d'ostéoarthrite septique de la MTP1. Ponction : streptocoque. G. Radiographie à 3 mois. H. Réin-
tervention : résection lavage + espaceur ciment + AB. I. Greffon + arthrodèse secondaire. J. Radiographie 6 mois après ablation du
matériel : consolidation.
Remerciements au Dr F. Paycha, service de médecine nucléaire, hôpital Lariboisière, Paris.
Contraintes de l'IRM du pied mesure où l'IRM volumique du pied n'est pas encore
au point, les protocoles actuels utilisent essentielle-
C'est une imagerie statique, en décharge, qui ne montre ment des coupes planes axiales, frontales et sagittales.
pas le calcium. Malgré quelques essais ponctuels en Les structures anatomiques du pied sont rarement
charge [53,54] ou en simulation de charge [55], pour incluses dans ces plans de référence, d'où une vision
différentes raisons techniques, l'IRM est et restera parcellaire.
sans doute encore longtemps une imagerie statique Au même titre que l'échographie (et tous les actes
et en décharge, limite évidente pour un organe dont médicaux), l'IRM est très opérateur-dépendante et
l'essence même est la charge et la mobilité. L'IRM risque de s'égarer sans boussole clinique. Des résul-
ignore la composante calcique du squelette, apanage tats de qualité requièrent une technique appropriée :
de l'imagerie par rayons X (radiographie, scanner ou séquences, orientation et épaisseur des coupes,
CBO), et analyse moins bien le cartilage, y compris antenne, champ de vue, etc. Or, surtout au niveau du
les séquences spécifiques (T2 mapping) car le cartilage pied, le choix de cette technique est fonction du pro-
est moins épais qu'au genou. En cas d'épanchement blème clinique, d'où une règle incontournable « il faut
intra-articulaire en revanche, il est très bien visualisé savoir précisément ce que l'on cherche ».
(figure 1.16), de même que son sous-sol spongieux. Pour cela, il faut disposer de la boussole que consti-
L'IRM nécessite une injection de gadolinium pour tue la lettre du clinicien où il explique le motif de la
faire la différence entre une formation liquidienne et demande. Ces précisions font souvent défaut avec de
du tissu synovial ou myxoïde (figure 1.17). lourdes conséquences qualitatives [56].
L'IRM fournit des coupes planes et détaillées. En L'IRM du pied est donc un examen complexe, oné-
revanche, la définition de l'image IRM étant inverse- reux (1 IRM ≈ 2 scanners ≈ 6 échographies ≈ 10 Rx),
ment proportionnelle à sa taille, on ne peut à la fois très efficace pour l'étude des parties molles et de la
réaliser des vues détaillées, indispensables à l'étude moelle, mais qui doit être dirigé pour être performant.
des petites structures anatomiques de l'avant-pied, et
étendues, qui couvrent tout le pied, voire les deux. Le
volume partiel, qui dégrade fortement la vision des IRM et hallux valgus
petites structures anatomiques, est dû à des coupes
trop épaisses, d'où la pratique de coupes minces qui IRM et HV isolé
se paient par une augmentation du temps d'examen, Une IRM est rarement nécessaire dans cette indication
donc du risque d'artefacts de mouvements. Dans la où des radiographies en charge ou un CBO en charge
suffisent, en règle générale, à déterminer la stratégie voisin d'une arthropathie MTP. En raison de son prin-
opératoire. En cas d'atypie clinique, l'IRM est sus- cipe physique lui interdisant l'accès à l'intérieur de l'os,
ceptible de mettre en évidence des lésions non visibles l'échographie peut également être mise en défaut dans
sur l'imagerie par rayons X, telles une chondropathie certaines situations cliniques telles que les fractures de
céphalique de M1 (cf. figure 1.16) ou une sésamoïdo- fatigue épiphysaire, toutes situations qui peuvent justi-
pathie (figure 1.18). fier le recours à une IRM.
Les associations HV/névrome de Morton et/ou HV/
instabilité du 2e rayon sont classiques. L'image clé du
IRM et HV associé à une pathologie névrome de Morton est observée en échographie sagit-
des rayons latéraux tale où on le voit se raccorder avec le nerf en amont
Dans cette éventualité, cliniquement fréquente, une et en aval (figure 1.19). C'est la seule image vraiment
échographie de qualité est souvent suffisante. Dotée pathognomonique [58]. Pour l'obtenir, l'échographiste
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
d'une définition spatiale supérieure à celle de l'IRM, doit « travailler » l'espace intermétatarsien, l'écarter, le
d'une grande souplesse et d'une capacité dynamique, comprimer entre la sonde et un doigt dorsal, ce qui
elle diagnostique facilement une instabilité MTP, la explique que cette coupe est impossible à réaliser en
grade précisément dans la classification de Myerson IRM. La coupe échographique coronale est nettement
revue par Borne [57], et permet de révéler la présence moins caractéristique (figure 1.19). Si, quelle qu'en
d'un névrome de Morton, d'une bursopathie inter ou soit la raison, le diagnostic échographique est hésitant,
sous-capito-métatarsienne (cf. figure 1.17), ou d'une une IRM peut être utile, au besoin avec gadolinium.
fracture de fatigue d'un col métatarsien. L'échogra- En IRM coronale, le névrome est une masse ovalaire
phie nécessite cependant une formation sérieuse, une plantaire à bord net, en hyposignal T1 et dont le signal
pratique régulière, un matériel performant (donc oné- T2 et le rehaussement après gadolinium sont variables
reux) et se heurte à quelques situations anatomiques (cf. figure 1.17). Il n'y a pas de signe du raccordement.
fréquentes [58] tels un espace intermétatarsien serré Bien que moins caractéristique que l'échographie
(notamment le 2e), un pied raide qui ne se décontracte sagittale, cette coupe IRM permet d'éliminer trois
pas ou épais à plante cornée, un espace déjà opéré ou importants diagnostics différentiels :
Figure 1.19. Échographie sagittale pathognomonique d'un névrome de Morton avec le raccordement au nerf en amont et en aval.
Correspondance anatomique. L'échographie coronale est nettement moins spécifique (pointes blanches).
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Figure 1.21. Fracture de fatigue de M2 après intervention pour hallux valgus (pointe noire).
IRM coronales T1 (A) et T2 FS (B) et sagittale T2 FS en M2 (C). Les radiographies étaient normales.
Figure 1.22. Névrome postopératoire dorsal du 1er espace, antécédents d'ostéotomie Scarf de M1, vive douleur ponctuelle.
A. Radiographie. B. Échographie axiale selon l'axe pointillé : masse hypoéchogène (flèches et astérisques rouges). C-E. IRM axiale T1
(C), T1 + gadolinium (D) et T2 correspondante (E) avec repère cutané. On retrouve la masse hypo-T1, hyper-T2, prenant le contraste.
Confirmation opératoire et anatomopathologique.
l'IRM permettent un diagnostic toujours plus précis. Il tissage existe mais sera particulièrement bénéfique à
est nécessaire de travailler plus avant pour les intégrer nos patients.
dans nos pratiques quotidiennes. La courbe d'appren-
Références
[1] Lintz F, de Cesar Netto C, Barg A, Burssens A, Richter M. [15] Shelton TJ, Singh S, Bent Robinson E, Nardo L, Escobedo E,
Weight-bearing cone beam CT scans in the foot and ankle. Jackson L, et al. The Influence of Percentage Weight-Bearing
EFORT Open Rev 2018;3:278–86. on Foot Radiographs. Foot Ankle Spec 2019;12:363–9.
[2] Richter M, Lintz F, de Cesar Netto C, Barg A, Burssens A. [16] Ota T, Nagura T, Yamada Y, Yamada M, Yokoyama Y, Ogi-
Results of more than 11,000 scans with weightbearing CT – hara N, et al. Effect of natural full weight-bearing during stan-
Impact on costs, radiation exposure, and procedure time. Foot ding on the rotation of the first metatarsal bone. Clin Anat
Ankle Surg 2019;26:518–22. 2019;32:715–21.
[3] Broos M, Berardo S, Dobbe JGG, Maas M, Streekstra GJ, [17] Wagner P, Wagner E. Is the Rotational Deformity Important in
Wellenberg RHH. Geometric 3D analyses of the foot and Our Decision-Making Process for Correction of Hallux Valgus
ankle using weight-bearing and non weight-bearing cone- Deformity ? Foot Ankle Clin 2018;23:205–17.
beam CT images : The new standard ? Eur J Radiol 2021;138, [18] Wagner E, Wagner P. Metatarsal Pronation in Hallux Valgus
109674. Deformity : A Review. J Am Acad Orthop Surg Glob Res Rev
[4] Lintz F, Barton T, Millet M, Harries WJ, Hepple S, Winson 2020;4, e20.00091.
IG. Ground Reaction Force Calcaneal Offset : A new measure- [19] Kawalec JS, Ehredt DJJ, Bakhaj K, Fleck J, Nutter K, Osher L.
ment of hindfoot alignment. Foot Ankle Surg 2012;18:9–14. Inaccuracy of Forefoot Axial Radiographs in Determining the
[5] Baverel L, Brilhault J, Odri G, Boissard M, Lintz F. Influence of Coronal Plane Angle of Sesamoid Rotation in Adult Hallux
lower limb rotation on hindfoot alignment using a conventio- Valgus Deformity : A Study Using Weightbearing Computed
nal two-dimensional radiographic technique. Foot Ankle Surg Tomography. J Am Podiatr Med Assoc 2021;111, Article_11.
2017;23:44–9. [20] Yamaguchi S, Sasho T, Endo J, Yamamoto Y, Akagi R, Sato
[6] Lintz F, Welck M, Bernasconi A, Thornton J, Cullen NP, Y, et al. Shape of the lateral edge of the first metatarsal head
Singh D, et al. 3D Biometrics for Hindfoot Alignment Using changes depending on the rotation and inclination of the first
Weightbearing CT. Foot Ankle Int 2017;38:684–9. metatarsal : a study using digitally reconstructed radiographs.
[7] de Cesar Netto C, Godoy-Santos AL, Saito GH, Lintz F, Siegler J Orthop Sci 2015;20:868–74.
S, O'Malley MJ, et al. Subluxation of the Middle Facet of the [21] Frumberg DB, Naziri Q, Pivec R, Bloom L, Freeman B, Uribe
Subtalar Joint as a Marker of Peritalar Subluxation in Adult JA. Rotational Deformity of the First Ray Precludes Accurate
Acquired Flatfoot Deformity : A Case-Control Study. J Bone Distal Metatarsal Articular Angle Measurement in Hallux Val-
Joint Surg Am 2019;101:1838–44. gus. J Long Term Eff Med Implants 2018;28:41–6.
[8] Day J, de Cesar Netto C, Richter M, Mansur NS, Fernando C, [22] Cruz EP, Wagner FV, Henning C, Sanhudo JAV, Pagnussato
Deland JT, et al. Evaluation of a Weightbearing CT Artificial F, Galia CR. Comparison between Simple Radiographic and
Intelligence-Based Automatic Measurement for the M1-M2 Computed Tomographic Three-Dimensional Reconstruction
Intermetatarsal Angle in Hallux Valgus. Foot Ankle Int for Evaluation of the Distal Metatarsal Articular Angle. J Foot
2021;42:1502–9. Ankle Surg 2017;56:505–9.
[9] Collan L, Kankare JA, Mattila K. The biomechanics of the [23] Eustace S, O'Byrne J, Stack J, Stephens MM. Radiographic
first metatarsal bone in hallux valgus : a preliminary study features that enable assessment of first metatarsal rota-
utilizing a weight bearing extremity CT. Foot Ankle Surg tion : the role of pronation in hallux valgus. Skeletal Radiol
[29] Welck MJ, Singh D, Cullen N, Goldberg A. Evaluation of the [47] Borne J, Bordet B, Fantino O, Bousquet JC, Coillard JY, Pia-
1st metatarso-sesamoid joint using standing CT – The Stan- lat JB. Plantar plate and second ray syndrome : Normal and
more classification. Foot Ankle Surg 2018;24:314–9. pathological US imaging features and proposed US classifica-
[30] Carrara C, Belvedere C, Caravaggi P, Durante S, Leardini A. tion. J Radiol 2010;91:543–8.
Techniques for 3D foot bone orientation angles in weight-bea- [48] Grataloup-Oriez C, Charpentier A. Principes et techniques de
ring from cone-beam computed tomography. Foot Ankle Surg l'échographie-doppler. EMC Radiologie et imagerie médicale:
2021;27:168–74. Principes et techniques – Radioprotection 1999;, 35-003-C-10.
[31] Conti MS, Patel TJ, Caolo KC, Amadio JM, Miller MC, Costi- [49] Eelsing R, Hemke R, Schepers T. The added value of SPECT/
gliola SV, et al. Correlation of Different Methods of Measuring CT in the painful foot and ankle : A review of the literature.
Pronation of the First Metatarsal on Weightbearing CT Scans. Foot Ankle Surg 2021;27:715–22.
Foot Ankle Int 2021;42:1049–59. [50] Singh VK, Javed S, Parthipun A, Sott AH. The diagnostic value
[32] Najefi AA, Zaveri A, Alsafi MK, Malhotra K, Patel S, Cullen of single photon-emission computed tomography bone scans
N, et al. The Assessment of First Metatarsal Rotation in the combined with CT (SPECT-CT) in diseases of the foot and
Normal Adult Population Using Weightbearing Computed ankle. Foot Ankle Surg 2013;19:80–3.
Tomography. Foot Ankle Int 2021;42:1223–30. [51] Claassen L, Uden T, Ettinger M, Daniilidis K, Stukenborg-Col-
[33] Lintz F, Jepsen M, De Cesar Netto C, Bernasconi A, Ruiz M, sman C, Plaass C. Influence on therapeutic decision making of
Siegler S. Distance mapping of the foot and ankle joints using SPECT-CT for different regions of the foot and ankle. Biomed
weightbearing CT : The cavovarus configuration. Foot Ankle Res Int 2014;2014, 927576.
Surg 2020;27:412–20. [52] Ha S, Hong SH, Paeng JC, Lee DY, Cheon GJ, Arya A, et al.
[34] Bhimani R, Ashkani-Esfahani S, Lubberts B, Guss D, Hagemei- Comparison of SPECT/CT and MRI in diagnosing symp-
jer NC, Waryasz G, et al. Utility of Volumetric Measurement tomatic lesions in ankle and foot pain patients : diagnostic
via Weight-Bearing Computed Tomography Scan to Diagnose performance and relation to lesion type. PLoS One 2015;10,
Syndesmotic Instability. Foot Ankle Int 2020;41:859–65. e0117583.
[35] Bhimani R, Sornsakrin P, Ashkani-Esfahani S, Lubberts B,
[53] Bruno F, Arrigoni F, Palumbo P, Natella R, Splendiani A, Di
Guss D, De Cesar Netto C, et al. Using area and volume mea- Cesare E, et al. Weight-bearing MR Imaging of Knee, Ankle
surement via weightbearing CT to detect Lisfranc instability. and Foot. Semin Musculoskelet Radiol 2019;23:594–602.
J Orthop Res 2020;39:2497–505. [54] Rodriguez MW, Pioske KE, Glasoe WM. An Imaged-Based
[36] Sripanich Y, Weinberg M, Krähenbühl N, Rungprai C, Saltz- Three-Dimensional Study of First Metatarsal Protrusion
man CL, Barg A. Change in the First Cuneiform-Second Distance in Women with and Without Hallux Valgus. J Am
Metatarsal Distance After Simulated Ligamentous Lisfranc Podiatr Med Assoc 2017;107:531–7.
Injury Evaluated by Weightbearing CT Scans. Foot Ankle Int [55] Fadle AA, Campbell BC, Willett JF, Williams L, Conti SF,
2020;41:1432–41. Miller MC. A simple foot pedal device in a horizontal bore
[37] Yoshioka N, Ikoma K, Kido M, Imai K, Maki M, Arai Y, et al. imaging facility replicates weightbearing outcomes for Hallux
Weight-bearing three-dimensional computed tomography Valgus patients. Foot Ankle Surg 2020;26:320–4.
analysis of the forefoot in patients with flatfoot deformity. [56] Morvan G, Chays A, Delmas V. Commission VI (Numérique
J Orthop Sci 2016;21:154–8. et santé. Imagerie médicale). Rapport 21-05. Relations entre
[38] Kim Y, Kim JS, Young KW, Naraghi R, Cho HK, Lee SY. A clinique et imagerie : état de la situation actuelle, propositions
New Measure of Tibial Sesamoid Position in Hallux Valgus in d'amélioration. Rapport et recommandations de l'ANM. Bull
Relation to the Coronal Rotation of the First Metatarsal in CT Acad Nat Méd 2021;683–93.
Scans. Foot Ankle Int 2015;36:944–52. [57] Borne J, Bordet B, Fantino O, Bousquet JC, Coillard JY, Pia-
[39] Kim JS, Young KW. Sesamoid Position in Hallux Valgus in lat JB. Plantar plate and second ray syndrome : Normal and
Relation to the Coronal Rotation of the First Metatarsal. Foot pathological US imaging features and proposed US classifica-
Ankle Clin 2018;23:219–30. tion. J Radiol 2010;91:543–8.
[40] Mahmoud K, Metikala S, Mehta SD, Fryhofer GW, Farber DC, [58] Morvan G, Brasseur J. Échographie de la cheville et du pied.
Prat D. The Role of Weightbearing Computed Tomography Montpellier: Sauramps Médical; 2012.
Scan in Hallux Valgus. Foot Ankle Int 2021;42:287–93. [59] Morvan G, Fantino O. Apport de l'échographie dans la chirur-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
[41] Rockett MS. The use of ultrasound in the foot and ankle. J Am gie du pied et de la cheville. In: Bonnel F, Besse JL, editors.
Podiatr Med Assoc 1999;89:331–8. Malformations congénitales du pied chez l'adulte. Monogra-
[42] Thomason K, Cooke PH. The use of surgeon-performed ultra- phies de l'AFCP n° 11. Montpellier: Sauramps Médical; 2015.
sound assessment in a foot and ankle clinic. Foot Ankle Surg [60] Koch KM, Brau AC, Chen W, Gold GE, Hargreaves BA, Koff
2012;18:213–5. M, et al. Imaging near metal with a MAVRIC-SEMAC hybrid.
[43] Beard NM, Gousse RP. Current Ultrasound Application in the Magn Reson Med 2011;65:71–82.
Foot and Ankle. Orthop Clin North Am 2018;49:109–21. [61] Clarke TAC, Platt SR. Treatment of hallux valgus by Scarf
[44] Khosla S, Thiele R, Baumhauer JF. Ultrasound guidance for osteotomy - rates and reasons for recurrence and rates of
intra-articular injections of the foot and ankle. Foot Ankle Int avascular necrosis : A systematic review. Foot Ankle Surg
2009;30:886–90. 2021;27:622–8.
[45] Reach JS, Easley ME, Chuckpaiwong B, Nunley JA. Accuracy [62] Shariff R, Attar F, Osarumwene D, Siddique R, Attar GD. The
of ultrasound guided injections in the foot and ankle. Foot risk of avascular necrosis following chevron osteotomy : a
Ankle Int 2009;30:239–42. prospective study using bone scintigraphy. Acta Orthop Belg
[46] Martínez-Ayora Á, Cuervas-Mons Cantón M, Benjumea-
2009;75:234–8.
Carrasco A, Arnal-Burró J, Sobrón-Caminero FB, Vaquero J.
Tips, quips and pearls : Ultrasound-guided distal metatarsal
minimal invasive osteotomy (US-DMMO). Foot Ankle Surg
2021;27:30–4.
Biomécanique « normale »
• La marche normale nécessite 42° de flexion dorsale
de l'hallux [10], alors que la marche rapide (vitesse
1,4 à 2 m/s) requiert une amplitude > 60°.
• L'articulation métatarso-phalango-sésamoïdienne semble
présenter deux types de comportement pour garder l'axe
du 3e pivot de la marche dans le plan transversal :
– à partir de l'alignement MTP1 en charge, entre 0°
de flexion plantaire et 30° de flexion dorsale de la
phalange, elle est de type ginglyme ou charnière à
axe de travail transversal (figure 2.6) ;
– au-delà de ces 30° de flexion dorsale, elle fonc-
Figure 2.2. Usure de prothèse totale à 3 composants en polyé- tionne dans son carrossage bicondylien selon le type
thylène mobile Metafit® (Depuy). diarthrodial avec dorsalisation des axes de travail et
serrage ligamentaire par rotations contrariées entre • L'articulation du 3e pivot de la marche n'est donc
la phalange en appui au sol et le 1er métatarsien soli- pas assimilable à une simple énarthrose comme cela a
daire de l'inversion du pied, et qui tourne en exoro- pu être pensé, dit et écrit, et pourtant quasiment toutes
tation ou inversion. Ainsi, pendant la dorsiflexion, le les prothèses totales à 2 composants sont conçues sur
valgus MTP1 s'annule, les deux os devenant coaxiaux le mode sphérique !
(figure 2.7) [8]. La différence entre la mobilité en chaîne ouverte
• Par conséquent, absorber les mouvements de (90°) et en chaîne fermée en charge (40 à 45°) serait
rotation-glissement de la tête est important à consi- due à la descente de la tête métatarsienne dans le com-
dérer dans la conception des arthroplasties, faute plexe capsuloligamentaire phalango-sésamoïdien, ce
de quoi il y a des micromouvements délétères au qui positionne les axes transversaux en position plus
niveau de l'interface os – implant compromettant basse (figure 2.8).
l'ostéo-intégration. Le 1er rayon peut être considéré comme une réserve
de puissance motrice propulsive. Les têtes métatar-
siennes portent la charge pendant 85 % du temps de
contact et l'hallux 60 %.
Valgus physiologique
Dorsiflexion
La 1re tête métatarsienne et l'hallux ont leur pic de
de M1 pression presque en même temps. L'hallux, par son
appui, soulage ainsi la charge sur la 1re tête.
Biomécanique pathologique
L'altération du cartilage articulaire de la MTP1 peut pré-
senter de multiples causes. Certaines peuvent être évidentes
Décollage
(62 % du cycle de marche) comme les causes post-traumatiques (macro ou micro,
direct ou indirect), post-inflammatoires ou post-infec-
tieuses. Les altérations de forme de la tête métatarsienne
par perte de cartilage peuvent être considérées comme
une morpho-adaptation aux contraintes anormales. Cela
entraîne une dispersion des centres instantanés de rotation
et une dynamique anormale pathologique [5].
D'autres demeurent spéculatives, en particulier dans
l'hallux rigidus où la corrélation radioclinique n'est pas
toujours évidente et en matière de traitement arthro-
plastique, l'importance de la raideur est en général
péjorative pour l'obtention d'une bonne mobilité posto-
pératoire. L'accent est d'ailleurs mis de plus en plus sur
Figure 2.7. Alignement des axes de M1 et hallux en dorsiflexion la rétraction des parties molles, aussi bien les muscles
hallux en appui avec supination de M1 lors de l’inversion du pied,
courts que le long fléchisseur de l'hallux, pour expliquer
suivie d’une rotation en pronation contre la base phalangienne
les hypercontraintes de dorsiflexion pendant la marche
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
osseuses parfois très importantes et de révision difficile. Même si l'amplitude articulaire est satisfaisante, elle
C'est pour cette raison qu'ils ne sont plus recomman- n'est pas stable dans le temps et les critères de bons
dés chez les sujets jeunes et actifs. Ils peuvent néan- résultats se détériorent à long terme [27].
moins être utilisés chez les sujets âgés à faible demande Certains auteurs ont retrouvé des signes indirects de
fonctionnelle et en enveloppant les tiges intramédul- modifications de la statique du pied avec des méta-
laires avec du titane (grommets) [25,26]. tarsalgies de transfert et une diminution de la force
d'appui de l'hallux.
Hémiarthroplasties
Arthroplasties totales
Elles font appel à un ancrage osseux et présentent une
tige endomédullaire dont l'implantation est en règle Elles comportent le plus souvent 2 et plus récemment
aisée mais moins son orientation. 3 composants. Leur implantation est plus délicate et
Certains auteurs rapportent des résultats intéres- nécessite un ancillaire de pose avec des moyens de pla-
sants sur des longs reculs, avec les hémiarthroplasties nification préopératoire. Sur une période de 10 ans, de
phalangiennes [14,27], il n'y a pas de lyse osseuse 1973 à 1983, près de 2 millions de prothèses MTP1
observée [28,29]. ont été posées aux États-Unis ; toutefois, les publica-
En revanche, les hémiarthroplasties céphaliques type tions ne recensent qu'environ 1 000 implants.
HemiCAP® présentent un pourcentage non négligeable En général, la partie métatarso-sésamoïdienne
de douleurs résiduelles (figure 2.10). n'est pas resurfacée, il serait alors plus juste de parler
Ainsi, les hémiarthroplasties ne permettent pas tou- d'arthroplasties partielles plutôt que totales.
jours d'avoir l'indolence espérée en postopératoire et
la douleur est en moyenne à 2/10 sur EVA (échelle
visuelle analogique). La douleur persistante nécessite Arthroplasties totales à 2 composants
une reprise, le plus souvent par arthrodèse. Les indi- Les principales sont : prothèse ReFlexion®
cations d'hémiarthroplastie sont limitées, non recom- (figure 2.11), prothèse Bio-action®, prothèses Toefit-
mandées en cas d'arthrose sésamoïdienne, d'hallux Plus® (figure 2.12), prothèse Bioverit 1® et son évo-
valgus ou de pathologie inflammatoire rhumatismale. lution, la prothèse Moje® en céramique (figure 2.13).
Les pièces peuvent être en acier inoxydable, cimen- vée à ce jour. En général, les résultats à court terme
tées ou non au niveau du métatarsien, ou en polyé- sont encourageants mais se dégradent ensuite avec
thylène, cimenté ou non au niveau de la phalange. Le de nombreuses complications (principalement des-
cimentage est à déconseiller fortement. cellement avec atteinte du capital osseux, infections,
Certains implants présentent une migration de l'un fractures de composants, inflammations, réactions
des deux composants dans la moitié des cas après allergiques) [31]. La survie des implants se dégrade
10 ans. Celle-ci s'accompagne d'une résorption osseuse habituellement à partir de la 3e année et la majorité
sévère et d'un raccourcissement iatrogène du métatar- des publications ne va pas au-delà [32]. Le problème
sien qui posent des problèmes de reconstruction en majeur des prothèses totales est représenté par l'utili-
chirurgie de révision, d'où l'intérêt d'une surveillance sation de matériaux inappropriés entraînant des réac-
régulière. Cette défaillance est clairement corrélée à tions aux particules d'usure avec une ostéolyse parfois
l'âge du patient. Après ce délai de 10 ans, il n'existe très importante, celles-ci devraient être abandonnées,
plus d'avantage des arthroplasties par rapport aux ce que confirment les publications récentes.
cheilectomies ou aux arthroplasties de résection [30].
Implants en pyrocarbone
Le carbone pyrolytique ou pyrocarbone ne permet
pas l'ostéo-intégration des pièces prothétiques car les
pores qu'il présente sont trop étroits. Il doit donc être
utilisé en implant d'interposition avec un design de
contact osseux permettant une répartition homogène
et équilibrée des contraintes au mieux représenté par
l'implant sphérique dont les diamètres communé-
ment utilisés (15 à 16 mm) correspondent à la conca-
vité phalangienne, l'articulation ginglyme MTP étant
très rarement resurfacée grâce à des implants plus
gros.
Ces implants ne détruisent pas le capital osseux, sont
Figure 2.15. Prothèse totale à 3 composants Roto-glide®.
très prometteurs et peuvent aussi permettre la désar-
throdèse dans certains cas (figure 2.16).
Une revue systématique sur 33 publications confirme Ils autorisent la remise en charge immédiate en pos-
cette conclusion [35]. De même, l'arthrodèse semble topératoire, ce qui est particulièrement utile chez le
plus fiable que les hémiarthroplasties métalliques sujet âgé et dans la chirurgie de révision quand c'est
[14,36]. possible, d'autant plus que les arthrodèses pour échec
Mais une méta-analyse récente montre des résultats d'arthroplasties totales ont de moins bons résultats
comparables entre l'arthrodèse et les hémiarthroplas- que les arthrodèses de 1re intention [3].
ties métalliques céphaliques [32]. Le pyrocarbone est utilisé depuis plusieurs décennies
en chirurgie cardiaque, en chirurgie du poignet et de la
Face à la disparité des résultats main et plus récemment de l'épaule.
des arthroplasties, faut-il Il répond au cahier des charges :
• pas de destruction osseuse ;
concevoir de nouveaux concepts ? • relative facilité de pose ;
• simplicité des suites opératoires.
Certainement car l'arthrodèse ne devrait être qu'une
Il peut être algique plusieurs semaines mais en géné-
solution de recours si l'on ne peut raisonnablement
ral à un an, tous les patients sont indolores [39].
pas proposer une conservation de la mobilité.
La gêne douloureuse est parfois assez longue à
Il existe actuellement les trois alternatives novatrices
disparaître, surtout si le centre de l'implant sphé-
suivantes.
rique ne correspond pas parfaitement au centre de
rotation articulaire avec une flexion dorsale insuffi-
Gelfoam sante. Dans tous les cas, on observe une condensation
osseuse périphérique (fond de coquetier) qui double
Il est peu onéreux mais peu diffusé [37].
la membrane d'interposition riche en protéoglycanes.
On n'observe pas de lyse osseuse ni de migration de
Cartilage artificiel
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
l'implant, on peut évoquer un temps d'adaptation
synthétiquehydrogel polyvinyl des tissus à l'implant jusqu'à l'équilibrage des forces
alcohol (Cartiva®) qui aboutit à l'indolence, ce qui n'est pas le cas des
hémiarthroplasties.
Malgré un début prometteur conforté par la publica- Les 21 premiers patients de notre série (22 sphères)
tion d'études randomisées (mais avec liens d'intérêts avec un recul moyen de 37 mois (20-96 mois) [39]
pour de nombreux auteurs), il n'a toujours pas fait la ont été revus ou joints par téléphone en 2021. Tous
preuve de son efficacité après 10 ans d'utilisation et les patients bénéficiaient de nouvelles radiogra-
présente des taux non négligeables de complications phies, les résultats sont restés stables dans les cri-
[38] ; par ailleurs, il n'est toujours pas autorisé en tères étudiés précédemment, soit avec 6 ans de recul
France ; supplémentaire.
Encadré 2.1
Cas clinique
Ce cas résume le problème des arthroplasties en
général et montre les possibilités d’alternative à
l’arthrodèse (figure 2.18).
– 1re chirurgie – Une patiente jeune sportive pra-
tiquant la danse a présenté une chondrolyse avec
raideur et douleur après une ostéotomie de Scarf.
Elle a refusé l’arthrodèse qui était proposée en
chirurgie de révision.
– 2e chirurgie – Une arthroplastie de Keller avec
interposition capsulaire a été réalisée comme
alternative mais s’est révélée être un échec dès la
Figure 2.17. Parabole des têtes et rapports de longueurs 1re année. Elle refusait toujours l’arthrodèse.
relatives : « les rayons sont autonomes et interdépendants » – 3e chirurgie : une prothèse à 3 composants
(G. Gauthier). Metafit® a alors été implantée avec un bon résultat
clinique et une reprise sportive, mais à la 3e année,
Actuellement, les implants sphériques en pyro- des douleurs ont réapparu accompagnées d’un
carbone semblent répondre aux exigences de cette œdème dans le 1er espace et de géodes osseuses
chirurgie prothétique, mais leur utilisation n'est pas métatarsiennes attestant d’un début de descelle-
encore rentrée dans la pratique courante. ment par ostéolyse réactionnelle. Il a été proposé
une reconstruction arthrodèse avec autogreffe
Conclusion osseuse qui a de nouveau été refusée.
– 4e chirurgie – Le pyrocarbone étant apparu en
On ne peut pas parler aujourd'hui de franc succès des chirurgie du pied en 2010 en France, un implant
prothèses MTP1 car les complications sont fréquentes a été proposé comme alternative au blocage arti-
et probablement expliquées par une insuffisance des culaire, que la patiente a accepté. Le résultat s’est
connaissances biomécaniques de cette articulation avéré satisfaisant sur la douleur et la fonction mal-
complexe qui n'est pas une simple énarthrose avec des gré une faiblesse de l’appui pulpaire à la marche
variations anatomiques fréquentes, par l'utilisation de qui contrastait avec une bonne force de l’hallux
matériaux inappropriés, ainsi que par les difficultés qu’elle utilisait dans ses activités sportives et de
techniques d'implantation dues à la taille des struc- danse. Aucune métatarsalgie de transfert n’est
tures. Toutefois, les recherches se poursuivent fondées apparue et l’implant a été parfaitement toléré sans
sur de nouveaux dessins prothétiques et de nouveaux migration ni atteinte osseuse à 11 ans de recul.
concepts.
Il ne semble plus recommandé d'utiliser les prothèses
totales à 2 composants, les prothèses à 3 composants
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Références
[1] Kofoed H, Danborg L, Grindsted J, Merser S. The Rotogli- [18] Gaudin G, Coillard JY, Augoyard M, Tourné Y, Meusnier
deTM total replacement of the first metatarso-phalangeal T, Beaudet P, et al. Incidence and outcomes of revision sur-
joint. A prospective series with 7-15 years clinico-radio- gery after first metatarsophalangeal joint arthrodesis : Mul-
logical follow-up with survival analysis. Foot Ankle Surg ticenter study of 158 cases. Orthop Traumatol Surg Res
2017;23:148–52. 2018;104:1221–6.
[2] Milstrey A, Domnick C, Garcia P, Raschke MJ, Evers J, Och- [19] Roukis TS. Nonunion after arthrodesis of the first metatar-
man S. Trends in arthrodeses and total joint replacements in sal-phalangeal joint : a systematic review. J Foot Ankle Surg
Foot and Ankle surgery in Germany during the past decade- 2011;50:710–3.
Back to the fusion ? Foot Ankle Surg 2021;27:301–4. [20] Anderson JJ, Hansen M, Rowe GP, Swayzee Z. Complica-
[3] Gross CE, Hsu AR, Lin J, Holmes GB, Lee S. Revision MTP tion rates in diabetics with first metatarsophalangeal joint
arthrodesis for failed MTP arthroplasty. Foot Ankle Spec arthrodesis. Diabet Foot Ankle 2014;27:5. Jun.
2013;6:471–8. [21] Lau JT, Daniels TR. Outcomes following cheilectomy and
[4] Schneider T, Dabirrahmani D, Gillies RM, Appleyard RC. interpositional arthroplasty in hallux rigidus. Foot Ankle Int
Biomechanical comparison of metatarsal head designs in 2001;22:462–70.
first metatarsophalangeal joint arthroplasty. Foot Ankle Int [22] Dawson J, Boller I, Doll H, Lavis G, Sharp RJ, Cooke P, et al.
2013;34:881–9. Factors associated with patient satisfaction with foot and
[5] Shereff MJ, Bejjani FJ, Kummer FJ. Kinematics of the first meta- ankle surgery in a large prospective study. Foot Edinb Scotl
tarsophalangeal joint. J Bone Joint Surg Am 1986;68:392–8. 2012;22(3):211–8.
[6] Flavin R, Halpin T, O'Sullivan R, FitzPatrick D, Ivankovic A, [23] Radl R, Leithner A, Zacherl M, Lackner U, Egger J, Wind-
Stephens MM. A finite-element analysis study of the metatar- hager R. The influence of personality traits on the subjective
sophalangeal joint of the hallux rigidus. J Bone Joint Surg Br outcome of operative hallux valgus correction. Int Orthop
2008;90:1334–40. 2004;28:303–6.
[7] Jamal B, Pillai A, Fogg Q, Kumar S. The metatarsosesamoid [24] Jarde O, Wable E, Havet E, de Letang M, Vives P. Prothèse
joint : an in vitro 3D quantitative assessment. Foot Ankle Surg métallique d'interposition dans l'hallux rigidus. À propos
2015;21:22–5. de 42 cas traités par la prothèse Sixtine. Rev Chir Orthop
[8] Maestro M, Augoyard M, Barouk LS, Benichou M, Peyrot J, 2001;87:67–72.
Ragusa M, et al. Biomécaniques et repères radiologiques du [25] Morgan S, Ng A, Clough T. The long-term outcome of silastic
sésamoïde latéral de l'hallux par rapport à la palette métatar- implant arthroplasty of the first metatarsophalangeal joint :
sienne. Méd Chir Pied 1995;11:145–54. a retrospective analysis of one hundred and eight feet. Int
[9] Jacob HA. Forces acting in the forefoot during normal gait – Orthop 2012;36:1865–9.
an estimate. Clin Biomech 2001;16:783–92. [26] Lawrence BR, Thuen E. A retrospective review of the primus
[10] Nawoczenski D, Bavorhaver J, Umberger B. Relation Ship
first MTP joint double-stemmed silicone implant. Foot Ankle
Between Clinical Measurements And Motion Of The First Spec 2013;6:94–100.
Metatarso Phalangeal Joint During Gait. J Bone Joint Surg [27] Erdil M, Elmadağ NM, Polat G, Tunçer N, Bilsel K, Uçan V,
(Am) 1999;6:370–6. et al. Comparison of arthrodesis, resurfacing hemiarthroplasty,
[11] Vallotton J, Echeverri S, Dobbelaere-Nicolas V. Functional
and total joint replacement in the treatment of advanced hal-
hallux limitus or rigidus caused by a tenodesis effect at the lux rigidus. J Foot Ankle Surg 2013;52:588–93.
retrotalar pulley : description of the functional stretch test and [28] Stibolt RD, Patel HA, Lehtonen EJ, DeBell HA, Moon AS,
the simple hoover cord maneuver that releases this tenodesis. J Naranje S, et al. Hemiarthroplasty Versus Total Joint Arthro-
Am Podiatr Med Assoc 2010;100:220–9. plasty for Hallux Rigidus : A Systematic Review and Meta-
[12] McNeil DS, Baumhauer JF, Glazebrook MA. Evidence-based analysis. Foot Ankle Spec 2019;12:181–93.
analysis of the efficacy for operative treatment of hallux rigi- [29] Ronconi P, Martinelli N, Cancilleri F, Marinozzi A, Marineo G,
dus. Foot Ankle Int 2013;34:15–32. Denaro V. Hemiarthroplasty and distal oblique first metatarsal
[34] Gibson JNA, Thomson CE. Arthrodesis or total replacement [38] Cassinelli SJ, Chen S, Charlton TP, Thordarson DB. Early Out-
arthroplasty for hallux rigidus : a randomized controlled trial. comes and Complications of Synthetic Cartilage Implant for
Foot Ankle Int 2005;26:680–90. Treatment of Hallux Rigidus in the United States. Foot Ankle
[35] Stevens J, de Bot RTAL, Hermus JPS, van Rhijn LW, Witlox Int 2019;40:1140–8.
AM. Clinical Outcome Following Total Joint Replacement [39] Schramm M, Maestro M, Decroocq L. Metatarsophalan-
and Arthrodesis for Hallux Rigidus : A Systematic Review. J geal HAPY® spherical pyrocarbon implant : Technical note.
Bone Joint Surg Rev 2017;5, e2. Orthop Traumatol Surg Res 2021;107:102926.
[36] de Bot RTAL, Veldman HD, Eurlings R, Stevens J, Hermus JPS, [40] Emmons BR, Carreira DS. Outcomes Following Interposi-
Witlox AM. Metallic hemiarthroplasty or arthrodesis of the tion Arthroplasty of the First Metatarsophalangeal Joint for
first metatarsophalangeal joint as treatment for hallux rigi- the Treatment of Hallux Rigidus : A Systematic Review. Foot
dus : A systematic review and meta-analysis. Foot Ankle Surg Ankle Orthop 2019;4:2473011418814427.
2022;28(2):139–52.
[37] Heller E, Robinson D. Gelfoam first metatarsophalangeal
replacement/interposition arthroplasty – a case series with
functional outcomes. Foot Edinb Scotl 2011;21:119–23.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
L'hallux rigidus (HR) est l'appellation commune de Quels sont les principaux
l'arthrose métatarsophalangienne du 1er rayon.
éléments décisionnels ?
Quelle est la définition Examen clinique
de l'hallux rigidus ? Les motifs de consultation sont principalement la dou-
Ce terme est utilisé pour tous les stades de cette mala- leur, la raideur et une gêne au chaussage.
die dégénérative avec ou sans restriction des mobilités La douleur et la raideur de l'articulation MTP dans
articulaires. Il s'agit de la pathologie dégénérative la un premier temps en flexion dorsale impactent directe-
plus fréquente du pied (environ 2,5 % de la popula- ment la qualité de vie du patient dans ses activités de la
tion d'un âge supérieur à 50 ans aux États-Unis) [1]. vie quotidienne, professionnelles et sportives.
L'évolution de la destruction articulaire modifie au La gêne au chaussage est liée à la présence d'un
fil du temps l'arc de mobilité de l'articulation méta- ostéophyte dorsal qui devient douloureux dans un
tarsophalangienne (MTP) avec la formation progres- chaussage inadapté et à la limitation de la flexion dor-
sive d'une ostéophytose dorsale (dorsal bunion) qui sale, notamment lors du port de chaussures à talons.
peut entraîner une gêne plus ou moins douloureuse au Certains symptômes plus atypiques peuvent être
chaussage et une restriction de mobilité dans un pre- liés à l'irritation des structures adjacentes par l'ostéo-
mier temps en flexion dorsale. phytose dorsale : tendinopathie du long extenseur de
L'arthrose MTP se manifeste ainsi cliniquement par l'hallux, paresthésies/dysesthésies à la face dorsale de
une douleur et une diminution de mobilité articulaire. l'hallux par irritation des branches sensitives dorsales
Dans 79 % des cas, l'atteinte est bilatérale [1]. de l'hallux [4].
Son étiologie n'est pas bien définie en dehors des L'examen physique permet de confirmer la douleur
cas particuliers d'arthrose post-traumatique lorsque le et la gêne à la palpation de la partie dorsale de l'articu-
patient présente un antécédent de fracture, d'entorse lation, ainsi qu'en fin de dorsiflexion et recherche les
grave de l'articulation MTP ou de microtraumatismes signes irritatifs évoqués.
dans la pratique de sports à risque. Le grinding test consistant à effectuer des mouve-
Coughlin avait tout de même identifié un certain ments de friction en tiroir dorsoplantaire de l'articula-
nombre de facteurs favorisants grâce à une étude rétros- tion en position neutre permet d'évaluer une atteinte
pective analysant 114 patients opérés d'HR sur une articulaire diffusée à la partie centrale de l'articulation.
période de 19 ans : sexe féminin, antécédent familial, Il faut mesurer l'amplitude articulaire de la MTP
déformation en hallux valgus interphalangien [2]. En sachant qu'une dorsiflexion normale est d'environ 75°
revanche, il n'y avait pas de relation significative avec et la flexion plantaire d'environ 35° en chaîne articu-
l'augmentation de la longueur du 1er métatarsien (M1), laire ouverte [4].
la présence d'un metatarsus primus elevatus (MPE) ou Enfin, il faut dépister un éventuel retentissement sur
une brièveté du complexe suro-achilléo-plantaire. les rayons latéraux comme des métatarsalgies de trans-
Une étude plus récente utilisant le scanner en charge fert ou des griffes d'orteil et examiner l'arrière-pied
a finalement mis en évidence un lien entre MPE et HR afin de ne pas méconnaître une pathologie associée à
grâce à une mesure plus précise de la hauteur de la tête éventuellement traiter dans le même temps.
de M1 [3].
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
40 Véronique Darcel, Alexis Thiounn
Tableau 3.1.
Classification de Coughlin et Shurnas.
Grade Mobilité en FD Signes radiologiques Signes cliniques
Grade 0 40–60° Absents ou minimums • Pas de douleur
(et/ou perte de 10 à 20 % • Mobilisation passive :
par rapport au côté sain) diminution de mobilité
rigides limitent la flexion dorsale de l'hallux, ce qui buait une recommandation de grade B à l'utilisation
diminue les contraintes mécaniques sur l'articulation des thérapeutiques pharmacologiques, y compris pour
et les douleurs [8,9]. les injections intra-articulaires dont l'efficacité à long
De même, les orthèses plantaires limitent la flexion terme était en revanche estimée faible [9].
dorsale par une rigidification ou un appui rétrocapital. Les traitements par plasma riche en plaquettes
Leur encombrement peut constituer une limite en cas (PRP), facteur de croissance et cellules souches ne sont
de volumineuse ostéophytose dorsale [8,9]. pas encore validés dans cette indication mais sont des
Les anti-inflammatoires per os et les infiltrations de pistes de réflexion.
corticoïdes intra-articulaires échoguidées sont particu-
lièrement intéressants en cas de poussée de synovite Quelle est la place du traitement
[9]. L'adaptation du chaussage et l'utilisation des
orthèses plantaires ont fait l'objet d'une recommanda-
chirurgical conservateur ?
tion de grade C dans l'article de Kon Kam King et al. Lorsque l'arthrose est modérée et ne répond pas au
du fait du faible niveau de preuve des études évaluant traitement médical, un traitement chirurgical conser-
leur efficacité [7]. vateur de la 1re articulation MTP est proposé.
Il doit être adapté au type de douleur (dorsale MTP afin d'obtenir une décompression axiale de cette
ou globale) et au morphotype architectural de articulation.
l'avant-pied. L'ostéotomie de Weil, à l'instar de son indication
Dans la grande majorité des cas, il comprend une pour les métatarsalgies latérales, peut ici être propo-
cheilectomie de l'ostéophytose dorsale et peut être sée (figure 3.2). L'inclinaison du trait peut varier en
associé en fonction du bilan clinique et paraclinique fonction du besoin d'abaisser ou non et une tranche
à une ostéotomie métatarsienne et/ou phalangienne. osseuse peut être retirée pour majorer le recul.
Youngswick a décrit une ostéotomie en chevron avec
résection d'un rectangle osseux sur la portion supé-
Cheilectomie rieure de l'ostéotomie afin de calculer précisément le
Traitement chirurgical le plus utilisé, elle consiste recul (figure 3.3). Ce type de trait peut également ser-
à réséquer l'ostéophyte dorsal du métatarsien afin vir à corriger un hallux valgus si nécessaire par trans-
de supprimer la douleur et le conflit au chaussage lation médiale.
mais également d'augmenter la flexion dorsale de Ces deux ostéotomies sont associées à une cheilecto-
l'articulation. mie s'il existe une ostéophytose dorsale [16].
La technique décrite par DuVries en 1959 insiste Une étude comparant les résultats cliniques des
sur le fait de retirer l'ostéophyte mais également la ostéotomies de recul en fonction de l'index métatar-
partie supérieure de la tête métatarsienne sans toute- sien n'a pas révélé de différence significative en cas
fois dépasser le tiers de la hauteur de la tête au risque d'index minus [17].
d'obtenir une subluxation dorsale de la phalange Néanmoins, pour éviter les métatarsalgies par trans-
proximale (P1). fert de charge, il est admis de réserver ces techniques
Plusieurs voies d'abord sont possibles : à ciel ouvert aux HR de grade 1-2 avec un index métatarsien plus
dorsale ou médiale, en percutané sous contrôle radios- ou plus-minus. En cas de MPE, il faut adapter l'obli-
copique ou par arthroscopie. quité du (des) trait(s) d'ostéotomie afin d'abaisser la
Coughlin rapporte, dans une série rétrospective de tête de M1.
89 cas revus à 9,6 ans de recul, 97 % de bons et très
bons résultats pour les grades 1 et 2 mais les 9 cas de
grade 3 de cette série ont nécessité un geste d'arthro-
dèse secondaire dans 56 % des cas [13]. Une série
moins importante de 22 patients mais composée de
sportifs de haut niveau rapporte un taux de reprise
du sport de 75 % au même niveau à 5 ans de recul
[14]. Aucune étude comparative n'a évalué les tech-
niques mini-invasives mais des travaux anatomiques
prouvent leur innocuité [15].
La cheilectomie isolée est indiquée pour les grades 1
et 2 avec une douleur dorsale isolée, un grinding test Figure 3.2. Ostéotomie métatarsienne de recul de Weil.
négatif, une mobilité articulaire résiduelle supérieure à Double flèche en pointillé rouge : cheilectomie. Trait rouge :
50 % de la mobilité globale et sur la radiographie un ostéotomie de Weil.
Ostéotomies métatarsiennes
Plusieurs types d'ostéotomies sont décrits et ont pour
but soit de reculer la tête métatarsienne, soit d'effec-
tuer une flexion dorsale de celle-ci. Nous ne dévelop-
pons ici que les ostéotomies distales du 1er métatarsien.
Ostéotomie phalangienne
d'accourcissement
Particulièrement indiquée en cas d'hallomégalie (excès
de longueur de P1), son principe consiste à retirer une
épaisseur cylindrique au niveau de la diaphyse de P1
afin de raccourcir la phalange à l'aide d'une ostéosyn-
Figure 3.4. Ostéotomie métatarsienne de dorsiflexion de thèse en compression (figure 3.7).
Waterman. Elle peut être réalisée à ciel ouvert ou en percutané.
Double flèche en pointillé rouge : cheilectomie. Traits rouges : L'ostéosynthèse était initialement décrite en cerclage
ostéotomie de résection. Flèches bleues : sens de compression. mais une vis oblique en compression est également
Flèche verte : dorsiflexion. possible.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Figure 3.5. Ostéotomie métatarsienne de dorsiflexion : variante Figure 3.6. Ostéotomie phalangienne de dorsiflexion de
de Weil. Moberg.
Double flèche en pointillé rouge : cheilectomie. Traits rouges : Double flèche en pointillé rouge : cheilectomie. Traits rouges :
ostéotomie de résection. Flèches bleues : sens de compression. ostéotomie de résection. Flèches bleues : sens de compression.
Flèche verte : dorsiflexion Flèche verte : dorsiflexion.
L'étude à long terme des résections arthroplasties et al., les hémiarthroplasties se démarquent des arthro-
de Keller de Coutts et al. montrait que la technique plasties totales en permettant d'obtenir une meilleure
était simple, reproductible et efficace sur la douleur au amélioration de la mobilité et du score AOFAS à
prix d'un aspect inesthétique du pied pour 19 % des moyen terme alors que leur taux de complications est
patients et presque 10 % de métatarsalgies de transfert. moindre [42]. Dans cet article, elles sont considérées
En cas de reprise chirurgicale par arthrodèse, l'inter- comme une bonne option pour les patients refusant
vention est rendue plus complexe par la résection de une arthrodèse s'ils ont été informés et ont accepté les
la base de P1 et nécessite le plus souvent l'utilisation risques et les avantages des arthroplasties comparées
d'une greffe osseuse [36]. aux arthrodèses de 1re intention.
Ainsi, la résection-arthroplastie est habituellement L'inconstance des résultats des arthroplasties pro-
conseillée pour des patients âgés à faible demande thétiques, leur taux de complication et leur coût signi-
fonctionnelle [37]. ficativement supérieur à celui d'une arthrodèse [28]
rendent de nombreux chirurgiens prudents quant à
leur utilisation. La méta-analyse de McNiel et al. don-
Plasties d'interposition nait une recommandation de grade C pour les arthro-
Les arthroplasties d'interposition s'adressent à des plasties prothétiques [31].
patients refusant l'arthrodèse et acceptant le risque de
conversion secondaire. Elles sont destinées au traite- Arthrodèse
ment des HR sévères.
Les arthroplasties d'interposition consistent en une
ou arthroplastie prothétique ?
résection partielle limitée de la MTP avec mise en De nombreuses études ont montré un avantage pour
place d'un élément d'interposition autologue (tendon l'arthrodèse par rapport aux hémiarthroplasties et
ou capsule) ou non autologue (métal, silicone, pyro- aux arthroplasties principalement sur le critère de la
carbone, hydrogel de cartilage, matrice de collagène). douleur.
Selon la méta-analyse de Patel et al. sur les arthroplas- Ainsi, l'étude comparative prospective randomisée
ties d'interposition elles améliorent la douleur, la fonc- de Gibson et al. comparant l'arthrodèse à l'arthroplas-
tion et l'alignement [38]. Leur taux de complications tie totale dans les HR sévères trouvait des résultats
global était de plus de 20 %, la première d'entre elles significativement plus favorables pour l'arthrodèse :
était la métatarsalgie de transfert (13,9 %). L'appui moins de douleurs, moins de complications et meil-
pulpaire était perdu dans 9,7 % des cas et une ostéoné- leure fonction [34]. L'étude à long terme de Stone
crose était objectivée dans plus de 5 % des cas. et al., reprenant la même série avec un recul de 15 ans,
Les hydrogels de cartilage qui ne sont pas commer- retrouvait un résultat fonctionnel équivalent pour les
cialisés en France semblaient initialement donner de hémiarthroplasties et les arthrodèses, mais les patients
bons résultats, dans la seule étude comparative pros- ayant eu une arthrodèse étaient moins douloureux et
pective randomisée, révélant une efficacité équivalente plus satisfaits [42]. Le taux de reprise chirurgicale était
à l'arthrodèse sur tous les paramètres étudiés à moyen inférieur pour les patients arthrodésés.
terme [39]. Mais la publication récente de Metikala La méta-analyse de Park et al. comparant les arthro-
et al., se fondant sur les données de la Food and plasties avec implant à l'arthrodèse ne trouvait pas
Drugs Administration (FDA) des États-Unis mettait
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
visuelle analogique (EVA) dans le groupe arthrodèse. – Un index radiologique plus fait privilégier une
Elle proposait l'hémiarthroplastie métallique comme ostéotomie accourcissant le M1 (chevron accour-
une alternative pour les patients ayant besoin d'une cissant, Weil, etc.) que l'on peut associer à une
mobilité articulaire dans leurs activités. Dans cette ana- ostéotomie phalangienne d'accourcissement ou de
lyse, les résultats semblaient en faveur des hémiarthro- dorsiflexion.
plasties métalliques de la 1re tête métatarsienne plutôt – En cas d'index minus, on s'oriente vers une chei-
que de la base de P1, mais il n'y a pas d'étude compa- lectomie ou une ostéotomie de dorsiflexion de M1
rative publiée entre les deux types d'implants. que l'on peut associer à une ostéotomie de dorsi-
flexion ou d'accourcissement de P1.
Quel algorithme décisionnel – Si un hallux valgus est présent, l'ostéotomie méta-
proposer (figure 3.9) ? tarsienne doit accourcir et valgiser.
• Pour les patients atteints d'un HR sévère, l'ar-
La 1re ligne thérapeutique est habituellement médi- throdèse MTP est le traitement de référence. Les
cale. Lorsqu'un traitement chirurgical est nécessaire, hémiarthroplasties prothétiques peuvent être une
le choix entre les différentes options tient compte de alternative pour les patients refusant l'arthrodèse,
la sévérité de l'HR mais aussi des attentes du patient. s'ils ont été informés des avantages et des risques
• Pour les patients souffrant d'un HR modéré, un trai- comparés à ceux d'une arthrodèse de 1re intention.
tement conservateur est possible adapté à la morpho- Les résections-arthroplasties sont à réserver aux
logie de l'articulation. patients âgés à faible demande fonctionnelle après
– Si cliniquement, le conflit dorsal est prédominant, discussion des avantages et inconvénients comparés
la cheilectomie est le traitement de choix. à l'arthrodèse.
Traitement médical
Traitement chirurgical
HR modéré HR sévère
Références
[1] Gould N, Schneider W, Ashikaga T. Epidemiological survey of [20] Delagoutte JP, Becker JP. Traitement de l'hallux rigidus par
foot problems in the continental United States : 1978-1979. ostéotomie de raccourcissement phalangienne. In Entretiens
Foot Ankle 1980;1:8–10. de Bichat. Podologie. Paris: Expansion scientifique Française;
[2] Coughlin MJ, Shurnas PS. Hallux rigidus : demographics, etio- 1986. p. 197.
logy, and radiographic assessment. Foot Ankle Int 2003;24:14. [21] Schmid T, Younger A. First Metatarsophalangeal Joint
[3] Cheung ZB, Myerson MS, Tracey J, Vulcano E. Weightbearing Degeneration : Arthroscopic Treatment. Foot Ankle Clin
CT Scan Assessment of Foot Alignment in Patients With 2015;20:413–20.
Hallux Rigidus. Foot Ankle Int 2018;39:67–74. [22] Hodel S, Viehöfer A, Wirth S. Minimally invasive arthrodesis
[4] Ho B, Baumhauer J. Hallux rigidus. EFORT Open Rev of the first metatarsophalangeal joint : A systematic literature
2017;2:13–20. review. Foot Ankle Surg 2020;26:601–6.
[5] Beeson P, Phillips C, Corr S, Ribbans W. Classification systems [23] Besse JL, Chouteau J, Laptoiu D. Arthrodesis of the first
for hallux rigidus : a review of the literature. Foot Ankle Int metatarsophalangeal joint with ball and cup reamers and
2008;29:407–14. osteosynthesis with pure titanium staples Radiological eva-
[6] Kunnasegaran R, Thevendran G. Hallux Rigidus : luation of a continuous series of 54 cases. Foot Ankle Surg
Nonoperative Treatment and Orthotics. Foot Ankle Clin 2010;16:32–7.
2015;20:401–12. [24] Harris E, Moroney P, Tourné Y. Arthrodesis of the first meta-
[7] Kon Kam King C, Loh Sy J, Zheng Q, Mehta KV. tarsophalangeal joint-A biomechanical comparison of four
Comprehensive Review of Non-Operative Management of fixation techniques. Foot Ankle Surg 2017;23:268–74.
Hallux Rigidus. Cureus 2017;9, e987. [25] Storts EC, Camasta CA. Immediate Weightbearing of First
[8] Colò G, Fusini F, Samaila EM, Rava A, Felli L, Alessio-Mazzola Metatarsophalangeal Joint Fusion Comparing Buried Crossed
M, et al. The efficacy of shoe modifications and foot orthoses Kirschner Wires Versus Crossing Screws : Does Incorporating
in treating patients with hallux rigidus : a comprehensive the Sesamoids Into the Fusion Contribute to Higher Incidence
review of literature. Acta Bio-Medica Atenei Parm 2020;91, of Bony Union ? J Foot Ankle Surg 2016;55:562–6.
e2020016. [26] Politi J, Hayes J, Njus G, Bennett GL, Kay DB. First Meta-
[9] Caravelli S, Mosca M, Massimi S, Pungetti C, Russo A, Fuiano tarsal-Phalangeal Joint Arthrodesis : A Biomechanical Assess-
M, et al. A comprehensive and narrative review of histori- ment of Stability. Foot Ankle Int 2003;24:332–7.
cal aspects and management of low-grade hallux rigidus : [27] Ho B, Baumhauer J. Hallux rigidus. EFORT Open Rev
conservative and surgical possibilities. Musculoskelet Surg 2017;2:13–20.
2018;102:201–11. [28] Horisberger M, Haeni D, Henninger H, Valderrábano V, Barg
[10] Legré-Boyer V. Viscosupplementation : techniques, indications, A. Total Arthroplasty of the Metatarsophalangeal Joint of the
results. Orthop Traumatol Surg Res 2015;101:S101–8. Hallux. Foot Ankle Int 2016;37:755–65.
[11] Henrotin Y, Raman R, Richette P, Bard H, Jerosch J, Conrozier [29] Chraim M, Bock P, Alrabai HM, Trnka HJ. Long-term out-
T, et al. Consensus statement on viscosupplementation with come of first metatarsophalangeal joint fusion in the treatment
hyaluronic acid for the management of osteoarthritis. Semin of severe hallux rigidus. Int Orthop 2016;40:2401–8.
Arthritis Rheum 2015;45:140–9. [30] Galois L, Hemmer J, Ray V, Sirveaux F. Surgical options for
[12] Pons M, Alvarez F, Solana J, Viladot R, Varela L. Sodium
hallux rigidus : state of the art and review of the literature. Eur
hyaluronate in the treatment of hallux rigidus. A single-blind, J Orthop Surg Traumatol 2020;30:57–65.
randomized study. Foot Ankle Int 2007;28:38–42. [31] McNeil DS, Baumhauer JF, Glazebrook MA. Evidence-based
[13] Coughlin MJ, Shurnas PS. Hallux rigidus. Grading and long- analysis of the efficacy for operative treatment of hallux rigi-
term results of operative treatment. J Bone Joint Surg Am dus. Foot Ankle Int 2013;34:15–32.
2003;85:2072–88. [32] Park YH, Jung JH, Kang SH, Choi GW, Kim HJ. Implant
[14] Mulier T, Mulier T, Steenwerckx A, Thienpont E, Sioen W, Arthroplasty versus Arthrodesis for the Treatment of Advanced
Hoore KD, Peeraer L, et al. Results after cheilectomy in ath- Hallux Rigidus : A Meta-analysis of Comparative Studies. J
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
letes with hallux rigidus. Foot Ankle Int 1999;20:232–7. Foot Ankle Surg 2019;58:137–43.
[15] Malagelada F, Dalmau-Pastor M, Fargues B, Manzanares-Cés- [33] de Bot RTAL, Veldman HD, Eurlings R, Stevens J, Hermus JPS,
pedes MC, Peña F, Vega J. Increasing the safety of minimally Witlox AM. Metallic hemiarthroplasty or arthrodesis of the
invasive hallux surgery – An anatomical study introducing the first metatarsophalangeal joint as treatment for hallux rigi-
clock method. Foot Ankle Surg 2018;24:40–4. dus : A systematic review and meta-analysis. J Foot Ankle Surg
[16] Freeman BL, Hardy MA. Multiplanar Phalangeal and Meta- 2022;28:139–52.
tarsal Osteotomies for Hallux Rigidus. Clin Podiatr Med Surg [34] Gibson JNA, Thomson CE. Arthrodesis or Total Replacement
2011;28:329–44. Arthroplasty for Hallux Rigidus : A Randomized Controlled
[17] Slullitel G, López V, Seletti M, Calvi JP, Bartolucci C, Pinton Trial. Foot Ankle Int 2005;26:680–90.
G. Joint Preserving Procedure for Moderate Hallux Rigidus : [35] Kim PJ, Hatch D, Didomenico LA, Lee MS, Kaczander B,
Does the Metatarsal Index Really Matter ? J Foot Ankle Surg Count G, et al. A multicenter retrospective review of outcomes
2016;55:1143–7. for arthrodesis, hemi-metallic joint implant, and resectional
[18] Cho BK, Park KJ, Park JK, SooHoo NF. Outcomes of the Dis- arthroplasty in the surgical treatment of end-stage hallux rigi-
tal Metatarsal Dorsiflexion Osteotomy for Advanced Hallux dus. J Foot Ankle Surg 2012;51:50–6.
Rigidus. Foot Ankle Int 2017;38:541–50. [36] Mao DW, Zheng C, Amatullah NN, Kam C, Kon Kam King
[19] Roukis TS. Outcomes after Cheilectomy with Phalangeal
C. Salvage arthrodesis for failed first metatarsophalangeal
Dorsiflexory Osteotomy for Hallux Rigidus : A Systematic joint arthroplasty : A network meta-analysis. Foot Ankle Surg
Review. J Foot Ankle Surg 2010;49:479–87. 2020;26:614–23.
[37] Yee G, Lau J. Current concepts review : hallux rigidus. Foot plasty of First Metatarsal : An Analysis of Reports to the
Ankle Int 2008;29:637–46. United States Food and Drug Administration. Foot Ankle Spec
[38] Patel HA, Kalra R, Johnson JL, Huntley SR, Lehtonen EJ, 2020 Jul 29. 193864002094371.
McGwin G, et al. Is interposition arthroplasty a viable [41] Stibolt RD, Patel HA, Lehtonen EJ, DeBell HA, Moon AS,
option for treatment of moderate to severe hallux rigidus ? Naranje S, et al. Hemiarthroplasty Versus Total Joint Arthro-
- A systematic review and meta-analysis. Foot Ankle Surg plasty for Hallux Rigidus : A Systematic Review and Meta-
2019;25:571–9. analysis. Foot Ankle Spec 2019;12:181–93.
[39] Baumhauer JF, Daniels T, Glazebrook M. New Technology [42] Stone OD, Ray R, Thomson CE, Gibson JNA. Long-Term Fol-
in the Treatment of Hallux Rigidus with a Synthetic Car- low-up of Arthrodesis vs Total Joint Arthroplasty for Hallux
tilage Implant Hemiarthroplasty. Orthop Clin North Am Rigidus. Foot Ankle Int 2017;38:375–80.
2019;50:109–18.
[40] Metikala S, Mahmoud K, O'Connor KM, Chao W, Wapner KL,
Farber DC. Adverse Events Related to Cartiva Hemiarthro-
Les déformations des orteils latéraux représentent une rétabli que par les muscles interosseux et lombricaux
indication fréquente de la chirurgie de l'avant-pied. (souvent atrophiés chez le sédentaire).
Leur polymorphisme a longtemps été un frein pour Les tableaux 4.1 et 4.2 rappellent l'action des acteurs
leur classification. des déformations.
L'objet de ce chapitre est de proposer un système La stabilisation passive des articulations métatarso-
de classification standardisé et de développer des stra- phalangiennes (MTP), Interphalangiennes proximales
tégies thérapeutiques en accord avec les publications (IPP) et distales (IPD) est assurée par les ligaments colla-
récentes pour les déformations les plus courantes. téraux, la capsule articulaire et la plaque plantaire (PP)
dont la lésion provoque ou aggrave la déformation [1,2].
Quelle est la physiopathologie Le plus souvent, une surcharge mécanique des articu-
lations liée à une pathologie de l'arrière, du médio ou de
de ces déformations ? l'avant-pied provoque progressivement les déformations.
Les déformations des orteils sont habituellement générées Parmi les facteurs de risques : le sexe féminin, le
par une dysharmonie dans l'équilibre musculotendineux grand âge et un fort IMC (indice de masse corporelle)
entre les muscles extrinsèques et intrinsèques du pied. ont été identifiés [3,4], ainsi que des facteurs géné-
Pour rappel, les tendons extenseurs n'ont d'action tiques [5] et un chaussage inadapté, en particulier chez
puissante que sur la phalange proximale (P1) par l'ef- les sujets âgés [6].
fet « bretelle » du capuchon fibro-aponévrotique, et les Les déformations peuvent également être dues à une
tendons fléchisseurs n'agissent que sur les phalanges maladie neurologique centrale ou périphérique comme
intermédiaire et distale (P2 et P3) ; l'équilibre n'est un accident vasculaire cérébral ou une maladie de
Charcot-Marie-Tooth. Les affections rhumatismales
Tableau 4.1.
Action globale des extrinsèques et des intrinsèques sur les articulations métatarsophalangiennes et interphalangiennes.
Articulations Muscles extrinsèques Muscles Intrinsèques
Métatarsophalangiennes (MTP) Extension Flexion
Tableau 4.2.
Action spécifique des tendons extenseurs et fléchisseurs des orteils sur les articulations métatarsophalangiennes,
interphalangiennes proximales et distales.
Articulations CEO/LEO LFO CFO Muscles interosseux Fascia plantaire
et lombricaux
Métatarsophalangiennes (MTP) Extension/bretelle Flexion Flexion
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
50 Barbara Piclet-Legré, Véronique Darcel
comme la polyarthrite rhumatoïde peuvent favoriser articulation de l'orteil de proximal en distal par rapport
les déformations par destruction des éléments stabi- à la position anatomique de référence. Les déformations
lisateurs de l'articulation. Des déformations iatro- dans le plan sagittal priment sur les déformations dans le
gènes et post-traumatiques sont aussi possibles par plan horizontal. Chaque orteil est décrit par son numéro
cal vicieux, syndrome des loges ou lésion de l'appareil (de 2 à 5), puis par 3 lettres : une pour chaque articula-
tendineux. Le syndrome de l'attelage, dû à la présence tion. Dans le plan sagittal, la position du segment distal
d'une bandelette anastomotique entre le long fléchis- de l'articulation est notée « e » pour extension, « n » pour
seur de l'hallux (LFH) et le long fléchisseur des orteils neutre ou « f » pour flexion (tableau 4.3). S'il n'y a pas
(LFO), peut entraîner une déformation des orteils laté- de déformation dans le plan sagittal (c'est-à-dire que la
raux en flexion lorsque le 1er rayon est raccourci. position de l'articulation est classée « n »), la déforma-
tion dans le plan horizontal peut être prise en compte.
Comment classer les déformations Elle est notée « m » pour médiale, « n » pour neutre ou
« l » pour latérale (tableau 4.4).
des orteils latéraux ? Cette classification est la seule dont la reproductibilité
inter et intra-observateur et la rapidité ont été évaluées
Comment nommer les déformations (30 secondes environ) sur les déformations du 2e orteil.
des orteils ? Elle est la première classification morphologique
standardisée capable de donner une description rapide
Sans parler des descriptions françaises d'orteil en et exhaustive.
« marteau », « griffe » ou « col-de-cygne », les publica- Elle ne donne pas d'information sur la réductibilité,
tions référencées utilisent des dénominations interna- l'appui pulpaire, la stabilité de l'articulation ou les
tionales descriptives non standardisées telles que claw caractéristiques radiologiques.
toe, mallet toe, hammer toe, curly toe ou cross-over Cette classification peut s'appliquer avec aisance sur
toe. Une étude néerlandaise a montré une concordance les autres orteils. Les figures 4.1 à 4.6 illustrent par
nettement insuffisante pour la définition de hammer différents exemples son utilisation.
toe (24 %), de claw toe (9 %) et de mallet toe (la meil-
leure avec 70 %) en utilisant comme référence les défi- Tableau 4.4.
nitions de Coughlin et Mann [7]. Classification de l'AFCP des déformations horizontales des
orteils latéraux.
Quelle est la classification Déformation horizontale
de l'AFCP ? MTP n m l
Dans l'optique de standardiser ces dénominations, Bar- IPP n m l
bara Piclet a proposé en 2013 au congrès de printemps
IPD n m l
de l'Association française de chirurgie du pied (AFCP)
à Lille une classification clinique capable de décrire de Lorsqu'il n'y a pas de déformation sagittale (segment distal de
façon exhaustive et systématique toutes les déformations l'articulation en position neutre [n]), la déformation dans le plan
horizontal peut être prise en compte et notée « m » lorsque le seg-
des orteils latéraux. Elle a ensuite été retravaillée avec ment distal est dévié en médial et « l » lorsqu'il est dévié en latéral.
l'AFCP afin de la publier. Cette classification validée en
Tableau 4.3.
Classification de l'AFCP des déformations sagittales des orteils latéraux.
Déformation sagittale
Métatarsophalangienne (MTP) e n f
Figure 4.1. Déformation 2efn selon la classification AFCP, équi- Figure 4.4. Déformation 2nff selon la classification AFCP
valent du claw toe anglo-saxon. AFCP : Association française de chirurgie du pied.
AFCP : Association française de chirurgie du pied.
Tableau 4.5.
Score d'appui pulpaire podoscopique de l'AFCP.
Réductibilité
Score État On teste la réductibilité de chaque articulation concer-
née par la classification de l'AFCP.
0 Appui pulpaire en passif se renforçant en actif On peut utiliser le push-off test pour qualifier la
1 Appui pulpaire seulement en actif (absence
déformation de réductible, semi-réductible ou non
d'appui en passif) réductible. Il est réalisé en décharge. L'examinateur
produit un appui sous la tête du métatarsien concerné.
2 Absence d'appui pulpaire au sol (absence La déformation est réductible lorsque cet appui la cor-
d'appui en actif et en passif) rige totalement.
AFCP : Association française de chirurgie du pied. Les termes retenus sont flexible (f), semi-rigide (sr)
D'après Bernasconi A, Beldame J, Darcel V, Piclet-Legré B, ou rigide (r).
Kerhousse G, Brunel H, et al. Podoscopic classification of second Dans les pieds neurologiques, il n'est pas rare que
toe deformities. Foot Ankle Surg 2021 ; 27 : 750-4.
la déformation soit réductible en équin et que l'on
observe une déformation fff en flexion dorsale, ce qui
témoigne de la rétraction des fléchisseurs.
Elle a été complétée en 2021 par un score d'appui
pulpaire validé sur les déformations du 2e orteil. Il
traduit la qualité de l'appui pulpaire en passif et en Instabilité métatarsophalangienne
actif lors de l'examen podoscopique [9]. Le score de
L'évaluation clinique de la plaque plantaire se fait en
chaque orteil est de 0 lorsque l'appui pulpaire est nor-
palpant la MTP et en utilisant le test du tiroir [11]. Le
mal (appui pulpaire en passif se renforçant en actif), de
pied étant en décharge, on maintient la tête métatar-
1 lorsque l'appui est présent seulement en actif et de 2
sienne entre le pouce et l'index. De l'autre main, on
en l'absence d'appui en passif et en actif (tableau 4.5).
imprime un mouvement de bas en haut à l'orteil. Le
tiroir est positif lorsque l'orteil se subluxe, traduisant
Quels sont les critères décisionnels une lésion de la plaque plantaire.
devant une déformation d'orteil ? Au stade de synovite, le signe du « V » est le premier
vu à l'examen clinique. En charge, pied nu, il se pro-
Analyse du retentissement duit un écartement anormal entre l'orteil concerné et
son voisin (figure 4.7) [12].
fonctionnel de la déformation
Le retentissement fonctionnel des douleurs au niveau
des pieds est significatif sur la qualité de vie avec un
score SF-36 diminué sur les composantes physique, du
fonctionnement social et de la santé mentale [3].
Chez les sujets âgés, les déformations des orteils laté-
raux sont associées à un risque augmenté de chute de
67 % [10].
Le problème le plus fréquent est le conflit dorsal
de cas). Dans tous les cas, le traitement de la cause tion du beaver immédiatement en arrière de la tête de
de la déformation est le garant d'un meilleur résultat. P1 ; la capsule plantaire IPP est sectionnée à la base de
L'analyse de la déformation selon la classification P2, puis le beaver progresse plus distalement avec un
morphologique de l'AFCP [8] aidée du score pulpaire mouvement de rotation permettant la ténotomie des
[9] permet de cibler l'indication chirurgicale. deux languettes du CFO. Une rugine est ensuite intro-
Le choix de la technique se fait de proximal à distal, duite pour en vérifier la section complète. L'orteil libéré
on corrige séquentiellement si nécessaire la déforma- est amené en flexion dorsale par une manœuvre passive.
tion au niveau de la MTP, puis de l'IPP et enfin de On peut également réaliser la ténotomie isolée du CFO
l'IPD. par la voie plantaire à la base de P1 où le CFO est en
surface mais il existe un risque plus élevé de ne pas être
Quelle chirurgie percutanée sélectif ; de plus, l'arthrolyse plantaire de l'IPP est une
aide conséquente pour la correction de la déformation.
pour quelle déformation d'orteil ? • Isolée sur le LFO par une incision plantaire distale
Les techniques chirurgicales percutanées sont particu- en regard de l'articulation IPD ou latérale comme pour
lièrement adaptées à la correction des déformations des celle du CFO.
orteils car elles permettent de réaliser des gestes tendi- • LFO + CFO comme nous l'a appris Mariano de
neux, capsulaires et osseux ciblés « à la carte » selon les Prado [17,18] par une incision plantaire à la base de
différents types de déformations et leur réductibilité, l'orteil, en regard de P1 permettant la section des deux
mais aussi selon les habitudes du chirurgien. La scopie tendons fléchisseurs dont l'efficacité est jugée par une
peropératoire est nécessaire en phase d'apprentissage manœuvre en flexion dorsale de l'orteil simultané-
ou lorsqu'un geste précis est indiqué. ment. Les déformations neurologiques (AFCP nff) sont
souvent suffisamment soulagées par une ténotomie
complète des fléchisseurs.
Où réaliser la ténotomie des extenseurs ?
Idéalement, la ténotomie est réalisée dans la zone où Par quelle voie d'abord faire l'ostéotomie
les deux tendons (CEO et LEO : court et long exten- de P1 ?
seurs des orteils) sont bien individualisés, c'est-à-dire
en regard de l'articulation MTP si une arthrolyse Elle est réalisée par la même voie d'abord plantaire uti-
MTP est nécessaire, ou légèrement plus en arrière. Une lisée pour la ténotomie des deux fléchisseurs. L'ostéo-
manœuvre de flexion plantaire simultanément impri- tomie est située au mieux dans la partie métaphysaire
mée à l'orteil concerné permet de percevoir la bonne proximale de P1 pour optimiser le délai de consolida-
réalisation du geste : les critères de réussite sont sen- tion. La fraise Shannon aborde l'os légèrement laté-
sitifs mais aussi visuels lorsque le pied est maigre avec ralement par rapport aux tendons fléchisseurs sauf si
des tendons apparents. l'on a décidé une ténotomie complète.
La ténotomie des extenseurs n'est pas systématique Certains chirurgiens préfèrent une voie d'abord dor-
et n'est réalisée que si nécessaire. Elle est quasi obliga- solatérale sous les extenseurs comme Michel Bénichou
toire en cas de luxation MTP. lorsqu'il décrit l'ostéotomie phalangienne raccourcis-
L'arthrolyse MTP dorsale, également obligatoire sante oblique (OPRO) pour raccourcir P1 (figure 4.8).
L'OPRO donne moins d'œdèmes postopératoires
• En bicortical, le plus souvent par facilité mais aussi • bicorticale, permettant le raccourcissement d'une
par nécessité, on peut raccourcir en cas de déformation phalange intermédiaire trop longue mais avec un
ancienne enraidie avec un effet de détente tendineuse risque d'œdème postopératoire que l'on peut diminuer
ou si l'orteil est trop long. à l'aide d'un brochage percutané provisoire évitant
tout mouvement dans l'ostéotomie [19]. L'ostéotomie
de P2 est parfois un complément utile lorsque la cor-
Quand proposer une ostéotomie de P2 ? rection d'une déformation IPP est insuffisante.
L'ostéotomie de P2 est réalisée par une voie d'abord
latérale ou médiale selon le pied opéré et le geste
désiré. Elle est médio-diaphysaire pour éviter l'effrac- Quel est l'intérêt d'une condylectomie ?
tion articulaire. Elle peut être : La condyloplastie est le geste ultime en cas de flessum
• monocorticale au mieux, permettant la correction résiduel dans l'articulation IPP.
d'une déviation latérale de l'IPD (figure 4.11) ou par- On la réalise par voie latérale au ras de la face dor-
fois une flexion dorsale ; sale du col de P2, ce qui permet de fraiser la partie
Figure 4.9. Ostéotomie de P1 par voie d'abord latérale. Figure 4.10. Radiographie après ostéotomie de P1 du 2e orteil
P1 : phalange proximale. par voie d'abord latérale.
P1 : phalange proximale.
dorsale saillante de la tête de P1, ainsi qu'une portion Arthrolyses MTP et allongements
de la base de P2. Les débris osseux sont éliminés par tendineux
pression autour de la voie d'abord avec une efficacité
supérieure sans garrot. Le risque de laisser persis- Ils sont réalisés à ciel ouvert (plastie en « Z », tech-
ter quelques résidus osseux n'est pas nul malgré un nique de Green).
contrôle scopique et peut entraîner par la suite une
gêne au contact de la chaussure. Cette chirurgie a pour Réparation de la plaque plantaire
nous peu d'indications.
Elle est réalisée par voie dorsale (avec arthrolyse et
ostéotomie métatarsienne) ou plantaire (avec risque
Quelles techniques non percutanées d'atrophie du capiton plantaire secondaire) [25,26].
peut-on envisager ?
Véronique Darcel propose dans la conférence d'ensei- Chirurgie articulaire
gnement de la SOFCOT 2022 sur les déformations Résection-arthroplastie de l'IPP
des orteils latéraux des algorithmes décisionnels s'ap- ou de l'IPD
puyant sur les dernières publications avec toutes leurs
limites [20]. En dehors de la chirurgie percutanée, les La résection-arthroplastie de l'IPP est réalisée avec
techniques suivantes y sont proposées. broche temporaire habituellement laissée en place 3 à
6 semaines, celle de l'IPD avec ténodermodèse permet-
tant sa stabilisation.
Transferts tendineux [21–23]
Ils visent à stabiliser la MTP. Arthrodèse de l'IPP [27–29]
Elle permet une amélioration de la fonction et de la
Transfert du LFO (Girdlerstone) satisfaction des patients. L'arthrodèse de l'IPP peut
être fixée par broche ou implant interne de fixation.
Son taux de satisfaction global des patients est de Il existe une soixantaine d'implants intramédullaires
86,7 % dans la méta-analyse de Iglesia et al. [23] et commercialisés variant par leur design, leurs maté-
ses résultats sont meilleurs lorsqu'une arthrodèse de riaux, leur caractère résorbable ou non, dévelop-
l'IPP est associée, la plus grande cause d'insatisfac- pés pour limiter les inconvénients de la fixation par
tion étant la raideur. Des variantes de ténodèse du broche (risque infectieux, de migration, de fracture de
LFO ont été décrites : en passant le transplant par un la broche, de cal vicieux en rotation, d'effraction de
tunnel transosseux de plantaire à dorsal à la base de l'IPD, de nécessité d'ablation secondaire). Il n'y a pas
P1 et en le fixant par une vis d'interférence, ou en le d'étude prospective randomisée permettant de compa-
fixant par ancre ou vis de ténodèse à la face plantaire rer la fixation par broche à celle par implant interne.
de P1 [24]. Les études comparatives sont toutes rétrospectives.
• La revue de littérature de Guelfi et al. montre un
Transfert du CFO (Pisani) meilleur taux de satisfaction et un meilleur alignement
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
souhait des patients dans le choix thérapeutique, et Déformation dans le plan sagittal
recommandent l'utilisation des broches en 1re inten-
tion et celle des implants lorsqu'il s'agit d'une chirur- Déformation en extension (flexion
gie de reprise, lorsqu'il existe un risque plus important dorsale) de la MTP (tableau 4.6)
d'infection ou si le patient ne souhaite pas de broche • La déformation MTP en extension (MTP e) stable,
externalisée. sans subluxation, nécessite une ténotomie des exten-
seurs (ou un allongement à ciel ouvert) ; l'ostéotomie
Arthrodèse de l'IPD de P1 peut être indiquée en complément même en cas
de déformation isolée de la MTP (figure 4.13).
Sa stabilisation peut également être assurée par une vis • Lorsque la MTP est instable, l'ostéotomie méta-
ou un implant interne. tarsienne est indiquée : en percutané, les gestes com-
mencent par la ténotomie des extenseurs, l'arthrolyse
Quand proposer les ostéotomies MTP selon l'importance radiologique de la subluxa-
tion, puis l'ostéotomie MTT et enfin les gestes plus dis-
métatarsiennes ? [31] taux selon la déformation ; à ciel ouvert, le processus
En dehors de la prise en charge d'une cause évidente de est comparable en commençant par une ostéotomie
déformation d'orteil, par exemple une dysharmonie de de Weil et/ou l'allongement tendineux et l'arthrolyse
longueur des métatarsiens, l'ostéotomie métatarsienne MTP, puis en réalisant les gestes plus distaux selon la
est indiquée en cas d'instabilité ou de luxation MTP. déformation s'ils s'avèrent nécessaires.
Les plus fréquemment utilisées sont les distal meta- • En cas de luxation MTP, on peut choisir un raccour-
tarsal metaphysal osteotomies (DMMO) en percutané cissement à ciel ouvert avec une ostéotomie MTT de
et l'ostéotomie de Weil à ciel ouvert avec de nombreuses Weil ou stabiliser la MTP avec un brochage de dia-
variantes « à la carte ». Exceptionnellement limitées à mètre au moins 14 mm après simple résection d'un
un seul rayon, elles concernent le plus souvent les 2e cylindre osseux dans le col métatarsien. En percutané,
et 3e rayons et rarement l'ensemble des métatarsiens. le brochage MTP est possible en association avec une
L'importance de la luxation peut nécessiter un bro- DMMO ou une distal oblique minimally invasive
chage MTP provisoire associé. metatarsal osteotomy (DOMMO) (figure 4.12).
Tableau 4.6.
Techniques chirurgicales utilisables en cas de déformation en flexion dorsale de la MTP.
MTP e Ténotomie Arthrolyse MTP dorsale Ostéotomie MTT Ostéotomie P1 Autre
Stable CEO LEO ± ±
Tableau 4.7.
Techniques chirurgicales utilisables en cas de déformation en flexion plantaire de l'IPP.
IPP f Ténotomie Arthrolyse IPP plantaire Ostéotomie phalange Autre
Flexible CFO + P1 Transfert tendineux
Figure 4.14. Efficacité́ de la chirurgie percutanée dans une déformation IPP, cas 2efn.
IPP : interphalangienne proximale.
Déformation dans le plan horizontal • La luxation dans le plan horizontal se traite comme
Déviation médiale ou latérale de la MTP une luxation sagittale.
(tableau 4.9) • L'instabilité nécessite une ostéotomie métatarsienne.
Selon la réduction obtenue, une arthrolyse complé-
• La déviation latérale de la MTP offre une vraie diffi-
mentaire de la MTP est décidée, puis l'ostéotomie de
culté thérapeutique quelle que soit la technique choisie
P1 (figure 4.18).
(ciel ouvert ou percutanée).
Tableau 4.8.
Techniques chirurgicales utilisables en cas de déformation
en flexion plantaire de l'IPD.
IPD f Ténotomie Ostéotomie Autre
LFO P2
Flexible + ±
Semi-rigide + +
Rigide ± Arthroplastie
Figure 4.16. Scopie peropératoire d'une déformation IPP réduc- Arthrodèse
tible après arthrolyse plantaire IPP.
IPP : interphalangienne proximale. IPD : interphalangienne distale ; LFO : long fléchisseur des orteils ;
P2 : phalange intermédiaire.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Tableau 4.9.
Techniques chirurgicales utilisables en cas de déformation médiale ou latérale de la MTP.
MTP m Ostéotomie MTT Ostéotomie P1 Arthrolyse MTP Autre
MTP l
Stable ± +
Figure 4.18. Efficacité́ des DMMO associées à l'ostéotomie de P1 dans les déformations MTP l.
DMMO : distal metatarsal metaphysal osteotomy ; MTP : métatarsophalangienne ; P1 : phalange proximale.
Tableau 4.11.
Déviation médiale ou latérale de l'IPD Techniques chirurgicales utilisables en cas de déformation
(tableau 4.11) médiale ou latérale de l'IPD.
L'ostéotomie percutanée monocorticale de P2 permet IPD m Ostéotomie P2 Arthrodèse IPD
de réorienter la surface oblique d'une phalange asymé-
IPD l
trique (cf. figure 4.11). Il faut se méfier de l'associa-
tion à une brièveté du LFO dont la ténotomie associée Flexible +
s'impose.
Semi-rigide + ±
En cas de déformation isolée enraidie de l'IPD, le
choix est simple avec une chirurgie radicale selon les Rigide +
habitudes du chirurgien et le terrain ; l'arthrodèse peut IPD : interphalangienne distale ; P2 : phalange intermédiaire.
être fixée avec un embrochage ou une ténodermodèse
ou un vissage IPD permettant une récupération très
rapide intéressante chez un sujet actif. ment percutané adapté avec les gestes ciblés sur l'IPP
(arthrolyse plantaire, ténotomie CFO), P1 (ostéoto-
mie) ± la ténotomie CEO LEO.
Conclusion Le gain de temps permis par la chirurgie percutanée
ne doit pas être un argument décisionnel et si la prise
Traiter une déformation d'orteil sans traiter sa cause en charge d'une déformation souple peut être extrê-
expose à un risque évident d'insatisfaction. mement rapide, celle d'une déformation fixée et/ou
Standardiser la classification est la condition néces- avec luxation est parfois aussi longue sinon plus qu'en
saire pour uniformiser nos indications, ce qui rend la chirurgie à ciel ouvert.
classification de l'AFCP si importante. Savoir maîtriser toutes les techniques ouvertes reste
Raisonner de proximal en distal permet d'associer indispensable devant la complexité de certaines défor-
les gestes clés à chaque niveau. mations et selon les étiologies, notamment neurolo-
La déformation réductible la plus fréquente (2efn, giques et dégénératives.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Références
[1] Chalayon O, Chertman C, Guss AD, Saltzman CL, Nickisch [3] Hill CL, Gill TK, Menz HB, Taylor AW. Prevalence and corre-
F, Bachus KN. Role of plantar plate and surgical recons- lates of foot pain in a population-based study : the North West
truction techniques on static stability of lesser metatarso- Adelaide health study. J Foot Ankle Res 2008;1:2.
phalangeal joints : a biomechanical study. Foot Ankle Int [4] Menz HB, Barr ELM, Brown WJ. Predictors and persistence of
2013;34:1436–42. foot problems in women aged 70 years and over : a prospec-
[2] Barg A, Courville XF, Nickisch F, Bachus KN, Saltzman CL. tive study. Maturitas 2011;68:83–7.
Role of collateral ligaments in metatarsophalangeal stability : [5] Hannan MT, Menz HB, Jordan JM, Cupples LA, Cheng
a cadaver study. Foot Ankle Int 2012;33:877–82. CH, Hsu YH. High heritability of hallux valgus and lesser
toe deformities in adult men and women. Arthritis Care Res [22] Butterworth M. Tendon Transfers for Management of Digi-
2013;65:1515–21. tal and Lesser Metatarsophalangeal Joint Deformities. Clin
[6] Buldt AK, Menz HB. Incorrectly fitted footwear, foot pain and Podiatr Med Surg 2016;33:71–84.
foot disorders : a systematic search and narrative review of the [23] Losa Iglesias ME, Becerro de Bengoa Vallejo R, Jules KT,
literature. J Foot Ankle Res 2018;11:43. Trepal MJ. Meta-analysis of flexor tendon transfer for the
[7] Schrier JCM, Verheyen CCPM, Louwerens JW. Definitions of correction of lesser toe deformities. J Am Podiatr Med Assoc
hammer toe and claw toe : an evaluation of the literature. J Am 2012;102:359–68.
Podiatr Med Assoc 2009;99:194–7. [24] Valtin B, Leemrijse T. Pathologie des orteils : clinique et trai-
[8] Lintz F, Beldame J, Kerhousse G, Bernasconi A, Brunel H, Dar- tement chirurgical. In: Leemrijse T, Besse JL, Devos Bevernage
cel V, Piclet B. Intra- and inter-observer reliability of the AFCP B, Valtin B, editors. Pathologie du pied et de la cheville. Paris:
classification for sagittal plane deformities of the second toe. Masson; 2015. p. 227–42.
Foot Ankle Surg 2020;26:650–6. [25] Elmajee M, Shen Z, A'Court J, Pillai A. A Systematic
[9] Bernasconi A, Beldame J, Darcel V, Piclet-Legré B, Kerhousse Review of Plantar Plate Repair in the Management of Les-
G, Brunel H, et al. Podoscopic classification of second toe ser Metatarsophalangeal Joint Instability. J Foot Ankle Surg
deformities. Foot Ankle Surg 2021;27:750–4. 2017;56:1244–8.
[10] Menz HB, Auhl M, Spink MJ. Foot problems as a risk factor [26] Akoh CC, Phisitkul P. Plantar Plate Injury and Angular Toe
for falls in community-dwelling older people : A systematic Deformity. Foot Ankle Clin 2018;23:703–13.
review and meta-analysis. Maturitas 2018;118:7–14. [27] Mirmiran R, Younger M. Lesser Digit Implants. Clin Podiatr
[11] Thompson FM, Hamilton WG. Problems of the second meta- Med Surg 2019;36:651–61.
tarsophalangeal joint. Orthopedics 1987;10:83–9. [28] Hendrick SE, Kannegieter E. SmartToe, ToeGrip and buried
[12] Panchbhavi VK, Trevino S. Clinical tip : a new clinical sign k-wire versus percutaneous k-wire fixation for 2nd PIPJ
associated with metatarsophalangeal joint synovitis of the les- arthrodesis : A comprehensive review of outcomes. Foot Edinb
ser toes. Foot Ankle Int 2007;28:640–1. Scotl 2020;45, 101692.
[13] Thevenin E. Imagerie de la plaque plantaire. Revue du podo- [29] Guelfi M, Pantalone A, Daniel JC, Vanni D, Guelfi MGB,
logue 2015;66(11):8–14. Salini V. Arthrodesis of proximal inter-phalangeal joint for
[14] Sung W, Weil L, Weil LS, Rolfes RJ. Diagnosis of plantar plate hammertoe : intramedullary device options. J Orthop Trauma-
injury by magnetic resonance imaging with reference to intrao- tol 2015;16:269–73.
perative findings. J Foot Ankle Surg 2012;51:570–4. [30] Wei RX, Ling SK, Lui T, Yung PS. Ideal implant choice for
[15] Barette G, Dufour X, Cerioli A. Place des techniques de
proximal interphalangeal joint arthrodesis in hammer toe/
« strain-counterstrain » dans l'arsenal du thérapeute manuel claw toe deformity correction : A systematic review. J Orthop
en pratique quotidienne. EMC Kinésithérapie – Médecine Surg (Hong Kong) 2020 Jan-Apr;28(1), 2309499020911168.
physique – Réadaptation 2012;, 26-065-A-10. [31] Redfern D. Treatment of Metatarsalgia with Distal Osteoto-
[16] Grice J, Marsland D, Smith G, Calder J. Efficacy of Foot and mies. Foot Ankle Clin 2018;23:21–33.
Ankle Corticosteroid Injections. Foot Ankle Int 2017;38:8–13. [32] Frey S, Hélix-Giordanino M, Piclet-Legré B. Percutaneous
[17] Prado MD, Ripoll PL, Golanó P. Cirugía percutánea del pie : correction of second toe proximal deformity : Proximal inter-
técnicas quirúrgicas, indicaciones, bases anatómicas; 2003. phalangeal release, flexor digitorum brevis tenotomy and
[18] de Prado M, Ripoll PL, Golano P. Minimally Invasive Foot proximal phalanx osteotomy. Orthop Traumatol Surg Res
Surgery. Surgical Techniques Indications Anatomical Basis 2015;101:753–8.
2009. [33] Beldame J, Lalevée M, Regnard S, Marguet F, Csanyi-Bastien
[19] Frey-Ollivier S, Catena F, Hélix-Giordanino M, Piclet-Legré B. M, Masse M, et al. Impact of intertendinous connections
Treatment of Flexible Lesser Toe Deformities. Foot Ankle Clin between the flexor digitorum brevis and longus on percuta-
2018;23:69–90. neous tenotomy for the treatment of claw toes : an anatomic
[20] Darcel V. Les déformations des orteils latéraux. Orthop Trau- and ultrasound study. Surg Radiol Anat 2021;43:1067–73.
matol Surg Res. Sous presse.
[21] Pisani G. Trasposizione del flessore superficiale di II-III-
IV-V dito alla falange basale pro interossei. Chir Piede
Les traitements de certaines pathologies de l'avant- throscope de 2,7 mm dans les descriptions initiales
pied par des techniques chirurgicales endoscopiques et le matériel dédié pour le traitement du névrome de
et arthroscopiques ont été décrits il y a plus de Morton et de la fasciite plantaire. Pour les principaux
20 ans. Il faut distinguer les procédures arthros- auteurs, il s'agit de techniques difficiles sur des petites
copiques, concernant quasiment exclusivement articulations ou dans des espaces très limités qui néces-
l'articulation MTP1 (puis plus récemment les articu- sitent pour le chirurgien un bon niveau d'expertise en
lations métatarsophalangiennes des rayons latéraux) arthroscopie afin de les réaliser avec fiabilité et sans
[1–5] de celles, endoscopiques extra-articulaires, risque [12,16].
dans le cadre du traitement du névrome de Mor-
ton et de la fasciite plantaire [7,8]. Dès les années Quelles évolutions des
1970, les premières arthroscopies de la MTP1 font
leur apparition pour traiter différentes pathologies techniques endoscopiques
articulaires. C'est l'hallux rigidus qui en représente dans les pathologies
la principale indication, à la fois pour réaliser des de l'avant-pied ?
gestes conservateurs (cheilectomie, nettoyage articu-
laire, synovectomie) ou pour effectuer une arthro- Traitement de l'hallux rigidus
dèse sous contrôle arthroscopique [9–13]. Les autres
indications telles que les pathologies des sésamoïdes Arthrodèse MTP1
et de la plaque plantaire, l'instabilité de la MTP1,
les lésions ostéochondrales focales et l'hallux valgus
sous contrôle arthroscopique
restent plus rares [14,15]. Son intérêt principal réside dans son caractère moins
Les principaux bénéfices de toutes ces techniques agressif au niveau de la peau et des parties molles
sont avant tout la diminution du traumatisme des par- avec un meilleur contrôle de l'avivement articulaire et
ties molles et de l'abord cutané, permettant d'espérer le respect des contours osseux. Les suites opératoires
une récupération plus rapide pour les patients en les sont ainsi simplifiées avec des douleurs moindres, une
exposant à moins de complications, essentiellement reprise de l'appui plus rapide et moins de complica-
cicatricielles (infection, rétraction, fibrose, raideur). tions cutanées ou infectieuses.
La littérature à l'époque ne rapportait pas de béné- Même si la technique a été largement décrite, elle
fice en termes de résultat fonctionnel à moyen ou long reste peu répandue car elle se heurte à plusieurs
terme par rapport aux techniques conventionnelles limites liées au matériel (notamment le choix entre un
à ciel ouvert. Le faible nombre de publications sur arthroscope de 2,7 mm ou de 4 mm, l'utilisation d'un
le sujet avec des séries hétérogènes à effectifs faibles distracteur) (figure 5.1) et surtout à l'expérience du
et aucune série comparative ne permettait pas de chirurgien en arthroscopie. La durée opératoire est
conclure à la supériorité des techniques endoscopiques donc potentiellement plus importante et les indica-
par rapport aux techniques à ciel ouvert dans ces dif- tions d'arthrodèse MTP1 sous arthroscopie semblent
férentes pathologies de l'avant-pied. limitées aux formes « simples » d'hallux rigidus avec
Parmi les principales limites de ces techniques, il peu de déformations et un espace articulaire suffisant
faut citer d'abord les contraintes liées à l'utilisation pour pouvoir y accéder par arthroscopie (figures 5.2
d'un matériel spécifique souvent fragile comme l'ar- et 5.3).
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
66 Thomas Bauer, Olivier Laffenêtre
l'instabilité MTP1 ou pour réaliser la libération articu- ductibles, non dénués de risques, nécessitant une expé-
laire lors de la correction d'hallux valgus [15,27–33]. rience en arthroscopie et qui n'ont pas démontré à ce
Il s'agit généralement de faits cliniques, de notes jour une quelconque supériorité par rapport aux tech-
techniques ou de courtes séries d'où il ressort que ces niques conventionnelles à ciel ouvert ou mini-invasives
gestes arthroscopiques semblent difficiles, peu repro- et percutanées [12,31–34].
Quel est l'avenir des techniques développées des techniques mini-invasives et percuta-
nées offrant les mêmes avantages que les techniques
arthroscopiques et endoscopiques endoscopiques. Enfin, concernant l'arthrodèse MTP1,
dans les pathologies le traitement du névrome de Morton et de la fasciite
de l'avant-pied ? plantaire, la littérature ne permet pas de donner l'avan-
tage à l'une ou l'autre des techniques sur les résultats à
S'il est établi que les techniques arthroscopiques et long terme. L'arthroscopie semble cependant être une
endoscopiques de l'avant-pied permettent une récu- très bonne technique dans le traitement conservateur
pération plus rapide avec moins de complications, de l'hallux rigidus, dans les cas bien sélectionnés, grâce
leur place n'en demeure pas moins limitée pour plu- au lavage articulaire et à la synovectomie qu'elle per-
sieurs raisons. Il s'agit tout d'abord de techniques met, dans le but de retarder l'évolution arthrosique et
qui nécessitent une expérience en arthroscopie et une d'éviter la raideur de la MTP1.
courbe d'apprentissage. Dans le même temps se sont
Références
[1] Shonka TE. Metatarsal phalangeal joint arthroscopy. J Foot [17] Angthong C, Rajbhandari P, Handoyo HR. Minimally inva-
Surg 1991;30:26–8. sive surgery versus an arthroscopic procedure for the first
[2] van Dijk CN, Veenstra KM, Nuesch BC. Arthroscopic sur- metatarsophalangeal arthrodesis : A comparative study of the
gery of the metatarsophalangeal first joint. Arthroscopy effectiveness and safety profile. Eur J Orthop Surg Traumatol
1998;14:851–5. 2021;31:497–501.
[3] Davies MS, Saxby TS. Arthroscopy of the first metatarsopha- [18] Bauer T, Lortat-Jacob A, Hardy P. First metatarsophalangeal
langeal joint. J Bone Joint Surg 1999;81:203–6. joint percutaneous arthrodesis. Orthop Traumatol Surg Res
[4] Davies MS, Saxby TS. Arthroscopy of the hallux metatarso- 2010;96:567–73.
phalangeal joint. Foot Ankle Clin 2000;5:715–24. [19] Kaufmann G. Minimalinvasive arthroskopisch assistierte
[5] Carreira DS. Arthroscopy of the hallux. Foot Ankle Clin MTP-1-Arthrodese [Minimally invasive arthroscopic-assisted
2009;14:105–14. arthrodesis of the first metatarsophalangeal joint]. Oper
[6] Iqbal MJ, Chana GS. Arthroscopic cheilectomy for hallux rigi- Orthop Traumatol 2021;33:465–70.
dus. Arthroscopy 1998;14:307–10. [20] Walter R, Perera A. Open, Arthroscopic, and Percuta-
[7] Barrett S, Pignetti T. Endoscopic decompression for interme- neous Cheilectomy for Hallux Rigidus. Foot Ankle Clin
tatarsal nerve entrapment : the EDIN technique : preliminary 2015;20:421–31.
study with cadaveric specimens; early clinical results. J Foot [21] Siclari A, Piras M. Hallux metatarsophalangeal arthroscopy :
Ankle Surg 1994;33:503. indications and techniques. Foot Ankle Clin 2015;20:109–22.
[8] Barrett SL, Day SV. Endoscopic plantar fasciotomy for chronic [22] Hunt KJ. Hallux metatarsophalangeal (MTP) joint arthros-
plantar fasciitis/heel spur syndrome : Surgical technique-early copy for hallux rigidus. Foot Ankle Int 2015;36:113–9.
clinical results. J Foot Surg 1991;30:568–70. [23] Teoh KH, Tan WT, Atiyah Z, Ahmad A, Tanaka H, Hari-
[9] Iqbal M, Chana G. Arthroscopic cheilectomy for hallux rigi- haran K. Clinical Outcomes Following Minimally Invasive
dus. Arthroscopy 1998;14:307–10. Dorsal Cheilectomy for Hallux Rigidus. Foot Ankle Int
[10] Carro LP, Vallina BB. Arthroscopic-assisted first metatarso- 2019;40:195–201.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
phalangeal joint arthrodesis. Arthroscopy 1999;15:215–7. [24] Hickey BA, Siew D, Nambiar M, Bedi HS. Intermediate-term
[11] Carro LP, Golano P, Escajadillo NF, et al. Hallux rigidus : results of isolated minimally invasive arthroscopic cheilectomy
Arthroscopic assisted first metatarsophalangeal joint arthrode- in the treatment of hallux rigidus. Eur J Orthop Surg Trauma-
sis. Tech in Foot and Ankle Surg 2013;12:215–9. tol 2020;30:1277–83.
[12] Darcel V, Guillo S. Prise en charge de l'hallux rigidus sous [25] Glenn RL, Gonzalez TA, Peterson AB, Kaplan J. Minimally
arthroscopie. In: Société Française d'Arthroscopie. L'Arthros- Invasive Dorsal Cheilectomy and Hallux Metatarsal Phalan-
copie. Paris: Elsevier Masson; 2015. p. 1319–23. geal Joint Arthroscopy for the Treatment of Hallux Rigidus.
[13] Schmid T, Younger A. First Metatarsophalangeal Joint
Foot Ankle Orthop. 2021; 6 : 2473011421993103.
Degeneration : Arthroscopic Treatment. Foot Ankle Clin [26] Kaplan DJ, Chen JS, Colasanti CA, Dankert JF, Kanakame-
2015;20:413–20. dala A, Hurley ET, et al. Needle Arthroscopy Cheilectomy
[14] Ahn JH, Choy WS, Lee KW. Arthroscopy of the first metatar- for Hallux Rigidus in the Office Setting. Arthrosc Tech
sophalangeal joint in 59 consecutive cases. J Foot Ankle Surg 2022;11:e385–90.
2012;51:161–7. [27] Perez Carro L, Echevarria Llata JI, Martinez Agueros JA.
[15] Hsu AR, Gross CE, Lee S, Carreira DS. Extended indications Arthroscopic medial bipartite sesamoidectomy of the great
for foot and ankle arthroscopy. J Am Acad Orthop Surg toe. Arthroscopy 1999;15:321–3.
2014;22:10–9. [28] Chan PK, Lui TH. Arthroscopic fibular sesamoidectomy in the
[16] Frey C, van Dijk CN. Arthroscopy of the great toe. Instr
management of the sesamoid osteomyelitis. Knee Surg Sports
Course Lect 1999;48:343–6. Traumatol Arthrosc 2006;14:664–7.
L'hallux valgus reste l'une des déformations ostéoarti- Cette diffusion s'accroît avec De Prado et Golano à la
culaires qui a le plus stimulé l'imagination des chirur- fin des années quatre-vingt-dix [5,6], puis à partir de
giens, tant les techniques chirurgicales décrites au fil 2002 par le Groupe de recherche et d'étude en chirur-
du temps sont nombreuses. En France, Barouk avec gie mini-invasive du pied (GRECMIP, aujourd'hui
le Scarf ou Diebold avec le chevron ont conduit cette devenu MIFAS by Grecmip – Minimally invasive foot
révolution depuis 30 ans, solidement ancrés dans leurs and ankle society) [7,8].
convictions respectives, en privilégiant toujours les La technique, réalisée sans ostéosynthèse, combine
gestes « biomécaniques » conservateurs. Depuis plus de une généreuse résection de la tête du 1er métatarsien
40 ans, sûrement grâce à l'avènement de la scie oscil- (M1), censée créer un DMAA (distal metatarsal arti-
lante, les techniques ont connu un grand essor. Elles se cular angle) « fonctionnel », à des ostéotomies méta-
sont diversifiées, certaines d'entre elles sont largement tarsienne et phalangienne proximale non fixées, et une
validées, d'autres plus récentes ont su faire preuve de arthrolyse verticale déconnectant le sésamoïde latéral
leur efficacité [1]. Depuis plus d'une vingtaine d'an- et compensant par son agressivité l'absence de trans-
nées, la possibilité de réaliser les coupes osseuses au lation osseuse (figure 6.1). L'absence d'ostéosynthèse
moyen de fraises rotatives par des mouchetures percu- la rend très populaire dans les pays à niveau de vie
tanées, définissant la chirurgie du même nom, a per- intermédiaire mais pas seulement, et, bien indiquée et
mis une révolution dans la chirurgie du pied. Bien que exécutée, elle s'avère efficace pour les déformations
celle-ci ait suscité craintes, attentes et interrogations mineures à modérées (tableau 6.1) [6,9–14].
à ses débuts, il faut désormais la considérer comme On doit cependant reconnaître que l'absence d'os-
un outil de plus dans notre arsenal pour appliquer les téosynthèse oblige à un suivi postopératoire rigoureux
principes d'une chirurgie correctrice efficace [2,3]. Elle et fait le lit d'hypo ou d'hypercorrections. L'accour-
reste cependant, et notamment au niveau du 1er rayon, cissement du 1er rayon est généreux et sa longueur
sujette à controverses et l'objet de ce chapitre n'est finale reste difficile à prévoir [9,11]. En outre, un taux
bien sûr pas de décrire telle ou telle procédure, mais de certain d'incongruence articulaire postopératoire non
faire le point sur ce qu'il est possible ou non de faire corrélé au résultat subjectif [9–11] fait le lit d'une
en utilisant cet outil et ces voies d'abord, illustré de arthrose (figure 6.2) à moyen et long terme [10] bien
quelques exemples. qu'il n'y ait pas d'étude à long terme pour juger de ce
risque évolutif.
Origine L'émergence de techniques dite de 2e et même
3 générations [15], plus conformes aux critères
e
On la doit à Isham, podiatre et médecin nord-améri- d'ostéotomies ayant fait preuve de leur efficacité
cain qui adapte la technique de Reverdin à cette nou- dans une version plus « académique » et notamment
velle méthode, pour laquelle il développe les fraises parce qu'elles sont fixées, supplante peu à peu dans
et instruments que nous connaissons aujourd'hui [4]. les pays occidentaux cette technique à leur profit. Elle
Cela paraît d'abord à la communauté chirurgicale reste encore très en vogue dans certaines régions du
nord-américaine totalement inapproprié voire dange- monde et entre de bonnes mains, permet la correction
reux, et est combattu avec force. Avec le soutien de de déformations mineures et modérées de manière
l'Académie ambulatoire de chirurgie du pied, Isham fiable [9–13]. Elle peut aussi s'avérer utile pour com-
structure pourtant son enseignement, organise sa dif- pléter une ostéotomie, voire une arthrodèse proximale
fusion en Amérique du Sud et même jusqu'en Europe. de type Lapidus lorsqu'il faut simplement réorienter la
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
72 Olivier Laffenêtre, Thomas Bauer
surface articulaire. Dans ce cas, la simple réorientation Considérons donc que cette intervention a été un
de M1 n'est pas source de la raideur ou de l'incon- point de départ qui a changé la façon de penser et
gruence potentielles conséquences de « l'exostecto- d'aborder la chirurgie du 1er rayon.
mie » percutanée.
Tableau 6.1.
Résultats de l'ostéotomie de Isham-Reverdin rapportés dans la littérature.
Publication N Recul moyen (mois) Bons à très bons Raccourcissement moyen
résultats (%) de M1 (mm)
De Prado et al. (2003) [6] 64 31 80 7 (1–12)
Figure 6.4. Suite.
cunéiforme médial (C1), le 1er rayon et sa phalange garde les mêmes indications qu'une chirurgie conven-
proximale (P1) sur des articulations mobiles et indo- tionnelle et est réservée à des déformations sévères. Ses
lores permettant une fonction propulsive optimale complications spécifiques sont bien connues, telles les
du long fléchisseur de l'hallux [34]. Considérant le métatarsalgies de transfert par elevatus métatarsien en
percutané comme l'outil qu'il est, nombre d'auteurs raison du grand bras de levier. Même si elle permet
l'ont naturellement adapté à d'autres procédures que de grandes corrections, son taux de complication dans
le chevron. ces travaux qui varie de 17 à 40 % et le développe-
Citons la technique de Bösh [35,36], reprise par ment accéléré des ostéotomies distales à grand dépla-
Magnan [37], puis Giannini [38] avec le SERI (simple, cement beaucoup plus stables et bien moins morbides
effective, rapid, inexpensive). Dans ce cas, l'ostéotomie semblent les reléguer au second plan.
rétrocapitale verticale est stabilisée par une broche Les arthrodèses distales [47–50] ou proximales [51]
intrafocale axiale juxta-osseuse contre les phalanges et sont aussi réalisables en percutané. Elles ont l'avan-
la tête de M1 qui peut être translatée largement. Même tage certain d'une préservation de tout ou partie de
si les résultats radiologiques et fonctionnels sont bons, la capsule articulaire, et ainsi d'une stabilité accrue
tous les travaux ou presque, y compris ceux des non- par rapport à des procédures ouvertes pour la fixa-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
promoteurs, font état d'infections sur les broches [37– tion desquelles on connaît l'escalade dans les moyens
40] et certains d'une raideur jusqu'à 6,8 % ou jusqu'à d'ostéosynthèse.
61 % d'angulation de la tête dans le plan sagittal [41]. L'une des difficultés toujours sujette à controverse
Le Scarf, qui reste une technique de base de cor- de l'arthrodèse reste son positionnement, ce qui est
rection de l'hallux valgus, n'a pas échappé à cette particulièrement vrai pour l'articulation métatarso-
évolution (figure 6.6). Dans son étude de niveau 1 phalangienne. Bien qu'essentiellement publiée pour
comparant 30 Scarf percutanés à 28 ouverts, Torrent le traitement de l'hallux rigidus, la technique reste
confirme des résultats cliniques et radiologiques équi- applicable pour l'hallux valgus arthrosique. Dans des
valents avec une procédure percutanée plus rapide et séries de d'hallux rigidus, Fanous et Sott retrouvent
moins douloureuse dans ses suites [42]. respectivement 93 % de fusion radiologique sur une
L'ostéotomie de fermeture basale (figure 6.7) [43,44], série de 26 pieds à 20 mois de recul [47] et 100 % sur
voire bipolaire combinée à un chevron percutané dis- 18 pieds à 2 ans [48]. Dans sa publication originelle
tal est la technique la plus avancée pour des opéra- sur 32 cas comprenant aussi des hallux valgus, Bauer
teurs confirmés à la procédure percutanée [45,46]. Elle préconise des coupes planes et note déjà la difficulté
potentielle de réalisation donc du réglage en raison 200 cas, il confirme 10 % de persistance radiologique
du mouvement induit par le sens de rotation de la de l'interligne parfaitement asymptomatique avec un
fraise. Il note quand même 31 fusions sur 32 pieds à résultat bon ou excellent, et 4 % de pseudarthrodèses
18 mois de recul [49]. Sept ans plus tard avec plus de douloureuses ayant nécessité une reprise chirurgicale.
Figure 6.7. Base.
A, B. Aspect et radiographie préopératoires. C-E. Aspect et radiographies à 6 semaines. F. Aspect radiologique à 2 ans.
Avec l'aimable autorisation du Dr J. Vernois, Brighton (Royaume-Uni), Paris (France).
L'hallux valgus arthrosique conduit à des suites plus Concernant le Lapidus (figure 6.9), Vernois note
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
longues, un taux de complication plus élevé, et plus de 4 pseudarthrodèses sur 70 pieds opérés et 95 % de
difficulté au réglage de la position [50]. Personnelle patients présentant de bons ou excellents résultats,
ment, nous conservons la géométrie selon le principe sans aucun cas de métatarsalgies de transfert mal-
de la technique arthroscopique [51] en utilisant une gré le raccourcissement important lié à la technique
vis spongieuse compressive biseautée de 4,5 mm de [52].
diamètre (figure 6.8).
Figure 6.9. Lapidus.
A. Aspect peropératoire. B, C. Radiographies à 6 semaines. D, E. Résultat à 1 an.
Avec l'aimable autorisation du Dr J. Vernois, Brighton (Royaume-Uni), Paris (France).
Références
[1] Malagelada F, Sahirad C, Dalmau-Pastor M, Vega J, Bhumbra [9] Bauer T, De Lavigne C, Biau D, De Prado M, Isham S, Laffenêtre
R, Manzanares-Céspedes MC, et al. Minimally invasive sur- O. Percutaneous hallux valgus surgery : a prospective multicen-
gery for hallux valgus : a systematic review of current surgical ter study of 189 cases. Orthop Clin North Am 2009;40:505–14.
techniques. Int Orthop 2019;43:625–37. [10] Mouton A, Villet L, Chauveaux D, Laffenêtre O. Chirurgie
[2] Stiglitz Y, Cazeau C. Minimally invasive surgery and percuta- percutanée de l'hallux valgus : résultats d'une étude prospec-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
neous surgery of the hindfoot and midfoot. Eur J Orthop Surg tive continue de 80 interventions. In Besse JL, Colombier JA,
Traumatol 2018;28:839–47. Maestro M. Monographie AFCP 2009;5:299–327.
[3] Vernois J, Redfern DJ. Percutaneous Surgery for Severe Hallux [11] Bauer T, Biau D, Lortat-Jacob A, Hardy P. Percutaneous hal-
Valgus. Foot Ankle Clin 2016;21:479–93. lux valgus correction using the Reverdin-Isham osteotomy.
[4] Isham S. The Reverdin-Isham procedure for the correction of Orthop Traum Surg Res 2010;96:407–16.
hallux abducto valgus. A distal metatarsal osteotomy proce- [12] Biz C, Fosser M, Dalmau-Pastor M, Corradin M, Rodà MG,
dure. Clin Podiatr Med Surg 1991;8:81–94. Aldegheri R, et al. Functional and radiographic outcomes of
[5] De Prado M, Ripoll P, Golanó P. Cirugía percutánea del Pie. hallux valgus correction by mini-invasive surgery with Rever-
Barcelona: Masson; 2003. din-Isham and Akin percutaneous osteotomies : a longitudinal
[6] De Prado M, Ripoll PL, Vaquero J, Golanò P. Tratamiento prospective study with a 48-month follow-up. Journ Orthop
quirúrgico percutáneo del hallux valgus mediante osteotomías Surg Res 2016;11:157.
multiple. Rev Ortop Traumatol 2003;47:406–16. [13] Carvalho P, Diniz P, Flora M, Domingos R, Sarafana J, Roxo J.
[7] Laffenêtre O, Golanò P, GRECMIP. Introduction à la Estudo retrospective a longo prazo da osteotomia de Reverdin
chirurgie mini-invasive du pied et de la cheville : pourquoi ? Ischam : limitações e complicações. Rev Port Ortop Traum
Comment ? Quand ? e-mémoires Académie Nationale Chir 2017;25(4):292–302.
2010;9(1):52–60. [14] Severyns M, Carret P, Brunier-Agot L, Debandt M, Odri GA,
[8] Laffenêtre O, Golanò P, GRECMIP. Évolution de la chirur- Rouvillain JL. Reverdin-Isham procedure for mild or mode-
gie percutanée du 1er rayon en 2013. e-mémoires Académie rate hallux valgus : clinical and radiographic outcomes. Mus-
Nationale Chir 2014;13(3):52–60. culoskeletal Surg 2019;103:161–6.
[15] Del Vecchio JJ, Dalmau-Pastor M, Ghioldi ME. Third-genera- [34] Leemrisje T. Quelles techniques doit-on maitriser pour couvrir
tion percutaneous forefoot surgery. In Update in management la chirurgie de l'hallux valgus ? In: Piclet-Legré B, Graff W,
of Foot andAnkle disorders IntechOpen 2018;7:101–14. AFCP, editors. Hallux valgus. Paris: Elsevier; 2017. p. 189–96.
[16] Vernois J. L'ostéotomie en chevron percutanée du premier
[35] Bösch P, Markowski H, Rannicher V. Technik und erste
métatarsien. In: Cazeau C, le GRECMIP, editors. Chirurgie Ergebnisse der subcutanen distalen Metatarsale-I-Osteotomie.
mini-invasive et percutanée de l'avant-pied. Montpellier: Sau- Orthop Praxis 1990;26:51–6.
ramps Médical; 2009. p. 9. [36] Bösch P, Wanke S, Legenstein R. Hallux valgus correction by
[17] Diebold PF. Ostéotomie distale épiphyso-métaphysaire en che- the method of Bösch : a new technique with a seven-to-ten-
vron dans l'hallux valgus. Med Chir Pied 1994;10:102–7. year follow-up. Foot Ankle Clin 2000;5:485–98.
[18] Barouk LS. Scarf osteotomy of the first metatarsal in the treat- [37] Magnan B, Pezze L, Rossi N, Bartolozzi P. Percutaneous distal
ment of Hallux valgus. Foot Dis 1995;2:35–48. metatarsal osteotomy for correction of hallux valgus. J Bone
[19] Brogan K, Voller T, Borbely T, Palmer S. Third-generation Joint Surg Am 2005;87:1191–9.
minimally invasive correction of hallux valgus : technique and [38] Giannini S, Faldini C, Vannini F, et al. Minimally invasive
outcomes. Int Orthop 2014;38(10):2115–21. distal metatarsal osteotomy for surgical treatment of hallux
[20] Vernois J, Redfern D, the GRECMIP. Percutaneous Chevron; valgus : clinical study of the first 1000 consecutive cases at
the union of classic stable fixed approach and percutaneous mean 5 years follow-up. J Bone Joint Surg Br 2009;91B:143–4.
technique. Fuß & Sprunggelenk 2013;11(2):70–5. [39] Maffulli N, Oliva F, Coppola C, Miller D. Minimally invasive
[21] Vernois J, Redfern D. Percutaneous surgery for severe hallux hallux valgus correction : A technical note and a feasibility
Valgus. Foot Ankle Clin N Am 2016;21:479–93. study. Journ Surg Orth Advance 2005;14(4):192–8.
[22] Laffenêtre O, Lucas J, Cazeau C, le GRECMIP. Ostéotomie en [40] Lin YC, Cheng YM, Chang JK, Chen CH, Huang PJ. Mini-
chevron percutané du 1er métatarsien ou Percutaneous, Extra- mally invasive distal metatarsal osteotomy for mild-to-
articular Reverse-L Chevron (PERC). In: Chirurgie mini-inva- moderate hallux valgus deformation. Kaohsiung J Med Sci
sive et percutanée du pied. 2e édition. Montpellier: Sauramps 2009;25(8):431–7.
Médical; 2015. p. 121–30. [41] Giannini S, Cavallo M, Faldini C, Luciani D, Vannini F. The
[23] Lucas J, Golanó P, Roshan-Zamir S, Darcel V, Chauveaux D, SERI distal metatarsal osteotomy and scarf osteotomy provide
Laffenêtre O. Treatment of moderate hallux valgus by percu- similar correction of hallux valgus. Clin Orthop Relat Res
taneous, extra-articular reverse-L Chevron (PERC) osteotomy. 2013;471:2305–11.
Bone Joint J 2016;98-B(3):365–73. [42] Torrent J, Baduell A, Vega J, Malagelada F, Luna R, Rabat
[24] Lam P, Lee M, Xing J, Di Nallo M. Percutaneous sur-
E. Open vs Minimally Invasive Scarf for hallux valgus cor-
gery for mild to moderate hallux valgus. Foot Ankle Clin rection : a randomized controlled trial. Foot Ankle Int
2016;21(3):459–77. 2021;42(8):982–93.
[25] Del Vecchio JJ, Ghioldi ME. Evolution of minimally invasive [43] Suger G. Minimal-invasive Vorfukorrekturen am 1 Strahl. Fuss
surgery in hallux valgus. Foot Ankle Clin 2020;25(1):79–95. Sprunggelenk 2013;11(2):59–69.
[26] Brogan K, Lindisfarne E, Akehurst H, Farook U, Shrier W, Pal- [44] Vernois J, Redfern D, Amouyel T. Percutaneous basal closing
mer S. Minimally Invasive and Open Distal Chevron Osteo- wedge osteotomy for hallux valgus deformity. Oper Orthop
tomy for Mild to Moderate Hallux Valgus. Foot Ankle Int Traumatol 2021;33:358–63.
2016;37:1197–204. [45] De Lavigne C, Rasmont Q, Hoang B. Percutaneous double
[27] Lai MC, Rikhraj IS, Woo YL, Yeo W, Ng YCS, Koo K. Clinical metatarsal osteotomy for correction of severe hallux valgus
and radiological outcomes comparing percutaneous chevron- deformity. Acta Orthop Belg 2011;77:516–21.
Akin osteotomies vs open scarf-Akin osteotomies for hallux [46] Diaz Fernandez R. Percutaneous triple and double osteo-
valgus. Foot Ankle Int 2018;39(3):311–7. tomies for the treatment of hallux valgus. Foot Ankle Int
[28] Lee M, Walsh J, Smith MM, Ling J, Wines A, Lam P. Hallux 2017;38(2):159–66.
valgus correction comparing percutaneous chevron/Akin [47] Fanous RN, Ridgers S, Sott AH. Minimally invasive arthrode-
(PECA) and open scarf/Akin osteotomies. Foot Ankle Int sis of the first metatarsophalangeal joint for hallux rigidus.
2017;38(8):838–46. Foot Ankle Surg 2014;20(3):170–3.
[29] Kaufmann G, Mörtlbauer L, Hofer-Picout P, Dammerer D, [48] Sott AH. Minimally invasive arthrodesis of 1st metatarso-
La déformation de type hallux valgus (HV) est une ment des études exposant des résultats à court terme,
pathologie fréquente, potentiellement invalidante, pourrait sous-estimer cette complication [2]. Certains
pouvant nécessiter une correction chirurgicale. La prise auteurs rapportent des taux alarmants de récidives à
en charge chirurgicale des HV a démontré sa supério- long terme pouvant atteindre 75 % d'incidence à la
rité comparée à la prise en charge médicale concernant suite d'ostéotomies de type Scarf ou chevron [5].
le traitement des douleurs associées à la déformation Il est donc difficile pour le chirurgien de connaître
[1]. Cependant, cette prise en charge chirurgicale n'est la pérennité des différentes techniques chirurgicales
pas codifiée et plus d'une centaine de techniques dif- dédiées à la correction d'un HV, et par conséquent
férentes sont décrites pour corriger un HV. La plupart d'informer concrètement et consciemment le patient
de ces techniques chirurgicales sont évaluées à court en préopératoire sur le risque de récidive de la défor-
terme, démontrant une certaine fiabilité malgré un mation ainsi que sur ses conséquences. Ce chapitre a
taux d'insatisfaction proche de 10 % [2]. pour but d'éclairer ces différentes interrogations à tra-
Barg et al., dans une revue systématique de la litté- vers une revue systématique de la littérature.
rature incluant plus de 12 000 patients ayant bénéficié
d'une correction chirurgicale d'un HV, ont montré Revue de la littérature
que les causes de cette insatisfaction étaient multiples
et incluaient les complications usuelles en chirurgie Méthodologie
orthopédique comme les infections, les pseudar-
throses, les lésions nerveuses ou encore les douleurs Nous avons réalisé une revue systématique de la lit-
liées à la présence de matériel d'ostéosynthèse [2]. térature en utilisant le moteur de recherche Pubmed.
Ces complications apparaissent généralement dans les Les mots-clés utilisés étaient (hallux valgus or bunion)
mois suivant le traitement chirurgical. Des complica- and (recurrence) incluant les articles indexés avant le
tions propres à l'HV sont également source d'insatis- 31 décembre 2020.
faction comme les hallux varus ou les récidives de la L'ensemble des articles rapportant des résultats
déformation. L'hallux varus iatrogène est secondaire à de corrections chirurgicales d'HV avec une durée
une correction excessive de la déformation et/ou une moyenne de suivi supérieure ou égale à 5 ans et men-
libération tissulaire latérale trop agressive associée à tionnant leurs taux de récidives étaient inclus dans
certaines techniques chirurgicales et est fréquemment l'analyse. Une première sélection était effectuée à la
constaté précocement dans les suites de la chirurgie lecture des titres, une deuxième après lecture des résu-
[3]. Par ailleurs, la récidive de la déformation est la més et une troisième après lecture des articles com-
complication la plus fréquemment observée dans cette plets. Les critères ayant été utilisés pour la sélection
revue de la littérature, présente dans environ 4,9 % des articles sont rapportés dans le tableau 7.1.
des cas, et elle concerne l'ensemble des procédures
chirurgicales [2]. Articles sélectionnés
Cette récidive de la déformation est une inquiétude
fréquemment exprimée par le patient lors des consul- Les titres de 404 articles ont ainsi été passés en revue,
tations préopératoires et apporter une réponse précise permettant la sélection de 184 résumés. Après lecture
relève de la gageure pour le chirurgien. En effet, la réci- de ces 184 résumés, 79 articles ont été sélectionnés.
dive de la déformation semble un processus lentement La lecture de ses 79 articles a permis l'inclusion de
progressif, mésestimé lors des suivis postopératoires 31 articles et 3 081 HV dans l'analyse. Ces différents
précoces en consultation [4]. Par conséquent, la revue articles ainsi que leurs principaux résultats sont expo-
systématique de Barg et al., qui incluait principale- sés dans le tableau 7.2.
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
86 Matthieu Lalevée, Jean-Yves Coillard
Tableau 7.1.
Critères de sélection des articles lors de la revue systématique de la littérature.
Critères d'inclusion – Séries rapportant les résultats de corrections chirurgicales d'hallux valgus
– Séries rapportant le taux de récidives de la déformation après chirurgie
– Articles indexés dans Pubmed
Tableau 7.2.
Articles sélectionnés au décours de la revue de la littérature et principaux résultats.
Premier Durée de Type de Nombre de Critère de Taux de HVA moyen
auteur suivi moyenne chirurgie pieds définition de récidive (%) (°)
(mois) la récidive
Glynn 60,0 Distal 72 Constatation 12,5 13,0
clinique
Tableau 7.2.
Suite.
Premier Durée de Type de Nombre de Critère de Taux de HVA moyen
auteur suivi moyenne chirurgie pieds définition de récidive (%) (°)
(mois) la récidive
Parmi ces 31 articles, 3 étaient d'un bon niveau de Les articles ont été regroupés en ostéotomie distale
preuve (niveau 1 ou 2 selon les recommandations de la du 1er métatarsien, ostéotomie proximale du 1er méta-
Haute autorité de santé) et 28 étaient de faible niveau tarsien, arthrodèse de la 1re articulation cunéométa-
de preuve (niveau 4). tarsienne ou chirurgie centrée sur les parties molles.
Lorsque les articles incluaient différentes chirurgies, intégrant majoritairement des résultats à court terme,
ces dernières ont été incluses de manière indépendante semble montrer que la récidive de la déformation est
dans l'analyse (ex : Faber et al. ont réalisé une étude plus fréquente à long terme.
prospective randomisée comparant Lapidus et ostéo-
tomie distale du 1er métatarsien, ces deux groupes Quel est l'impact du temps
étaient inclus indépendamment [6]).
La durée moyenne de suivi en consultation après sur ce taux de récidives ?
chirurgie, le nombre de pieds, le nombre de récidives, Dans notre revue de la littérature, le taux de récidives
le nombre de récidives nécessitant une reprise chirur- présentait une faible corrélation positive avec la durée
gicale, le critère de définition de la récidive, les fac- de suivi (coefficient de Spearman ρ = 0,16) (figure 7.1).
teurs de risque de récidive, ainsi que l'hallux valgus De la même façon, l'HVA moyen et la durée de suivi
angle (HVA) moyen à la durée maximale de suivi après présentaient une faible corrélation positive (ρ = 0,27)
chirurgie ont été recueillis dans les articles. (figure 7.2).
Ces résultats doivent cependant être interprétés avec
Quel est le taux de récidives précaution du fait des raisons évoquées auparavant.
de la déformation à long terme ? De même, certaines de ces séries présentaient des
hallux varus, influençant alors négativement l'HVA Deux études de bon niveau de preuve permettent de
moyen et pouvant biaiser ces résultats. Mais une fois répondre en partie à cette question :
encore, la différence entre le taux moyen de récidives • Jeuken et al. ont réalisé une étude prospective ran-
présent dans les séries à long terme et celui retrouvé domisée comparant les ostéotomies de type chevron
par Barg et al. impliquant principalement des séries à distal et les ostéotomies de type Scarf à 14 ans de recul
court terme [2] semble démontrer un impact défavo- [5]. Les deux bras comportaient un HVA moyen à la
rable du temps sur le taux de récidives dans l'HV. durée maximale de suivi proche de 20° et des taux de
récidives proches de 75 %. Aucune différence signi-
Quel est l'impact des ficative entre ces deux groupes n'était rapportée,
concluant à une absence de différence entre Scarf et
techniques chirurgicales chevron sur ces critères ;
sur le taux de récidives ? • enfin, Faber et al. ont présenté une étude prospec-
tive randomisée comparant les ostéotomies de type
Comme mentionné précédemment, nous avons Hohman (ostéotomie distale du 1er métatarsien) et les
regroupé les différentes chirurgies en ostéotomie arthrodèses de la 1re articulation cunéométatarsienne
distale du 1er métatarsien, ostéotomie proximale à presque 10 ans de recul [6]. Des taux de récidives
du 1er métatarsien, arthrodèse de la 1re articulation similaires étaient retrouvés entre ces groupes (8,7 %
cunéométatarsienne (Lapidus originel ou modifié), ou pour les arthrodèses vs 8,9 % pour les ostéotomies
chirurgie centrée sur les parties molles pour effectuer distales). En revanche, les ostéotomies distales présen-
cette analyse. taient un HVA moyen à la durée maximale de suivi de
Les comparaisons du taux de récidive moyen ainsi 10,8° contre 15° pour les arthrodèses de la 1re articu-
que de l'HVA moyen à la durée maximale de suivi lation cunéométatarsienne. Aucune différence signifi-
entre ces groupes n'ont montré aucune différence cative n'était retrouvée entre ces groupes. Le probable
significative (respectivement p = 0,092 et p = 0,921) manque de puissance de cette étude ne permet pas
(figures 7.3 et 7.4). Les biais précédemment cités ont d'affirmer la supériorité d'une technique sur une autre
évidemment influencé ces résultats. Cela nous a toute- mais d'attester de la non-infériorité des ostéotomies
fois permis de constater que les résultats à long terme distales vis-à-vis des arthrodèses de la 1re articulation
des arthrodèses de la 1re articulation cunéométatar- cunéométatarsienne sur ses critères.
sienne sont très peu présentés dans la littérature.
n=8 n=3 n = 14 n=1
100 n=9 n=5 n = 17 n=3 35
p = 0,921
Taux de récidives de la déformation (%)
p = 0,092
30
80
25
HVA (°)
60
20
40
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
15
20
10
0
5
1
1
le u
M
M
ol s s
e
nn
de
de
m ée
Type de chirurgie
s
r
sie
1
1
le u
es
s
es tr
M
M
ol s s
é t es
e
e
rti en
ar
al
al
nn
Type de chirurgie
de
om ès
de
m ée
at
im
st
pa c
s
sie
né od
di
s es
s
es tr
ox
es
ét es
e
rti en
ar
cu thr
s
le rgi
al
pr
al
om ès
ie
at
pa c
im
st
1 re Ar
iru
m
s
né od
s es
ie
di
ox
to
Ch
m
cu thr
le rgi
éo
s
pr
ie
to
iru
1 re Ar
st
s
éo
ie
la
O
Ch
to
st
m
de
éo
O
to
st
éo
la
O
st
de
O
Références
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
94 Thibaut Leemrijse, Bernhard Devos Bevernage
muscles médiaux, à savoir l'abducteur de l'hallux et fréquente est iatrogène dans les suites d'une chirur-
le chef médial du court fléchisseur de l'hallux (CFH) gie pour hallux valgus, le meilleur traitement en sera
inséré sur le sésamoïde médial. sa prévention par des gestes osseux et de libération
L'évaluation et le traitement d'une déformation en adaptée.
hallux varus nécessitent la connaissance de tous les
facteurs prédisposants et associés. Ces différents fac- Exostosectomie
teurs sont discutés progressivement mais se présentent
rarement de façon isolée. Comme la cause la plus La résection excessive de l'éminence médiane de la tête
métatarsienne peut entraîner une instabilité osseuse par
« amputation » partielle de celle-ci. De façon associée,
la perte de la gouttière osseuse stabilisant le sésamoïde
médial entraîne une instabilité structurale déstabili-
sant le sésamoïde médial. Le corollaire préventif est
important à comprendre lors de la chirurgie primaire
de l'hallux valgus et l'exostosectomie doit être dosée
en fonction de la morphologie articulaire plantaire.
Une tête ronde est instable et l'exostosectomie doit
être faible ou modérée. Une tête conservant une crête
intersésamoïdienne marquée autorise une exostosec-
tomie plus prononcée. Cette prévention n'interdit pas
cependant une instabilité phalangienne en varus et des
sésamoïdes « en place » (figure 8.3).
La perte osseuse provoque un mouvement supi-
natoire du sésamoïde entraînant la P1 en varus. La
désaxation du sésamoïde médial par rapport à la tête
du 1er métatarsien potentialise la force déformante
médiale du CFH et permet de classifier l'importance
de la déformation à l'instar des classifications pro-
posées pour l'hallux valgus sur le sésamoïde latéral
Figure 8.2. Aspect clinique d'une déformation en hallux varus. [1,2,7,10–13].
Figure 8.5. Exemple d'évolution progressive de l'angle intermétatarsien (IMA), illustrant l'aspect progressif en fonction d'évolution.
Radiographies de face en charge : préopératoire (A), à 6 semaines (B) : IMA à 5,2°, hallux varus à 3 mois (C) : IMA à 0°.
la réductibilité car la correction pérenne du varus pha- cicatrisation dans une position d'adduction [2,7]. Les
langien impose un IMA corrigé et > 6° (figure 8.5). techniques récentes de chirurgie percutanée laissent
souvent au pansement le maintien des ostéotomies
Valgus interphalangien et de la correction postopératoire dans une position
d'hypercorrection et sont à la source d'une nouvelle
Une ostéotomie de fermeture médiale de la phalange iatrogénie.
(ostéotomie phalangienne selon Akin) excessive peut
provoquer une désaxation. Cette hypercorrection de Éléments de réflexion
l'axe phalangien déplace le moment d'action des ten-
dons de l'extenseur et du fléchisseur long de l'hallux devant un hallux varus
responsable secondairement d'une force varisante
[1,11]. Une valeur excessive, supérieure à 10°, justifie Évaluation clinique de l'hallux varus
la normalisation de l'hypercorrection phalangienne
mobilité en position désaxée qui est peu pronostique LFH et le muscle long fléchisseur des orteils – LFO),
du résultat, d'une mobilité conservée ou moyennement la mise en griffe du 1er rayon entraîne de façon obligée
conservée en position réduite (l'axe de l'orteil est dans les anastomoses sur les bandelettes du LFH des 2e et
celui du métatarsien). La forme enraidie est souvent le 3e orteils.
résultat d'une contracture ancienne et devient dès lors La métatarsalgie éventuelle, plus ou moins à l'ori-
non réductible et sans mobilité en position axée. gine de la plainte douloureuse, est très souvent asso-
La déviation IP est également composée d'une supi- ciée à une clinodactylie médiale des orteils latéraux,
nation de l'hallux et d'une flexion dorsale de la P1, la dont le traitement reste difficile. La réductibilité des
mobilité IP est évaluée, principalement sa capacité de orteils latéraux doit être évaluée car sous sa forme irré-
flexion dorsale (extension) ou sa raideur en flexion. La ductible, ils laissent un conflit interdigital douloureux
déformation terminale et enraidie se traduit par une une fois le 1er rayon corrigé (figure 8.6).
griffe fixée ou cock-up deformity. L'évaluation radiologique est indispensable afin
La présence de craquements douloureux intra-arti- d'identifier les différents éléments de la déformation.
culaires lors de la manipulation de l'articulation MTP Elle nécessite des radiographies en charge de face et de
peut indiquer une arthrose sous-jacente et doit être profil ainsi que des clichés de ¾ oblique. Une radiogra-
recherchée en position de réduction neutre de l'hallux. phie axiale des sésamoïdes permet au besoin d'analy-
La mobilisation rotatoire en compression (grinding ser leur position par rapport à la tête métatarsienne et
test) signe une arthrose articulaire probable si elle la présence éventuelle d'une arthrose capito-sésamoï-
éveille la douleur. dienne. Ce cliché permet également de confirmer ou
Dans les déformations anciennes en hallux varus, non si une résection du sésamoïde latéral a été préala-
on observe un défaut d'appui pulpaire au niveau de blement réalisée.
la phalange distale. Ce défaut d'appui est en relation L'angle de l'hallux varus est formé par l'axe longi-
avec une flexion dorsale de la MTP et une rétraction tudinal du 1er métatarsien et l'axe de la P1. On admet
en flexion plantaire de l'IP en griffe d'orteil. Une cal- comme normal un angle MTP de 5 à 15° en valgus ; en
losité se développe sur la face dorsale de l'articulation cas d'hallux varus, l'angle s'approche de 0° ou devient
IP. Le tendon de l'extenseur de l'hallux devient saillant négatif.
sous la peau dans le cadre des lésions anciennes et peut Sur les clichés, de face (figure 8.7), on analyse :
être le site d'une bursite chronique. • l'importance de l'exostosectomie et la morphologie
Des symptômes associés sont fréquemment retrou- céphalique ;
vés en fonction de la durée d'évolution de la sympto • la valeur de l'angle MTP ;
matologie. On peut observer une griffe du 2e et/ou • la subluxation médiale du sésamoïde médial, hors
3e orteil, généralement due à un syndrome de l'atte- de sa gouttière sésamoïdienne ;
lage (traction des bandelettes anastomotiques entre le • l'absence éventuelle du sésamoïde latéral ;
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
caments anti-inflammatoires peuvent réduire la gêne d'une chirurgie complexe de reconstruction ou de leur
douloureuse, plus spécifiquement en cas d'arthrose. acceptation éventuelle d'avoir une chirurgie sacrifiant la
L'injection d'un corticoïde peut également soulager mobilité d'une articulation comme dans l'arthrodèse.
temporairement les lésions dégénératives. Le premier élément décisionnel est la réductibilité et
L'aspect psychologique n'est pas à négliger car le la souplesse en position de réduction de la 1re articu-
ressenti de l'échec chirurgical entraîne une perte de lation MTP.
confiance entre le patient et son thérapeute. Le choix Toute situation de raideur articulaire doit toujours
de révision doit être judicieux car un échec supplémen- faire évoquer la réalisation d'une arthrodèse. La réa-
taire ne peut jamais être accepté. lisation des techniques qui conservent la mobilité
impose un orteil parfaitement souple et réductible,
Quel algorithme décisionnel l'absence d'arthrose articulaire et une bonne compré-
pour l'hallux varus iatrogène ? hension du patient [11,15].
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
MTP1 en varus
Souple
Enraidie
Réductible
Le site de la
Angle libération excessive
Résection éminence intermétatarsien Phalange proximale peut être évalué
médiale excessive diminué < 6° en RX en charge
Arthrodèse MTP1
IMA fermé et un cal vicieux secondaire à une ostéoto- n'y a aucune anomalie ou cal vicieux dans l'ostéoto-
mie de la P1. La résection trop importante de la partie mie métatarsienne. La nécessité d'une ostéotomie de
médiale de la tête métatarsienne déstabilise le sésa- révision peut être déterminée en peropératoire, en
moïde médial et donc la P1. En cas d'absence de lésion effectuant une image fluoroscopique peropératoire
dégénérative et d'une mobilité indolore, la restauration simulant l'appui. Il permet une évaluation de l'IMA
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
de la stabilité par une butée osseuse par allogreffe ou après libération du tissu cicatriciel du 1er espace et de
autogreffe peut être envisagée. l'arthrolyse médiale. Si l'IMA reste négatif ou insuffi-
Comme déjà illustré, il ne faut pas sous-évaluer samment ouvert, la correction peut être obtenue par
l'hypercorrection de l'IMA après chirurgie de l'hallux des ostéotomies basale, diaphysaire ou céphalique,
valgus. Cette fermeture trop importante peut être la dépendant du centre d'angulation et de rotation à cor-
conséquence d'une ostéotomie métatarsienne ou d'une riger [16–18]. La révision d'une ostéotomie distale ou
libération excessive des tissus mous dans le 1er espace céphalique, au même site, majore le risque de nécrose
intermétatarsien, responsable d'une varisation exces- osseuse, on préfère corriger la déformation en zone
sive de la P1 par rapport au métatarsien. Si l'hyper- saine, c'est-à-dire au niveau de la base [11].
correction de l'angle est causée par une ostéotomie Un cal vicieux en varus de la P1 secondaire à une
métatarsienne, il est légitime de reprendre l'ostéotomie ostéotomie phalangienne excessive peut être révisé par
afin de réaligner la composante osseuse, de libérer une ostéotomie de fermeture latérale ou une ouverture
les tissus cicatriciels dans le 1er espace et de réaliser médiale pour restaurer le parallélisme entre l'articula-
la reconstruction du ligament collatéral latéral. La tion MTP et IP, ainsi que d'harmoniser la longueur de
reconstruction isolée des tissus mous peut suffire s'il l'hallux et du 2e orteil (figures 8.11 et 8.12).
Figure 8.12. Radiographie préopératoire (A) d'un hallux varus sur fermeture de l'angle intermétatarsien (IMA) à –3° et correction
par ostéotomie d'ouverture de l'espace intermétatarsien au niveau de la base du métatarsien (B), IMA à + 7°.
La compensation des différentes structures latérales sésamoïdienne. Le risque est la libération de l'abduc-
de la 1re articulation MTP peut bénéficier de transfert teur qui peut léser le nerf collatéral plantaire médial.
dynamique et statique.
De nombreuses techniques de reconstruction ont été
décrites. Leur but commun est de corriger la déforma- Libération intermétatarsienne
tion, soulager la douleur et restaurer la fonction de Le 1er espace intermétatarsien doit être exposé pour
l'avant-pied. Les techniques de correction comportent libérer la fibrose. Ainsi, on peut espérer rétablir la
des points communs à toutes techniques et des gestes divergence intermétatarsienne et permettre à la pha-
spécifiques à chacune. lange de retrouver une position en valgus. On reprend
souvent l'incision dorsale commissurale dans le
Gestes communs 1er espace mais avec un peu d'expérience et en fonction
de la technique réalisée, cette libération peut se faire
à la conservation articulaire par la voie médiale en sus-céphalique. Il est parfois
nécessaire de libérer la partie distale du 1er métatarsien
Libération capsulaire médiale
en sous-périosté [20]. En pratique, c'est un point tech-
Indépendamment des autres anomalies associées, la
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Cette technique s'appuie sur le ligament interméta- 4 mm de diamètre ou une vis AO 3,5 mm compressive
tarsien servant de poulie de réflexion pour le tendon à filetage distal. Un contrôle radioscopique est alors
transféré. Si ce ligament a été sectionné préalablement pratiqué.
lors de la chirurgie de l'hallux valgus, le transplant est Le transfert de l'extenseur est inséré sur la base
passé sous une zone de tissu fibreux qui pourrait être latérale de la phalange soit par un tunnel transosseux
moins fiable pour stabiliser le tendon transféré. Cepen- suturé sur lui-même soit à l'aide d'une ancre.
dant, la qualité de ce tissu cicatriciel résiduel semble Il faut retenir comme indication spécifique de cette
ne jamais interférer sur l'usage de ce ligament comme chirurgie la présence d'un hallux varus iatrogène relati-
poulie de réflexion [22]. vement souple au niveau de la MTP mais fixé en griffe
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Si le tendon du LEH est transféré dans son ensemble, et dégénérative au niveau interphalangien (cock-up
il est nécessaire de fusionner l'articulation IP afin d'évi- deformity). Il est toujours regrettable d'effectuer une
ter le développement d'une déformation en griffe, ce arthrodèse après le prélèvement d'un tendon, il vaut
qui nécessite de prolonger l'incision en regard de l'IP. donc mieux utiliser cette technique si l'IP est enraidie
La résection cartilagineuse se fait à la scie oscillante ou ou dégénérative. C'est alors l'atteinte articulaire qui
à la pince gouge. Depuis l'interligne ouvert, il est réa- justifie la fusion. Ce cas de figure reste donc relative-
lisé à l'aide d'une mèche de 2 mm un tunnel depuis le ment rare et en réalité l'arthrodèse IP est fréquemment
centre de la résection de la base de la P2 vers la dista- contre-indiquée par une raideur ou une arthrose débu-
lité de la phalange, pour ensuite forer le trajet de la P1. tante de l'articulation MTP.
La longueur respective des deux structures osseuses est Afin d'éviter la nécessité de l'arthrodèse IP, une
mesurée. On glisse une broche guide de la distalité de modification a été proposée utilisant la moitié du ten-
la phalange intermédiaire vers l'interligne puis, sous don LEH pour le transfert [23,24]. L'hémitransfert est
contrôle de la vue, vers la proximale. La fixation se prélevé de façon mini-invasive en débutant le clivage
fait ensuite à l'aide d'une vis compressive sans tête de en distalité, puis le tendon est strippé à l'aveugle en
glissant une pince depuis sa partie proximale au milieu pour ce transfert est souvent assez grêle, ce qui rend
du pied. Il est ensuite redirigé vers la base de la pha- sa réinsertion techniquement difficile [7,27]. À l'heure
lange sous le ligament intermétatarsien. Cette variante actuelle, l'usage des ancres doit faciliter la réinsertion
élargit donc l'indication de cette technique. sur la phalange de l'hallux. En revanche, associée à
Ces transplants sont polyarticulaires, ce qui réduit leur une clinodactylie médiale débutante du 2e orteil, la
fonction. Comme le tendon du LEH (hémi ou entier) est désinsertion de son interosseux varisant facilite la cor-
un muscle extrinsèque du pied, son corps musculaire se rection du 2e orteil en rectitude. Le transfert est parfois
trouve éloigné du centre rotatoire de l'articulation MTP. ténu et risque d'entraîner une griffe iatrogénique rési-
La tension dans le transplant et son contrôle rotationnel duelle du 2e orteil.
sont dès lors plus difficilement prédictibles car dépen-
dants de la position de la cheville. On y retrouve donc
un effet de ténodèse lors des mouvements de flexion Libération médiale combinée avec le
extension de la cheville [2,3,22,24,25]. transfert du tendon de l'abducteur
de l'hallux (ABH) sur la base latérale
de la phalange proximale
Libération médiale associée au transfert Cette technique, décrite pour la première fois en 1971
du 1er muscle interosseux dorsal (Hawkins), a été considérée comme une procédure de
Cette technique a été décrite pour la première fois en choix [4]. Dans notre expérience, le tendon retrouvé
1991 par Valtin [26], il détache l'insertion distale du est souvent trop court, créant des difficultés techniques
muscle interosseux de la base de la P1 du 2e orteil et il de réinsertion. La dissection dans le 1er espace inter-
transfère le tendon dans un tunnel transosseux sur la métatarsien permet le passage du transplant sous le
base de la P1 de l'hallux (figure 8.16). Ce transfert crée ligament intermétatarsien. L'insertion sur la base pha-
une force valgisante efficace, mais l'effet à long terme langienne et la direction du transfert est donc assez
sur le 2e orteil, dépourvu de son muscle interosseux, plantaire et peut être responsable d'une supination
n'est pas encore connu. De plus, le tendon disponible phalangienne résiduelle (figure 8.17).
Cette technique peut être associée avec la réinsertion sants, tous les autres tendons fonctionnels sont laissés
ou la retente du tendon conjoint dans le 1er espace intacts (figure 8.18).
intermétatarsien [1,2,4,12–14]. Comme précédemment décrit, la libération du
Il n'est pas démontré que ces transferts agissent véri- 1er espace est essentielle. Elle est réalisée par un
tablement de façon dynamique. En outre, leur effica- abord commissural ou effectuée par la voie médiale
cité dans le temps pourrait diminuer en raison de la sus-capitale.
détente musculaire du transplant. En conséquence, il Après libération capsulaire médiale étendue sur
est légitime de s'orienter vers des transferts statiques. l'ensemble du muscle abducteur, on prélève un tiers ou
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
• une insertion libre doit être permise sans abîmer le • le point d'entrée latéral du métatarsien doit mimer
transfert, habituellement une mèche 3,5 ou 4,5 mm de le centre rotatoire articulaire pour être le plus possible
diamètre est utilisée. Un calibreur peut être utilisé au isométrique en flexion extension de l'articulation ;
besoin ; • le point de sortie médial métatarsien est proximo-
• le point d'entrée médial phalangien doit permettre oblique. Il doit tenir compte d'une éventuelle ostéoto-
de ne pas entraîner une boucle volumineuse et doit mie associée ;
donc être à distance relative de son insertion. Il peut • une broche de 1,6 ou le maintien en place des mèches
être élargi à la pince gouge ; de 1,5 mm peut être utilisé pour visualiser la position
• le point latéral de sortie phalangien doit être par- des tunnels en radioscopie (figure 8.20).
faitement sur la ligne neutre pour éviter tout effet de Le tendon est tressé par un fil libre. Il est d'abord
pronosupination que l'on retrouve souvent sur les passé dans le tunnel phalangien du bord médial
transferts dynamiques ; à la face latérale, puis récupéré dans le 1er espace
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
intermétatarsien et ensuite repris par le tunnel méta- doit être maintenue 6 semaines. Le patient est revu à
tarsien du sens latéral vers le côté médial. Un passe-fil J5-J7 pour un contrôle clinique. Une syndactylie avec
ou une aiguille droite peuvent être utilisés pour récu- une bande élastique collante (type Elastoplast®) main-
pérer la boucle (figure 8.21). tient les trois premiers orteils pendant ces 6 semaines,
Le transfert est suturé sur le périoste du 1er méta- puis les deux premiers orteils durant encore 6 nouvelles
tarsien et aux fibres restantes du muscle ABH. Il est semaines (figure 8.22). Le chaussage large de commerce
possible de stabiliser le transplant par une vis d'inter- est autorisé à 6 semaines avec début de rééducation.
férence, ce qui peut être utile sur un transplant un peu Nous avons observé que cette technique permet
court. Avant la fixation, il faut juger de la bonne mobi- de stabiliser parfaitement l'articulation métatarso-
lité articulaire. phalangienne (AMP) mais nécessite des valeurs
Il faut obtenir une dizaine de degrés de valgus pha- normales de l'IMA [19].
langien avant la fixation définitive. Il est essentiel
d'évaluer l'IMA qui doit être supérieur à 6° sous peine
de voir apparaître une récidive. Il ne faut pas fixer le Ligamentoplasties artificielles
transfert si l'on estime qu'une ostéotomie addition- ou allogreffes
nelle est nécessaire, la fixation est toujours le dernier D'autres techniques de reconstruction du ligament
geste avant la fermeture cutanée. collatéral latéral ont été proposées, reposant sur des
La capsule est le plus souvent laissée ouverte ou ligamentoplasties à l'aide d'implants artificiels ou d'al-
légèrement rapprochée sans aucune tension source de logreffes. Elles sont une alternative aux transferts axés
récidive. Aucun drainage n'est utile. sur des tendons autologues. Ces techniques tentent de
Le pansement maintient le 1er rayon en valgus pour provoquer une fibrose dirigée et de stabiliser l'appa-
le protéger de toutes tractions. reil sésamoïdien. Les désavantages sont le coût de ces
L'automobilisation en flexion-extension est recom- implants artificiels, les résultats à long terme mal défi-
mandée au patient, en infradouloureux. La marche est nis et le risque théorique à l'heure actuelle de transmis-
immédiatement autorisée sur une chaussure plate qui sion infectieuse par une allogreffe [5,7,29].
ténodèse tend à créer une supination de l'orteil, tout en supérieure à un quart de la tête métatarsienne. L'effet
valgisant l'articulation [1,29,35]. obtenu correspond à une stabilisation mécanique. La
butée peut participer à la restauration de la cinéma-
tique normale de la 1re MTP. Elle rétablit le support du
Libération médiale combinée à une
sésamoïde médial afin d'éviter sa subluxation médiale
ténodèse du court extenseur de l'hallux et redonne le support osseux de la base de P1. Cette
(CEH) stabilisation de l'articulation semble avoir l'avantage
Cette procédure ressemble à la technique de transfert de rééquilibrer l'interaction entre les muscles intrin-
statique précédente. Le tendon du CEH doit être trans- sèques et extrinsèques dans un axe plus neutre.
féré profondément sous le ligament intermétatarsien et La butée osseuse peut être d'origine iliaque, provenir
fixé proximalement [36]. Une variante arthroscopique d'une autogreffe obtenue lors d'une chirurgie contro-
a été décrite [23]. De nouveau, l'insertion distale du latérale contemporaine de la cure de l'HVI (hallux
tendon du CEH se trouve dorsalement, cette technique varus iatrogène) ou d'une allogreffe (figure 8.25).
peut induire un certain effet supinatoire lors de la mise Le point fondamental de cette technique est de
en tension du transfert (figure 8.24). restaurer une surface articulaire qui soit la plus
congruente possible, avec la base médiale de la pha-
lange et l'appareil sésamoïdien. L'élément essentiel
Reconstruction avec butée osseuse est l'avivement de la tête métatarsienne qui va rece-
Si la déformation est souple et réductible, et secon- voir la greffe. Des perforations sont pratiquées après
daire en grande partie à la résection trop importante avoir repris la résection métatarsienne. La stabilité de
de la partie médiale de la tête métatarsienne, il est pos- la greffe doit être optimale et fixée à l'aide de deux
sible de reconstruire la partie réséquée à l'aide d'une ou trois vis de 2,7 mm. Le titane est utile pour suivre
butée osseuse [19,37]. La perte de substance peut être l'intégration des greffes avec le temps. Si la stabilité est
par tendon reverse de l'abducteur. C. Image radiologique postopératoire (à 2 ans) : intégration de la butée et restauration du valgus.
D. Scanner : intégration de l'allogreffe et visualisation des tunnels du transfert.
suffisante, aucun geste complémentaire n'est réalisé ; sement dans l'espace intermétatarsien. Sur un varus
cependant, dans notre pratique, la butée a toujours été débutant, il aggrave la déformation par un effet vari-
associée à une ligamentoplastie à l'abducteur. sant dû à l'insertion des tendons LFH et LEH. Une
Toutes ces techniques chirurgicales peuvent être phalange doit présenter deux interlignes parallèles. On
combinées, si nécessaire. peut tolérer une erreur de ± 5° avant d'envisager sa
correction.
La correction repose donc sur des critères radiolo-
Comment corriger un cal vicieux giques, et notamment sur le cliché de profil où un cal
phalangien ? vicieux en flexion (sagittal) associé doit être recherché.
Le cal vicieux phalangien en hypercorrection est tou- La correction d'une hypercorrection n'est pas facile
jours délétère. Sur un valgus résiduel, il entraîne une car elle doit être stable. Il faut considérer également, lors
récidive fréquente de la déformation par effet de glis- de la correction du cal vicieux, la réalisation éventuelle
d'un tunnel osseux ou de la réinsertion d'un tendon • l'angle de M1/P1 de profil est donc dépendant du
transféré pour corriger l'hallux varus. La correction type de pied (pente du métatarsien) ;
du varus nécessite de réaliser la coupe osseuse afin de • de face, il faut éviter tout conflit avec le 2e orteil qui
soustraire un coin latéral et ce, par voie médiale. Une présente souvent une clinodactylie médiale ;
vis oblique isolée de 3,5 mm au minimum est parfois • l'angle de M1/P1 de face est donc variable (10 à 15°)
insuffisante pour maintenir la stabilité phalangienne mais le plan de flexion-extension de l'IP doit être per-
dont les surfaces de coupes sont parfois différentes. Il pendiculaire à l'axe du pied ;
est alors possible de stabiliser l'ostéotomie correctrice • la pronosupination de l'orteil doit être corrigée là
par une plaque microfragment de 2,0 mm. L'addition aussi pour avoir un bon axe de rotation de l'IP ;
médiale à l'aide d'une petite greffe iliaque reste une • l'arthrodèse implique également que l'IMA ait été
exception. restitué. Il peut être évalué en préopératoire ou en
peropératoire après libération.
Geste de reconstruction Dans les déformations anciennes, il existe d'ailleurs
fréquemment une clinodactylie médiale des orteils
avec perte articulaire post- latéraux susceptible d'aggraver ce conflit.
hallux varus : quelle est la place Si l'IMA est faible (< 4°) et s'il y a un risque de
des arthrodèses ? conflit, un artifice technique consiste à translater de
quelques millimètres la base de la phalange média-
Arthrodèse métatarsophalangienne lement pour diminuer le risque de conflit. En cas de
doute, il faut ouvrir l'espace intermétatarsien par une
En présence d'une raideur importante ou d'une ostéotomie de la base. Ce geste n'est pas anodin car il
arthrose douloureuse de l'AMP, la solution d'arthro- complique obligatoirement les suites postopératoires
dèse est la plus appropriée [5,15]. en imposant parfois la mise en place d'un plâtre. L'ar-
Quand l'AMP est enraidie et associée à une griffe throdèse MTP majore les contraintes sur le site d'os-
fixée de l'IP (cock-up deformity), si le métatarsien téotomie d'ouverture avec un risque de déplacement
montre une résection trop importante de l'éminence ou de pseudarthrose.
médiale ou si une des surfaces articulaires a été résé- Après résection des surfaces cartilagineuses rési-
quée, l'arthrodèse de l'AMP associée ou non à une duelles, l'arthrodèse est stabilisée de façon habituelle le
libération articulaire ou à une arthroplastie d'interpo- plus souvent par deux vis (2,7 ou 3,5 mm) associées à
sition de l'IP peut être retenue. une plaque verrouillée de neutralisation (figure 8.26).
L'arthrodèse MTP est une solution fiable qui n'ex- Le risque est de mettre un excès d'extension lorsqu'il
pose pas à la récidive, en considérant bien entendu existe une griffe fixée de l'IP. Il faut en tenir compte et
qu'elle est fixée en bonne position. Comme décrit plus fixer en bonne position. L'arthrolyse de l'IP est plus
haut, l'arthrodèse trouve fréquemment sa place lors simple lorsque l'AMP est stabilisée et doit donc être
des hallux varus enraidis, non réductibles et/ou arthro- pratiquée secondairement.
siques. De plus, la crainte d'un échec d'une nouvelle Lorsqu'il existe une ankylose importante de l'IP, une
chirurgie peut être un argument supplémentaire pour chirurgie d'arthrolyse est recommandée. L'ankylose
décider d'une arthrodèse. de l'IP résiduelle diminue progressivement dans la
L'arthrodèse globale de l'AMP et de l'IP doit abso- 1re année postopératoire.
buent à la déformation. Les résultats globaux sont la solution la plus fiable pour les déformations enrai-
considérés comme satisfaisants. Piat et al. insistent sur dies et fixées. Elle présente très certainement le moins
la fiabilité de l'arthrodèse dans le cadre de la révision de risque d'échec [15].
de l'HVI [15].
Références
[1] Groulier P, Curvale G, Coillard JY, Franceschi JP. Post-operative [3] Goldman FD, Siegel J, Barton E. Extensor hallucis longus tendon
iatrogenic hallux varus. Surgical treatment. Apropos of 19 cases. transfer for correction of hallux varus. J Foot Ankle Surg. 32
Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 1992;78(7):449–55. (2) : 126-31.
[2] Edelman RD. Iatrogenically induced hallux varus. Clin Podiatr [4] Hawkins FB. Acquired Hallux Varus : Cause, Prevention and
Med Surg 1991;8(2):367–82. Correction. Clin Orthop Relat Res 1971;76:169–76.
[5] Trnka H-J, Zettl R, Hungerford M, Mühlbauer M, Ritschl P. [25] Maynou C, Beltrand E, Podglajen J, Elisé S, Mestdagh
Acquired Hallux Varus and Clinical Tolerability. Foot Ankle H. Tendon transfers in postoperative hallux varus. Apro-
Int 1997;18(9):593–7. pos of 12 cases. Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot
[6] Davies MS, Parker BC. Idiopathic Hallux Varus. Foot Ankle 2000;86(2):181–7.
Int 1995;16(4):210–1. [26] Valtin B. transfert du premier interosseux dorsal dans le trai-
[7] Donley BG. Acquired Hallux Varus. Foot Ankle Int tement chirurgical de l'hallux varus iatrogénique. Médecine
1997;18(9):586–92. Chir du pied 1991;1:9–16.
[8] Saraiya H. Post-burn hallux varus : a case report and manage- [27] Roy-Camille R, Lelièvre JF, Saillant G. Treatment of hyper-
ment of a rare deformity. Burns 2000;26(6):593–8. correction after surgical procedure on hallux valgus. Medial
[9] Devos Bevernage B, Leemrijse T. Hallux Varus : Classification osteoplastic ridge (author's transl). Nouv Presse Med
and Treatment. Foot Ankle Clin 2009;14(1):51–65. 1978;7(37):3357–8.
[10] Jahss MH. Spontaneous Hallux Varus : Relation to Poliomye- [28] Schwagten K, Vandeputte G, Somville J, Van Hoecke E,
litis and Congenital Absence of the Fibular Sesamoid. Foot Buedts K. Long term clinical results of hallux varus correc-
Ankle 1983;3(4):224–6. tion by a reversed abductor hallucis transfer. Foot Ankle Surg
[11] Leemrijse T, Devos Bevernage B. Surgical treatment of
2020;26(7):777–83.
iatrogenic hallux varus. Orthop Traumatol Surg Res [29] Mann RA. Re : Modified split extensor hallucis longus tendon
2020;106(1S):S159–70. transfer for correction of hallux varus. Lau JTC, Myerson MS,
[12] Vanore JV, Christensen JC, Kravitz SR, et al. Diagnosis and Foot Ankle Int 2002;23(12):1138–40. Foot Ankle Int. 2004;
treatment of First Metatarsophalangeal Joint Disorders. Sec- 25 (1) : 43.
tion 3 : Hallux varus. J Foot Ankle Surg 2003;42(3):137–42. [30] Gerbert J, Traynor C, Blue K, Kim K. Use of the Mini
[13] Zahari DT, Girolamo M. Hallux varus : a step-wise approach TightRope® for Correction of Hallux Varus Deformity. J Foot
for correction. J Foot Surg. 30 (3) : 264-6. Ankle Surg 2011;50(2):245–51.
[14] Turner RS. Dynamic Post-Surgical Hallux Varus After Late- [31] Hsu AR, Gross CE, Lin JL. Bilateral hallux varus deformity
ral Sesamoidectomy : Treatment and Prevention. Orthopedics correction with a suture button construct. Am J Orthop (Belle
1986;9(7):963–9. Mead NJ) 2013;42(3):121–4.
[15] Piat C, Cazeau C, Stiglitz Y. Post-operative hallux varus : a [32] Tourné Y, Saragaglia D, Picard F, De Sousa B, Montbarbon
review of treatment methods. Int Orthop 2021;45(9):2193–9. E, Charbel A. Iatrogenic Hallux Varus Surgical Procedure : A
[16] Kannegieter E, Kilmartin TE. The combined reverse scarf and Study of 14 Cases. Foot Ankle Int 1995;16(8):457–63.
opening wedge osteotomy of the proximal phalanx for the [33] Labovitz JM, Kaczander BI. Traumatic hallux varus repair uti-
treatment of iatrogenic hallux varus. Foot 2011;21(2):88–91. lizing a soft-tissue anchor : A case report. J Foot Ankle Surg
[17] Lee KT, Park YU, Young KW, Kim JS, Kim KC, Kim JB.
2000;39(2):120–3.
Reverse Distal Chevron Osteotomy to Treat Iatrogenic Hallux [34] Stanifer E, Hodor D, Wertheimer S. Congenital hallux varus :
Varus After Overcorrection of the Intermetatarsal 1-2 Angle : case presentation and review of the literature. J Foot Surg. 30
Technique Tip. Foot Ankle Int 2011;32(1):89–91. (5) : 509-12.
[18] Piat C, Raboudi T, Cazeau C, Stiglitz Y. Postoperative Hallux [35] Lau JTC, Myerson MS. Modified Split Extensor Hallucis
Varus Treatment by Reverse Scarf Osteotomy. Foot ankle Int Longus Tendon Transfer for Correction of Hallux Varus. Foot
2021;42(8):976–81. Ankle Int 2002;23(12):1138–40.
[19] Leemrijse T, Hoang B, Maldague P, Docquier PL, Bevernage [36] Myerson MS, Komenda GA. Results of Hallux Varus Correc-
BD. A new surgical procedure for iatrogenic hallux varus : tion Using an Extensor Hallucis Brevis Tenodesis. Foot Ankle
Reverse transfer of the abductor hallucis tendon a report of 7 Int 1996;17(1):21–7.
cases. Acta Orthop Belg 2008;74(2):227–34. [37] Rochwerger A, Curvale G, Groulier P. Application of Bone
[20] Wood WA. Acquired hallux varus : a new corrective proce- Graft to the Medial Side of the First Metatarsal Head
dure. J Foot Surg 1981;20(4):194–7. in the Treatment of Hallux Varus. J Bone Joint Surg Am
[21] Granberry WM, Hickey CH. Idiopathic Adult Hallux Varus. 1999;81(12):1730–5.
Foot Ankle Int 1994;15(4):197–205. [38] Devos Bevernage B, Deleu PA, Leemrijse T. The translating
[22] Johnson KA, Spiegl PV. Extensor hallucis longus trans-
Weil osteotomy in the treatment of an overriding second toe :
Il est aujourd'hui bien établi que certaines pathologies stockage et de restitution d'énergie. En effet, son ren-
de la jambe et du pied sont influencées, voire provo- dement est meilleur lorsqu'il se contracte en étant déjà
quées par la rétraction du triceps jambier et en particu- étiré, ce qui se retrouve à la phase de propulsion du
lier des muscles gastrocnémiens (GC) [1,2]. pas où le genou est en extension et la cheville à angle
Cette rétraction est observée dans la population droit.
générale mais encore plus fréquemment chez les Les travaux de Cazeau et Stiglitz révèlent, à l'aide
patients souffrant de problèmes de pied [1]. d'une plateforme de mesure des pressions couplée à
L'avant-pied est le siège de plusieurs pathologies un électromyogramme, que le maximum de pres-
d'origine mécanique : hallux valgus, hallux rigidus, sion au niveau de l'avant-pied (en regard des têtes
métatarsalgies, névrome de Morton, griffes d'orteils. métatarsiennes) s'observe lorsque les muscles GC se
Les facteurs pouvant provoquer une surcharge des contractent au maximum lors de la phase de propul-
contraintes sur l'avant-pied sont donc aggravants ou sion [9]. On comprend donc que toute rétraction de
provoquants pour ces pathologies. La rétraction du tri- ces muscles entraîne une surcharge de contrainte au
ceps sural est un de ces facteurs car le triceps joue un niveau des têtes métatarsiennes.
rôle essentiel dans la propulsion lors de la marche. Toute
perturbation de son fonctionnement dans le sens de
l'hyperactivité exerce une influence sur la zone de pro-
Comment évaluer cliniquement
pulsion représentée par l'avant-pied. La recherche d'une la rétraction des gastrocnémiens ?
rétraction et l'évaluation de son rôle dans la pathologie
La rétraction des GC s'évalue par la manœuvre de
présentée par le patient font partie de l'examen de base
Silfverskiold qui permet de distinguer une rétraction
de toute pathologie mécanique de l'avant-pied.
isolée des GC d'une rétraction totale du triceps sural
S'il est bien démontré que la rétraction des GC
(incluant le soléaire).
exerce une influence dans le déclenchement et/ou l'ag-
Ainsi, si l'équinisme genou en extension est récupéré
gravation des pathologies mécaniques de l'avant-pied,
par la flexion du genou, cela traduit la rétraction isolée
le bénéfice apporté par l'allongement chirurgical isolé
des GC du fait de leur composante biarticulaire.
sur les pathologies de l'avant-pied n'a été démontré
La reproductibilité de ce test nécessite d'en respecter
que pour les métatarsalgies et les maux perforants
des conditions de réalisation précises [10] : réduction
plantaires chez les patients diabétiques [3-8].
du varus de l'arrière-pied, pression exercée sous les 2e
Le bénéfice d'un allongement associé à une chirurgie de
et 3e métatarsiens (à cause de la raideur du Lisfranc),
l'avant-pied est difficilement quantifiable car il n'existe
muscle tibial antérieur relâché, pression de l'ordre de
pas d'étude randomisée comparant le traitement d'une
2 kg et estimation ou mesure de l'équin à partir de la
pathologie de l'avant-pied avec ou sans allongement.
face latérale de la cheville.
Ces mesures, si elles ne sont pas réalisées avec un
Comment la rétraction du triceps goniomètre numérique et avec un système de mesure
jambier provoque une surcharge de la pression exercée reproductible, sont difficilement
de l'avant-pied ? interprétables d'un examinateur à l'autre. En pratique,
il n'existe pas (encore) d'instrument de mesure fiable
Le triceps jambier est un muscle biarticulaire. Cette et diffusé. On doit donc se fier à l'examen clinique
propriété lui confère une capacité plus importante de décrit ci-dessus et considérer le test comme positif s'il
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
120 Pierre Barouk
existe un équin genou tendu (flexion dorsale de che- Les risques de récidive à long terme pourraient être
ville négative quand le genou est en extension) qui limités par l'allongement tricipital mais cet avantage
disparaît quand le genou est fléchi (flexion dorsale théorique n'a jamais été démontré.
positive) en appliquant la même pression. L'allongement distal endoscopique a également été
Le diagnostic doit aussi s'appuyer sur la présence réalisé en association avec le traitement chirurgical de
de signes fonctionnels liés à la rétraction : tensions du l'HV par technique de Lapidus dans 23 cas [5]. Mais,
mollet, douleurs lombaires basses ou sacro-iliaques là aussi, on ne peut conclure quant à l'apport de cette
par hyperlordose, instabilité subjective ou objective technique par rapport au traitement isolé de l'HV.
des membres inférieurs, difficultés de marcher à plat,
rétropulsion lors de la mise sur les talons, antécé- Métatarsalgies
dents d'aponévrosite plantaire, ou de tendinopathie
calcanéenne. C'est la deuxième cause de pathologie du pied obser-
vée dans l'étude de Di Giovanni [1].
Quelles pathologies peuvent La métatarsalgie liée à la rétraction des GC revêt
quelques particularités :
bénéficier d'un allongement • elle siège essentiellement au niveau des 2e, 3e et
des muscles gastrocnémiens ? 4e métatarsiens. Ces métatarsalgies centrales peuvent
s'accompagner d'un défaut d'appui sur le 1er métatar-
Hallux valgus sien (figure 9.1) ;
• l'avant-pied est rond et large ;
Il existe peu d'études établissant une corrélation entre • le talon est étroit, signe de sa brièveté de contact au
hallux valgus (HV) et rétraction des GC. Dans une sol lors de la marche ;
étude comparative sur pieds sains et pathologiques qui • elle s'accompagne d'une manœuvre de Silfverskiold
retrouvait une prévalence de rétraction des GC sur les positive attestant de l'intégrité du muscle soléaire et de
pieds pathologiques, l'HV était la première pathologie la rétraction préférentielle des muscles GC ;
représentée [1]. Pour Barouk, cette rétraction est parti- • c'est une métatarsalgie sine materia c'est-à-dire
culièrement présente dans l'HV congénital [11]. qu'on ne retrouve pas d'autre cause à ces douleurs
La rétraction des GC peut être responsable d'une (HV, Morton, etc.) ;
tension excessive sur l'aponévrose plantaire [12]. Or, • enfin, les radiographies ne révèlent pas d'excès de
les muscles GC sont en connexion avec le 1er rayon par longueur des métatarsiens (figure 9.2).
l'intermédiaire de l'aponévrose plantaire dont le chef La métatarsalgie est la pathologie de l'avant-pied
médial, le plus épais, s'insère sur la plaque plantaire pour laquelle il y a le plus de références quant au béné-
du 1er rayon. fice de l'allongement des GC [3-5,14-17].
La tension sur celle-ci a pour conséquence une rai- Du point de vue pédobarographique, l'allongement
deur en flexion dorsale (hallux limitus) [13] ou un HV proximal du GC médial corrige les paramètres liés à la
s'il existe déjà une déviation de l'hallux.
En effet, l'excès de contrainte sur l'avant-pied engen-
dré par une rétraction des GC peut aggraver une dévia-
tion de l'hallux, avec notamment une exagération de
Kinésithérapie
Les étirements passifs et activopassifs sont les plus cou-
ramment utilisés. La technique excentrique (freinage
de la descente du talon quand le pied est sur le bord Figure 9.4. .
d'une marche) est l'une d'elles. Leur action est plus ou Ténotomie des fibres blanches du gastrocnémien médial.
moins efficace à court terme et l'observance du patient © Cazeau C. Chirurgie mini-invasive percutanée du pied, 2e ed.
est difficile à contrôler. L'efficacité n'est certainement Sauramps Medical, 2015.
pas pérenne [22]. La kinésithérapie doit toujours être
employée de principe devant une rétraction des GC ; au début du xxe siècle, qui était une ténotomie des
cependant, face à une rétraction importante et chez un muscles GC médial et latéral réalisée chez l'enfant
patient dont on pressent qu'il ne réalisera pas correc- atteint de troubles neurologiques.
tement ses étirements, on peut proposer d'emblée un L'allongement est intramusculaire car on ne coupe
allongement chirurgical. que les fibres blanches, donc il n'y a pas d'interrup-
tion de la continuité musculaire. La ténotomie du GC
médial suffit [26,27] car la ténotomie du GC latéral
Allongements chirurgicaux n'apporte pas de gain supplémentaire en flexion dor-
Il existe 3 niveaux d'allongement : proximal, intermé- sale de cheville [27].
diaire et distal. La technique proximale est généralement réalisée
Les indications dépendent certes des habitudes et des de façon bilatérale et concomitante d'un geste sur
convictions des opérateurs mais également de l'impor- l'avant-pied ou de façon isolée à la place de celui-ci.
tance du gain que l'on souhaite obtenir, de la nécessité Le patient est installé en décubitus ventral. L'incision
ou non d'une immobilisation postopératoire si on l'as- est longue de 3 cm au niveau de la partie médiale du
socie à une chirurgie du pied, de l'aspect pratique par creux poplité, débutant à 1 cm en latéral par rapport à
rapport à l'installation du patient. Plus l'allongement la fossette médiale. La graisse sous-cutanée est écartée,
plus importante. Cependant, elle a l'avantage d'être peut être un problème étant donné qu'elle peut se
réalisée en position de décubitus dorsal. rompre secondairement à la reprise de la marche car
c'est le seul élément aponévrotique persistant après la
section de la lame des GC et du soléaire.
Allongement distal, technique de Strayer
[30]
Que nous apprend la littérature ?
C'est la ténotomie de la lame aponévrotique des
muscles GC (figure 9.6). Elle peut intéresser aussi, Depuis une vingtaine d'années, de nombreux tra-
selon l'anatomie du sujet, la section de l'aponévrose vaux se sont intéressés à ces techniques d'allonge-
du soléaire dont la zone de rattachement aux GC peut ment des GC mais le niveau de preuve et les grades
être très étendue en hauteur, rendant impossible le de recommandation sont faibles [32-34], puisqu'il
clivage entre ces deux structures. Cela fait que cette n'existe aucune étude de niveau 1 ou 2 pour affirmer
technique peut ne pas être un allongement pur des GC. qu'un allongement des GC améliore le résultat d'une
c hirurgie de l'avant-pied ou est efficace sur une patho- au niveau de la jambe pour une douleur située sous le
logie de l'avant-pied. pied) ;
Au niveau de l'avant-pied, on retrouve 4 études de • de façon plus relative : présence d'autres signes liés
niveau 3 [3,5,35,36], 2 études de niveau 4 [15,16] et à la rétraction dont on peut raisonnablement espérer
2 études de niveau 5 [17,21]. une amélioration après allongement chirurgical (ten-
Deux études de niveau 3 ne concluent pas à l'effi- sions postérieures).
cacité de l'allongement sur les métatarsalgies mais
attestent de la non-perturbation de la marche après À quel niveau faire l'allongement
allongement des GC [35,36].
L'étude de Morales-Muñoz montre une résolution des gastrocnémiens ?
des métatarsalgies de l'ordre de 70 % après allonge-
ment proximal du GC médial [3], en accord avec la Pour traiter une métatarsalgie
série de Colombier [4]. En pratique, ces résultats sont Les 3 niveaux peuvent être utilisés. Le distal est le
très utiles car ils permettent de proposer une chirur- plus puissant donc peut être réservé aux rétractions
gie plus logique, moins invasive par rapport à des les plus importantes mais il est difficile de donner une
ostéotomies métatarsiennes, et efficace sur d'autres limite chiffrée de déficit de flexion dorsale de che-
symptômes liés à la rétraction des GC. Le recours aux ville. Concernant le niveau d'allongement, nous man-
ostéotomies métatarsiennes reste envisageable en cas quons d'éléments pour connaître les inconvénients
d'échec de l'allongement musculotendineux. Dans la de l'allongement intermédiaire (Bauman) mais nous
série de Morales-Muñoz, ces échecs survenaient fré- savons que l'allongement proximal donne moins de
quemment chez des patients ayant des métatarsiens complications que les gestes distaux.
latéraux longs où les ostéotomies de recul doivent être
privilégiées.
La série de Slullitel ne donne pas de résultats sur
l'allongement de type Bauman [17], tandis que celle
de Maskill, utilisant l'allongement distal selon Strayer,
révèle une amélioration significative des métatarsal-
gies sur une cohorte limitée de patients (6 cas) [16].
Enfin, l'article de Barrett rapporte un cas de névrome
de Morton des 2e et 3e espaces traité avec succès par
allongement endoscopique distal [21].
L'allongement du triceps peut aussi aider à la cicatri-
sation des maux perforants plantaire [6-8].
En pratique, devant une métatarsalgie, l'indication
d'un allongement des GC doit être posée sur plusieurs
critères : Figure 9.7. Hallux valgus modérés.
• présence d'un signe de Silfverkiold ;
• absence d'excès de longueur des métatarsiens laté-
raux. S'il y a des métatarsalgies avec des métatar-
La meilleure preuve de l'efficacité de l'allongement qualité du résultat dépend d'une stricte sélection des
des GC réside dans les bons résultats obtenus sur patients.
les métatarsalgies à métatarsiens latéraux courts. La
Références
[1] DiGiovanni CW, Kuo R, Tejwani N, Price R, Hansen Jr ST, [20] Pérez-Muñoz I, Escobar-Antón D, Sanz-Gómez TA. The role.
Cziernecki J, et al. Isolated Gastrocnemius tighness. J Bone of Weil and triple Weil osteotomies in the treatment of pro-
Joint Surg (Am) 2002;84:962–70. pulsive metatarsalgia. Foot Ankle Int 2012;33:501–6.
[2] Amis J. The gastrocnemius. A new paradigm for the human [21] Barrett SL, Jarvis J. Equinus Deformity as a Factor in Forefoot
foot and ankle. Foot and ankle clinics 2014;19:637–47. Nerve Entrapment : Treatment with Endoscopic Gastrocne-
[3] Morales-Muñoz P, De Los Santos Real R, Barrio Sanz P, Pérez mius Recession. J Am Podiatr Med Assoc 2005;95:464–8.
JL, Varas Navas J, Escalera Alonso J. Proximal Gastrocnemius [22] Rodineau J. Stratégie thérapeutique médicale dans les rétrac-
Release in the Treatment of Mechanical Metatarsalgia. Foot tions des triceps suraux. In: Barouk LS, Barouk P, editors.
Ankle Int 2016;37:782–9. Brièveté des gastrocnémiens, de l'anatomie au traitement.
[4] Colombier JA. Métatarsalgies. In: Barouk LS, Barouk P, edi- Montpellier: Sauramps; 2012. p. 329–38.
tors. Brièveté des gastrocnémiens, de l'anatomie au traitement. [23] Barouk LS, Barouk P. Libération proximale des gastrocné-
Montpellier: Sauramps; 2012. p. 231–9. miens. In: Reconstruction de l'avant-pied. Paris: Springer;
[5] Phisitkul P, Rungprai C, Femino JE, Arunakul M, Amendola 2005. p. 158–67.
A. Endoscopic Gastrocnemius Recession for the Treatment of [24] Barouk P. Technique, indications, and results of proxi-
Isolated Gastrocnemius Contracture : A Prospective Study on mal medial gastrocnemius lengthening. Foot Ankle Clin
320 Consecutive Patients. Foot Ankle Int 2014;35:747–56. 2014;19:795–806.
[6] Laborde JM. Neuropathic plantar forefoot ulcers treated with [25] Silfverskiold N. Reduction of the uncrossed two-joints muscles
tendon length-enings. Foot Ankle Int 2008;29:378–84. of the leg to one-joint muscles in spastic conditions. Acta Chir
[7] Laborde JM. Midfoot ulcers treated with gastrocnemius- Scand 1923;56:315–30.
soleus recession. Foot Ankle Int 2009;30:842–6. [26] Barouk P. Comparaison de deux types de libération proximale
[8] Dayer R, Assal M. Chronic diabetic ulcers under the first meta- des gastrocnémiens médial et latéral, versus gastrocnémien
tarsal head treated by staged tendon balancing : a prospective médial isolé. Med Chir Pied 2006;22:156.
cohort study. J Bone Joint Surg Br 2009;91:487–93. [27] Manzi G, Bernasconi A, Lopez J, Brilhault J. Ankle dorsiflexion
[9] Cazeau C, Stiglitz Y. Effects of gastrocnemius tightness on after isolated medial versus complete proximal gastrocnemius
forefoot during gait. Foot Ankle Clin 2014;19:649–57. recession : A cadaveric study. Foot (Edinb) 2021;49, 101842.
[10] Barouk P, Barouk LS. Clinical diagnosis of gastrocnemius
[28] Busquets R, Sanchez-Raya J, Sallent A, Maled I, Duarri G.
tightness. Foot Ankle Clin 2014;19:659–67. Proximal medial gastrocnemius release : Muscle strength eva-
[11] Barouk LS. The effect of gastrocnemius tightness on the
luation. Foot Ankle Surg 2020;26:828–32.
pathogenesis of juvenile hallux valgus. A preliminary study [29] Herzenberg JE, Lamm BM, Cornin C. SE- Kell J, Isolated
Foot Ankle Clin 2014;19:807–22. recession of the gastricnemius muscle. The Bauman procedure
[12] Huerta JP. Brièveté des gastrocnémiens et son effet sur l'apo- Foot Ankle Int 2007;28:1154–9.
névrose plantaire et le comportement sagittal. In: Barouk LS, [30] Strayer LM. Recession of the gastrocnemius; an operation to
Barouk P, editors. Brièveté des gastrocnémiens, de l'anatomie relieve spastic contracture of the calf muscles. J Bone Joint
au traitement. Montpellier: Sauramps; 2012. p. 119–40. Surg Am 1950;32:671–6.
[13] Maceira E, Monteagudo M. Functional hallux rigidus and
[31] Tennant JN, Amendola A, Phisitkul P. Endoscopic gastrocne-
La polyarthrite rhumatoïde est le plus fréquent des synovial, créant des encoches limitées ou plus étendues
rhumatismes inflammatoires chroniques avec une pouvant être confluentes, plus à distance de l'articula-
prévalence de 0,5 à 1 % [1] et un taux d'incidence tion. Ces ostéolyses à type de macrogéode métaphyso
annuelle estimé à 50 000 à 100 000 nouveaux cas par épiphysaire peuvent engendrer des pertes de substance
an aux États-Unis et 200 000 patients diagnostiqués en parfois marquées pouvant perturber théoriquement la
France [2]. L'atteinte de l'avant-pied est extrêmement consolidation osseuse et qui, en pratique, se comblent
fréquente dans cette affection, concernant 90 % des très souvent après ostéotomie ou arthrodèse.
polyarthrites à la phase d'état et étant révélatrice dans L'atteinte articulaire prédomine sur les rayons
15 à 20 % des cas [3-6]. La moitié des patients au latéraux où elle peut être révélatrice du rhumatisme
stade initial de la maladie présentent des signes, même inflammatoire [1,6]. Les articulations, du fait de l'alté-
minimes, d'atteinte de l'avant-pied [7] qui altèrent ration capsuloligamentaire, deviennent instables et se
leur qualité de vie [4,8]. Le traitement chirurgical de déforment sous l'action des contraintes mécaniques,
référence est l'arthrodèse métatarsophalangienne de musculaires et de la marche. La polyarthrite apparaît
l'hallux associée à la résection-alignement métatar- alors comme une arthrose rapidement destructrice,
sienne des rayons latéraux [5,9]. Les progrès subs- obéissant aux règles de la mécanique dégénérative
tantiels de la prise en charge médicale, en particulier classique. La polyarthrite ne se limite pas au tissu
médicamenteuse avec l'utilisation du méthotrexate, synovial et altère les tendons, les fascias et les muscles
puis des traitements biologiques comme les anti-TNF striés avec une myosite. Il existe également une atteinte
(tumor necrosis factor), les antagonistes de l'IL-1 ou vasculaire avec vascularite qui, associée à la cortico-
6 (interleukines), les inhibiteurs des Janus-kinase ou thérapie, entraîne une atrophie du capiton plantaire
des lymphocytes B, ont profondément modifié l'évo- [6,13]. Ce n'est finalement qu'à un stade tardif que le
lution de la maladie en réduisant la gravité des lésions cartilage lui-même finit par être altéré du fait de fac-
destructrices. C'est à ce titre que la chirurgie articu- teurs inflammatoires tout autant que mécaniques.
laire conservatrice est apparue dès 1983 [10] et sur-
tout en 1997 [11], puis en France avec les travaux de Clinique
L.S. Barouk publiés en 2007 [12].
Malgré les importants progrès du traitement médical,
Physiopathologie et en particulier ses effets bénéfiques sur la synovite
qui disparaît au moins au sens histologique du terme
La polyarthrite rhumatoïde crée une inflammation [12], on observe malgré tout des déformations de
chronique diffuse de l'ensemble des composants du l'avant-pied dont l'atteinte dégénérative et mécanique
pied. La synovite est le point de départ de l'affection peut être concomitante. La plus classique est une cli-
pouvant être articulaire mais aussi ténosynoviale et nodactylie dorsale et latérale des rayons latéraux asso-
bursale, en clair dans tout secteur comportant du tissu ciée à un hallux valgus et à des griffes des orteils qui
synovial (figure 10.1). Elle exerce un effet destructeur, sont subluxés, donnant un avant-pied dit triangulaire
en particulier au niveau des éléments stabilisateurs que [3,4,6,14]. L'affection est bilatérale, théoriquement
sont les ligaments, la capsule articulaire et la plaque symétrique mais les règles de la mécanique posturolo-
plantaire. Cette synovite est également responsable de gique font que de nombreux avant-pieds sont asymé-
destruction osseuse, initialement au point de réflexion triques, aussi bien dans la gravité des lésions que dans
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
128 Christophe Piat, Nicolas Cellier
Traitement chirurgical Traitement de l'hallux © 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
offre pour avantages une correction stable et pérenne Un excès de flexion dorsale favorise l'apparition de
de la déformation associée à une réduction significa- métatarsalgies de transfert et d'une griffe rapidement
tive de la symptomatologie douloureuse. Le taux de fixée de l'hallux.
pseudarthrodèses est compris entre 0 et 30 % [4] dont Par ailleurs, au-delà de la satisfaction habituellement
le retentissement clinique et la nécessité d'une reprise affichée par les opérés polyarthritiques souvent âgés,
chirurgicale sont variables selon les auteurs [8]. Par multiopérés avec une demande fonctionnelle modérée,
ailleurs, le repositionnement de l'hallux aide logique- on observe dans certaines séries seulement 47 % de
ment à la stabilisation des MTP latérales mais il existe patients indolores [17,18].
des cas où la perte de correction ou la déformation
n'intéresse que les rayons latéraux (figure 10.5). Sa
fiabilité à moyen et long terme (figure 10.6) a été rap- Chirurgie conservatrice du 1er rayon
portée par de nombreuses études [4,7-9,17] avec des Dans la mesure où d'une part le traitement médical a
résultats jugés satisfaisants dans 90 % des cas [9,18]. permis de largement freiner l'évolution de la maladie
Ses inconvénients sont ceux de l'arthrodèse MTP1, et où d'autre part les déformations observées obéissent
à savoir les conséquences sur la marche de l'absence aux lois de la mécanique générale du pied, et surtout
de mobilité articulaire, la possibilité de détérioration à du fait que nous disposons actuellement d'intervention
long terme de l'articulation interphalangienne de l'hal- à fortes capacités correctrices comme les ostéotomies
lux [14], le raccourcissement du 1er rayon mal toléré métatarsiennes ou l'intervention de Lapidus, il paraît
sur un pied grec et l'absence de réduction du métatar- logique de faire appel à des interventions qui permettent
sus varus (angle M1-M2) qui, malgré une correction de conserver l'articulation MTP1. Elles ont comme
importante de l'angle M1-P1, n'est réduit que de 2 à avantages de maintenir naturellement la mobilité, ce
4° [4,9,18]. qui permet de compenser la détérioration arthritique
Enfin, les difficultés de positionnement de l'arthro- ou arthrosique des articulations sus-jacentes, en par-
dèse, en particulier dans le plan sagittal, peuvent ticulier de celles synergiques comme la tibiotalienne.
conduire à un excès de flexion plantaire qui aboutit à Elles permettent d'améliorer la marche, le déroulé du
une dislocation interphalangienne dorsale et au déve- pas, ainsi que le chaussage. Elles sont efficaces sur la
loppement d'un durillon très douloureux sur la tête correction de tous les critères radiologiques d'un hal-
de P1. lux valgus, en particulier les angles M1-P1, M1-M2 et
Figure 10.5. Hallux valgus rhumatoïde avec pas ou peu de déstabilisation latérale (A).
B. Radiographie à 3 ans, bon résultat sur l'hallux mais apparition ou aggravation d'une clinodactylie subluxante des MTP 2-3.
Figure 10.6. Déformation rhumatoïde majeure avec luxation de toutes les articulations métatarsophalangiennes (A).
B. Aspect à 3 ans après arthrodèse de la MTP1 et réalignement par résection des têtes latérales.
sur le recentrage sésamoïdien. Elles ont également les tarsus varus corrigé de 14 à 8° (figure 10.7). Le taux
mêmes suites opératoires qu'une arthrodèse, à savoir de récidive est évalué entre 7 et 10 % [5] et il existe un
une reprise immédiate de l'appui sous couvert d'une lien statistique entre la qualité du résultat fonctionnel
chaussure postopératoire. Cette chirurgie conserva- et la récidive de la déformation [19]. Les pertes de cor-
trice permet également une reprise opératoire en cas rection seraient par ailleurs plus marquées après ostéo-
de récidive par une nouvelle ostéotomie, un Lapidus ou tomie en chevron [20]. Tous les auteurs soulignent
cette fois une arthrodèse MTP1. Les inconvénients de également un nombre important d'infections, qu'elles
la chirurgie conservatrice sont la possibilité, au moins soient superficielles ou profondes, pouvant atteindre
théorique, d'avoir des douleurs persistantes, un délai de 15 % des cas.
récupération généralement plus long, la nécessité d'une Ont également été décrits un enraidissement arti-
rééducation plus soutenue, la possibilité de développer culaire modéré peu symptomatique [21], une dété-
un hallux varus [12,19], et plus encore une récidive de rioration arthritique cartilagineuse traduite par une
la déformation, un enraidissement articulaire, enfin augmentation du grade dans la classification de Larsen
une destruction du cartilage articulaire MTP1 du fait de la MTP1 et même de l'IP de l'hallux [5,14,20], alors
de l'évolutivité de la polyarthrite, de la survenue d'une qu'un autre auteur observe une amélioration de l'état
infection ou par chondrolyse d'autre origine. articulaire [12].
Les interventions conservatrices sont soumises aux Pour L.S. et P. Barouk, la grande majorité des échecs
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
aléas de la consolidation, surtout chez les sujets ayant fonctionnels et anatomiques sont observés sur des hal-
une ostéopénie et une ostéopathie liées à la maladie lux valgus évolués dont l'angle M1P1 préopératoire
rhumatismale ou à son traitement. Les ostéotomies de était supérieur à 40° [12].
Scarf sont parmi les plus utilisées [5,12,14,19-22] mais
des ostéotomies de type Chevron, Ludloff ou Mann
ont également été rapportées ainsi que des interven- Intervention de Lapidus
tions de Lapidus [23,24]. Les principales publications Elle semble également donner des résultats satis-
rapportent des séries de 20 à 90 patients opérés et faisants au recul de 6 ans, avec une forte puissance
revus à plus de 3 ans de recul. Les résultats appa- correctrice radiologique du fait de son point d'action
raissent satisfaisants en termes de fonction, de score proximal, l'hallux valgus moyen passant de 50 à 10°
AOFAS, de douleur (EVA), de résultats subjectifs dans et l'angle M1-M2 de 15 à 5° mais probablement avec
plus de 80 % des cas. La correction des critères radio- un délai de récupération plus long [23,24] et un risque
graphiques se traduit par une réduction de l'angle infectieux majoré par l'utilisation fréquente de plaque
M1-P1 dont la moyenne passe de 40 à 14° et du meta- vissée.
inflammatoire chronique mais aussi de leur traitement chirurgie, il faut vérifier la vascularisation périphérique
(en particulier les biothérapies), ils sont relativement par la température cutanée, la coloration, la palpation
âgés, avec de nombreuses comorbidités. L'avant-pied des pouls périphériques et, en cas de doute, par un
est rarement atteint de façon isolée et l'indication doppler artériel avec mesure des pressions distales à la
doit donc tenir compte de l'éventuelle atteinte conco- recherche d'une artérite et/ou d'une vascularite [6,13].
mitante de la hanche, du genou, et plus encore de Parmi les comorbidités, il faut vérifier l'absence de dia-
l'arrière-pied, avec des déviations le plus souvent en bète, et s'il existe, la glycémie à jeun doit être inférieure
valgus et un effondrement de l'arche médiale, source à 6 μmol/L et le taux d'HbA1c (hémoglobine glyquée)
de contraintes supplémentaires dans l'avant-pied. si possible inférieur à 7 %.
Du fait du traitement et de la maladie, les polyar- Le tabagisme doit être idéalement cessé au moins
thritiques ont une réponse immunitaire très perturbée, 2 mois avant l'intervention et son arrêt effectif peut
les exposant à un risque de retard de cicatrisation, être vérifié par le dosage de la cotininurie. L'interven-
d'infection superficielle ou profonde. L'utilisation tion doit être le plus possible réalisée sous anesthésie
des biothérapies extrêmement répandue actuellement locorégionale par bloc périphérique, sans recourir à
expose particulièrement à ce risque. Il est donc clas- une intubation ou aux masques laryngés qui sont à
sique de cesser la plupart d'entre elles dans la période éviter chez ces patients au rachis cervical potentiel-
périopératoire pour prévenir le risque d'infection, lement instable, et permettre, par le bloc vasculaire,
avec l'inconvénient de voir la polyarthrite rebondir, une vasodilatation favorable à la cicatrisation cutanée
source de douleurs, avec des conséquences sur la réé- et à la consolidation osseuse. Malgré tout cela, on
ducation postopératoire, la reprise de l'appui, gênant déplore un taux de complication de 30 %, avec 15 %
la récupération et pouvant même altérer la qualité de d'infection, une série fait même état de 46 % de com-
la réduction obtenue, en particulier dans la chirurgie plications cutanées [6] avec comme facteur de risque
conservatrice. la durée de l'intervention [2]. L'antibioprophylaxie est
Il est classiquement admis que les traitements par systématiquement prescrite en préopératoire immédiat
corticostéroïdes, hydroxychloroquine, sels d'or et sur- avant gonflage du garrot et, pour certains auteurs [25],
tout méthotrexate ne doivent pas être arrêtés dans la elle doit être poursuivie pendant 24 à 36 heures en
période périopératoire [6,13,25] sauf en cas d'antécé- postopératoire, surtout chez les sujets à risque.
dent infectieux spontané ou postopératoire. Il en est de
même des AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens), Indications chirurgicales
rarement prescrits il est vrai, qui peuvent cependant
avoir un effet inhibiteur sur la consolidation osseuse, à Tous les patients ayant un avant-pied déformé et dou-
défaut de majorer le risque infectieux. Pour les autres loureux, résistant au traitement médical, mais dont la
biothérapies de type anti-TNF et inhibiteur de l'IL-1 maladie est contrôlée constituent une indication opé-
ou 6, les avis sont extrêmement divergents. ratoire [5], en particulier dans les cas où une prothèse
Certains auteurs [2,13,25] ne trouvant pas de majo- de genou ou de hanche est déjà implantée ou risque de
ration du risque cutané ou infectieux continuent à l'être à plus ou moins brève échéance, car il importe
prescrire ces traitements alors que d'autres ont observé dans ces cas d'éradiquer les foyers infectieux poten-
une nette augmentation des infections et préconisent tiels et l'avant-pied est bien sûr une cause d'infection
un arrêt du traitement en préopératoire durant 5 demi- toujours possible, en particulier avec les biothérapies.
Figure 10.9. Macrogéodes destructrices des métatarsophalangiennes 2-3 rendant difficile une chirurgie conservatrice (A).
B. Têtes métatarsiennes réséquées, très délabrées, rendant illusoire une chirurgie conservatrice.
Références
[1] Jaakkola JI, Mann RA. A review of rheumatoid arthritis affec- [15] van der Leeden M, Steultjens M, Dekker JHM, Prins APA,
ting the foot and ankle. Foot Ankle Int 2004;25:866–74. Dekker J. The relationship of disease duration to foot function,
[2] Dougherty CD, Hung YY, Weintraub MLR, Patel S, King CM. pain and disability in rheumatoid arthritis patients with foot
Osseous and Soft Tissue Complications Associated With Foot complaints. Clin Exp Rheumatol 2007;25:275–80.
and Ankle Surgery in Patients With Rheumatoid Arthritis [16] Takakubo Y, Wanezaki Y, Oki H, Naganuma Y, Shibuya J,
Taking a Variety of Antirheumatic Medications. J Foot Ankle Honma R, et al. Forefoot Deformities in Patients with Rheu-
Surg 2019;58:508–13. matoid Arthritis : Mid- to Long-Term Result of Joint-Preser-
[3] Trieb K, Hofstaetter SG, Panotopoulos J, Wanivenhaus A. The ving Surgery in Comparison with Resection Arthroplasty. Int J
Weil osteotomy for correction of the severe rheumatoid fore- Environ Res Public Health 2021;18:11257.
foot. Int Orthop 2013;37:1795–8. [17] Thomas S, Kinninmonth AWG, Kumar CS. Long-term results
[4] Bolland BJRF, Sauvé PS, Taylor GR. Rheumatoid forefoot of the modified Hoffman procedure in the rheumatoid fore-
reconstruction : first metatarsophalangeal joint fusion com- foot. Surgical technique. J Bone Joint Surg Am 2006;88 Suppl
bined with Weil's metatarsal osteotomies of the lesser rays. 1 Pt 1:149–57.
J Foot Ankle Surg 2008;47:80–8. [18] Reize P, Leichtle CI, Leichtle UG, Schanbacher J. Long-term
[5] Bhavikatti M, Sewell MD, Al-Hadithy N, Awan S, Bawarish results after metatarsal head resection in the treatment of rheu-
MA. Joint preserving surgery for rheumatoid forefoot defor- matoid arthritis. Foot Ankle Int 2006;27:586–90.
mities improves pain and corrects deformity at midterm fol- [19] Kushioka J, Hirao M, Tsuboi H, Ebina K, Noguchi T, Nam-
low-up. Foot (Edinb) 2012;22:81–4. pei A, et al. Modified Scarf Osteotomy with Medial Capsule
[6] Amin A, Cullen N, Singh D. Rheumatoid forefoot reconstruc- Interposition for Hallux Valgus in Rheumatoid Arthritis : A
tion. Acta Orthop Belg 2010;76:289–97. Study of Cases Including Severe First Metatarsophalangeal
[7] Loveday DT, Jackson GE, Geary NPJ. The rheumatoid foot and Joint Destruction. J Bone Joint Surg Am 2018;100:765–76.
ankle : current evidence. Foot Ankle Surg 2012;18:94–102. [20] Thordarson DB, Aval S, Krieger L. Failure of hallux MP pre-
[8] van der Heide HJL, Louwerens JWK. Reconstructing the rheu- servation surgery for rheumatoid arthritis. Foot Ankle Int
matoid forefoot. Foot Ankle Surg 2010;16:117–21. 2002;23:486–90.
[9] Whitt KJ, Rincker SA, Hyer CF. Sustainability of Forefoot [21] Hirao M, Ebina K, Tsuboi H, Nampei A, Kushioka J, Noguchi
Reconstruction for the Rheumatoid Foot. J Foot Ankle Surg T, et al. Outcomes of modified metatarsal shortening offset
2016;55:583–5. osteotomy for forefoot deformity in patients with rheumatoid
[10] Newman RJ, Fitton JM. Conservation of metatarsal heads in arthritis : Short to mid-term follow-up. Modern Rheumato-
surgery of rheumatoid arthritis of the forefoot. Acta Orthop logy 2017;27:981–9.
Scand 1983;54:417–21. [22] Nagashima M, Kato K, Miyamoto Y, Takenouchi K. A modi-
[11] Hanyu T, Yamazaki H, Murasawa A, Tohyama C. Arthro- fied Hohmann method for hallux valgus and telescoping
plasty for rheumatoid forefoot deformities by a shortening osteotomy for lesser toe deformities in patients with rheuma-
oblique osteotomy. Clin Orthop Relat Res 1997;338:131–8. toid arthritis. Clin Rheumatol 2007;26:39–43.
[12] Barouk LS, Barouk P. Joint-Preserving Surgery in Rheumatoid [23] Niki H, Hirano T, Okada H, Beppu M. Combination joint-
Forefoot : Preliminary Study with More-Than-Two-Year Fol- preserving surgery for forefoot deformity in patients with
low-Up. Foot Ankle Clin 2007;12:435–54. rheumatoid arthritis. J Bone Joint Surg Br 2010;92:380–6.
[13] Bibbo C. The Assessment and Perioperative Management of [24] Niki H, Hirano T, Akiyama Y, Mitsui H, Fujiya H. Long-term
Patients With Rheumatoid Arthritis. Techniques in Foot & outcome of joint-preserving surgery by combination metatarsal
Ankle Surgery 2004;3:126–35. osteotomies for shortening for forefoot deformity in patients
[14] Chao JC, Charlick D, Tocci S, Brodsky JW. Radiogra-
with rheumatoid arthritis. Mod Rheumatol 2015;25:683–8.
phic and clinical outcomes of joint-preserving procedures [25] Bibbo C. Wound healing complications and infection fol-
for hallux valgus in rheumatoid arthritis. Foot Ankle Int lowing surgery for rheumatoid arthritis. Foot Ankle Clin
2013;34:1638–44. 2007;12:509–24.
Le traitement chirurgical des métatarsalgies, douleurs propulsion, et augmente la pression sur les têtes méta-
de l'avant-pied situées sous une ou plusieurs têtes méta- tarsiennes. L'hallux, avec ses muscles puissants, est
tarsiennes, reste controversé, avec de nombreuses pro- essentiel dans la propulsion à la fin de la phase d'appui
cédures allant de la chirurgie extensive à des gestes plus du cycle de marche. L'action mécanique statique et
localisés adaptés aux symptômes et à l'évaluation cli- dynamique du 1er rayon est centrale dans l'apparition
nique et radiographique. La compréhension des causes de métatarsalgies médianes.
biomécaniques et anatomiques est indispensable pour
proposer un traitement adéquat. Facteurs d'hyperpression
La répartition des pressions plantaires, source
potentielle de métatarsalgies plus ou moins sévères, sur les têtes métatarsiennes
varie avec l'activité, l'âge, le chaussage, la souplesse Les charges et les pressions exercées sur les têtes méta-
des chaînes musculaires postérieures, et le morphotype tarsiennes dépendent de la longueur des métatarsiens
de l'avant-pied. Quatre-vingt-dix pour cent des méta- et de la position relative de leurs têtes par rapport au
tarsalgies ont une origine biomécanique. sol. Pour comprendre la pathomécanique des métatar-
Ce chapitre présente les bases physiopathologiques, salgies, il faut se rapporter au concept de pivot (« roc-
cliniques et d'imagerie qui conduisent à une solution ker ») issu des études de la marche [1].
thérapeutique chirurgicale au travers d'un algorithme • Le 2e rocker (pied totalement à plat au sol jusqu'au
décisionnel. soulèvement du talon lors de la marche) (10 à 30 % du
cycle de marche) est contrôlé par la contraction excen-
Quels sont les facteurs trique des gastrocnémiens. Pendant cette phase d'ap-
anatomiques et biomécaniques pui plantaire, si une ou plusieurs têtes métatarsiennes
responsables ? sont plus basses (par rapport au sol) que les autres, la
pression sur ces articulations MTP est augmentée, ce
L'élément causal fondamental des métatarsalgies est la qui génère des métatarsalgies dites « statiques » (non
répétition des forces et des pressions plantaires loca- propulsives). La position de la tête métatarsienne dans
lisées sur l'avant-pied pendant le cycle de la marche. le plan frontal dépend de deux facteurs : la pente méta-
tarsienne (flexion plantaire), liée à des facteurs anato-
Facteurs anatomiques miques constitutionnels ou acquis, et la mobilité des
métatarsiens, facteur fonctionnel, lié aux articulations
L'alignement des têtes métatarsiennes réalise une du Lisfranc. On peut distinguer trois unités fonction-
courbe harmonieuse décrite par Lelièvre. En charge, nelles au niveau du Lisfranc :
les cinq têtes métatarsiennes sont équidistantes du sol. – latérale (4e et 5e rayons) travaillant essentiellement
Leur angle d'inclinaison par rapport au sol diminue du en flexion dorsale (10 à 25 °) et contribuant au
1er métatarsien (20°) au 5e métatarsien (5°). Les méta- « freinage » latéral lors de la marche ;
tarsiens, reliés par des ligaments intermétatarsiens, – centrale (2e et 3e rayons), contrainte et ayant peu
agissent comme une unité fonctionnelle. Au niveau de mobilité, expliquant la fréquence des métatarsal-
des articulations métatarsophalangiennes (MTP), les gies centrales ;
tissus mous sont renforcés par les plaques plantaires – médiale (1er rayon), assurant la flexion plantaire (5
fibrocartilagineuses, structure de mise en charge fonc- à 10°) et la pronation indispensable à la propulsion
tionnelle, évitant la luxation dorsale de la phalange de l'hallux.
proximale (P1). Toute arthrose du Lisfranc surcharge les têtes méta-
Les orteils sont une extension fonctionnelle distale tarsiennes centrales.
des têtes métatarsiennes, toute déficience fonction- • Le 3e rocker (30 à 60 % du cycle de marche) cor-
nelle réduit l'absorption des chocs, la fonction de respond à la phase propulsive du cycle de marche (du
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
138 Yves Tourné, Jean-Luc Besse
• stade IV : elle est luxée et irréductible. MTP latérales. La classique qualitative « parabole de
Coughlin a également proposé une classification Lelievre » a été quantifiée par Maestro et Besse, qui ont
de l'instabilité latérale (clinodactylie) en quatre décrit différents morphotypes de l'avant-pied [8,9]. La
catégories : longueur relative de chaque métatarsien est déterminée
• synovite et déviation débutante (< 1/3) ; en traçant une ligne perpendiculaire à l'axe du pied et
• déviation modérée (2/3) ; en mesurant les distances en millimètres séparant les
• supraductus sans luxation (> 2/3) ; têtes métatarsiennes de cette ligne (SL-M4), en tenant
• supraductus et luxation. également compte de la relation entre la longueur de
L'examen clinique s'achève par une évaluation neu- M1 et celle du reste de l'avant-pied. Selon leurs cri-
rovasculaire soigneuse (pouls, sensibilité). tères, un morphotype radiologique « harmonieux » de
l'avant-pied est caractérisé par une ligne SL-M4 de
Examens d'imagerie « freinage-propulsion » de l'avant-pied (passant par le
centre du sésamoïde latéral, point pivot de l'hallux),
Radiographies perpendiculaire à l'axe du pied (sommet de la tête de
M2 – point médian de l'arrière-pied), passant par le
L'évaluation radiologique repose sur les radiogra-
centre de la 4e tête métatarsienne (figure 11.1) et asso-
phies standards en charge des deux pieds et des deux
ciée à une progression géométrique des métatarsiens
chevilles.
latéraux de rang 2. Considérant les longueurs relatives
• L'arrière-pied est analysé sur l'incidence de face de
de ces métatarsiens par rapport à la ligne dite SL-M4,
cheville de Méary (avec cerclage métallique de l'arrière-
ces auteurs ont décrit trois morphotypes non harmo-
pied ou 2 pièces métalliques sur les bords du talon) ou
nieux (figure 11.2) avec de nombreux sous-groupes
sur l'incidence de Saltzman [7]. Les clichés de face et
[10] :
de profil en charge des deux pieds sont suffisants pour
– les morphotypes « M2M3 long » (M2 long, M3
évaluer l'avant-pied. Avec le développement des clichés
long, M2M3 longs, M2M3 longs et M2 long) sont
numérisés, la visualisation homogène de l'ensemble du
caractérisés par une ligne SL-M4 restant centrée au
pied de face est aujourd'hui facile à obtenir et a rendu
tiers moyen de M4 mais avec une altération de la
inutile la technique de double exposition.
progression géométrique ;
• Le cliché de face peut confirmer l'hallux valgus,
– dans les morphotypes « hypoplasie M4M5 », la
la déviation latérale ou médiale des articulations
ligne SL-M4 passe distalement par rapport au tiers
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Figure 11.2. Exemples de morphotypes métatarsiens : morphotype normal harmonieux, morphotype M2 long, morphotype hypo-
plasie M4M5.
Les cercles blancs contiennent les valeurs des trois critères de Maestro.
© Besse JL. Treatment of Metatarsalgia. In Bentley G. European Instructional Lectures : volume 12, 2012, 13 th EFORT Congress, Berlin.
Springer ; 2012.
B
Figure 11.3. Protocole d'assouplissement des muscles gastrocnémiens.
© Carole Fumat.
soutenir l'arche plantaire médiale, reporter les appuis les ostéotomies métatarsiennes sont très en vogue, la
en amont des têtes métatarsiennes, réduire localement chirurgie ne se limite pas aux gestes osseux.
les hyperappuis.
Le port d'orthèses plantaires diminue la charge sur
les têtes métatarsiennes, redistribue harmonieusement Allongement des muscles
la pression plantaire [17,18] et réduit les métatarsal- gastrocnémiens
gies [19]. Elles comportent une barre d'appui (ou une
pelote) rétrocapitale, associée éventuellement à une Son objectif est de réduire l'équin dynamique respon-
cuvette d'exclusion sous la ou les têtes métatarsiennes sable des métatarsalgies sans affaiblir la force du muscle
douloureuses. soléaire. On peut soit allonger la lame aponévrotique
Les orthoplasties d'orteils réalisées sur mesure en des gastrocnémiens au niveau du triceps soit faire une
élastomère de silicone peuvent y être associées en cas libération proximale du gastrocnémien médial. Il cor-
de griffes d'orteils. respond au 2e rocker du cycle de la marche.
• Décrite initialement par Strayer comme traitement • Pour éviter l'hyperextension secondaire de l'arti-
de la spasticité, l'allongement de la lame a ponévrotique culation IPD, Pisani a proposé de transférer le court
des gastrocnémiens peut être proposé comme traite- fléchisseur des orteils (au lieu du LFO) sur l'extenseur
ment des métatarsalgies associées à une rétraction des [25]. Plusieurs variantes techniques ont été décrites
gastrocnémiens [20]. Par une voie d'abord postéromé- telles le transfert trans-P1 du LFO sur l'extenseur ;
diale au tiers moyen de la jambe, centrée sur le muscle mais le réglage de la tension du transfert reste difficile.
gastrocnémien médial, la lame aponévrotique est Leemrijse et al. ont proposé de faire une ténodèse du
exposée et sectionnée transversalement (figure 11.4). LFO en le fixant avec une ancre dans la base plantaire
La marche peut être reprise précocement, associée à de P1, orteil en extension [26]. Ces transferts peuvent
des exercices d'étirements ; une attelle nocturne en être associés à une ostéotomie métatarsienne raccour-
position neutre est maintenue pendant 4 à 6 semaines. cissante en cas de luxation MTP fixée.
• La libération proximale des gastrocnémiens, décrite
par Barouk [21], est une alternative à l'allongement Suture de la plaque plantaire
de la lame aponévrotique au niveau du mollet. En
pratique, la libération isolée du gastrocnémien médial • En s'appuyant sur une évaluation précise des
est suffisante, son insertion proximale est beaucoup lésions de la plaque plantaire par arthrographie, et
plus développée que celle du gastrocnémien latéral. La plus récemment par IRM ou échographie, des auteurs
marche est reprise immédiatement après l'intervention. ont proposé une suture directe de la plaque plantaire
par un abord plantaire arciforme avec ouverture de
Transferts et gestes tendineux la gaine des fléchisseurs [27]. Peu de résultats ont été
publiés, mais cette technique pourrait être intéressante
• Pour corriger les griffes d'orteils associées, il peut dans certains cas sélectionnés d'instabilité sans réelle
Ostéotomie de Weil
L'ostéotomie distale cervicocéphalique, décrite par
Weil en 1991 et promue en France par Barouk [42], est
devenue la plus populaire en Europe, elle est largement
utilisée mais source de nombreuses controverses.
La voie d'abord est soit longitudinale, soit trans-
versale dorsale. Chaque articulation MTP est expo-
sée de façon mini-invasive entre les tendons long et
court extenseurs des orteils, sans allonger les tendons
ni couper les ligaments collatéraux, excepté dans les
cas de luxation irréductible ou les dislocations axiales
nécessitant une arthrolyse plus ou moins étendue. La
coupe doit être la plus horizontale possible, associée
à un désépaississement par double coupe lorsque le
raccourcissement est supérieur à 4 mm pour éviter la
plantarisation de la tête et améliorer la fonction des
muscles intrinsèques (figure 11.5).
L'ostéotomie de Weil doit être planifiée en mesurant
les rapports de longueur relative des têtes métatar-
siennes selon Maestro [12] afin d'éviter toute hypo-
correction source de récidive ou d'hypercorrection et
de métatarsalgies de transfert (figure 11.6) ; le concept
de recul automatique adaptatif de la tête métatar- Figure 11.6. Exemple de iatrogénie avec les ostéotomies de
sienne a été abandonné par la plupart des auteurs. Une Weil par non-respect de la courbe de Maestro lors du recul
translation latérale ou médiale dans la concavité de la programmé des têtes métatarsiennes.
Récidive de l'hallux valgus.
déformation peut être associée au raccourcissement proche percutanée est faite par une mini-incision dor-
pour corriger une clinodactylie [43]. L'ostéotomie est sale médiane (ou latérale) en regard du col métatarsien,
fixée par une vis sécable ou une vis de 2,5 mm canu- parallèlement au tendon extenseur. L'élévateur est
lée ; la fixation décrite initialement par une broche introduit pour préparer et dénuder le bord sous-capi-
filetée recoupée a été abandonnée. Un bandage semi- tal du col métatarsien et sa face supérieure. La fraise
compressif de type strapping maintenant les articula- motorisée orientée à 45° est introduite au niveau méta-
tions MTP en flexion plantaire est appliqué pendant physo-épiphysaire. Avec un mouvement circulaire, la
3 semaines. L'appui immédiat complet est autorisé fraise découpe successivement les corticales médiale,
avec une chaussure postopératoire à semelle rigide et plantaire, latérale et enfin dorsale du métatarsien
barre de roulement pendant 4 semaines. (figure 11.7). En fonction de l'orientation de la fraise
De nombreuses publications ont rapporté l'efficacité motorisée par rapport à l'axe du métatarsien, il est
de cette technique pour traiter les métatarsalgies asso- possible de moduler l'effet souhaité de relèvement et/
ciées à un excès de longueur des métatarsiens [44-47] ou de raccourcissement. L'ostéotomie n'est pas fixée,
La raideur, principale complication [48], est observée la technique repose sur le concept d'« auto-réglage »
dans 12 à 30 % des séries étudiées, associant une limi- par appui précoce avec une chaussure à semelle rigide.
tation de la flexion dorsale et plantaire et le flopping Comme pour l'ostéotomie de Weil, un bandage spéci-
toe des Anglo-Saxons [49]. Cette raideur aux causes fique est maintenu 4 semaines.
plurifactorielles peut être prévenue par une chirurgie Peu de publications référencées démontrent la supé-
mini-invasive avec un abord limité, un désépaississe- riorité de cette technique. Nous avons rapporté la
ment avec une double coupe, et surtout une réédu- première étude, sur 72 patients, comparant ostéoto-
cation postopératoire quotidienne pendant plusieurs mie de Weil et DMMO effectuée sur les 3 ou 4 méta-
mois, à enseigner au patient. Mais il ne faut pas oublier tarsiens latéraux [53]. Il n'y avait aucune différence
que tout recul de la tête métatarsienne, quelle que pour le score AOFAS, les métatarsalgies résiduelles et
soit la technique employée, entraîne une insuffisance les amplitudes articulaires MTP à 1 an. Cependant, la
intrinsèque liée au raccourcissement et peut créer un récupération postopératoire était plus longue après
dysfonctionnement des muscles extrinsèques, expli- DMMO à cause de l'œdème (58 vs 29 %) et des méta-
quant le rôle essentiel de l'auto-rééducation prolongée tarsalgies résiduelles (24 vs 7 %) à 3 mois. Aucune
de renforcement des muscles intrinsèques et l'amélio- pseudarthrose n'avait été observée mais le temps de
ration progressive des phénomènes de raideur avec le consolidation était plus long avec les DMMO, expli-
temps et à plus de 1 an après l'intervention [50]. quant l'œdème et les douleurs plus prolongées. Radio-
Pour certains auteurs, la suture de la plaque plan- logiquement, les ostéotomies DMMO avaient entraîné
taire améliorerait les résultats de l'ostéotomie de Weil un recul identique des 3 rayons latéraux d'environ
par rapport à ceux d'une ostéotomie de Weil isolée 4 mm, laissant persister les morphotypes dysharmo-
[51]. nieux préexistants mais le plus souvent asymptoma-
tiques, alors qu'après ostéotomie de Weil, le recul était
conforme à la planification.
Ostéotomie DMMO À la différence d'autres études publiées [49,54], les
Depuis 15 ans en Espagne [52] et plus récemment en bonnes amplitudes articulaires MTP rapportées après
France, l'ostéotomie métatarsienne distale percuta- ostéotomie de Weil dans les séries de Besse et de Devos
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
née (distal metatarsal minimal invasive osteotomy ou [44] sont probablement liées à la technique « mini-
DMMO) s'est développée, et tend à remplacer celle de invasive » d'ostéotomie de Weil et au protocole d'auto-
Weil. Est-ce une nouvelle mode : après la Weil « mania » rééducation intensif des deux équipes.
(1990-2000), la percutanée « mania » ? On peut cer- Comme toute ostéotomie de l'avant-pied, les ostéo-
tainement comparer l'enthousiasme, suivi des écueils tomies DMMO ont leur propre iatrogénie potentielle :
d'une nouvelle technique, des promoteurs du Weil à élévation incontrôlée induisant des métatarsalgies de
celui des promoteurs de la DMMO. Cet engouement transfert sous M1 et M5 (après DMMO des 2e, 3e,
est en partie corrélé à l'apparente simplicité de la tech- 4e rayons), cals vicieux en flexion plantaire, récidives
nique et à sa rapidité d'exécution, facteur économique d'hallux valgus (après chirurgie associée du 1er rayon)
actuellement non négligeable. liées à la translation latérale fréquente des têtes méta-
L'instrumentation spécifique comprend une lame tarsiennes après DMMO, pseudarthroses (figure 11.8),
de scalpel n° 11, une rugine spécifique (« décolleur ») mais un certain nombre de précautions pré et posto-
pour la chirurgie percutanée et une fraise motorisée pératoires doivent en limiter les effets [55]. Haque a
à vitesse de rotation lente (< 8 000 tours/min). L'ap- récemment rapporté d'excellents résultats fonctionnels
Figure 11.11. Métatarsalgies de transfert par instabilité de l'articulation cunéo-métatarsienne du 1er rayon (A) et metatarsus ele-
vatus de M1 après fracture basale de M1 sur ostéotomie de Scarf (B).
Références
[1] Kirtley C. Clinical gait analysis/Theory and practice. Oxford: [20] Maskill JD, Bohay DR, Anderson JG. Gastrocnemius recession
Churchill-Livingstone, Elsevier; 2006. to treat isolated foot pain. Foot Ankle Int 2010;31:19–23.
[2] Dockery GL. Evaluation and treatment of metatarsalgia and [21] Barouk LS, Barouk P. Libération proximale des gastrocné-
keratic disorders. In: Myerson MS, editor. Foot and ankle miens. In: Reconstruction de l'avant-pied. Paris: Springer-Ver-
disorders. Saunders Company: Philadelphia; 2000. p. 359–77. lag France; 2006. p. 158–67.
[3] Silfverskiold N. Reduction of the uncrossed two-joints muscles [22] Haddad SL, Sabbagh RC, Resch S, Myerson B, Myerson MS.
of the leg to one-joint muscles in spastic conditions. Acta Chir Results of flexor-to-extensor and extensor brevis tendon trans-
Scand 1924;56:315–30. fer for correction of the crossover second toe deformity. Foot
[4] Denis A, Huber-Levernieux CL, David A. Syndrome doulou- Ankle Int 1999;20:781–8.
reux du 2ème rayon métatarso-phalangien. In: L'actualité [23] Thompson FM, Deland JT. Flexor tendon transfer for meta-
rhumatologique présentée au praticien. Expansion scientifique tarsophalangeal instability of the second toe. Foot Ankle
Française; 1979. 1993;14:385–8.
[5] Mann RA, Mizel MS. Monoarticular nontraumatic synovitis [24] Myerson MS, Jung HG. The role of toe flexor-to-extensor
of the metatarsophalangeal joint : a new diagnosis. Foot Ankle transfer in correcting metatarsophalangeal joint instability of
1985;6:18–21. the second toe. Foot Ankle Int 2005;26:675–9.
[6] Thompson FM, Hamilton WG. Problems of the second meta- [25] Pisani G. Trasposizione del flessore superficiale di 2/3/4/5 dito
tarsophalangeal joint. Orthopedics 1987;10:83–9. alla falange basale pro interossei. In: Trattato di Chirurgia del
[7] Saltzman CL, El-Khoury GY. The hindfoot alignment view. piede. Turin: Minerva medica; 1990. p. 29.
Foot Ankle Int 1995;16:572–6. [26] Valtin B, Leemrijse T. Toe pathology : clinic and surgical treat-
[8] Besse JL, Maestro M, Berthonnaud E, Langlois F, Meloni A, ment. In: Leemrijse TH, Valtin B, editors. Pathologie du pied et
Bouharoua M, et al. Caractéristiques radiologiques de l'avant- de la cheville. Paris: Elsevier Masson; 2009. p. 227–42.
pied : pieds « normaux » vs. Hallux rigidus vs. Hallux valgus. [27] Blitz NM, Ford LA, Christensen JC. Plantar plate repair of the
Rev Chir Orthop 2002;88(suppl n° 6):2S52–53. second metatarsophalangeal joint : technique and tips. J Foot
[9] Maestro M, Augoyard M, Barouk LS, Benichou M, Peyrot J, Ankle Surg 2004;43:266–70.
Ragusa M. Biomécanique et repères radiologiques du sésa- [28] Bouche RT, Heit EJ. Combined plantar plate and hammertoe
moide latéral par rapport à la palette métatarsienne. Med Chir repair with flexor digitorum longus tendon transfer for chro-
Pied 1995;11:145–54. nic, severe sagittal plane instability of the lesser metatarsopha-
[10] Maestro M, Besse JL, Ragusa M, Berthonnaud E. Forefoot langeal joints : preliminary observations. J Foot Ankle Surg
morphotype study and planning method for forefoot osteo- 2008;47:125–37.
tomy. Foot Ankle Clin 2003;8:695–710. [29] Colombier JA, Jolly GP. Traitements des instabilités du second
[11] Deleu PA, Pod H, Leemrijse T, Birch I, Vande Berg B, Bever- rayon par réparation directe de la plaque plantaire : à propos
nage BD. Reliability of the Maestro radiographic measuring d'une série multicentrique de 44 plaques opérées. In: Patholo-
tool. Foot Ankle Int 2010;31:884–91. gie du second rayon. AFCP journée des spécialités SOFCOT;
[12] Besse JL, Maestro M, Ragusa M. Morphotypes radiologiques novembre; 2007.
de l'avant-pied : conséquences chirurgicales. (Symposium [30] Ford LA, Collins KB, Christensen JC. Stabilization of the
SOFCOT 2002 – chirurgie de l'avant-pied). Rev Chir Orthop subluxed second metatarsophalangeal joint : flexor tendon
2003;89(suppl n° 5):2S110–2. transfer versus primary repair of the plantar plate. J Foot
[13] Borne J, Bordet B, Fantino O, Bousquet JC, Coillard JY, Pia- Ankle Surg 1998;37:217–22.
lat JB. Plantar plate and second ray syndrome : Normal and [31] Weil Jr L, Sung W, Weil Sr LS, Malinoski K. Anatomic plantar
pathological US imaging features and proposed US classifica- plate repair using the Weil metatarsal osteotomy approach.
tion. J Radiol 2010;91:543–8. Foot Ankle Spec 2011;4:145–50.
[14] Espinosa N, Maceira E, Myerson MS. Current concept review : [32] Coughlin MJ, Baumfeld DS, Nery C. Second MTP joint
metatarsalgia. Foot Ankle Int 2008;29:871–9. instability : grading of the deformity and description of
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
[15] Gajdosik RL, Allred JD, Gabbert HL, Sonsteng BA. A stretching surgical repair of capsular insufficiency. Phys Sportsmed
program increases the dynamic passive length and passive 2011;39:132–41.
resistive properties of the calf muscle-tendon unit of uncondi- [33] Nery C, Coughlin MJ, Baumfeld D, Raduan FC, Mann TS,
tioned younger women. Eur J Appl Physiol 2007;99:449–54. Catena F. Prospective evaluation of protocol for surgical treat-
[16] Janisse DJ, Janisse E. Shoe modification and the use of
ment of lesser MTP joint plantar plate tears. Foot Ankle Int
orthoses in the treatment of foot and ankle pathology. J Am 2014;35:876–85.
Acad Orthop Surg 2008;16:152–8. [34] Clement RC, Eskildsen SM, Tennant JN. Technical tip and cost
[17] Chang AH, Abu-Faraj ZU, Harris GF, Nery J, Shereff MJ. analysis for lesser toe plantar plate repair with a curved suture
Multistep measurement of plantar pressure alterations using needle. Foot Ankle Int 2015;36:330–4.
metatarsal pads. Foot Ankle Int 1994;15:654–60. [35] Patel GV, Wieman TJ. Effect of metatarsal head resection for
[18] Holmes Jr GB, Timmerman L. A quantitative assessment of diabetic foot ulcers on the dynamic plantar pressure distribu-
the effect of metatarsal pads on plantar pressures. Foot Ankle tion. Am J Surg 1994;167:297–301.
1990;11:141–5. [36] Besse JL, Leemrijse T, Deleu PA. Diabetic foot : the orthopedic
[19] Kang JH, Chen MD, Chen SC, Hsi WL. Correlations between surgery angle. Orthop Traumatol Surg Res 2011;97:314–29.
subjective treatment responses and plantar pressure parame- [37] Winson IG, Rawlinson J, Broughton NS. Treatment of meta-
ters of metatarsal pad treatment in metatarsalgia patients : a tarsalgia by sliding distal metatarsal osteotomy. Foot Ankle
prospective study. BMC Musculoskelet Disord 2006;5:95. 1988;9:2–6.
[38] Trnka HJ, Kabon B, Zettl R, Kaider A, Salzer M, Ritschl P. [54] Jarde O, Husenot D, Vimont E, Barouk LS, Ferre B, Raad GA.
Helal metatarsal osteotomy for the treatment of metatarsalgia : Weil's cervicocapital osteotomy for median metatarsalgia.
a critical analysis of results. Orthopaedics 1996;19:457–61. Report of 70 cases. Acta Orthop Belg 2011;67:139–48.
[39] Barouk LS. The BRT new proximal metatarsal osteotomy.
[55] Redfern DJ, Vernois J. Percutaneous Surgery for Metatarsalgia
Forefoot Reconstruction. France: Springer Verlag; 2003. p. and the Lesser Toes. J Foot Ankle Clin 2016;2021(3):527–50.
133–48. [56] Haque S, Kakwani R, Chadwick C, Davies MB, Blundell CM.
[40] Gauthier G, Elbaz R. Freiberg's infraction : a subchondral Outcome of Minimally Invasive Distal Metatarsal Metaphy-
bone fatigue fracture. A new surgical treatment. Clin Orthop seal Osteotomy (DMMO) for Lesser Toe Metatarsalgia. Foot
Relat Res 1979;142:93–5. Ankle Int 2016;37:58–63.
[41] Helix-Giordanino M, Randier E, Frey S, Piclet B. French asso- [57] Garcıa-Fernandez D, Gil-Garay E, Lora-Pablos D, De-la-
ciation of foot surgery (AFCP). Treatment of Freiberg's disease Cruz-Bertolo J, Llanos-Alcazar LF. Comparative study of the
by Gauthier's dorsal cuneiform osteotomy : Retrospective Weil osteotomy with and without fixation. Foot Ankle Surg
study of 30 cases. Orthop Traumatol Surg Res 2015;101(6 2011;17:103–7.
Suppl):S221–5. [58] Yassin M, Bowirat A, Robinson D. Percutaneous surgery of the
[42] Barouk LS. L'ostéotomie cervicocéphalique de Weil dans les forefoot compared with open technique. Functional results,
métatarsalgies médianes. Med Chir Pied 1994;10:23–33. complications and patient satisfaction. Foot Ankle Surg
[43] Devos Bevernage B, Deleu PA, Leemrijse T. The translating 2020;26:156–62.
Weil osteotomy in the treatment of an overriding second toe : [59] Malhotra K, Joji N, Mordecai S, Rudge B. Minimally invasive
a report of 25 cases. Foot Ankle Surg 2010;16:153–8. distal metaphyseal metatarsal osteotomy (DMMO) for symp-
[44] Devos Bevernage B, Leemrijse T. Predictive value of radiogra- tomatic forefoot pathology – Short to medium term outcomes
phic measurements compared to clinical examination. Foot from a retrospective case series. Foot (Edinb) 2019;38:43–9.
Ankle Int 2008;29:142–9. [60] Cracchiolo 3rd A, Weltmer Jr JB, Lian G, Dalseth T, Dorey
[45] Khurana A, Kadamabande S, James S, Tanaka H, Hariharan F. Arthroplasty of the first metatarsophalangeal joint with a
K. Weil osteotomy : assessment of medium term results and double-stem silicone implant. Results in patients who have
predictive factors in recurrent metatarsalgia. Foot Ankle Surg degenerative joint disease failure of previous operations, or
2011;17:150–7. rheumatoid arthritis. J Bone Joint Surg Am 1992;74:552–63.
[46] Trnka HJ, Mühlbauer M, Zettl R, Myerson MS, Ritschl P. [61] Vanore J, O'Keefe R, Pikscher I. Complications of silicone
Comparison of the results of the Weil and Helal osteotomies implants in foot surgery. Clin Podiatry 1984;1:175–98.
for the treatment of metatarsalgia secondary to dislocation [62] Maestro M. Implants en silicone monobloc dans le rempla-
of the lesser metatarsophalangeal joints. Foot Ankle Int cement des articulations metatarsophalangiennes latérales. In:
1999;20:72–9. Leemrijse TH, Valtin B, editors. Pathologie du pied et de la
[47] Vandeputte G, Dereymaeker G, Steenwerckx A, Peeraer L. The cheville. Paris: Elsevier Masson; 2009. p. 216–21.
Weil osteotomy of the lesser metatarsals : a clinical and pedo- [63] Gauthier G. Prothèses silicone élastomère monobloc de
barographic follow-up study. Foot Ankle Int 2000;21:370–4. l'avant-pied, 178 cas. Résultats à 5 ans. Rev Chir Orthop
[48] Highlander P, VonHerbulis E, Gonzalez A, Britt J, Buchman Reparatrice Appar Mot 1984;70(Suppl 2):167–9.
J. Complications of the Weil osteotomy. Foot Ankle Spec [64] Tourné Y. Chirurgie de l'avant-pied rhumatoïde. In: Bouysset
2011;4:165–70. M, Tourné Y, Tillmann K, editors. Le pied et la cheville rhuma-
[49] Migues A, Slullitel G, Bilbao F, Carrasco M, Solari G. Floating- toïdes. Springer: Paris; 2004. p. 139–56.
toe deformity as a complication of the Weil osteotomy. Foot [65] Besse JL. Treatment of Metatarsalgia. In: Bentley G, editor.
Ankle Int 2004;25:609–13. European Instructional Lectures : volume 12, 2012, 13 th
[50] Leemrisje T, Deleu PA, Devos-Bevernage B, Maldague P, Gom- EFORT Congress. Berlin: Springer; 2012. p. 223–37.
bault V. L'ostéotomie de Weil 0 25 ans. In: Brilhault J, Besse [66] Coillard JY, Lalevée M, Tourné Y. Distal Metatarsal Minimally
JL, Rochwerger A, Colombier JA, editors. Monographie AFCP Invasive Osteotomy (DMMO) : Surgical technique, variants,
N° 10 – Journées de Spécialités – SOFCOT 2014. Montpellier: indications, and treatment decision-tree. Foot (Edinb)
Sauramps Médical; 2014. p. 101–33. 2021;47:101801.
[51] Fleischer AE, Klein EE, Bowen M, McConn TP, Sorensen MD, [67] Tourné Y. Forefoot surgery for rheumatoid arthritis. In: Bouys-
La neuropathie intermétatarsienne est une cause fré- dèrent que le névrome de Morton est « une névralgie
quente de douleurs de l'avant-pied (métatarsalgie) paroxystique affectant typiquement le 3e espace inter-
s'accompagnant d'un retentissement fonctionnel digito-métatarsien liée à une neuropathie mécanique
variable. multifactorielle comprenant des composantes de com-
La dénomination de cette pathologie sous le terme pressions, d'étirements et de frottements répétés du
de névrome de Morton est impropre à double titre. nerf commun digital plantaire éventuellement associés
Qualifiée de névrome, l'analyse anatomopathologique à un pseudo-névrome » [6].
de la lésion révèle en fait la présence d'une inflamma-
tion périneurale de nature dégénérative et non tumo- Anatomie et physiopathologie
rale. La démyélinisation axonale des fibres nerveuses
est accompagnée de processus tissulaires de réparation Les nerfs communs plantaires digitaux sont des
fibreuse intra et périneurale, d'une prolifération vascu- branches terminales des nerfs plantaires médial et
laire et d'un œdème local. latéral.
On doit à l'anatomiste Filippo Civinini en 1835 la Les 1er, 2e et 3e nerfs plantaires digitaux proviennent
première illustration de cette pathologie diffusée en du nerf plantaire médial alors que le 4e nerf plantaire
1876 par T.G. Morton ; ainsi, le terme de syndrome de digital provient du nerf plantaire latéral.
Civinini-Morton (SCM) paraît plus approprié. Les 4 espaces intermétatarsiens sont séparés en deux
L'origine neurologique de ce syndrome est évoquée niveaux par le ligament intermétatarsien qui relie les
par Durlacher en 1845 et Hoadley réalise en 1883 la têtes métatarsiennes adjacentes et s'étend à la plaque
première exérèse chirurgicale dans le 3e espace inter- plantaire des articulations métatarsophalangiennes.
métatarsien [1]. Le nerf commun digital est plantaire par rapport au
L'hypothèse d'une compression nerveuse au contact ligament intermétatarsien, puis s'infléchit dorsalement
du ligament intermétatarsien est introduite par Betts le long du bord antérieur du ligament intermétatarsien.
en 1940 et reprise en France par Gauthier en 1979 [2] La partie supérieure de l'espace intermétatarsien
qui publie ses résultats cliniques du traitement chirur- contient une bourse synoviale en contact avec le liga-
gical par section isolée du ligament intermétatarsien. ment intermétatarsien.
Ce syndrome est lié au développement d'un épais- Macroscopiquement, le « névrome » se traduit par
sissement bénin affectant préférentiellement les nerfs un épaississement fusiforme de la partie terminale du
digitaux communs plantaires des 2e et 3e espaces nerf digital commun plantaire habituellement situé
intermétatarsiens. distalement par rapport au ligament transverse inter-
L'incidence rapportée varie de 50,2 à métatarsien, juste en amont de la bifurcation nerveuse
87,5 cas/100 000 habitants avec une nette prédomi- en nerfs digitaux.
nance féminine (sex ratio 5/1) et un âge moyen de Il existe de nombreuses variations anatomiques
50 ans [3]. des nerfs plantaires sensitifs médial et latéral et dans
L'atteinte est bilatérale dans 21 % des cas, elle certains cas, le 3e nerf digital plantaire issu du nerf
affecte le 3e espace intermétatarsien dans 66 % des plantaire médial reçoit une branche nerveuse commu-
cas, le 2e espace dans 32 % des cas et le 4e espace dans nicante du nerf plantaire latéral. Pour certains auteurs,
2 % des cas [4] alors que la fréquence des névromes cette afférence nerveuse créerait une fixité et une aug-
ipsilatéraux dans des espaces voisins peut atteindre mentation du calibre du 3e nerf digital commun lors de
28 % [5]. l'appui qui favoriserait le développement préférentiel
Au terme de cette introduction, nous reprenons de la neuropathie dans cet espace [7].
volontiers la définition de Koti et al. qui consi-
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
154 Carlos Maynou, Didier Mainard
La prédominance féminine serait liée au mode de tive. Les patients se plaignent d'une métatarsalgie plus
chaussage (talons hauts et escarpins pointus). ou moins localisée en regard du 3e espace interméta-
La principale hypothèse pathogénique réside dans le tarsien d'évolution trainante et s'accompagnant de
frottement itératif du nerf digital commun au contact douleurs neurologiques paroxystiques de l'avant-pied.
du ligament intermétatarsien éventuellement favorisé Les patients décrivent des sensations de brûlures ou
par des conditions anatomiques locales. Cette théorie de picotements entre les têtes métatarsiennes irradiant
engage donc la responsabilité du ligament intermétatar- dans les orteils (digitalgies) avec sensation de crampes
sien, le nerf digital commun serait coincé entre les par- s'accompagnant de dysesthésies ou d'hyperesthésie
ties molles plantaires et le bord antérieur du ligament digitale. Une sensation de « caillou dans la chaussure »
intermétatarsien lors de la dernière phase du pas. Cette est fréquemment rapportée.
théorie serait validée par les résultats favorables obte- La douleur est soutenue, créant une anxiété à la
nus par certains auteurs en réalisant une simple section marche. Au stade précoce, les douleurs peuvent être
du ligament intermétatarsien sans résection nerveuse. atténuées par des massages ou des manipulations des
D'autres théories étiopathogéniques sont discutées ; orteils, mais progressivement les douleurs deviennent
• théorie microtraumatique : la responsabilité de micro- invalidantes et limitent le périmètre de marche.
traumatismes répétés du nerf digital plantaire lors de la La disparition des douleurs au repos et la nécessité
marche où le nerf serait comprimé entre les têtes méta- d'ôter ses chaussures sont autant de signes évocateurs
tarsiennes est fréquemment discutée. Une instabilité des qu'il faut savoir rechercher.
articulations métatarsophalangiennes ou l'étroitesse des Lors de l'examen physique du patient, l'aspect du pied
2e et 3e espaces intermétatarsiens évoquée par Levitsky est le plus souvent normal sans déformation visible,
et al. pourrait favoriser ces traumatismes itératifs [8]. parfois un écartement des orteils peut être observé,
La double origine possible du 3e nerf plantaire rendrait signant la pathologie de l'espace intermétatarsien.
celui-ci plus vulnérable au traumatisme en augmentant Une tuméfaction, voire la perception d'une petite
son volume et en réduisant sa mobilité longitudinale en masse dans l'espace intermétatarsien sont possibles
flexion dorsale des orteils [9] ; mais rarement observées.
• théorie de la bursite inter-capito-métatarsienne : Il faut bien distinguer la topographie des douleurs
la concomitance entre névrome de Morton et bursite métatarsiennes et intermétatarsiennes.
intermétatarsienne a été décrite par Mulder [9]. Pour Si les douleurs prédominent à la palpation des têtes
certains auteurs, la bursite peut comprimer le nerf métatarsiennes, les principaux diagnostics différen-
plantaire digital, notamment dans le 3e espace où la tiels doivent être éliminés (instabilité métatarsopha-
bourse synoviale est en contact intime avec le pédi- langienne, lésions de la plaque plantaire, pied creux,
cule neurovasculaire, ce qui n'est pas le cas dans le maladie de Freiberg, nodules rhumatoïdes, fracture de
4e espace. L'amélioration des signes cliniques par infil- fatigue, etc.).
tration bursale plaide en faveur de cette théorie ; Une rétraction des chaînes postérieures (limitation
• théorie ischémique : elle est fondée sur les consta- de la flexion dorsale de cheville, équinisme) augmen-
tations histologiques de modifications artérielles tant les contraintes mécaniques sur l'avant-pied doit
(thromboses ischémiques des vasa vasorum) précédant être dépistée (manœuvre de Silverskiold).
les lésions nerveuses. Une hypoesthésie interdigitale ou une diminution de
Certains facteurs favorisants sont discutés mais non la sensibilité vibratoire orientent vers une neuropathie.
Figure 12.1. Manœuvre de Mulder (douleur du 2e espace intermétatarsien potentialisée par la compression latérale de la palette
métatarsienne).
Échographie
Elle est d'usage courant en raison de son innocuité, de
son faible coût et de son accessibilité.
Elle est probablement l'imagerie de choix du fait de
son caractère dynamique, de sa capacité à reproduire
la manœuvre de Mulder et de la possibilité de réaliser
une infiltration échoguidée [9].
Les sensibilité et spécificité de l'échographie sont
identiques sinon supérieures à celles de l'IRMN ; ainsi,
dans la méta-analyse de Xu et al., la sensibilité et la
spécificité de l'échographie atteignent respectivement
90 et 88 % alors que la spécificité de l'IRMN n'est que
Figure 12.2. Majoration des douleurs à la pression plantaire du de 68 % [14].
2e espace intermétatarsien orteils en dorsiflexion (Lasègue de L'échographie visualise une formation ovoïde,
l'orteil). hypoéchogène en coupe coronale bien délimitée dans
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Figure 12.4. Aspect IRM d'un névrome de Morton du 3e espace intermétatarsien (flèche) en pondération T1.
Figure 12.5. Aspect IRM d'un névrome de Morton (flèche) du 3e espace intermétatarsien en pondération T2 FS (saturation de la
graisse).
Le rehaussement lésionnel après injection de gado- pathologies de l'avant-pied mais un traitement orthé-
linium est variable et peu discriminant pour de nom- tique inadapté peut aggraver la symptomatologie.
breux auteurs.
La présence d'un névrome de Morton asymptoma-
tique dans la population générale [18] et la découverte Principe
de névrome asymptomatique sur l'IRMN pouvant La première étape du traitement non chirurgical
atteindre 54 % dans certaines études [3] imposent que les consiste à adapter le chaussage en évitant les talons
données de l'IRMN soient corrélées à la symptomatolo- hauts et les chaussures à empeigne étroite et rigide,
gie clinique avant d'envisager une solution chirurgicale. et en privilégiant un chaussage large, souple, à talon
Si le diamètre du nerf digital plantaire est normalement modéré avec une semelle épaisse.
de 1 à 2 mm, Zanetti et al. considèrent que le diagnostic Un étirement des chaînes postérieures est indispen-
de névrome nécessite un diamètre transverse supérieur sable en présence d'un défaut de flexion dorsale de la
ou égal à 5 mm et une bonne corrélation clinique [19]. cheville afin de réduire les contraintes mécaniques sur
l'avant-pied.
Synthèse Lorsque les modifications du chaussage sont insuffi-
santes, des semelles sur mesure peuvent être prescrites
L'étude de Raouf et al. illustre la forte valeur prédic- afin de corriger un défaut d'alignement frontal de
tive positive de l'examen clinique et questionne sur l'arrière-pied ou pour supporter l'arche médiale.
l'utilité des examens complémentaires et la confirma- La réduction des contraintes mécaniques sur l'avant-
tion histologique du névrome [20]. Dans leur série de pied par l'adjonction d'un coussinet ou d'une barre
313 névromes opérés, la valeur prédictive positive de rétrocapitale est conseillée par certains auteurs.
l'examen clinique, de l'échographie et de l'IRMN était
respectivement de 100, 98,5 et 97 % et l'analyse histo-
logique confirmait le diagnostic dans 98,7 % des cas. Résultats
Pour ces auteurs, le coût induit doit faire discuter la L'efficacité sur la symptomatologie liée au névrome de
valeur ajoutée des examens complémentaires et de la Morton semble démontrée par De Oliveira et al. qui ont
confirmation histologique qui peuvent n'être préconi- publié en 2019 une étude randomisée comparant l'effi-
sés que lorsque l'examen clinique ou l'aspect macros- cacité d'une semelle avec barre rétrocapitale et soutien
copique per opératoire ne sont pas caractéristiques. de voûte médial à une semelle plate sans correction
[21]. Les résultats au recul de 6 mois démontrent une
Conclusion amélioration statistiquement significative du statut
fonctionnel et des douleurs à la marche pour le groupe
L'échographie a des performances identiques à l'IRMN porteur d'une semelle correctrice.
mais comporte l'avantage de permettre une analyse L'efficacité de ces traitements conservateurs a été
dynamique du névrome et des structures avoisinantes. soulignée par Bennett et al. qui rapportent 41 %
La reproduction du signe de Mulder et une sensibilité d'amélioration symptomatique et proposent un algo-
élevée identique à celle de l'IRMN confèrent à l'écho- rithme thérapeutique gradué (traitement orthétique
graphie un intérêt diagnostique certain. L'IRMN doit premier, traitement infiltratif secondaire et traitement
être considérée comme un examen de 2e intention en chirurgical en cas d'échec des traitements non chirur-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
symptomatique au recul de 6 mois avec le traitement de 12 mois justifiant la répétition des injections en cas
par orthèses plantaires [24]. d'inefficacité partielle [25], alors que la méta-analyse
de Matthews est en faveur de l'association cortico
stéroïde – anesthésiques locaux mais ne confirme pas
Conclusion l'intérêt des injections répétées [29].
Le traitement orthétique et les modifications du chaus- Pour Makki et al., les résultats du traitement infil-
sage peuvent être proposés en 1re intention notamment tratif sont moins bons si la taille lésionnelle est supé-
s'il existe une anomalie statique de l'avant ou de rieure à 5 mm [30], ce que confirment Park et al. qui
l'arrière-pied. évoquent un risque de récidive de 84 % si le diamètre
Les résultats publiés sont variables et reposent sur de lésionnel est supérieur à 6,3 mm [31].
courtes séries avec des reculs limités. Toutes séries confondues, les complications sont
L'efficacité du traitement orthétique paraît limitée limitées à une dépigmentation cutanée dans 6 à 18 %
pour les lésions d'un diamètre supérieur à 5-6 mm. des cas et de rares atrophies du capiton plantaire.
L'échec du traitement conservateur non invasif au- Plusieurs séries confirment l'intérêt des infiltrations
delà de 4 à 5 mois doit conduire à proposer d'autres alcooliques dans la diminution des symptômes et de la
thérapeutiques infiltratives ou chirurgicales. taille du névrome avec des résultats satisfaisants dans
74 à 89 % des cas à des reculs variant de 13 à 34 mois.
Les effets de l'injection d'éthanol dilué de 20 à 50 %
Traitement infiltratif ou de phénol à 5-7 % apparaissent comparables, géné-
Les infiltrations sont d'usage courant dans la prise en rant une sléro-hyalinose interstitielle avec apoptose
charge initiale des SCM utilisant préférentiellement cellulaire et des lésions nerveuses de désintégration
des dérivés cortisonés plus ou moins associés à un myélinique avec axonolyse.
anesthésique local. L'utilisation de produits alcoo- Samaila et al. ont étudié l'efficacité de la phénoli-
liques (éthanol, phénol) est plus récente et moins dif- sation électroguidée comme alternative au traitement
fusée. Les publications concernant la capsaïcine, la chirurgical sur une cohorte de 115 patients revus au
toxine botulique ou l'acide hyaluronique sont rares recul de 100 mois [32]. Les résultats apparaissaient
et peu exploitables en raison de la taille des cohortes satisfaisants dans 71,2 % des cas (37,6 % de résolu-
étudiées. tion complète des douleurs et réduction > 50 % dans
Ces infiltrations peuvent être échoguidées, encore 33,6 % des cas). Les auteurs concluent à l'intérêt à
que l'étude randomisée de Mahadevan et al. ne révèle long terme des infiltrations alcooliques comme alter-
aucun bénéfice du guidage échographique sur la qua- native au traitement chirurgical.
lité du résultat thérapeutique [25]. Néanmoins, Gurdezi et al., comparant les résultats
Il ressort des récentes méta-analyses de Thomson d'une même cohorte de patients à 10 mois et 5 ans de
(310 patients au recul moyen de 11,3 mois) et de recul, observent un épuisement thérapeutique traduit
Samaila (590 patients au recul de 14 mois) que la par un taux de résultats favorables passant de 84 à
majorité des auteurs privilégient l'utilisation des déri- 29 % [33]. Par ailleurs, 1/3 des patients rapportent
vés cortisonés dans le traitement infiltratif des SCM des complications à type de brûlures cutanées ou des
[26,27]. douleurs intenses lors de l'injection.
L'efficacité des dérivés cortisonés est probablement De même, Espinosa et al. ne rapportent que 21 % de
< 1 an) et de n'étudier que des cohortes limitées d'amputation pour les voies dorsales) et dépendent
n'autorisant pas de conclusions valides sur le service du type de geste réalisé (neurolyse ou neurectomie)
médical rendu. La place de ces techniques reste donc et de la voie d'abord utilisée (dorsale, plantaire ou
à déterminer. commissurale).
La méta-analyse de Valisena et al. rapporte des résul-
tats du traitement par radiofréquence supérieurs à
ceux des infiltrations alcooliques ou de dérivés cortiso- Neurolyse ou neurectomie ?
nés avec respectivement 81, 71 et 51 de résultats satis- Depuis le milieu du xxe siècle, la neurectomie est la
faisants [35]. Par ailleurs, la récidive symptomatique technique la plus répandue, qu'elle soit réalisée par
était observée pour 23 % des injections cortisonées et voie dorsale (Coughlin Womack) ou plantaire (Nery,
12 % des injections alcooliques. Akermark).
Les résultats à long terme sont favorables, ainsi
Kasparek et al. ont obtenu 76,5 % de résultats favo-
Conclusion rables au recul de 15,3 ans sur une série de 81 patients
Le taux de résultats favorables du traitement infiltra- opérés d'une neurectomie par voie dorsale [39]. Ces
tif, sa facilité de réalisation et son innocuité peuvent le auteurs observaient de meilleurs résultats si une sec-
faire considérer comme un traitement de 1re ligne. tion du ligament transverse intermétatarsien accom-
On peut recommander les injections de corticosté- pagnait la résection nerveuse mais les résultats étaient
roïdes efficaces dans 50 % des cas à 1 an. Plusieurs moins bons dans les formes multifocales.
infiltrations peuvent être réalisées qui ne compro- De même, Reichert et al. ont obtenu 93 % de résul-
mettent pas un traitement chirurgical ultérieur. tats favorables sur une série de 41 patients au recul de
Les résultats précoces des injections d'alcool sont 7,4 ans après neurectomie dorsale [40].
prometteurs mais les résultats à long terme sont La littérature fait toutefois état d'un taux d'échec des
inconstants. L'intensification des douleurs observées neurectomies par persistance des douleurs ou récidive
dans quelques séries et l'absence de standardisation du névrome de l'ordre de 8 à 30 %. Les principales
des solutions injectées doivent rendre prudent quant à complications ou séquelles de la neurectomie sont liées
l'utilisation de ces techniques. au sacrifice nerveux pouvant conduire à l'apparition
Les autres traitements non chirurgicaux n'ont pas secondaire d'un névrome d'amputation (notamment
fait la preuve de leur efficacité et méritent des études dans les voies dorsales) si la résection est faite trop
randomisées et contrôlées. distalement et à la persistance de troubles sensitifs
digitaux dans 40 à 70 % des cas (figure 12.6) [41].
Si d'anciennes publications rapportent une fré-
Quelle place quence des névromes d'amputation entre 6 et 14 %
pour le traitement chirurgical ? [42], les méta-analyses les plus récentes donnent des
chiffres nettement moins élevés.
Le manque d'efficacité du traitement non opératoire
conduit fréquemment les patients à réclamer une solu-
tion chirurgicale.
Les résultats du traitement chirurgical sont favo-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
cicatricielle au port de talons hauts) obérant le résultat Les complications des neurectomies par voie dorsale
final et une dissection de la graisse plantaire compor- ou plantaire ont conduit certains auteurs à privilégier
tant un risque de lésions nerveuses et ne facilitant pas l'utilisation d'une voie commissurale (figure 12.10)
la résection du ligament intermétatarsien (figure 12.9). [44,45].
Dans leur étude comparative, prospective et rando- Arauz et al. ont analysé une série de 108 patients
misée, Akermark et al rapportent des taux de résultats ayant subi une neurectomie par voie commissurale
satisfaisants identiques entre 35 neurectomies par voie et revus au recul de 121 mois et rapportent 93,6 %
plantaire et 41 neurectomies par voie dorsale (respec- de résultats satisfaisants stables au plus long recul
tivement 87 et 83 %) [41]. Les auteurs confirment la [46]. Le retour aux activités quotidiennes et sportives
prédominance des complications cutanées dans les à 5 semaines, un taux de complications cicatricielles
voies d'abord plantaires alors que la nature des com- réduit à 3 % et un avantage cosmétique évident
plications est plus variée dans les voies dorsales. plaident pour l'utilisation de ces voies commissurales.
Les voies dorsales seraient plus fréquemment pour- Plus récemment, la mise au point d'ancillaires spéci-
voyeuses de troubles sensitifs à distance que les voies fiques a permis le développement des voies commissu-
plantaires par lésion mécanique des nerfs sensitifs dor- rales mini-invasives parfois sous contrôle endoscopique
saux lors de l'exposition (écarteurs). mais les publications sont limitées. Ainsi, Zelent et al.,
sur une courte série de 17 neurolyses par voie com- La présence de névromes dans des espaces voisins
missurale mini-invasive ont observé 17 % de récidives peut conduire à mixer les voies d'abord (dorsale et
symptomatique au recul de 25 mois [47]. commissurale), prioriser une voie plantaire, éche-
Pour Mainard et al., la voie commissurale a de lonner les temps d'exérèse ou associer neurolyse
nombreux avantages car elle se situe en dehors de la et neurectomie afin de limiter les conséquences
zone d'appui plantaire, à proximité du névrome et ne neurologiques.
laisse qu'une faible rançon cicatricielle [45]. Dans leur
série de 90 névromes opérés chez 77 patients, ils ne
retrouvent aucune cicatrice hyperkératosique, 8 % Quels sont les facteurs
des patients conservaient une sensibilité locale mais de mauvais résultat ?
n'exprimaient aucune douleur, 88 % des patients pré-
sentaient un bon résultat selon les critères de Johnson Dans l'étude de Reichert et al., les résultats étaient
(figures 12.11 et 12.12). moins favorables si la neurectomie portait sur plusieurs
névromes, si le début des symptômes datait de plus de
12 mois, si la taille du névrome était inférieure à 3 mm
et lorsque la lésion était située dans le 2e espace inter-
métatarsien [40]. L'aspect histologique et le nombre
d'infiltrations préalables étaient sans influence sur le
résultat final.
La série prospective de Bucknall et al. reposant sur la
neurectomie dorsale de 137 névromes (111 pieds) n'a
rapporté que 64 % de patients indolores au recul de
6 mois [48]. La localisation du névrome, la présence
de névromes ipsilatéraux multiples ou l'association à
d'autres gestes chirurgicaux sur l'avant-pied n'influen-
çaient pas la qualité du résultat. À l'image d'autres
séries, l'existence d'un névrome n'était histologique-
ment confirmée que dans 78 % des cas. L'identification
anatomopathologique du névrome était sans influence
sur la qualité du résultat clinique et les reprises chirur-
gicales pour résection itérative donnaient de mauvais
résultats.
La persistance des douleurs impose un examen
Figure 12.11. Visualisation du névrome et de la bifurcation des
clinique approfondi afin de juger si la symptomato-
nerfs digitaux par la voie interdigitale.
logie reste liée à une souffrance neurologique locale suites opératoires plus complexes et plus longues avec
(névrome d'amputation ou fibrose périneurale) ou est un chaussage et une reprise du travail plus tardifs [53].
en rapport avec une erreur diagnostique.
La réalisation d'une infiltration anesthésique locale Résultats comparés entre
permet d'aider la démarche diagnostique. les traitements non opératoires
Les résultats des reprises chirurgicales sont parfois
décevants et peuvent aggraver la situation clinique [48]. et chirurgicaux
L'enfouissement du nerf donne des résultats incons- Ces dernières années, de nombreuses méta-analyses ont
tants et les patients doivent être informés du risque comparé les résultats des traitements non chirurgicaux
d'échec. Pour Rungprai et al., l'enfouissement du nerf non invasifs (ondes de choc et traitements orthétiques)
réséqué dans les muscles interosseux réduit l'impor- ou invasifs (infiltrations, radiofréquence et cryoabla-
tance des douleurs postopératoires et à distance sans tion) aux traitements opératoires [26,29,35,36].
augmentation significative du temps opératoire [49]. La sélection des articles, les critères d'évaluation
Une rétraction tricipitale avec une manœuvre de choisis (taux de satisfaction, douleur, questionnaires
Silverskiold positive, non récupérée par une rééduca- de qualité de vie), la taille et le recul des séries et leur
tion bien conduite, peut justifier la réalisation d'un caractère fréquemment rétrospectif peuvent expliquer
allongement proximal de la lame aponévrotique du quelques différences d'appréciation.
gastrocnémien médial. Cette option thérapeutique est On peut toutefois en conclure que ;
d'autant plus justifiée que les métatarsalgies sont dif- • le taux de satisfaction et de réduction complète des
fuses, les névromes multiples et les infiltrations locales douleurs est supérieur avec les techniques chirurgicales
peu efficaces [50]. qu'avec les techniques infiltratives, ce qui se traduit
L'examen clinique ne permet pas toujours de dis- par un nombre de gestes chirurgicaux secondaires
tinguer les douleurs neuropathiques liées au SCM et plus important après infiltrations qu'après chirurgie
les métatarsalgies d'hyperpression mécanique sous les première ;
têtes métatarsiennes. • le traitement chirurgical est pourvoyeur de compli-
Bauer et al. ont comparé les résultats de deux cations mais les échecs thérapeutiques à moyen terme
cohortes de 26 patients opérés par neurectomie isolée sont plus fréquents avec les traitements infiltratifs ;
ou par section mini-invasive du ligament intermétatar- • les algorithmes thérapeutiques publiés recom-
sien associée à une ostéotomie percutanée distale des mandent un traitement infiltratif premier et le recours
métatarsiens (DMMO) [51]. Si le taux de satisfaction au traitement chirurgical en cas d'échec du traitement
des patients opérés par neurectomie et par technique conservateur [22], quoique d'autres auteurs préco-
mini-invasive était identique, le score AOFAS (ameri- nisent le traitement chirurgical d'emblée en regard
can orthopedic foot and ankle score) au recul le plus du taux d'échec à distance du traitement infiltratif,
long (81 vs 96) et la persistance de métatarsalgies (44 notamment si les symptômes ont débuté il y a plus de
vs 4 %) plaident en faveur de l'ostéotomie décompres- 6 mois ou pour les lésions d'une dimension > 5–6 mm.
sive associée, confirmant ainsi les travaux de Park el
al. [52]. Conclusion
La présence d'un index minus favoriserait la per-
sistance de métatarsalgies postopératoires ; ainsi, Le SCM est une cause fréquente de douleurs de l'avant-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Gougoulias et al. réalisent une ostéotomie de recul des pied. De nombreux cas peuvent être initialement traités
métatarsiens latéraux associée à la neurectomie si les de façon non opératoire. Les infiltrations cortisonées
métatarsiens latéraux sont longs, si la palpation méta- ont un intérêt diagnostique et thérapeutique certain
tarsophalangienne est sensible ou s'il existe de signes mais les résultats à long terme sont inconstants et
cliniques ou radiographiques d'instabilité métatarso- doivent conduire à proposer une solution chirurgicale.
phalangienne [50]. Un examen clinique soigneux, une stricte sélection
Laffenêtre rappelle que la réalisation d'ostéotomies des patients et une technique chirurgicale éprouvée
métatarsiennes associées à la neurolyse entraîne des sont les clés du succès.
Références
[1] Rabat E. Histoire du névrome de « Morton ». Monographie [19] Zanetti M, Strehle JK, Zollinger H, Hodler J. Morton neuroma
AFCP 2013;9:23–7. and fluid in the intermetatarsal bursae on MR images of 70
[2] Gauthier G. Thomas Morton's disease : a nerve entrapment asymptomatic volunteers. Radiology 1997;203:516–20.
syndrome. A new surgical technique. Clin Orthop Rel Res [20] Raouf T, Rogero R, McDonald E, Fuchs D, Shakked RJ,
1979;142:90–2. Winters BS, et al. Value of preoperative imaging and intrao-
[3] Symeonidis PD, Iselin LD, Simmons N, Fowler S, Dracopoulos perative histopathology in Morton's neuroma. Foot Ankle Int
G, Stavrou P. Prevalence of interdigital nerve enlargements in 2019;40:1032–6.
an asymptomatic population. Foot Ankle Int 2012;33:543–7. [21] De Oliveira HAV, Natou J, Vassalli M, Rosenfeld A, Jennings
[4] Di Caprio F, Meringolo R, Shehab Eddine M. Morton's inter- F, Jones A. Effectiveness of customized insoles in patients with
digital neuroma of the foot. A litterature review Foot Ankle Morton's neuroma : a randomized, controlled, double blind
Surg 2018;24:92–8. clinical trial. Clin Rehabil 2019;33:1898–907.
[5] Mahadevan D, Venkatesan M, Bhatt R, Bhatia M. Diagnos- [22] Bennett GL, Graham CE, Mauldin DM. Morton's interdigital
tic accuracy of clinical tests for Morton's neuroma compared neuroma : a comprehension treatment protocol. Foot Ankle
with ultrasonography. J Foot Ankle Surg 2015;54:549–53. Int 1995;16:760–3.
[6] Koti M, Sharma H, Parikh M, Edwards M, McAllister J. [23] Kilmartin TE, Wallace WA. Effect of pronation and supination
Comparative analysis of dorsal nerve relocation versus dorsal orthosis on Morton's neuroma and lower extremity function.
neurectomy in the surgical management of Morton's neuroma. Foot Ankle Int 1994;15:256–62.
J Foot Ankle Surg 2020;59:1148–55. [24] Saygi B, Yildirim Y, Saygi KE, Kara H, Esemenli T. Morton
[7] Jones JR, Klenerman L. A study of the communicating branch neuroma : Comparative results of two conservative methods.
between the medial and lateral plantar nerves. Foot Ankle Foot Ankle Int 2005;26:556–9.
1984;4:313–5. [25] Mahadevan D, Attwal M, Bhatt R, Bhatia M. Corticosteroid
[8] Levitsky KA, Alman BA, Jevsevar DS, Morehead J. Digital injection for Morton's neuroma with or without ultrasound
nerves of the Foot : Anatomic variations and implications guidance. J Bone Joint Surg (Br) 2016;4:498–503.
regarding the pathogenesis of interdigital neuroma. Foot [26] Thomson L, Aujla RS, Divall P, Bhatia M. Non surgical treat-
Ankle 1993;14:208–14. ments for morton's neuroma : a systematic review. Foot Ankle
[9] Mak MS, Chowdhury R, Jonhson R. Morton's neuroma : Surg 2020;26:736–43.
review of anatomy, pathomechanism and imaging. Clin Radiol [27] Samaila E, Colo G, Rava A, Negri S, Valentini R, Felli L,
2021;76:235 e15–23. et al. Effectiveness of corticosteroid injections inn Civinini-
[10] Naraghi R, Bremner A, Slack-Smith L, Bryant A. the rela-
Morton's syndrome : A systematic review. Foot Ankle Surg
tionship between foot posture index, ankle equinus, body 2021;27:357–65.
mass index and intermetatarsal neuroma. J Foot Ankle Res [28] Markovic M, Crichton K, Read JW. Effectiveness of ultra-
2016;9:46. sound-guided corticosteroid injection in the treatment of Mor-
[11] Colo G, Rava A, Samaila EM, Palazzolo A, Talesa G, Schiraldi ton's neuroma. Foot Ankle Surg 2008;29:483–7.
M, et al. The effectiveness of shoe modifications and orthotics [29] Matthews BG, Hurn SE, Harding MP, Henry RA, Ware RS.
in the conservative treatment of Civinini-Morton syndrome : The effectiveness of non-surgical interventions for common
State of art. Acta Biomed 2020;91:60–8. plantar digital compressive neuropathy (Morton's neuroma) :
[12] Bhatia M, Thomson L. Morton's neuroma – Current concepts a systematic review and meta-analysis. J Foot Ankle Res
review. J Clin Orthop Trauma 2020;11:406–9. 2019;12:12.
[13] Owens R, Gougoulias N, Guthrie H, Sakellariou A. Morton's [30] Makki D, Haddad BZ, Mahmood Z, Saleem Shahid M,
neuroma : Clinical testing and imaging in 76 feet, compared to Pathak S, Garnham I. Efficacity of corticosteroid injection
a control group. Foot Ankle Surg 2011;17:197–200. versus size of plantar interdigital neuroma. Foot Ankle Int
[14] Xu Z, Duan X, Yu X, Wang H, Dond X, Xiang Z. The accu- 2012;33:722–6.
racy of ultrasonography and magnetic resonance imaging for [31] Park YH, Lee JW, Choi GW, Kim HJ. Risk factors and the asso-
sis or neurectomy : a systematic review and metaanalysis [45] Mainard D, Diligent J, Valentin S. La voie commissurale ou
of pain and satisfaction outcomes. Acta Neurochirurgica interdigitale : une voie d'abord originale pour la résection des
2021;163:531–43. névromes de Morton. Monographie AFCP n° 2013;9(9):113–8.
[37] Giannini S, Bacchini P, Ceccarelli F, Vannini F. Interdigital neu- [46] Arauz JMY. Interdigital commissural approach for Morton's
roma : clinical examination and histopathologic results in 63 neuroma. Foot Ankle Int 2020;41:1226–33.
cases treated with excision. Foot Ankle Int 2004;23:1018–25. [47] Zelent ME, Kane RM, Neese DJ, Lockner WB. Minimally
[38] Womack JW, Richardson DR, Murphy GA, Richardson EG, invasive Morton's intermetatarsal neuroma decompression.
Ishikawa SN. Long term evaluation of interdigital neuroma Foot Ankle Int 2007;28:263–5.
treated by surgical excision. Foot Ankle Int 2008;29:574–7. [48] Bucknall V, Rutherford D, McDonald D, Shalaby H, McKinley
[39] Kasparek M, Schneider W. Surgical treatment of Morton's
J, Breusch SJ. Outcomes following excision of Morton's inter-
neuroma : clinical results after open excision. Int Orthop digital neuroma. J Bone Joint Surg (B) 2016;98:1376–81.
2013;37:1857–61. [49] Rungprai C, Cychosz CC, Phruetthiphat O, Femino JE, Amen-
[40] Reichert P, Zimmer K, Witkowski J, Wnukiewicz W, Kulinski dola A, Phisitkul P. Simple neurectomy versus neurectomy xith
S, Gosk J. Long term results of neurectomy through a dorsal intramuscular implantation for interdigital neuroma : a com-
approach in the treatment of Morton's neuroma. Adv Clin parative study. Foot Ankle Int 2015;36:1412–24.
Exp Med 2016;25:295–302. [50] Gougoulias N, Lampridis V, Sakellariou A. Morton's interdi-
[41] Akermark C, Crone H, Skoog A, Weidenhielm L. A prospective gital neuroma : instructional review. EFORT Open Reviews
randomized controlled trial of plantar versus dorsal incisions 2019;4:14–24.
for operative treatment of primary Morton's neuroma. Foot [51] Bauer T, Gaumetou E, Klouche S, Hardy P, Maffuli N. Meta-
Ankle Int 2013;34:1198–204. tarsalgia and Morton's disease : Comparison of outcomes
[42] Archuleta AF, Darbinian J, West T, Ritterman Weintraub ML, between open procedure and neurectomy versus percutaneous
Pollard JD. Minimally invasive intermetatarsal nerve decom- metatarsal osteotomies and ligament release with a minimum
pression for Morton's neuroma : A review of 27 cases. J Foot of 2 years of follow-up. J Foot Ankle Surg 2015;54:373–7.
Ankle Surg 2020;59:1186–91. [52] Park EH, Kim YS, Lee HJ, Koh YG. Metatarsal shortening
[43] Diebold PF, Daum B, Dang Vu V, Litchinko M. True epineural osteotomy for decompression of Morton's Neuroma. Foot
neurolysis in morton's neuroma : a 5 year follow up. Orthope- Ankle Int 2013;34:1654–60.
dics 1996;19:397–400. [53] Laffenêtre O. Techniques chirurgicales : formes mixtes et
[44] Mischtiz M, Zeitlinger S, Mischlinger J, Rab M. Nerve
autres techniques. Monographie AFCP 2013;9:119–23.
decompression according to A.L. Dellon in Morton's neu-
roma – A retrospective analysis. J Plast Reconstr Aesthet Surg
2020;73:1099–104.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Le quintus varus (QV), pathologie miroir de l'hallux pathologie dénommée alors « metatarsus quintus val-
valgus, est une déformation fréquente de l'avant-pied gus » [2].
(figures 13.1 et 13.2), sa prévalence est estimée à 13 % Dans la littérature anglophone, le QV (bunio-
de la population générale [1]. Dans la littérature anglo- nette) est le plus souvent décrit comme une proé-
phone, il est décrit sous le terme de bunionette, par minence dorsomédiale de la tête de M5 [3–22].
opposition au bunion (hallux valgus). Plus rarement, il Cette manière de le définir nous paraît par trop
est dénommé Tailor's bunion (oignon du tailleur), en réductrice, en ramenant le QV uniquement à son
référence à la fréquence élevée de cette pathologie chez expression clinique.
les tailleurs du temps où ceux-ci travaillaient assis « en En France, le dictionnaire médical de l'Académie
position du tailleur ». Dans cette position, la tête du de médecine définit le quintus varus comme « une
5e métatarsien (M5) se retrouve en contact prolongé déformation du cinquième orteil dévié en dedans et
avec le sol, ce qui favorise l'apparition d'un durillon passant par-dessus ou par-dessous le 4e orteil ». Cette
douloureux sur la tête de M5. définition, plus complète, nous semble également trop
Longtemps asymptomatique, cette pathologie se restrictive car il n'est pas obligatoire d'attendre un
révèle progressivement par une gêne au chaussage chevauchement du 4e (O4) par le 5e orteil (O5) pour
d'intensité croissante jusqu'à justifier d'une prise en parler de quintus varus.
charge chirurgicale. Nous préférerons donc la définition suivante,
proche de ce que l'on retrouve dans quelques articles
Quelle est la définition [23–30] : le quintus varus est une déformation du
5e rayon dans laquelle le 5e orteil est dévié en dedans
du quintus varus ? et dont la conséquence est une proéminence de la
tête de M5.
Les publications font souvent référence à l'article de
Davies comme étant la première description de cette
Figure 13.1. Quintus varus. Figure 13.2. Radiographie de face en charge d'un quintus varus.
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
168 Frédéric Leiber-WACKENHEIM
Ostéotomie de M5
complémentaires (tableau 13.2). Les premières publi-
cations proposent des gestes à ciel ouvert parfois non L'ostéotomie de M5 est pratiquée à l'aide d'une
conservateurs comme la résection de la tête de M5 fraise percutanée en respectant les règles de base de
ou la résection de la base de la phalange proximale la chirurgie percutanée (en utilisant une fraise Shan-
(P1) d'O5. Ces résections, ainsi que les condylecto- non courte, un moteur dédié à la chirurgie percu-
mies latérales extensives initialement utilisées comme tanée et une commande à pied). Cette ostéotomie
geste unique ont disparu au profit d'exostosectomies percutanée peut être complète ou incomplète, uni
latérales « économiques » qui deviennent alors des ou bifocale, et distale ou proximale. Il n'y a pas,
gestes complémentaires. Le geste principal a, quant à à ce jour, d'étude comparative permettant de défi-
lui, évolué vers une ostéotomie métatarsienne calquée nir le choix le plus pertinent. L'étude de Michels
sur les ostéotomies de M1 décrites dans l'hallux val- rapporte l'expertise de 50 chirurgiens pratiquant
gus. On retrouve ainsi des ostéotomies de M5 inspi- régulièrement la chirurgie percutanée du quintus
rées des ostéotomies basales [3,7], de Weil ou d'Helal varus [21]. Dans cette étude, une écrasante majorité
[4,6,7], de Scarf [4,17], en chevron [3,7,13] et même de chirurgiens (91 %) réalise comme geste principal
de Ludloff [10,13]. une ostéotomie métatarsienne.
À ces gestes osseux, sont associées des ténotomies
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Synthèse En pratique
En se fiant aux résultats de l'étude de Michels [21], mais Nous devons à De Prado la popularisation des tech-
également aux publications récentes décrivant la tech- niques chirurgicales percutanées et son livre intitulé
nique chirurgicale percutanée [5,9,11,16,19,29,36,37], Minimally invasive foot surgery reste une référence
le consensus actuel concernant l'ostéotomie de M5 incontournable [39]. Les techniques que nous décri-
semble être la réalisation d'une ostéotomie unique, vons ici en sont largement inspirées.
complète au sommet de la déformation ou au tiers dis-
tal de M5, sans ostéosynthèse.
Installation
Gestes complémentaires Le patient est installé en décubitus dorsal. La mise
en place d'un garrot de cheville ou de cuisse n'est
Condylectomie/exostosectomie pas nécessaire. Afin de faciliter la réalisation de cli-
Dans le quintus varus, il n'y a pas de formation chés peropératoires, il est conseillé de laisser le pied
d'exostose au niveau de la tête de M5, on ne peut dépasser de la table et de mettre en place si nécessaire
pas parler d'exostosectomie. Dans les types 1 de un coussin sous la fesse homolatérale pour éviter une
Coughlin, le volume de la tête de M5 est parfois rotation externe de hanche excessive.
important et indique la réalisation d'une condylec-
tomie partielle. Cependant, ce geste doit être réalisé
1er temps : condylectomie (geste
de manière « économique » afin de ne pas déstabiliser
l'articulation MTP. Il n'y a pas à ce jour de critère
complémentaire)
clairement défini permettant d'imposer la nécessité La condylectomie est un geste complémentaire faculta-
ou non d'une condylectomie associée. La palpation tif. Sa réalisation est plus aisée si l'ostéotomie métatar-
d'un relief osseux proéminent persistant lors d'une sienne n'a pas encore été faite. L'action de la fraise est
manœuvre de réduction manuelle de la MTP pourrait plus efficace sur un métatarsien intact.
être intéressante, mais son utilité reste à démontrer. On réalise une incision au col de M5 en amont de
Comme l'a retrouvé Michels [21], la réalisation d'une la MTP. Un décolleur de petite taille est utilisé afin de
condylectomie même économique reste assez rare et pénétrer la capsule articulaire. Il est préférable d'utili-
98 % des chirurgiens ne la réalisent plus de manière ser une fraise Wedge (dédiée aux exostosectomies) de
systématique, n'y ayant recours que dans moins de petite taille. Cependant, lorsque la tête de M5 est parti-
10 % des cas. culièrement petite, il peut être exceptionnellement uti-
lisé une fraise Shanon courte (dédiée normalement aux
ostéotomies). La résection doit être plus marquée dans
Libération médiale la région supérolatérale qui correspond à la zone de
Dans certains cas, lorsque le varus de la MTP est par- conflit. Afin que la condylectomie reste économique,
ticulièrement sévère, il est proposé de réaliser un geste il est conseillé de maintenir la MTP en rectitude afin
de libération ligamento-capsulaire médiale. de protéger la partie articulaire de la tête de M5 en la
couvrant par P1. On contrôle régulièrement l'avancée
de l'ostéotomie à la palpation et en cas de doute par un
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Figure 13.11. Pansement final. Figure 13.12. Radiographie de contrôle d'un quintus varus
opéré par technique percutanée.
réalisation de gestes complémentaires sur P1 d'O5 et
sur les tendons fléchisseurs et extenseurs. L'ensemble geants. En effet, l'analyse de la littérature met en évi-
de ces gestes chirurgicaux percutanées sont simples dence une amélioration de 30 à 40 points des scores
à réaliser, ce qui laisse présager d'une popularisation AOFAS (american orthopedic foot and ankle scores)
rapide de cette technique dans les années à venir, pré et postopératoires et des taux de satisfaction de
d'autant que les résultats cliniques publiés à ce jour patients élevés, dépassant systématiquement et large-
[8,9,11,16,20,21], sont particulièrement encoura- ment 90 % de bons et d'excellents résultats.
Références
[1] Şaylı U, Altunok EÇ, Güven M, Akman B, Biros J, Şaylı A. a 49-case retrospective study at a mean 34 months' follow-up.
Prevalence estimation and familial tendency of common fore- Orthop Traumatol Surg Res 2015;101:179–84.
foot deformities in Turkey : A survey of 2662 adults. Acta [10] Waizy H, Jastifer JR, Stukenborg-Colsman C, Claassen L. The
Orthop Traumatol Turc 2018;52:167–73. Reverse Ludloff Osteotomy for Bunionette Deformity. Foot
[16] Teoh KH, Hariharan K. Minimally Invasive Distal Metatarsal [28] Magnan B, Samaila E, Merlini M, Bondi M, Mezzari S, Bar-
Metaphyseal Osteotomy (DMMO) of the Fifth Metatarsal for tolozzi P. Percutaneous distal osteotomy of the fifth meta-
Bunionette Correction. Foot Ankle Int 2018;39:450–7. tarsal for correction of bunionette. J Bone Joint Surg Am
[17] Necas L, Hrubina M, Skotak M, Melisik M, Lisy P, Cibula Z. 2011;93:2116–22.
Bunionette deformity corrected with “shortening” scarf osteo- [29] Weitzel S, Trnka HJ, Petroutsas J. Transverse medial slide
tomy of the fifth metatarsal : mid-term results of a 34-cases. osteotomy for bunionette deformity : long-term results. Foot
Foot Ankle Surg 2020;26:541–6. Ankle Int 2007;28:794–8.
[18] Michels F, Guillo S. Bunionette : Is There a Minimally Invasive [30] Legenstein R, Bonomo J, Huber W, Boesch P. Correction of tai-
Solution ? Foot Ankle Clin 2020;25:425–39. lor's bunion with the Boesch technique : a retrospective study.
[19] Ferreira GF, Dos Santos TF, Oksman D, Pereira Filho MV. Per- Foot Ankle Int 2007;28:799–803.
cutaneous Oblique Distal Osteotomy of the Fifth Metatarsal [31] DuVries HL. Surgery of the foot. 2nd ed. St. Louis: Mosby;
for Bunionette Correction. Foot Ankle Int 2020;41:811–7. 1965. p. 456–62.
[20] Nunes G, Baumfeld T, Nery C, Baumfeld D, Carvalho P, Cor- [32] Coughlin MJ. Treatment of bunionette deformity with longitu-
dier G. Percutaneous Bunionette Correction : Retrospective dinal diaphyseal osteotomy with distal soft tissue repair. Foot
Case Series. Foot Ankle Spec 2020;15:36–42. Ankle 1991;11:195–203.
[21] Michels F, Demeulenaere B, Cordier G. Consensus in percu- [33] Tawil HJ, Pilliard D, Taussig G. Le quintus varus supraductus.
taneous bunionette correction. Orthop Traumatol Surg Res Résultats du traitement chirurgical par plastie cutanée, capsu-
2021;107:102642. lotomie interne et transfert externe de l'extenseur du 5e orteil.
[22] Mazoteras-Pardo V, Becerro-de-Bengoa-Vallejo R, Losa-
Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 1992;78:107–11.
Iglesias M, Palomo-López P, López-López D, Calvo-Lobo [34] Thordarson DB. Congenital crossover fifth toe correction
C, et al. Degree of Impact of Tailor's Bunion on Quality of with soft tissue release and cutaneous Z-plasty. Foot Ankle Int
Life : A Case-Control Study. Int J Environ Res Public Health 2001;22:511–2.
2021;18:736. [35] Simões R, Alves C, Tavares L, Balacó I, Cardoso PS, Ling TP,
[23] Legenstein R, Bonomo J, Huber W, Boesch P. Correction of tai- et al. Treatment of the overriding fifth toe : Butler's arthro-
lor's bunion with the Boesch technique : a retrospective study. plasty is a good option. J Child Orthop 2018;1(12):36–41.
Foot Ankle Int 2007;28:799–803. [36] Bauer T. Percutaneous forefoot surgery. Orthop Traumatol
[24] Fuhrmann R. Minimalinvasive Operationstechniken am Fuß Surg Res 2014;100(1 Suppl):191–204.
[Minimally invasive foot surgery techniques]. Oper Orthop [37] Redfern D, Vernois J, Legré BP. Percutaneous Surgery of the
Traumatol 2018;30:147. Forefoot. Clin Podiatr Med Surg 2015;32:291–332.
[25] Shimobayashi M, Tanaka Y, Taniguchi A, Kurokawa H,
[38] Tonogai I, Hayashi F, Tsuruo Y, Sairyo K. Direction and loca-
Tomiwa K, Higashiyama I. Radiographic Morphologic tion of the nutrient artery to the fifth metatarsal at risk in
Characteristics of Bunionette Deformity. Foot Ankle Int osteotomy for bunionette. Foot Ankle Surg 2019;25:193–7.
2016;37:320–6. [39] de Prado M, Ripoll PL, Golano P. Minimally Invasive Foot
[26] Tonogai I, Hayashi F, Tsuruo Y, Sairyo K. Direction and loca- Surgery : Surgical Techniques, Indications, Anatomical Basis.
tion of the nutrient artery to the fifth metatarsal at risk in Barcelona: About Your Health Publishers; 2009.
osteotomy for bunionette. Foot Ankle Surg 2019;25:193–7.
[27] Morawe GA, Schmieschek MHT. Minimally invasive bunio-
nette correction. Oper Orthop Traumatol 2018;30:184–94.
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
178 Alexandre Rochwerger, Jean-Camille Mattei
A B
D
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
E
Figure 14.1. Ruptures de la plaque plantaire.
A. Rupture de grade I (< 50 % de la plaque plantaire atteinte). B. Rupture de grade II (50–100 % de la plaque plantaire). C. Rupture de
grade III avec une configuration en « T » (100 % de la plaque plantaire avec trait médian longitudinal). D. Rupture de grade III en « L »
(100 % de la plaque plantaire rompue avec un décollement à base latérale ou médiale de la plaque plantaire à partir des structures
capsulaires). E. Rupture de grade IV (rupture complète de la plaque plantaire avec perte de substance).
© Carole Fumat.
Figure 14.2. Rupture distale de la plaque plantaire : IRM, coupe Figure 14.3. Vue opératoire d'un abord dorsal.
sagittale. Le lambeau proximal de la plaque plantaire est suspendu à l'aide
1 : œdème de la base phalangienne ; 2 : fuite du liquide articulaire d'une pince préhensive pour être suturée.
au travers de la rupture de la plaque plantaire.
En effet, la réponse thérapeutique apportée au syn- dans ce traitement veiller à redonner au 1er rayon l'ap-
drome du 2e rayon s'adresse à 3 registres différents : pui perdu partiellement pour diminuer les contraintes
symptomatique, anatomique et étiologique selon que pathologiques sur le 2e, voire le 3e rayon [11,12].
l'on répond uniquement aux doléances du patient Le principal écueil de cette méthode de réparation qui,
(métatarsalgies' conflit lors du chaussage), que l'on dans plus de la moitié des cas, intéresse une rupture de
répare les dommages observés (lésions de la plaque grade II, qu'elle soit directe par abord latéral ou plantaire
plantaire) ou que l'on corrige les désordres de l'avant- ou dorsal, faisant appel à une instrumentation miniaturi-
pied (hallux valgus, dysmorphies métatarsiennes). sée, est qu'elle confronte le patient à un risque non négli-
La pratique conduit souvent à panacher ces trois geable d'enraidissement de l'articulation MTP limitant
approches. fortement sa flexion dorsale. En effet, selon Ellis et al.,
Le traitement chirurgical est proposé en cas d'échec les réparations de la plaque plantaire sans ostéotomies
d'un traitement médical bien conduit ou lorsque les associées à un transfert du court extenseur pour agir sur
phénomènes de subluxation et de luxation sont pré- les déviations médiale ou latérale du 2e orteil sont sujettes
sents d'emblée. à un enraidissement de la MTP à 30° d'amplitude en
Il faut noter que dans la majorité des cas, le syn- moyenne, soit une perte de 15° en moyenne [13].
drome du 2e rayon apparaît comme un phénomène De manière prospective selon les lésions anato-
d'accompagnement d'une plainte algofonctionnelle miques observées, Néry et al. traitent les ruptures de
située sur le 1er rayon déficient, porteur d'un hallux la plaque plantaire de grade 0 et I par une plastie de
valgus symptomatique ou d'un hallux rigidus. réduction capsulaire par radiofréquence, les grades II
Le cas le plus difficile à traiter est celui d'un syn- et III par une ostéotomie de Weil et une réparation de
drome isolé, en l'absence de cause mécanique sympto- la plaque plantaire, et le grade IV par une ostéotomie
matique sur le 1er rayon. de Weil et un transfert du tendon fléchisseur [14,15].
La luxation de la 2e ou 3e MTP était historiquement Les résultats et l'AOFAS moyen sont selon ses auteurs
traitée par réduction sanglante et stabilisation transar- identiques quelle que soit l'importance de la rupture
ticulaire avec un taux de récidive devenu inacceptable (grades I, II et III). Dans les lésions de grades II et III,
depuis l'utilisation concomitante d'ostéotomie de 80 % des patients retrouvent un contact actif pulpaire
recul des têtes métatarsiennes comme publié il y a plus efficace. La plupart des auteurs conviennent que dans
de 20 ans selon les techniques de Weil [9]. les ruptures de grade IV, un transfert du tendon fléchis-
seur est la procédure de choix.
Traitement anatomique Traitement étiologique
Au stade de la subluxation ou de l'instabilité doulou-
Ces méthodes de traitement sont plus indirectes
reuse, les travaux expérimentaux de Chalayon et al.
puisqu'elles ont pour objectif, au stade de l'instabilité
[10] avancent la supériorité de l'association d'un
ou de subluxation, de diminuer les contraintes sur
transfert du fléchisseur sur l'extenseur de l'orteil à
cette articulation MTP en agissant sur le 1er rayon et
une ostéotomie de Weil par rapport à une ostéotomie
capito-métatarsienne isolée qui laisserait persister une sur le 2e, voire le 3e rayon en se référant aux clichés en
charge, à la recherche d'une pente excessive ou d'un
laxité importante.
excès de longueur des rayons intéressés par la patholo-
Cependant, corroborée par les données de l'image-
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Figure 14.5. Résultat radiographique après ostéotomie de Weil Figure 14.7. À distance, après traitement de l' hallux valgus
du 2e métatarsien et traitement de l'hallux valgus. concomitant à celui du 2e rayon.
Références
[1] Denis A, Huber-Levernieux CL, David A. Syndrome doulou- [11] Magnan B, Bonetti I, Negri S, Maluta T, Dall'Oca C, Samaila E.
reux du 2ème rayon métatarso-phalangien. Expansion scien- Percutaneous distal osteotomy of lesser metatarsals (DMMO)
tifique française: In L'actualité rhumatologique présentée au for treatment of metatarsalgia with metatarsophalangeal ins-
praticien; 1979. tability. Foot Ankle Surg 2018;24:400–5.
[2] Mann RA. Mizel MS Monarticular nontraumatic synovitis of [12] Klinge SA, McClure P, Fellars T, DiGiovanni CW. Modification
the metatarsophalangeal joint : a new diagnosis ? Foot Ankle of the Weil/Maceira Metatarsal Osteotomy for Coronal Plane
1985;6:18–21. Malalignment During Crossover Toe Correction : Case Series.
[3] Myerson MS, Jung HG. The role of toe flexor-to-extensor Foot Ankle Int 2014;35:584–91.
transfer in correcting metatarsophalangeal joint instability of [13] Ellis SJ, Young E, Endo Y, Do H, Deland JT. Correction of
the second toe. Foot Ankle Int 2005;26:675–9. multiplanar deformity of the second toe with metatarsopha-
[4] Klein EE, Weil L, Weil LS, Bowen M, Fleischer AE. Positive langeal release and extensor brevis reconstruction. Foot Ankle
drawer test combined with radiographic deviation of the third Int 2013;34:792–9.
metatarsophalangeal joint suggests high grade tear of the [14] Nery C, Coughlin MJ, Baumfeld D, Mann TS. Lesser meta-
second metatarsophalangeal joint plantar plate. Foot Ankle tarsophalangeal joint instability : prospective evaluation and
Spec 2014;7:466–70. repair of plantar plate and capsular insufficiency. Foot Ankle
[5] Claustre J, Bonnel F, Constans JP, Simon L. L'espace inter Int 2012;33:301–11.
capito-métatarsien- aspect anatomiques et pathologiques. Rev [15] Nery C, Coughlin MJ, Baumfeld D, Raduan FC, Mann TS,
Rhum 1980;50(6):435–40. Catena F. Prospective evaluation of protocol for surgical treat-
[6] Thompson FM, Hamilton WG. Problems of the second meta- ment of lesser MTP joint plantar plate tears. Foot Ankle Int
tarsophalangeal joint. Orthopedics. 10 : 83-9. 2014;35:876–85.
[7] Flint WW, Macias DM, Jastifer JR, Doty JF, Hirose CB, Coughlin [16] Barbari SG, Brevig K. Correction of clawtoes by the Gird-
MJ. Plantar Plate Repair for Lesser Metatarsophalangeal Joint lestone-Taylor flexor-extensor transfer procedure. Foot Ankle
Instability. Foot Ankle Int 2017;38:234–42. 1984;5(2):67–73.
[8] Linklater JM, Bird SJ. Imaging of Lesser Metatarsophalangeal [17] Green DR, Brekke M. Anatomy, biomechanics, and pathome-
Joint Plantar Plate Degeneration, Tear, and Repair. Semin chanics of lesser digital deformities. Clin Podiatr Med Surg
Musculoskelet Radiol 2016;20:192–204. 1996;13(2):179–200.
[9] Rochwerger A, Launay F, Piclet B, Curvale G, Groulier P. Static [18] Maestro M, Besse JL, Ragusa M, Berthonnaud E. Forefoot
instability and dislocation of the 2nd metatarsophalangeal morphotype study and planning method for forefoot osteo-
joint. Comparative analysis of 2 different therapeutic modali- tomy. Foot Ankle Clin 2003;8:695–710.
ties. Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 1998;84:433–9. [19] Rouveyrol M, Harrosch S, Curvale G, Rochwerger A, Mattei
[10] Chalayon O, Chertman C, Guss AD, Saltzman CL, Nickisch JC. Does screwless scarf osteotomy for hallux valgus increase
F, Bachus KN. Role of plantar plate and surgical recons- the risk of transfer metatarsalgia ? Orthop Traumatol Surg Res
truction techniques on static stability of lesser metatarso- 2021;107(6), 102853.
phalangeal joints : a biomechanical study. Foot Ankle Int
2013;34:1436–42.
La prise en charge des pathologies unguéales est ongles servent également à se gratter, se défendre et
transversale entre la dermatologie, la chirurgie du comme support cosmétique.
pied et la podologie. Si la majorité des dystrophies L'ongle est constitué d'une structure de cornée plate,
(modification de la texture ou de la couleur) et des d'aspect rectangulaire, translucide, lisse, à croissance
déformations (modification de la forme) ont pour permanente tout au long de la vie, migrant distalement
origine une affection médicale (et donc une solution avec la couche cornée du lit unguéal dont il se libère à
non chirurgicale), le chirurgien spécialiste du pied ne l'extrémité de la phalange distale, pour devenir le bord
peut ignorer ces affections tant elles sont fréquentes et libre (figure 15.1).
sources de consultations. La chirurgie unguéale pré- Il est enchâssé dans une invagination des tissus mous
sente une grande spécificité diagnostique et thérapeu- de la face dorsale de la dernière phalange par trois de
tique qui peut nécessiter le recours à des consultations ses bords :
multidisciplinaires. • les deux bords latéraux sont logés dans les replis
latéraux appelés « sillons » ;
Anatomie et physiologie • l'extrémité proximale émerge du sillon postérieur
appelé « cul-de-sac unguéal ». Son toit est constitué
L'ongle est le privilège de l'Homme et des primates par le repli proximal, se terminant en avant par la
supérieurs. Tant au niveau des pieds que des mains, « cuticule » qui adhère à la tablette et scelle de manière
la tablette unguéale agit comme un contrefort de pro- étanche le cul-de-sac unguéal proximal contenant
tection et participe à la sensibilité discriminative. Les la matrice unguéale. La tablette unguéale adhère
Bord libre
MAM&JB
Bord libre
33 %
Matrice 47 % Tablette unguéale (ongle)
20 %
proximale
Hyponychium
Phalange distale
MAM&JB
L'avant-pied en 15 questions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits
Il a été réservés
diffusé exclusivement et gratuitement sur le forum © SBA-MEDECINE,
pour plus des livres médicaux gratuits, préparation ECNi R2C,.... visitez: www.sba-medecine.com depuis 2009
186 Marie-Aude Munoz, Julien Beldame, GENEVIÈVE CREMER
Pathologies unguéales
et pathologies médicales
Figure 15.2. Lignes de Beau.
L'ongle normal est, de principe, le révélateur d'un
corps en bonne santé. Du fait de sa croissance lente,
il garde la trace, pendant de très nombreux mois, de
pathologies systémiques ou métaboliques que seul un
contrôle biologique pourrait mettre en évidence.
• L'insuffisance rénale peut provoquer un blanchi-
ment de la partie proximale de l'ongle, tandis que la
partie distale semble pigmentée.
• La cirrhose est à l'origine d'un blanchiment de
l'ongle.
• Une carence en fer peut se traduire par des ongles
concaves (koïlonychies).
• Certaines maladies pulmonaires, souvent accompa-
gnées de lymphœdème, peuvent provoquer des syn-
dromes unguéaux : les ongles deviennent alors épais,
courbes (hippocratisme) et parfois de couleur jaune
Pathologies unguéales
traumatiques
Certaines pathologies unguéales peuvent avoir pour
cause des traumatismes ou des microtraumatismes.
Figure 15.4. Lignes de Mees. L'interrogatoire ne peut pas passer à côté d'une his-
toire traumatique aiguë car très douloureuse, avec
décollement partiel de la tablette ou hématome sous-
mais également une atteinte à dermatophyte (atteinte
unguéal. Les microtraumatismes sont généralement
sous-unguéale proximale évoluant par vagues).
liés au port répétitif d'un chaussage inadapté. Ces ano-
• De manière générale, la guérison de la maladie, l'ar-
malies touchent préférentiellement l'hallux ou l'orteil
rêt de la chimiothérapie ou de l'intoxication permet la
le plus long. Retenons également certaines pratiques
reprise normale du développement unguéal.
sportives (randonnée, escalade, course à pied, danse en
• Dans le cadre des pathologies systémiques, les
chaussons, etc.) comme causes de microtraumatismes.
anomalies unguéales peuvent être retrouvées sur
l'ensemble des tablettes des orteils, mais également au
niveau des mains. Onychotillomanie
Dans le cadre de la recherche étiologique :
C'est une mutilation compulsive volontaire (ou des
• on doit interrogera sur des maladies d'organe ;
soins cosmétiques inadaptés) qui se traduit générale-
• on peut effectuer un bilan biologique ;
ment au pied par des cuticules refoulées et des bords
• on recherche l'exposition à des toxiques ou des
libres de l'ongle arrachés. Des rainures et des crêtes
médicaments.
transversales parallèles apparaissent à la repousse de
l'ongle, provoquant une dystrophie. Dans cette patho-
Pathologies unguéales et maladies
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Dorsal
Proximal
l'antibiothérapie (locale et parfois générale). La règle En cas d'incarnation antérieure et/ou de bourrelet
est à l'assèchement des lésions ; les bains d'hypochlo- antérieur proéminent, l'intervention de référence est la
rite de sodium (Dakin®) réguliers et les pansements technique dite de Dubois [4] : Il s'agit d'une incision
occlusifs sont à éviter car ils favorisent la macération, « en gueule de requin » de façon circonférentielle, à dis-
et accentuent encore le conflit entre un sillon irrité et tance de l'ongle, permettant le retrait d'un « quartier
une tablette unguéale agressive. d'orange ». Cette technique permet une diminution de
Les soins de pédicurie sont des compléments indis- l'épaisseur des parties molles antérieures (figure 15.10).
pensables au traitement médical. Ils sont utilisés non
seulement en période aiguë douloureuse, mais égale- Onychomycose
ment à distance pour éviter les récidives. Selon le type
d'incarnation, il peut être réalisé : L'onychomycose toucherait entre 15 et 50 % de la
• un dégagement du sillons unguéal inflammatoire population et représenterait environ 30 % des consul-
avec mise en place de mèches, en cas d'hyperkératose tations chez le dermatologue. Son incidence augmente
encombrant celui-ci ; avec l'âge (0,5 % chez l'enfant et 50 % chez les patients
• une correction des facteurs anatomiques ayant favo- âgés de plus de 70 ans). Elle affecte en grande majorité
risé cette complication : correction de l'hypercourbure les populations chaussées, car les microtraumatismes
unguéale par « orthonyxie » ou « onychoplastie » et la macération en constituent les facteurs favorisants.
(agrafe ou tuile dorsale corrigeant la déformation), cor- Il est important de les dépister chez les patients por-
rection du conflit entre les 1er et 2e orteils par orthèse teurs de pathologies vasculaires ou de diabète car elles
(ou « orthoplastie ») (figure 15.9). sont source de surinfection bactérienne.
En cas d'échec, il faut réaliser une matricecto- Trois groupes de champignons ayant chacun leurs
mie partielle chimique (phénolisation) ou physique spécificités cliniques et thérapeutiques peuvent engen-
(chirurgicale) : drer une atteinte de l'ongle : les dermatophytes essen-
• la phénolisation permet une diminution de la lar- tiellement, plus rarement les levures et les moisissures.
geur de l'ongle et, par conséquent, la disparition des Les formes cliniques sont très variables :
conflits : après extraction de l'éperon unguéal, une • par leur localisation : distolatérale, sous-unguéale,
solution de phénol est appliquée directement sur la proximale ou superficielle ;
matrice. Cette intervention non sanglante est régulière • par leur présentation : hyperkératose (++) avec un
ment pratiquée par les dermatologues au cabinet ; ongle blanchâtre, jaunâtre, brunâtre ou même noirâtre,
• la matricectomie partielle au bistouri comprend dans onycholyse ou simples taches blanches crayeuses.
le même temps la résection du bourrelet hypertrophique L'atteinte siège sur un ou plusieurs ongles. Il est indis-
ainsi qu'une « matricectomie longitudinale partielle », pensable devant tout onyxis des orteils d'examiner le
assurant l'exérèse de la partie unguéale conflictuelle, pied dans sa totalité (interorteils et voûte plantaire) car
des tissus inflammatoires et de la matrice dans sa partie les champignons de type dermatophytes infectent sys-
latérale. Cette matricectomie partielle doit être la plus tématiquement la peau avant d'attaquer l'ongle.
économe possible pour éviter un ongle étroit ;
Diagnostic
Le prélèvement unguéal paraît impératif afin de
• en cas d'onycholyse et/ou d'hyperkératose sous- • Dans le cadre des atteintes proximales et/ou asso-
unguéale, il faut découper avec une pince coupante ciées à une atteinte plantaire, il faut recourir à une
adaptée toute la zone unguéale malade (geste indo- triple association :
lore), et recueillir les squames reposant sur le lit de – avulsion de la zone infectée (découpage, avulsion
l'ongle les plus proximales possibles (l'ongle lui-même chirurgicale ou chimique),
n'est pas conservé pour la mise en culture). – antifongique topique sur la tablette restante,
Le prélèvement est adressé à un laboratoire expéri- – antifongique systémique per os.
menté pour plusieurs analyses : Terbinafine : 250 mg/j pendant 12 semaines.
• un examen direct réalisé à partir de poudre recueillie Itraconazole : 400 mg/j pendant les repas, une
au grattage. La présence de filaments mycéliens septés semaine par mois, en 3 ou 4 cures.
oriente vers le diagnostic d'une mycose, elle signe la Et dans tous les cas, des conseils de prévention doivent
présence d'un champignon à l'état parasitaire. Quand être prodigués pour éviter les récidives : séchage soi-
ces filaments sont réguliers, il s'agit le plus souvent gneux des pieds, désinfection des chaussures portées
d'un dermatophyte. Lorsqu'ils sont en revanche irré- pieds nus, examen et traitement de l'entourage familial
guliers, vésiculeux, ils évoquent plutôt une moisissure du patient si nécessaire, éviction du port de chaussures
ou un pseudo-dermatophyte ; type claquettes dans les lieux publics, etc.
• une culture pratiquée sur milieu spécifique pendant
21 jours. Les déformations
Le prélèvement mycologique de l'ongle étant
un geste parfois difficile avec risque de résultat et leurs traitements
faussement négatif, la technique de diagnostic par
PCR (polymerase chain reaction) a été développée Descriptions
© 2022, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
pour augmenter la sensibilité de la recherche, mais Les déformations unguéales se produisent le plus sou-
elle reste aujourd'hui onéreuse et pas forcément vent sous la forme d'une hypercourbure transversale.
discriminante. Ces hypercourbures peuvent être classées en fonction
de leur déformation [5] :
Traitement • la plus fréquente est la déformation « en tuile », où
la courbure est la même de proximal à distal, et les
Seul le traitement des dermatophytes est évoqué ici. deux bords de l'ongle sont parallèles. Cette déforma-
• Dans le cadre d'une atteinte distale (avec tiers proxi- tion est la source de sillons latéraux très profonds et à
mal de la tablette intact), la mise en place d'un traite- haut risque d'incarnation (figure 15.11) ;
ment local doit être tentée en premier lieu. En l'absence • la déformation « en volute » présente une hyper-
d'amélioration après 6 mois, il peut être associé un courbure qui augmente de proximal en distal. Elle peut
traitement antifongique systémique. En pratique, les aboutir à une déformation « en tube » ou « en pince »
vernis seuls sont rarement suffisants, notamment s'il y car elle pince littéralement le lit de l'ongle en distalité
a une atteinte dans un sillon latéral. (figure 15.13) ;
Des déformations unguéales distales sont fréquentes Dans le cadre d'une plicature latérale, une stérilisa-
dans les orteils « en marteau » du fait de l'hyperflexion tion partielle de la matrice unguéale peut se justifier
plantaire de l'articulation interphalangienne distale. Il (matricectomie médiale ou latérale) (figure 15.15).
en est de même pour les troubles rotatoires, notam- En revanche, elle ne doit pas être réalisée de manière
ment dans les pronations phalangiennes des hallux isolée en cas d'ongle en tuile ou en pince car le risque
valgus qui sont à l'origine d'une plicature de l'ongle. de récidive est majeur : la diminution des contraintes
Plusieurs auteurs suggèrent que la tablette unguéale mécaniques pulpaires sur une tablette unguéale étroite
aplatie doit sa forme aux contraintes mécaniques qui
lui sont transmises par l'appui du pied au sol. On
retrouve ainsi des déformations chez des bébés n'ayant
pas acquis la marche, ou bien chez des patients long-
temps alités. La tablette unguéale se recourberait ainsi
en l'absence de contrainte mécanique pulpaire luttant
contre cette tendance.
D'autres auteurs évoquent des connexions ligamen-
taires entre le squelette osseux et la base de l'appareil
unguéal. L'hypothèse est que la rétraction de ces struc-
tures ligamentaires est à l'origine des déformations de
la tablette unguéale et, ceci, en dehors de toute atteinte
inflammatoire systématisée [8,9]. Les anatomistes
individualisent des expansions des ligaments collaté-
raux de l'articulation interphalangienne de l'hallux
vers la matrice [10].
Références
[1] Richert B, Baran RL. L'ongle de la clinique au traitement. [9] Perrin C. Nail Anatomy, Nail Psoriasis, and Nail Extensor
Paris: Ed Med'Com 2009. Enthesitis Theory : What Is the Link ? Am J Dermatopathol